Femmes en campagne - Béatrice Bulou Mundolsheim 2014
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Transcript Femmes en campagne - Béatrice Bulou Mundolsheim 2014
Strasbourg
Q SAMEDI 8 MARS 2014
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MUNICIPALES 2014 Communauté urbaine
Femmes en campagne
Sur vingt-huit communes, la CUS compte deux femmes maires. Et demain ? Faisant fi du plafond de verre qui les relègue
souvent au second plan, des femmes se lancent pour la première fois dans la bataille. De Vendenheim à Holtzheim, une
poignée de candidates, la plupart novices en politique, témoignent sur leur parcours et leur stratégie.
C’
est une première à Eckwersheim. Une liste paritaire composée de huit femmes (dont la tête de liste,
Doris Hahn, maire sortante) et sept
hommes. Parité oblige, les cinq nouveaux colistiers sont donc des femmes.
« Il y avait deux freins :
l’étape de la campagne
et mon entourage »
Des femmes volontaires, impliquées
dans la vie associative, dotées de compétences et prêtes à s’engager pour six
ans, on en trouve plutôt facilement.
Hommes ou femmes, les chefs de file
qui ont constitué leur équipe n’ont guère rencontré de difficultés pour dénicher des profils variés et motivés, en
tout cas, dans les communes périurbaines autour de Strasbourg. Dans un
grand nombre de localités, d’ailleurs,
les conseils municipaux mixaient déjà
les deux genres.
L’AVIS DE
Pia Imbs
Tête de liste à Holtzheim
« En management, toutes les études,
françaises ou américaines, le montrent :
les femmes ont une approche très différente. Les hommes ont davantage le goût
du pouvoir, ils veulent être numéro « un ».
Pour les femmes, il y a encore un plafond
de verre. Elles s’interrogent toujours sur
leurs capacités. Sauront-elles être à la
hauteur ? Les hommes, eux, ne se posent
pas ce genre de questions ! »
Marie Grandidier (Vendenheim).
DOCUMENT REMIS
« Quand ils sont sollicités, les hommes
répondent immédiatement, les femmes, elles, prennent un peu plus de
temps, fait toutefois remarquer Doris
Hahn, maire sortante d’Eckwersheim et
candidate pour un nouveau mandat.
Avant de répondre, elles s’interrogent
pour savoir si elles vont réussir à tout
combiner avec le mari, les enfants. »
Avant de s’engager, Marie Grandidier,
tête de liste à Vendenheim, ne cache
pas avoir réfléchi quelque temps. « Le
rôle de maire m’attirait. C’est le chef
des travaux, l’assistante sociale, le leader. Ce qui m’intéressait, c’est l’immédiateté de l’action, et tout ce que l’on
peut réaliser pour changer le quotidien
des gens », confie l’enseignante de 54
ans, qui s’appuie sur son expérience de
conseillère municipale. « Mes deux
freins étaient : l’étape de la campagne
électorale où il faut se mettre en scène –
pas évident – et mon entourage. Une
fois que j’ai eu le soutien de mon mari
et l’accord de mes enfants, je me suis
lancée », relate celle qui a l’appui du
maire sortant, Henri Bronner.
En 2008, Doris Hahn, elle, a endossé
son écharpe bleu blanc rouge sans se
poser de question. Depuis le bureau de
secrétaire de mairie où elle a commencé
sa vie professionnelle jusqu’au poste de
DGS (directrice générale des services) à
la Ville de Mundolsheim, elle avait gravi tous les échelons et connaissait parfaitement les rouages de la collectivité.
De fonctionnaire, elle passait juste de
l’autre côté de la barrière. Reste que,
trois mois après son élection, le premier magistrat s’est retrouvé face à une
situation de crise sans précédent : de
dramatiques coulées de boue dans Eckwersheim : « J’ai passé 36 heures dans
mes bottes, sans dormir. Il a fallu faire
preuve de réactivité ! Je n’avais pas le
carnet d’adresses que j’ai aujourd’hui ! » raconte-t-elle.
À Mundolsheim, Béatrice Bulou, 45
ans, chargée d’études au CESER Alsace
(conseil économique, social et environnemental), conduit la liste soutenue
par Norbert Reinhardt, maire sortant.
Ce dernier a attendu que son ancienne
adjointe soit disponible professionnel-
Béatrice Bulou (Mundolsheim).
DOCUMENT REMIS
lement pour lui passer le relais. « Les
femmes, a-t-il coutume de dire, savent
aller jusqu’au bout des choses ». Pour
ce scrutin plus complexe qu’en 2008,
puisqu’il n’y avait alors qu’une seule
liste, Béatrice Bulou va affronter trois
autres candidats dont deux sont issus
de l’équipe sortante.
POUR ASSURER LA PRÉSIDENCE de la
commission des travaux au conseil
municipal, « j’ai levé le doigt », sourit
Michèle Kannengieser. Conseillère municipale sur la liste de Claude Graebling,
maire sortant de La Wantzenau, l’élue
déplore que dans les conseils municipaux les femmes soient cantonnées au
social, aux affaires sociales ou à la petite
enfance ! Cela n’a pas été son cas. Elle a
suivi le chantier de la restructuration de
la mairie et de la nouvelle bibliothèque.
« Mes compétences transversales me
donnent une légitimité, j’ai l’impression
LST 01
Michele Kannengieser.
PHOTO DNA - CÉDRIC JOUBERT
d’avoir gommé toutes les différences
liées au genre », estime la chef d’entreprise à la tête d’un bureau d’études en
ingénierie du bâtiment, 51 ans, mariée
et mère d’un adolescent de 14 ans.
Sa méthode dans cette campagne ?
« Être dans l’action, pas dans la démonstration, je travaille sur des projets », fait
R
« Je parle peu, j’écoute
beaucoup »
Doris Hahn (Eckwersheim).
PHOTO DNA – MARC ROLLMANN
Tête de liste à Holtzheim, Pia Imbs
mène avec application et détermination sa première campagne. Il lui en
faut pour affronter un poids lourd de la
politique locale, André Stoeffler, 70
ans, maire sortant qui vise allègrement
un cinquième mandat. Maître de conférence en sciences de gestion à l’Université de Strasbourg, cette native de
Holtzheim qui plaide en faveur de plus
de transparence et de concertation a un
style qui tranche probablement avec
celui du maire sortant. « Je parle peu,
j’écoute beaucoup », décrit la candidate
en évoquant les nombreux contacts
noués avec les habitants.
valoir la candidate qui n’attend pas le
résultat des urnes pour lancer des initiatives.
Mettant à profit son carnet d’adresses et
un « réseau de 25 ans », elle a organisé
le 13 février dernier un premier « pass’emploi », un rendez-vous suivi par 32
chefs d’entreprise ou employeurs et une
quinzaine de jeunes gens à La Wantzenau. L’idée ? Accompagner concrètement
les jeunes, découragés par l’envoi de
80 CV « sans aucune réponse ». « J’ai
l’habitude de recruter des jeunes formés
à l’INSA. Il y a peu, ces étudiants avaient
un CDI à Noël, avant même leur diplôme. Ce temps est révolu », constate-t-elle.
Ex-présidente du centre des jeunes
dirigeants (CJD) et de Créacité (couveuse
d’entreprises), la chef d’entreprise
répète qu’il faut instaurer un « circuit
Pia Imbs (Holtzheim).
PHOTO ARCHIVES DNA
LE CHIFFRE
« J’ai levé le doigt »
Candidate à La Wantzenau, Michèle Kannengieser avance à coup
d’idées simples et concrètes, comme celle de réunir chefs d’entreprise et jeunes en quête d’emploi.
Pour la plupart novices et non encartées dans des partis, ces candidates
vont à la rencontre des habitants, chacune à leur façon. Dans la rue, lors de
stammtisch ou au domicile de leurs
colistiers avec des réunions entre voisins dans les quartiers. Elles recueillent
parfois des encouragements du type
« Une femme c’est mieux, c’est plus
courageux » ou « Une femme, enfin, ça
va changer… ». Rarement des réflexions machistes. Encore que l’une
d’entre elles s’est vu répondre qu’en
tant que tête de liste féminine, elle ne
réussirait pas à trouver des colistiers
hommes ou alors… des « loosers » !
Remarques positives ou pas, ces réflexions ne les détournent pas de leur
objectif : le programme, les valeurs, les
projets qu’elles défendent. « Il faut être
convaincue, savoir mener et donner envie d’adhérer. Ça se joue aussi sur le
charisme », conseille Doris Hahn, 59
ans, qui a fait ses classes dans l’assemblée à dominante masculine de la
CUS.
VALÉRIE BAPT
47
court » dans le domaine économique, et
effacer les frontières de la CUS pour
travailler sur un bassin d’emploi plus
vaste, intégrant les zones de Hoerdt et
de Brumath.
Après cette première rencontre café
emploi « clé en mains », « il faut transformer l’essai », suggère la candidate
qui compte mettre en place un « référent » pour accompagner les jeunes et
répondre aux familles, désorientées par
le maquis des formations et de la recherche d’emploi.
Pour le « lien intergénérationnel », une
formule plébiscitée dans tous les programmes, la candidate a déjà mis en
œuvre des applications concrètes. « Des
idées simples, qui font rire parfois,
convient-elle, mais qui ne coûtent
rien ! ».
V.B
R
maires dans le Bas-Rhin sont des
femmes sur 527 communes, soit
près de 9 %, contre 13,9% au niveau
national – en 2008. (Source Insee)
L’AVIS DE
Sophie Rohfritsch,
Maire de Lampertheim, députée, viceprésidente du conseil régional
« La parité n’est pas un
sujet. L’imposer de façon
dogmatique n’a aucun
intérêt. Cela appauvrit le
débat et nuit aux bénéficiaires de ce système.
Pourquoi pas alors parler
de la parité socioprofessionnelle ou des
âges ? »