Conception et mise à disposition de ressources pédagogiques
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Transcript Conception et mise à disposition de ressources pédagogiques
Économie internationale
9e édition
P. Krugman, M. Obstfeld, M. Melitz
G. Capelle-Blancard, M. Crozet
ISBN : 978-2-7440-7530-8
Chapitre 18 – Taux de change fixe et interventions sur le marché
des changes
Corrigés des activités
1.
Montrez comment une augmentation du volume des actifs domestiques détenus par la banque centrale influe
sur son bilan en changes fixes. Comment les opérations de la banque centrale sur le marché des changes sontelles comptabilisées dans la balance des paiements ?
Si la banque centrale augmente le volume des actifs domestiques qu’elle détient, le volume de ses actifs
étrangers diminue pour un niveau de passif inchangé (invariance de l’offre de monnaie). L’impact sur la balance
des paiements est plus facile à comprendre en étudiant le mécanisme en jeu en ce qui concerne les réserves
étrangères. Juste après l’achat par la banque centrale des actifs domestiques, l’économie connaît un excès
d’offre de monnaie – la banque centrale paie ces actifs avec de la monnaie. Elle va donc devoir intervenir sur le
marché des changes pour maintenir le taux de change fixe, face à cet excès d’offre : elle va vendre des actifs
étrangers et acheter de la monnaie jusqu’à ce que l’excès d’offre de monnaie soit résorbé. Puisque des
résidents privés se sont portés acquéreurs des réserves étrangères que la banque centrale a dû céder, un flux
de capital sortant des banques privées est comptabilisé – il s’agit d’un débit pour le compte financier. Il est égal
à l’accroissement des actifs étrangers détenus par le secteur privé. Le crédit associé correspond à la réduction
du volume des actifs étrangers détenus par la banque centrale – il s’agit d’un flux financier entrant dans la
balance des règlements officiels.
2.
Même question pour une augmentation des dépenses publiques.
Une hausse des dépenses publiques a pour conséquence une augmentation du revenu intérieur et de la
demande de monnaie. Pour éviter que cet excès initial de la demande n’entraîne une appréciation de la
monnaie domestique, la banque centrale doit acheter des actifs étrangers auprès du secteur privé du pays. Les
actifs étrangers détenus par celle-ci vont donc augmenter, ainsi que son passif, et avec lui l’offre de monnaie.
Les réserves additionnelles de la banque centrale seront comptabilisées comme un flux de capitaux sortant, soit
un débit du compte de capital. Ce débit sera exactement compensé par un crédit du même compte
correspondant à la réduction des actifs étrangers détenus par le secteur privé, donnant lieu à un flux de
capitaux entrant.
3.
Décrivez les effets d’une dévaluation inopinée sur le bilan de la banque centrale. En quoi améliore-t-elle la
balance courante ?
Une dévaluation unique et non anticipée de la monnaie entraîne initialement une augmentation du produit
intérieur. Cette augmentation engendre ensuite une hausse de la demande de monnaie. La banque centrale
doit gérer l’excès de demande en achetant des actifs étrangers en contrepartie de monnaie domestique. à ce
stade, le passif du bilan de la banque centrale augmente (ainsi que l’offre de monnaie), en même temps que la
banque centrale accroît ses réserves étrangères. La croissance de ces dernières représente un flux de capitaux
sortant. Ce flux sortant est compensé, dans la balance des paiements, par un flux de capitaux entrant de même
montant, correspondant à la baisse des actifs étrangers détenus par le secteur public. Le public doit en effet
échanger des actifs étrangers contre de la monnaie qu’il achète auprès de la banque centrale : soit en vendant
des actifs étrangers, soit en empruntant des monnaies étrangères à l’extérieur. Mais dans les deux cas, il s’agit
d’un flux de capital entrant.
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L’analyse suivante est plus subtile : lorsque le prix de la monnaie étrangère augmente, la valeur du stock initial
de réserves étrangères, exprimées en termes de monnaie domestique, augmente aussi. Ce gain en capital
accroît, de lui-même, les réserves étrangères de la banque centrale – celles-ci étant exprimées en unités de
monnaie domestique dans notre analyse précédente. Mais alors, où se situe la hausse de passif qui devrait lui
être associée ? Pour équilibrer son bilan, la banque centrale injecte-t-elle plus de monnaie dans l’économie ou
fait-elle appel aux réserves du système bancaire ? En fait, les banques centrales créent généralement des
comptes de passif fictifs pour contrebalancer les effets des fluctuations des taux de change sur la valeur des
réserves internationales, exprimées en monnaie domestique. Ces gains et ces pertes en capital ne conduisent
pas automatiquement à des variations de la base monétaire.
4.
Quels sont les effets d’une expansion budgétaire sur la balance courante en changes fixes ?
Une politique budgétaire expansionniste accroît le produit intérieur et, par conséquent, entraîne une hausse des
importations. Le compte courant se détériore donc. Cependant, en changes fixes, la dégradation immédiate du
compte courant est moins forte qu’en changes flottants. En effet, la monnaie ne va pas s’apprécier et les
exportations ne seront pas pénalisées.
5.
Dans les années 1970, puis entre 1987 et 1995, les banques centrales sont intervenues fréquemment et
massivement sur le marché des changes dans l’espoir de « corriger » les taux de change et/ou de limiter leur
volatilité. Depuis, mise à part la Banque du Japon, ces interventions sont plutôt rares. Pourquoi les interventions
de change sont-elles tombées en désuétude ? Dans quelles conditions les interventions de change pourraientelles être efficaces ? Par quels autres canaux les banquiers centraux peuvent-ils influer sur la tendance et la
volatilité du change ?
Les interventions de change sont de moins en moins nombreuses, car peu efficaces. En effet, les réserves des
banques centrales pèsent peu face à la taille du marché des changes. L’argument selon lequel les interventions
des banques centrales sont vouées à l’échec, étant donné les volumes considérables échangés sur le marché
des changes, a toutefois ses limites dans la mesure où les taux de change équilibrent les stocks d’actifs
détenus par les agents et que les volumes de transaction sont des variables de flux. Les interventions sur le
marché des changes peuvent avoir un impact à condition que les autorités soient crédibles, ce qui suppose de
considérer l’éventail complet des politiques économiques. L’essentiel passe en effet par le signal envoyé au
marché (et il convient, à ce titre, de distinguer les interventions stérilisées et non stérilisées).
6.
Quelles sont les raisons pour lesquelles un gouvernement accepterait de limiter sa capacité à utiliser la politique
monétaire pour stabiliser son taux de change ?
La volatilité sur le marché des changes est certes moins élevée que sur d’autres marchés, notamment les
marchés de matières premières (le pétrole par exemple) ou les marchés boursiers. Il est vrai également que les
entreprises ont à leur disposition un large éventail d’instruments de couverture (assurances, produits dérivés…).
Mais l’augmentation de la volatilité a tout de même un effet négatif sur les échanges internationaux. La gestion
des risques est, dans tous les cas (même lorsque les entreprises n’ont pas de prime à payer, lorsqu’elles
utilisent des contrats à terme par exemple) une activité coûteuse pour les entreprises non financières. Par
ailleurs, en pratique, beaucoup de petites ou moyennes entreprises, en particulier dans les pays en
développement, n’ont pas accès à ces méthodes de gestion des risques (voir aussi chapitre 19).
Certains pays acceptent une perte d’autonomie dans leur politique monétaire afin de limiter ces problèmes. Les
pouvoirs publics peuvent aussi choisir de sacrifier leur autonomie monétaire pour mettre en place une politique
de coopération avec leurs homologues étrangers afin de réduire les risques associés à la « politique de pillage
du voisin » (voir aussi annexe du chapitre 19).
7.
Quel est l’effet d’une expansion budgétaire sur la balance courante en changes fixes ?
En changes fixes, une politique budgétaire expansionniste a pour effet d’augmenter le produit intérieur, et donc
les importations, ce qui dégrade le solde de la balance courante. À court terme, toutefois, cette dégradation est
moindre qu’en changes flottants, dans la mesure où il n’y a pas appréciation de la monnaie.
8.
Expliquez pourquoi des expansions budgétaires permanentes et temporaires ont les mêmes effets en changes
fixes, alors que ce n’est pas le cas en changes flottants.
En changes flottants, une politique budgétaire expansionniste temporaire n’a pas d’effets sur le taux de change
anticipé, alors qu’une politique permanente en a. Lorsque le taux de change anticipé varie, la courbe AA se
déplace. Une politique budgétaire expansionniste permanente se traduit par un déplacement vers le bas et vers
la gauche de la courbe AA. Combiné au déplacement de la courbe DD vers l’extérieur, le déplacement de la
courbe AA conduit à une invariance du produit intérieur.
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En revanche, lorsque les taux de change sont fixes, le taux anticipé ne subit aucune variation, et ce, que la
politique soit temporaire ou permanente. Cela s’explique simplement parce que, par définition, les taux de
change sont fixes. Une politique budgétaire expansionniste permanente ou temporaire va donc conduire la
banque centrale à augmenter l’offre de monnaie (déplacement de la courbe AA vers l’extérieur), afin d’éviter
l’appréciation de la monnaie (du fait du déplacement de la courbe DD vers l’extérieur). Finalement, il en
résultera une hausse du produit intérieur (Y), et le taux de change (E) restera constant.
9.
Quels sont les effets d’une dévaluation sur l’épargne intérieure et l’investissement intérieur, sachant que le
solde de la balance courante est égal à l’épargne, moins l’investissement intérieur (voir chapitre 13) ?
Une dévaluation monétaire entraîne une hausse du produit intérieur. Cela entraîne donc automatiquement une
hausse de l’épargne privée, puisque, pour toute hausse du produit intérieur, une partie est épargnée. Les
recettes publiques augmentent elles aussi. Le déficit budgétaire a donc des chances de baisser et l’épargne
publique de croître. Dans le chapitre, nous avons fait l’hypothèse que l’investissement était constant.
Supposons plutôt que l’investissement dépende négativement du taux d’intérêt réel (comme dans le modèle ISLM). Dans ce cas de figure, la dévaluation monétaire modifie les anticipations inflationnistes à la hausse et
conduit donc à une baisse du taux d’intérêt réel. Par conséquent, l’investissement augmente (et au plan
mondial, le taux d’intérêt nominal demeure inchangé). Les dépenses de consommation qui sont sensibles aux
variations du taux d’intérêt augmentent elles aussi et, si les effets du taux d’intérêt sont suffisamment forts, il
peut en résulter un déficit du compte courant.
10. En utilisant le modèle AA-DD, analysez les effets d’un droit de douane en changes fixes sur la production et la
balance des paiements. Que se passerait-il si tous les pays imposaient des droits de douane ?
Les droits de douane augmentent le prix des biens importés et favorisent donc les produits de fabrication
domestique. Par conséquent, la courbe DD se déplace vers l’extérieur, entraînant une croissance du produit
intérieur et une appréciation de la monnaie domestique. Puisque la banque centrale ne peut autoriser la
variation des taux de change, elle doit accroître l’offre de monnaie. Cette action est représentée par un
déplacement de la courbe AA vers l’extérieur. L’expansion monétaire s’accompagne alors d’un surplus de la
balance des paiements et d’une hausse équivalente des réserves officielles.
La baisse des importations d’un pays correspond à la baisse des exportations pour un autre pays. La
courbe DD de ce dernier se déplace donc vers l’intérieur. En réponse, la banque centrale doit opérer une
contraction monétaire afin de préserver les taux de change fixes. Si tous les pays imposent des droits de
douane, alors aucun pays ne réussit à attirer la demande mondiale ni à gagner des réserves en améliorant sa
balance des paiements. Le volume des échanges se réduit, et tous les pays perdent une partie des gains qu’ils
tirent du commerce international.
11. Quand une banque centrale dévalue à la suite d’une crise de balance des paiements, elle gagne en général des
réserves. Cette entrée de capitaux peut-elle être expliquée dans notre modèle ? Que se passerait-il si le marché
anticipait une nouvelle dévaluation à court terme ?
Si le marché anticipe une persistance de la dévaluation, le taux d’intérêt nominal domestique baisse sous le
niveau mondial, la demande de monnaie augmente et la banque centrale achète des actifs étrangers payés en
monnaie domestique pour éviter que l’excès de demande ne conduise à une appréciation de la monnaie. Selon
notre modèle, la banque centrale accumule alors des réserves officielles. Même si une deuxième dévaluation
devait intervenir dans un futur proche, les réserves pourraient s’accroître si la première dévaluation avait pour
effet de diminuer le taux de dépréciation anticipée et, avec lui, le taux d’intérêt nominal domestique. Cependant,
une dévaluation initiale inadéquate a pour conséquence de renforcer les anticipations de dévaluation, ce qui
conduit à l’effet inverse sur la balance des paiements.
12. Supposons que dans le système monétaire d’après-guerre fondé sur le dollar, les banques centrales aient
gardé leurs réserves sous forme de billets verts cachés dans leurs caves, plutôt que de bons du Trésor
américains. Le mécanisme d’ajustement monétaire international aurait-il joué de manière symétrique ou
asymétrique ? Pensez par exemple à ce qu’il advient de l’offre de monnaie aux États-Unis et au Japon, lorsque
la Banque du Japon vend des yens contre des dollars, qu’elle conserve ensuite.
Si la Banque du Japon détenait des dollars au lieu de bons du Trésor, le processus d’ajustement aurait été
symétrique. Tout achat de dollars par la Banque du Japon conduit à une baisse de l’offre de monnaie
américaine, puisque les dollars achetés ne sont plus en circulation mais dans les coffres de la Banque du
Japon. Un surplus de la balance des paiements japonaise augmente l’offre de monnaie de la Banque du Japon
(s’il n’y a pas de stérilisation monétaire), en même temps qu’elle réduit l’offre de monnaie américaine.
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13. « Lorsque les obligations domestiques et étrangères sont des substituts parfaits, une banque centrale peut
indifféremment utiliser des actifs domestiques ou étrangers pour mettre en œuvre sa politique monétaire. »
Discutez cette proposition.
Une banque centrale qui cherche à maintenir un taux de change fixe a besoin d’un stock tampon de réserves en
monnaies étrangères pour gérer les périodes où son compte courant est déficitaire. Une fois les réserves de
change épuisées, la banque centrale ne peut plus empêcher la dépréciation de sa monnaie, en réponse à la
pression exercée par le déficit de son compte courant. Pour simplifier, nous pouvons résumer la situation ainsi :
soit la banque centrale choisit le taux de change et autorise les variations de ses avoirs de réserve, soit elle
choisit le niveau des réserves étrangères qu’elle détient et autorise le flottement de son taux de change. Si elle
perd la possibilité de contrôler le niveau de ses réserves – parce que la demande privée pour celles-ci excède
l’offre – alors elle perd aussi le contrôle de son taux de change. C’est pourquoi, les banques centrales ne sont
pas indifférentes au choix des actifs domestiques ou étrangers dans la mise en œuvre de leur politique
monétaire.
14. Les interventions sur le marché des changes sont parfois réalisées aux États-Unis par le Fonds de stabilisation
des changes (une branche du Département du Trésor), qui gère à cet effet un portefeuille d’obligations
américaines et étrangères. Une intervention du Fonds pour soutenir le yen par exemple l’amènerait à vendre
des actifs en dollars afin d’acquérir des actifs en yens. Montrez que ces interventions sont automatiquement
stérilisées et qu’elles n’ont aucun effet sur l’offre de monnaie. Comment les opérations influent-elles sur la prime
de risque sur le marché des changes ?
Une intervention du fonds de stabilisation des changes (FSC) pour soutenir le yen consiste en la vente d’actifs
en dollars, initialement détenus par le FSC, contre des actifs en yens, initialement détenus par le secteur privé.
Il s’agit là d’un échange d’obligations d’un certain type contre des obligations d’un autre type. Il n’y a donc pas
de modifications de l’offre de monnaie, et la transaction est donc automatiquement stérilisée. Cette opération
augmente la prime de risque sur les actifs en dollars, puisqu’elle accroît le stock d’actifs en dollars détenu par le
secteur privé.
15. Expliquez graphiquement comment une banque centrale peut modifier le taux d’intérêt intérieur, tout en
conservant un taux de change fixe, dans une situation d’imparfaite substituabilité des actifs.
Afin de maintenir le taux de change fixe tout en faisant varier le taux d’intérêt domestique, les autorités
monétaires peuvent allier une politique de variation de l’offre de monnaie à une politique d’achat ou de vente
d’actifs étrangers. Prenons un exemple : les autorités monétaires peuvent faire baisser le taux d’intérêt
domestique en accroissant l’offre de monnaie. Afin de conserver le taux de change fixe, elles doivent aussi
vendre des actifs étrangers et acheter des actifs domestiques. À la figure 18.1, la croissance de l’offre de
monnaie entraîne une baisse du taux d’intérêt de R0 à R’. L’achat d’actifs domestiques et la vente d’actifs
étrangers n’ont pas d’impact sur l’offre de monnaie. En revanche, ces transactions diminuent la prime de risque
et déplacent la courbe de parité des taux d’intérêt, qui de II devient I’I’. Le taux de change est ainsi maintenu à
son niveau initial.
Figure 18.1
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16. Nous avons vu au début de ce chapitre comment la vente d’actifs étrangers pour une valeur de 100 € influe sur
le bilan de la banque centrale. Dans cet exemple, nous avons supposé que l’acheteur payait au comptant.
Imaginons maintenant qu’il paye avec un chèque sur un compte ouvert auprès d’une banque privée
domestique. Quel est l’effet de la transaction sur le bilan de la banque centrale et l’offre de monnaie ?
Actif
Passif
Actifs étrangers : 900
Dépôts détenus par les banques : 400
Actifs domestiques : 1 500
Monnaie : 2 000
Là encore, les actifs étrangers détenus par la banque centrale diminuent. Par conséquent, le passif du bilan doit
diminuer lui aussi. Dans ce cas de figure, le volume de monnaie n’a pas été modifié, mais après l’encaissement
du chèque, la banque émettrice détient 100 € de moins dans ses dépôts auprès de la banque centrale.
17. En pratique, dans les régimes de changes fixes, les taux de change ne sont jamais absolument fixes mais
peuvent fluctuer à l’intérieur d’une bande. Par exemple, sous le régime d’étalon-or, les bandes étaient de l’ordre
de plus ou moins 1 % de la parité de change « centrale ». Dans quelle mesure de telles bandes de fluctuation
permettaient au taux d’intérêt intérieur de fluctuer indépendamment du taux prévalent à l’étranger ? Montrez
que la réponse dépend de la maturité ou du terme du taux d’intérêt. Considérez, alternativement, des taux à
trois mois, six mois, un an et dix ans.
Les bandes de fluctuations permettent effectivement, dans une certaine mesure, que les taux d’intérêt
domestiques fluctuent indépendamment du taux d’intérêt étranger. Considérons un taux à un an : lorsque R*
augmente de 1 %, la monnaie domestique se déprécie de 1 %. Cela crée des anticipations d’appréciation, de
manière à ce que la monnaie domestique retrouve sa valeur initiale au milieu de la bande, compensant ainsi la
baisse de 1 % du taux d’intérêt. Pour une maturité plus courte, on peut s’attendre – en théorie – à une variation
du taux de change d’au plus 2 % (du haut jusqu’en bas de la bande) en trois mois. Cela autorise des écarts de
2 % entre les taux à trois mois, ce qui correspond à des écarts de plus de 8 % pour les taux annualisés. Plus la
maturité est courte, plus les écarts augmentent jusqu’à devenir pratiquement illimités. Mais, cela nécessite que
le taux de change fixe reste crédible. Pour une maturité de dix ans, il ne pourra y avoir qu’une différence de
0,2 % entre les taux, puisque l’appréciation anticipée ne pourra atteindre au maximum que 0,2 % par an sur dix
ans.
18. Dans un monde à trois pays, une banque centrale fixe l’un de ses taux de change, mais laisse l’autre flotter.
Peut-elle utiliser la politique monétaire pour agir sur la production ? Peut-elle fixer les deux taux de change ?
Dans un monde à trois pays, une banque centrale fixe l’un de ses taux de change, mais laisse les deux autres
flotter. Elle est toujours contrainte dans l’utilisation de la politique monétaire. Elle doit manipuler l’offre de
monnaie pour maintenir le taux d’intérêt à un niveau qui vérifie la condition de parité des taux d’intérêt. Elle n’a
donc aucune autonomie. La banque centrale ne peut pas fixer plus d’un taux de change à la fois.
19. Lorsque les réserves officielles sont composées de titres, tels que des bons du Trésor par exemple, les
banques centrales peuvent-elles toutes augmenter simultanément leurs réserves sans que cela ne pèse sur la
croissance économique mondiale ? Qu’en est-il sous le régime étalon-or ? Comparez.
Supposons, par exemple, que la BCE décide de vendre des actifs domestiques contre de l’or. Si d’autres
banques centrales cherchent à maintenir leur stock d’or, il leur faut augmenter les taux d’intérêt (en vendant des
actifs domestiques pour réduire l’offre de monnaie) de manière à empêcher les sorties d’or. Si toutes les
banques centrales font de même, alors le montant des actifs domestiques diminue partout, ce qui provoque une
contraction monétaire, mais la quantité totale d’or à l’actif des banques centrales reste la même.
À l’inverse, si la BCE utilise des titres (des bons du Trésor en dollars par exemple) comme actifs de réserve,
elle peut les acheter simplement sur l’open market en échange d’actifs domestiques. Si les investisseurs
souhaitent détenir des dollars, leur prix va augmenter ; la Réserve fédérale américaine peut alors facilement
augmenter l’offre de monnaie en achetant, à son tour, des actifs étrangers contre des dollars. La BCE et la
Réserve fédérale américaine voient ainsi leurs réserves en actifs étrangers augmenter sans qu’il n’y ait pour
cela besoin de réduire l’offre de monnaie.
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20. Si un pays décide de réévaluer ou de dévaluer sa monnaie, la valeur des réserves officielles mesurée en
monnaie domestique varie. Dans quel cas cela se traduit-il par un gain pour la banque centrale ? Par une
perte ? Comment cela affecte-t-il le coût de détention des réserves officielles ? N’oubliez pas de tenir compte
dans votre réponse de la parité des taux d’intérêt.
Quand un pays décide de réévaluer ou de dévaluer sa monnaie, la valeur des réserves officielles évaluées en
monnaie étrangère reste la même, mais leur valeur en monnaie domestique varie. Une dévaluation conduit en
effet à une hausse de la valeur des réserves de change en monnaie domestique, tandis qu’une réévaluation se
traduit par une perte en monnaie domestique.
Ces gains et ces pertes potentiels peuvent affecter le coût de détention des réserves officielles. Lorsque le taux
d’intérêt des bons du Trésor américains (qui composent les réserves officielles) est inférieur au taux que le pays
paie sur sa dette, la détention de réserves est coûteuse. Mais si la parité non couverte des taux d’intérêt est
vérifiée, alors le différentiel de taux d’intérêt devrait exactement être compensé par une variation du taux de
change et par l’augmentation de la valeur des réserves officielles, en monnaie domestique, à mesure que cette
dernière se déprécie par rapport au dollar (car R > RU.S.). À l’inverse, les pays qui détiennent des stocks
importants de réserves en dollars s’exposent à des pertes si le dollar se déprécie rapidement. Mais tant que le
taux d’intérêt américain est supérieur au taux domestique (ce qui devrait être le cas si le marché anticipe une
dépréciation du dollar), ces pertes sont compensées par un gain sur le différentiel de taux d’intérêt.
Notons cependant que si le taux de change varie de façon brutale et non anticipée, alors les gains et les pertes
se matérialisent sans être compensés par le différentiel de taux d’intérêt. En somme, on peut dire que le coût de
détention des réserves officielles tient aux mouvements non anticipés des taux de change.
21 Analysez les conséquences d’une dévaluation permanente lorsque l’économie est prise dans une trappe à
liquidité.
Dans le cas d’une économie prise dans une trappe à liquidité, la courbe AA est horizontale pour des niveaux de
produit intérieur très en-deçà du niveau Yf qui assurerait le plein-emploi. Lorsque le taux d’intérêt est nul,
en maintenant le taux de change anticipé fixe, la parité de taux d’intérêt détermine le taux de change
e
E E / (1 Rf). Toute tentative visant à déprécier la monnaie grâce à une expansion de la masse monétaire va
laisser le taux de change inchangé puisque le taux d’intérêt ne peut être négatif. Une augmentation temporaire
de la masse monétaire ne ferait que déplacer la courbe AA vers la droite, en élargissant la partie plate de la
courbe AA et en laissant le taux de change et le produit intérieur inchangés. Ainsi, dans un pays pris dans une
trappe à liquidité, la politique monétaire a peu d’effet sur la croissance. Il est certes possible d’augmenter le taux
d’intérêt en réduisant l’offre de monnaie, mais cela ne ferait qu’aggraver la récession (Y1 < Yf).
Si, toutefois, la banque centrale s’engage à augmenter de façon permanente la masse monétaire, la politique
monétaire peut éventuellement stimuler l’économie. Une dévaluation permanente, à condition qu’elle soit
crédible, va modifier le taux de change anticipé. Sur la figure ci-dessous, celui-ci passe de
à
. Cela
provoque un déplacement de la courbe AA vers le haut et vers la droite (puisque la dévaluation permanente est
due à une augmentation de la masse monétaire). La variation du taux de change anticipé provoque une
dévaluation immédiate de la monnaie, conduisant à une augmentation du produit intérieur.
Tout dépend en fait de la crédibilité de la banque centrale. Si celle-ci ne parvient pas à convaincre que la
dévaluation est permanente, le taux de change anticipé ne varie pas et le produit intérieur n’est pas affecté.
Figure 18.2
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