Monastir, 18 Avril 2013 Chez le sujet âgé
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Transcript Monastir, 18 Avril 2013 Chez le sujet âgé
Dysthyroïdies du sujet âgé
Dr Ben Salem Hachmi Leïla
Professeur Agrégé en Endocrinologie
Faculté de médecine de Tunis
Institut National de Nutrition
Monastir, 18 Avril 2013
Chez le sujet âgé:
Interprétation du bilan thyroïdien difficile:
changements physiologiques de la fonction thyroïdienne,
maladies chroniques,
polymédication
Les dysthyroïdies sont fréquentes
S’associent à une morbidité importante si non traitées.
Symptômes classiques souvent absents ou négligés.
Diagnostic difficile.
La prise en charge reste controversée.
Plan
Changements physiologiques de la fonction
thyroïdienne
Hypothyroïdie du sujet âgé
Hyperthyroïdie du sujet âgé
Les dysthyroïdies iatrogènes
Thyroïde du sujet âgé
Modifications anatomiques
Modifications fonctionnelles
Modifications anatomiques
Volume
Le volume de la thyroïde augmente un peu
avec l’âge.
Prévalence du goitre après 70 ans
Femmes
54,2%
Hommes
26,5%
Modifications anatomiques
Nodularité
La nodularité (formation de nodules) est une
caractéristique majeure du vieillissement de la
thyroïde
Séries autopsiques : 90 % femmes > 70 ans
60 % hommes > 80 ans
Sa prévalence varie selon le statut iodé de la
région étudiée et la sensibilité des techniques de
détection.
Modifications anatomiques
Nodularité
Prévalence des nodules
(ultrasons de haute fréquence/2mm)
Nodules
Diamètre > 5 mm
>60 ans
76%
40%
<40 ans
42%
12%
Modifications anatomiques
Histologie
Augmentation du nombre de microfollicules avec
hétérogénéité fonctionnelle
Dilatation des follicules avec kystes colloïdes
Fibrose
Infiltration lymphocytaire
Augmentation du nombre de nodules
Régulation
Plan
Changements physiologiques de la fonction
thyroïdienne
Hypothyroïdie du sujet âgé
Hyperthyroïdie du sujet âgé
Les dysthyroïdies iatrogènes
Dysthyroïdies du sujet âgé
Hypothyroïdie du sujet âgé
Hypothyroïdie
La plus fréquente des endocrinopathies
Multiplicité des organes cibles
Diagnostic tardif:
sujet âgé++ (dépression, anémie…)
Diagnostic est facile
Traitement est simple
Définition de l’hypothyroïdie
Niveau d’atteinte
Primaire
ou
périphérique
Secondaire
ou
centrale
Organe
atteint
FT4
TSH
Thyroïde
↑↑↑
Hypophyse ou
hypothalamus
ou
normale
Définition de l’hypothyroïdie
Sévérité de l’atteinte
FT4
TSH
Patente
> 10 mU/l
Fruste
ou
infra clinique
Normale
4 – 10 mU/l
Epidémiologie
2 à 3 fois plus fréquente chez la femme
Incidence augmente avec l’âge
Hypothyroïdie périphérique >>>>> centrale
Epidémiologie
Patente
< 60 ans
SUVIMAX
> 60 ans
Fruste
Hommes
Femmes
Hommes
Femmes
0.2%
0.4 à 0.7%
4%
7 à 11%
1 à 10%
1 à 15%
Hypothyroïdie: Symptômes
Myxoedème
Infiltration de la peau et des muqueuses par une
substance mucopolysaccharidique
Visage : faciès bouffi
Langue: macroglossie
Mains, pieds: signe de la bague
Cordes vocales : voix rauque, grave
Conduit auditif: hypoacousie
Canal carpien
Prise de poids
Avant traitement
Après traitement
Hypothyroïdie: Symptômes
Ralentissement physique, psychique et intellectuel
Ralentissement
psychomoteur :
Asthénie, état d’indifférence, ralentissement intellectuel
Frilosité
Constipation
Sécheresse de la peau: froide et écailleuse, teint
caroténémique
Bradycardie
Cheveux fins et secs, dépilation (queue du sourcil)
Crampes
Signes cliniques chez le sujet âgé
Signes cliniques chez le sujet âgé
Signes cliniques chez le sujet âgé
Signes cliniques chez le sujet âgé
Signes cliniques de l’hypothyroïde
chez le sujet âgé
1- Fréquence des signes neuro-psychiques
Apathie
Diminution des fonctions cognitives
Dépression, Confusion
Troubles de l’équilibre (par ataxie cérebelleuse)
Syndrome du canal carpien
2- Peut s’y associer:
une myopathie (proximale): troubles de la déglutition
Epanchement pleuro-péricardique
Hypothyroïdie: Biologie
Hypercholestérolémie
Hyponatrémie
Une anémie
Une élévations des CPK
Etiologies de l’hypothyroïdie
1- Les thyroïdites chroniques
auto-immunes
Femme++
Goitre ferme: thyroïdite de Hashimoto
Pas de goitre: thyroïdite atrophique
Marqueurs de l’autoimmunité:
Anticorps anti-thyroperoxydase
(ATPO++, sujet âgé)
Possibilité d’association à d’autres maladies auto
immunes
2- Hypothyroïdie secondaire
au traitement d’une hyperthyroïdie
Iode radioactif
Chirurgie
Antithyroïdiens de synthèse (transitoire)
3- Autres causes
Chirurgie pour cause carcinologique
Séquelles de radiothérapie cervicale ou
thoracique
Effets secondaires médicamenteux : lithium,
médicaments contenant de l’iode
(amiodarone, etc.).
Etiologies des hypothyroïdies
(>55ans)
Etiologies
Prévalence
Thyroïdite auto immune
47%
Post opératoire
27%
Post Iode Radioactif
10%
Traitement de l’hypothyroïdie
Sujet âgé
L-thyroxine
Traitement doit être institué rapidement mais
très progressivement++
L’objectif n’est pas de normaliser la TSH
Traitement de l’hypothyroïdie
Sujet âgé
Dose définitive 1 à 1,5µg/kg/j), matin à jeun
Dose de début ≈ 25µg/j
Augmentation par palier de 12,5 à 25 µg
Paliers plus longs : 1 mois
Cardiopathie sous jacente:
doses plus faibles (12,5µg/j)
association de bêta bloquants.
ECG avant augmentation de la dose
Traitement de l’hypothyroïdie
Sujet âgé
Surveillance de la tolérance cardiaque ++++
ECG avant toute augmentation de la dose
Traitement de l’hypothyroïdie
Sujet âgé - Surveillance
TSH ++
Premier contrôle: pas avant 6 semaines
Une fois contrôlée: TSH tous les 6 à 12 mois
Objectifs: TSH ≈ 2 µU/l??/ 1-4 µU/l
Traitement de l’hypothyroïdie
Sujet âgé - Surveillance
Au cours de l’évolution: la dose peut varier
Si TSH persiste
↑ ↑ ↑
Vérifier la compliance
Penser aux traitements pouvant diminuer
l’absorption de la LT4 ou augmenter son
métabolisme hépatique
Hypothyroïdie fruste
L’hypothyroïdie fruste est définie par un taux de
TSH > 4 µUI/l, confirmé par un deuxième
dosage à 1 mois, sans anomalie de la
concentration de la FT4
Faut-il traiter?
Le risque absolu d’évolution vers
l’hypothyroïdie patente dans la population
générale est estimé à 5 % par an lorsque les
ATPO sont positifs et jusqu’à 80 % à 4 ans
dans une population âgée de plus de 65 ans.
Critères de traitement
Si TSH > 10 µU/l
Si TSH < 10 µU/l : beaucoup de controverse
1-ATPO positifs
2-Signes cliniques (dépression +++)
3-Goitre
Plan
Changements physiologiques de la fonction
thyroïdienne
Hypothyroïdie du sujet âgé
Hyperthyroïdie du sujet âgé
Les dysthyroïdies iatrogènes
Epidémiologie
L'hyperthyroïdie est fréquente
1 à 2 % de la population
Large prédominance dans le sexe féminin
(sex ratio : 1/8)
Hyperthyroïdie du sujet âgé
Clinique
Signes cliniques moins marqués, moins
nombreux, peu spécifiques.
Parfois patients asymptomatiques
Hyperthyroïdie du sujet âgé
Clinique
Nervosité,
Thermophobie,
Hypersudation,
Palpitations
Rares
↓ Activité du système sympathique
chez le sujet âgé
Hyperthyroïdie du sujet âgé
Clinique
Amaigrissement mais Anorexie (>30%)
Fonte musculaire+++
Diarrhée remplacée souvent par une
constipation
Tremblement, rarement fin,
interprétation difficile++
Hyperthyroïdie du sujet âgé
Atteinte cardiovasculaire +++
ACFA (risque embolique)
Apparition, aggravation d’une coronaropathie
Insuffisance cardiaque gauche ou globale
(40 à 60%): Débit élevé
Résistante au traitement habituel
Troubles de la conduction ou de la repolarisation
Hyperthyroïdie du sujet âgé
Atteinte cardiovasculaire +++
Apparition ou aggravation d’une insuffisance
cardiaque chez un sujet âgé
dosage de la TSH
Peut être le seul signe révélateur
Les complications cardiovasculaires: principale
cause de décès
Hyperthyroïdie du sujet âgé
Cerveau
Troubles mnésiques
Confusion avec hallucinations
Dépression
Apathie
Hyperthyroïdie du sujet âgé
Atteinte musculaire
Asthénie majorée par l’effort
Fatigabilité
Amyotrophie (racines, signes du tabouret)
Perte de l’autonomie/ Risque de « grabatisation »
L’atteinte musculaire peut toucher la motricité
laryngo-pharyngée
Dysphonie, dysphagie, troubles de la déglutition
Diagnostic différentiel: néoplasie
Signes cliniques de l’hyperthyroïdie
Hyperthyroïdie du sujet âgé
Palpation de la thyroïde
Souvent difficile (cyphose dorsale)
Goitre plongent, rétro stérnal
Principales étiologies des hyperthyroïdies
La maladie de Basedow (60 à 80%, 2–4ème décade)
Adénome toxique
Goitre multi nodulaire toxique
Surcharge iodée
Thyroïdites (post-partum++)
(Sujet plus âgé)
Principales étiologies des hyperthyroïdies
Sujet âgé
Causes
Goitre multi nodulaire toxique
Prévalences
23 – 52%
Surcharge iodée
36 – 37%
La maladie de Basedow
18 – 33%
Adénome toxique
7 – 18%
Thyroïdites
Exceptionnelles
Goitre multinodulaire
(GMNT)
toxique
GMNT
L'évolution naturelle des goitres multinodulaires
anciens
Sur 12ans de suivi, incidence de 9-10%
d’hyperthyroïdie chez des patients avec un GMN
Risque augmente avec la taille des nodules
L'hyperthyroïdie peut être déclenchée par un
apport massif d'iode (examen avec produit de
contraste iodé, médicaments)
Endocrine Reviews 2005,26(4):504
GMNT
Hyperthyroïdie souvent modérée
Sécrétion préférentielle de FT3
Sujet âgé
En pratique
Suspicion d’hyperthyroïdie
Dosage de FT4, TSH (FT4 élevée, TSH freinée)
Echographie cervicale
Scintigraphie :
Basedow GMN
Nodule toxique
Surcharge iodée
Thyroïdite
Maladie de Basedow
Goitre multinodulaire
toxique
Maladie de Basedow
Thyroïdite
Nodule toxique
Principales étiologies des hyperthyroïdies
Sujet âgé
Aspects scintigraphiques
Hyperthyroïdie du sujet âgé
Traitement ?
Traitement
GMNT, Nodule toxique
IRA*
GMNT: réduction du volume du goitre
de 40%
BMJ 2006;332;1369
Iode radioactif (IRA*)
Depuis 1941
Pierre angulaire dans le traitement de
l’hyperthyroïdie
Risque de cancer inchangé
Cours terme: crise aigue thyrotoxique
Long terme: hypothyroïdie
10 à 30% les 2 premières années,
5% tous les ans
BMJ 2007;334;514
Chirurgie
Thyroïdectomie totale++
Goitre volumineux, Nodule thyroïdien suspect
Préparation médicale est nécessaire
Complications++
Traitement
Maladie de basedow
Traitement optimal de la maladie de
Basedow demeure un sujet de controverse
Traitement médical
Les antithyroïdiens de synthèse (ATS)+++
Les bloquants (Propranolol+++)
Les ATS
Deux classes
Les thiouraciles:
Propyl-thio-uracile (PTU)
- Benzyl-thiouracile (Basdène*)
-
Les Imidazoles
- Le carbimazole (Néomercazole*)
-Le méthimazole (MMI) (métabolite)
-Le thiomazole (Thyrozol*) en Tunisie
Mécanismes d’action des ATS
Effet principal intrathyroïdien
Concentration dans la thyroïde
Inhibition de la synthèse des hormones
thyroïdiennes en inhibant la thyro peroxydase
Délai de quelques semaines pour être efficaces
Toxicité des ATS
Globalement bien tolérés
Utilisation au long court
Agranulocytose
Définie par un nombre de leucocytes < 250/mm3
Mécanisme immuno-allergique
Installation brutale, annoncée par une angine ou
une fièvre
Impose l’arrêt du traitement, l’hospitalisation
pour surveillance
N Eng J Med 2005;352;9
Agranulocytose
Favorisée par de fortes doses d’ATS et par
l’âge avancé
En début du traitement, 10 premières semaines
Peut être précédée par une neutropénie
N Eng J Med 2005;352;9
Agranulocytose
Devant des manifestations fébriles chez un
patient sous ATS, on doit réaliser en urgence
une NFS
Arrêter le traitement par ATS
si leucocytes < 1000/mm3
et surveiller étroitement
si leucocytes entre 1000 et 1500/mm3
N Eng J Med 2005;352;9
PTU
comprimé
50mg
USA
France
(usage
hospitalier)
France
Tunisie
Europe
Asie
Plusieurs fois /j
Basdène*
comprimé
25mg
Néomercazole*
comprimé
5,20mg
Méthimazole
(MMI)
comprimé
15,30mg
USA
Une fois /j
Thyrozol*
comprimé
10,20mg
France
Tunisie
2 fois /j
Plusieurs fois /j
Une fois /j
Posologie des ATS
Dose de départ suffisamment élevée pour
contrôler l’hyperthyroïdie.
La dose doit être également modulée en
fonction de la sévérité de l’hyperthyroïdie.
Durée du traitement
Le traitement prolongé > 12 mois n’a pas
d’effet sur le taux de rémission
Durée optimale = 12 – 18 mois
Patient bien contrôlé s/s de faibles doses
d’ATS ne doit pas continuer indéfiniment le
traitement
European Journal of Endocrinology 2005;153;489
Récidive
Risque plus élevé si la TSH reste
freinée
Taux maximal 3 à 6 mois après l’arrêt
du traitement
Risque diminue puis se stabilise après 1
à 2 ans de rémission 50 à 60%
En pratique
Faible chance de rémission
Traitement radical
préparation médicale
Chirurgie
Préparation médicale souvent difficile
voir impossible dans ces formes
Iode Radio-actif
Traitement de choix > 50ans
(récidive++, risque cardiaque)
Première intention ++
Hyperthyroïdie infraclinique
L'hyperthyroïdie infraclinique
(TSH abaissée, FT4, FT3 normales)
Moins de 2 % des personnes âgés de plus de 60
ans
Le risque d'évolution vers une hyperthyroïdie
patente varie entre 6 et 30 % après un suivi de
1 à 4 ans.
Une TSH isolément abaissée multiplie par trois
le risque de tachyarythmie par fibrillation
auriculaire.
Plan
Changements physiologiques de la fonction
thyroïdienne
Hyperthyroïdie du sujet âgé
Hypothyroïdie du sujet âgé
Les dysthyroïdies iatrogènes
Les dysthyroïdies iatrogènes
Influence des médicaments à différents niveaux de
la fonction thyroïdienne
Site d’action
Médicaments
Sécrétion de TSH
Dopamine, glucocorticoïdes, analogues
somatostatine, Amiodarone,
Synthèse et sécrétion de
T3, T4
Substances iodées (amiodarone, produits de
contraste. . .), lithium, inhibiteurs tyrosine kinase
Métabolisme
Désiodation de T4 en T3
Propranolol, glucocorticoïdes, ,amiodarone
Dégradation de T4 et T3
Antiépileptiques, rifampicine
Transport des HT
Hormones sexuelles
Absorption de la L-T4
Sulfate de fer, résine échangeuse d’ions, pansements
digestifs, inhibiteurs de la pompe à proton
Activation du système
immunitaire
Interférons
Amiodarone et thyroïde
C’est un produit fortement chargé en iode
Apport quotidien de 7 à 21 mg d’iode alors
que les apports quotidiens conseillés sont de
150 µg
L’amiodarone interfère avec la fonction
thyroïdienne par plusieurs mécanismes.
Amiodarone et thyroïde
Amiodarone et thyroïde
Amiodarone et thyroïde
Au début du traitement (3 mois)
↑ FT4, ↓ FT3
TSH modérément élevée
Sans significations pathologiques
Hypothyroïdies à l’amiodarone
Patients porteurs d’anticorps antithyroïdiens
l’échappement au blocage de l’organification de l’iode
par apport massif d’iodure (effet Wolff-Chaikoff)
ne se produit pas correctement si la thyroïde a été préalablement
lésée par une thyroïdite auto-immune sous-jacente.
Traitement facile, substituer l’hypothyroïdie par
thyroxine, sans arrêter l’amiodarone (indispensable).
Après arrêt de l’amiodarone la récupération de la a
fonction thyroïdienne est possible (en plusieurs mois)
s’il n’y a pas d’anticorps ; elle est plus aléatoire s’il
existe des perturbations immunitaires.
Hyperthyroïdies à l’amiodarone :
2 types d’hyperthyroïdies à l’amiodarone
Le type I :
- zones de carence iodée
- dû à l’apport d’iode sur une thyroïde dystrophique,
mono- ou multinodulaire ou sur une maladie de
Basedow latente.
Le type II :
- toxicité de l’amiodarone sur les thyréocytes
- responsable d’une thyroïdite ayant un profil subaigu.
- Il survient sur thyroïde apparemment saine et est
indépendant de l’apport iodé environnemental.
Conclusion