Schachter et l`interaction physiologie/cognition

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Transcript Schachter et l`interaction physiologie/cognition

PSYC 0030-1: Psychologie des émotions
2ième année Baccalauréat
Chapitre 4: Émotion Cognition et
activité périphérique
Blairy Sylvie, Faculté de Psychologie et des Sciences de
l’Education
Objectifs du chapitre
1. Mieux comprendre quel peut-être le rôle de l’activation
physiologique dans le déclenchement de l’émotion
2. Connaître la littérature scientifique de base dans le domaine –
historique des recherches- débat encore d’actualité.
Le problème de la séquence
Les relations entre
Émotion, cognition et activité périphérique
Relations entre émotion, processus cognitif et activité
périphérique
Le problème de la séquence
La controverse
James-Cannon
Point de vue
périphéraliste
Point de vue
centraliste
Théorie de James (1884)
Perception d ’un objet
« ours »
Réactions corporelles
tremblements
palpitations
fuite
Prise de conscience des
réactions corporelles
Émotion: peur
Théorie de Cannon (1927)
Perception d ’un objet
« ours »
Activation du SNC
Mécanismes qui contrôlent
et permettent l’apparition
des réponses corporelles
Expérience
émotionnelle
peur
Réactions
corporelles
tremblements
palpitations
fuite
Cannon (1927)
 a démarré le courant critique de la formulation
James-Lange
 accorde une place prépondérante à des structures du
système nerveux central dans le contrôle de
l ’émotion
 « ancêtre » des théories selon lesquelles les circuits
neurophysiologiques seraient responsables de
l ’émotion (Arnold, 1960).
Les critiques de Cannon
Comment évaluer l’importance de l’activation
physiologique dans la genèse de l’émotion ?
1. Analyser la réactivité émotionnelle de sujets qui
en sont dépourvus
Les recherches animales – Etude de Wynne et Solomon
(1955)
Hohmann (1966)
Jasnos et Hakmiller (1975)
Chwalisz, Diener et Gallagher (1988)
Keillor, Barrett, Crucian, Kortenkam et Helman (2002)
– Etude d’un cas de paralysie faciale.
Comment évaluer l’importance de l’activation
physiologique dans la genèse de l’émotion ?
2. Rechercher des patrons distincts pour chaque
émotion de changements physiologiques
Recherche centrée sur l ’analyse de l ’activité du
système nerveux autonome laissant de côté les
réactions liées à la musculature volontaire.
Vérification partielle de l ’énoncé théorique
de James.
Rechercher des patrons distincts, pour chaque
émotion, de changements physiologiques.
Comment faire cette recherche ?
1. Expérimentation en laboratoire avec induction
d’émotion et mesures objectives des
changements physiologiques.
2. Etude par questionnaire. Interroger les
individus sur ce qu’ils ressentent au niveau
corporel lorsqu’ils éprouvent certaines
émotions. Mesures subjectives.
Les recherches de patrons distincts de changements
physiologiques: les problèmes méthodologiques
les limites liées à la méthodologie de ces recherches
 Échantillon d’émotion souvent réduit à 2-3
 Méthodes d’induction très variées et pas de
vérification systématique et rigoureuse de la réussite
de l ’induction de l ’émotion visée
 Parfois quantité insuffisante de mesures
physiologiques
Est-ce que la colère et la peur se différencient au
niveau de l’activation physiologique ?
Ax (1953)
Méthode: Evaluer la validité de polygraphe et de détecteur de
mensonge.
peur
colère
forte décharge électrique
insultes ou commentaires négatifs
14 Mesures physiologiques
RC, pression sanguine,
respiration, température cutanée, et RED
Peur > Colère
Colère > peur
Pression systolique, RC et RED
Pression diastolique, température
de la peau
Est-ce que la colère et la peur se différencient au
niveau de l’activation physiologique ?
Funkenstein et collaborateurs (1954, 1955)
Méthode: Place les participants dans une situation stressante
peur (anxiété) et colère
situation « stressante »
résoudre des problèmes mathématiques tout en faisant l ’objet
de commentaires critiques
Vérification de l ’induction d ’émotion
Peur, anxiété
Colère extériorisée
Colère intériorisée
Mesures physiologiques
pression sanguine, RC,
amplitude des pulsations cardiaques
Funkenstein et collaborateurs (1954, 1955)
Résultats
Colère intériorisée versus colère extériorisée
RC plus élevé
plus grande amplitude de la pression sanguine
Anxiété versus colère extériorisée
RC plus élevé
plus grande amplitude de la pression sanguine
(Ax, 1953)
Anxiété versus Colère intériorisée
tendance à une plus grande amplitude de la
pression sanguine
Et pour les autres états émotionnels ?
Méthode: les films
Sternback (1962)
Population: enfants
Emotions: joie, tristesse, peur
Méthode: induction d ’émotion à l ’aide de films émotionnels
vérification de la manipulation: entrevue
Les mesures physiologiques:
RED
mobilité gastrique
respiration
RC
clignement des yeux
volume sanguin
Sternback (1962)
Résultats
tristesse: diminution de la RED
augmentation des clignements de yeux
joie: diminution de la mobilité gastrique
les résultats vont dans le sens de réactions
physiologiques distinctes selon les émotions mais
sont peu convaincants.
Ils peuvent difficilement être mis en parallèle avec les
résultats des autres études (population).
Et pour les autres états émotionnels ?
Méthode: imagerie mentale (position assise ou en
faisant de l ’exercice)
Schwartz, Weinberg et Singer (1981)
Emotion: joie, tristesse, colère, peur et relaxation
Les mesures physiologiques: RC, pression sanguine systolique et
diastolique
Vérification de l’induction émotionnelle: rapport subjectif des
sujets et évaluation du comportement par l ’expérimentateur
Schwartz, Weinberg et Singer (1981)
Résultats
Patrons cardiovasculaires propres à chaque état
Colère: activation la plus forte se distingue clairement
de la relaxation: RC et pression diastolique
Peur: pas d ’effets cardiovasculaires distincts
Joie: une plus forte hausse du RC
Tristesse: réponses physiologiques proches de celles de
la relaxation
Et pour les autres états émotionnels ?
Méthode: imagerie mentale ou exécution de
mouvements faciaux
Ekman, Levenson et Friesen (1983)
Emotion: joie, surprise, peur, dégoût, colère et tristesse
Les mesures physiologiques: RC, température cutanée des 2 mains,
RED, EMG avant-bras.
Méthode: basée sur l’hypothèse de la rétroaction faciale
Ekman, Levenson et Friesen (1983)
Résultats
Différences au niveau physiologique caractérisent les émotions
mais pas toujours dans les 2 modalités d ’induction
Pour les deux modalités:
RC : colère et peur > joie
Température des mains
: colère > joie
Pour la modalité faciale:
RC : colère, peur, tristesse > joie surprise et dégoût
Que pense John Cacioppo
de ces études ?
Professeur à l’Université de
Chicago
Importantes contributions
dans le domaine des
neurosciences sociales
(psychophysiologie des
émotions etc…)
Caccioppo et collaborateurs (1993)
hésitants à conclure l ’existence de patrons physiologiques
spécifiques pour chaque émotion
les données ne se reproduisent pas systématiquement d’une
recherche à l ’autre, même pour le RC.
Critique concernant les recherches de l ’équipe d ’Ekman: la
sélection des sujets
nécessité d ’augmenter le nombre des recherches
utilisation de techniques plus raffinées de mesures
des indices périphériques
Les études sur la remémoration des changements
corporels
Shields (1984)
Emotions étudiées : anxiété, tristesse, colère
tristesse: léthargie et ralentissement des réactions corporelles
anxiété et colère: augmentation des réponses du SN
sympathique
anxiété: sudation
colère: rougissement du visage
Études sur la remémoration des changements
corporels
Rimé et Giovaninni (1986)
Emotions: joie, tristesse, colère, peur
Résultats: patrons distincts de réactions corporelles pour chaque
émotion
Sherer et Wallbott (1994)
étude interculturelle: 37 pays et 5 continents
Résultats: patrons distincts de réactions corporelles pour chaque
émotion
Les mesures subjectives de changements corporels
correspondant à des émotions spécifiques
Les sources
Réactions réelles
Interprétations
Apprentissage
social de
croyances
véhiculées par
la culture
schéma social
La mesure subjective des changements corporels
Y a t- il intervention de schémas sociaux ?
Etude de Rimé, Philippot et Cisamolo (1990)
Condition réelle leur réactions réellement
manifestées lors d’une émotion ressentie auparavent.
Condition stéréotypée: Les réactions qu’ ils
estiment devoir se produire.
Pas de différence entre les conditions – résultats des sujets
belges = résultats des sujets américains.
Rimé, Philippot et Cisamolo (1990)
Accès direct à des schémas portant sur
les changements périphériques associés
à l ’émotion
Construction des schémas
Changements réellement
produits lors d’émotions
antérieurement vécues
Construction fondée sur
des échanges sociaux.
Existence de patrons physiologiques liés à des
émotions spécifiques
Conclusions
Trop peu de publications (Kirouac, 1995).
Les patrons d’activation physiologique ne se dégagent pas de façon
consistante (Caccioppo et coll., 1993)
Le problème de la séquence est non résolu – interactions multiples
la recherche actuelle se focalise sur l’importance des facteurs
socioculturels et des caractéristiques de la personnalité dans
le déclenchement des réactions émotionnelles. Mesure
objective de la réactivité (les mesures physiologiques).
Schachter et l’interaction physiologie/cognition
Stanley Schachter (1922 – 1997)
Américain – Professeur
(Columbia University)
Enseigne la psychologie sociale
Schachter et l’interaction physiologie/cognition
Nouvelle façon d’envisager le problème
Perspective qui a longtemps influencé la recherche en psychologie
des émotions
Spécialisation en psychologie sociale de schachter
La théorie de Schachter
Le déclenchement du processus émotionnel est le résultat de deux
grands facteurs:
L’activation physiologique
L’activité cognitive
Schachter et l’interaction physiologie/cognition
La théorie de Schachter
Difficulté d’isoler des patrons d’activation physiologique distincts.
Il se produit un syndrome diffus de réponses du SN sympathique
L’activation physiologique seule ne peut pas provoquer l’émotion
Facteur supplémentaire: la situation où se produit l’activation
physiologique et l’interprétation que l’individu fait de cette
situation
L’ émotion résulte de l’interaction entre l’activation physiologique
globale et l’analyse cognitive de la situation où elle se produit.
Cette analyse détermine la spécificité de l’émotion.
Schachter et l’interaction physiologie/cognition
La théorie de Schachter
Accent mis sur la contribution de mécanismes cognitifs
Pour qu’il y ait émotion, il faut que le sujet fasse un lien entre
l’analyse de la situation où il se trouve et l’activation
physiologique qu’il ressent à s’y trouver.
Schachter et l’interaction physiologie/cognition
Vérification empirique de la théorie de Schachter
Expérience de Schachter et Singer (1962)
Hypothèses
(1) En présence d’une activation physiologique pour laquelle il n’y a
pas d’explication évidente, un sujet identifiera cet état en utilisant
les cognitions qui lui sont disponibles.
(2) Si un sujet a une explication évidente pour son activation
physiologique, il ne fera pas appel à d’autres sources explicatives
en vue de l’identifier.
(3) En présence des mêmes conditions cognitives, un individu ne
rapportera un état subjectif émotionnel que dans la mesure où il
ressentira une activation physiologique.
Schachter et l’interaction physiologie/cognition
Vérification empirique de la théorie de Schachter
Expérience de Schachter et Singer (1962)
Trois catégories de manipulations expérimentales
 L’état d’activation physiologique
 La nature de l’explication qu’a le sujet à propos de cet état
 L’élaboration de situations sociales pouvant engendrer des
cognitions explicatives
Schachter et l’interaction physiologie/cognition
Vérification empirique de la théorie de Schachter
Expérience de Schachter et Singer (1962)
Manipulation de l’activation physiologique: l’objectif de la
recherche vise à étudier l’effet d’une vitamine sur la vision.
Epinéphrine
Injection
Palpitations, tremblements, rougeurs, respiration
haletante.
5 mn après injection et durent 20 mn
Placébo
Solution saline sans effet
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Vérification empirique de la théorie de Schachter
Expérience de Schachter et Singer (1962)
Manipulation de la nature de l’explication
Information exacte: l’injection peut produire des
effets secondaires + description des effets subjectifs
Information erronée: les effets secondaires ne
peuvent pas être produits par l’injection
Aucune information: au sujet d’effets secondaires
Aussi pour les sujets ayant reçu le placebo
Schachter et l’interaction physiologie/cognition
Vérification empirique de la théorie de Schachter
Expérience de Schachter et Singer (1962)
Manipulation des conditions sociales
Situation suscitant l’euphorie (joie)
Pièce en désordre avec un complice de l’expérimentateur
Amical et extraverti, très forte bonne humeur
Situation suscitant la colère
Pièce en désordre avec un complice de l’expérimentateur
Sujet et complice remplissent un questionnaire comportant
des questions de plus plus personnelles et insultantes.
Schachter et l’interaction physiologie/cognition
Vérification empirique de la théorie de Schachter
Expérience de Schachter et Singer (1962)
Les mesures de l’état émotionnel des sujets
Observation des comportements et mesures du RC
Questionnaire post-expérimental
Schachter et l’interaction physiologie/cognition
Vérification empirique de la théorie de Schachter
Expérience de Schachter et Singer (1962)
Les résultats attendus
Les sujets qui manifestent le plus d’euphorie ou de colère
font partie du sous-groupe ayant reçu une information
erronée ou absente
Le sous-groupe informé avec exactitude et le groupe témoin
(injection d’un placebo) devrait avoir une réponse faible aux
manipulations émotionnelles
Schachter et l’interaction physiologie/cognition
Vérification empirique de la théorie de Schachter
Expérience de Schachter et Singer (1962)
Les résultats obtenus
Pour les deux manipulations émotionnelles: Les sujets
n’ayant pas reçu une explication adéquate de leur état
corporel réagissent plus fortement que les sujets bien
informés
Les résultats sont plus probants pour les mesures
comportementales que pour les mesures subjectives
Les sujets du groupe témoin se trouvent entre les sujets avec
ou sans informations appropriées
Schachter et l’interaction physiologie/cognition
Vérification empirique de la théorie de Schachter
Expérience de Schachter et Singer (1962)
Explications des résultats obtenus
Les sujets qui ont reçu une information inexacte concernant
les effets secondaires ont pu attribuer leurs symptômes à
l’injection elle-même. Les sujets s’auto-informent
Les conditions expérimentales ont provoqué une activation
physiologique
Schachter et l’interaction physiologie/cognition
Vérification empirique de la théorie de Schachter
Expérience de Schachter et Singer (1962)
Conclusion des auteurs
Il est possible de manipuler cognitivement les réactions
émotionnelles de quelqu’un qui ressent une activation
physiologique et qui n’a pas d’explication appropriée de cet état.
Cette manipulation ne serait pas efficace si le sujet possède
une explication adéquate ou s’il n’a pas d’activation
physiologique.
Schachter et l’interaction physiologie/cognition
Les réactions à l’expérience de Schachter
Les critiques méthodologiques
Les tentatives de reproduire l’expérience
Marshall et Zimbardo (1979)
Maslach (1979)
Erdmann et Jancke (1978)
conclusion
Quel est le rôle des réponses vicérales et
somatiques dans la genèse de l’émotion ?
Quel est le rôle de la cognition: la cognition
est-elle nécessaire ?
Diverses propositions théoriques