Comprendre et évaluer le CDI et le travail des enseignants

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Transcript Comprendre et évaluer le CDI et le travail des enseignants

Comprendre et évaluer le CDI et le travail
des enseignants documentalistes :
une formation pour les cadres scolaires à
leur mesure
Mireille Lamouroux
Vice-présidente de l’ADBS, en charge de l’action internationale
Congrès des milieux documentaires, Montréal - 4 novembre 2010
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Plan de l’intervention
1- Quel positionnement du professeur documentaliste dans un
environnement en mutation ?
Les usages et pratiques des jeunes
A l’école
Les usages et pratiques des enseignants
Evolution du métier de professeur documentaliste
Inquiétudes
2- Comment l’encadrement prend-il en compte l’évolution de la
documentation scolaire ?
L’inspecteur territorial vie scolaire. Ses missions
Une formation innovante à sa mesure
Les principaux objectifs visés
Bilan
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Un environnement en mutation
Les usages et pratiques des jeunes
- Branchés mais pas forcément gros utilisateurs
ils sont tous bien équipés
ils naviguent tous sur Internet
ils passent en moyenne 2 heures par jour sur le Net
MAIS ils sont souvent connectés à Internet sans l’utiliser
- Les réseaux sociaux avant tout
Leur utilisation prédominante est la communication
Leurs trois sites préférés sont Facebook, YouTube, MSN
- La vidéo en tête
L’activité la plus commune
L’écoute de la musique est l’activité pratiquée le plus fréquemment
- Une certaine conscience des dangers
Google certes mais pas au hasard
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Un environnement en mutation
Les usages et pratiques des jeunes à l’école
- L’activité la plus utilisée avec les enseignants en classe est la recherche
d’information (70,6%)
- Les jeunes ne sont pas satisfaits de leur utilisation d’Internet à l’école
- Pour l’aide aux devoirs, Internet est utilisé par 74,4% des jeunes mais en
majorité de façon occasionnelle
- La quasi-totalité des élèves (95%) utilisent internet en dehors des heures
de classe pour leur travail scolaire et un quart d’entre eux l’utilisent à la
médiathèque municipale
- Ils se déclarent satisfaits voire très satisfaits de leur niveau de maîtrise en
TICE qu’ils jugent excellent pour un quart d’entre eux.
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Un environnement en mutation
Les usages et pratiques des enseignants
- Aujourd’hui, l’usage des TICE en classe semble globalement répandu
avec la quasi-totalité des enseignants qui les utilisent « d’une façon ou
d’une autre »
- Si l’usage des TIC s’est généralisé (80% des enseignants déclarent les
utiliser parfois en présence d’élèves), ils ne sont que 64% à faire manipuler
les outils par les élèves
- Pour eux, les TIC servent d’abord à aller chercher des informations
- La principale compétence liée à l’usage des TICE est par conséquent de
savoir chercher
- L’accès à la diversité des ressources documentaires est un des facteurs
premiers qui les encouragent à utiliser les TIC
- Par contre, l’intérêt pour des usages suggérés par des sites
institutionnels (Educnet, INRP, CNDP…) vient en dernier
Source : Dossiers Evaluations et statistiques, octobre 2010, n° 197 – (MEN)
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Un environnement en mutation
Les usages et pratiques des élèves et des enseignants
« Il est très difficile d’évaluer l’impact des TIC sur
l’amélioration des performances des élèves… Il est
évident que l’introduction inévitable de ces technologies
dans l’école a et aura un impact sur l’enseignement et
l’apprentissage des élèves. Elle interroge l’Ecole au
niveau de l’organisation…mais aussi au niveau de la
relation : on peut se demander si ce n’est plus le
savoir lui-même qui est essentiel mais bien l’habileté
à trier et à décoder »
Extrait de la conclusion au dossier « Comment apprennent les élèves ? »,
revue Administration et éducation, 2010, n° 126
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Un environnement en mutation
Evolution du métier de professeur documentaliste
- Comme les autres professionnels de l’information, il voit son travail de
gestion d’un centre de ressources transformé par le développement du
numérique qui place ses missions au cœur de nouvelles problématiques
- Une mission essentielle de « facilitateur » d’accès à l’information qu’il
exerce parallèlement à celle de passeur d’info-savoirs et d’infos-valeurs
dans un environnement en mutation
- C’est sur la base de cette polyvalence qu’il essaye d’établir sa stratégie
professionnelle
- L’objectif principal reste celui qui a fondé la création de la documentation
scolaire : former des élèves citoyens
- Les réflexions, discours et rapports récents convergent sur ce point fort :
faire de la culture de l’information un des axes à privilégier face aux enjeux
sociaux de demain. C’est un enjeu majeur pour le CDI
- la compétence « innover » associée à « se former » figure parmi les dix
compétences professionnelles que doivent désormais acquérir tous les
professeurs, documentalistes et conseillers principaux d’éducation pour
l’exercice de leur métier
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Un environnement en mutation
Evolution du métier de professeur documentaliste
Nouvelles compétences
- la compétence « innover » associée à « se former » figure parmi les dix
compétences professionnelles que doivent désormais acquérir tous les
professeurs, documentalistes et conseillers principaux d’éducation pour
l’exercice de leur métier
- les réformes successives du CAPES de documentation ont
« rationnalisé » le recrutement des professeurs documentalistes et pris acte
de la nécessité de poursuivre la professionnalisation du métier
Inquiétudes
- La pédagogie du travail sur documents initiée dans les CDI dans les
années 80 n’est plus l’apanage des seuls documentalistes
- l’introduction du numérique dans les CDI ne va pas de soi
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La prise en compte par l’encadrement de
l’évolution de la documentation scolaire
L’Inspecteur territorial vie scolaire. Ses missions
« Avant l’acte d’inspecter, faire évoluer les pratiques des enseignants » :
c’est ainsi qu’il envisage son métier
- L’inspection n’est qu’une des quatre missions prioritaires qui lui est
dévolue
- Par son autre mission d’impulsion et d’animation, il suscite la réflexion
éducative et pédagogique
- Sa mission de formation le conduit à favoriser l’existence d’une réflexion
prospective
- Son expertise spécifique porte en l’occurrence sur la politique
documentaire de l’établissement
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La prise en compte par l’encadrement de
l’évolution de la documentation scolaire
Une formation à leur mesure
Une action de formation très novatrice a été proposée à ces derniers
début janvier 2009, conjointement par l’Inspection générale vie scolaire
et l’Ecole supérieure de l’Education nationale, avec l’objectif :
- de compléter leurs connaissances en leur apportant une vision
globale et actualisée du monde de l’information-documentation
dans ses principaux aspects ;
- de constituer un réseau d’inspecteurs experts à l’échelon
national ;
- de rendre visibles ces compétences acquises en leur proposant
de les conduire à une reconnaissance d’une qualification
spécialisée.
Ce dernier point a été rendu possible grâce au partenariat avec l’ADBS
qui gère le dispositif français de l’euro-certification des professionnels
de l’information-documentation, dont elle est à l’origine.
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La prise en compte par l’encadrement de
l’évolution de la documentation scolaire
Une formation à leur mesure
Le format choisi pour la formation a été celui de deux séminaires distincts
dans l’année, aux mois de mars et septembre 2009, à raison de quatre
jours intensifs par séminaire, pour un groupe d’une vingtaine de stagiaires.
La formation a été reconduite en 2010 avec un nouveau programme.
Au total, une centaine d’heures de formation ont été dispensées sous la
forme de conférences-débats et de quelques ateliers.
L’ensemble des ressources, enregistrements vidéo des intervenants et leurs
supports complétés des bibliographies, sont mises à disposition des
stagiaires sur l’intranet de l’ESEN qui accueillait la formation.
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L’Eurocertification des compétences en
information et documentation
- Le dispositif CERTIDoc sert à certifier un niveau de qualification des
professionnels en information et documentation
- Développé au niveau européen depuis cinq ans grâce au soutien
de la Commission européenne, il vise à faciliter la mobilité
professionnelle en faisant reconnaître le professionnalisme.
- La certification est délivrée sur la base de l’Euroréférentiel qui
définit les exigences en matière de fonctionnement ainsi que celles
relatives aux compétences des candidats
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L’Eurocertification des compétences en
information et documentation
L’Euroréférentiel dispose d’une grille d’analyse commune pour
caractériser un ensemble de compétences de base partagées
par les différents métiers des archivistes, bibliothécaires et
documentalistes :
- la maîtrise des technologies de l’information dans leurs usages
- l’écoute et la compréhension des besoins des utilisateurs
- le savoir faire en matière de médiation et de relation
- l’aptitude à sélectionner des sources pertinentes
- l’aptitude à structurer, synthétiser et ordonner l’information
- les connaissances pédagogiques et le transfert de savoir faire
- l’animation et la coordination de projets
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L’Eurocertification des compétences en
information et documentation
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
Les compétences sont regroupées selon la nature du travail, distinguées
par domaine et classées selon le degré de difficulté. Chaque domaine est
défini à travers des exemples d’activités représentatives.
L’Euroréférentiel identifie également des aptitudes principales ou reconnues
pour leur utilité.
Il permet donc de couvrir tous les métiers de l’information-documentation
(groupe 2622 de la classification des professions CITP 08 du Bureau
international du travail).
L’Eurocertification est organisée selon les règles de la norme ISO/CEI
17024 : 2003 spécifiant les exigences relatives à la certification des
personnes.
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L’Eurocertification des compétences en
information et documentation
La certification est effectuée à quatre niveaux de qualification :
- niveau 1 : assistant en I&D (niveau de base)
- niveau 2 : technicien en I&D (maîtrise des outils)
- niveau 3 : manager en I&D (interprétation et transposition des situations)
- niveau 4 : expert en I&D (conception de systèmes nouveaux)
Le processus d’évaluation s’appuie sur la fourniture par le candidat d’un
dossier comportant une autoévaluation, une justification des
positionnements et un portefeuille de preuves.
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Aperçu de la totalité du programme regroupé
autour des principaux axes thématiques :
1- La documentation dans la société de l’information. Grands enjeux
- L’information-documentation-connaissance
- Introduction à l’antiquité d’internet
- Critique de la raison numérique
- L’internet de demain
- L’avenir du livre
2- Le monde des archives, des bibliothèques et de la documentation
- Le concept d’archivage
- Grands programmes de numérisation
- Panorama des politiques documentaires françaises et étrangères
- Panorama actuel des bibliothèques
- Histoire de la documentation
- Réseaux européens et internationaux des bibliothèques et de la
documentation
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Aperçu de la totalité du programme regroupé
autour des principaux axes thématiques :
3- Gestion de l’information
- Management de l’information
- Valorisation des ressources
- Conception de bases de données
- Evolution du mode d’organisation des connaissances
- Les index
- Les langages documentaires aujourd’hui
- Normalisation et documentation
- Consortia d’acquisition de ressources électroniques
- Services de références
- Coopération et partenariat
- Droit d’auteur
- Creative commons
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Aperçu de la totalité du programme regroupé
autour des principaux axes thématiques :
4- Professionnalisation des documentalistes
- Ancrage des savoirs en sciences de l’information
- Déontologie des professionnels
- Innovation et documentation
- Nouveaux masters SIC et préparation au CAPES de documentation
5- Espaces documentaires
- Espaces ados en bibliothèques
- Repenser les espaces documentaires des établissements scolaires
- Projet de Learning Center à l’université de Poitiers
- Du CDI au Learning Center
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Aperçu de la totalité du programme regroupé
autour des principaux axes thématiques :
6- Culture de l’information
- Concepts de base
- Cultures et culture de l’information : développement de la voie citoyenne
de l’Information literacy
- Pédagogie de la maîtrise de l’information
- Education aux médias
- Compétences documentaires
- Lecture numérique
- Evaluation de l’information
- Recherche informatisée sur les réseaux
- Pratiques informationnelles des étudiants à l’ère de Google
- Pratiques informationnelles ordinaires des ados sur le web
- Wikipédia, l’encyclopédie démocratique
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Aperçu de la totalité du programme regroupé
autour des principaux axes thématiques :
Ateliers
- Recherche documentaire
- Présentation de bases de données
- Blogs, fils RSS- Créer un site web
- Organiser sa messagerie
- l’Ipad
- Evaluation de l’information
- Espaces documentaires
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Les principaux objectifs visés
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Exercer un regard critique sur le sens du développement de l’Internet dans
la société et à l’école
Connaître et comprendre les enjeux du numérique pour la documentation et
les bibliothèques
Réfléchir au concept d’archive, ses principes, son sens au 21è siècle et son
utilité
Optimiser la gestion de l’information dans ses différentes dimensions en
utilisant notamment les outils adéquats
Situer la diversité des modes d’indexation dans l’histoire et aujourd’hui
Réfléchir à une stratégie mutuelle d’accès aux ressources électroniques
Inciter à exploiter et adapter le concept de service de référence en milieu
scolaire
Questionner l’interaction CDI / autres établissements des réseaux locaux
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Les principaux objectifs visés
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Connaître et analyser les défis juridiques auxquels sont confrontés les
centres de ressources face à la complexification des règles du droit d’auteur
Maîtriser l’information à travers sa terminologie : vérifier sa connaissance
des concepts de base et la typologie des données informationnelles
Faire le point sur la formation à la maîtrise de l’information aujourd’hui :
changements majeurs, mouvements en cours, questions persistantes
Comprendre l’acquisition des compétences documentaires (lecture,
recherche documentaire) grâce aux travaux de recherche en psychologie
cognitive
Repenser l’espace informationnel et spatial du centre de ressources avec la
composante du numérique
Viser à renforcer l’ancrage théorique de la formation des professeurs
documentalistes
Réfléchir aux valeurs et principes communs aux professionnels de
l’information
Interroger la profession en bousculant des certitudes
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Le bilan
Le bilan est plus que positif
La certification des compétences individuelles en information-documentation ne
s’est pas imposée : deux stagiaires « eurocertifiés » au niveau expert
Mais, un grand intérêt a été porté aux outils du dispositif : le « Référentiel
métiers » et « l’Euroréférentiel des compétences »
Les inspecteurs ont apprécié notamment :
- des perspectives concrètes et des pistes de travail avec les chefs d’établissement, les documentalistes
et les conseillers principaux d’éducation
- des présentations transférables au niveau d’un plan de formation
- la perspective de collaborations multiples et diverses
- une meilleure connaissance de l’organisation des professionnels et des espaces de réflexion
- une meilleure connaissance des pratiques de référence
- une vision « intégrée » de la documentation en contexte scolaire à partir d’une vision globale
- une analyse « critique » des fonctionnements visant l’optimisation des moyens et de l’organisation
- le renforcement des concepts théoriques en relation avec le métier de professeur documentaliste
- l’intervention de professionnels venant expliquer leurs pratiques
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Conclusion
Submergé d’innovations tant techniques que conceptuelles, le professeur
documentaliste est surtout questionné par des utilisateurs – et les nonutilisateurs – devenus autonomes et « empiriques ». « Son avenir dépendra en
grande partie de la manière dont il communiquera sur son travail et sur son
rôle », mais aussi sur la manière dont il participera à la révolution annoncée de
l’apprentissage.
Le professeur documentaliste, personnage clé du développement scolaire à
l’ère du numérique ? Celui qui saura réconcilier des modes d’apprentissage qui
ont fait leurs preuves, avec les TIC : l’acquisition des capacités intellectuelles
classiques de « mettre en relation, déduire, inférer, comprendre les étapes
d’une procédure… », à l’origine des modes de pensée fondamentaux qui « font
la différence » aussi dans l’usage des réseaux ?
Oui, incontestablement si on considère qu’il est le mieux placé pour transmettre
la culture qui permettra de vivre dans l’éco-système numérique de demain, une
culture qui développe « la créativité, la construction collective de connaissances
et l’adaptabilité », toutes compétences nécessaires au citoyen du 21è siècle.
Une mission que sa hiérarchie, acquise d’avance à la cause, ne peut
qu’encourager.
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