Traité des problèmes sociaux

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Transcript Traité des problèmes sociaux

Trois grandes traditions dans
l’analyse des problèmes sociaux
• Tradition objectiviste
• Tradition subjectiviste
• Tradition constructiviste
(Dorvil et Mayer, 2001a: 24-25)
• Tradition objectiviste:
– Analyse objective et quantitative
– Méthodologie "scientifique"
– Traitement statistiques des données
• Tradition subjectiviste:
– Qualification et dénonciation de l’événement
quand et comment naissent et s’affinent la définition, la
qualification et la classification des actes … la
désignation/stigmatisation des personnes impliquées…la
dénonciation et leur accusation
• Tradition constructiviste:
– Construction sociale: objet de multiples définitions
de la part de ceux qui les créent en étant à l’origine d’une
situation ou d’un comportement dérangeant; de la part de
ceux qui les subissent ou en pâtissent, comme aussi de la
part de ceux qui de l’extérieur les perçoivent, les étudiant
et, dans certains cas, les traitent …
Quelques approches ou perspectives théoriques
dans l’analyse des problèmes sociaux
• La perspective de la pathologie sociale
• La perspective fonctionnaliste
– Problèmes sociaux manifestes et latents
– Désorganisation sociale et comportement déviant
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•
•
•
Le culturalisme
es théories de l’ordre et du conflit
L’interactionnisme
Le constructivisme
La perspective de la pathologie sociale
(Dorvil et Mayer, 2001a: 59-65)
• Les problèmes sociaux sont associés à des violations d’un
ordre moral, soit à cause d’un héritage génétique déficient
ou encore d’une mauvaise éducation.
• Pistes de résolution: restaurer l’ordre moral
• Il est possible de corriger certains maux sociaux
(dégénérescence morale)
• Les causes se trouvent dans le mauvais fonctionnement des
parties du corps (social)
• Les imperfections de certains types d’individus
(ajustements défectueux dans les relations sociales sont à
l’origine des problèmes sociaux).
• L’individu malsain est vu comme la principale cause des
problèmes sociaux; c’est donc à son niveau qu’il faut
intervenir.
La perspective fonctionnaliste
(Dorvil et Mayer, 2001a: 65-69)
• La société comme un organisme vivant dont le tout et les parties sont
solidaires. Ces parties ont chacune sa fonction au sein du tout.
• Action sociale: caractères d’un système. Il est complexe parce que le
jeu des facteurs et des variables est multiple et varié. Par exemple: la
subjectivité des acteurs engagés dans la poursuite de buts.
• Quatre besoins remplies pour que le système existe, se maintienne et
se transforme: l’adaptation, la poursuite des buts, l’intégration et la
gestion des tensions.
• Les fonctionnalistes reconnaissent que les problèmes sociaux
présentent un aspect objectif (la situation problème) et un aspect
subjectif (les perceptions et les jugements des membres de la
société).
• Selon cette approche un problème social survient lorsque l’équilibre
social est menacé par les comportements, les croyances ou les
activités d’un groupe de personnes, lesquels s’écartent des valeurs et
des sentiments collectifs partagés par les membres de la société.
• Le chercheur peut déterminer objectivement ces menaces et doit
trouver des solutions.
Problèmes sociaux manifestes et latents
• Les problèmes sociaux manifestes sont ceux
qui sont généralement reconnus comme des
problèmes.
• Les problèmes sociaux latents sont des
conditions qui ne sont pas largement
identifiées comme problèmes, bien qu’en fait
elles soient en désaccord avec les intérêts et
les valeurs des gens.
– Les chercheurs ont pour fonction de formuler une
évaluation plus objective (Dorvil et Mayer, 2001a: 17-18)
Deux classes de problèmes sociaux: la désorganisation
sociale et le comportement déviant (Dorvil et Mayer, 2001a: 69-72)
• Désorganisation sociale: la structure sociale ne
fonctionne pas comme elle le devrait parce qu’une
quelconque condition empêche l’atteint des valeur et
des buts collectifs: problèmes de communications
entre membres; incompatibilité entre les valeurs et les
intérêts de différents groupes; problèmes dans les
processus de socialisation; demandes contradictoires
de la parts de membres ayant des statuts
occupationnels différents.
• La désorganisation sociale traduit le mauvais
fonctionnement d’un système social donné ou
l’incapacité de ce système à atteindre ses objectifs.
• L’accent sur la non-conformité par rapport aux rôles
Deux classes de problèmes sociaux: la désorganisation
sociale et le comportement déviant (Dorvil et Mayer, 2001a: 69-72)
• Comportement déviant: relié aux normes qui
sont socialement définies comme appropriées et
moralement acceptables par les membres.
A) Écart entre les buts et les aspirations qu’une
société propose aux individus et les moyens
légitimes auxquels ceux-ci ont accès pour les
atteindre.
B) Conséquence inattendue de normes
nouvellement institutionnalisées
• L’accent sur la non-conformité par rapport aux
normes
• Dans l’ensemble, les approches
fonctionnalistes (désorganisation sociale et
comportement déviant) sont plutôt
objectivistes dans la mesure où elles mettent
l’accent sur les « conditions problématiques »
qui affectent le fonctionnement des individus
et des groupes plutôt que les « processus par
lesquels une société en vient à les
reconnaître.»
L’approche culturaliste
• Les conflits de valeurs: une diversité et une
hétérogénéité de valeurs qui aboutit à des
divergences qui sont sources de problèmes
sociaux.
– Utilisée pour expliquer la délinquance juvénile,
l’homosexualité, la pauvreté.
«La représentation sociologique des problèmes sociaux centrée
sur l’existence d’une mosaïque de groupes de personnes non
conformes, à risque, dangereux ou en danger laisse peu de place
à l’analyse des transformations sociétales, transversales et liantes
lorsqu’il s’agit de penser ce qui « pose problème » aujourd’hui.
En outre, elle véhicule la perception que certaines
défavorisations, différences et comportements sont l’apanage de
certaines catégories ou de certains groupes de personnes et
consécutivement, que la psychologie, la psychiatrie, la
psychoéducation, ou encore le travail social ou la criminologie
cliniques sont les disciplines toutes désignées pour comprendre,
gérer et régler les problèmes sociaux. La remise en question de
ce regard populationnel, substantialiste, psychologisant et,
parfois, franchement folklorisant, relance le débat sur liens entre
socialité ordinaire et problèmes sociaux qu’il s’agit selon nous
d’actualiser. » (Otero, 2012)
Les théories de l’ordre et du conflit
(Dorvil et Mayer, 2001a: 72-74)
• Le modèle de l’ordre: la société comme un
système d’actions unifié par une culture
commune, l’ordre social étant assuré par la
stabilité normative du système social et par ses
valeurs jugées légitimes. Les membres du groupe
social déterminent les situations qui seront
définies comme insatisfaisantes ainsi que les
comportements qui seront jugés anormaux ou
déviants. De tels comportements indiquent
l’incapacité de l’individu à remplir ses rôles
sociaux.
Les théories de l’ordre et du conflit
(Dorvil et Mayer, 2001a: 72-74)
• Le modèle du conflit: la société comme un lieu
de conflits politiques continuels entre des
groupes ayant des objectifs sociaux différents et
une vision du monde opposée. Faible attention
aux caractéristiques des individus, car, la nature
humaine est déterminée par ses conditions
historiques, économiques et sociales. Les
problèmes sociaux sont la manifestation de
l’incapacité de la société à satisfaire ses besoins
nouveaux et ceux des collectivités qui découle de
l’existence de l’exploitation et du contrôle social
par une minorité
L’approche féministe
• Les problèmes des femmes sont d’abord et
avant tout des problèmes sociaux, puisque
ceux-ci sont issus de conditions de vie
aliénantes engendrées par des rapports de
sexes inégaux
(Dorvil et Mayer, 2001a: 20)
L’interactionnisme: les problèmes sociaux comme
comportements collectifs
• Les définitions socialement acceptées des
problèmes sociaux sont subjectives. Pourquoi
et sous quelles conditions certains actes et
certaines situations en viennent à être définis
ou jugés problématiques
• Pour l’interactionnisme « ce qu’il importe de
découvrir par l’analyse des problèmes sociaux,
ce sont les forces sociales qui sont
productrices de sens» (Dorvil et Mayer, 2001a: 19)
L’interactionnisme: les problèmes sociaux comme
comportements collectifs (Blumer, 2004)
• L’interactionnisme symbolique repose
principalement sur trois propositions:
– L’être humain agit sur les choses à partir des
significations que ces choses ont pour lui;
– Le sens de ces choses dérive de l’interaction
sociale qu’il a avec elles;
– Ces significations se modifient à traves un
processus d’interprétation développé entre pairs.
• Donc, l’importance du sens lié aux
expériences collectives
L’interactionnisme: les problèmes sociaux comme
comportements collectifs (Blumer, 2004)
• Les problèmes sociaux n’existent pas de manière
objective ou figée, indépendamment des
définitions qu’en donnent divers groupes sociaux
(Riot, présentation).
• «Ma thèse est que les problèmes sociaux
n’existent pas, en eux-mêmes, comme un
ensemble de conditions sociales objectives, mais
qu’ils sont fondamentalement les produits d’un
processus de définition collective» (Blumer, 2004)
L’interactionnisme: les problèmes sociaux comme
comportements collectifs (Blumer, 2004)
• L’existence supposée objective des problèmes
sociaux paraît secondaire. Un sociologue peut
remarquer ce qu’il croit être un élément néfaste
pour la société, mais la société peut tout à fait
ignorer la présence de cet élément. Un tel
élément n’existe pas comme problème social
pour la société par le simple fait de son
identification objective par le sociologue.
• Il est nécessaire d’étudier le processus par lequel
une société en vient à reconnaître, définir et
traiter ses problèmes sociaux.
L’interactionnisme: les problèmes sociaux comme
comportements collectifs (Blumer, 2004)
• Un problème social est en effet toujours un point
d’attention sur lequel interviennent des intérêts
divergents et conflictuels, des projet et des
objectifs variés. C’est l’interaction de ces intérêts
et des ces projets qui constitue la façon dont une
société s’occupe de chacun de ses problèmes
sociaux.
• Les problèmes sociaux doivent être considérés
comme les produits d’un processus de définition
collective.
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L’interactionnisme: les problèmes sociaux comme
comportements collectifs (Blumer, 2004)
Cinq étapes du processus:
L’émergence du problème social: progressivement
identifié et désigné
La légitimation de ce problème: appuis solides et
influents
La mobilisation de l’action: objet de discussion, de
controverse, de descriptions divergentes
La formation d’un plan d’action officiel pour le traiter:
définition officielle du problème, façon dont la société
a perçu et cherche à traiter le problème
La transformation de ce plan dans sa mise en œuvre
concrète: modifié, déformé, refaçonné; nouveau
processus de définition collective
Le constructivisme (Dorvil et Mayer, 2001a: 22)
• Plus en continuité qu’en rupture avec le courant
interactionniste, les constructivistes mettent l’accent sur
le processus de construction sociale des problèmes
sociaux.
• Résultat des démarches d’individus ou de groupes
concernant des demandes de modifications de certaines
conditions sociales.
• L’accent est mis uniquement sur les processus de
construction subjective des problèmes sociaux ,
abandonnant ainsi l’idée selon laquelle les problèmes
sociaux correspondent à des conditions objectives
empiriquement vérifiables.
• Le problème social est posé comme une revendication,
le plus souvent basée sur l’énoncé d’un droit particulier.
Le constructivisme (Dorvil et Mayer, 2001a: 111-134)
• En service social, l’identification d’un problème
social apparaît souvent comme un geste
relativement simple, évident et objectif; mais
c’est précisément cette évidence, cette
supposée simplicité dans le processus de
définition d’un problème social que le
constructivisme remet en question (Zuniga, dans
Dorvil et Mayer, 2001a).
Le constructivisme (Dorvil et Mayer, 2001a: 111-134)
• Étapes de l’analyse constructiviste:
1. Des individus ou des groupes définissent une
situation comme problématique
2. Ces revendications sont approuvées par une agence
gouvernementale ou par une institution officielle
influente
3. Les groupes considèrent que la réponse donnée par
les pouvoirs publics n’est pas adéquate ou suffisante
4. Le groupe se dit profondément insatisfait et tentent
d’appliquer des solutions différentes (remise en
question de la légitimité des institutions)
Le champ des problèmes sociaux
• Le problème social suppose une certaine
conception de la réalité sociale et il renvoi à
un jugement de valeur, c’est-à-dire à des
normes collectives : en distinguant les diverses
modalités de ces deux dimensions solidaires,
on arriverait à repérer les articulations du
champ commun où les problèmes, si
disparates soient-ils à première vue, seraient
autant de sous-produits d’une
problématisation généralisée de la réalité
sociale (Dumont, 1999: 2-3).
Conceptions du social
Positions de la norme
Critères d’anormalité
Organique
Ordre social
Contrôle social Partage
FONCTIONS
LOIS
VALEURS
ÉGALITÉ FACULTÉ DE
CONTRIBUER
Anomie
Inégalité
Dysfonctionnalité Délit
Participation
Exclusion
Chacune met un accent spécifique sur les façons de
concevoir les autres niveaux
Les nécessités de régulation sont
prioritaires dans la vision fonctionnelle
des choses; on portera une attention
particulière à l’ordre social et à ses
garants juridiques, aux valeurs
conservatrices du contrôle social, à la
justification de certaines formes
d’inégalité …
Chacune met un accent spécifique sur les façons de
concevoir les autres niveaux
La participation étant privilégiée,
s’ensuivent la réduction des inégalités, le
pluralisme des valeurs dans les modalités
du contrôle social, la souplesse de l’ordre
social plutôt que son maintien rigide …
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BLUMER, Herbert (2004). «Les problèmes sociaux comme comportements
collectifs», Politix, volume 17, numéro 67, p. 185-199, [En ligne]
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_02952319_2004_num_17_67_1630
DORVIL, Henri et Robert MAYER (dir.) (2001a). Problèmes sociaux, Tomme I,
Théories et méthodologies, Sainte-Foy, PUQ, 592 p.
DORVIL, Henri et Robert MAYER (dir.) (2001b). Problèmes sociaux, Tomme II,
Études de cas et interventions sociales, Sainte-Foy, PUQ, 679 p.
DUMONT, Fernand, Simon Langlois et Yves Martin (dir.) (1999). Traité des
problèmes sociaux, Québec, IQRC, 1164 p.
OTERO, Marcelo (2012). « Repenser les problèmes sociaux », SociologieS [En
ligne], Théories et recherches, mis en ligne le 15 novembre 2012, consulté le 07
février 2013. URL : http://sociologies.revues.org/4145