Rapports aux savoirs, au langage, grande pauvreté et pratiques

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Transcript Rapports aux savoirs, au langage, grande pauvreté et pratiques

L’écriture en partage :
« Apprendre à écrire, écrire pour apprendre »
Milieux populaires et école, remarques préalables :
Contexte social : la situation sociale des parents ; territorialisation
Scolaire : performances scolaires moins élevées en moyenne qu’ailleurs
- Certains réussissent à l’école malgré des conditions économiques défavorables
--> Risques de l’effet d’étiquetage
--> Risques de généralisation des difficultés
--> Un point de vue éthique… l’éducabilité … compétence éthique des enseignants (Lise
Demailly)
« Les enfants de pauvres ne sont pas de pauvres enfants »
La démocratisation de l’accès au savoir ; inégalités scolaires / sociales ; discours
égalitaires / effets inégalitaires (Pisa)
… mais encore faut-il mieux comprendre ce qui fait difficulté scolaire.
I. L'écriture
1. Les exigences de l’École concernant l’écriture
1°) Apprendre à écrire
- maternelle , cycle 2 : conceptions de l’écrit ; écriture cursive ; écrire des mots, des textes ;
apprendre à lire.
- au cycle 3, puis au collège : la production d’écrit, la rédaction en français ; les textes
emblématiques des disciplines .
 l’écriture comme discipline d’enseignement
2°) L’écriture pour apprendre :
- l’entrée en 6e : un repère important. Lire et écrire, moyens mobilisables pour apprendre.
-
- avant le cycle 3 ; au cycle 3 le plus repérable à l’école primaire
- français autre que la production de textes (savoirs grammaticaux, l’écriture de règles de
description de la langue, par exemple)
-
-
- plupart des disciplines autres que le français (hist, géo, sciences, maths...)
 Statut d’usage  Une écriture d’élaboration des savoirs
3°) Une conception interactive de l’écriture
I. L’écriture
2. Ecriture et interactions
- Conception interactive du langage oral, de la lecture et de l’écriture.
- Écrire permet un retour sur :
-
les contenus, les savoirs des disciplines à construire
-
la langue dans des différentes dimensions (lexique, syntaxe…)
le langage : pratiques langagières, conduite langagière, genres / formes d’écrits (récit,
description, compte rendu, explication, commentaire, justification, argumentation,
légende, carte, frise, schéma, classement…). C’est ce qui semble le moins identifié à
l’école…
-
Pour apprendre il faut des outils : le langage, l’écriture (Vygotski).
 les fonctions de l'écriture
I. L’écriture
3. Les fonctions de l’écriture pour apprendre, penser… :
L’écriture est une activité langagière, linguistique et parfois extra-linguistique qui permet le
retour, la comparaison, les classements (listes, tableaux...)
L'écriture permet :
- une représentation visuelle, spatiale du monde, de le dire, le comprendre, l'imaginer...
- la réalisation de la pensée / pas l'expression --> langage intérieur / extériorisé
- le développement de la pensée : l’explicitation (dimension monologale , interlocuteur absent,
brouillon mental ou du brouillon écrit, vocabulaire de la pensée)
- la prise de conscience de la langue et du langage
-
…/ …
I. L’écriture
4. Les fonctions de l’écriture pour apprendre, penser (suite)…
- la transformation des capacités cognitives (outils)
- les écrits seconds (dialogisme ; école : genres de discours complexes, seconds : synthèses,
comptes rendus, schémas explicatifs...
-
- l'activité réflexive (retour sur…)
- une transformation subjective (sujet apprenant, pensant)

--> la reconfiguration des savoirs

--> une maîtrise de soi, des autres, du monde

--> L’exigence de secondarisation : différenciation et inégalités scolaires
I. L'Ecriture
5. Une longue histoire…
... où l’écriture est en bout de course (XVIe s) … ou non…
- Un statut de discipline à la fin du XIX e s ?
- Une évolution assez récente : 1972
- Actuellement : on apprend conjointement à lire et à écrire
- Or, l'école suppose ( et construit ?) une attitude scripturale et langagière pour
penser et apprendre
- Cette attitude n’est pas socialement également partagée et construite : « le
langage, l’écriture en partage »
II. Des constats aux problèmes
1. Le rapport au langage et aux savoirs : les pratiques, les activités
1°) Travaux des sociologues français P. Bourdieu et J-C Passeron : la reproduction
- Dès 1964 ... la corrélation la plus forte de la réussite scolaire avec le capital culturel
- Cela change l’hypothèse des causes des difficultés … La question des ressources ... dans
le domaine de la connaissance et de la culture.
2°) Travaux du sociologue anglais B. Bernstein : cognitif, langagier, social
- du point de vue de « l’intelligence » (cognitif) : Où est le « vrai » problème ?
- Il faut surtout regarder du côté du langage… des habitudes des classes moyennes ou
aisées (middle – class) et des classes populaires (low-class).
- Recherche Bernstein et les mères et leurs jeunes enfants… --> code élaboré / code restreint
- Critique de Labov ... Oui mais l’école demande des usages du langage bien spécifiques .
Donc retour à Bernstein
--> Rapport au savoir et au langage, au monde ... potentiellement différenciateurs.
II. Des constats aux problèmes
2. Sociologie du savoir et du langage : à la suite de Bourdieu, Bernstein...
Enjeu des recherches : une lecture en positif :
- une manière de lire et d’écrire « des milieux populaires ».
- pas ( uniquement ) en termes de manques mais de manières d’être avec la lecture et l’écrit.
- E. Bautier / et les jeunes apprentis … la formation ... la théorie du baratin,
l’apprentissage (du métier) se fait par la monstration
- Jorion, Delbos :
--> peu ou pas de mise en discours (écrits) des savoirs professionnels
---> Des représentations sociales pour lesquelles les savoirs et les discours sont peu
opérants pour apprendre pour former… Mieux vaut faire sur le terrain…
- B. Lahire et les lectures et des écritures des familles populaires… Ex : le même journal
... des relations diverses à l’écrit ; hédonisme … auto-contrainte
- les pratiques familiales de lecture et d’écriture des élèves : moins, autrement
---> méconnaissance des enjeux de l’école… risques d’auto_limitation…
II. Des constats aux problèmes
3. Regardons maintenant du côté des élèves ...
1°) Bautier, Charlot, Rochex : le rapport au savoir (le dire)
- pour l’élève, c’est quoi apprendre ? Et comment ? ( « épistémique »)
- pour l’élève ses identifications et projets « la dimension « identitaire »
la question du sens de l'école ( la signification des situations d'apprentissages)
Dès la GS, le CP :
Certains disent plutôt : faire ses exercices, avoir bon, passer dans la classe suivante, avoir
un bon métier, être gentil et poli avec l’enseignant…
D'autres disent plutôt que c'est aussi cela ET AUSSI ...
aimer lire, les maths intéressantes, les documentaires ont apprend des tas de choses, des
étiquettes dans l’ordre c’est pour apprendre à faire des phrases, la maîtresse ne me dit pas
la bonne réponse c’est à moi de chercher etc…
... évidemment ce que disent ces élèves est étroitement lié à leur réussite ou à leurs
difficultés scolaires…
II. Des constats aux problèmes
2°) B. Lahire : le rapport au langage des élèves :
- le langage est comme « pris dans les situations »
et les élèves ont du mal à en faire un objet d’étude (phonologique, vocabulaire, grammaire,
compréhension de textes, rédaction…)
(rapport oral – pratique au langage)
- les élèves arrivent à constituer le langage comme objet d’étude, à maîtriser la langue et le
langage ... rendent maîtres des situations scolaires
(rapports scriptural – scolaire)
II. Des constats aux problèmes
---> 4 registres de difficulté
- cognitif
- culturel
- langagier
- affectif / relationnel
II. Des constats aux problèmes
Inégalités :deux hypothèses très fortes et très imbriquées :
- un rapport à l’école et au savoir ...
- d’un rapport littéracié au langage
--> L’ENJEU DE L’ECOLE :
En conséquence, l’enjeu est la formation d’un rapport au savoir et au langage qui sous-tend
toutes les pratiques et les activités scolaires
…mais que celles-ci forment en retour.
... par des activités cognitives, langagières et scripturales.
II. Des constats aux problèmes
A l’école, les formes de l’écriture étant largement répandues / dominantes, cette
ACCULTURATION INCOMBE (RAIT) à la famille…
--> La plupart des élèves de milieux populaires ne peuvent venir à l’école avec un langage
tout prêt aux usages des apprentissages scolaires.
Comment les pratiques scolaires peuvent aider la formation et l'évolution du rapport au
langage (et au savoir) ?
Interroger les pratiques d'écriture à l'école
une recherche en cycle 3 en ZEP
21 enseignants en cycle 3
1°) L'univers de l'écriture scolaire
- écriture d'inscription prédominante
- écriture d'élaboration minorée
2°) pratiques enseignantes
- logiques pragmatique
- usages enseignants de l'écriture scolaire
- conceptions des enseignants
3°) des effets des pratiques
- évitement des élèves / opacité (écriture inscriptive)
- adaptation à l'insu des pratiques (enseignants)
IV. Des pistes pédagogiques et didactiques
Pratiques pédagogiques et didactiques
1- développer les compétences et les pratiques culturelles du livre et de l'écrit (Biblio.,
littérature, les écrits du quotidien et de la classe)
2- privilégier une méthode « complète » en lecture
3- apprendre à écrire pour apprendre à lire
4- écrire pour apprendre dans toutes les disciplines dès le C2 (en relation avec lire, parler)
Pratiques organisationnelles :
5- organiser le suivi des élèves d'une classe à l'autre (différent d'individualiser le travail)
6- informer les parents, réduire les malentendus : les aider à clarifier les missions de leurs
enfants, l'autorisation, éclaircir (lire, écrire, apprendre)
IV. Des pistes pédagogiques et didactiques
Les livres :
Lire des livres…
- la fréquentation des lieux de lecture
- des professionnels (bibliothécaires, auteurs de littérature,...)
- des dispositifs type malle aux livres, heures du conte…
- Les objets culturels « transitionnels » (le livre, l’écrit de la maison à l’école et inversement)
Écrire des livres...
- Écrire avec le crayon, l’ordinateur… seul à deux, en petit groupe
- Éditer des livres faire lire : la clarté cognitive, les buts
- Être mis en position d’auteur… même si on copie
IV. Des pistes pédagogiques et didactiques
Et aussi les écrits du quotidien ...
- Inventaire des écrits de la maison…
- Inventaire des écrits du quartier…
- Jeu du panier de la maîtresse
Écrire des écrits qui servent à informer les parents, les autres élèves…
- petits mots, lettres,
- invitations, affiches…
IV. Des pistes pédagogiques et didactiques
compétence méta-cognitive, réflexive
En (léger) différé. IMPORTANT :
- appris quoi ? (identifier des contenus)
- comment on a fait ? (repérer des savoir-faire)
- facile, difficile ? (auto-évaluation, modulation)
Écrire permet de revenir sur les contenus appris
(« volume brassé, volume approprié » mais l’oral réflexif aussi…)
IV. Des pistes pédagogiques et didactiques
Des compétences conceptuelles pour lire écrire
comprendre comment l'écrit fonctionne les articulations :
mot / syllabes / graphème - phonème
Des compétences stratégiques
- activité stratégique qui combine plusieurs opérations en même temps :
- l'acte de lire (code – sens)
- l’acte d’écrire
( projet – mise en mots – révision - édition)
- se relire et réviser (contenu et code)
- éditer (matériel)
--> processus souvent partiellement pris en charge
Des compétences dialogiques
(parler, écouter, lire, écrire à partir des discours et des textes déjà - là)
IV. Des pistes pédagogiques et didactiques
Savoir lire- écrire, commenter des genres et des formes d’écrits nombreux
une histoire, un documentaire, une légende, un mode d’emploi, des règles de jeu,
une description, un compte rendu, une synthèse, un résumé, des questions, des
réponses, un questionnaire, un commentaire, une argumentation, un énoncé de
problème,...
- une description, en français ou en géométrie, ou en géographie,
- une carte de géographie, ou d’histoire,
- en texte, en schéma, en liste, en tableau, en carte, en frise, en dessin ou croquis
légendé, en arborescence…
IV. Des pistes pédagogiques et didactiques
cycle 3, collège
Français production d’écrit :
-1. Des situations d’écriture suffisamment fréquentes (habitudes)
-2. Un repérage et une analyse critique de démarches différentes et une utilisation en
fonction de ce qu’elles apportent
(ateliers de lecture, écriture de « l'écrivain », démarche réécriture « Bucheton /
Chabanne » , l'écriture EVA / REV
-3. Un repérage et un travail sur les démarches de révision / réécriture pour un travail
progressif (révision « forme / fond »
4 - l’écriture comme moteur de la lecture (cf. C. Garcia-Debanc)
IV. Des pistes pédagogiques et didactiques
cycle 3, collège
Autres disciplines
- 1. Le repérage dans les démarches d'enseignement des disciplines des moments de
langage, d'écriture, permettant de s'approprier les savoirs
( prise de notes, commentaire de carte, un programme de construction,institutionnalisation
synthèse …)
- 2. Les élèves ont besoin d’écrits de travail, d’écrits intermédiaires et ont besoin d’écrits de
synthèse
- 3. Les élèves ont besoin d’écrits qui reprennent les discours oraux et écrits de la classe.
Ex : des synthèses en sciences sur la respiration
-4. Montée en abstraction : la lente construction des savoirs : ni un faire sans savoirs ni
une présentation trop abstraite des savoirs pour lesquels les élèves n’ont ni l’expérience
scolaire, ni les images mentales, ni le vocabulaire, ni les concepts qui permettent de les
construire. Interactions entre des moments de pratique collective, des moments de mises en
mots qui permettent de revenir sur ces pratiques : des oraux et des écrits réflexifs et élaboratifs
…./ …
IV. Des pistes pédagogiques et didactiques
cycle 3, collège
- 5. Identifier les formes d'écrit (et pas seulement de textes) relevant de la discipline. Un écrit n’est
pas forcément ni exclusivement un texte (carte, schéma, tableau…)S'interroger sur leur raison
d'être. Les utiliser fréquemment. Les étudier en tant que tel.
– La synthèse écrite d’une séance : écriture accompagnée, aidée, autonome de la synthèse,
négociée par le collectif. Elle s’appuie sur d’autres moments où l’élève agit, parle, écoute, lit,
écrit. Statut des documents utilisés.
 Changer de regard sur des disciplines :
Soit à l'école élémentaire, elles sont souvent considérées comme « secondaires » : L’école primaire
valorise le français et les maths. Chaque discipline moins dans son programme à réaliser que
comme acquisition des techniques et des pratiques de l'étude (étudier des textes un crayon à la
main, par exemple).
Soit au collège, les professeurs des disciplines - professeurs de langage, d’écrit (littératie) de
langue, y compris des normes langagières.
IV. Des pistes pédagogiques et didactiques
cycle 3, collège


Transversal :
- Des contenus plus forts que le relationnel – affectif. Le savoir comme réponse à des
questions. Ex : en histoire. La manière de faire chaque discipline dans sa façon de répondre
aux questions. La position des enseignants (posture) est d’être médiateurs de faciliter la mise
en activité des élèves.
Ex : Ce que disent les ados de 5e (enquête Pl.)
-Faire dialoguer les moments d'apprentissage », tisser des liens entre eux s'appuyer sur
l’expérience scolaire , les oraux, les lectures, les documents étudiés... Le rôle de l’interaction
Lire / Ecrire. Pour écrire des genres d'écrits il vaut mieux avoir lu des écrits leur
correspondant...
– Apprendre à écrire, apprendre la langue, nécessite de réfléchir et raisonner sur la langue (ex :
A.N.G, dictée inductive).
IV. Des pistes pédagogiques et didactiques
cycle 3, collège
Aides / Gestion
– Les aides pour écrire : recherches, - récapitulations orales, mots-clés, listes, plans, début d
etxets donnés, etc. Ces aides facilitent l’écriture...
– Les types de groupement des élèves dans la production d’écrits importe. Production écrite
individuelle, en binôme, en groupe, collective et rôle de l’enseignant lorsqu’il est secrétaire de
séance lors de négociations : écrire relève bien de diverses formes et modalités de travail.
- La dynamique du groupe d’élèves au travail et la relation de l’élève à l’enseignant
Une communauté textuelle, pensante mais où le groupe est un moteur, un véhicule du travail au
bénéfice de chacun. Il s’agit d’une appropriation du savoir.