Transcript annexe 5
SUJET DE THESE 2014 DANS LE CADRE DES BOURSES ENTRE L’AUF, le CNRS LIBANAIS ET L’ULCO NB : Rappel des pays éligibles : Chypre, Djibouti, Émirats Arabes Unis, Égypte, Irak, Iran, Jordanie, Liban, Palestine, Soudan, Syrie et Yémen Laboratoire d’accueil ULCO : UCEIV E.A. 4492 Directeur de thèse ULCO : Edmond ABI AAD Responsables Scientifiques : Cédric GENNEQUIN et Sylvain BILLET Eventuellement, partenaire étrangers si identifié (noms de la structure de recherche et du codirecteur étranger) : Commission Libanaise de l'Energie Atomique (CLEA) du Conseil National de Recherche Scientifique (CNRS - Liban) Ecole Doctorale des Sciences et de Technologie de l’Université Libanaise Thématique (1/ qualité de l’eau, 2/ énergies propres et renouvelables, 3/qualité de l’air, 4/ obésité, nutrition et activités sportives 4/ gestion et le traitement des déchets 5/urbanisme) : 4 / La gestion et le traitement des déchets Titre de la thèse : Caractérisation, évaluation de la toxicité du biogaz issu de déchets ménagers et valorisation par reformage catalytique Sujet de la thèse: I. Contexte La gestion et la valorisation des déchets ménagers constituent à l’heure actuelle un enjeu économique, environnemental et énergétique considérable. Le biogaz qui est le résultat de la méthanisation ou digestion anaérobie de déchets fermentescibles peut être valorisé et utilisé comme source d’énergie verte et peut se présenter comme une source d’énergie alternative pour remplacer le combustible fossile. Le Liban, ne disposant pas pour l’instant de sources d’énergies fossiles, dépend énergétiquement à 100% d’autres pays producteurs de pétrole. Le gouvernement libanais s’est engagé d’ici 2020 à ce que 12% de ses besoins énergétiques proviennent des énergies renouvelables. Le biogaz issu des décharges pourrait être valorisé énergétiquement et non plus rester inexploité comme c’est encore trop souvent le cas. C’est ainsi que plusieurs milliers de m³/h de biogaz, composé le plus souvent d'environ 55-65% de méthane (CH4), 30-45% de gaz carbonique (CO2) pourraient être récupérés et utilisés sur les grandes décharges par des procédés thermiques et/ou électriques. Toutefois, les risques liés à ces procédés concernent essentiellement les impuretés présentes dans le biogaz et qui dépendent largement de la charge initiale (tri des déchets à la source, déchets ménagers fermentescibles, …) et des conditions de stockage et de décomposition (présence d’air, température, …). 1 La méthanisation des déchets présente le double intérêt d’être simultanément une filière de production d’énergie renouvelable et une voie alternative de traitement des déchets organiques en minimisant les risques de pollution liés aux autres modes de traitement. De plus, le couplage de la production de biogaz avec des procédés catalytiques permet de le convertir en composés chimiques de plus haute valeur ajoutée. Ainsi, l’hydrogène issu du reformage catalytique du biogaz peut être considéré comme une source d’énergie propre et renouvelable. Associé à la pile à combustible, l’hydrogène se présente comme un « vecteur énergétique » propre pour la production d’électricité et de chaleur (cogénération) avec l’eau comme produit de la réaction. Les piles à combustible alimentées directement en biogaz issu de la biomasse sont d’ailleurs déjà en développement au Japon et en Allemagne et pourrait le devenir demain pour l’ensemble du monde. La généralisation de la valorisation du biogaz dépendra largement de la maitrise des risques liés aux impuretés présentes dans sa composition (Composés Organiques Volatils Chlorés, composés soufrés, Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques, Siloxanes, …) Dans ce travail nous proposons de comparer les compositions de biogaz issus de décharges au Liban et de la bio-méthanisation en France, afin d’évaluer l’impact toxicologique des impuretés les plus problématiques sur le plan sanitaire, ainsi que leurs effets d’empoisonnement via à vis des catalyseurs utilisés dans les réactions de reformage. Le biogaz non traité comporte de nombreux éléments chimiques connus pour leur toxicité, voire cancérogénicité. Le sulfure d'hydrogène, des siloxanes, des hydrocarbures, de l'ammoniac et du monoxyde de carbone et de l'azote ont ainsi été détectés lors d’essais de méthanisation du biogaz [1]. D’autres études ont montré la présence d’acétaldéhyde de formaldéhyde, de trichloroéthylène, de tétrachloroéthylène, de tétrachlorométhane, de benzène [2; 3]. Ces composés sont classés pour leur cancérogénicité chez l’animal voire chez l’homme [4]. Parmi les approches proposées dans le but de produire de l’hydrogène on note, le reformage à sec du méthane par le dioxyde de carbone, processus qui permet de valoriser le biogaz issu de la fermentation des déchets et de diminuer les émissions des gaz à effet de serre, le reformage à la vapeur ou vaporeformage du méthane. La réaction de reformage entre le méthane et le dioxyde de carbone est aujourd'hui un objectif industriel hautement stratégiques non seulement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, pour valoriser le biogaz mais aussi pour produire le gaz de synthèse (mélange hydrogène et monoxyde de carbone) en vue d'élaborer des carburants de synthèse. Ainsi, le développement de solutions alternatives orientées vers le développement durable s’appuyant sur la prévention de la pollution à la source peut se réaliser à travers la valorisation de composés polluants (CO2 et méthane) en gaz de synthèse ou en hydrogène (énergie renouvelable / piles à combustible). Les réactions d'activation catalytique du gaz naturel (essentiellement le méthane) en gaz de synthèse (mélange hydrogène et monoxyde de carbone) peuvent se faire en présence de dioxyde de carbone (1) ou en présence d’eau (2) : (1) CH4 + CO2 = 2 CO + 2 H2 (2) CH4 + H2O = CO + 3 H2 La réaction (1) de reformage "à sec" présente l'intérêt de consommer du gaz carbonique, agent important de "l'effet de serre". La réaction du vaporeformage du méthane (2) présente quant à elle l’avantage d’une production d’hydrogène plus importante. 2 II. Problématique Les catalyseurs supportés à base de nickel sont généralement proposés pour le reformage du méthane en raison de leur grande activité et de leur faible coût [5-15]. Cependant, le problème majeur associé aux réactions de reformage (1) et (2) est le dépôt rapide de carbone sur le catalyseur provenant principalement de la réaction de dissociation du monoxyde de carbone (2CO → CO2 + C) et/ou de la réaction de décomposition du méthane (CH4 → C + 2H2) [16]. Ce dépôt de coke conduit à une désactivation du catalyseur. La vitesse de déposition du carbone est en général très élevée sur les catalyseurs à base de nickel et relativement plus faible sur les catalyseurs à base de cobalt et de métaux nobles. En plus du dépôt de coke décrit ci-dessus, le reformage du biogaz affecte le catalyseur par la présence d'impuretés comme les COV chlorés, les HAPS et l'hydrogène sulfuré. Ces produits (carbone et gaz) peuvent agir comme poison vis-à-vis catalyseur et conduire à une désactivation de celui-ci. Il apparaît donc primordial de concentrer les efforts sur la recherche de catalyseurs présentant une bonne activité et une résistance à la désactivation par dépôt de carbone et d'étudier également l'influence sur le catalyseur des impuretés contenue dans le biogaz. L'influence sur l'activité catalytique de la vapeur d'eau et d'oxygène dans le mélange gazeux (méthane + CO2) doit également être évaluée. La présence de nombreuses impuretés dans le biogaz peut ainsi d’une part entraîner des inactivations des systèmes catalytiques, mais aussi d’autre part présenter des effets sanitaires graves. En effet, certains composés présents à de faibles concentrations sont cancérogènes pour l’homme [4]. Dans le cadre d’une démarche de développement d’énergie renouvelable, il sera important de s’assurer de l’absence de toxicité des émissions de biogaz canalisées, ainsi que des impuretés présentes dans les gaz issus de sa transformation (CO et H2) en vue de leur utilisation à grande échelle. III- Objectifs Les objectifs de ce sujet de recherche sont triples : • déterminer la composition chimique réelle du biogaz en tenant compte de son origine et des conditions de production afin d’identifier les impuretés et d’évaluer les risques potentiels pour la santé. • développer de nouveaux systèmes catalytiques actifs et stables pour la valorisation énergétique des déchets via les réactions de reformage du biogaz, en évaluant en continu le degré de toxicité des gaz formés. • contribuer à une meilleure compréhension des différents facteurs qui contrôlent les réactions de reformage du biogaz et notamment ceux conduisant à une désactivation du catalyseur par dépôt de carbone et ou par la présence d’impuretés dans le mélange gazeux (ex: H2S, HAP, COV-Cl) dans le but d’obtenir une amélioration significative de leur stabilité sous mélange réactionnel. IV- Méthodologie et résultats attendus La première étape de cette étude sera consacrée à la caractérisation des émissions de biogaz, dans le but d'identifier et quantifier des composés potentiellement toxiques, tels que des COV halogénés, COV oxygénés et composés aromatiques polycycliques légers (BTEX). Cette tâche associera le Centre Commun de Mesures de l'ULCO, qui dispose des moyens techniques et analytiques dédiés. Il est proposé de procéder à un échantillonnage sur site des composés organiques émis en utilisant des supports adsorbants, puis de mener une analyse chimique ultérieure en 3 laboratoire. Ces analyses seront suivies par des méthodes chromatographiques couplées à la spectrométrie de masse (CPG-MS et LC-MS). Les biogaz analysés pourront être évalués quant à leur toxicité dans des cellules pulmonaires humaines. Pour ce faire, une culture sur inserts permettra d’exposer les cellules en interface air/liquide en utilisant le dispositif Vitrocell®. En fonction des concentrations des composés les plus problématiques retrouvés dans le biogaz, les cellules seront exposées à des composés seuls ou en mélange. Par ailleurs, les impuretés détectées dans le mélange issu du reformage du biogaz pourront être étudiées quant à leur toxicité. Une fois les cellules exposées, un ensemble de marqueurs de toxicité sera déterminé sur les plans inflammatoire et génotoxique. Par ailleurs, diverses formulations catalytiques à base de solides massiques ou supportés peuvent être étudiées dans les réactions de reformage. Les premiers résultats obtenus au laboratoire sur les réactions du reformage à sec du méthane en présence de catalyseurs à base de ruthénium [17-20] et/ou de cuivre supportés sur des supports de type cérine et/ou alumine sont encourageants et méritent d’être approfondis. D’autres types de catalyseurs à base de cobalt et de nickel sont également étudiés. Par exemple, l’emploi de précurseurs hydrotalcites [21-22] permet de générer des oxydes basiques hautement dispersés ce qui conduit à : • une inhibition de l’agglomération des particules métalliques, • une prévention de la formation de coke. La calcination de ces hydrotalcites conduit à un mélange d'un oxyde de métal divalent (M IIO) et d'un spinelle (MIIM'IIIO4) ayant des propriétés intéressantes comme le non-respect de la stœchiométrie, une stabilité thermique plus importante, une aire spécifique plus élevée et une meilleure dispersion des cations au sein de la matrice. La réduction de ces oxydes mixtes associés à la présence d’éléments basiques (Mg) conduite à des interactions de la phase active (Ni ;Co)-métal importantes qui comme dans le cas de catalyseurs supportés qui limite fortement le dépôt de carbone. Ces études nous ont permis d’obtenir des résultats intéressants en termes de résistance à la désactivation par le coke [18 ; 23] dans les réactions de reformage (1) et (2) cités ci dessus. Il est donc intéressant de poursuivre les efforts dans cette voie de synthèse des catalyseurs en associant d'autres éléments métalliques susceptibles d'être résistant à la fois a la formation de coke mais également aux différentes impuretés présentes dans le biogaz. V- Déroulement de la thèse : Septembre – décembre 2014 : Au Liban Etude bibliographique Etat des lieux sur place avec les partenaires Janvier – juin 2015 : En France Analyse chimique des différents biogaz Préparation des catalyseurs et caractérisations physico-chimiques Tests de culture et exposition à des composés organiques purs à faibles doses Tests catalytiques : vaporeformage et reformage à sec Juillet – décembre 2015 : Au Liban Analyse et traitements des résultats ; rédaction de publications Mise en place de tests catalytiques dans le laboratoire partenaire Janvier – juin 2016 : En France Expositions cellulaires aux mélanges représentatifs de la composition du biogaz Etude des mécanismes d’actions inflammatoires induits. Caractérisations physico-chimiques après tests Etudes des effets catalytiques et physico-chimiques des impuretés du biogaz 4 Rédaction de publications Juillet – décembre 2016 : Au Liban Effets de la présence d’oxygène sur les propriétés catalytiques Possibilités d’applications sur place Rédaction de publications et de la thèse Janvier – juin 2017 : En France Etude des mécanismes d’actions génotoxiques des impuretés du biogaz Caractérisations physico-chimiques après tests Finalisation de thèse et de publications Juillet – septembre 2017 : Au Liban Soutenance de la thèse Encadrement en France : Pr. Edmond ABI-AAD ([email protected]) Dr. Cédric GENNEQUIN ([email protected]) Dr. Sylvain BILLET ([email protected] ) REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES [1] E. Ryckebosch, M. Drouillon, H.Vervaeren, Techniques for transformation of biogas to biomethane. Biomass Bioenergy, (2011), 35, 1633 [2] S. Rasi, A.Veijanen, J. Rintala, Energy, (2007) 32, 1375 [3] S. Rasi, J. Läntelä, J.Rintala, A review. 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Today, 176, (2011), 139 Avis du directeur de laboratoire : Ce sujet s'inscrit pleinement dans les thématiques de l'UCEiV et correspond à des recherches transversales entre les équipes "Traitement Catalytique et Energie Propre" et "Chimie et Toxicologie des Emissions Atmosphériques" de l'Unité. Je soutiens entièrement et sans réserve ce projet. Signature du directeur de laboratoire 5