Famille et obésité: de la génétique au comportement
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Transcript Famille et obésité: de la génétique au comportement
Famille et obésité:
de la génétique au
comportement
Dr E. Elowe et Dr J. Puder,
HEL, DMCP CHUV
02 octobre 2014
Famille et obésité
Anti-obesity video campaign in Georgia, 2011
Les types d’obésité
Exogène, commune
Familiale
Syndromique
Monogénique
Endocrinienne
Hypothalamique
Iatrogène
Obésités syndromiques
Prader Willi
•
•
Y penser lorsque l’obésité est associée à:
– Retard mental
– Dysmorphie
– Malformation congénitale majeure
Bardet-Biedl
Nouveaux gènes candidats identifiés
Prader Willi
Vuillaume et al. Am J Med Genet. 2014; Kumar et al. Indian J. 2012
Obésités monogéniques
•
•
•
Rares (5-6% des cas d’obésité de l’enfant)
Tous les gènes identifiés influencent la prise alimentaire et le métabolisme
énergétique par la voie de la leptine
Obésité très précoce (1ers mois de vie)
• Mutations identifiées: leptine, récepteur de la leptine,
déficit en POMC (pro-opiomélanocortine), déficit en PC1
(prohormone convertase 1), MC4R (Melanocortin 4
Receptor)+++, Alpha-MSH, AgRP, MRAP2…
O’Rahilly S, Nature Medicine, 2014
Obésités endocriniennes
- Hypercorticisme
- Hypothyroïdie
- Déficit en hormone de croissance
S’accompagnent d’un ralentissement ou d’une absence d’accélération de la vitesse de
croissance, contrairement à l’obésité exogène.
Obésité hypothalamique
Hypothalamus: centre régulateur
prise alimentaire
métabolisme de base
thermorégulation
fonction hypophysaire
comportements psycho-affectifs
Hyperphagie compulsive majeure,
intolérance à la frustration,
obésité rapide
Mécanisme:
inné (malformatif, génétique)
acquis (tumoral, posttraumatique…)
Physiopathologie:
Résistance centrale à la leptine
Resistance à l’insuline
Augmentation du tonus vagal
+/- facteurs hormonaux
(panhypopituitarisme…)
Basdevant et al. Bull Acad Nat Med. 2009
Obésité iatrogène
- Glucocorticoïdes
- Insuline, sulfonylurés, thiazolidinedione
- Anticonvulsivants (valproate++)
- Anti-psychotiques atypiques
- Antidépresseurs tricycliques
-…
Obésité exogène
Dite commune, « obésité simple »
En opposition à l’obésité endogène (syndromique, génétique, endocrinienne…)
Excès d’apports nutritionnels par rapport aux dépenses énergétiques
Susceptibilité génétique
Modifié d’après Davison & Birch 2001
Obésité familiale
Définition:
Au moins un apparenté au premier degré présentant une obésité.
QUIZ 1:
•
Gènes & environnement
Quelle est actuellement la part estimée de l’héritabilité de l’obésité?
60- 80%
Stunkard AJ NEJM 1990; Bouchard C NEJM 1990; Lajunen HR Int J Obes 2009
Original Article
An Adoption Study of Human Obesity
•
•
540 adultes danois adoptés
divisés en 4 classes: minces, moyens, surpoids et obèses.
•
Forte corrélation entre les classes de BMI des enfants adoptés et celle de leurs
parents biologiques
– Significativité plus importante entre les mères et leur enfant (p<0.0001)
– Qu’entre les pères et leur enfant (p<0.02)
•
Pas de corrélation entre les classes de BMI des enfants et de leurs parents adoptifs.
Stunkard et al. N Engl J Med 1986; 314:193-198
Genetic and environmental effects on body mass index during adolescence:
a prospective study among finnish twins
•
•
Prospective, cohorte de 2413 paires de jumeaux monozygotes ou dizygotes de sexe opposé
Evalués à 11, 14 et 17 ans.
•
Héritabilité du BMI
– 58-69% parmis les garçons et les filles de 11 et 14 ans
– 83 % parmis les garçons de 17 ans
– 74 % parmis les filles de 17 ans
•
Effets de l’environnement partagé par les jumeaux
– 15-24% parmis les garçons et filles de 11 et 14 ans
– Non-significatif à 17 ans
>> Forte contribution génétique au BMI pendant l’adolescence
Facteurs environnementaux : effet sur le BMI en début d’adolescence, qui s’estompe en fin
d’adolescence.
Lajunen et al. Int J Obes. 2009
QUIZ 2: L’héritabilité de l’obésité évolue-t-elle
avec l’âge de l’enfant ?
•
Etude anglaise portant sur 2556 paires de jumeaux.
•
Génotypage complet
Llewellyn et al. Obesity. 2014. 22:1756-61
QUIZ 2: L’héritabilité de l’obésité change-t-elle
avec l’âge de l’enfant ?
• BMI à 4 ans positivement corrélé au BMI
à 10 ans
• Influence croissante de la génétique sur
le BMI au fil du temps pendant l’enfance
• Malgré une stabilité génétique: les gènes
influençant l’évolution pondérale à 4 et 10
ans sont comparables.
Llewellyn et al. Obesity. 2014. 22:1756-61
BDNF (Brain-Derived Neurotrophic Factor)
Facteur fortement
l’hypothalamus.
exprimé
dans
Médiateur de la réponse adaptative
du SN central, périphérique et
autonome à l’exercice physique et à la
restriction calorique.
Dans l’hypothalamus, BDNF inhibe
la prise alimentaire et augmente la
dépense énergétique.
Rothman SM, Ann NY Acad Sci 2012
BDNF et obésité chez l’enfant
Han JC, NEJM 2008
Genome-wide association, 3 études indépendantes
Toutes retrouvent une forte corrélation entre certains variants du gène FTO, et une
obésité et/ou augmentation de la prise alimentaire
Etudes ultérieures confirment ces données, chez enfants et adultes
Gène de susceptibilité à l’obésité commune
Continuum obésité génétique/commune
Obésités
monogéniques
syndromiques
Obésité
exogène
Obésité
familiale
Corpulence
normale
minceur
QUIZ 3:
•
Combien de variants génétiques sont aujourd’hui connus comme
étant associés à la survenue d’une obésité?
GWAS la plus récente et la plus importante (≈ 250 000 sujets)
retrouve 32 loci associés au BMI
•
Quelle proportion de variabilité du BMI ces gènes expliquent-ils?
Seulement 1.45% de la variabilité du BMI à l’échelle de la population.
Speliotes et al., 2010.
Poston L. Et al., Best Practice Res Clin Endo. 2012
Comment l’expliquer?
Nombreux gènes encore inconnus impliqués dans les
mécanismes centraux et périphériques de régulation de
l’appétit, de comportement alimentaire, de la balance
énergétique (IIa) et dans la cognition/système de récompense,
rythme circadien (IIb)
Interactions gènes-environnement et épigénétique
(modification de l’ADN non codant) (I) exemples ?
I. Hyperalimentation foetale
Obésité ou diabète gestationnel
de la mère
Macrosomie naissance
Obésité pédiatrique/adulte
Curham , Circulation 1996
I. Hypoalimentation fœtale
(malnutriton ou fonctions placentaires insuffisantes)
Mal ou sous-nutrition
Programmation du métabolisme glucose-insuline
Nutrition post-natale faible
Dépense énergétique importante
Adulte de poids normal ou amaigri
Pas de diabète
Excès d’apport nutritionnel
Adulte obèse
Faible dépense Energétique
Syndrome métabolique
DM2
I. Transmission intra-utérine
Effets « directs » ou par épigenétique (expression
des gènes)
• Glycémie: macrosomie, obésité
pédiatrique, diabète de type 2 (x2) ↑
• Poids: à la conception*, gain de poids
macrosomie, obésité pédiatrique ↑.
*Evénements CV, mortalité ↑
• Activité physique masse graisse
naissance ↓
• Alimentation riche en graisse obésité
pédiatrique ↑.
•
I. Transmission intra-utérine
• Animaux: Obésité maternelle enfants:
– Peut changer la fonction d’adipocytes
– Peut changer la programmation
développementale ("developmental origins of
adult health and disease (DOHAD)" ) des
voies de la balance energétique and
comportement alimentaire (expression
hypothalamique de leptin etc) et ainsi amener
à une hyperphagie persistente.
IIb: Système homéostase est lié
à celui de la récompense
Zheng H, Current Opinion in Pharmacology 2007
Héritabilité des comportements
• Quiz 4:
Quels comportements ont une (« haute »)
héritabilité?
Facteurs intra-familiaux corrélés à l’obésité
de l’enfant
- Comportement alimentaire
- Pratique d’activités physiques
- Niveau socio-économique
- Niveau d’éducation de la mère
- BMI maternel et/ou paternel élevé
- Contexte psychologique
Simple obesity in children. A study on the role of nutritional factors. Med Wieku Rozwoi. 2006.
Transmission héréditaire
- BMI
- Balance énergétique (quotient
métabolique)
- Alimentation
- Sommeil
- Activité physique spontanée
Quiz 5:
Et plus en détail….?
Stunkard AJ NEJM 1990; Bouchard C NEJM 1990
Génétique et alimentation
(études jumeaux)
Héritabilité
(*) Moins que 50%
* Autour de 50%
* Plus que 50%
• *Manger en absence de faim, après un repas
• **Vitesse d’ingestion
• Compensation calorique (après des charges haut et bas en
calories, « régulation »)/ **sentiment de satieté
• *-**« Food cue responsiveness »/Plaisir de manger (aussi: vue,
odeurs des aliments, salivation devant aliments etc)
• *Néophobie
• *Food reward/récompense
• *Prise alimentaire liée aux émotions/détresse
• (*)Prise alimentaire/préférences alimentaires (énergie)
• Sommeil (*) timing -** initiation et maintenance
Carnell & Wardle Appetite 2009
• (*)-**activité physique
Faith M, Hum Hered 13
Gemini: Llewellyn C Am J Clin Nutr 10
FTO: Wardle J, Int J Obes 09
Génétique et comportement
alimentaire
• Manger en absence de faim, après un repas
– Lié à FTO (T-Allele protective)
– Enfants en surpoids ont mangé 14% plus d’énergie “en absence
de faim“ que enfants poids normal
– Héritabilité 51% (Viva la familia, 11 ans).
– Mediane: 50 kcal (5 ans) ou 75 kcal (7 ans) : si haut, risque 5 x
plus d’être obèse (fille)
• Vitesse d’ingestion (« eating rate »):
– Prédit gain de BMI (p.ex entre 4-6 ans)
– H: 62% (TEDS,10-12 ans). Slowness: 84% (Gemini, 4 mois)
Carnell & Wardle Appetite 2009
Faith M, Hum Hered 13
Fisher JO, Obesity 07
FTO: Wardle J, Int J Obes 09
Génétique et comportement
alimentaire
• Compensation calorique/sentiment de satiété
– H: Sentiment de satiété (questionnaires): 72% (Gemini, 4 mois), 63%
(8-11 ans)
– Compensation calorique: 0%.... (tout environnement: 22%
environnement partagé et 78% « non-partagé »)
– Lié à FTO
• « Food cue responsiveness »/plaisir de manger
– H: 53% (aime lait etc)- 59% (FCR; Gemini, 4 mois)
– H: 72-75% (8-11 ans). Lié à FTO
• Néophobie
Carnell & Wardle Appetite 2009
Faith M, Hum Hered 13
Fisher JO, Obesity 07
• Food reward/récompense
FTO: Wardle J, Int J Obes 09
Carnell S, Int J Obes 08
MS, Int J Obes 12
• Prise alimentaire liée aux émotions/détresse: Fait
Markus CR, J Nutr Biochem 12
– Lien avec le gène pour le transporteur de la sérotonine
Van Strien T, J Psych Res 10
Prise (« choix ») alimentaire
et hérédité
• Gemini: 21 mois: 4% (snacks) – 18% (pain). Reste: Effet
environmental, plus part «environnement partagé »
• G: 3 ans: Fruits, légumes, protéines autour de 50%, autour de
30% féculents, snacks, produits laitiers
• 4 – 5 ans: dessert 20%, légumes 37%, fruits 51%, aliments
avec protéines 78%
• MacArthur Longitudinal Study, 7 ans: 0-79 % selon aliments
Pimpin L, AmJ Clin Nutr 13
Fildes A, Am J Clin Nutr 14
Faith MS, Am J Clin Nutr 08
Breen FM, Physiol Behav 06
Degrés d’hyperphagie
Nature- Nurture
Exemple modèle « alimentation »
/Epigenetics
Other systems:
Reward etc
Carnell S, Int Rev Psy 12
Activité physique mésurée
• Adultes (1600 jumeaux): 30-50% héritabilité
A: Facteurs génétiques
C. Facteurs environnementaux « partagés » (common)
E. Facteurs environnementaux « non-partagés »
Den Hoed M, Am J Clin Nutr 13
Activité physique
•
Jumeaux, 4-10 ans:
– Activité physique: surtout par “facteurs
environnementaux “partagés” que par la génétique
• Jumeaux, 9-12 ans:
– Activité physique « totale »: 0% génétique, 73%
facteurs environnementaux « partagés » (common),
27 % non-partagés
– Fidgetiness: 73% facteurs génétiques (héritabilité)
– Plaisir d’activité physique: 75-85% facteurs
génétiques (héritabilité) Franks PW, Ravussin E, Am J Clin Nutr 05
Fisher A, PLOS One 10
Activité physique
Comme BDNF
Récompense
Bryan A, Health Psychol. 07
Et: Activité physique (AP) BDNF ↑
Aussi liens AP avec gènes liés à la dopamine et sérotonine
Activité physique peut moduler
l’influence des gènes:
:
AP atténue l’influence de la génétique sur le BMI (adultes, score)
Li S, PLOS Medicine 10
Vimaleswaran K, AJCN 09
Quiz de tous les quiz…
Implication pour la pratique ?
Implication pour la pratique
Approche transgénérationnel/trajectoire de
vie:
La femme obèse
enceinte
de demain
Génétique
Epidénétique:
Programming intrautérine
Mode de vie famille
Enfant obèse de demain
Commencer tôt!
Mais, c’est quand « tôt »?
Implications pour la pratique?
1. Génétique
2. Epigénétique: Périconception/grossesse/plus tard
3. Environnement
Dès la petite enfance: Prévention primaire « en
continu » (surtout pour les enfants/individus à risque)
1. Alimentation choix alimentaire, parenting pour
comportement
2. Activité physique offres/cadre
3. Sommeil timing
4. Régularité des habitudes
5. Régulation émotions, auto-régulation
Prévention primaire
surtout enfants « à risque » (génétique/épigénétique)
Alimentation et système de récompense
Cheesecake, bacon, chocolate
Kenny P, Neuron 11
Agir dès la petite enfance:
Exemple alimentation
Activité physique (Paprica)
Sommeil
Régulation des émotions
Schwartz C, Appetite 11
MERCI POUR VOTRE ATTENTION !
Prévention primaire, surtout
enfants « à risque »
(génétique/épigénétique)
Kenny P, Neuron 11