L`O S S E RVATOR E ROMANO

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L’OSSERVATORE ROMANO
EDITION HEBDOMADAIRE
Unicuique suum
e
EN LANGUE FRANÇAISE
Non praevalebunt
Cité du Vatican
LXVIII année, numéro 10 (3.471)
jeudi 9 mars 2017
Exercices spirituels du Pape et de la Curie romaine
Gestation pour autrui
Tout est miséricorde
Un nouvel
esclavage
pour les femmes
est avec l’invitation à se
demander si vraiment
«nous écoutons la voix
de Pierre et des plus faibles, sur
quelles bases nous prenons nos
décisions et si, dans nos vies, il
existe des “retraites stratégiques”
pour ne pas suivre Jésus jusqu’au
bout», que le père Giulio Michelini a commencé les exercices spirituels avec le Pape François et la
Curie romaine. «Passion, mort et
résurrection de Jésus selon Matthieu» est le thème que le religieux de l’ordre des frères mineurs
a choisi de proposer pour ses méditations.
Dimanche 5 mars, le Pape est
arrivé à 16h50 à la Maison du Divin Maître, à Ariccia — où se déroulent les exercices jusqu’au vendredi 10 — avec près de soixantedix participants. Dans son introduction, le prédicateur a présenté
les contenus des méditations, en
soulignant que «la vie de Jésus
n’est pas un roman». Son existence terrestre et sa mort «sont étroitement liées et, avec nos méditations, nous reviendrons chaque
fois en Galilée, où Jésus a passé
presque toute sa vie, et nous y
trouverons les éléments qui nous
conduiront à Jérusalem pour parler de sa passion, de sa mort et de
sa résurrection». Chaque méditation, a-t-il précisé, «partira de
l’exégèse d’un passage tiré des
chapitres 26-28 de l’Evangile de
Matthieu, relu en gardant comme
toile de fond le ministère de Jésus
en Galilée». Et «de l’interprétation du texte, on passera ensuite à
une lecture de type existentiel et
spirituel».
«Etre avec Jésus est donc la
première clé de lecture. Mais également être avec Pierre», en suivant les indications d’Evangelii
gaudium pour «se considérer tous
dans le groupe de ceux qui doivent être réévangélisés». C’est
pourquoi, a dit le père Michelini,
«c’est vous, chers frères, qui êtes
au centre de l’évangélisation que
le Seigneur a pensée pour vos personnes, qui vous occupez de
l’Eglise et des autres, mais qui êtes
appelés également, en vertu de ce
temps spécial, à vous mettre à
l’écart, seuls, dans un lieu désert,
pour vous arrêter, prier et vous reposer un peu».
«La confession de Pierre et le
chemin de Jésus jusqu’à Jérusalem» (Mt 16, 13-21) ont été le fil
conducteur de la première méditation, du lundi 6 mars. «Si le Seigneur a accompli divers voyages
vers la ville sainte, comme on l’apprend de l’Evangile selon Jean,
pour les trois fêtes de pèlerinage
juives, celui que Jésus annonce à
C’
SUITE À LA PAGE 2
LUCETTA SCARAFFIA
n Italie s’est instauré un débat à propos de la décision
du juge de Trente qui a accepté de considéder deux hommes
comme parents de deux jumeaux,
nés au moyen du recours à la gestation pour autrui. Mais le débat a
été fortement faussé par la prédominance d’un point de vue partial:
c’est-à-dire considérer cette décision comme inévitable, parfaitement en ligne avec le progrès humain, et par conséquent juger toute attitude critique comme un signe de résistance absurde à la modernité.
Il s’agit d’une modalité qui confère à tout entretien, même avec
ceux qui sont contraires à cette
décision, une interprétation obligatoire. En effet, voir réalisé également en Italie tout «rêve de devenir parents» qui implique la gestation pour autrui et l’acceptation
de deux personnes du même sexe
comme parents, ne serait qu’une
question de temps.
La féministe que je suis est frappée par le fait que, à une époque
comme la nôtre, où tant d’énergies
et tant de voix sont consacrées, à
juste titre, à dénoncer la violence
sur les femmes, il y ait en revanche si peu de femmes qui dénoncent ce qui a lieu contre elles sur
le plan fondamental de la maternité. C’est-à-dire que la vente du
corps de la femme — traditionnellement limitée aux prestations
sexuelles ou, autrefois, à l’allaitement — se soit étendue à tout le
corps de la femme, à l’intérieur de
celui-ci, à l’utérus, et à un temps
prolongé, les neuf mois de la grossesse.
Un nouvel esclavage qui ne
peut être jugé autrement, uniquement parce que rémunéré et volontaire. Les pénibles conditions
juridiques imposées à la femme —
comme accepter l’avortement si les
commanditaires le décident, par
exemple, ou encore avoir déjà des
enfants afin que l’on s’affectionne
moins à l’enfant que l’on porte en
son sein — ne font que révéler davantage le caractère inhumain de
la transaction. De même que l’autre condition à laquelle on a toujours recours, par «prudence»: ne
jamais utiliser l’ovule de la mère
qui loue, mais le prendre d’une
autre femme. Avec le résultat que
la figure maternelle est définitivement détruite, mise en pièces.
C’est ce qu’on fait les deux pères, pour s’assurer que leurs enfants soient réellement unique-
E
DANS CE NUMÉRO
Page 2: Audience aux curés en cours de formation organisé par la Rote.
Page 3: Angelus du 5 mars. «Femmes église monde» de mars. Page 4: Audience à la communauté de Capodarco. Une nouvelle édition de la Torah.
Page 5: Rencontre avec les clercs mariaux de l’Immaculée Conception.
Créances d’Irak. Pages 6 et 7: Message aux mouvements populaires réunis
à Modesto. Campagne de fraternité au Brésil. Page 8: Messes à SainteMarthe. Promulgation de décrets. Pages 9 et 10: Discours à la commission
charité de la CEI. Informations.
SUITE À LA PAGE 3
L’OSSERVATORE ROMANO
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jeudi 9 mars 2017, numéro 10
Rencontre avec les curés de paroisse
Un vrai catéchuménat
pour le mariage
Un «véritable catéchuménat» est nécessaire pour les jeunes qui se préparent au
mariage: c’est ce qu’a réaffirmé François dans le discours adressé aux curés de
paroisse qui participaient à un cours de formation sur le nouveau procès
matrimonial organisé par la Rote romaine. L’audience s’est déroulée dans la
matinée du samedi 25 février, dans la salle Clémentine, et a été introduite par un
hommage du doyen de la Rote, Mgr Pio Vito Pinto.
Chers frères,
Je suis heureux de vous rencontrer
au terme du cours de formation
pour les curés de paroisse, organisé
par la Rote romaine, sur le nouveau
procès matrimonial. Je remercie le
doyen et le pro-doyen pour leur engagement en faveur de ces cours de
formation. Ce qui a été débattu et
proposé lors du synode des évêques
sur le thème «Mariage et famille», a
été reçu et intégré de façon organique dans l’exhortation apostolique
Amoris laetitia et traduit en normes
juridiques appropriées contenues
dans deux mesures spécifiques: le
motu proprio Mitis Iudex et le motu
proprio Misericors Jesus. C’est une
bonne chose que vous, prêtres de
paroisse, à travers ces initiatives
d’étude, puissiez approfondir cette
Exercices spirituels à Ariccia
SUITE DE LA PAGE 1
un certain moment se distingue de
tous les autres: c’est le dernier, c’est
le début de sa passion, de sa mort
et de sa résurrection». Ainsi, «il est
important d’observer la logique et
la chronologie des événements:
Pierre reconnaît en Jésus le Messie;
Jésus annonce sa passion; la transfiguration sur la montagne».
Le prédicateur a suggéré un véritable examen de conscience, à travers trois questions directes. «La
première question concerne les décisions que je prends, les plus importantes relatives à la vie. Sur la
base de quel critère est-ce que j’effectue mon discernement? Est-ce
que j’agis précipitamment, est-ce
que je me laisse prendre par l’habitude, est-ce que je me place, ainsi
que mon intérêt personnel, avant le
royaume de Dieu et les autres, estce que j’écoute la voix de Dieu, qui
parle de manière humble?». La
deuxième question, qui naît des
contenus de la méditation, concerne précisément «cette voix qui parle comme parlent les enfants, qui
est faible comme les rêves ou une
voix intérieure». Ce n’est pas un
hasard si «le Père a aussi parlé à
travers la confession de Simon: Jésus dans son humanité, et aussi
saint François d’Assise, ont compris que Dieu se révèle aussi au
disciple et à travers le disciple le
plus petit». Alors, a demandé le
prédicateur, «avons-nous l’humilité
d’écouter Pierre, avons-nous l’humilité de nous écouter les uns les
autres, étant attentifs à nos préjugés, attentifs à recueillir ces choses
que Dieu peut nous dire à travers
les voix faibles des autres, ou écoutons-nous seulement notre voix qui
parle aux autres?». Avec la troisième question sur l’examen de conscience, le père Michelini a invité à
réfléchir sur nos «retraites stratégiques», nous demandant si nous acceptons ou non «d’aller jusqu’au
bout pour suivre Jésus Christ, en
tenant compte du fait que cela
comporte de porter la croix».
La troisième méditation du mardi 7 mars était centrée sur le thème
«Pain et corps, vin et sang» (Mt
26, 20-35). Le religieux a invité à
transformer «la réalité du fait de
ne plus pouvoir avoir confiance en
personne et des trahisons», en relançant en revanche «la beauté
d’être ensemble, exprimée précisément «par le fait de manger
ensemble». Il a fait référence au
film «Perfetti sconosciuti» qui raconte «le dîner de trois couples et
d’un célibataire qui mettent leurs
téléphones portables sur la table en
acceptant de révéler le contenu de
tous les messages». Mais «il est significatif que tout ait lieu précisément à table», a commenté le prédicateur. Parmi les suggestions de
sa réflexion, le religieux a aussi recommandé la relecture de l’encyclique Laudato si’, en particulier
sur la distribution inégale des ressources. Il a suggéré de réfléchir
précisément sur le «rôle ecclésial»
confié à chacun, en invitant à se
demander «comment est-il possible
que nous chrétiens, qui devrions
trouver l’unité précisément autour
de la cène, nous reproduisions de
la même manière, avec nos divisions, les dynamiques de division
de la communauté de Corinthe»,
dont se plaignait saint Paul.
Du suicide de Judas, «un fait
historiquement gênant et embarrassant, que l’Eglise n’a pas peur d’affronter», est née «une œuvre de
miséricorde»: avec les trente deniers, qu’il a inutilement tenté de
rendre aux prêtres, «finit par être
construit un cimetière pour la sépulture des étrangers» à Jérusalem.
C’est précisément sur la «question
délicate» du suicide de Judas et
sur la «perte de la foi dans le Seigneur», que le père Michelini a
parlé le 8 mars, lors de la cinquième méditation. Pour lui, il est significatif que ce sang, contrairement aux accusations anti-juives de
déicide, formulées en particulier à
partir du Ve siècle, ne retombe pas
«sur le chef d’Israël», mais dans le
champ acheté au prix du sang du
Christ et devenu, une «œuvre de
miséricorde».
matière, parce que c’est surtout vous
qui l’appliquez concrètement au
contact quotidien des familles.
Dans la plupart des cas, vous êtes
les premiers interlocuteurs des jeunes qui désirent former une nouvelle
famille et se marier dans le sacrement du mariage. C’est également à
vous que s’adressent la plupart des
époux qui, à cause de sérieux problèmes dans leur relation, affrontent
une crise, ont besoin de raviver leur
foi et de redécouvrir la grâce du sacrement; et dans certains cas, ils demandent des indications pour entamer un procès en nullité. Personne
mieux que vous ne connaît ni n’est
en contact avec la réalité du tissu social sur le territoire, dont vous expérimentez la complexité variée:
unions célébrées dans le Christ,
unions de fait, unions civiles, unions
en échec, familles et jeunes heureux
et malheureux. Vous êtes appelés à
être les compagnons de voyage de
chaque personne et de chaque situation pour témoigner et soutenir.
Soyez attentifs avant tout à témoigner de la grâce du sacrement du
mariage et du bien primordial de la
famille, cellule vitale de l’Eglise et
de la société, en proclamant que le
mariage entre un homme et une
femme est signe de l’union sponsale
entre le Christ et l’Eglise. Vous réalisez concrètement ce témoignage
lorsque vous préparez les fiancés au
mariage, en les rendant conscients
de la signification profonde du pas
qu’ils sont en train d’accomplir, et
lorsque vous accompagnez avec sollicitude les jeunes couples, en les aidant à vivre, dans les lumières et
dans les ombres, dans les moments
de joie et dans les moments de peine, la force divine et la beauté de
leur mariage. Mais je me demande
combien de ces jeunes qui viennent
aux cours de préparation au mariage
comprennent ce que signifie le «mariage», le signe de l’union du Christ
et de l’Eglise. «Oui, oui» — ils disent oui, mais comprennent-ils cela?
Ont-il foi en cela? Je suis convaincu
qu’il faut un vrai catéchuménat pour
le sacrement du mariage, et non pas
faire une préparation avec deux ou
trois réunions et puis aller de
l’avant.
Ne manquez pas de rappeler toujours aux époux chrétiens que dans
le sacrement du mariage, Dieu, pour
ainsi dire, se reflète en eux, imprimant son image et le caractère indélébile de son amour. Le mariage, en
effet, est l’icône de Dieu, créée pour
nous par Lui, qui est communion
parfaite des trois Personnes du Père,
du Fils et du Saint-Esprit. Que
l’amour de Dieu Un et Trine et
l’amour entre le Christ et l’Eglise
son épouse soient le centre de la catéchèse et de l’évangélisation matrimoniale: à travers des rencontres
personnelles ou communautaires,
programmées ou spontanées, ne
vous lassez pas de montrer à tous,
spécialement aux époux, ce «grand
mystère» (cf. Ep 5, 32).
Tandis que vous offrez ce témoignage, ayez aussi soin de soutenir
ceux qui se sont rendus compte que
leur union n’est pas un vrai mariage
sacramentel et qui veulent sortir de
cette situation. Dans ce travail délicat et nécessaire, faites en sorte que
vos fidèles vous reconnaissent non
pas tant comme des experts d’actes
bureaucratiques ou de normes juridiques, mais comme des frères qui se
posent dans une attitude d’écoute et
de compréhension.
Dans le même temps, soyez proches, avec le style propre à l’Evangile, à travers la rencontre et l’accueil,
de ces jeunes qui préfèrent cohabiter
sans se marier. Sur le plan spirituel
et moral, ils sont parmi les pauvres
et les petits, envers qui l’Eglise, sur
les traces de son Maître et Seigneur,
veut être une mère qui n’abandonne
pas mais qui se fait proche et prend
soin. Ces personnes aussi sont aimées par le cœur du Christ. Ayez
envers elles un regard de tendresse
et de compassion. Ce soin des plus
petits, parce qu’il émane de l’Evangile, est une partie essentielle de votre œuvre de promotion et de défense du sacrement du mariage. La
paroisse est en effet le lieu par antonomase de la salus animarum. Le
bienheureux Paul VI enseignait ainsi:
«La paroisse […] est la présence du
Christ dans la plénitude de sa fonction salvatrice. […] c’est la maison
de l’Evangile, la maison de la vérité,
l’école de Notre Seigneur» (Discours
à la paroisse de la Gran Madre di
Dio à Rome, 8 mars 1964: Insegnamenti II [1964], 1077).
Chers frères, en parlant récemment à la Rote romaine, j’ai recommandé de mettre en pratique un véritable catéchuménat des futurs
époux, incluant toutes les étapes du
chemin sacramentel: les temps de la
préparation au mariage, de sa célébration et des années qui suivent. Ce
catéchuménat vous est principalement confié, prêtres de paroisse, collaborateurs indispensables des évêques. Je vous encourage à le réaliser
malgré les difficultés que vous pourrez rencontrer. Et je crois que la plus
grande difficulté est de penser ou de
vivre le mariage comme un fait social — «Nous devons accomplir ce
fait social» — et non comme un vrai
sacrement, qui exige une préparation
longue, longue.
Je vous remercie pour votre engagement en faveur de l’annonce de
l’Evangile de la famille. Que l’Esprit
Saint vous aide à être ministres de
paix et de consolation au milieu du
saint peuple fidèle de Dieu, en particulier pour les personnes plus fragiles et qui ont le plus besoin de votre
sollicitude pastorale. Tandis que je
vous demande de prier pour moi, je
bénis de tout cœur chacun de vous
et vos communautés paroissiales.
Merci.
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 10, jeudi 9 mars 2017
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Ilya Repin
«La tentation du Christ» (1908)
Angelus du 5 mars
La parole de Dieu
dans le cœur
Chers frères et sœurs, bonjour!
En ce premier dimanche de Carême,
l’Evangile nous introduit sur le chemin vers Pâques, en montrant Jésus
qui demeure quarante jours dans le
désert, soumis aux tentations du diable (cf. Mt 4, 1-11). Cet épisode se
situe à un moment précis de la vie
de Jésus: immédiatement après son
baptême dans le Jourdain, et avant
son ministère public. Il vient de recevoir l’investiture solennelle: l’Esprit de Dieu est descendu sur Lui, le
Père du Ciel l’a déclaré son «Fils
bien-aimé» (Mt 3, 17). Désormais,
Jésus est prêt à commencer sa mission, et puisqu’elle a un ennemi déclaré, c’est-à-dire satan, Il l’affronte
immédiatement, «corps à corps». Le
diable s’appuie justement sur le titre
de «Fils de Dieu» pour éloigner Jésus de l’accomplissement de sa mission: «Si tu es Fils de Dieu...», lui
répète-t-il (vv. 3.6), et il lui propose
d’accomplir des gestes miraculeux —
de faire le «magicien» —, comme de
transformer les pierres en pain, pour
apaiser sa faim, et se jeter des murailles du temple en laissant les anges le sauver. Ces deux tentations
sont suivies d’une troisième: l’adorer
lui, le diable, pour dominer le monde (cf. v. 9).
Par cette triple tentation, Satan
veut détourner Jésus de la voie de
l’obéissance et de l’humiliation —
parce qu’il sait qu’ainsi, sur cette
voie, le mal sera vaincu — et le conduire sur le faux raccourci du succès
et de la gloire. Mais les flèches empoisonnées du diable sont «parées»
par Jésus grâce au bouclier de la Parole de Dieu (vv. 4.7.10) qui exprime
la volonté du Père. Jésus ne prononce aucune parole qui soit la sienne:
il répond uniquement par la Parole
de Dieu. Et ainsi, le Fils, rempli de
la force de l’Esprit Saint, sort victorieux du désert.
Pendant les quarante jours du Carême, en tant que chrétiens, nous
sommes invités à suivre les traces de
Jésus et à affronter le combat spirituel contre le Malin par la force de
la Parole de Dieu. Pas par notre parole, c’est inutile. La Parole de Dieu:
celle qui a la force pour vaincre satan. C’est pourquoi il faut se familiariser avec la Bible: la lire souvent,
la méditer, l’assimiler. La Bible contient la Parole de Dieu, qui est toujours actuelle et efficace. Quelqu’un
a dit: que se passerait-il si nous traitions la Bible comme nous traitons
notre téléphone portable? Si nous la
portions toujours avec nous, ou tout
au moins un petit Evangile de poche: que se passerait-il? Si nous revenions en arrière quand nous l’oublions: quand tu oublies ton téléphone portable: «Oh! je ne l’ai pas,
je retourne le chercher»; si nous
l’ouvrions plusieurs fois par jour; si
nous lisions les messages de Dieu
contenus dans la Bible comme nous
lisons les messages du portable, que
se passerait-il? La comparaison est
clairement paradoxale, mais elle fait
réfléchir. En effet, si nous avions la
Parole de Dieu toujours dans notre
cœur, aucune tentation ne pourrait
nous éloigner de Dieu et aucun obstacle ne pourrait nous faire dévier
de la bonne route. Nous saurions
vaincre les suggestions quotidiennes
du mal qui est en nous et en dehors
de nous; nous serions davantage ca-
pables de vivre une vie ressuscitée
selon l’Esprit, en accueillant et en aimant nos frères, spécialement les
plus faibles et les plus démunis, et
aussi nos ennemis.
Que la Vierge Marie, icône parfaite de l’obéissance à Dieu et de la
confiance inconditionnelle à sa volonté, nous soutienne sur le chemin
du Carême, afin que nous nous mettions à l’écoute docile de la Parole
de Dieu pour réaliser une vraie conversion du cœur.
A l’issue de l’Angelus, le Saint-Père a
ajouté les paroles suivantes:
Chers frères et sœurs,
Je salue cordialement les familles, les
groupes paroissiaux, les associations
et tous les pèlerins venus d’Italie et
de différents pays.
Il y a quelques jours, nous avons
commencé le Carême qui est le chemin du Peuple de Dieu vers Pâques,
un chemin de conversion, de lutte
contre le mal par les armes de la
prière, du jeûne et des œuvres de
charité. Je souhaite à tous que le
chemin quadragésimal soit riche en
fruits, et je vous demande de vous
rappeler de moi dans votre prière,
«Femmes église monde» de mars
Femmes entre catholiques et protestants
L’anniversaire de la décision de Luther, qui, il y a cinq cents ans, a
amorcé le début de la séparation entre protestants et catholiques, peut
être affronté de différents points de
vue. Celui qui nous intéresse le plus,
à savoir la confrontation entre femmes appartenant aux diverses Eglises
nées de la Réforme et femmes appartenant à l’Eglise catholique, ouvre assurément un des fronts les plus conflictuels, et donc les plus intéressants: celui du sacerdoce féminin.
Toutes les Eglises et les communautés ecclésiales protestantes ont, en effet, ouvert aux femmes l’accès aux
différents niveaux de sacerdoce ou
au rôle pastoral, et débattent des
propres projets d’avenir dans des
réunions où la présence féminine ne
manque jamais, en contraste total
avec ce qu’il advient dans l’Eglise catholique. Une des premières questions que l’on doit se poser est si cet-
te différence naît de l’attitude diverse
que protestants et catholiques ont assumée face à la modernité qui a vu
les protestants accueillir des changements qui, pour les catholiques,
n’étaient pas considérés comme acceptables (par exemple face au contrôle des naissances, ou au mariage
homosexuel), ou bien si elle n’est pas
enracinée dans de plus grands et
profonds changements théologiques.
L’heureuse collaboration qui, après
le concile Vatican II, s’est ouverte entre expertes en exégèse biblique et
théologiennes catholiques et protestantes, dans une recherche commune
— ou dans un certain sens aussi dans
une redécouverte — du rôle de la
femme dans la tradition chrétienne,
nous laisse penser que la question est
plus profonde et que les nœuds à délier, importants, demandent un travail œcuménique. Et les femmes sont
pleinement conscientes de cela.
ainsi que de mes collaborateurs de la
curie romaine, avec lesquels nous
commencerons ce soir la semaine
d’exercices spirituels. Merci de tout
cœur de cette prière que vous ferez.
Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas —
n’oubliez pas! — ce qui arriverait si
nous traitions la Bible comme nous
traitons notre téléphone portable.
Pensez à cela. La Bible toujours avec
nous, près de nous!
Je vous souhaite un bon dimanche! Bon déjeuner! Au revoir!
Au cours de ces dernières décennies, en effet, l’œcuménisme entre
les femmes, n’a pas été un œcuménisme de déclarations, ni de commissions, mais de contenu: collaborations et confrontations intellectuelles, de haut niveau, mais aussi travail commun en défense des femmes
opprimées et en danger. En effet,
ensemble, protestantes et catholiques
sont engagées pour sauver de l’esclavage les jeunes chrétiennes et hin
doues enlevées au Pakistan, les femmes violées comme proies de guerre
en Afrique, les immigrées qui arrivent humiliées et harassées en Europe. Avec une différence sur laquelle
nous réfléchissons dans notre mensuel: que les femmes catholiques engagées dans ces combats sont beaucoup plus nombreuses et organisées,
même si leur engagement demeure
invisible (lucetta scaraffia)
La gestation
pour autrui
SUITE DE LA PAGE 1
ment à eux. Avec le consentement
de la loi canadienne.
Comment est-il possible que
l’on ne voit pas un acte profondément misogyne dans cette opération de type commercial, qui veut
être ennoblie par un désir qui ne
peut être considéré comme un
droit pour personne? Il s’agit en
effet d’une destruction consciente
et voulue de la figure maternelle,
portée à terme avec acharnement,
de façon à ce que ces enfants
n’aient jamais une mère. Chacun
sait que deux pères ne remplacent
pas une mère, de même que deux
mères ne peuvent pas remplacer
un père.
Si la vie impose parfois à des
êtres humains de vivre dès le début avec cette grave absence, il
faut tenter d’y remédier. Mais
créer l’absence volontairement —
qui plus est protégés par la loi —
uniquement pour satisfaire le désir de deux adultes est véritablement un acte cruel.
Et la culture qui nous entoure,
qui persiste à interpréter cette situation anormale comme un résultat du progrès en marche,
comme s’il était animé par un
propre esprit, et donc incontrôlable, se rend coupable de graves
fautes. Il faut au contraire lancer
l’alarme, et à voix haute. Et ce
sont surtout les femmes, qui sont
le plus pénalisées par ces absurdes manipulations, qui doivent
lutter pour se défendre elles-mêmes, ainsi que leurs enfants.
L’OSSERVATORE ROMANO
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jeudi 9 mars 2017, numéro 10
Audience à la communauté de Capodarco
Une société qui discrimine les faibles
n’est pas digne de l’homme
Une société «qui ferait de la place
uniquement aux personnes pleinement
fonctionnelles» ne serait pas «digne de
l’homme». C’est ce qu’a affirmé le
Pape François dans le discours adressé
aux membres de la communauté de
Capodarco, reçus en audience dans la
matinée du samedi 25 février, dans la
salle Paul VI.
Chers frères et sœurs,
Je suis heureux de notre rencontre et
heureux de ce que j’ai entendu, très
heureux, et je vous salue tous avec
affection. Je remercie de tout cœur
le père Franco Monterubbianesi,
fondateur de votre communauté, et
le père Vinicio Albanesi, actuel président, pour leurs paroles; et je vous
remercie, vous qui nous avez offert
vos témoignages.
La communauté de Capodarco,
structurée autour de nombreuses réalités locales, a célébré l’an dernier
son 50e anniversaire. Avec vous, je
rends grâce au Seigneur pour le bien
accompli en ces années au service
des personnes porteuses de handicap, des mineurs, de ceux qui vivent
des situations de dépendance et de
difficulté, et de leurs familles. Vous
avez choisi d’être du côté de ces personnes plus vulnérables, pour leur
offrir accueil, soutien et espérance,
dans une dynamique de partage. De
cette façon, vous avez contribué et
vous contribuez à rendre la société
meilleure.
La qualité de la vie au sein d’une
société se mesure, en bonne partie, à
sa capacité à inclure ceux qui sont
plus faibles et nécessiteux, dans le
respect effectif de leur dignité
d’hommes et de femmes. Et la maturité est atteinte lorsque une telle inclusion n’est pas perçue comme
quelque chose d’extraordinaire, mais
de normal. La personne porteuse de
handicap et ayant des faiblesses physiques, psychiques ou morales, doit
elle aussi pouvoir participer à la vie
de la société et être aidée à mettre
en œuvre ses potentialités dans les
diverses dimensions. C’est seulement
quand sont reconnus les droits des
plus faibles, qu’une société peut dire
qu’elle est fondée sur le droit et sur
la justice. Une société qui ferait de
la place uniquement aux personnes
pleinement fonctionnelles, totalement autonomes et indépendantes,
ne serait pas une société digne de
l’homme. La discrimination sur la
base de l’efficacité est tout aussi déplorable que la discrimination sur la
base de la race, du revenu ou de la
religion.
Ces dernières décennies, votre
communauté s’est constamment mise
à l’écoute des personnes, avec attention et amour, en s’efforçant de répondre aux besoins de chacun en tenant compte de leurs capacités et de
leurs limites. Votre proximité à
l’égard des plus faibles va au-delà de
l’attitude de pitié et d’assistentialisme, pour favoriser la participation
active de la personne qui a des difficultés dans un contexte communautaire qui n’est pas fermé sur lui-même, mais ouvert à la société. Je vous
tion et la valeur de
chaque
existence.
En accueillant tous
ces «petits» marqués par des handicaps mentaux ou
physiques, ou par
des blessures de
l’âme, vous reconnaissez en eux des
témoins particuliers
de la tendresse de
Dieu, dont nous
avons beaucoup à
apprendre et qui
ont aussi une place
privilégiée
dans
l’Eglise. De fait,
leur participation à la communauté
ecclésiale ouvre la voie à des relations simples et fraternelles, et leur
prière filiale et spontanée nous invite
tous à nous tourner vers notre Père
céleste.
Votre association a eu son origine
dans les pèlerinages aux sanctuaires
de Lourdes et de Lorette, au cours
desquels don Franco eut l’intuition
de la façon de valoriser les ressources humaines et spirituelles inhéren-
encourage à poursuivre sur ce chemin, qui voit au premier plan l’action personnelle et directe des porteurs de handicap eux-mêmes. Face
aux problèmes économiques et aux
conséquences négatives de la mondialisation, votre communauté cherche à aider ceux qui se trouvent
dans l’épreuve à ne pas se sentir exclus ou marginalisés, mais, au contraire, à marcher en première ligne,
en apportant le témoignage de leur
expérience personnelle. Il s’agit de
promouvoir la dignité et le respect
de tout individu, en faisant sentir
aux «vaincus de la vie» la tendresse
de Dieu, Père aimant de chacune de
ses créatures.
Je veux encore remercier pour le
témoignage que vous donnez à la
société, en l’aidant à découvrir toujours plus la dignité de tous, à partir
des derniers, des plus défavorisés.
Les institutions, les associations et
les différentes agences de promotion
sociale sont appelées à favoriser l’inclusion effective de ces personnes.
Vous travaillez dans ce but avec générosité et compétence, avec l’aide
courageuse de familles et de bénévoles, qui nous rappellent la significa-
tes à toute personne
porteuse de handicap. La Vierge Mère
vous a toujours accompagnés dans votre activité, si précieuse pour l’Eglise
et pour la société, et
elle continue à le
faire, en vous aidant
à retrouver chaque
fois de nouvelles
énergies et à conserver toujours le style
de l’Evangile, la
tendresse,
l’attention, la proximité,
et aussi le courage,
l’esprit de sacrifice,
parce qu’il n’est pas
facile de travailler
dans le domaine du
handicap personnel
et social.
Chers frères et sœurs, je vous remercie encore de votre visite. Je
vous bénis et je vous accompagne
par la prière, pour que vos communautés continuent à cheminer avec
joie et avec espérance. Et vous aussi,
s’il vous plaît, priez pour moi. Merci!
Et je vous invite à prier notre Mère, qui donne de la force aux mères,
aux femmes, à vous, à nous tous qui
travaillons. [Je vous salue Marie]
Présentation d’une nouvelle édition de la Torah
Les paroles de l’alliance
Le «fruit d’une “alliance” entre personnes de différentes nationalités, âges et
confessions religieuses»: c’est ainsi que le Pape a défini l’édition spéciale de la
Torah qui lui a été présentée par le rabbin Abraham Skorka dans la matinée
du jeudi 23 février, au cours de l’audience, dans la salle Clémentine, au groupe
éditorial qui a réalisé la publication.
Chers amis,
C’est avec joie que je vous adresse à
tous mes salutations cordiales, vous
qui êtes venus pour la présentation
d’une nouvelle et précieuse édition
de la Torah. Je remercie le rabbin
Abraham Skorka, mon frère et ami,
pour ses paroles, et je vous suis très
reconnaissant à tous parce que vous
avez eu cette idée, qui nous fait aujourd’hui nous rencontrer autour de
la Torah, c’est-à-dire autour du don
du Seigneur, de sa révélation, de sa
parole.
La Torah, que saint Jean-Paul II a
définie comme «l’enseignement vivant du Dieu vivant» (Discours aux
participants à la célébration du XXVe
anniversaire de la Déclaration «Nostra aetate», 6 décembre 1990, n. 3),
manifeste l’amour paternel et viscéral de Dieu, un amour fait de paroles et de gestes concrets, un amour
qui devient alliance. Et ce mot alliance est précisément riche de résonances qui nous sont communes.
Dieu est le plus grand et le plus fidèle Allié. Il a appelé Abraham
pour former à partir de lui un peuple qui deviendrait une bénédiction
pour tous les peuples de la terre, et
il rêve d’un monde où les hommes
et les femmes soient alliés avec lui
et vivent donc en harmonie entre
eux et avec la création. Au milieu
de tant de paroles humaines qui,
malheureusement, poussent à la di-
vision et à la compétition, ces paroles divines d’alliance nous ouvrent à
tous des voies de bien à parcourir
ensemble. La présente publication
est aussi le fruit d’une «alliance»
entre personnes de différentes nationalités, âges et confessions religieuses qui ont su travailler ensemble.
Le dialogue fraternel et institutionnel entre juifs et chrétiens est
désormais consolidé et efficace, à
travers une confrontation continue
et collaborative. Votre don aujourd’hui s’insère pleinement dans
un tel dialogue, qui ne s’exprime
pas seulement à travers les paroles,
mais aussi dans les gestes. L’ample
partie introductive ajoutée au texte
et la note de l’éditeur soulignent
cette attitude de dialogue, exprimant une vision culturelle ouverte,
dans le respect réciproque et dans
la paix, en harmonie avec le message spirituel de la Torah. Les personnalités religieuses importantes qui
ont travaillé à cette nouvelle édition
ont aussi apporté un soin particulier à la dimension littéraire du texte, de même que les précieuses illustrations en couleurs ont ajouté
une valeur supplémentaire à la publication.
Mais chaque édition de l’Ecriture
Sainte contient une valeur spirituelle qui dépasse infiniment la valeur
matérielle. Je demande à Dieu de
bénir toutes les personnes qui ont
collaboré à cette œuvre, et en particulier vous tous, à qui je renouvelle
mes remerciements. Merci.
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 10, jeudi 9 mars 2017
page 5
Rencontre avec les clercs mariaux de l’Immaculée Conception
Aux côtés des pauvres avec simplicité
Une invitation à s’approcher avec
simplicité des pauvres a été adressée
par le Pape au chapitre général des
clercs mariaux de l’Immaculée
Conception de la Bienheureuse
Vierge Marie, reçus dans la matinée
du samedi 18 février, dans la salle
du consistoire.
Chers frères,
Je suis heureux de vous rencontrer à l’occasion de votre chapitre
général et je vous salue cordialement, en commençant par le supérieur général, que je remercie
pour ses paroles. En vous, je salue toute la congrégation engagée
à servir le Christ et l’Eglise dans
vingt pays du monde.
J’ai appris que l’un des objectifs principaux de votre chapitre
général est la réflexion relative
aux lois et aux dispositions propres à votre congrégation. Il
s’agit d’un travail important. En
effet, «il apparaît aujourd’hui nécessaire pour tous les instituts de
renouveler leur considération de
la Règle, parce que, dans cette
dernière et dans les constitutions,
un itinéraire est tracé pour la sequela Christi, correspondant à un
charisme propre authentifié par
l’Eglise» (Exhort. Post-syn. Vita
consecrata, n. 37). Je vous exhorte
donc à accomplir cette réflexion
avec fidélité au charisme de votre
fondateur et au patrimoine spirituel de votre congrégation et,
dans le même temps, avec le
cœur et l’esprit ouverts aux nouvelles nécessités des personnes.
C’est vrai, nous devons aller de
l’avant avec les nouveaux besoins,
les nouveaux défis, mais souvenez-vous: on ne peut pas aller de
l’avant sans mémoire. C’est une
tension constante. Si je veux aller
de l’avant sans la mémoire du
passé, de l’histoire des fondateurs,
des grands, mais aussi des péchés
de la congrégation, je ne pourrai
pas aller de l’avant. C’est une règle: la mémoire, cette dimension
«deutéronomique» spécifique de
la vie, qui doit être utilisée quand
on doit mettre à jour une congrégation religieuse, les constitutions, toujours.
Que l’exemple de votre fondateur, saint Stanislas de Jésus et
Marie, canonisé l’an dernier, soit
la lumière qui guide votre chemin. Il avait pleinement compris
ce que signifie être disciple du
Christ quand il priait ainsi: «Seigneur Jésus, si par amour tu
m’attachais à Toi, qui me détachera de Toi? Si tu m’unis à Toi
dans ta miséricorde, qui me séparera de Toi? Que mon âme adhère à Toi, que Ta très clémente
droite m’accueille. Qu’adhère à
son Corps même le plus indigne
membre, et que cette petite parcelle souffre avec tout le Saint
Corps souffrant» (Christus Patiens, III, n. 1).
Dans une telle perspective, votre service de la Parole est le témoignage du Christ Ressuscité,
que vous avez rencontré sur votre
chemin et que, à travers votre style de vie, vous êtes appelés à apporter partout où vous envoie
l’Eglise. Le témoignage chrétien
exige également l’engagement
avec et pour les pauvres, un engagement qui caractérise votre institut depuis les origines. Je vous
encourage à maintenir vivante
cette tradition du service aux personnes pauvres et humbles, à travers l’annonce de l’Evangile avec
un langage qui leur est compréhensible, avec les œuvres de miséricorde et la prière pour les défunts. Cette proximité avec les
gens comme nous, simples. J’aime
ce passage de Paul à Timothée
(cf. 2 Tm 1, 5): prends soin de ta
foi, celle que tu as reçue de ta
mère, de ta grand-mère...; de la
Lettres de Créance
de l’ambassadeur d’Irak
Dans la matinée du samedi 4 mars, le Pape François a reçu en audience
S.E. M. Omer Ahmed
Karim Berzinji, nouvel
ambassadeur de la République d’Irak, à l’occasion
de la présentation de ses
Lettres de Créance. Né le
10 janvier 1960, il est marié et a quatre enfants. Il
est titulaire d’une maîtrise
de l’université de Bagdad.
Il a successivement exercé
les fonctions suivantes: membre du
syndicat des avocats (1984-2004) et
de l’union des juristes irakiens; lecteur à l’Institut européen pour les
sciences humaines en France - section hollandaise pour la langue
arabe et l’histoire islamique (20022003); lecteur pour les droits humains dans le cadre des cours pour
diplomates organisés à l’institut di-
plomatique du ministère des affaires étrangères (MAE) irakien et albassadeur au MAE avec charge de
chef de département pour les
droits humains (2004-2009); ambassadeur au Liban (2009-2013);
ambassadeur en Roumanie (20132015); sous-secrétaire pour les affaires juridiques et pour les relations
multilatérales (à partir de 2015).
simplicité de la mère, de la
grand-mère. Ceci est fondamental. Nous ne sommes pas des
princes, fils de princes ou de
comtes ou de barons, nous sommes des gens simples, du peuple.
C’est pour cela que nous nous
approchons avec cette simplicité
des simples et de ceux qui souffrent le plus: les malades, les enfants, les personnes âgées abandonnées, les pauvres,... tous. Cette pauvreté est au centre de
l’Evangile: c’est la pauvreté de Jésus, pas la pauvreté sociologique,
celle de Jésus.
Un autre héritage spirituel significatif de votre famille religieu-
teur de l’homme, et de nombreuses situations d’injustice et de difficultés morales et matérielles interpellent les croyants. Une mission aussi urgente demande une
conversion personnelle et communautaire. Seuls des cœurs pleinement ouverts à l’action de la Grâce sont en mesure d’interpréter
les signes des temps et de saisir
les appels de l’humanité ayant besoin d’espérance et de paix.
Chers frères, à l’exemple de votre fondateur, soyez courageux
dans le service du Christ et de
l’Eglise, en répondant aux nouveaux défis et aux nouvelles missions, même s’ils peuvent sembler
se est celui que vous a laissé votre
confrère, le bienheureux Georges
Matulaitis: le dévouement total à
l’Eglise et à l’homme pour «aller
courageusement travailler et lutter
pour l’Eglise, spécialement où il y
en a le plus besoin» (Journal, p.
45). Que son intercession vous aide à cultiver cette attitude, qui,
dans les dernières décennies, a
inspiré vos initiatives visant à défendre le charisme de l’institut
dans les pays pauvres, en particulier en Afrique et en Asie.
Le grand défi de l’inculturation
vous demande aujourd’hui d’annoncer la Bonne Nouvelle à travers des langages et des moyens
compréhensibles aux hommes de
notre temps, engagés dans un
processus de transformation sociale et culturelle rapide. Votre
congrégation peut se vanter d’une
longue histoire, écrite par de courageux témoins du Christ et de
l’Evangile. C’est dans ce sillage,
que vous êtes appelés aujourd’hui
à marcher avec un zèle renouvelé
pour vous lancer, avec une liberté
prophétique et un sage discernement — les deux à la fois — sur
les routes apostoliques et les frontières missionnaires, en cultivant
une étroite collaboration avec les
évêques et les autres composantes
de la communauté ecclésiale.
Les horizons de l’évangélisation
et la nécessité urgente de témoigner du message évangélique à
tous, sans distinction, constituent
le vaste champ de votre apostolat.
Beaucoup attendent encore de
connaître Jésus, unique rédemp-
humainement risqués. En effet,
dans le «code génétique» de votre communauté se trouve ce que
saint Stanislas affirmait à partir
de son expérience: «En dépit des
innombrables difficultés, la bonté
et la sagesse divines commencent
et accomplissent ce qu’elles veulent, même quand les moyens, selon le jugement humain, sont inadaptés. En effet, rien n’est impossible au Tout-Puissant. J’en suis
l’exemple très clair» (Fundatio
Domus Recollectionis, n. 1). Cette
attitude — qui vient de la petitesse des moyens, mais aussi de notre petitesse, de notre indignité,
parce que nous sommes pécheurs,
vient de là, mais nous avons un
vaste horizon — [cette attitude]
est vraiment l’acte de foi dans la
puissance du Seigneur: le Seigneur peut, le Seigneur est capable. Et notre petitesse est précisément la graine, la petite graine,
qui ensuite germe, grandit, le Seigneur l’arrose et ainsi elle pousse.
Mais le sens de la petitesse est
précisément le premier élan vers
la confiance dans la puissance de
Dieu. Allez, poursuivez sur cette
route.
A votre Mère et Patronne, Marie Immaculée, je confie votre
chemin de foi et de croissance, en
union constante avec le Christ et
avec son Saint-Esprit, qui vous
rend témoins de la puissance de
la Résurrection. A vous, ici présents, à toute la congrégation et à
vos collaborateurs laïcs, je donne
de tout mon cœur la Bénédiction
apostolique.
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 10, jeudi 9 mars 2017
pages 6/7
Message à la rencontre des mouvements populaires à Modesto en Californie
Aucun peuple n’est criminel
aucune religion n’est terroriste
Nous publions ci-dessous le message
envoyé par le Pape François aux
participants à la rencontre des
mouvements populaires qui s’est déroulée à
Modesto, en Californie — la première au
niveau régional aux Etats-Unis
d’Amérique — du 16 au 19 février.
Chers frères et sœurs,
Tout d’abord, j’aimerais vous féliciter
pour l’effort que vous avez fait en renouvelant, au niveau national, le travail
développé dans les rencontres mondiales des mouvements populaires. Par
cette lettre, je veux encourager et renforcer chacun d’entre vous, ainsi que
vos organisations et tous ceux qui luttent avec vous pour «une Terre, un
Travail et un Toit», les trois T en espagnol: Tierra, Trabajo y Techo. Je vous
félicite pour tout ce que vous faites.
Je voudrais remercier la campagne
catholique pour le développement hu-
main, son président, Mgr David Talley
et les évêques qui accueillent, Mgr Stephen Blaire, Mgr Armando Ochoa et
Mgr Jaime Soto, pour le soutien sans
réserve qu’ils ont offert à cette rencontre. Merci, Monsieur le cardinal Peter
Turkson, pour votre soutien continu
des mouvements populaires de la part
du nouveau dicastère pour la promotion du développement humain intégral. Je suis très heureux de vous voir
travailler ensemble pour la justice sociale! Comme je voudrais qu’une énergie aussi constructive s’étende à tous
les diocèses, parce que cela jette des
ponts entre les peuples et les personnes. Ce sont des ponts qui peuvent surmonter les murs de l’exclusion, de l’indifférence, du racisme et de l’intolérance.
Je voudrais également souligner le
travail réalisé par le réseau national PICO et les organisations qui promeuvent
cette rencontre. J’ai appris que PICO signifie «People Improving Communities
through Organizing» (personnes améliorant les communautés à travers l’organisation). Quelle belle synthèse de la
mission des mouvements populaires:
travailler localement, côte à côte avec
vos voisins, vous organiser entre vous,
pour faire grandir vos communautés.
Il y a quelques mois, à Rome, nous
avons parlé lors la troisième rencontre
mondiale des mouvements populaires
des murs et de la peur, des ponts et de
l’amour. Sans vouloir me répéter, ces
Soif de changement
En ouverture des travaux, le cardinal
Peter Kodwo Appiah Turkson,
président du dicastère pour le service
du développement humain intégral, a
lu le message par lequel le Pape s’est
adressé aux sept cents responsables
religieux et de communautés venus en
Californie de douze pays. Lutte
contre le racisme, immigration, droit
au travail et à la maison, justice
environnementale: tels sont les thèmes
qui ont été affrontés au cours de la
rencontre de quatre jours, centrée en
particulier sur l’exclusion sociale
provoquée par l’économie
mondialisée. Dans son intervention, le
cardinal a exhorté «les personnes qui
ont fait l’expérience de l’exclusion
économique et raciale» à créer des
communautés «en partageant leurs
histoires et leur soif de changement»,
en s’unissant à ceux qui — en raison
de leurs confessions religieuses — se
sentent appelés à la solidarité. Parce
que, a-t-il expliqué, «de cette façon se
forme une communauté plus grande»
et «l’unité crée une nouvelle capacité
de changer le monde». Du reste, a-t-il
conclu, il s’agit de s’unir pour la
«dignité de toutes les personnes» et
cette dignité, «nous ne la recevons
d’aucun gouvernement; il s’agit de
quelque chose avec laquelle nous
naissons». Organisé par le dicastère
vatican, par la Campaign for Human
Developement de la conférence
épiscopale des Etats-Unis et par le
réseau PICO — le plus grand réseau
national d’organisations basées sur la
foi — la rencontre de Modesto suit au
niveau régional les trois grands
rassemblements internationaux qui se
sont déroulés à Rome en octobre 2014
et en novembre 2016, et en Bolivie en
juillet 2015.
sujets sont un défi pour nos valeurs les
plus profondes.
Nous savons qu’aucun de ces maux
ne date d’hier. Depuis quelque temps,
la crise du paradigme dominant nous
défie. Je parle d’un système qui cause
d’immenses souffrances à la famille humaine, en portant atteinte à la fois à la
dignité des personnes et à notre Maison commune afin de soutenir la tyrannie invisible de l’argent qui ne garantit
que les privilèges d’un petit nombre.
«L’humanité vit en ce moment un tournant historique» (Pape François, Evangelii gaudium, n. 52).
En tant que chrétiens et personnes
de bonne volonté, c’est à nous qu’il revient de vivre et d’agir en ce moment.
C’est «une responsabilité grave, puisque certaines réalités du temps présent,
si elles ne trouvent pas de bonnes solutions, peuvent déclencher des processus
de déshumanisation sur lesquels il est
ensuite difficile de revenir» (ibid.,
n. 51). Ce sont les signes du temps que
nous devons reconnaître pour agir.
Nous avons perdu un temps précieux:
un temps où nous n’avons pas prêté
suffisamment attention à ces processus,
un temps où nous n’avons pas tenté de
résoudre ces réalités destructrices. Ainsi, les processus de déshumanisation
s’accélèrent. La direction prise au-delà
de ce tournant historique — les façons
dont cette crise qui s’accentue est résolue — dépendra de l’implication et de
la participation des personnes et, dans
une large mesure, de vous-mêmes, les
mouvements populaires.
Nous ne devrions être ni paralysés
par la peur, ni limités à l’intérieur du
conflit. Nous devons reconnaître le
danger, mais aussi l’opportunité que
toute crise apporte afin d’avancer vers
une synthèse réussie. En langue chinoise, qui exprime la sagesse ancestrale de
ce grand peuple, le mot «crise» est
composé de deux idéogrammes: Wēi,
qui signifie «danger» et Jī, qui signifie
«opportunité».
Le grand danger est de renier notre
prochain. Quand nous faisons cela,
nous nions son humanité et notre propre humanité sans le réaliser; nous
nous nions nous-mêmes et nous nions
le commandement le plus important de
Jésus. C’est là que réside le danger, la
déshumanisation. Mais nous trouvons
là aussi une opportunité: que la lumière
de l’amour du prochain puisse illuminer la terre de son éclat éblouissant
comme un éclair dans l’obscurité;
qu’elle puisse nous réveiller et laisser la
vraie humanité éclater avec une authentique résistance, ténacité et persistance.
La question que le docteur de la loi
pose à Jésus, dans l’Evangile de Luc
(10, 25-37) retentit à nos oreilles aujourd’hui: «Qui est mon prochain?».
Qui est cet autre que nous devons aimer comme nous-mêmes? Peut-être celui qui pose cette question attend-il une
réponse confortable afin de continuer
sa vie: «Les membres de ma famille?
Mes compatriotes? Ceux de ma religion?...». Peut-être veut-il que Jésus
nous exempte de l’obligation d’aimer
les païens ou les étrangers qui, à cette
époque, étaient considérés comme impurs. Cet homme veut une règle claire
qui lui permette de classer les autres
comme «prochains» et «non-prochains» (Audience générale du mercredi
27 avril 2016).
Jésus répond par une parabole qui
met en scène deux figures appartenant
à l’élite de l’époque et une troisième figure, considérée comme un étranger,
un païen et un impur: le Samaritain.
Sur la route de Jérusalem à Jéricho, le
prêtre et le lévite rencontrent un homme mourant que les brigands ont attaqué, dépouillé et abandonné. Dans
de telles situations, la loi du Seigneur
impose l’obligation d’offrir son assistance, mais tous deux passent leur chemin sans s’arrêter. Ils étaient pressés.
Cependant, contrairement à ces deux
personnages de l’élite, le Samaritain
s’est arrêté. Pourquoi lui? En tant que
Samaritain, il était méprisé, personne
n’aurait parié sur lui et, dans tous les
cas, il devait avoir ses propres engagements et des choses à faire; cependant,
quand il a vu l’homme blessé, il n’a pas
passé son chemin comme les deux autres qui étaient liés au Temple, mais «le
vit et fut pris de pitié» (v. 33). Le Samaritain agit avec une vraie miséricorde: il panse les blessures de l’homme,
le porte dans une auberge, prend personnellement soin de lui et paie pour
qu’on prenne soin de lui.
Tout cela nous enseigne que la compassion, l’amour n’est pas un vague
sentiment, mais signifie plutôt prendre
soin de l’autre au point de payer personnellement pour lui. Cela signifie
s’engager à prendre toutes les mesures
nécessaire pour «s’approcher» de l’autre au point de s’identifier avec lui: «Tu
aimeras ton prochain comme toi-même». Tel est le commandement du Seigneur (ibid.).
Le système économique qui place en
son centre le dieu argent et qui agit
parfois avec la brutalité des brigands de
la parabole, inflige des blessures qui
ont été négligées de façon criminelle.
La société mondialisée détourne souvent son regard d’un air innocent. Sous
le couvert de ce qui est politiquement
correct ou idéologiquement à la mode,
on regarde ceux qui souffrent sans les
toucher. Mais on les transmet en direct;
on parle d’eux avec des euphémismes
et une tolérance apparente, mais rien
n’est fait systématiquement pour soigner les blessures sociales ou pour affronter les structures qui laissent tant
de nos frères et sœurs sur le bord de la
route. Cette attitude hypocrite, si différente de celle du Samaritain, manifeste
une absence de véritable engagement
envers l’humanité.
Tôt ou tard, la cécité morale de cette
indifférence vient à la lumière, comme
quand un mirage se dissipe. Les blessures sont là, elles sont une réalité. Le
chômage est réel, la violence est réelle,
la corruption est réelle, la crise d’identité est réelle, le démembrement des démocraties est réel. La gangrène du système ne peut être étouffée éternellement, parce que tôt ou tard, la puanteur devient trop forte; et quand elle ne
peut plus être niée, le même pouvoir
qui a engendré cet état de choses commence à manipuler la peur, l’insécurité,
les querelles et même l’indignation justifiée des gens, afin de déverser la responsabilité de tous ces maux sur un
«non-prochain». Je ne parle de personne en particulier, je parle d’un processus social et politique qui prospère
dans de nombreuses parties du monde
et qui présente un grave danger pour
l’humanité.
Jésus nous enseigne un chemin différent. Ne cataloguez pas les autres pour
savoir qui est un prochain et qui ne
l’est pas. Vous pouvez devenir le prochain de toute personne dans le besoin
que vous rencontrez et vous le ferez si
vous avez de la compassion dans votre
cœur. C’est-à-dire, si vous avez cette
capacité de souffrir avec quelqu’un
d’autre. Vous devez devenir un Samaritain. Et ensuite, aussi devenir comme
l’aubergiste à la fin de la parabole auquel le Samaritain confie la personne
qui souffre. Qui est cet aubergiste?
C’est l’Eglise, la communauté chrétienne, des personnes dotées de compassion et de solidarité, des organisations
sociales. C’est nous, c’est vous, à qui le
Seigneur Jésus confie chaque jour ceux
qui sont blessés dans leur corps et dans
leur esprit, pour que nous puissions
continuer de déverser sur eux toute son
immense miséricorde et son salut. Voici
les racines de l’humanité authentique
qui résiste à la déshumanisation qui re-
vêt l’aspect de l’indifférence, de l’hypocrisie ou de l’intolérance.
Je sais que vous vous êtes engagés à
combattre pour la justice sociale, à défendre notre sœur et mère Terre et à
être aux côtés des migrants. Je désire
réaffirmer votre choix et vous faire partager deux réflexions à cet égard.
Premièrement, la crise écologique est
réelle. «Il existe un consensus scientifique très solide qui indique que nous
sommes en présence d’un réchauffement préoccupant du système climatique» (Laudato si’, n. 23). La science
n’est pas la seule forme de connaissance, c’est vrai. Il est aussi vrai que la
science n’est pas nécessairement «neutre» — souvent elle cache des opinions
idéologiques ou des intérêts économiques. Cependant, nous savons aussi ce
qui se passe quand nous nions la science et négligeons la voix de la nature. Je
fais mien tout ce qui nous concerne en
tant que catholiques. Ne tombons pas
dans le déni. Le temps presse. Agissons. Je vous demande à nouveau — à
vous tous, personnes de tous les horizons, y compris les autochtones, les
pasteurs, les responsables politiques —
de défendre la création.
L’autre est une réflexion que j’ai partagée lors de notre toute récente rencontre mondiale des mouvements populaires et je pense qu’il est important
de le répéter: aucun peuple n’est criminel et aucune religion n’est terroriste.
Le terrorisme chrétien n’existe pas, le
terrorisme juif n’existe pas et le terrorisme musulman n’existe pas. Ils n’existent pas. Aucun peuple n’est criminel,
ou trafiquant de drogue ou violent.
«On accuse les pauvres et les populations les plus pauvres de la violence,
mais, sans égalité de chances, les différentes formes d’agression et de guerre
trouveront un terrain fertile qui tôt ou
tard provoquera l’explosion» (Evangelii
gaudium, n. 59). Il existe des individus
fondamentalistes et violents dans tous
les peuples et toutes les religions et les
généralisations intolérantes les rendent
plus forts parce qu’ils se nourrissent de
la haine et de la xénophobie. En répondant à la terreur par l’amour, nous
œuvrons pour la paix.
Je vous demande douceur et résolution pour défendre ces principes. Je
vous demande de ne pas les échanger
comme des marchandises à bon marché. Comme saint François d’Assise,
donnons toute notre personne: là où
est la haine, semons l’amour; là où est
la blessure, semons le pardon; là où est
la discorde, semons l’unité; là où est
l’erreur, semons la vérité (Prière de
saint François d’Assise, extrait).
Sachez que je prie pour vous, que je
prie avec vous et je demande à Dieu
notre Père de vous accompagner et de
vous bénir. Puisse-t-il répandre sur
vous son amour et vous protéger. Je
vous demande, s’il vous plaît, de prier
également pour moi, et d’aller de
l’avant.
Cité du Vatican, 10 février 2017
Campagne de fraternité au Brésil
Un défi mondial
«Le défi mondial, que toute l’humanité est en train d’affronter, exige l’engagement de
chaque personne, ainsi que la participation de chaque communauté locale»: c’est ce
qu’écrit le Pape François à l’occasion de la 54e campagne de fraternité pour le
Carême organisée par la conférence épiscopale du Brésil. Le thème de la campagne de
cette année est «Fraternité: biomes brésiliens et défense de la vie», avec une référence
au verset de la Genèse: «Yahvé Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d'Eden
pour le cultiver et le garder».
Chers frères et sœurs du Brésil!
Je désire m’unir à vous pour la campagne de fraternité qui, en cette année
2017, a pour thème: «Fraternité: biomes brésiliens et défense de la vie», en
vous encourageant à élargir la conscience que le défi mondial, que toute
l’humanité est en train d’affronter, exige l’engagement de chaque personne,
ainsi que la participation de chaque
communauté locale, comme du reste,
je l’ai souligné dans divers points de
l’encyclique Laudato si’, sur la sauvegarde de notre maison commune.
Le Créateur a été généreux avec le
Brésil. Il lui a accordé une diversité de
biomes qui lui confèrent une beauté
extraordinaire. Mais, malheureusement, sont également présents les signes de l’agression à la création et de
la dégradation de la nature. L’Eglise a
été parmi vous une voix prophétique
en ce qui concerne le respect et l’attention à l’égard de l’environnement et
des pauvres. Non seulement elle a attiré l’attention sur les défis et sur les
problèmes écologiques, mais elle a
également indiqué leurs causes et, surtout, elle a indiqué des chemins pour
les surmonter. Parmi les nombreuses
initiatives et actions, il me plaît de
rappeler que, déjà en 1979, la campagne de fraternité, qui avait pour thème
«Pour un monde plus humain», avait
choisi la devise: «Préserve ce qui appartient à tous». Ainsi, déjà en cette
année, la conférence épiscopale brési-
lienne exprimait à la société brésilienne sa préoccupation pour les questions
environnementales et pour le comportement humain à l’égard des dons de
la création.
L’objectif de la campagne de fraternité de cette année, inspiré d’un passage du Livre de la Genèse (cf. 2, 15), est
sauvegarder la création, de manière particulière les biomes brésiliens, dons de
Dieu, et promouvoir des relations fraternelles avec la vie et la culture des peuples, à la lumière de l’Evangile. Etant
donné que «nous ne pouvons pas ne
pas prendre en considération les effets
de la dégradation de l’environnement,
du modèle actuel de développement et
de la culture du déchet, sur la vie des
personnes» (Laudato si’, n. 43), cette
campagne invite à contempler, à admirer, à être reconnaissants et à respecter
la diversité naturelle qui se manifeste
dans les divers biomes du Brésil — un
véritable don de Dieu — à travers la
promotion de rapports qui respectent
la vie et la culture des peuples qui y
vivent. Il s’agit précisément là de l’un
des plus grands défis dans chaque partie de la terre, également parce que la
dégradation de l’environnement est
toujours accompagnée par des injustices sociales.
Les peuples originaires de chaque
biome, où qui y vivent traditionnellement, nous offrent un exemple clair de
la façon dont la coexistence avec la
création peut être respectueuse, por-
teuse de plénitude et de miséricorde.
C’est pourquoi, il est nécessaire de
connaître et d’apprendre de ces peuples et de leurs relations avec la nature. Il sera ainsi possible de trouver un
modèle de durabilité qui puisse être
une alternative au désir effréné de
gain qui épuise les ressources naturelles et blesse la dignité des pauvres.
Chaque année, la campagne de fraternité se déroule pendant le temps
fort du Carême. Il s’agit d’une invitation à vivre avec une plus grande
conscience et détermination la spiritualité pascale. La communion dans la
Pâque de Jésus Christ est capable de
susciter une conversion permanente et
intégrale, qui est, dans le même temps,
personnelle, communautaire, sociale et
écologique. Je réaffirme donc ce que
j’ai rappelé à l’occasion de l’année
sainte extraordinaire: la miséricorde
exige de «rendre la dignité à ceux qui
en ont été privés» (Misericordia vultus,
n. 16). Une personne de foi qui célèbre dans la Pâque la victoire de la vie
sur la mort, ne pourra pas rester indifférente en prenant conscience de la situation d’agression à l’égard de la
création de Dieu dans chacun des biomes brésiliens.
Je souhaite à tous un chemin quadragésimal fécond et je prie Dieu afin
que la campagne de fraternité 2017 atteigne ses objectifs. En invoquant la
présence et la protection de Nossa
Senhora Aparecida sur tout le peuple
brésilien, en particulier en cette année
mariale, je vous donne ma Bénédiction
apostolique spéciale et je vous demande de ne pas cesser de prier pour moi.
Du Vatican, le 15 février 2017
FRANCISCUS
PP.
L’OSSERVATORE ROMANO
page 8
Jeudi
23 février
Ne pas retarder
la conversion
Le «scandale» de celui qui se professe chrétien et révèle ensuite son véritable visage à travers une vie qui n’a
rien de chrétien. Le contre-témoignage de qui «exploite» et «détruit»
les vies des autres en faisant semblant d’être un bon catholique. Tel a
été le thème de la réflexion du Pape
François qui, en commentant les dures paroles utilisées par Jésus dans
l’Evangile, a appelé à la conversion
les protagonistes de certaines «doubles vies». Le point de départ de
l’homélie du Pape a été le psaume
responsoriel, le psaume 1. Derrière
les paroles de Jésus, on perçoit «la
figure de ces justes qui se sentent
petits, mais qui placent leur confiance dans le Seigneur». Un passage, a
souligné le Pape, dans lequel «à
quatre reprises» revient le mot
«scandale». Et en l’utilisant, le Seigneur «a été très fort», au point de
dire: «Malheur à celui qui scandalisera l’un de ces petits. Malheur!».
En effet, a expliqué le Pape, «le
scandale, pour le Seigneur, est la
destruction». Et Jésus conseille:
«Mieux vaut te détruire toi-même
que de détruire les autres». Le Pape
s’est alors demandé: «Mais qu’est-ce
que le scandale ?». La réponse touche la vie concrète de chaque personne: «Le scandale est dire une
chose et en faire une autre; c’est la
double vie». Un exemple? «Je suis
très catholique, je vais toujours à la
Messe, je fais partie de telle et telle
autre association; mais ma vie n’est
pas chrétienne, je ne paies pas un
salaire juste à mes employés, j’exploite les gens, je trempe dans des
affaires sales, de blanchissement
d’argent». C’est cela une «double
vie». Et, malheureusement, «beaucoup de catholiques sont comme cela. Et ceux-là scandalisent». Des paroles claires qui reconduisent chacun
à la vie de tous les jours: «Combien
de fois avons-nous entendu dans le
quartier et dans d’autres lieux:
“Mais si c’est pour être catholique
comme cela, mieux vaut être
athée”». C’est précisément cela, «le
scandale» qui «détruit», qui «démoralise». Et qui est, précisément, un
fait quotidien: «Il suffit de regarder
le journal télévisé ou de lire les journaux. Sur les journaux, il y a de
nombreux scandales, et on fait aussi
une grande publicité aux scandales.
Et avec les scandales, on détruit».
Jésus dit à ceux qui se comportent
ainsi: «Ces petits, ces pauvres qui
croient en moi, ne les détruis pas
avec ta double vie». Le problème
naît d’une attitude qui est bien décrite précisément dans la première
lecture du jour (Ecclesiaste 5, 1-10):
«Ne te fies pas à tes richesses, et ne
dis pas: “Je me suffis à moi-même”»,
et encore: «Ne suis pas ton instinct
et ta force, en suivant les passions de
ton cœur». C’est-à-dire que la double vie, «vient quand on suit les passions du cœur, les péchés capitaux
qui sont les blessures du péché originel». Celui qui est objet de scandale suit ces passions même s’il les
cache. L’Ecriture met en garde ces
Messes
à Sainte-Marthe
personnes qui, tout en reconnaissant
leur erreur, comptent sur le fait que
«le Seigneur est patient, il oubliera!...». Et il invite chacun à «ne pas
repousser la conversion à plus tard».
Une invitation répétée par le Pape à
chaque chrétien: «A chacun de
nous, aujourd’hui, il fera du bien de
réfléchir à cela: y a-t-il quelque chose qui ressemble à une double vie en
nous: apparaître justes, sembler de
bons croyants, de bons catholiques,
mais par derrière, faire tout autre
chose». Comprendre si notre attitude est celle de ceux qui disent:
«Mais oui, le Seigneur me pardonnera tout ensuite, en attendant, je
continue...» et, tout en étant conscient de ses erreurs, on répète: «Oui,
cela ne va pas bien, je me convertirai, mais pas aujourd’hui: demain».
Une puissante invitation à la conversion, dans la conscience que «le
scandale détruit».
Vendredi
24 février
Justice et miséricorde
«Seigneur, que je sois juste, mais
juste avec miséricorde»: telle est la
prière suggérée par le Pape François
pour ne pas tomber dans «la tromperie hypocrite» de la «casuistique»,
dans la «logique du “on peut” et
“on ne peut pas”». Conscients
qu’«en Dieu la justice est miséricorde et que la miséricorde est justice».
«Il y avait trois groupes de personnes qui suivaient Jésus», a fait remarquer François, en se référant au
passage évangélique de Marc (10, 112) proposé par la liturgie. Tout
d’abord, «la foule le suivait pour apprendre. Le deuxième groupe était
composé de «docteurs de la loi»
qui, en revanche, «le suivaient pour
le mettre à l’épreuve. Il y avait
ensuite «les disciples, le troisième
groupe: ils le suivaient parce qu’ils
étaient attachés à lui. Marc raconte
que le Seigneur «était approché par
ces docteurs de la loi: c’est clair,
l’Evangile le dit, pour le mettre à
l’épreuve, ils demandaient à Jésus
s’il est licite à un mari de répudier
sa femme». Mais Jésus ne répond
pas si cela est licite ou non; il n’entre pas dans leur logique casuistique,
car eux ne pensaient à la foi qu’en
termes de “on peut” ou “on ne peut
pas”, jusqu’où “on peut”, jusqu’où
“on ne peut pas”». Jésus leur
«adresse une question: “Que vous a
ordonné Moïse?”». En pratique, il
demande: «Qu’y a-t-il dans votre
loi?”». En répondant à cette question de Jésus, les docteurs de la loi
«expliquent la permission que Moïse
a donnée pour répudier une femme,
et ce sont précisément eux qui tombent dans le piège, parce que Jésus
les qualifie de “durs de cœurs”». Et
ainsi, Jésus «dit la vérité, sans casuistique, sans permission, la vérité:
“Depuis le début de la création,
Dieu les fit homme et femme”».
C’est pourquoi «ils ne sont plus
deux, mais une seule chair». Et cela
«n’est ni casuistique, ni permission:
c’est la vérité; Jésus dit toujours la
vérité». Ensuite, dans son Evangile,
Marc raconte également la réaction
du «troisième groupe, les disciples,
chez eux: ils l’interrogent. Et «Jésus
est encore très clair: “Qui répudie sa
propre femme et en épouse une autre, commet un adultère envers elle;
et si elle, répudiée par son mari, en
épouse un autre, elle commet un
adultère». Jésus dit donc «la vérité».
Il «sort de la logique casuiste et explique les choses comme elles ont
été créées, il explique la vérité».
Mais «quelqu’un peut certainement
penser: “Oui, la vérité est celle-ci,
mais toi, Jésus, tu es allé là-bas parler avec une adultère!”». Et même
«de nombreuses fois adultère».
«Une fois, on t’a amené une adultère — c’est clair pour tous: on l’a surprise commettant un adultère — et
toi, à la fin, qu’as-tu dit? “Je ne te
condamne pas, va, ne pèche plus”.
Mais comment expliquer tout cela?»
pourrait-on donc objecter. «C’est le
chemin chrétien», a été la réponse
du Pape. Et «le chemin de Jésus, on
le voit clairement, est le chemin qui
va de la casuistique à la vérité et à la
miséricorde: Jésus laisse la casuistique de côté». Et «ceux qui voulaient le mettre à l’épreuve, ceux qui
pensaient avec cette logique du “on
peut”, il les qualifie d’hypocrites».
«La casuistique est hypocrite, c’est
une pensée hypocrite: “on peut, on
ne peut pas”». Mais il n’y a pas
«seulement la vérité». Il y a «également la miséricorde, car il est l’incarnation de la miséricorde du Père et
il ne peut pas se renier lui-même».
Et «il ne peut pas se renier lui-même parce qu’il est la miséricorde du
Père». Et «cela est la route que Jésus nous enseigne à parcourir: cela
n’est pas facile, dans la vie, quand
les tentations se présentent». «Seigneur, que je sois juste, mais juste
avec miséricorde» est la prière suggérée par François.
Mardi
28 février
Tout et rien
«Contento, Señor, contento!»: le visage souriant d’un saint contemporain, le Chilien Alberto Hurtado,
qui, même dans les difficultés et les
souffrances, assure au Seigneur être
«heureux», a été opposé à celui
«triste» du «jeune homme riche» de
l’Evangile dans la méditation du Pape François. Ce sont deux façons de
répondre au don et à la promesse de
vie que Dieu fait à l’homme et que
le Pape a résumées par une expression: «Tout et rien». L’homélie de
François est partie d’une considération sur la liturgie de ces «trois derniers jours avant le Carême», au
cours de laquelle est présentée la
«relation entre Dieu et les richesses». «Je vous dis, dit Jésus: il n’y a
personne qui n’ait tout quitté sans
tout recevoir». Il n’y a pas de demimesures: «Voilà, nous avons tout
quitté», «Vous recevrez tout». Il y a
jeudi 9 mars 2017, numéro 10
en revanche «cette mesure débordante par laquelle Dieu donne ses
dons: “Vous recevrez tout. Nul n’aura laissé maison, frères, sœurs, mère,
père, enfants ou champs à cause de
moi et à cause de l’Evangile, qui ne
reçoive le centuple dès maintenant,
au temps présent, en maisons, frères,
sœurs, mères, enfants et champs,
avec des persécutions, et, dans le
monde à venir, la vie éternelle”.
Tout». Telle est la réponse à toutes
les questions: «Le Seigneur ne sait
pas donner moins que tout. Quand
il donne quelque chose, il se donne
lui-même, qui est tout». Une réponse, toutefois, d’où ressort un mot qui
«nous fait réfléchir». En effet, Jésus
affirme que «l’on, reçoit dès à présent dans ce temps cent fois en maisons, frères, avec des persécutions».
Donc «tout et rien». Le Pape a expliqué: «Tout en croix, tout en persécutions, avec les persécutions».
Car il s’agit d’«entrer dans une autre
façon de penser, dans une autre façon d’agir». En effet, «Jésus se donne tout entier, parce que la plénitude, la plénitude de Dieu est une plénitude anéantie sur la croix». D’où
le «don de Dieu: la plénitude anéantie». D’où également «le style du
chrétien: chercher la plénitude, recevoir la plénitude anéantie et suivre
ce chemin». Un engagement qui
n’est certainement «pas facile».
Mais, en suivant sa méditation, le
Pape est allé plus loin et s’est demandé: «quel est le signe, quel est le
signe qui montre que je vais de
l’avant dans cet acte de tout donner
et de tout recevoir?». Qu’est-ce qui
fait comprendre, en somme, que l’on
est sur la bonne voie? La réponse, at-il dit, se trouve dans la première
lecture du jour (Ecclésiastique 35, 115), où il est écrit: «Glorifie le Seigneur avec générosité. Chaque fois
que tu fais une offrande, montre un
visage joyeux et consacre la dîme
avec joie. Donne au Très-Haut comme il t’a donné, avec générosité, selon tes moyens». Donc, «générosité,
le visage joyeux, joie...». Le Pape a
expliqué: «Le signe qui montre que
nous marchons sur cette voie du
tout et rien, de la plénitude anéantie, est la joie». Ce n’est pas par hasard que «le jeune homme riche devint sombre et s’en alla, triste». Il
n’avait pas été «capable de recevoir,
d’accueillir cette plénitude anéantie». En revanche, «les saints, Pierre
lui-même, l’ont accueillie. Et au milieu des épreuves, des difficultés, ils
avaient le visage heureux, le regard
heureux, et la joie du cœur. Voilà le
signe». C’est alors que le Pape a eu
recours à un exemple tiré de la vie
de l’Eglise contemporaine: «Il me
vient à l’esprit une petite phrase
d’un saint, saint Alberto Hurtado,
chilien. Il travaillait sans cesse, difficulté après difficulté, après difficulté... Il travaillait pour les pauvres».
C’est un saint qui «a été persécuté»
et qui a dû affronter «de nombreuses souffrances». Mais «lui, quand il
était précisément là, anéanti sur la
croix, disait: «Contento, Señor, contento!, “Heureux, Seigneur, heureux”». Que saint Alberto «nous
enseigne à aller sur ce chemin, nous
donne la grâce d’aller sur ce chemin
un peu difficile du tout et du rien,
de la plénitude anéantie de Jésus
Christ et dire toujours, surtout dans
les difficultés: “Heureux Seigneur,
heureux”».
numéro 10, jeudi 9 mars 2017
Jeudi
2 mars
La boussole du chrétien
La «boussole du chrétien est suivre
le Christ crucifié»: pas un faux Dieu
«désincarné et abstrait», mais Dieu
qui s’est fait chair et qui porte sur
lui «les plaies de nos frères». La
suggestion du Pape François pour le
Carême est un puissant appel à la
conversion et à l’aspect concret de la
réalité. «Aujourd’hui, la liturgie de
la parole de Matthieu (4, 17) nous
fait réfléchir sur trois réalités qu’il
faut avoir à l’esprit pour cette conversion: la réalité de l’homme — la
réalité de la vie — la réalité de Dieu
et la réalité du chemin». «Ce sont
des réalités de l’expérience humaine,
toutes les trois, mais que l’Eglise, et
nous aussi, avons devant nous pour
la conversion». La première réalité
est donc «la réalité de l’homme: tu
es devant un choix», a affirmé François, en faisant référence au passage
du Deutéronome (30, 15-20) proposé
par la liturgie: «Vois, je place aujourd’hui devant toi la vie et le bien,
la mort et le mal». Nous les hommes, nous sommes devant cette réalité: ou c’est le bien, ou c’est le mal.
Mais le Seigneur «ne nous laisse pas
seuls, il nous enseigne, il nous admoneste: fais attention, il y a le bien
et le mal; adorer Dieu, accomplir les
commandements est la route du
bien; aller de l’autre côté est la route
des idoles, des faux dieux — des
nombreux faux dieux — qui font que
l’on se trompe de vie». Ensuite, «il y
a une autre réalité, la deuxième réalité forte: la réalité de Dieu». Oui,
a-t-il affirmé, «Dieu est là, mais
comment est-il là? Dieu s’est fait
Christ: c’est la réalité et pour les
disciples, il était difficile de comprendre cela». «Dieu a pris toute la
réalité humaine, à l’exception du péché: Dieu n’est pas là sans le Christ,
un Dieu sans Christ, “désincarné”,
est un Dieu qui n’est pas réel». En
effet, «la réalité de Dieu est Dieu
fait Christ pour nous, pour nous
sauver, et quand nous nous éloignons de cela, de cette réalité, et
que nous nous éloignons de la croix
du Christ, de la vérité des plaies du
Seigneur, nous nous éloignons également de l’amour, de la charité de
Dieu, du salut et nous allons sur
une route idéologique de Dieu, éloignée: ce n’est pas le Dieu qui vint à
nous et qui s’est fait proche pour
nous sauver et qui est mort pour
nous». «Nous ne pouvons pas vivre
le Carême sans cette deuxième réalité: nous devons nous convertir non
à un Dieu abstrait, mais au Dieu
concret qui s’est fait Christ». Voilà
alors «la réalité de l’homme — nous
sommes devant le bien et le mal — la
réalité de Dieu — Dieu s’est fait
Christ — et la troisième réalité humaine: la réalité du chemin». La
question est «quelle route prenonsnous?». Le Pape a reproposé la force de la parole de Jésus: «Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se
renie lui-même, qu’il prenne sa croix
chaque jour et me suive». Car «la
réalité du chemin est celle du Christ:
suivre le Christ, faire la volonté du
Père, comme Lui, prendre les croix
de chaque jour et se renier soi-même
pour suivre le Christ». Cela signifie
L’OSSERVATORE ROMANO
«ne pas faire ce que je veux, mais ce
que veut Jésus, suivre Jésus». Et Il
dit «que sur cette route nous perdons notre vie pour la gagner plus
tard». «Ces trois réalités humaines
sont la boussole du chrétien; avec
ces trois signaux, qui sont la réalité,
nous ne nous tromperons pas de
route». D’où également la suggestion au début du Carême: «“Convertissez-vous” dit le Seigneur, c’est-àdire prenez au sérieux ces réalités de
l’expérience humaine».
Vendredi
3 mars
Le véritable jeûne
Mais comment fait-on pour payer
un dîner de deux cents euros et
ensuite faire semblant de ne pas voir
un homme affamé à la sortie du restaurant? Et comment fait-on pour
parler de jeûne et de pénitence et
ensuite ne pas payer les charges sociales de sa femme de ménage ou le
juste salaire à ses employés, en ayant
recours au salaire au noir? C’est précisément contre le risque de tomber
dans la tentation de «prendre la
commission de la vanité», de vouloir
apparaître bons en faisant «une belle offrande à l’Eglise», alors que l’on
«exploite» les personnes, que le Pape François a mis en garde. Une réflexion sur la signification du «véritable jeûne» née de l’actualité éloquente des paroles du prophète Isaïe
(58, 1-9): «N’est-ce pas plutôt ceci,
le jeûne que je préfère: défaire les
chaînes injustes, délier les liens du
joug; renvoyer libres les opprimés, et
briser tous les jougs? N’est-ce pas
partager ton pain avec l’affamé, héberger chez toi les pauvres sans abri,
si tu vois un homme nu, le vêtir, ne
pas te dérober devant celui qui est ta
propre chair?». «La parole du Seigneur parle aujourd’hui du jeûne,
c’est-à-dire de la pénitence que nous
sommes invités à faire en ce temps
de Carême: la pénitence pour se
rapprocher du Seigneur». Et dans le
passage d’Isaïe, «certaines personnes
se plaignent parce que leur jeûne
n’était pas efficace» et elles demandent: «Pourquoi avons-nous jeûné
sans que tu le voies, nous sommesnous mortifiés sans que tu le saches?». Mais, répond le Seigneur,
«c’est qu’au jour où vous jeûnez,
vous traitez des affaires, et vous opprimez tous vos ouvriers. C’est que
vous jeûnez pour vous livrer aux
querelles et aux disputes, pour frapper du poing méchamment». En
somme, «d’une part, vous jeûnez,
vous faites pénitence, et de l’autre,
vous commettez des injustices». En
fin de comptes, «ces derniers
croyaient que jeûner signifiait maquiller un peu son cœur: “Je suis
juste parce que je jeûne”». «Au jour
où vous jeûnez, vous traitez des affaires»: c’est «le sens le plus incisif»,
a dit le Pape, en ajoutant qu’il s’agit
d’«affaires sales». Une manière de
faire que «Jésus a toujours qualifiée
d’hypocrite». Ainsi, «nous avons entendu quand Jésus a parlé de cela,
mercredi dernier: “Quand vous jeûnez ne prenez pas un air mélancolique, un visage triste, pour que tous
les gens voient que vous jeûnez”».
Macha Chmakoff, «Jésus dans le désert»
Et «quand tu pries, ne fais pas voir
que tu es en train de prier pour que
les gens disent: “Mais quelle bonne
personne, juste”». En somme,
«quand vous faites l’aumône ne faites pas retentir les trompettes». Toujours dans le passage d’Isaïe, «le
Seigneur explique à ces gens qui se
plaignent quel était le véritable jeûne: “N’est-ce pas plutôt ceci, le jeûne que je préfère: défaire les chaînes
injustes, délier les liens du joug; renvoyer libres les opprimés, et briser
tous les jougs? N’est-ce pas partager
ton pain avec l’affamé, héberger
chez toi les pauvres sans abri, si tu
vois un homme nu, le vêtir, ne pas
te dérober devant celui qui est ta
page 9
propre chair? C’est ce que je veux,
c’est le jeûne que je veux”». L’autre,
en revanche, «est le jeûne “hypocrite” — c’est le terme que Jésus utilise
beaucoup — et c’est un jeûne pour
se faire voir ou pour se sentir juste,
mais entre temps, j’ai commis des injustices, je ne suis pas juste, j’exploite les gens». Cela ne va pas si l’on
dit: «Je suis généreux, je ferai une
belle offrande à l’Eglise». Dis-moi
plutôt, «payes-tu ce que tu dois à ta
femme de ménage, à tes employés,
ou bien les payes-tu au noir? Les
payes-tu comme la loi le demande
pour qu’ils puissent donner à manger à leurs enfants?». Donc, «quand
Jésus dit: “Quand vous priez faitesle en cachette, quand vous donnez
l’aumône ne faites pas retentir la
trompette, quand vous jeûnez ne
prenez pas un air mélancolique”,
c’est la même chose que s’il disait:
“S’il vous plaît, quand vous faites
une bonne œuvre ne prenez pas de
commission sur cette bonne œuvre,
elle est seulement pour le Père”».
Dans le passage d’Isaïe, il y a une
parole du Seigneur adressée à ceux
«qui font ce jeûne hypocrite», qui
«semble dite pour notre époque:
“N’est-ce pas plutôt ceci, le jeûne
que je préfère: défaire les chaînes injustes, délier les liens du joug; renvoyer libres les opprimés, et briser
tous les jougs? N’est-ce pas partager
ton pain avec l’affamé, héberger
chez toi les pauvres sans abri, si tu
vois un homme nu, le vêtir, ne pas
te dérober devant celui qui est ta
propre chair?”». François a suggéré
de penser «à ces paroles: pensons à
notre cœur, à comment nous jeûnons, prions, donnons l’aumône».
Et «cela nous aidera également de
penser à ce que ressent un homme
après un dîner qu’il a payé cent,
deux cents euros, qui rentre chez lui
et voit un affamé, ne le regarde pas
et continue à marcher. Cela nous fera du bien d’y penser».
Congrégation pour les causes des saints
Promulgation de décrets
Lundi 27 février, le Pape François a
reçu en audience S.Em. le cardinal
Angelo Amato, S.D.B., préfet de la
Congrégation pour les causes des
saints. Au cours de l’audience, le
Pape a autorisé la Congrégation à
promulguer les décrets concernant:
— le martyre du serviteur de
Dieu Tito Zeman, prêtre profès de
la societé salésienne de saint Jean
Bosco; né le 4 janvier 1915 et tué en
haine de la foi le 9 janvier 1969;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu Octavio Ortiz Arrieta, de la societé salésienne de saint
Jean Bosco, évêque de Chachapoyas (Pérou); né le 19 avril 1878 et
mort le 1er mars 1958;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu Antonio Provolo, prêtre diocésain, fondateur de la société de Marie pour l’éducation des
sourds-muets et de la congrégation
de Marie pour l’éducation des
sourdes-muettes; né le 17 février
1801 et mort le 4 novembre 1842;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu Antonio Repiso Mar-
tínez de Orbe, prêtre profès de la
compagnie de Jésus, fondateur de
la congrégation des sœurs du Divin Pasteur; né le 8 février 1856 et
mort le 27 juillet 1929;
— les vertus héroïques de la servante de Dieu Maria de las Mercedes Cabezas Terrero, fondatrice de
l’institut religieux des ouvrières
missionnaires du Sacré-Cœur de
Jésus; née le 19 décembre 1911 et
morte le 30 septembre 1993;
— les vertus héroïques de la servante de Dieu Lucia dell’Immacolata (dans le siècle: Maria Ripamonti), sœur professe de la congrégation des servantes de la charité;
née le 26 mai 1909 et morte le 4
juillet 1954;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu Pedro Herrero Rubio,
laïc; né le 29 avril 1904 et mort le 5
novembre 1978;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu Vittorio Trancanelli,
laïc, père de famille; né le 26 avril
1944 et mort le 24 juin 1998.
L’OSSERVATORE ROMANO
page 10
Rencontre avec la commission charité de la
jeudi 9 mars 2017, numéro 10
CEI
La santé est un droit
pour tous
Au centre de tout système de santé doit
figurer la personne malade et non
l’argent. C’est ce qu’a rappelé le Pape
aux participants à la rencontre promue
par la commission charité et santé de
la conférence épiscopale italienne, reçus
en audience dans la matinée du
vendredi 10 février, dans la salle
Clémentine.
Chers frères et sœurs,
Je vous souhaite une cordiale bienvenue. Je remercie le cardinal Montenegro pour son introduction et je
salue les évêques présents, le conseil
national, les directeurs des bureaux
diocésains et leurs collaborateurs,
venus à l’occasion des 25 ans de la
journée mondiale du malade et des
20 ans du bureau national pour la
pastorale de la santé.
Nous rendons grâce au Seigneur
pour le chemin accompli au cours
de cette période, pour ce qui a été
fait au bénéfice d’un soin intégral
des malades et pour la générosité de
tant d’hommes et de femmes qui ont
accueilli l’invitation de Jésus à lui
rendre visite dans la personne des
malades (cf. Mt 25, 36). Ce furent
des années marquées par de profonds changements sociaux et culturels, et aujourd’hui, nous pouvons
constater une situation marquée par
des lumières et des ombres. Certes,
la recherche scientifique a progressé
et nous sommes reconnaissants pour
les précieux résultats obtenus pour
soigner, sinon vaincre, certaines pathologies. Je souhaite que le même
engagement soit assuré pour les maladies rares et négligées, à l’égard
desquelles n’est pas toujours prêtée
l’attention qui leur est due, avec le
risque de provoquer d’ultérieures
souffrances. Louons le Seigneur également pour les nombreux agents de
la santé qui, avec science et conscience, vivent leur travail comme
une mission, ministres de la vie et
participant à l’amour expansif de
Dieu créateur; leurs mains touchent
chaque jour la chair souffrante du
Christ, et cela est un grand honneur
et une grave responsabilité. Nous
nous réjouissons également de la
présence de nombreux bénévoles
qui, avec générosité et compétence,
se prodiguent pour soulager et humaniser les longues et difficiles journées de tant de malades et de personnes âgées seules, surtout les pauvres et les indigents. Et ici, je voudrais m’arrêter et remercier pour le
témoignage du bénévolat en Italie.
Cela a été une surprise pour moi. Je
n’aurais jamais pensé trouver une
telle chose! Il y a tant de bénévoles
qui prêtent service dans ce domaine,
avec conviction. Et cela est l’œuvre
des curés, des grands prêtres italiens,
qui ont su lutter dans ce domaine.
Pour moi, c’est une surprise et je
rends grâce à Dieu pour cela.
A côté des lumières, toutefois, il
existe également des zones d’ombre
qui risquent d’aggraver l’expérience
de nos frères et sœurs malades. Si il
y a un secteur dans lequel la culture
du rebut montre de façon évidente
ses douloureuses conséquences, c’est
précisément celui de la santé.
Lorsque la personne malade n’est
pas mise au centre et considérée
dans sa dignité, cela donne lieu à
des comportements qui peuvent aller
jusqu’à spéculer sur les malheurs des
autres. Et cela est très grave! Il faut
être vigilants, surtout lorsque les patients sont âgés et que leur santé est
gravement compromise, s’ils sont atteints de pathologies graves et dont
le traitement est coûteux et s’ils sont
particulièrement difficiles, comme les
malades psychiatriques. Le modèle
de l’entreprise dans le domaine médical, s’il est adopté de façon indiscriminé, au lieu d’optimiser les ressources disponibles, risque de produire des rebuts humains. Optimiser
les ressources signifie les utiliser de
façon éthique et solidaire et ne pas
pénaliser les plus fragiles.
A la première place, il y a la dignité inviolable de chaque personne
humaine, depuis sa conception jusqu’à son dernier souffle (Message
pour la XXVe journée mondiale du malade, 2017, 8 décembre 2016). Que
l’argent ne soit pas la seule chose
qui oriente les choix politiques et
administratifs, appelés à sauvegarder
le droit à la santé inscrit dans la
Constitution italienne, ni les choix
de ceux qui gèrent les lieux de soins.
Que la pauvreté médicale croissante
parmi les couches les plus pauvres
de la population, due précisément à
la difficulté d’accéder aux soins, ne
laisse personne indifférent et que se
multiplient les efforts de tous afin
que les droits des plus faibles soient
protégés.
L’histoire de l’Eglise italienne
connaît de nombreuses «auberges
du bon samaritain», où les personnes qui souffrent ont reçu l’huile de
la consolation et le vin de l’espérance. Je pense en particulier aux nombreuses institutions médicales d’inspiration chrétienne. Tandis que j’exprime à leurs représentants ici présents ma reconnaissance pour le bien
accompli, j’encourage à poursuivre
dans l’imagination de la charité propre aux fondateurs. Dans les contextes actuels, où la réponse à la question de santé des plus fragiles se révèle toujours plus difficile, n’hésitez
pas non plus à repenser vos œuvres
de charité pour offrir un signe de la
miséricorde de Dieu aux plus pauvres qui, avec confiance et espérance, frappent aux portes de vos structures.
Parmi les objectifs que saint JeanPaul II a donnés à la journée mon-
diale du malade,
outre la promotion
de la culture de la
vie, figure aussi celui «de sensibiliser
les diocèses, les
communautés chrétiennes, les familles
religieuses sur l’importance de la pastorale de la santé»
(Lettre au cardinal
Angelini à l’occasion
de l’institution de la journée mondiale
du malade, 13 mai 1992, n. 2). Il y a
tant de malades dans les hôpitaux,
mais encore plus dans les maisons,
toujours plus seuls. Je souhaite
qu’on leur rende visite souvent, afin
qu’ils ne se sentent pas exclus de la
communauté, et qu’ils puissent faire
l’expérience, à travers la proximité
de ceux qui les rencontrent, de la
présence du Christ qui passe aujourd’hui au milieu des malades
dans le corps et dans l’esprit. Malheureusement «la pire discrimination
dont souffrent les pauvres est le
manque d’attention spirituelle [...].
Ils ont besoin de Dieu et nous ne
pouvons pas négliger de leur offrir
son amitié, sa bénédiction, sa Parole,
la célébration des sacrements et la
proposition d’un chemin de crois-
sance et de maturation dans la foi»
(Exhort. ap. Evangelii gaudium,
n. 200).
Les personnes malades sont des
membres précieux de l’Eglise. Avec
la grâce de Dieu et l’intercession de
Marie, Santé des malades, puissentelles devenir fortes dans la faiblesse
(2 Co 12, 10), «et recevoir la grâce
de compléter en nous ce qui manque
aux souffrances du Christ, en faveur
de l’Eglise son corps (cf. Col 1, 24);
un corps qui, à l’image de celui du
Seigneur ressuscité, garde les plaies,
signe du dur combat, mais qui sont
des plaies transfigurées pour toujours par l’amour» (Homélie pour le
jubilé des personnes malades et des personnes handicapées, 12 juin 2016).
Merci!
Audiences pontificales
Le Saint-Père a reçu en audience:
18 février
Leurs Eminences MM. les cardinaux:
— MARC OUELLET, préfet de la
Congrégation pour les évêques,
— FERNAND O FILONI, préfet de
la Congrégation pour l’évangélisation des peuples.
20 février
S.Em. le cardinal AGOSTINO VALLINI, vicaire général de sa Sainteté
pour le diocèse de Rome;
Leurs Excllences NN.SS.:
— GUILLERMO PATRICIO VERA
SOTO, évêque d’Iquique (Chili), en
visite «ad limina Apostolorum»;
— OSCÁR HERNÁN BLANCO
MARTÍNEZ, évêque de San Juan
Bautista de Calama (Chili), en visite «ad limina Apostolorum»;
— MOISÉS CARLOS ATISHA CONévêque de San Marcos de
Arica (Chili), en visite «ad limina
Apostolorum»;
TRERAS,
— FERNAND O NATALIO CHOMALÍ
GARIB, archevêque de Concepción
(Chili), en visite «ad limina Apostolorum»;
— CARLOS EDUARD O PELLEGRÍN
BARRERA, évêque de Chillán (Chili), en visite «ad limina Apostolorum»;
— PEDRO FELIPE BACARREZA
RODRÍGUEZ, évêque de Santa María de los Ángeles (Chili), en visite
«ad limina Apostolorum»;
— HÉCTOR EDUARD O VARGAS
BASTIDAS, évêque de Temuco (Chili), en visite «ad limina Apostolorum»;
— IGNACIO FRANCISCO DUCASSE
MEDINA, évêque de Valdivia (Chili), en visite «ad limina Apostolorum»;
— FRANCISCO JAVIER STEGMEIER
SCHMIDLIN, évêque de Villarrica
(Chili), en visite «ad limina Apostolorum»;
— RENÉ OSVALD O REBOLLED O
SALINAS, archevêque de La Serena
SUITE À LA PAGE 11
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 10, jeudi 9 mars 2017
page 11
Collège épiscopal
Nominations
Le Saint-Père a nommé:
15 février
Mgr GIANCARLO PEREGO, du clergé
du diocèse de Crémone (Italie), jusqu’à présent directeur général de la
fondation «Migrantes»: archevêque
de l’archidiocèse de Ferrare-Comacchio (Italie).
Né à Vailate, Crémone (Italie), le
25 novembre 1960, il a suivi ses études au séminaire diocésain de Crémone et a obtenu une licence en
théologie systématique de la faculté
de théologie de l’Italie du nord. En
1996, il a obtenu une maîtrise en
théologie de l’université pontificale
grégorienne. Ordonné prêtre le 23
juin 1984, il a été vicaire paroissial
de San Giuseppe al Cambonino jusqu’en 1992, secrétaire particulier de
Mgr Giulio Nicolini de 1993 à 1994,
directeur de la Caritas diocésaine de
Crémone de 1997 à 2002, vice-directeur de la Caritas nationale et responsable du centre d’études et des
archives historiques de 2002 à 2009,
année où il est devenu directeur général de la fondation Migrantes. Il a
été en outre secrétaire particulier de
Mgr Enrico Assi de 1984 à 1992, professeur au séminaire diocésain de
Crémone de 1996 à 2002, professeur
à l’université catholique du SacréCœur (siège de Crémone) de 1996 à
2002, assistant diocésain du MEIC de
1997 à 2003 et assistant spirituel de
la FUCI de 1997 à 2002. Depuis 2009,
il enseigne la théologie dogmatique
à la LUMSA et de 2012 à 2016, il a été
consulteur du Conseil pontifical
pour la pastorale des migrants et des
personnes en déplacement. Il est directeur de la revue «Migrantes».
le père FRANCISCO EDIMILSON NEVES FERREIRA, jusqu’à présent curé
de la cathédrale Nossa Senhora da
Penha de Crato (Brésil): évêque du
diocèse de Tianguá (Brésil).
Né le 3 octobre 1969 à Jardim,
diocèse de Crato, Etat de Ceará
(Brésil), il a suivi une formation philosophique et théologique au séminaire régional Nordeste 1, à Fortaleza. Ordonné prêtre le 12 décembre
1997, il a été curé de la Sagrado Coração de Jesus à Crato (1999-2003)
et coordinateur de la pastorale diocésaine (2000-2014). Vice-directeur
du collège Pequeno Príncipe (depuis
1998), il était actuellement curé de la
cathérale Nossa Senhora da Penha
(depuis 2003), membre du collège
des consulteurs et du conseil presbytéral, directeur exécutif de la fondation «Padre Ibiapina» et directeur
spirituel du séminaire diocésain São
José de Crato.
demandé à être relevé de la charge
pastorale du diocèse de Tianguá
(Brésil).
16 février
S.Exc. Mgr PEDRO COLLAR NO GUERA: évêque de San Juan Bautista de
las Misiones (Paraguay), le transférant du siège titulaire de Tamugadi
et de la charge d’auxiliaire de Ciudad del Este (Paraguay).
Né le 9 septembre 1963 à Juan
León Mallorquín, dans le département du Haut-Paraná (Paraguay), il
a été ordonné prêtre le 7 juin 1992 à
Ciudad del Este. Le 23 avril 2016, il
a été nommé évêque titulaire de Tamugadi et auxiliaire de Ciudad del
Este et a reçu l’ordination épiscopale
le 28 mai suivant.
16 février
S.Exc. Mgr MARIO MELANIO MEDINA SALINAS, qui avait demandé à
être relevé de la charge pastorale du
diocèse de San Juan Bautista de las
Misiones (Paraguay).
Curie
romaine
Le Saint-Père a décidé d’accorder
le titre d’avocat de la Rote à:
15 février
Démissions
Le Saint-Père a accepté la démission
de:
15 février
S.Exc. Mgr LUIGI NEGRI, qui avait
demandé à être relevé de la charge
pastorale de l’archidiocèse de Ferrare-Comacchio (Italie).
S.Exc. Mgr FRANCISCO JAVIER HERNÁNDEZ ARNED O, O.A.R., qui avait
— S.Em. le cardinal OSWALD
GRACIAS, archevêque métropolitain de Mumbai (anciennement
Bombay);
— S.Em. le cardinal LLUIS MARSISTACH, archevêque émérite de Barcelone;
TINEZ
— Sa Béatitude le cardinal BEBOUTROS RAI, O.M.M., patriarche d’Antioche des Maronites.
CHARA
Audiences pontificales
SUITE DE LA PAGE 10
(Chili), en visite «ad limina Apostolorum»;
— CELESTINO AÓS BRACO, évêque
de Copiapó (Chili), en visite «ad limina Apostolorum»;
— JORGE PATRICIO VEGA VELASprélat d’Illapel (Chili), en visite
«ad limina Apostolorum»;
CO,
— CRISTIÁN CARO CORDERO, archevêque de Puerto Montt (Chili),
en visite «ad limina Apostolorum»;
— JUAN DE LA CRUZ BARROS MAévêque d’Osorno (Chili), en
visite «ad limina Apostolorum»;
DRID,
— BERNARD O MIGUEL BASTRES
FLORENCE, évêque de Punta Arenas
(Chili), en visite «ad limina Apostolorum»;
— JUAN MARÍA AGURTO MUÑOZ,
évêque de San Carlo de Ancud
(Chili), en visite «ad limina Apostolorum»;
S.Em. le cardinal RICARD O EZZATI
ANDRELLO, archevêque de Santiago
du Chili (Chili), avec les évêques
auxiliaires,
Leurs
Excellences
NN.SS.: LUIS FERNAND O RAMOS
PÉREZ, évêque titulaire de Tetci, PEDRO MARIO OSSANDÓN BULJEVIC,
évêque titulaire de La Imperial, GALO FERNÁNDEZ VILLASECA, évêque
titulaire de Simingi, JORGE ENRIQUE
CONCHA CAYUQUEO, évêque titulaire
de Carpi, en visite «ad limina Apostolorum»;
Leurs Excellences NN.SS.:
— TOMISLAV KOLJATIC MAROEVIC,
évêque de Linares (Chili), en visite
«ad limina Apostolorum»;
— CRISTIÁN CONTRERAS VILLARévêque de Melipilla (Chili),
en visita «ad limina Apostolorum»;
ROEL,
— ALEJANDRO GOIĆ KARMELIĆ,
évêque de Rancagua (Chili), en visite «ad limina Apostolorum»;
— JUAN IGNACIO GONZÁLEZ ERRÁZURIZ, évêque de San Bernardo
(Chili), en visite «ad limina Apostolorum»;
— CRISTIÁN ENRIQUE CONTRERAS
MOLINA, évêque de San Felipe (Chili), en visite «ad limina Apostolorum»;
23 février
S.Em. le cardinal REINHARD MARX,
archevêque de Munich et Freising
(République fédérale d’Allemagne),
coordinateur du Conseil pour l’économie;
Leurs Excellences NN.SS.:
— HENRYK JÓZEF NOWACKI, archevêque titulaire de Blera, nonce
apostolique;
— MANUEL NIN, évêque titulaire
de Carcabia, exarque apostolique
pour les catholiques de rite byzantin
résidant en Grèce.
24 février
S.Exc. Mgr D OMENICO SORRENTINO, archevêque-évêque d’Assise Nocera Umbria - Gualdo Tadino
(Italie);
S.Em. le cardinal GIUSEPPE BETORI,
archevêque de Florence (Italie).
25 février
Dom GREGORY J. POLAN, O.S.B., abbé primat de la confédération bénédictine.
28 février
S.Em. le cardinal JOAO BRAZ DE
AVIZ, préfet de la Congrégation
pour les instituts de vie consacrée et
les sociétés de vie apostolique, avec
le secrétaire, S.Exc. Mgr JOSÉ RODRIGUEZ CARBALLO, archevêque titulaire de Belcastro.
3 mars
Leurs Eminences MM. les cardinaux:
— GERHARD LUDWIG MÜLLER,
préfet de la Congrégation pour la
doctrine de la foi;
— FERNAND O FILONI, préfet de la
Congrégation pour l’évangélisation
des peuples.
le professeur ANDREA RICCARDI,
fondateur de la Communauté de
Sant’Egidio.
— HORACIO DEL CARMEN VALENABARCA, évêque de Talca
(Chili), en visite «ad limina Apostolorum»;
S.Em. le cardinal MARC OUELLET,
préfet de la Congrégation pour les
évêques.
— GONZALO DUARTE GARCÍA DE
CORTÁZAR, évêque de Valparaíso
(Chili), en visite «ad limina Apostolorum»;
27 février
S.E. M. LUIS D OSITEO LATORRE TAPIA, ambassadeur d’Equateur, en visite de congé.
S.Em. le cardinal ANGELO AMATO,
préfet de la Congrégation pour les
causes des saints.
Mgr FERNAND O O CÁRIZ, prélat de
l’Opus Dei, avec le vicaire général,
Mgr MARIANO FAZIO.
ZUELA
Leurs Excellences NN.SS.:
— SANTIAGO JAIME SILVA RETAMALES, évêque aux armées au Chili,
en visite «ad limina Apostolorum»;
— LUIGI INFANTI DELLA MORA,
évêque titulaire de Cartenna, vicaire
apostolique d’Aysén (Chili), en visite
«ad limina Apostolorum».
— GUID O POZZO, archevêque titulaire de Bagnoreggio, secrétaire de la
Commission pontificale «Ecclesia
dei»;
— CLAUDIO GIULIOD ORI, assistant
ecclésiastique général de l’université
catholique du Sacré-Cœur (Italie).
4 mars
S.E. M. OMER AHMED KARIM BERZINJI, ambassadeur de la République
d’Irak, à l’occasion de la présentation de ses Lettres de Créance.
S.Em. le cardinal MARC OUELLET,
préfet de la Congrégation pour les
évêques.