TRAUMATISMES PELVIENS

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Transcript TRAUMATISMES PELVIENS

Traumatisme pelviens

Dr Benjamin JULLIAC

GENERALITES

 Traumatismes fréquents, graves, violents et générés à haute énergie: 

Polytraumatisme:

AVP, chute de grande hauteur  Pronostic vital en jeu : état de choc hémorragique, principale cause d’hématome rétropéritonéal (HRP)  Gravité et fréquence des complications : vasculaires, urinaire, nerveuse, viscérale, osseuse

GENERALITES

 Stratégie de PEC pluridisciplinaire chez un patient

réanimé et stabilisé

Place du MAR primordiale:  ttt des défaillances multiviscérales  hiérarchisation des examens complémentaires  Problème de stratégie thérapeutique  Mortalité 8 à 20 % trauma fermés 15 à 50 % trauma ouverts

GENERALITES

fréquence des lésions associées aux traumatismes du bassin,d’après la série de la SOFCOT 1996 (675 cas)

Lésions associées

Lésions neurologiques périphériques Trauma crânien Lésions urologiques Lésions abdominales Fractures des membres inférieurs Fractures du rachis polytraumatisme

fréquence

14 % 21 % 16 % 20 % 65 % 13 % 67 %

MECANISMES LESIONNELS

 Compression antéro-postérieure : ouverture de l’anneau pelvien, open book  Choc frontal entre deux véhicules  Impaction symphyse pubienne/réservoir moto  Compression latérale : fermeture de l’anneau  Choc latéraux  Impaction latérale et au max « roll over lésion »  Piétons, deux roues, écrasement par des roues d’un camion  Cisaillement : instabilité horizontale et verticale  Chute d’un lieu élevé, réception talons/fesses  Blessé éjecté avec décélération rapide

CLASSIFICATION ANATOMIQUE de Young et Burgess

I II III APC AntéroPostérieur Compression Fracture en livre ouvert LC Latéral Compression Rotation interne VS = Vertical Shear = lésions de cisaillement

Hémipelvis instable

Fracture verticale des branches du pubis ou disjonction pubienne < 2,5 cm

Disjonction pubienne > 2,5 cm, lésions des ligaments antérieurs, respect des ligmts postérieurs Idem + disjonction des sacroiliaques ou lésions des ligaments postérieurs

Fracture compression du sacrum Fracture horizontale des branches pubiennes Fracture I + fracture de l’aile iliaque Fracture I ou II +lésions controlatérales

Fracture verticale des branches ilio et ischiopubiennes ou disjonction pubienne avec déplacement postérieur ou vertical ou lésions de tous les ligaments

MECANISMES LESIONNELS

Compression antéropostérieure: APC I

Ouverture de l’anneau pelvien

MECANISMES LESIONNELS

Compression antéropostérieure : APC II

Disjonction pubienne ou fracture du cadre obturateur en AV Persistance d’un moyen d’union postérieur

MECANISMES LESIONNELS

 L’open book est une fracture verticale, souvent bilatérale, en général symétrique des branches ilio et ischiopubiennes

MECANISMES LESIONNELS

Compression antéropostérieure : APC III

Désunion complète, instabilité rotatoire totale sans déplacement vertical Rupture du ligament sacro iliaque en AR

MECANISMES LESIONNELS

Compression latérale: LC I

Fermeture de l’anneau pelvien : en av rupture du cadre obturateur ou simple impaction sacrée homolatérale

MECANISMES LESIONNELS

Compression latérale: LC II

fracture de l’aile iliaque ou disjonct° sacro-iliaque ou fracture d’un aileron sacré

MECANISMES LESIONNELS

Compression latérale: LC III

Impact important : lésions controlatérales associées « roll over » mechanism

MECANISMES LESIONNELS

Lésions par cisaillement vertical

l’anneau pelvien se rompt en av/en arr l’hémibassin détaché est

ascensionné

Impact inféro-supérieur

Vascularisation du bassin Lésions vasculaires

 Lésions artérielles 

Gros vaisseaux

: rares mais graves, embrochage par un fragment osseux de l’artère iliaque primitive, iliaque interne (hypogastrique) ou fémorale 

Petites artères issues de l’artère hypogastrique et de ses branches:

lacération mais plus souvent arrachement ou rupture d’une structure anatomiquement fixée: artère fessière, artère honteuse interne

Vascularisation du bassin

 Lésions veineuses  Les plus fréquentes  Plexus veineux abondants, arrachés par le déplacement d’un hémibassin  Non visualisées sur l’artériographie  Stoppées par la constitution de l’HRP : effet de tamponnement  saignement = cause principale de mortalité à la phase initiale  important si mécanisme antéro-postérieur ou cisaillement  Corrélé au caractère instable (déplacement >0,5 cm = facteur pronostic++)

Prise en charge pré-hospitalière

 Diagnostic difficile  Tout polytraumatisé inconscient, surtout si instabilité HDM  Détresse HDM = facteur pronostic majeur  Concept de réanimation différée  Risque de l’expansion volémique excessive avant hémostase  Objectif du remplissage par HEA = PAS à 90 mmHg  SAUF si  Sujet âgé  Polytrauma avec lésions cérébrales suspectées ou thoraco-abdo associées OBJECTIF PAS = 120 mmHg

Prise en charge pré-hospitalière

 Lutte contre l’hypothermie ++++  Support inotrope par catécholamines (nor adrénaline)  Utilisation du pantalon anti-choc  Double intérêt hémodynamique et hémostatique  Impose intubation et ventilation mécanique  CI si trauma thoracique  Risque d’ischémie des MI puis de syndrome de loge  Retrait au bloc ou en salle d’artériographie

Prise ne charge initiale : stratégie diagnostique

 Traumatisme bénin et/ou isolé : Hémodynamique stable  Traumatisme violent : Hémodynamique instable

Prise ne charge initiale : stratégie diagnostique TRAUMATISME ISOLE, HDM STABLE

Bilan clinique

 Palpation contours ceinture pelvienne, mobilité anormale antéro-postérieure ou latérale, disjonction symphyse pubienne  Contusions, ecchymoses des flancs, du périnée ou des OGE (apparition retardée +++)  Pouls périphériques  Rétention urinaire, globe vésical, hématurie  Toucher pelviens systématiques  Déficit neurologique : atteinte sciatique et plexus lombo-sacré

PRISE EN CHARGE INITIALE: STRATEGIE DIAGNOSTIQUE

Bilan radiologique

 Bassin de face  + thorax, rachis, échographie abdo → recherche des lésions associées + intra-abdominales 

TDM bassin = 2ème intention « urgence différée »

Indication ttt de fixation différée du bassin Sauf si TDM crâne, TDM abdo-pelvien ( C+)  Importance et localisation des HRP  Recherche lésions parenchymateuses associées intrapéritonéales (foie, rate) et rétro (rein)

PRISE EN CHARGE INITIALE: STRATEGIE DIAGNOSTIQUE TRAUMATISME VIOLENT, HDM INSTABLE

Bilan clinique

 Patient polytraumatisé, état de choc hémorragique  Bilan complet des complications grevant le pronostic vital 

Bilan paraclinique

Biologique:

NFS plq Coag, Groupe sg Rh RAI, Ionogramme sg, enzymes musculaires, GDS 

Radiologique:

RP, Bassin face, Echographie abdo, Rx Rachis

→localisation de l’hémorragie

Puis bilan TDM du polytrauma : crâne, thorax abdomen

PRISE EN CHARGE INITIALE: STRATEGIE DIAGNOSTIQUE

Traitements symptomatiques

 I/V/S  Voies d’abord veineuses périphériques de bon calibre  Drainage thoracique d’un pneumothorax et/ou hémothorax + antibioprophylaxie, VAT, lutte contre hypothermie

PRISE EN CHARGE INITIALE: STRATEGIE DIAGNOSTIQUE

Traitement de l’etat de choc hémorragique

 Remplissage massif agressif  Recours rapide aux produits sanguins homologues  Fréquence des troubles majeurs de la coagulation (fibrinolyse ou CIVD)  Bilans répétés, correction scrupuleuse +++  Recours possible aux amines pressives

Traumatisme du bassin et instabilité hémodynamique

ELIMINER Hémothorax Hémomédiastin HEMOPERITOINE LAPAROTOMIE Lésions des gros vx ECHOGRAPHIE ABDOMINALE Et/ou TDM ABDOMINO-PELVIEN ( C +) HEMATOME RETROPERITONEAL EMBOLISATION ANGIOGRAPHIE Lésions des petits vx surveillance

Hématomes rétro péritoneaux

 Principale complication vitale des traumatismes du bassin  11 à 17 % des fractures du bassin  30 à 50 % de mortalité  Saignement IIaire aux plaies veineuses du pelvis et aux foyers de fractures de l’anneau pelvien  20 % plaies artérielles (branches collatérales de l’hypogastrique)  Importance de la fonction tampon du pelvis  Pelvis instable →perte de l’effet tampon →saignement

HEMATOMES RETROPERITONEAUX EXPLORATIONS COMPLEMENTAIRES

Echographie abdominale

 Élimine un saignement d’origine intrapéritonéal (rate ++) →seule indication de laparotomie première  Diagnostic d’HRP plus aléatoire  Diffusion de l’HRP en intrapéritonéal par contiguité

HEMATOMES RETROPERITONEAUX EXPLORATIONS COMPLEMENTAIRES

Tdm abdomino-pelvien c+

 Diagnostic fiable, précoce de l’HRP  Abondance de l’HRP, atteintes rénales éventuelles  Visualisation d’un saignement actif = extravasation du produit contraste  Associé au bilan TDM crâne, thorax du polytraumatisé 

Non indispensable en phase initiale si bassin très instable

Hématomes rétro péritoneaux

Arteriographie pevienne

 Diagnostic et thérapeutique  Bilan lésionnel : extravasation de produit de contraste = flaque, sténose, fistule A-V  Technique de radiologie vasculaire interventionnelle  Plateau médico-technique 24h/24h  Collaboration multi-disciplinaire

Stratégie thérapeutique des traumatismes graves du bassin

Pantalon anti-choc

 Préhospitalier  Retrait au bloc ou en salle d’artériographie, transfusion massive possible  stabilise les fractures (réduction du saignement des foyers)  tamponnement direct des vaisseaux lésés ( ↘ espace retropéritonéal) volume 

CI si trauma thoracique

Stratégie thérapeutique des traumatismes graves du bassin

Arteriographie – embolisation des arteres pelviennes :

 Outil fondamental dans la PEC des HRP traumatiques  Moyen sûr efficace d’arrêter un saignement pelvien  Efficace sur saignement artériel et veineux  Taux d’efficacité proche de 95 %  Fréquence de l’atteinte de l’

artère hypogastrique

(branche glutéale sup = artère fessière)

Stratégie thérapeutique des traumatismes graves du bassin

Arteriographie – embolisation des artères pelviennes Technique:

 Methode seldinger, abord fémoral controlatéral par désilet  Repérage des lésions artérielles hémorragiques  Embolisation la plus sélective possible par particules de matériel résorbable  Embolisation plus proximale si saignement diffus ou instabilité HDM => acte rapide =l’occlusion ↘ préservation de la collatéralité la P ° de perfusion avec

Stratégie thérapeutique des traumatismes graves du bassin

Artériographie – embolisation des artères pelviennes Avantages

 Bilan des lésions hémorragiques ou susceptibles de saigner secondairement  Hémostase sans ouverture du péritoine ou du rétropéritoine  Complications rares – Nécrose vésicale, utérine, neuropathie ischémique – Dissection de l’artère cathéterisée – Hématome, infection locale – Apport iodé

Stratégie thérapeutique des traumatismes graves du bassin

Artériographie – embolisation des artères pelviennes

 Restauration de l’HDM et arrêt des transfusions pendant la procédure MAIS Désilet en place pdt 24 à 48h (spasme artériel initial)

MAIS PLATEAU MEDICO-TECHNIQUE 24h/24 COLLABORATION MULTIDISCIPLINAIRE

Stratégie thérapeutique des traumatismes graves du bassin

Arteriographie – embolisation des arteres pelviennes Causes d’échecs

 Territoire artériels non cathéterisable  Saignement diffus d’origine veineuse  Trouble de l’hémostase irréversibles +++

Pas de données prospectives affirmant une réduction de la mortalité des traumatismes du bassin sévère par embolisation Mais une PEC rapide dans les 1ères heures permet une diminution des besoins transfusionnels

Stratégie thérapeutique des traumatismes graves du bassin

Fixateur externe

 Si fracture déplacée du bassin  En urgence, contribue à l’hémostase du bassin  Stabilisation des foyers de fractures  Réduction du saignement osseux  Réduction du volume rétropéritonéal

Restauration de l’effet tampon par fermeture de l’anneau pelvien

 Geste prioritaire si importante instabilité pelvienne  A plus de 6h, avantage pour l’analgésie, le nursing, les soins

Stratégie thérapeutique des traumatismes graves du bassin

Choix therapeutique

Place respective de l’artériographie-embolisation et du fixateur externe encore controversée Pas de données prospectives État de choc hémorragique malgré remplissage agressif  Mise en place immédiate d’un fixateur externe

OU

=>Artériographie-embolisation hypogastrique en 1ère intention

Stratégie thérapeutique des traumatismes graves du bassin

Choix therapeutique En pratique,

 Fixateur externe si fracture du bassin avec atteinte antérieure embolisation II si persistance de signes hémorragiques  Artériographie d’emblée si atteinte postérieure  Fonction disponibilité des équipes  Techniques non mutuellement exclusives 

Seule compte la rapidité de la PEC

Autres complications

Complications urinaires

 10 % des fractures du bassin 

A rechercher systématiquement

 Absence de miction spontanée, globe vésical, urétrorragie, hématurie =>

DRAINAGE PAR KT SUS-PUBIEN SYSTEMATIQUE

 Diagnostic: échographie, uroscanner, opacification rétrograde  Traumatismes de la vessie  Rupture intrapéritonéale (chir)/sous péritonéal (urohématome)  Traumatismes de l’urètre postérieur :  en urgence drainage, à distance urétrographie rétrograde

Autres complications

Complications abdominales et périnéales

Hémopéritoine

par lésions d’organes pleins (Rate, Foie) 

Plaies d’organes creux

(diagnostic TDM) => Laparotomie en urgence : hémostase, sutures intestinales, dérivations 

Lésions périnéales

 Décollement périnée, plaie anus, rectum (rectorragie ++), vagin  Touchers pelviens systématiques, rectographie Communication avec foyers fracture = RISQUE SEPTIQUE ++ =>chirurgie = drainage , colostomie de décharge obligatoire

Autres complications

Complications neurologiques

 Examen neuro difficile dans le contexte  Anesthésie en selles, incontinence anale  Atteinte du plexus lombo-sacré et de ses branches  A suspecter si FRACTURE DU SACRUM

Autres complications

Bassin ouvert

 Peu fréquent (2 à 4%) mais mortalité importante (>50 %)  Hémorragie massive, complications septiques  Ouverture cutanée périnéale  Ouverture interne par dilacération du rectum  EXPLORATION CHIRURGICALE  Parage, fermeture cutanée  Fixation interne précoce  Hémorragie majeure: « packing » des lésions, artério-embolisation  RISQUE SEPTIQUE MAJEUR  Colostomie de dérivation systématique  pelvectomie possible

Autres complications

Complications evolutives

Emboliques

 Cruoriques  Graisseuses 

Infectieuses

Insuffisance rénale

 II à l’état de choc  Rhabdomyolyse  Utilisation de produit de contraste iodé  Compression des voies excrétrices par HRP

Conclusion

 Traumatismes fréquents chez le polytaumatisés  Choc hémorragique souvent au premier plan  PEC stratégie diagnostique rapide +++ localisant le saignement  Fixateur externe/artériographie embolisation  Plateau technique  Collaboration pluridisciplinaire