Professions et genre

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Transcript Professions et genre

Cours 3
L’égalité des sexes : une dynamique
inachevée
Plan
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1. Genre, rapports sociaux de sexe : Eléments de
définition
2. Du silence au foisonnement des études sur le sexe et
le genre
3 Déplacement du regard sociologique des femmes et du
conflit famille/travail vers les avantages des hommes,
dans la famille, sur le marché du travail (politiques de
l’emploi et du chômage) et dans l’entreprise
(recrutements, filières de mobilités, salaires …)
3. Un bilan contrasté de la dynamique d’égalité : Des
années 1960 à 2010 : un demi-siècle d’avancées
décisives; des inégalités tenaces voire des reculs depuis
les années 1980.
4. Un exemple : les ingénieurs
Le genre : histoire et définition d’un concept
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Le genre, traduction de « gender », importé des
Etats-Unis.
Un des premiers à l’utiliser, dans les années
1950, est le psychiatre- psychanalyste Robert
Jesse Stoller qui introduit le concept « d’identité
de genre » à propos de patients transsexuels
qui revendiquent une identité sexuée différente
de celle qui leur a été assignée à la naissance
L’opposition entre sexe biologique et sexe
psychosocial est développée par la sociologue
britannique Ann Oakley dans un ouvrage publié
en 1972 Sex, Gender and Society
Le genre dans les sciences sociales
françaises
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En France, les sociologues du travail féministes (Danièle
Kergoat, 1978; Le sexe du travail, collectif, 1984) ont
introduit le concept de « rapports sociaux de sexe » et de
division sexuelle du travail. Elles mettent l’accent sur les
fondements matériels de la domination masculine : celle-ci
est liée à l’assignation prioritaire des femmes à la sphère
domestique et des hommes à la sphère professionnelle
L’usage du terme « genre » s’est généralisé à la fin des
années 1990, défini comme « la construction sociale et
culturelle de la différence des sexes » (Michèle Perrot,
1995)
S’est répandu en relation avec le développement des
« études de genre » (réseaux, revues, enseignements…),
mais aussi de la législation européenne et française pour
les droits des femmes
Le programme théorique du genre
(Laure Bereni, Sébastien Chauvin, Alexandre Jaunait, Anne Revillard,
Manuel des gender studies Bruxelles, De Boeck, 2012, 1ère éd. 2008)
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Le genre n’est pas une variable ni une catégorie
dichotomique immuable. Il ne se confond pas avec le
sexe de l’Etat Civil, ni avec le genre grammatical
(masculin, féminin ou neutre)
L’usage au singulier du mot « genre » désigne un
processus, un système de pouvoir, qui construit des
différences et des hiérarchies entre les catégories
d’hommes et de femmes.
La visée des travaux qui ont recours au genre est de
déconstruire les conceptions qui fondent les identités, les
rôles professionnels et sociaux des hommes et des
femmes sur leur « nature » ou leur destin anatomique et
légitiment la domination des hommes sur les femmes par
leurs différences biologiques ou psychologiques.
Le genre est relationnel : on ne peut comprendre une
catégorie (femmes ou hommes) que dans sa relation à
l’autre
Du silence au foisonnement des
études sur le sexe ou le genre
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Les femmes invisibles : le deuxième
sexe est largement absent des travaux
des pères fondateurs de la sociologie du
travail des années 1950-60 (Friedmann,
Naville, Touraine). La figure
emblématique est celle de l’ouvrier de la
grande industrie. Le monde des
employés de bureau (Michel Crozier) est
peuplé d’êtres asexués.
Travail, famille, discriminations
de la part des employeurs
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Madeleine Guilbert (1966), sociologue du travail, est la
première a faire sa thèse sur Les fonctions des femmes
dans l’industrie : séparation des tâches selon le sexe et
déni de qualification pour les femmes. Les hommes ont
des qualifications, les femmes des « qualités » :
patience, minutie, dextérité sont considérées comme
« naturelles », proches de leur rôle de femme au foyer.
La découverte du travail domestique : le privé est
politique, les inactives ne sont pas des oisives (Dephy,
1970)
L’articulation famille/travail, sexe et classe sociale :
Kergoat (1978, 1982) à propos des ouvrières et le Sexe
du travail (1984). La division inégalitaire des tâches dans
la famille fonde les inégalités professionnelles
Evolutions des questionnements
en sociologie du travail
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L’analyse des relations conflictuelles entre l’activité
professionnelle des femmes et la famille se déplace vers la
vie privée des hommes et l’avantage procuré, dans leur
carrière, par une épouse assurant le soutien émotionnel et
matériel.
Les explications du phénomène du plafond de verre sont
moins recherchées du côté des femmes elles-mêmes et de
leur socialisation que du côté du marché du travail, des
organisations, de l’histoire des professions et des
implicites de la culture professionnelle
A l’école : les inégalités de classe occupent le
devant de la scène, les inégalités de sexe font de
la figuration
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Les années 60-70 sont dominées par les théories de la
reproduction des inégalités sociales par l’école et par une
vision misérabiliste des scolarités des filles : Dans les
Héritiers (1964), Bourdieu et Passeron, centrent leur
analyse sur les étudiants en Lettres, discipline
emblématique de la reproduction du capital culturel. Le
fait qu’il s’agisse surtout d’étudiantes est pour eux
secondaire.
Les années 80 voient percer quelques travaux tentant
d’articuler mieux sexe et classe mais le débat sur les
différences de sexe à l’école ne se développe dans toute
son ampleur que dans les années 1990 avec les deux
livres bien diffusés de Marie Duru-Bellat L’école des filles
(1990) et de Christian Baudelot et Roger Establet (1991)
Allez les filles!
Un demi-siècle d’avancées
décisives de l’égalité
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La levée des interdits juridiques
Les succès scolaires des filles
Les femmes au cœur des évolutions de
l’emploi
Féminisation des professions supérieures
Diminution du volume de travail
domestique effectué par les femmes et
généralisation du couple à deux actifs
L’émancipation civile et civique des
femmes : quelques repères historiques
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1944 Droit de vote et d’éligibilité accordé aux femmes
1946 Principe de l’égalité des droits entre hommes et femmes dans
le Préambule de la Constitution
1965 La femme mariée n’est plus considérée comme une mineure.
Réforme des régimes matrimoniaux
1966 La femme peut exercer une activité professionnelle sans
l’autorisation de son mari
1967 Loi Neuwirth sur la contraception
1970 La puissance paternelle est remplacée par l’autorité
parentale, suppression de la notion de chef de famille
1974 Création d’un secrétariat d’Etat à la condition féminine
1975 Loi sur le divorce et la dépénalisation de l’adultère
1975 : Loi Veil dépénalise l’avortement
1981 Création d’un Ministère des droits des femmes
2000, 2007 : Lois sur la parité sur les listes électorales
Lois sur l’égalité scolaire et professionnelle
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1924 : Identité des programmes d’études secondaires pour les filles et
pour les garçons
1946 : Les femmes obtiennent le droit de se présenter aux examens
de la magistrature.
1948 : Accès des femmes au notariat
1966 : Mixité de droit de toutes les formations professionnelles et
techniques
1972 : Loi sur le principe « à travail égal, salaire égal »
1972 : Ouverture de L’Ecole polytechnique. Anne Chopinet est reçue
1ère.
1973 : Accès des filles à HEC
1973 : Ouverture du concours de commissaire de police
1975 : Interdiction de discriminer en fonction du sexe dans l’emploi
1983 : Loi sur l’égalité professionnelle. Double signature obligatoire
sur les déclarations d’impôts.
1986 : Fusion des ’ENS d’Ulm et de Sèvres
2001 : Obligation pour les entreprises de négocier les plans d’égalité
Lois sur la conciliation vie
familiale/vie professionnelle
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1909 : Loi sur le droit des femmes à retrouver leur emploi après
l’accouchement
1913 : Congé payé de maternité de 4 semaines
1930 : Assurance maternité de 12 semaines pour la femme salariée et
prise en charge médicale de la conjointe
1932 : Généralisation des allocations familiales
1966 : Interdiction de licenciement d’une femme enceinte
1977 : Création du congé parental d’éducation
1985 : Création de l’Allocation Parentale d’Education (APE) pour le3e
enfant de moins de 3 ans
1993 : APE ouverte dès le 2e enfant ; création de l’AGED (Allocation de
garde de l’enfant à domicile)
2002 : Congé paternel de 15 jours rémunérés pour la naissance d’un
enfant (ou adoption)
2003 : Loi sur la garde alternée après séparation des parents
2004 : l’APE devient Complément de Libre Droit d’Activité (CLCA), ouvre le
congé dès le premier enfant pour une durée de six mois.
Succès scolaire des filles : une inversion
historique des inégalités sexuées
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En matière de scolarisation, le XIXe siècle est
celui d’un enseignement spécifique et
dévalorisé des filles par rapport à celui des
garçons. Le XXe siècle consacre leurs
avancées (Baudelot et Establet, 1991).
L’évolution de l’accès au baccalauréat est
emblématique de cette inversion historique
des inégalités sexuées à l’école
Graphique 1. Part des bacheliers selon la génération et le sexe
60
50
% de bacheliers
40
Filles
30
20
Garçons
10
0
Avant 1929
29-38
39-48
49-53
Génération
54-58
59-63
64-73
Une meilleure réussite toujours
d’actualité
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En 2008, on dénombre 65% de bacheliers dans une
génération,
70% chez les filles, 56% chez les garçons
Le taux de réussite au baccalauréat est supérieur pour les
filles dans toutes les sections, y compris scientifiques :
82% contre 77%
A l’université, les étudiantes dépassent en nombre
l’ensemble des étudiants en 1981, ceux de 3e cycle en
1999.
En 2010 elles représentent 44% des élèves de classes
préparatoires, le tiers des promotions de l’ENA, la majorité
des élèves de l’Institut National d’Agronomie, de l’Ecole
Nationale de la Magistrature et de l’ENSAE
Les femmes au cœur des évolutions de
l’emploi (1960-2010)
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La progression de l’éducation des femmes a accompagné les
grandes évolutions de l’emploi de ces cinquante dernières années :
croissance de la population active resserrée sur les 25-49 ans
Salarisation : 75% à 91% (92% des femmes, 84% des hommes).
Tertiarisation : 75% des actifs de l’Europe des 15 en 2010, 66% des
H, 87% des femmes.
Progression des catégories qualifiées, diminution des ouvriers et
ouvrières mais progression des emplois non qualifiés dans les
services, très féminisés.
Forte progression du chômage (2,5 à 10% en Europe)
Développement des emplois atypiques et de la précarité (intérim
surtout pour les hommes, temps partiel pour les femmes, contrats à
durée déterminée pour les deux sexes) (15% en France en 2006) :
37% de femmes à temps partiel en Europe en 2010, 30% en France
Progression de l’activité des mères
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Les femmes de 25 à 49 ans interrompent
moins leur activité lors des maternités.
Effet de rattrapage dans tous les pays
d’Europe : Italie, Espagne, Pays-Bas,
Irlande.
Le 3e enfant : activité des mères
toujours plus faible mais la plupart ont
interrompu dès la 1ère naissance
Il s’agit d’un changement profond du
rapport à l’emploi des femmes.
Taux de féminisation des Catégories socioprofessionnelles de 1954 à 2007 (INSEE, Recensements)
1954
1962
1975
1982
1990
1999
2007
Agriculteurs
41,5
38,4
33,7
37,1
36,9
34
29,1
Artisans,
commerçants
37,2
35,3
32,7
33,6
31,8
30,1
27,7
Cadres, prof.
intellectuelles
sup
13,3
16,3
21,8
24,8
30,6
34,4
37,9
Professions
intermédiaires
36,7
33,9
37,6
40,3
42
46,1
51,5
Employés
52,8
66,4
71
72,4
76,1
76
76,2
Ouvriers
22,7
19,6
20,6
20,7
19,1
19,6
18,8
Ensemble
34,8
34,4
37,4
40,7
42,4
44,7
47
La bourgeoise laborieuse : 3 vagues d’entrée des
femmes dans les professions de prestige
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Première vague, dans les années 1880-1900 : enseignantes de
lycée, médecins et avocates.
Années 1920 : professions d’encadrement dans la fonction
publique, dans des espaces et fonctions d’assistance légitimes
pour des femmes - inspectrices de Maternelles et d’écoles de
filles du primaire, assistantes sociales…. Ouverture d’HECJF et
de l’EPF (Ecole polytechnique féminine)
La troisième vague, amorcée à la fin des années 1960, est celle
de la véritable mixité. Les derniers verrous dans l’accès aux
professions, liés à l’usage des armes et à l’exercice de l’autorité
au plus haut niveau, dans les grandes entreprises et dans l’Etat,
sautent avec l’ouverture des concours aux écoles des Mines, des
Ponts (1969), de Polytechnique (1972), d’HEC (1973), de
commissaires de police (1974).
Evolutions de la famille : vers une
plus grande démocratie conjugale
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Recul du mariage au profit de l’union libre
Recul de l’âge au premier enfant
Resserrement de la taille de la famille autour
de 2 enfants
Augmentation des divorces, le plus souvent à
l’initiative des femmes
Le couple à deux actifs est devenu la norme
Travail domestique : l’impossible parité ?
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Inertie du non partage du travail domestique toujours assuré à 80%
par les femmes, d’après les enquêtes sur les emplois du temps de
l’INSEE réalisées depuis les années 1950.
Mais baisse considérable du temps de travail domestique
global réalisé par les femmes : Diminution constante de la part
des femmes au foyer à partir des années 1960. Ces femmes et
mères qui travaillent, prennent leurs repas de midi à l’extérieur,
s’équipent en machines diverses – réfrigérateur, lave-vaisselles,
micro-ondes - et autres produits industrialisés – conserves,
surgelés, couches jetables... Des tâches, longtemps centrales dans
la construction de l’identité des jeunes filles, telle la couture,
connaissent un déclin drastique
Augmentation du temps de travail professionnel des femmes mais
dans des proportions moindres que les hommes, donc :
Leur charge totale de travail a diminué de 11h par jour vers
1950 à 8h1/2 en 1998 (Chenu A., 2002, « La charge de travail
professionnel et domestique des femmes : cinquante ans
d’évolution », Données sociales, INSEE.).
Progression similaire à celle repérée pour les hommes, de la
participation à la vie associative, la fréquentation des spectacles, la
promenade, la pratique des jeux, de la musique ou du sport.
Des inégalités tenaces
: la domination masculine résiste
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Des orientations scolaires et professionnelles
moins rentables
Sur-chômage, sous emploi, temps partiel,
inégalités de salaires
Une plus forte concentration des femmes dans
des métiers moins valorisés : le cas des métiers
du care
Plafond de verre
Coût de la transgression (pour les femmes dans
des mondes professionnels virils)
Les 5 groupes professionnels qui occupent plus de la moitié des
femmes actives
Part dans
l’emploi
des
femmes
% de
femmes
Employés administratifs d'entreprises (secrétaires)
16,3
82,2
Employés fonction publique (catégorie C)
14,3
88,1
Personnels de service aux particuliers (femmes de
ménage)
12,6
86,2
Employés de commerce (vendeuses, caissières)
6,8
75,6
Infirmières, assistantes sociales
6,8
74,3
Total des 5 professions
56,8
80,4
Toutes professions
100
45,6
Les 8 professions qui occupent la moitié
des hommes
Part dans
l’emploi des
hommes
% d’H
Ouvrier qualifié de type artisanal (mécaniciens autos,
maçons, bouchers)
10,8
90
Ouvrier qualifié de type industriel (mécanique, chimie…)
10,0
84
Ouvrier non qualifié de type industriel
6,9
63
Techniciens
6,1
87
Ingénieurs et cadres techniques
4,8
86
Cadres administratifs et commerciaux d’entreprises
4,5
65
Chauffeurs
4,4
95
Artisans
4,2
76
Total des 8 professions les plus occupées par les hommes
51,6
24
Total général
45,6
Les ingénieurs : une féminisation lente, une
intégration réussie mais un plafond de verre
résistant
(C. Marry, Les femmes ingénieurs, une révolution
respectueuse, Belin, 2004)
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Des pionnières aux jeunes cadres
d’aujourd’hui : les avancées vers
l’égalité
plafond de verre ou ciel de plomb :
l’accroissement des écarts au fil de la
carrière
La fin d’un monopole masculin
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L’histoire des femmes ingénieurs est celle d’une
longue exclusion suivie d’une entrée lente mais
continue, amorcée au début des années 1970.
Des études et métiers toujours majoritairement
occupés par les hommes : en 2008, on compte
25% de filles diplômées d’une école d’ingénieur
et 17% de femmes parmi les ingénieurs et
cadres techniques en activité.
Des variations selon les disciplines (Agronomie,
chimie versus mécanique, électronique)
Une progression inégale : les plus
« grandes » écoles résistent


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12% des femmes sortent des plus
« grandes » écoles contre 28% des
hommes (ingénieurs de plus de 35 ans
en 2002, Pochic, 2005, p. 83)
La part des filles reçues à l’X, Centrale,
les Mines, les Ponts dans les années
2000 oscille entre 12% et 18%.
Une exception : l’Agro (68%)
Interprétations
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Poids des stéréotypes : « grosses machines »
(mécanique), la « cuisine » (chimie) ou le « hacker »
Des espaces de qualification historiquement plus ou
moins ouverts aux femmes : le laboratoire (liens avec la
santé, l’environnement), le bureau d’études et la ferme
versus l’atelier de mécanique ou le chantier
Types de recrutement : prépas intégrées (INSA) et voies
parallèles (ENSI) versus classes prépas
Des projets de carrière : intérêt du métier versus la
progression hiérarchique et salariale
Des évolutions de l’organisation du travail
défavorables : exemple de l’informatique, monde
délaissé par les femmes du fait de l’extériorisation des
services des grandes entreprises vers les SSII (Helène
Stevens, 2007), aux conditions de travail plus difficiles
Les écarts de salaires entre hommes et
femmes croissent avec l’âge
Le plafond de verre
Moins de directrices et de PDG
(plus de 45 ans en 2008) (source : CNISF)
Interprétations

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
La situation familiale explique surtout les carrières
des hommes : leur carrière, salaires et horaires
croissent avec le nombre d’enfants (à âge et
diplômes contrôlés)
Ce sont les horaires de travail très élevés qui
expliquent le mieux le succès professionnel
Le modèle du « male breadwinner » reste
dominant parmi les THP (très haut potentiel) des
grandes entreprises : hommes plus « conformes »
et disponibles. Les hommes en couples
« égalitaires » font des carrières moins rapides.
L’escalier inversé : les pères qui gagnent
(35-44 ans)(Gadea, Marry, Travail, Genre et
sociétés, n°3, 2000)
Position hiérarchique : directeur, PDG (CNISF 93)
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
hc0e
hm0e
hm1e
hm2e
hm3e
hm4e+
fc0e
fm0e
fm1e
fm2e
fm3e
fm4e+
Un fort investissement
temporel (enquête CNISF)
Pratiquent des heures sup
H
F
Jamais ou rarement
16
16
Ponctuellement
15
26
Régulièrement 5 à 10h/semaine
35
40
Régulièrement + de 10 heures
34
18
Le temps de travail, un élément
central de l’identité des cadres



Plus de huit ingénieurs des deux sexes sur dix font
des heures supplémentaires. Ne pas compter son
temps est un élément central de l’identité des cadres
La proportion d’hommes qui ne font jamais d’heures
supplémentaires est identique à celle des femmes :
16 %.
Ces dernières font moins souvent que les hommes un
grand nombre d’heures supplémentaires de façon
régulière. Elles ont un rapport plus distancié à la
disponibilité totale, rejointes par des hommes
(jeunes) qui revendiquent une vie hors travail.
Santé, vieillissement, suicides
: les femmes avantagées ?



Plus grande longévité des femmes
(Espérance de vie de 84,5 ans pour les
femmes, de 78 ans pour les hommes)
Trois fois moins de suicides de femmes
Explications : socialisation familiale et
professionnelle sexuée
Du côté des hommes
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
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On apprend aux hommes à ne pas manifester leurs émotions,
notamment leur peur, à manifester en revanche leur colère et
agressivité, à extérioriser leur violence dans leurs comportements
– violence envers eux-mêmes par une prise de risques délibérés sports dangereux, vitesse excessive, abus d’alcool et de drogues,
suicide… et envers les autres - transgression de la loi, violences
sexuelles…
Accidents et maladies professionnelles mortelles dans les métiers
d’hommes (Mines, bâtiment, police, armée)
cf. Anne-Sophie Cousteaux et Jean-Louis Pan Ke Shon, RFS,
2008/1, vol. 49, p. 53-92, Le mal être a-t-il un genre ? Suicide,
risque suicidaire, dépression et dépendance alcoolique)
Violences des hommes

Les hommes représentent 85% des
personnes mises en cause dans les diverses
infractions et vols entre 1950 et 1992 en
France, ils sont impliqués dans la quasitotalité des violences sexuelles, dans 84%
des brutalités physiques et dans 93% des
tentatives de meurtre (Jaspard et équipe
ENVEFF, 2001). Aux Etats-Unis 94% des
détenus et 90% des meurtriers sont des
hommes
Du côté des femmes



On apprend aux femmes à exprimer leurs sentiments,
l’attention aux autres, a considérer que la réussite
passe par celle de la vie familiale (vie en couple,
maternité…); on leur apprend à contenir leur colère,
leur agressivité.
Celle-ci s’exprime à travers la somatisation, la
dépression, des tentatives de suicide;
Les femmes qui tuent leur conjoint le font pour se
protéger de sa violence ou protéger leurs enfants
(Mercader Patricia, Houel Annick, Sobota Helga (2004), « Asymétrie des
comportements dans le crime dit passionnel », Sociétés
Contemporaines, n° 55, p. 91-111.
Vieillir : une chance ?


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Déchéance : Les femmes, plus que les
hommes sont atteintes de maladies
chroniques et invalidantes
Pauvreté : 20% d’écarts de salaires entre
actifs et actives, 38% pour les retraité-e-s
Des vieilles dames indignes ? Lagrave RoseMarie (2009), « Ré-enchanter la vieillesse »,
Mouvements, dossier « La tyrannie de
l’âge », n° 59, p. 113-122.
Solitude affective et sexuelle


« Le mâle n’est pas une proie, on ne réclame de lui ni
fraîcheur, ni douceur, ni grâce mais la force et
l’intelligence du sujet conquérant. Les cheveux
blancs, les rides ne contredisent pas cet idéal viril. »
(De Beauvoir, La Vieillesse, 1970, Paris, Gallimard)
« Le vieillissement masculin, redouté lui aussi, n’est
pas lié à la perte de beauté physique, mais à la perte
de pouvoir lié à la retraite et/ou à un véritable déclin
physique. Il survient donc bien plus tard » (Ilana
Löwy, L’emprise du genre, La Dispute, 2006).
Repères bibliographiques (ouvrages et
articles de synthèse)
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
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
Bereni Laure, Chauvin Sébastien, Jaunait Alexandre, et Revillard
Anne, Introduction aux Gender Studies : Manuel des études sur le
genre, Bruxelles, De Boeck, Collection « Ouvertures politiques »,
2012, 1ère édition en 2008
Blöss Thierry (dir.), 2001, La dialectique des rapports hommesfemmes, Paris, PUF. Ferrand Michèle (2004), Féminin Masculin,
Editions La Découverte, Coll. Repères
Laufer Jacqueline, Marry C., Maruani Margaret (dir.), 2001,
Masculin-féminin : questions pour les sciences de l’homme, Paris,
PUF.
Löwy Ilana (2006), L’emprise du genre, Paris, La Dispute
Löwy Ilana, Marry Catherine (2007), Pour en finir avec la
domination masculine, Les Empêcheurs de penser en rond/Seuil
Le Mancq Fanny, Marry C. (2011), « La dynamique inachevée de
l’égalité entre les sexes », in Galland O., Lemel Y. (dir.), La société
française, un bilan sociologique des évolutions depuis l’aprèsguerre, A. Colin, p. 69-94.
Maruani Margaret (dir.), 2005, Femmes, genre et société : l’état des
savoirs, Paris, La Découverte
Bibliographie sur l’école


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
Baudelot Christian., Establet Roger, 1991, Allez les filles ! Paris,
Seuil (réed. en 1992 dans la collection Points Actuels, n° A128.
Duru-Bellat Marie, 2004, (1ère édition en 1990), L’école des
filles. Quelle formation pour quels rôles sociaux ? Paris,
l’Harmattan
Marry Catherine, 2000, « Filles et garçons à l’école » in L’école :
l’état des savoirs, sous la direction d’Agnès Van Zanten, Paris,
La Découverte
Mosconi Nicole, 1994, Femmes et savoir. La société, l’école et la
division de savoirs, Paris, l’Harmattan.
Rogers Rebecca (dir.), 2004, La mixité dans l’éducation. Enjeux
passés et présents, ENS éditions.
Bibliographie Emploi, travail,
professions, plafond de verre
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