LA DIMENSION PSYCHIQUE DE LA DOULEUR

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Transcript LA DIMENSION PSYCHIQUE DE LA DOULEUR

LA DIMENSION PSYCHIQUE
DE LA DOULEUR
Dr Françoise RADAT
UTDC, CHRU Pellegrin, Bordeaux
Rôle de la 1ère consultation

En explorant tous les domaines de la douleur,
On montre que tous les aspects sont importants :
abandon de la dichotomie organique/psychologique


On entend sa souffrance  rompt sentiment de solitude
On met en évidence la complexité des mécanismes
 Ce n’est pas une douleur aigue
 Cause des échecs successifs des traitements
 Nécessité d’une prise en charge pluridisciplinaire

On constate qu’il faudra du temps pour obtenir un résultat :
 deuil d’une intervention « miracle »
LA DIMENSION
PSYCHIQUE DES
DOULEURS CHRONIQUES
Dr. Françoise RADAT
U.T.D.C.
CHRU Pellegrin-Tripode, BORDEAUX
LA PENSÉE MANICHÉENNE
AUJOURD ’HUI RÉVOLUE
Plainte douloureuse
Recherche d ’une étiologie
positif
Douleur somatique
négatif
Douleur psychique
LE MODÈLE PLURI-DIMENSIONNEL
DIMENSION PSYCHOLOGIQUE
DIMENSION BIOLOGIQUE
DIMENSION SOCIALE
Rôle de la 1ère consultation
En explorant tous les domaines de la douleur,
 On montre que tous les aspects sont importants :
 abondon de la dichotomie organique/psychologique
 On entend la souffrance  rompt sentiment de solitude
 On met en évidence la complexité des mécanismes
 Ce n’est pas une douleur aigue
 La douleur s’est autonomisé de sa (ses) causes premières
 Cause des échecs successifs des traitements
 Nécessité d’une prise en charge pluridisciplinaire

On constate qu’il faudra du temps pour obtenir un résultat :
 deuil d’une intervention « miracle »
Faire accepter la prise en compte de
la dimension psychologique


Attitude empathique, bienveillante
S’aider de modèles explicatifs accessibles pour
expliquer :




la douleur, les contrôles
les troubles du sommeil et ses conséquences
les effets du stress….
Eviter les mots à l’origine de résistances :
Ex : « Vous êtes déprimé »
Utiliser plutôt : « Je vous sens épuisé »
Faire accepter la prise en compte
de la dimension psychologique
Utiliser les éléments fournis par l’entretien sur :
 l’événement déclenchant et les conditions à l’époque
 le vécu du traumatisme initiale
 les symptômes en cours : les troubles du sommeil, la sensation
d’épuisement, l’irritabilité, les difficultés relationnelles….
 Retrouver avec le patient un sens, une cohérence à
l’histoire de santé du patient qui s’inscrit dans son histoire
personnelle.
Les aspects psychologiques à explorer
Recueil des représentations symboliques et des croyances associées à la
douleur



Récit des circonstances
Croyances quant à l ’étiologique : « roman étiologique »
Adjectifs, comparaisons
-> Bilan des émotions liées à la douleur



Anxiété
Dépression
Colère
- Humiliation
- Persécution
-> Bilan des comportements associés à la douleur


Passivité, évitements
Agressivité
-> Bilan des implications relationnelles :

Rejet
- Compassion
-> Bilan des implications sociales : conflits avec les employeur et les caisses
La co-morbidité psychiatrique






Dépression majeure : 15 à 55 %
Troubles anxieux : 7 à 63 %
Troubles somatoformes (hypochondrie, conversion) :
42 %
Dépendance à l ’alcool : 15 à 23 %
Dépendance aux médicaments opiacés : 16 à 64 %
Personnalités pathologiques (histrionique, dépendant,
narcissique, border-line)
(Fishbain, 1999)
Dépression : épidémiologie



Population générale /ponctuelle : 3,7 à 6,7 %
Consultation généraliste
: 9 à 16 %
Chez les douloureux chroniques : consensus
environ 1/3 des douloureux chroniques sont
déprimés (grandes variations des chiffres en fonction
de la population étudiée, de la définition de la
dépression, de la méthode de mesure utilisée dans
l’étude)
EDM : critères diagnostiques

Au moins 2 semaines : les 2 symptômes :






humeur dépressive, douleur morale
anhédonie
Et au moins 4 symptômes :

S. physiques :
appétit
sommeil
agitation/ralentissement
asthénie
troubles cognitifs

S. psychiques :
dévalorisation culpabilité
pensées de mort
Altération du fonctionnement psychosocial
Rupture avec l’état antérieur
Chez les douloureux chroniques : fréquence du désintérêt, de la
démotivation, de l’irritabilité. Culpabilité rare, signe de gravité.
Asthénie, troubles du sommeil, troubles sexuels difficiles à interpréter
Suicidalité




Différencier les idéations suicidaires actives des idéations suicidaires
passives
Ces dernières sont du type : « ma vie ne pas la peine d’être vécue, il
vaudrait mieux être mort »
Ni la douleur physique, ni le handicap ne prédisent la suicidalité,
qui est en revanche prédite par la dépression et les ATCD de TS
Impulsivité, bas support familial, abus de substance sont également
des facteurs de risque
La dépressivité modère le lien
entre douleur et handicap
DOULEUR
HANDICAP
DEPRESSION
Plusieurs études montrent que les émotions < 0 sont un facteur pronostic pour :
Les lombalgies opérées,
La prise en charge multidisciplinaire des douleurs chroniques
en terme de douleur, handicap/invalidité, qualité de vie, coût de santé.
Epidémiologie de l’anxiété

Prévalence ponctuelle de l’ensemble des troubles
anxieux en population générale : 7 à 15 %
(Kessler RC, Ach. Gen. Psy., 1994)
Anxiété chez le douloureux
chronique : aspects cliniques

Plusieurs formes d’anxiété





Attente anxieuse diffuse sans objet précis avec hyperactivités
neuro-végétative
Crainte/évitement de la douleur et des situations qui sont censées
la provoquer comportement douloureux
Répétition post traumatique quand la douleur fait suite à un
événement traumatisant
Crises d’angoisse aiguës
Colère/hostilité



Fréquent chez les patients présentant des traits hypochondriaques
Favorisé par les litiges (employeur, assurance maladie, SS,
ASSEDIC, COTOREP, assurances…).
Provoque un contre-transfert négatif, voir un rejet du patient
L’ATTAQUE DE PANIQUE

Manifestations physiologiques aigues





Manifestations cognitives aigues catastrophiques




Neurologiques : vertiges, tremblements, céphalées, paresthésies
Respiratoires et cardiaques : sensation d’étouffement, palpitations, douleur rétrosternale
Digestives : boule dans la gorge, nausées
Neurovégétatives : frissons, bouffées de chaleur, sueurs
Centrées sur le corps : « je vais mourir, je vais avoir un infarctus
Centrées sur le fonctionnement psychique « je vais devenir fou… »
Centrées sur les conséquences à court terme « je vais passer pour un fou », « je vais faire un
malheur »
Manifestations comportementales



Sidération
Attaques de colère, actes suicidaires impulsifs
Prise impulsive d’alcool ou de psychotropes
Critères diagnostic DSM IV du
Trouble Panique (TP)
(1) Plusieurs attaques de panique
(2) Et entre les attaques :



Crainte persistante d’avoir d’autres attaques de panique
Préoccupations à propos des implications possibles de l’attaque ou
bien de ses conséquences
Changement de comportement important en relation avec les
attaques
Critères diagnostic DSM IV de
l’Anxiété Généralisée (TAG)
A. Anxiété et soucis excessifs durant au moins 6 mois
B. Difficulté à contrôler ces préoccupations
C. L’anxiété et les soucis sont associés à trois (ou plus) des
six symptômes suivants :
 Agitation ou sensation d’être survolté ou à bout
 Fatigabilité
 Difficultés de concentration ou trous de mémoire
 Irritabilité
 Tension musculaire
 Perturbation du sommeil (difficultés d’endormissement
ou sommeil interrompu ou sommeil agité et non
satisfaisant)
Critères DSM IV d’état de stress
post traumatique
A. Le sujet a vécu, a été témoin ou a été confronté à un ou des
évènements durant lesquels lui même ou d’autres personnes
ont pu mourir ou être menacés de mort ou très gravement
blessés, La réaction du sujet s’est traduite par une peur
intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur.
B. L’événement traumatique est constamment revécu
C. Evitement persistant des stimulus associés au traumatisme
émoussement de la réactivité générale (au moins 3
symptômes) Effort pour éviter les pensées, les conversations,
les activités, les endroits, les gens, associées au traumatisme
D. Présence des symptômes traduisant une activation
neurovégétative (au moins 2 symptômes)
Troubles somatoformes
Plaintes excessives
 Peurs irrationnelles
Se rapportant à la santé

Trouble somatoforme + Depression majeure
Trouble somatoforme + Tr anxieux
Troubles somatoformes
Troubles somatisation
Conversion
Hypochondrie
Trouble factice
Simulation
hystérie
Troubles
somatoformes
Hypochondrie
Peur/conviction d’avoir une maladie (hypothèse étiologique)


Basée uniquement sur la
mésinterprétation des symptômes somatiques
Possibilité d’envisager une hypothèse alternative
Les avis médicaux et les examens complémentaires sont multipliés
Ils ne rassurent pas ou passagèrement
Le patient a de nombreuses connaissances médicales, un vocabulaire
technique
Touche des fonctions viscérales profondes : fonction digestive-fonction
cardiaque
Rivalité agressive vis-à-vis des médecins



Revendication
Position de victime de l’incompétence
Demande de réparation/préjudices
Hypochondrie - Epidémiologie
4 à 9 % en médecine générale
Hommes = Femmes
Antécédents fréquents de maladies graves dans l’enfance
Sans rapport avec le statut social, le niveau d’études, le milieu culturel
Présence fréquente d’un facteur de stress précipitant
Comorbidité :
 Troubles anxieux
 Troubles dépressifs
 Phobies, troubles obsessionels compulsifs : nosophobies, cancérophobies
Cas de l’hypochondrie délirante :
 Mélancolie délirante
 Schizophrénie
Début chez l’adulte jeune
Evolution chronique avec fluctuations
 Caractéristique « trait » de personnalité




Début aigu à l’occasion d’un stress identifiable
Comorbidité médicale
Absence de personnalité pathologique
Absence de bénéfices secondaires
Facteurs de bon
pronostic
Trouble somatoforme
HYPOCHONDRIE
Schizophrénie
Délire
paranoïaque
Mélancolie : Sd.
De Cottard
Dépression
TOC
Hypochondrie psychopathologie

Situations de perte objectale
Perte d’emploi
 Divorce




Déplacement des affects agressifs
Investissement de l’organe perdu se substitue à l’objet
perdu
Permanence de l’organe malade
Importance des modèles familiaux et culturels (ouvrages de
vulgarisation, TV)
Hypothèses cognitivo-comportementale
concernant l’hypochondrie

Interprétation de symptômes
physiologiques comme signal de maladie

Filtrage sélectif des informations
confirmant cette hypothèse / rejet des
informations l’infirmant

Généralisation des informations
négatives
Conversion

Symptômes ou déficit touchant électivement




La motricité volontaire
Les fonctions sensitives ou sensorielles
Apparition ou aggravation précédés d’un conflit
ou d’un facteur de stress
Altérant le fonctionnement social, affectif et
professionnel.
Conversion






Caractère spectaculaire du symptôme
Touche un organe de la vie de relation
Caractère symbolique des symptômes notion de
bénéfice primaire
Plasticité du symptôme, sensibilité à la suggestion
Tentatives de manipulation au travers du
symptôme  Notion de bénéfice secondaire
« Belle indifférence » : non démontrée
Epidémiologie trouble de la
conversion

Prévalence :



0,3 % de la population générale
1 à 3 % des consultations généralistes
1 à 4,5 % des patients hospitalisés


2 à 5 fois plus fréquent chez les femmes
Touche surtout adolescents, adultes jeunes (10 à 35 ans)
Populations rurales
Milieux socio-économiques défavorisés
Pays en voie de développement
Militaires exposés aux combats
Exposition personnelle ou d’un proche à une maladie
neurologique
 Abus sexuel de l’enfance






SYMPTOMES INFRA-SYNDROMIQUES : 35 % de la population
générale
Conversions : traitements
Généralités




Approche pluridisciplinaire indispensable
Ne pas humilier le patient, ne pas le rejeter, ne pas
lui faire perdre la face devant ses proches
Rassurer : le trouble est réversible
Expliquer :



Le trouble est du à un conflit psychique
Il n’est pas feint pour autant
On peut parler de trouble fonctionnel
Trouble somatisation
Symptômes somatiques sans causes organiques :

Au moins 4 symptômes douloureux

Deux symptômes gastro-intestinaux

Un symptôme sexuel

Un symptôme pseudo neurologique
Se manifestant de façon chronique altérant le fonctionnement social,
affectif et professionnel ou provoquant, une consommation médicale
(examens ou traitement) injustifiée ne pouvant être expliquée
complètement par une affection médicale ou disproportionnée par
rapport à une affection médicale coexistante.
Survient en général avant 30 ans.
Epidémiologie du trouble somatisation



0,5 % de la population générale « life time »
5 à 10 % des patients consultants en médecine générale
10 % des patients hospitalisés

5 à 20 fois plus de femmes que d’hommes (→ 1 0 2 % de la
population féminine)

Bas niveau économique
Célibataires
Rurales
Niveau éducation faible
Antécédents d’abus sexuel dans l’enfance
Fonction culturelle





Evolutivité
CHRONIQUE MAIS FLUCTUANT
 Premiers symptômes à l’adolescence
 Critères diagnostiques présents en général
dès l’âge de 25 ans

Comorbidité
Trouble somatisation

Avec trouble psychiatrique autre : 2/3 des cas

Troubles dépressifs

Troubles anxieux

Abus de substances

Troubles de la personnalité
ADDICTIONS AUX ANTALGIQUES



Risque d ’addiction réputé rare lorsqu ’il n ’y a pas d ’ATCD de
toxicomanie
…mais, les chiffres varient de 16 à 64 % !
Importance des comportements infra-syndromiques: « mésusage »
beaucoup plus fréquent que l ’addiction (jusqu ’a 16 % dans certains
échantillons)
Fréquence de comorbidité avec d ’autres addictions :




Fréquence de la comorbidité psychiatrique :





Médicaments psychotropes (benzodiazépines en particulier)
Alcool
Autres substances
Troubles anxieux
Troubles dépressifs
Troubles somatoformes
Fréquence d ’ATCD familiaux de toxicomanie, d ’alcoolisme, de
troubles somatoformes, de troubles de l ’humeur
Fréquence d ’ATCD d’abus sexuels et de maltraitance dans l ’enfance
COMPORTEMENTS OBSERVÉS CHEZ LES DOULOUREUX
CHRONIQUES PRÉSENTANT UN PROBLÈME
D ’ADDICTION








Demandes répétées d ’augmentation des doses
Plaintes douloureuses réitérées et ne semblant pas en rapport avec
l ’étiologie identifiée
Obtention d ’antalgiques auprès de plusieurs prescripteurs
Consultations fréquentes aux urgences
Pertes d ’ordonnance répétées
Utilisation d ’antalgiques prescrits à d ’autres membres de la famille
Utilisation de plusieurs principes actifs antalgiques de façon
simultanée
« Intoxication » observable par les proches : retentissement sur le
comportement, sur les capacités cognitives
LA NOTION DE DÉPENDANCE







Existence d ’un phénomène de tolérance
Existence d ’un syndrome de sevrage à l ’arrêt ou à la diminution des
posologies
Prise de quantités plus importantes, pendant des périodes plus longues
que prévu
Efforts infructueux pour diminuer la posologie
Temps excessif passé soit à se procurer les médicaments, soit à être
sous leurs effets, soit à récupérer après
Des activités sociales, professionnelles ou de loisir ont été
abandonnées à cause de la consommation du médicaments
La consommation du médicament est poursuivie bien que la personne
en connaisse les conséquences nuisibles pour sa santé
LA NOTION DE MÉSUSAGE



Proposé par les auteurs dans le cadre de
l ’utilisation « abusive » des antalgiques opiacés
par les douloureux chroniques
Troubles abus et dépendance « infrasyndromiques »
S ’oppose à la notion d ’addiction
LES FACTEURS COMPORTEMENTAUX

Stimulus positif ---------> réponse
plaisir, détente
prendre le
médicament

Stimulus aversif ---------> réponse
douleur
prendre le
médicament
CONDITIONNEMENT OPÉRANT
Madame L âgée de 45 ans m'est adressée par une collègue neurologue pour
"anxiété associée à ses migraines". En effet dés qu'apparaissent les signes
prodromiques des crises migraineuses, madame L ressent une impression
d'oppression thoracique, de boule dans la gorge. Ses mâchoires sont alors comme
"tétanisées". Apparaissent alors des picotements dans ses bras, sa respiration
s'accélère… et les douleurs deviennent insupportables.
Madame L est une migraineuse ancienne, mais les migraines provoquent des crises
d'angoisse depuis 1998. À cette époque, elle a eu une hémorragie méningée. Elle se
souvient que la douleur est progressivement devenue insupportable. Elle a été
amenée aux urgences de l'hôpital puis ne se souvient de rien. Depuis elle a des
problèmes avec sa mémoire et elle se sent peu sure d'elle.
Maintenant, elle est hantée par la peur que cela recommence et d'en mourir,
d'autant plus que son beau-père de madame L est mort des suites d'une hémorragie
méningée ! Il s'est effondré, brutalement, alors qu'il sortait des toilettes. Très vite, il
a perdu connaissance. Madame L était seule avec lui. Elle s'est affolée, ne savait
pas quoi faire.
Madame L vit dans la hantise de ces crises, et que ses migraines ne provoquent une
nouvelle hémorragie méningée qui ne l'emporte. Elle n'ose plus s'éloigner de son
mari, "au cas où".

MADAME A, agée de 57 ans consulte à l'UTDC pour des douleurs de la fesse, de la cuisse G et
du périnée chez une patiente ayant dans ses ATCD un AVP en 1997 (son mari conduisait, une
voiture a brulé un feu) avec fracture de L5, fracture du bassin, fracture du sacrum, du fémur D et
hémothorax D. Les douleurs sont apparues secondairement par rapport à l'accident, lors d'une
séance de reéducation en piscine.

On note dans les ATCD de la patiente deux autres AVP : le 1er lorsqu'elle avait 20 ans, elle a eu
une oreille déchiquetée, elle décrit un PTSD ensuite (cauchemars de l'accident, phobie de la
voiture) ; le 2ème voici quelques années : la patiente, à pieds, a été renversée par un
automobiliste. Elle n'a pas présenté de manifestations post-traumatiques. Elle a dû faire un an de
reéducation.

On note dans la biographie de la patiente le décès de son père lorsqu'elle avait 5 ans et une
relation extrêmement fusionnelle avec sa mère qui présentait elle-même un trouble douloureux
chronique et un syndrome mélancoliforme à la fin de sa vie. La mère de la patiente est décédée
en 1993, grabataire, la patiente s'en est beaucoup occupée en fin de vie. Elle a présenté un deuil
pathologique. La relation avec le mari est moins bonne, elle le décrit comme caractériel, "sans
arrêt sur son dos". Ils ont une fille qui est partie du domicile juste avant l'accident.

Actuellement la patiente présente une tristesse, un désintérêt, elle se sent inutile et incapable.
Elle pleure sans arrêt, ressasse des scénarios de catastrophe dans lesquels elle finit comme sa
mère, grabataire.
Elle présente également des cauchemars répétitifs de l'accident et une phobie de la voiture. Elle
sursaute dans la rue lorsqu'elle entend des bruits de freins de voiture. Enfin, elle est persuadée
que ses douleurs sont le symptôme d'une fracture passée inaperçue. Elle réclame donc que soient
réitérés les examens complémentaire


MADAME W. 45 ans consulte à l'UTDC pour des lombalgies chroniques ("depuis toujours").
Elle a souffert d'une sciatique en 1995 qui a été améliorée par une discectomie. Les lombalgies,
elle, ont persisté inchangées. Depuis 2 ans, la patiente se plaint d'une augmentation des douleurs
au moindre effort, rendant même la marche quotidienne impossible. Elle redoute d'ailleurs de
perdre son travail et d'être expulsée du même coup de son logement de fonction. En effet, elle est
gardienne dans une maison de retraite.

Sur le plan biographique, il s'agit d'une patiente qui a eu des difficultés affectives dés l'enfance.
Placée à 5 ans à la DDASS, elle a été élevée de façon épisodique par sa grand-mère. Elle décrit
une mère qui était alcoolique ; elle n'a jamais connu son père. Plus tard, la patiente est revenue
vivre avec sa mère lorsque celle-ci s'est remariée. Elle dit avoir alors subi des attouchements
sexuels. Elle a un 1/2 frère et une 1/2 sœur. Elle a eu un fils, "ne sait pas trop comment" car elle
prétend ne jamais avoir eu de relations sexuelles complètes! Elle ne voit plus cet homme depuis 2
ans et le décrit comme un psychopathe, joueur, marié ailleurs, refusant de payer la pension de son
fils.

Sur le plan symptomatique, la patiente présente une grande anxiété : elle se tord les mains, est
agitée. Elle décrit un désintérêt pour le monde environnant, une incapacité à prendre du plaisir à
quoi que ce soit. Elle est extrêmement agressive à l'égard des médecins qui ne savent pas la
soigner, "qui ne se mettent pas à sa place", à l'égard des assistantes sociales "qui s'en fichent".
Elle décrit également des rituels de lavage concernant ses organes génitaux externes. Enfin elle
décrit des attaques de paniques, qui sont plus fréquentes depuis 1ans environ (1 fois /semaine en
moyenne).
Madame W est sous prozac°, myolastan° et lexomil°. Elle prend 6 à 8 diantalvic° par jour.



MONSIEUR de V. est agé de 57 ans. Il souffre de lombalgies depuis l'age de 18 ans. La 1ère
intervension chirurgicale a eu lieu en 1984, il s'agissait d'une dissectomie. Depuis le patient
a subi 2arthrodèses, et a vu son état s'aggraver progressivement au rythme des interventions
chirurgicales. Lors de la dernière intervention, le patient pense qu'il s'est passé "quelque
chose de pas clair". Il me dit s'être réveillé aux soins intensifs et avoir entendu quelqu'un
dire à son propos : "heureusement qu'il avait le cœur solide". Depuis, il a de violentes
céphalées qui provoquent des malaises, alors il tombe …Il veut faire saisir son dossier. Il est
déjà en procès avec un autre médecin qui lui a fait une élongation qui l'aurait aggravé. Le
patient est également en conflit avec la COTOREP, il conteste le taux de handicap qui lui est
accordé.

Sur le plan biographique il faut noter que le patient a perdu son frère aîné à l'age de 18 ans :
celui-ci s'est noyé presque sous les yeux des patients. Les sauveteurs ont pu l'extraire de
l'eau mais le patient et toute sa famille ont pensé que les pompiers l'avaient "mal réanimé"
car lorsque la famille l'a vu 5 h après l'accident, on leur a dit qu'il était déjà mort lorsqu'il
rattrapé dans l'eau, or le corps était encore chaud …!

Le patient était menuisier, sa femme ne travaille pas. Ils ont 5 enfants : les 3 aînés ne posent
pas de problèmes, celui de 13 ans manque de respect envers son père, n'en fait qu'a sa tête,
profite de son handicap pour l'humilier. Le patient est très ému lorsqu'il en parle, il est très
en colère et semble en même temps au bord des larmes. Le dernier était prématuré et
présente un retard de développement.
Monsieur S est adressé pour "évaluation de la part psychologique" de douleurs inexpliquées sur le plan
somatique.
Le patient a 46 ans. Il était cadre commercial. Un matin, en allant prendre son avion pour Paris, il a dû freiner
brutalement sur la rocade. Il a vu dans son rétroviseur la voiture qui allait lui entrer dedans arriver à toute
allure. Il s'est dit que s'en était fini de lui. Finalement il n'a pas eu grand chose. Aux urgences, on ne lui a
même pas fait de radio.
Pourtant quelques semaines après sont apparues des douleurs au niveau de la nuque, de l'épaule et du bras
gauche. Par moment, ces douleurs deviennent intenses. Monsieur S est alors envahi par l'idée qu'il va être
paralysé "d'abord le bras G puis tout le corps". Lors de ces crises monsieur S est envahis d'une angoisse
intense et pris de vomissements incoercibles.
Progressivement la douleur est devenue presque continuelle avec des paroxysme. Lorsque je vois monsieur S
il présente une crispation importante du bras G qui est très hypertonique. Il ne peut déplier son bras et il est
effectivement très gêné dans tous ses mouvements. Monsieur S est gaucher. Il ne peut donc plus ni écrire, ni
se raser, ni conduire. De toutes façon il supporte très mal d'être en voiture, et sursaute au moindre bruit.
Il est en arret de travail depuis plusieurs mois. Il parait négligé, a perdu une dizaine de kilos depuis l'accident.
Il dort mal, fait des cauchemars durant lesquels il revit l'accident.
Monsieur S est né en Algérie. Il a été rapatrié en France en 1962. Son père était militaire, il était très sévère,
violent. Monsieur S me dit avoir été hospitalisé une fois à la suite des coups infligés par son père. A l'hôpital
personne ne s'était inquiété. Il me dit également que son père a essayé de l' empêcher d'écrire avec la main
gauche en lui attachant le poignet autour du cou. J'apprend enfin que le père de monsieur S est décédé peu
avant l'accident. C'est monsieur S qui a trouvé le corps, comme le vieil homme était isolé, la mort était
survenue plusieurs jours auparavant, monsieur S a vomi. Après, il s'est souvent reproché d'avoir laissé son
père trop seul.