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Effigie de Marianne, symbole de la République, de la nation républicaine Importance des noms et prénoms traduisant des origines italiennes ou polonaises de ces victimes d’un accident minier Statues d’un forgeron et d’un mineur symbolisant les activités ouvrières de la ville de Montceau-les –Mines Montceau-les-Mines : monument érigé (en 1905) en l’honneur des victimes de la mine et portant diverses inscriptions ultérieures comme celle qui est photographiée ici, datant de 1956 Ouvriers qui eux-mêmes apparaissent ici comme les supports ou les piliers de la nation républicaine… Des immigrés ou descendants d’immigrés en nombre important dans cet accident minier… … et qui constituent une composante importante du monde ouvrier dans la société française à l’âge industriel Montceau-les-Mines : monument érigé (en 1905) en l’honneur des victimes de la mine et portant diverses inscriptions ultérieures comme celle qui est photographiée ici, datant de 1956 En quoi l’immigration a été fondamentale dans l’affirmation d’une société française industrielle et urbaine au 20e siècle? Peut-on parler d’une véritable reconnaissance de ce rôle clé dans la France républicaine du 20e siècle? Montceau-les-Mines : monument érigé (en 1905) en l’honneur des victimes de la mine et portant diverses inscriptions ultérieures comme celle qui est photographiée ici, datant de 1956 Trois grandes phases de hausse du nombre d’étrangers en France apparaissent, suivies d’une stagnation ou d’une réduction. Mais ces moments de stagnation du nombre d’étrangers ne signifient pas forcément un arrêt de l’immigration , même si les autorités cherchent à la limiter, en particulier depuis le milieu des années 1970. Les deux premières phases d’immigration sont caractérisées par l’arrivée d’Européens, essentiellement de pays limitrophes pour la première, de pays plus éloignés pour la seconde. La troisième phase voit apparaitre de nouvelles origines (Maghreb en particulier) . Depuis les années 1980 les origines non européennes sont dominantes. Evolutions du nombre d’étrangers en France et de leurs nationalités. Source: Noiriel G. : Atlas de l’immigration en France, Autrement, 2006 En effet est étrangère une personne vivant en France de nationalité non française. Est immigrée une personne née étrangère à l’étranger, vivant en France, et pouvant avoir acquis la nationalité française. Dès lors lorsque certains étrangers acquièrent la nationalité française et que certains immigrés arrivent en France, l’immigration se poursuit tandis que le nombre d’étrangers peut stagner Immigration étant liée à l’industrialisation du pays. Et en France immigration ayant permis Trois vagues d’immigration Les Italiens d’Homécourt (Lorraine) Commandant Reynaud, la colonie italienne l’essor« industriel alors même que les paysans d’Homécourt ». Le musée social : Mémoires et documents, n° 6, 1910, cité dans Saly P. (petites) propriétés correspondant à des phases de restaient très attachés à leurs (dir.) : Industrialisation et sociétés en Europe occidentale (1880-1970), textes et croissance économique et que le déclin de la part d’agriculteurs dans la documents, Paris, A. Colin, 1998 e (développement industriel du 19 « Une petite rivière, l’Orne, dont la vallée profondément encaissée sépare les côtes de jusqu’en 1945 population active fut lent Moselle de la Woëvre, passe à 21 kilomètres siècle, phase de reconstruction des à peine au Nord Ouest de Metz. On trouve sur son cours 1920, trois villages, Joeuf, Homécourt, et Auboué, dont le sous-sol, très riche en années croissance des Trente minerais de fer, est exploité par les aciéries de la marine, les usines de Wendel, et Glorieuses…). Cependant existe dès diverses sociétés industrielles. 17000 ouvriers seguerres sont installés le long de la route qui sépare Auboué de Joeuf. Les l’entre deux une immigration paysans lorrains, dédaignant le rudedes labeur de l’usine, ont laissé prendre aux étrangers pour raisons politiques (fuite les places qu’on eût volontiers réservées aux enfants du pays. Dès la création du régimescentre stalinien, fasciste, nouveau industriel, unfranquiste…) groupe d’Italiens attirés par les salaires élevés, s’est implanté dans la région. 5000 Italiens, terrassiers, mineurs et manœuvres, forment à côté des paysans lorrains et des ouvriers allemands et français, une colonie distincte qui prétend garder sa langue, ses mœurs et ses usages. Toutes les parties de l’Italie, depuis la Sicile et la Calabre jusqu’au Piémont, ont envoyé des représentants qui se groupent par dialectes dans les mêmes maisons. La bande étroite de terrain comprise entre la route de Joeuf, Auboué, et la nouvelle frontière franco-allemande et surtout les pentes abruptes qui descendent du village annexé de Montois, se sont garnies de cabanes en bois appelées cantines qui, groupées en quartiers, servent d’habitation à une population très dense et exceptionnellement turbulente […]. Les 5000 Italiens, venus pour un temps limité, n’amènent à part de très rares exceptions, ni femmes ni enfants. La plupart sont célibataires et comptent s’établir plus tard en Italie quand, par les économies quotidiennes, ils auront amassé un petit capital. […] On ne mendie pas à Homécourt. Nous venons de constater que les Italiens, sobres, travailleurs, sont en outre d’une probité indiscutable, mais nos éloges s’arrêtent là. Aucune autorité administrative ou municipale n’est admise par ces braves gens qui ne sont pas révoltés mais sont peut-être indépendants à l’excès. Tous ont des papiers en règle… qu’ils se repassent avec facilité […] La mafia existe à Homécourt : elle remplace pour les habitants des cantines les autorités administratives françaises qui n’exercent que mollement leur contrôle. La mafia est une société de secours mutuel : elle procure des papiers aux latitanti venus de loin, empêche la découverte des crimes et délits, soigne les blessés, fournit aux meurtriers des alibis et des faux témoins, enfin par la terreur adroitement répandue dans la région, habitue les habitants français à ne jamais traverser l’agglomération italienne […] » Processus d’immigration toujours Aujourd’hui cependant nouveaux Les Italiens d’Homécourt (Lorraine) Commandant Reynaud, « la colonie italienne amorcé par l’arrivée d’hommes d’Homécourt ». Le musée social : Mémoires et documents, n°« 6, 1910, cité dans Saly P. » en modèles d’immigration célibataires ou sans leurs (dir.) : Industrialisation et épouses. sociétés en Europe occidentale (1880-1970), textes et France avec l’arrivée de migrants documents, Paris, A. Colin, 1998 Immigration n’étant pas vue –parfoissépare clandestins du fait « Une petite rivière, l’Orne, dont la vallée profondément encaissée les côtes de d’une comme définitive au départ. Moselle de la Woëvre, passe à 21 kilomètres à peine au Nord Ouest de Metz. On trouve certaine fermeture des frontièresL’objectif esttrois d’apporter revenu sur son cours villages, un Joeuf, Homécourt, et Auboué, dont le sous-sol, très riche en leur enlessimple transit en France, minerais de fer, est exploité par les aciéries de la marine, usines de Wendel, et supplémentaire dans le pays objectif étant de rejoindre diverses sociétés industrielles. d’origine. retour 17000 ouvriers Cependant se sont installés le long de la route qui sépare d’autres Auboué pays de Joeuf. Les le comme paysans lorrains, dédaignant rude aux étrangers s’avérant parfois difficile dulefait de labeur de l’usine, ont laissé prendre Royaume-Uni… les places qu’on volontiers la durée de laeût coupure, desréservées aux enfants du pays. Dès la création du nouveau centre industriel, un groupe d’Italiens attirés par les salaires élevés, s’est difficultés d’installation implanté dans la région. 5000 Italiens, terrassiers, mineurs et manœuvres, forment à côté des économique paysans lorrains etce des ouvriers allemands et français, une colonie distincte qui dans pays… prétend garder sa langue, ses mœurs et ses usages. Dès lors immigration devenant Toutes les parties de l’Italie, depuis la Sicile et la Calabre jusqu’au Piémont, ont envoyé définitive. des représentants qui se groupent par dialectes dans les mêmes maisons. La bande étroite de terrain comprise entre la route de Joeuf, Auboué, et la nouvelle frontière franco-allemande et surtout les pentes abruptes qui descendent du village annexé de Montois, se sont garnies de cabanes en bois appelées cantines qui, groupées en quartiers, servent d’habitation à une population très dense et exceptionnellement turbulente […]. Les 5000 Italiens, venus pour un temps limité, n’amènent à part de très rares exceptions, ni femmes ni enfants. La plupart sont célibataires et comptent s’établir plus tard en Italie quand, par les économies quotidiennes, ils auront amassé un petit capital. […] On ne mendie pas à Homécourt. Nous venons de constater que les Italiens, sobres, travailleurs, sont en outre d’une probité indiscutable, mais nos éloges s’arrêtent là. Aucune autorité administrative ou municipale n’est admise par ces braves gens qui ne une immigration définitive, enjeu deà l’installation lades famille des en homme ayant sont pas Avec révoltés mais sont peut-être indépendants Tousde ont papiers Avec une immigration définitive, enjeu del’excès. l’installation de la famille des homme ayant règle… qu’ils se repassent avec facilité initialement immigré. Depuis[…] les années 1977-78 mesures de « regroupement familial » immigré. Depuis les années 1977-78 mesures de « regroupement familial » afin La mafia initialement existe à Homécourt : elle remplace pour les habitants des cantines autorités afin de permettre cette installation. Mesures se justifiant par « leles droit de mener une vie administratives françaises qui installation. n’exercent que mollement leur contrôle. mafia est une une vie familiale de permettre cette Mesures se justifiant par « leLa droit de mener familiale normale » pour « les étrangers régulièrement installés » (arrêté du Conseil d’Etat société de secours mutuel : elle procure des papiers aux latitanti venus de loin, empêche normale » pour « les étrangers régulièrement installés » (arrêté du Conseil d’Etat du 8-12-78). la découverte des crimes délits, soigne reconnus les blessés,en fournit meurtriers des et du 8-12-78). Droitsetdes immigrés vertuaux du Préambule dealibis la Constitution du 04 droit est reconnu en vertuadroitement du Préambule de la Constitution du habitue 04 Octobre 1958 mais aussi des fauxCe témoins, enfin par la terreur répandue dans la région, les Octobre 1958jamais mais aussi de la Charte Européenne des Droits de l’Homme signée par la habitantsde français à neEuropéenne traverser italienne […]par » la France… A ce titre enjeux de la Charte desl’agglomération Droits de l’Homme signée France… l’immigration dépassant le strict cadre national. Les Italiens d’Homécourt (Lorraine) Commandant Reynaud, « la colonie italienne Conditions de vie d’Homécourt ». Le musée social : Mémoires et documents, n° 6, 1910, cité dans Saly P. des immigrés (dir.) : Industrialisation et sociétés en Europe occidentale (1880-1970), textes et documents, Paris, A. Colin, 1998 italiens du début « Une petite rivière, l’Orne, dont la vallée profondément encaissée sépare les côtes de du 20e siècle Moselle de la Woëvre, passe à 21 kilomètres à peine au Nord Ouest de Metz. On trouve sur son cours trois villages, Joeuf, Homécourt, et Auboué, dont le sous-sol, très riche en semblant difficiles, minerais de fer, est exploité par les aciéries de la marine, les usines de Wendel, et tout diverses sociétés industrielles. particulièrement 17000 ouvriers se sont installés le long de la route qui sépare Auboué de Joeuf. Les dans le domaine paysans lorrains, dédaignant le rude labeur de l’usine, ont laissé prendre aux étrangers les places qu’on eût volontiers réservées aux enfants du pays. Dès la création du de l’habitat. nouveau centre industriel, un groupe d’Italiens attirés par les salaires élevés, s’est implanté dans la région. 5000 Italiens, terrassiers, mineurs et manœuvres, forment à côté des paysans lorrains et des ouvriers allemands et français, une colonie distincte qui prétend garder sa langue, ses mœurs et ses usages. Toutes les parties de l’Italie, depuis la Sicile et la Calabre jusqu’au Piémont, ont envoyé des représentants qui se groupent par dialectes dans les mêmes maisons. La bande Avec l’importante étroite de terrain comprise entre la route de Joeuf, Auboué, et la nouvelle frontière de l’après franco-allemande et surtout les pentes abruptes qui descendent du village annexéimmigration de guerre, Montois, se sont garnies de cabanes en bois appelées cantines qui, groupées en développement de quartiers, servent d’habitation à une population très dense et exceptionnellement bidonvilles dans les turbulente […]. périphéries des grandes Les 5000 Italiens, venus pour un temps limité, n’amènent à part de très rares exceptions, villes françaises. ni femmes ni enfants. La plupart sont célibataires et comptent s’établir plus tard en Italie quand, par les économies quotidiennes, ils auront amassé un petit capital. […] Construction des grands On ne mendie pas à Homécourt. Nous venons de constater que les Italiens, sobres, ensembles en partie liée à travailleurs, sont en outre d’une probité indiscutable, mais nos éloges s’arrêtent là. la volonté de réduire ces Aucune autorité administrative ou municipale n’est admise par ces braves gens qui ne sont pas révoltés mais sont peut-être indépendants à l’excès. Tous ont des papiers en poches d’habitat précaires. règle… qu’ils se repassent avec facilité […] Immigrés constituant dès le La mafia existe à Homécourt : elle remplace pour les habitants des cantines les autorités début administratives françaises qui n’exercent que mollement leur contrôle. La mafia est unede ces cités une part société de secours mutuel : elle procure des papiers aux latitanti venus de loin, empêche importante de leur Nanterre: le crimes bidonville pâquerettes etblessés, en arrière plan la citémeurtriers des la découverte des et des délits, soigne les fournit aux des alibis et De ce fait, construction (entreadroitement 1959 et 1961).répandue Source: sitedans de lala cité des fauxCanibous témoins, en enfin par la terreur région, habituepopulation. les spécificité des lieux de vie habitantsnationale français de à ne jamaisde traverser l’agglomération italienne […] » l’histoire l’immigration. http://www.histoire-immigration.fr des immigrés Vision de l’immigré qui traduit une Les Italiens d’Homécourt (Lorraine) Commandant Reynaud, « la colonie italienne certaine hostilité de l’observateur à leur d’Homécourt ». Le musée social : Mémoires et documents, n° 6, 1910, cité dans Saly P. (dir.) : Industrialisation et sociétésendroit en Europe lequeloccidentale semble tout (1880-1970), au long du textes et documents, Paris, A. Colin, 1998 leur présence ensépare Lorraine « Une petite rivière, l’Orne, dont la texte valléeregretter profondément encaissée les côtes de Moselle de la Woëvre, passe à 21 kilomètres à peine au Nord Ouest de Metz. On trouve sur son cours trois villages, Joeuf, Homécourt, et Auboué, dont le sous-sol, très riche en minerais de fer, est exploité par les aciéries de la marine, les usines de Wendel, et diverses sociétés industrielles. 17000 ouvriers se sont installés le long de la route qui sépare Auboué de Joeuf. Les paysans lorrains, dédaignant le rude labeur de l’usine, ont laissé prendre aux étrangers les places qu’on eût volontiers réservées aux enfants du pays. Dès la création du nouveau centre industriel, un groupe d’Italiens attirés par les salaires élevés, s’est implanté dans la région. 5000 Italiens, terrassiers, mineurs et manœuvres, forment à côté des paysans lorrainsConstantes et des ouvriers allemands et français, une colonie distincte qui difficultés d’intégration prétend garder sa langue, ses mœurs et ses usages. des immigrés, travauxjusqu’au Piémont, ont envoyé Toutes les parties de l’Italie, depuisacceptant la Sicile etdes la Calabre des représentants que qui se groupent par dialectes dans les mêmes maisons. La bande les Français n’accepteraient pas étroite de terrain comprise la route de Joeuf, Auboué, et la nouvelle frontière ce quientre entraine des tensions… franco-allemande et surtout les pentes abruptes qui descendent du village annexé de Groupeded’immigrés fermé cantines qui, groupées en Montois, se sont garnies cabanes semblant en bois appelées quartiers, servent d’habitation à une population très dense et exceptionnellement sur lui-même mais vu l’hostilité turbulente […]. existant leur endroit cette fermeture Les 5000 Italiens, venus pouràun temps limité, n’amènent à part de très rares exceptions, estLa autant, sinon liée à l’accueil ni femmes ni enfants. plupart sont plus, célibataires et comptent s’établir plus tard en Italie quand, par les économies quotidiennes, ils auront amassé très médiocre leur étant réservé qu’à un petit capital. […] On ne mendie pas à Homécourt. Nous venons de constater que les Italiens, sobres, leur volonté travailleurs, sont en outre d’une probitépropre. indiscutable, mais nos éloges s’arrêtent là. Aucune autorité administrative ou municipale n’est admise par ces braves gens qui ne sont pas révoltés mais sont peut-être indépendants à l’excès. Tous ont des papiers en règle… qu’ils se repassent avec facilité […] La mafia existe à Homécourt : elle remplace pour les habitants des cantines les autorités administratives françaises qui n’exercent que mollement leur contrôle. La mafia est une société de secours mutuel : elle procure des papiers aux latitanti venus de loin, empêche la découverte des crimes et délits, soigne les blessés, fournit aux meurtriers des alibis et des faux témoins, enfin par la terreur adroitement répandue dans la région, habitue les habitants français à ne jamais traverser l’agglomération italienne […] » Difficulté de communication avec le reste de la population du fait de barrières linguistiques Image des immigrés comme celle d’un groupe fermé sur luimême et image ici assez négative de ces immigrés, qui seraient selon l’auteur du texte à la fois fraudeurs, criminels et terrorisant le reste de la population. Pour autant si la France a su intégrer (ou assimiler) les enfants d’immigrés au cours du Les descendants d’immigrés et leurs racines. la aussi conclusion 20eExtrait sièclede c’est grâce de aux perspectives l’ouvrage de l’historien Pierre Milza: Voyage en Ritalie, Plon, 1993 de promotion sociale offertes par une économie en dont croissance Pierre Milza est un historien français à l’œuvre abondante le pèreassez était vigoureuse, en durant les Trente Glorieuses. La un immigré italien. Son voyage en Ritalie est unparticulier ouvrage consacré à l’histoire et à la mémoire de l’immigration italienne et lacroissance conclusion de ce livre est très est à l’inverse ralentie actuelle personnelle source de plus de difficultés d’intégration. Dès Chacun de nous est sorti du creuset, porteur part de et d’immigration lors,d’une il y a moins unfrancité problème d’italianité qui varie à l’infini et dont le mélange peut produire à peu près que été de marché travail peu tout et son contraire. Pour ma part, après avoir tricolorisédu jusqu’au boutintégrateur dans la France du début du 21e siècle… des ongles par ma famille maternelle, puis par l’école de la République et les scouts de France, je suis parti en quête d’une autre identité, celle du père trop tôt disparu, celle d’un pays dont l’exotisme (tout relatif) satisfaisait ma soif adolescente de distinction. J’ai ainsi nourri une différence fabriquée, d’emprunts à ce qu’il pouvaitcelle de ses descendants peut Si la situation d’unfaite immigré peut sembler difficile, y avoir de valorisant dans l’histoire et dans la culture de mes deux patries, de paraitre plus enviable, à l’image ici de celle de P. Milza qui est un universitaire de mes deux familles, et gommant le reste, sans être tout à fait dupe de renom. Dans cette intégration ou,femmes plus justement ici, assimilation, importance de l’entreprise. En quête de racines distinctes de celles des qui m’ont l’école, du «jemariage-mixte » (père mère élevé, et à qui je dois d’être ce que suis, j’ai au moins appris italien/ une chose de française)… Il est également ce long voyage : c’est que d’évoquer je n’avais pas, que ne pouvaisà pas avoir possible le rôle dejel’accession la nationalité française selon le « droit du d’enracinement unique et définitif. Des fidélités sans doute, des racines, si sol » à partir de la loi de 1889 principe réaffirmé par la loi de 1998. L’expression de l’on veut, mais que je porte avec moi quand je change d’horizon, comme « creuset » français utilisée ici renvoie à cette intégration de populations d’origines ces peuples de nomades qui se déplacent avec les images de leurs dieux diverses sur plusieurs générations. dans leurs bagages. Mais peut-être est-ce cela qui fait notre spécificité de fils de migrants, d’une partie d’entre eux du moins : le sentiment d’être à la fois parfaitement intégrés dans la société qui a accueilli nos pères, d’y être devenus transparents, et en même temps d’être quelque part d’éternels nomades. Cela peut produire des moments d’émotion intense, comme celui que j’ai vécu en visitant Ellis Island en décembre 1991. Mais le reste du temps, cela peut aussi aider à se sentir libre et solidaire du reste du monde. » Les descendants d’immigrés et leurs racines. Extrait de la conclusion de l’ouvrage de l’historien Pierre Milza: Voyage en Ritalie, Plon, 1993 Pierre Milza est un historien français à l’œuvre abondante dont le père était un immigré italien. Son voyage en Ritalie est un ouvrage consacré à l’histoire et à la mémoire de l’immigration italienne et la conclusion de ce livre est très personnelle Chacun de nous est sorti du creuset, porteur d’une part de francité et d’italianité qui varie à l’infini et dont le mélange peut produire à peu près tout et son contraire. Pour ma part, après avoir été tricolorisé jusqu’au bout des ongles par ma famille maternelle, puis par l’école de la République et les scouts de France, je suis parti en quête d’une autre identité, celle du père trop tôt disparu, celle d’un pays dont l’exotisme (tout relatif) satisfaisait ma soif adolescente de distinction.de P. Milza n’est Et l’itinéraire J’ai ainsi nourri une différence fabriquée, faite d’emprunts à ce qu’il pouvait pas une exception puisqu’en y avoir de valorisant dans l’histoire et dans la culture de mes deux patries, de France aujourd’hui, entresans le être tout à fait dupe de mes deux familles, et gommant le reste, quart et tiers des Français l’entreprise. En quête deleracines distinctes deont celles des femmes qui m’ont élevé, et à qui je au doismoins d’êtrel’un ce de queleurs je suis, j’ai au moins appris une chose de grands ce long voyage parents : c’est que je n’avais pas, que je ne pouvais pas avoir qui est un immigré… d’enracinement unique et définitif. Des fidélités sans doute, des racines, si Ce qui en dit long sur le l’on veut, mais que je porte avec moi quand je change d’horizon, comme éprouvéavec par les images de leurs dieux ces peuples depotentiel nomadessentiment qui se déplacent de nombreux Français d’être dans leurs bagages. Mais peut-être est-ce cela qui fait notre spécificité de fils de migrants, d’une « d’éternels nomades »… partie d’entre eux du moins : le sentiment d’être à la fois parfaitement intégrés dans la société qui a accueilli nos pères, d’y être devenus transparents, et en même temps d’être quelque part d’éternels nomades. Cela peut produire des moments d’émotion intense, comme celui que j’ai vécu en visitant Ellis Island en décembre 1991. Mais le reste du temps, cela peut aussi aider à se sentir libre et solidaire du reste du monde. » Pour autant, rapport original à la nation française. Celle-ci n’est pas vue comme une appartenance exclusive. Même si la volonté d’affirmer des racines étrangères procède autant d’un souci de distinction, d’affirmation de soi, que d’un contact réel et intime avec le pays d’origine d’une partie de la famille, cette volonté puise sa légitimité dans une histoire familiale en apparence distincte de celle de nombreux autres Français. Ce que décrit ici Milza avec le recul de l’universitaire est une réalité présente chez de nombreux enfants d’immigrés…