Relations psychisme et cancer du sein

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Transcript Relations psychisme et cancer du sein

Relations psychisme et cancer du
sein
S Schraub
Limoges avril 2013
Problématique ancienne et prévalente
• 2° siècle: Galien: les femmes
mélancoliques « attrapent » le cancer
• Gendron (1701), Guy (1846)
• Malades: en Australie, 40% des malades
pensent à un lien causal entre stress et
cancer du sein
• Medias: le cancer du sein de France Gall
attribué au décès de son mari Michel
Berger
Hypothèses :
1.
Un événement stressant déclanche t’il
un cancer?
2. Une personnalité psychique particulière
prédispose t ‘elle au cancer: trait
psychologique, dépression?
Travaux scientifiques:
• Expérimentations animales
• Travaux biologiques
• Études épidemiologiques
Expérimentations animales
Résultats très contradictoires:
Selon les expériences , le stress augmente la
croissance d’une tumeur implantée ou accélère
l’apparition d’une tumeur spontanée avec des
résultats variables selon le lignées animales.
Comportement différent si la tumeur est d’origine
virale (plus immunogène)
Grande variation dans les types de stress
Données biologiques:
Il existe des relations démontrées entre stress
→ neuro-hormones hypothalamiques →
hormones hypophysaires → sécrétion de
cortisone, d’adrénaline, d’hormones sexuelles
→ action immunitaire (Dantzer).
Sur le plan clinique, les immunodépressions
intenses et durables prédisposent au cancer :
lymphomes, certains cancers d’origine virale,
(cancer du col utérin) chez les patients atteints
de SIDA ou chez les patients transplantés
soumis à des traitements immunosuppresseurs.
Le stress ne déclanche pas des dépressions
immunitaires sévères et durables.
Ce n’est pas parce que l’on connaît les liens
biologiques entre stress et modifications
neurohormonales et immunitaires que la
démonstration de l’action du stress sur le
déclenchement d’un cancer est acquise!
Mais hypothèse intéressante à suivre.
études épidémiologiques.
ces enquêtes peuvent être de type
•
•
cas témoin rétrospectives,
cas témoin dites cas-témoins « courtes »
(prospectives « immédiates») car elles
concernent des patientes porteuses de nodule
mammaire en attente de confirmation de
bénignité ou de malignité
•
études de cohorte.
Biais multiples
1. Les études cas témoin rétrospectives sont
entachées du biais classique de mémorisation
qui fait qu’une personne malade a plus
tendance à se remémorer des faits particuliers
qu’un témoin en bonne santé.
2. autres biais de ces études cas témoin sur le
sujet relation stress ou troubles psychiques et
cancer:
-biais classique du choix des témoins non
représentatifs d’une population générale, difficulté de mesurer le stress (questionnaire
simple, outil psychométrique validé, notion de
fréquence, de durée.).
Biais multiples
2)autres biais de ces études cas témoin sur le sujet relation
psychisme et cancer:
-problème du délai (quelques mois ou plusieurs années
précédant la maladie.),
-des effectifs parfois très faibles,
- un appariement souvent mal fait,
-une absence de standardisation sur les autres risques du
cancer (par exemple pour le cancer du sein: les facteurs
hormonaux, les prédispositions génétiques, la consommation
d’alcool et l’index de masse corporelle).
La multiplication des tests statistiques favorise
les erreurs de type 1.
Tous ces écueils sont souvent bien rapportés
par les auteurs de revues générales.
Presque toutes les études entreprises dans la
littérature concernent le cancer du sein, peu de
travaux concernent les autres types de
tumeurs.
Le cancer du sein a été choisi en raison de sa
fréquence et des hypothèses biologiques
plausibles par le biais neuro hormonal.
I Stress et cancer
1) Eléments stressants et risque de cancer du
sein
2) Eléments stressants et toutes tumeurs dont
cancer du sein
3) Eléments stressants et risque de cancer
autre que le cancer du sein
1) Eléments stressants et le risque de cancer du
sein
Beaucoup d’enquêtes rétrospectives,
prospectives immédiates et de cohorte
Sélection des études prises en compte pour
la recherche
1)éléments stressants et le risque de cancer du
sein
•
méta-analyse de Petticrew M. (1966-1997
publiée en1999) sur les événements difficiles de
la vie et le risque de cancer du sein.
• 29 études analysées (1 enquête de
cohorte et 28 enquêtes cas-temoin)
• Les études ont été classées selon le type
de stress : deuil ou autres éléments
stressants de la vie.
1)éléments stressants et le risque de cancer du sein
• deuil en relation avec un cancer du sein, 12 enquêtes ont
été comptabilisées (1 étude de cohorte et 11 enquêtes castémoins).
• Meta analyse des 11cas-temoins: OR= 1,06 NS (0,95-1,18)
pas d’ association entre deuil et risque de cancer.
enquête de cohorte: le taux de décès par cancer du sein
parmi 4905 veuves de population: pas de risque de décès
par cancer du sein chez les veuves par rapport au groupe
témoin de population avec une tendance à la diminution du
risque de cancer du sein avec le temps de veuvage
1)éléments stressants et le risque de cancer du sein
méta-analyse de Petticrew M. (1999):
autres éléments stressants (que le
deuil) de la vie et le risque de cancer du
sein, la méta-analyse des 5 études de
qualité (4 enquêtes cas- temoin et une
etude de cohorte ): OR de 0,8 (0,61-1,06)
conclusion: absence d’une corrélation.
1)éléments stressants et le risque de cancer du sein
nouvelle méta-analyse de Duijts. (publiée en 2003,
portant sur 1966-2002):
éléments stressants de la vie et le risque de
cancer du sein:
méta-analyse de 27 publications :
Pas de correlation globale entre evenement difficiles
et cancer du sein à l’exception du deces du conjoint
où apparaît une association qualifiée de modeste
par les auteurs: OR 1,37 (1,10-1,71)
1)éléments stressants et le risque de cancer du sein:
nouvelles données depuis la méta-analyse de Petticrew M. :
-Lillberg K.(2003) : 10 808 femmes d’une cohorte de jumeaux
suivies de 1981 à 1996 parmi lesquelles 180 cas de cancers
du sein ont été répertoriés par le registre des tumeurs. Un
questionnaire sur les évènements stressants de la vie dans
les 5 années précédentes a été donné à ces femmes. Il y a
eu en fait 2 enquêtes : l’une de cohorte et une étude cas
témoin entre jumeaux de même sexe. Résultats ajustés sur
les facteurs de risque habituels. OR d’un risque de cancer =
1,07 (1,00 - 1,15) pour l’ensemble des éléments stressants
de la vie. S’il s’agit de 5 stress majeurs, OR= 1,35 (1,09 1,67). (pour un divorce, une séparation, OR= 2,26 (1,25 - 4,07), le décès du
mari l’OR= 2,00 (1,03 - 3,88) et le décès d’un proche 1,36 (1,00 - 1,86).
L’étude cas témoin donne les mêmes résultats. Il existe donc
un risque modeste de cancer du sein suivant un évènement
stressant important.
1)éléments stressants et le risque de cancer du sein
• Hegelsonn et al.(2003) a étudié une cohorte de 1 962
femmes suédoises âgées de 30 à 60 ans. Le stress
ressenti avait été rapporté par les femmes de 38 à 60
ans elles-mêmes au début de l’enquête entre 1968 et
1969 et les cancers collectés jusqu’en 2002.
L’incidence du cancer du sein chez les femmes qui
avaient signalé un niveau de stress important a été
comparée à celle des femmes ne signalant pas de
stress. Après ajustement sur les facteurs confondants le
Risque Relatif (RR) était de 2,1 (IC = 1,2 - 3,7) pour les
femmes présentant un niveau de stress élevé
1)éléments stressants et le risque de cancer du sein
• Enquête cas-témoins adossée à une étude de cohorte
nationale en Suède (Lambe et al (2004) . Recherche si
la perte d’un enfant (qui correspond à un stress sévère
de la vie) prédispose à un cancer du sein après
ajustement sur l’âge, la parité, l’âge à la première
naissance et le niveau d’éducation. RR= 1,05 (IC = 0,96
- 1,15). Les auteurs ont relevé un risque significativement
augmenté si la femme avait perdu son seul enfant quand il avait
entre 1 et 4 ans. Compte tenu du nombre de comparaisons
réalisées, les auteurs pensent que ce dernier résultat est lié au
hasard et concluent à l’absence d’augmentation de risque après le
décès d’un enfant
1)éléments stressants et le risque de cancer du sein
• Kroenke (2004) étudiant un échantillon de la cohorte des
69 886 infirmières américaines âgées de 46 à 71 ans a
analysé le stress ressenti par les infirmières ainsi que le
nombre d’heures de soins apportées aux malades considérées comme un stress professionnel. Stress
ressenti et un nombre élevé d’heures de soin n‘étaient
pas prédictifs d’une incidence accrue de cancer du sein.
Cet auteur a également étudié les variations du taux d’œstradiol en
fonction du stress et constate que les taux étaient significativement
plus faibles chez les infirmières se sentant stressées et travaillant
plus. Cette constatation pourrait expliquer un lien avec une
réduction du risque de cancer du sein chez les femmes très
stressées.
1)éléments stressants et le risque de cancer du sein
• Les difficultés au travail, comme indicateur de stress, ont
été corrélées avec l’incidence du cancer du sein dans
une cohorte de 36 332 Suédoises âgées de 30 à 50 ans.
Après un suivi de 12 ans, les femmes avec un emploi
temps plein, qui avaient un travail sur lequel elles
n’avaient pas de contrôle et pour lequel le niveau
d’exigence était élevé avaient une incidence de cancer
du sein plus élevée (RR = 1,4 [IC = 1,1 - 1,9]) que celles
qui avaient un contrôle sur leur travail et moins de
pression (Kuper 2007).
1)éléments stressants et le risque de cancer du sein
• Nielsen a analysé une étude de cohorte initiée en 1976 à
Copenhague, la Copenhagen City Heart Study .Parmi
celle-ci 70% de 7 018 femmes ont pu, entre 1981 et
1983, répondre à un questionnaire sur les événements
stressants quotidiens tant en intensité qu’en fréquence.
L’auteur a tenu compte des autres facteurs de risque à
l’exception de l’histoire familiale et de l’âge aux
premières règles et à la grossesse. Pendant la durée du
suivi (16 à 19 ans), 251 femmes ont été atteintes d’un
cancer du sein. Le risque relatif (RR) de présenter un
cancer du sein était plus faible chez les femmes très
stressées (en intensité et en fréquence) avec un RR
global de 0,60 (IC = 0,37 - 0, 97) et un effet dose : plus le
stress est élevé, plus le risque diminue
1)éléments stressants et le risque de cancer du sein
• Au total, sur 9 études sélectionnées, comprenant 3 métaanalyses, 2 études cas-témoins nichées dans une
cohorte et 4 études de cohorte:
• quatre sont non significatives (dont 2 méta-analyses sur
groupe sélectionné) ;
• quatre autres montrent une augmentation du risque de
cancer du sein avec le stress, avec un effet dose dans
deux d’entre elles ;
• une seule montre un effet protecteur du stress.
Tous cancers dont cancer du sein
• Levav en 2000 étudie en Israel le rôle du deuil d’un
enfant (mort par guerre ou accident), chez les parents. Il
ne trouve pas de signification globale « tous cancers
réunis » mais une augmentation significative de certains
cancers : leucémies, lymphomes et mélanomes quelle
que soit la cause du décès. Ces risques ont été ajustés
sur l’âge mais pas sur les facteurs de risque spécifiques
de ce type de tumeurs.
Tous cancers dont cancer du sein
L’enquête de cohorte de Johansen et Li fait suite à une première
étude identique des mêmes auteurs
• Première étude utilisant le registre des cancers du Danemark,
étude de l’incidence des cancers chez les parents de tous les
enfants porteurs de cancers. Rapport standardisé d’incidence (RSI)
de 1,0 (IC = 0,9 - 1,0), identique chez les mères et chez les pères.
• Deuxième étude avec un effectif plus important: cancers apparus
chez des parents qui ont perdu un enfant. En analyse multivariée
seul un RR de 1,18 (IC = 1,01 - 1,37) est noté chez les mères qui
ont perdu un enfant , mais ce risque est lié à l’augmentation des
cancers dus au tabac. Il n’y a pas d’augmentation des cancers du
sein, ni des cancers liés à l’alcool, aux virus ou à la prise
d’hormones. Les auteurs concluent que l’augmentation du risque
est peut être liée au stress général de la vie, entrainant une
consommation de tabac augmentée.
Tous cancers dont cancer du sein
• Danemark, Bergelt a étudié une cohorte de Copenhague constituée
en 1976 sur un échantillon de sujets entrés dans la cohorte entre
1991 et 1994 et a analysé le lien entre stress et incidence tous
cancers. Les personnes interrogées ont répondu à une liste de 12
événements stressants. Elles étaient ensuite classées en 4 groupes
selon le nombre d’éléments stressants. Les cas de cancers ont été
répertoriés grâce au registre des tumeurs du Danemark. Un
ajustement a pu être réalisé sur des variables pertinentes. La durée
médiane du suivi a été de 9,3 ans.
Sur 8 736 personnes étudiées, 1 011 ont développé un cancer. Les
résultats après ajustement ne sont pas en faveur d’une
augmentation de l’incidence des cancers, quel que soit le nombre
des événements stressants.
Tous cancers dont cancer du sein
Lital Keinan-Boker, ( JNCI 2009)Israel,
• Etude de cohorte de plus de 300 000 juifs israeliens nés en Europe
entre 1920 et 1945, en comparant 2 groupes: ceux qui ont émigré
avant ou pendant la 2 ° guerre mondiale (groupe non exposé, pres
de 57 000 personnes) à ceux qui nés en Europe ont emigré apres la
2° guerre mondiale jusqu’en 1989 ( 258 000 personnes, groupe
exposé directement ou indirectement à l’holocauste). Etude des
incidence de cancers entre les 2 groupes.
• Résultats: augmentation significative du RR pour tous les cas de
cancers et pour les 2 sexes, surtout pour les personnes nées entre
1940 et 1945 ( RR= 3,50 H(2,17-5,65), RR= 2,33 F (1,69-3,21),
surtout pour le cancer du sein et le cancer colorectal.
• Discussion: RR max pour personnes jeunes exposeés indirectement
à l’holocauste (effectifs faibles), etudes avec limitations (precisions
sur les personnes), mais à l’inverse, les privations alimentaires
auraient du faire diminuer le risque de cancer.
Stress et autres cancers que le cancer du sein
Cancers colorectaux
• Une analyse cas-témoins de population en Suède: résultats
significatifs avec des OR variants de 1,5 à 5,5 pour des stress
différents: stress au travail, déménagement et décès d’un conjoint.
• cohorte au Japon (Kojima) d’une durée de suivi de 9 ans, relation
entre stress et décès par cancer colorectal. Les résultats ne sont pas
homogènes: le risque relatif est augmenté (RR =1,64 [IC = 1,01 –
2,66]) pour le côlon chez les femmes si le stress est très intense,
mais n’est pas augmenté chez les femmes pour le cancer du rectum,
ni chez les hommes pour les cancers du côlon et du rectum.
• Nielsen (DK): incidence des cancers colorectaux (cohorte de
Copenhague: 6488 F et 5426 H ). Stress perçu en intensité et en
fréquence entre 1981 et 1983. Le suivi jusqu’en 2000; incidence des
cancers connue grâce au registre des cancers du Danemark. Le
risque relatif chez les femmes était respectivement de 0,52 (IC = 0,23
- 1,14) et de 0,60 (IC=0,37 - 0,98) pour un niveau de stress élevé et
modéré par rapport aux femmes sans stress ressenti ; on remarquera
que seul le stress modéré est significativement protecteur ici. Aucune
association n’a été notée chez les hommes.
Stress et autres cancers
Cancers du col utérin
• enquête cas-témoins prospective courte de Coker : nombre de
stress chez les femmes blanches et chez les afro-américaines
atteintes de cancers du col in situ comparés à celles présentant des
dysplasies du col et à des témoins à col normal, d’une population
de niveau socio-économique bas. Après ajustement sur les facteurs
de risque connus, dont l’infection à HPV, les auteurs ont relevé un
OR de 1,20 (IC = 1,04 - 1,38) uniquement chez les femmes
blanches et pour certains types de stress (relations avec le
conjoint : divorce, infidélité, violence).
- Cancer de l’endomètre
• Nielsen (28) a analysé 6781 femmes de la cohorte danoise citée
plus haut et suivies jusqu’en 2000. Pas de relation positive entre
stress et cancer de l’endomètre. Le RR, non significatif, était de
0,88 (IC= 0,76-1,01) pour une augmentation de 7 points sur
l’échelle de stress.
•
Stress et autres cancers
Cancer de la prostate
• Nielsen, (29) toujours dans la même
cohorte de Copenhague, a étudié le lien
éventuel entre stress et risque de cancer
de la prostate sur 5496 hommes suivis
jusqu’en 2002. Aucune relation n’a été
notée entre stress et cancer de la prostate
(RR= 0,99 [IC= 0,90-1,09]).
Stress et cancer
Au total12 études: 1 méta-analyse, 3 études castémoins, 8 cohortes:
• 5 études ne sont pas significatives, 1 étude castémoins portant sur les cancers colorectaux est
globalement significative, 4 autres études ne
sont pas globalement significatives, mais montre
une augmentation du risque pour un ou
plusieurs sous groupes, et 2 études de cohortes
sont significatives avec une association inverse
pour des sous groupes composés de femmes
(cancers colorectal et endomètre).
II) personnalité et ses troubles
psychologiques prédisposant à un cancer
particulièrement au cancer du sein.
•
•
•
difficulté à exprimer les émotions, inhibition de la
colère, attitude de perte d’espoir, suppression
de ses propres besoins au profit des autres =
personnalité C par opposition à la personnalité
de type A, compétitive, volontaire et ambitieuse
absence de faire face (coping des anglo-saxons)
dépression.
personnalité C
Etudes anciennes « classiques »:
• C. Leshan L.(1966) étude rétrospective de 450 patients
porteurs de différents type de cancer: deuil dans l’année
précédant le début du cancer, sensation de perte d’espoir et
mal à trouver un sens à leur vie.
• A l’inverse Keehn RJ. (1974) : causes de décès chez les
soldats américains réformés en 1944 pour névrose Pas
différence avec le groupe témoin quant à la fréquence des
cancers.
• (même auteur enquête sur les anciens prisonniers de la
Seconde Guerre mondiale et la Guerre de Corée (captivité=
stress) (1980). Pas d’augmentation du nombre de cancers)
personnalité C
enquêtes prospectives
• + Hagnell O. (1966, ) cohorte de 2550 personnes suivie
pendant 10 ans. 42 cancers, parmi lesquels 9 cancers du sein
ont été découverts. Les patients avaient rempli au préalable un
questionnaire de personnalité. Les cas de cancer étaient
caractérisés par une instabilité émotionnelle. Nombre faible de
cas.
personnalité C
enquêtes prospectives immédiates anciennes (cancers du sein).
• + Greer S. et Morris T.(1975) 160 femmes en attente de leur diagnostic .69
•
d’entre-elles ont eu un cancer. Multiples tests, notamment de personnalité.
Leur analyse, ajustée sur l’âge, a montré que des femmes atteintes de cancer
du sein de moins de 50 ans, avait plus tendance à réprimer leur émotion ou à
l’inverse exprimer fortement la colère. Une nouvelle analyse (1978) n’a retenu
que la sensation de réprimer les émotions comme facteur significatif après
ajustement sur le statut ménopausée et l’âge.
+ Morris T. (1981) même méthodologie pour 50 femmes (17 cas et 33 témoins
atteints de tumeur bénigne). Dans cette étude, la répression de la colère était
prédominante chez les cancéreuses, mais à la limite de la signification et
uniquement pour la tranche d’âge 40-49 ans après stratification sur l’âge.
Enquêtes de qualité discutable sur de faibles effectifs
personnalité C
nombreuses enquêtes prospectives immédiates et cas temoins (cancers
du sein) suite
- Bleiker EM. (1996)étude cas témoin, 131 cas de cancer et 771
témoins de population sélectionnés parmi 9705 femmes qui
avaient participé à la campagne de dépistage. Questionnaire
de personnalité et sur les facteurs prédisposants au cancer du
sein. L’expression ou la suppression des émotions,
ajustée sur les facteurs de risque du cancer du sein n’était
pas corrélée avec le risque de tumeur. Les auteurs
signalaient cependant une association avec l’absence de
réactivité émotionnelle ou avec le manque de confiance dans
ses propres sentiments (OR = 1,19 [IC = 1,05 - 1,35].
- Dans une publication récente (2008) portant sur la même
cohorte, mais où le délai de recrutement des cas et des
témoins après le questionnaire initial était plus grand (7 années
supplémentaires, en moyenne) les mêmes auteurs ne trouvent
plus aucune relation significative entre les traits de
personnalité et l’augmentation du risque de cancer du
sein, après ajustement sur les facteurs de risque.
personnalité C
nombreuses enquêtes prospectives immédiates et cas temoins (cancers
du sein) suite
- Price MA.(2001) enquête sur la personnalité de 2224
femmes rappelées pour un contrôle après une mammographie
de dépistage. Différents questionnaires validés ont été soumis,
mesurant les réactions de défense et de conduite pour
résoudre les conflits, une échelle d’expression et de contrôle
des émotions, une échelle d’estime de soi et de dépression et
un score d’anxiété. Analyse multi-variée sur 298 cancers du
sein et les témoins (bénin avec ou sans biopsie, tissu normal).
Aucune différence n’a été notée entre les cas et les témoins
sur tous les aspects de la personnalité.
personnalité C
enquêtes prospectives
• - Nakaya N. (2003) :cohorte de 30 277 personnes qui avaient
rempli des tests de personnalité. 986 cas incidents ont été
notés pendant le suivi de 7 ans. Pas d’association entre les
différents types de personnalité et le cancer après ajustement
sur le sexe, l’âge, l’éducation, la consommation de tabac et d’
alcool, l’index de masse corporelle, l’histoire familiale de
cancer ,
personnalité C
enquêtes prospectives
Les 5 études retenues, 3 études cas-témoins et 2 études de
cohortes, sont toutes non significatives. Dans 1 seul cas, une
liaison apparaît transitoirement dans un sous groupe de
femmes caractérisées par une personnalité extravertie
contrôlant mal le stress
Depression et cancer
•
Persky et Shekelle(1987) étudient une cohorte d’hommes de la Western
Electric constituée entre les années 1957 et 1958, avec un suivi de 20 ans.
Ces personnes avaient rempli une échelle de dépression et de personnalité.
Les auteurs notent une association positive entre la dépression et
l’incidence et la mortalité par cancer, après ajustement sur l’âge, la
consommation de tabac et d’alcool, la profession, l’histoire familiale,
l’index de masse corporelle et le taux de cholestérol.
•
Kaplan (1988) suit une cohorte de 6 848 personnes de 1965 à 1982 : il ne
note pas de relation significative entre une dépression et l’incidence ou la
mortalité par cancer.
•
Zondermann (1989) suit une cohorte pendant 10 ans et ne trouve pas de
corrélation entre un score de dépression et l’incidence ou la mortalité par
cancer, après ajustement sur les autres facteurs confondants âge, sexe,
tabac, histoire familiale.
Depression et cancer
.
•
Hahn (1998) analyse, en 1988, une cohorte de 8 932 femmes et ne note pas de
relation significative entre un score de dépression évalué dans une échelle de
personnalité et le risque de cancer du sein.
•
Penninx(1998) a analysé une population d’hommes et de femmes, de plus de 71 ans
dont le suivi moyen était de 3,8 ans et la prévalence de la dépression était de l’ordre
de 3 %. Ils ont observé un RR de 1,88 (IC = 1,13 – 3,14) après ajustement sur l’âge,
le sexe, la race, les consommations d’alcool et de tabac pour tous cancer réunis.
Depression et cancer
.
•
•
Dalton (2002) étudie une cohorte de 89491 patients hospitalisés pour dépression,
suivis pendant plus de 10 ans. Il a comparé les taux d’incidence à ceux du
Danemark. Il note un rapport standardisé d’incidence (RSI) de 1,05 (IC = 1,03 –
1,07) lié à un excès des tumeurs cérébrales la première année. Si cette 1re année est
exclue (en raison d’une confusion possible entre symptômes neurologiques,
psychiatriques et oncologiques), le RSI global pour les cancers non liés au tabac est
0,99 (IC = 0,95 - 1,02).
Bergelt (2005) toujours dans la cohorte de Copenhague déjà analysée pour la
relation entre stress et cancer a étudié aussi le lien entre dépression et cancer. Il
montre qu’en cas de score élevé de dépression, le risque de développer un cancer
est plus faible (RR 0,80 [ IC = 0,66 – 0,96]). Ce résultat est également valable pour
les cancers liés au tabac, à la consommation d’alcool ou à une infection virale.
En resumé
• En ce qui concerne les éléments stressants de la vie et les cancers
du sein, les résultats sont légèrement en faveur d’une augmentation
du risque pour 4 études, mais pas totalement concluants en raison
de 4 études non significative et une en sens inverse.
• En ce qui concerne les éléments stressants de la vie et autres
cancers, les diverses études sont plutôt en faveur d’une absence de
lien à l’exception, peut être, des cancers ayant un lien avec
l’environnement ostrogénique chez les femmes : côlon et
endomètre où le stress apparait protecteur !
• Aucune des 5 études ne montrent de lien significatif entre trouble de
la personnalité et risque de cancer, à l’exception d’un sous groupe
particulier.
• Enfin, en ce qui concerne enfin le lien entre dépression et risque de
cancer aucune conclusion ne peut être tirée.
Discussion
Délai d’apparition du cancer par rapport à l’événement difficile de la
vie est variable d’une étude à l’autre:
• Johansen segmente son étude en fonction du délai écoulé et ne
trouve pas de modification des risques, quelle que soit la période.
• Li analyse sa cohorte avec 2 délais : 1-6 ans avec un RR de 1,10
(IC = 0,9 - 1,34) et 7-18 ans avec un RR qui devient significatif (RR
= 1,18 [IC = 1,01 - 1,37]).
• Lillberg, pour les cinq stress majeurs survenus dans les 5 années
précédant l’inclusion dans la cohorte, trouve aussi un résultat
différent selon le délai : le RR est de 1,69 (IC = 1,13 - 2,51) pour la
période 1982-1988 et non significatif (RR = 1,22 [IC = 0,96 - 1,56])pour la période 1989-96. Ces résultats deviennent différents si l’on
prend en compte les stress majeurs survenus sur l’ensemble des
années précédant l’inclusion (RR = 1,23 [IC = 0,85 - 1,78]) non
significatif pour la première période et significatif (RR = 1,27 [IC =
1,04 - 1,56]) pour la deuxième.
Discussion (suite)
• Un autre problème est lié à la variation du critère étudié d’une étude
à l’autre: il peut s’agir d’un événement bien défini comme le décès
d’un proche qui représente un événement majeur,dans d’autres
enquêtes il s’agit d’un questionnaire mis au point spécifiquement
pour l’étude (Kojima, Lillberg) ou d’une liste d’éléments stressants
(Bergelt).
• Cette variabilité du critère d’évaluation peut probablement modifier
les résultats ainsi que la puissance des tests, fonction de la variance
de ce critère.
Discussion (suite)
•
•
. Le cancer du sein a été choisi en raison de sa fréquence et des
hypothèses biologiques sur le rôle des hormones stéroïdiennes tant dans la
genèse de ces cancers que sur le psychisme. Ainsi Nielsen explique la
relation inverse entre stress quotidien et risque de cancer du sein qu’elle a
observée par un taux d’œstrogènes endogènes plus bas chez les femmes
« stressées ». De plus, elle observe que cette protection liée au stress
n’est significative (RR = 0,83 [IC = 0,72 - 0,97]) que chez les femmes
prenant un traitement hormonal ou non en surpoids.
À l’inverse, les défenseurs de la théorie du stress à l’origine des cancers
expliquent l’action du stress par l’intermédiaire du système
immunitaire.(immunodépressions intenses et durables prédisposant à
l’apparition de certains cancers comme les lymphomes, les sarcomes de
Kaposi ou les cancers cutanés chez les patients atteints de SIDA, ou
encore chez les patients transplantés soumis à des traitements
immunosuppresseurs). Il existe, de plus, des relations démontrées entre
stress et neuro-hormones hypothalamiques, hormones hypophysaires,
sécrétion de cortisone, d’adrénaline, d’hormones sexuelles qui pourraient
jouer un rôle dans l’initiation ou la promotion de certains cancers .
Discussion (suite)
•
L’existence d’un lien possible ne vaut évidemment pas démonstration de
la relation causale. La baisse des cellules immunocompétentes chez les
personnes soumises à des stress ou à d’autres agressions a été décrite,
mais il ne s’agit pas de dépressions immunitaires sévères et durables. De
nombreux travaux existent sur la modification de paramètres biologiques
immunitaires après un stress, voire même le recours à un soutien social,
mais ils concernent pratiquement tous des patients – surtout des patientes
– déjà atteints de cancer, notamment d’un cancer du sein. L’existence
d’un lien possible entre stress et modifications immunitaires jouant un rôle
dans la carcinogenèse reste une hypothèse intéressante méritant des
recherches ultérieures, de même que celle suggérant un lien entre taux
d’hormones stéroïdiennes, événements stressants de la vie et cancers.
Conclusion
•
Au terme de cette revue, et dans l’état actuel des connaissances, en
accord avec la majorité des auteurs, il apparaît difficile de conclure à la
responsabilité des événements stressants de la vie, d’une personnalité
particulière ou d’une dépression sur l’induction, voire la promotion de
certains cancers.