Logique et langage : Implications, implicatures et présuppositions Claire Beyssade

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Transcript Logique et langage : Implications, implicatures et présuppositions Claire Beyssade

Logique et langage :
Implications, implicatures et
présuppositions
Claire Beyssade
Institut Jean Nicod
Introduction
limites de la logique classique
• Pas assez de types
(1) a. Jean admire tout ce que Pierre déteste.
b. Jean a toutes les qualités de Pierre, son
père.
c. Nager est sain.
• Pas assez de quantifieurs
(2) a. Jean a quelques enfants.
b. Jean a beaucoup d'enfants.
c. La plupart des étudiants rient.
• Compositionalité discutable
(3) a. Jim rit R (j)
b. Chaque étudiant rit
∀x[E(x) → R(x)]
c. Des étudiants rient
∃x [E(x) ∧ R(x)]
(4)
a. Si un fermier possède un âne, il le bat.
b. Quand quelqu'un fume, il gène tout le
monde
‘Donkey sentences’
• Equivalence logique et synonymie
(5) a. Les filles de la table 3 ont demandé
l'addition.
b. Les gonzesses de la table 3 ont demandé
l'addition.
(6) a. C'est Marie qui prépare le dessert.
b. C'est le dessert que Marie prépare.
• Contradictoin logique mais pas
linguistique
(7) A: Est-ce que Jean est gentil ?
B: Il est gentil, et pas gentil.
• Les groupes nominaux
Constantes, désignateurs rigides :
(8) Le président de la république est le chef des
armées.
Descriptions définies évolutives :
(8') Ma voiture avait été réduite en un bloc de
ferraille.
• L'ambiguïté des ‘connecteurs’
(9) a. Jean est venu et reparti.
succession temporelle
b. Socrate but la cigüe et tomba mort.
causalité
c. Ce drapeau est rouge et noir.
combinaison
(10) a. Jean mange une pomme ou une poire.
exclusif
b. Jean amènera une ou deux bouteilles de vin.
inclusif
c. Fromage ou dessert.
(11) a. S'il pleut, je ne sortirai pas.
b. Tu auras une poire si tu finis tes légumes.
c. Si tu travailles trop, tu vas te fatiguer.
d. Si tu as soif, il y a de la bière dans le frigo.
Si ‘illocutoire’
e. Si ça se trouve, Marie est déjà enceinte.
Si de plausibilité
f. Si tu es fort aux échecs, je suis le pape.
Si de contestation
I Sens et inférences
(1) Trois personnes sont venues à ma soirée.
 Quelqu'un est venu à ma soirée.
(2) Ce n'est pas Jean qui est venu à ma soirée.
 Quelqu'un est venu à ma soirée.
(3) Jean et Marie ont 3 enfants.
 Jean et Marie ont exactement 3 enfants.
1.1 L'implication logique
• Implication formelle : syllogisme, figure de
raisonnement
(4) a. A. B. Donc A et B
b. A implique B. Or A. Donc B.
• Implication matérielle : table de vérité.
Pb
• P implique P’ (entails) i.e.
- quand P est vraie P’ est vraie
- ou quand le locuteur est dans une certaine
relation épistémique ou affective vis–à–vis du
contenu de P, il croit que P’.
Pb
• les phrases non assertives :
(5) a. Ouvre la porte !
b. Il y a une porte.
c. Elle est fermée.
• Implication entre constituants
vert implique coloré
1.2 Les différentes formes d'implicite
1.2.1 L'implicite de l'énoncé
• Présenter la cause pour parler de la
conséquence…
(6) a. Il fait beau.
b. Je vais sortir.
(7) a. Le Président m'a demandé d'écrire sa
biographie.
b. Je connais personnellement le Président.
• Présenter un raisonnement auquel il
manque une prémisse
(8) a. Untel est venu me voir. Il a donc des ennuis.
b. Il sait qui le défend, il adhère au Parti.
• Procédés oratoires
(9) Ne me demande pas mon avis, sinon je te le
donnerai.
1.2.2 L'implicite de la phrase, non discursif
(10) a. Pierre pense que Jacques est venu.
b. Pierre se doute que Jacques est venu.
c. Pierre s'imagine que Jacques est venu.
(10b) donne à penser que Jacques est venu,
(10c) que Jacques n'est pas venu.
• présupposition non discursive
• signification littérale des énoncés
II Les présuppositions
2.1 La controverse Frege–Russell–Strawson
Frege ‘Sens et dénotation’ (1892)
(1)
L'étoile du soir et l'étoile du matin
(2)
La suite qui converge le plus lentement
Russell ‘On denoting’ (1905)
(3)
a man, some man, any man, every man, all man,
the present King of england, the present king of
France, the centre of mass of ....
« Un symbole incomplet n’a pas de sens
isolément », mais seulement « in use ».
(4)
(4')
L'actuel roi de France est chauve.
∃x (Roi-de-F(x) ∧
∀y (Roi-de-F(y) → x=y) ∧
chauve (x))
(5) L'actuel roi de France n'est pas chauve.
(5') a. ¬∃x [(Roi-de-F(x) ∧ ∀y (Roi-de-F(y) → x=y)
∧ chauve (x)].
b. ∃x (Roi-de-F(x) ∧ ∃y (Roi-de-F(y) → x=y)
∧ ¬chauve (x).
(6)
Il y a un et un seul roi de France et il n'est
pas chauve.
• pas de distinction entre pp et assertion
(i) toute proposition portant sur l’actuel roi
de France est fausse.
(ii) théorie compatible avec la loi de
contradiction.
Strawson ‘On refering’ (1950)
Phrase et usage d’une phrase
« Parler de la signification d’une expression
ou d’une phrase, [...] c’est parler des règles,
des habitudes, des conventions gouvernant
son usage correct, dans toute occasion,
pour référer ou asserter. »
Les DD n’assertent pas…
« Lorsque quelqu’un utilise une telle expression (une DD),
il n’asserte pas (ni ce qu’il dit n’entraîne) une proposition
existentielle unique. Cependant, l’une des fonctions
conventionnelles de l’article défini est d’agir comme le
signal qu’une référence unique vient d’être faite - un signal
et non une assertion déguisée. [...] Lorsque nous
commençons une phrase par « le tel ou tel », l’usage de «
le » montre, mais n’asserte pas, que nous référons..." p.23
…elles présupposent
Bonne / mauvaise formation syntaxique
(6) a. * Moi vouloir toi.
b. * Je veux que je vienne.
Bonne / mauvaise formation sémantique (anomalie
sémantique)
(7) a. # Le plus grand des nombres entiers est pair.
b. # Le roi de France est chauve.
2.2 Généralisation du phénomène
2.2.1 Caractérisation intuitive
(9) a. Le chef du service est marié.
b. Le chef du service n’est pas marié.
c. Est–ce que le chef du service est marié ?
d. Il est possible que le chef du service soit marié.
(9)a-d conservent l'inférence qu'il y a un chef du
service.
(10) a. Le chef du service est marié.
b. Le chef du service n’est pas marié.
c. Est–ce que le chef du service est marié ?
d. Il est possible que le chef du service soit
marié.
(10)b-d ne conservent pas l'inférence que le chef du
service est marié.
• pas une relation logique, pas une relation entre
deux énoncés ni entre deux propositions
• une relation linguistique, entre un énoncé et un
contenu sémantique.
Définition
A présuppose B ssi dire A, dénier A, s'interroger
sur A, supposer A, comme n'importe quelle
attitude sur A entraîne la vérité de B, et même, de
façon non controversiale.
2.2.2 Usages de la présupposition
• Réthorique
(11) a. Avez-vous cessé de vendre de la
drogue ?
b. Dans la mesure où je n'ai jamais
vendu de drogue, je n'ai pas cessé de
vendre de la drogue.
• Economique
(12) Je ne veux pas être près de la cabine
fumeur, car je ne fume plus.
Accommodation
2.2.3 Items présuppositionnels
•Les verbes factifs :
Jean sait que Marie est partie.
pp : Marie est partie.
•Les verbes implicatifs :
Jean a réussi à intégrer l'ENA.
pp : Jean a essayé d' intégrer l'ENA.
•Les verbes aspectuels :
Jean a cessé de fumer
pp : Jean fumait.
•Certains adverbes itératifs :
Marie est venue aussi.
pp : Quelqu'un d'autre que Marie est venue.
•Les descriptions définies :
L'actuel roi de France est chauve.
pp : Actuellement, il y a un roi de France.
•Les clivées :
C'est Jean qui est venu.
pp : Quelqu'un est venu.
Certains y ajoutent :
•Les questions partielles:
Qui est venu ?
pp : Quelqu'un est venu.
•Les conditionnels contrefactuels :
Si Jean avait épousé Marie, sa vie aurait été
tout autre.
pp : Jean n'a pas épousé Marie.
•Les subordonnées temporelles :
Avant que Jean arrive, la fête était terminée.
pp : Jean est arrivé .
•Les relatives restrictives :
L'homme qui habite la porte à côté est riche.
pp : Un homme habite la porte à côté.
•Les noms propres :
Jean s'est marié la semaine dernière.
pp : Jean existe.
• Des items lexicaux :
Jean a rencontré une étudiante.
pp: Jean a rencontré une femme.
• Les pseudo-clivées :
Celui qui est venu, c'est Jean.
pp: Quelqu'un est venu.
• Les quantifieurs :
Tous les hommes sont grands.
pp : Il y a des hommes
2.2.4 Propriétés des présuppositions
Propriété (1) :
les présuppositions sont déclenchées
par une expression linguistique.
Propriété (2) : projection
a) Elles résistent à la négation
L'implication vérifie la loi de contraposition :
(13) si Q → P alors ¬P → ¬Q
Les présuppositions vérifient
(14) si Q pp P, alors P est vrai et donc ¬P → ¬Q
et
(15) si Q pp P, alors ¬Q pp P
Ce qui n'est pas le cas de l'implication en
général.
(16) a. S'il pleut, l'herbe sera mouillée.
b. S'il ne pleut pas, l'herbe ne sera pas
mouillée
(16b) ne suit pas de (16a).
Les présuppositions résistent…
b) plus généralement à tout enchâssement.
Soit Q[P] une phrase Q et P la présupposition
déclenchée par Q. Les phrases suivantes présupposent
P:
•
•
•
•
.
¬Q[P]
Q[P] ou R
il se peut que Q[P]
si Q[P] alors R
Propriété (3) : suspension
Les pp peuvent "tomber"
(17) a. Si Jean a une femme / est marié, je plains sa
femme.
b. Ou Jean est célibataire, ou sa femme est à
plaindre.
c. Si quelqu'un est venu, alors c'est Jean.
d. Jean doute que le diable ait brulé son
manuscrit. Il souspçonne plutôt Pierre.
Premier cas de figure : liage
De façon générale, les phrases suivantes
ne présupposent pas P :
• Si P alors Q[P]
• Ou non P ou Q[P]
• Il se peut que P et Q[P]
Second cas de figure : annulation
• Tjs après une phrase négative
(18) a. Le Roi de France n'est pas chauve, car
il n'y a pas de Roi de France
b. Ce n'est pas Léa qui a eu 20/20.
Personne n'a jamais 20/20.
• pas d’annulation des implications
(19) ?? Lea embrasse Luc avec fouge, mais Léa
n'embrasse pas Luc.
• Ni des présuppositions « positives »
(20) # Le roi de France est chauve. Il n'y a pas de
roi de France.
La projection des présuppositions
Terminologie :
on n’annule pas à proprement parler une pp, on
ne la déclenche pas, on la suspend.
Analyse à la Mercer :
soit A une phrase et B la présupposition associée.
- implication : A → B
- implication par défaut : ¬A ∼>B
III Les implicatures : aspects
non vériconditionnels du sens
(1)
Alain: Est-ce que tu viens à la fête ce soir ?
Marie: J'ai du travail.
(2)
a. Il est anglais; il est donc courageux.
b. Etre anglais implique être courageux.
(3)a. Pierre est venu et Marie est partie.
coordination
b. Pierre est venu mais Marie est partie.
opposition
c. Pierre est venu bien que Marie soit partie.
concession
3.1 Les implicatures conversationnelles
Grice (1975)
Principes habituels qui régissent la conversation
Le principe de coopération :
"Make your conversational contribution such as is
required, at the stage at which it occurs, by the
accepted purpose or direction of the talk
exchange in which you are engaged" .
Maxime de quantité :
1- Fais en sorte que ta contribution apporte
autant d'informations que possible.
2 - Ne donne pas plus d'informations qu'on en
demande.
Maxime de qualité :
1- Ne dis pas ce que tu crois être faux.
2- Ne dis pas ce pour quoi tu manques de
preuve
Maxime de relation :
- Sois pertinent.
Maxime de manière :
- Evite d'être obscur. Evite d'être ambigu.
Sois bref. Sois ordonné.
• Que des maximes : menteur, devinette…
• Manifeste :
(4) Pour autant que je sache, ils sont mariés.
(5) Comme tu le sais sans doute, Jean a peur du
noir.
(6) a. Je ne sais pas si c'est important, mais il
manque des fichiers.
b. Je ne suis pas sûr que ce soit clair, mais ...
3.1.2 Implicature particularisée ou
généralisée
• Particularisées
(7) A: Je suis en panne.
B: Il y a un garage au coin de la rue
Relation ----> Il est ouvert et pourra vous dépanner.
(8)
A: Jean n'a pas de petite amie en ce moment ?
B: Il va très souvent à Londres ces temps-ci...
Relation ----> il doit avoir une petite amie à Londres.
(9)
A: Où Jean habite-t-il ?
B: Quelque part dans le sud de la France.
----> Je n'en sais pas plus ou je ne veux pas le dire.
(10) (recommandation)
Jean a une très belle écriture, et son anglais est
correct
----> Jean n'est pas bon philosophe.
Généralisées.
(11) a. Jacques a rencontré Pierre ou Paul.
b. Jacques n’a pas rencontré à la fois Pierre et Paul.
(12) a. Jacques a lu quelques-uns des livres au programme.
b. Jacques n’a pas lu tous les livres au programme.
(13) a. Ce compositeur a du talent.
b. Ce compositeur n’a pas de génie.
(14) a. Paul n’a pas lu tous les articles de Grice.
b. Paul a lu quelques articles de Grice.
• Ambiguïté ou raisonnement ?
Processus pragmatique d'enrichissement
Le cas de où
- Le locuteur m’a dit quelque chose qu’il croit être vrai.
Par conséquent, selon lui, Jacques a rencontré Pierre ou
Paul.
- Le locuteur m’a donné toute l’information pertinente dont il
dispose.
Par conséquent, s’il avait pensé que Jacques a rencontré
Pierre et Paul, c’est ce qu’il m’aurait dit. Donc il ne croit pas
que Jacques ait rencontré et Pierre et Paul.
Conclusion : d’après le locuteur, Jacques a rencontré Pierre
ou Paul, mais pas à la fois Pierre et Paul.
A l'appui de cette thèse
• Le sens exclusif peut toujours être annulé :
(11') Jacques a rencontré Pierre ou Paul ou les
deux.
• (11") pas vraie dans le cas où Jacques a rencontré
Pierre ET Paul.
(11") Jacques n'a pas rencontré Pierre ou Paul.
Sauf correction (négation métalinguistique)
Inférences en (12), (13), et (14)
• maxime de quantité :
(12) c. Jacques a lu tous les livres.
(13) c. Ce compositeur a du génie.
(14) c. Paul n’a pas lu d’articles de Grice.
Echelles et classes de comparaison
Raisonnement à éviter :
- Le locuteur m’a dit quelque chose qu’il croit être vrai.
 selon lui, Jacques a rencontré Pierre ou Paul.
- Le locuteur m’a donné toute l’information pertinente dont il
dispose.
 s’il avait pensé que Jacques a rencontré Pierre ou Paul
mais pas à la fois Pierre et Paul, c’est ce qu’il m’aurait dit.
Donc il ne croit donc pas que Jacques n’ait pas rencontré à la
fois Pierre et Paul.
Conclusion : d’après le locuteur, Jacques a rencontré Pierre et
Paul.
• Comparer non pas à toutes les phrases
pertinentes possibles, mais seulement à ses
compétiteurs naturels.
(Horn 1989, Levinson 2000, Gazdar 1979 )
• Une échelle est une classe de termes, ordonnés de
façon naturelle du point de vue de leur « force
logique ».
Exemples d’échelles
ou < et
quelques < beaucoup < tous
la moitié de > peu de > aucun
un < deux < trois...
joli < beau < splendide
bon < excellent
talent < génie
Implicatures clausales
• attachées à si, croire (vs. savoir)...
(15) Si Jean est entré, alors la porte était ouverte.
Maxime de quantité :
Loc. ne sait pas si Pierre est entré ou non,
i.e.
Il est possible que Pierre soir entré, mais aussi
possible que Pierre ne soit pas entré.
Autres exemples
• Les tautologies : “Un N est un N”
• La disjonction : “p ou q”
impl.
‘mais pas les deux’ ou
‘je ne sais pas lequel des deux’
• La conjonction : “p et q”
impl.
‘p avant q’ ou ‘q parce que p’
La projection des implicatures
conversationnelles
• Comme les présuppositions
(Atlas & Levinson,1981)
• Faux (Geurts, 2004)
(17) a. Fred embrasse certaines des filles.
b. Fred n'embrasse pas toutes les filles.
(17b) est une implicature de (17a)
(17') Fred doit embrasser certaines des filles.
(17") Marie croit que Fred embrasse certaines des
filles.
(17"') Marie doute que Fred embrasse certaines des
filles.
On n'en infère jamais (17b)
(17b) Fred n'embrasse pas toutes les filles.
Si négation :
Projection = pas implicature, une implication
(18) a. Fred n'embrasse pas certaines des
filles.
b. Fred n'embrasse pas toutes les filles.
Le renversement des échelles
Dans les environnements monotones décroissants,
Ex: quand ou  et
(19)a. Il est impossible que tu aies vu Pierre ou Paul.
b. Il est impossible que tu aies vu Pierre et Paul.
(20)a. Si tu avais vu Pierre ou Paul, tu me l’aurais dit.
b. Si tu avais vu Pierre et Paul, tu me l’aurais dit.
L’alternative contenant et n’est pas plus informative
que la phrase elle-même. Donc en (19)a et (20)a, ou
non exclusif.
Exemple (exercice)
(21) a. Paul n’a pas lu tous les livres de Grice.
b. Paul n’a pas lu beaucoup de livres de
Grice.
• Une ou deux échelles ?
a) <quelques, beaucoup, tous>
b) <quelques, tous> <beaucoup, tous>
(22) a. Paul doute que tout le monde soit venu.
b. Paul croit qu’au moins une personne est
venu.
(23) a. Tu ne vas pas mourir.
b. Tu ne vas pas mourir maintenant, de
cela.
Annulable et renforçable
(12') Jacques a lu quelques-uns des livres au
programme. Il ne les a pas tous lus.
(13') Ce compositeur a du talent. Il n’a pas de génie.
(14') Paul n’a pas lu tous les articles de Grice. Il en a
lu quelques uns.
(1') Alain: Est-ce que tu viens à la fête ce soir ?
Marie: J'ai du travail. Je ne peux pas venir.
Redondance si I. conventionnelle
(2') ? Il est anglais; il est donc courageux.
Etre anglais implique être courageux.
3.1.4 Les implicatures liées à
l’information négative
Expression
Signification Implicature Sign + Imp
P si Q
Q→P
¬Q →¬ P
P↔Q
P seult si Q
P→Q
¬P →¬ Q
P↔Q
Autre formulation,
plus naturelle
P si et ssi Q
¬Q →¬ P
P↔Q
P→Q
Corblin
(24)a. Jean et Pierre sont à Paris. Jean est
médecin.
b. Jean n’est pas médecin.
3.2 Les implicatures conventionnelles
3.2.1 Exemples classiques
(2) a. Pierre est généreux, mais Marie est avare.
b. Pierre est généreux, mais Marie aussi.
(3) a. Mon collègue mais néanmoins ami.
b. Marie est enceinte, mais Pierre est content.
Implicature associée à mais :
il y a une opposition, un contraste entre les
deux propositions conjointes par mais.
• Implicature qui est V ou F (Bach, 1999)
• Mais sans influence sur la valeur de vérité
de la phrase totale.
Autres exemples
• Corblin :
Tous les connecteurs dont la valeur
vériconditionnelle est ∧ apportent le reste de leur
sémantique par implicature conventionnelle.
parce que, bien que, quoique, puisque, etc
• Karttunen et Peters (1979) :
encore, aussi, même, réussir (manage)
(26) a. Jean a encore passé un examen.
b. Jean a passé un examen aussi.
c. Même Jean a passé un examen.
• Contenu difficile à déterminer,
met en jeu des notions épistémiques.
3.2.2 Extension (Potts 2005)
a) Les ‘supplements’
(27)a. Paul, qui est l'aîné, est implacable.
b. Marie est, comme Jean la surnomme, la
cendrillon de la famille.
c. Marie, l'ex-assistante de Jean, ne peut pas
être comparée à Maguy.
b) Les ‘expressifs'
(28)a. Jean a tenté de fermer cette satanée fenêtre.
b. Jean, l'imbécile, a oublié son rendez-vous.
• Pas une proposition complexe avec conjonction
• Deux propositions : assertion + ajout
• Ajout = commentaire approprié pour des
propositions 'subjectives’ ou polémiques.
(29) a. Ce sacré John
b. Le sale John
a'. John est sacré.
b'. John est sale.
Conclusion
Implicatures
Conversationnelles
GЋnЋralisЋes
Scalaires
Clausales
Conventionnelles
ParticularisЋes
indЋfinies
Conclusion
• Classification discutable :
implicatures généralisées = conversationnelles
conventionelles
convention de second-ordre : certains = pas tous
• Sur l'usage et l'imbrication des maximes
Alternative : Théorie de la Pertinence de Sperber &
Wilson.
IV Pour une sémantique multidimensionnelle
Karttunen et Peters (1979)
• certaines présupposantes sont en fait des implicatures
conventionnelles
• associer à un énoncé, non pas une, mais deux
formules logiques :
- La première représente ses conditions de vérité
- La seconde représente les implicatures conventionnelles.
(30) John vient aussi.
(30') a. John vient.
b. Quelqu'un d'autre que John vient.
• Distinguer trois niveaux :
- contenu asserté
- contenu présupposé
- contenu implicaté
4.1 Ressemblances entre
présuppositions et implicatures
4.1.1 Elément déclencheur
(1) Jean a commencé à travaillé à seize ans.
Présupposition déclenchée par commencer à :
Jean ne travaillait pas avant seize ans.
Implicature conversationnelle :
Jean a plus de seize ans.
4.1.2 Effet de background
Le ‘family test’ (Chierchia).
(2)a. Jean n'a pas cessé de fumer.
b. Est-ce que Jean a cessé de fumer ?
c. Marie croit que Jean a cessé de fumer
d. Si Jean a cessé de fumer, il augmente ses
chances de guérison.
(3)a. Lance Armstrong, qui est né en Arkansas, n'a
pas gagné le tour de France.
b. Est-ce que Lance Armstrong, qui est né en
Arkansas, a gagné le tour de France ?
c. Marie croit que Lance Armstrong, qui est né en
Arkansas, a gagné le tour de France.
d. S'il est né en Arkansas, Lance Armstrong, qui
est né en Arkansas, a gagné le tour de France.
4.1.3 Trou de valeur de vérité
Que se passe-t-il quand la proposition non assertée
est fausse?
- est ce que la phrase énoncée reste vraie,
- ou est-ce qu'elle n'a plus de valeur de vérité ?
PP fausse : Phrase sans V de V
IConv fausse : V de V de la phrase inchangée
(4) A: Jean est grand mais beau.
B: Pourquoi mais ? / # Non, il est grand et beau.
(4’) A: Le roi de France est chauve.
B: # Pourquoi le roi de France ? / Non, le roi de
France n'est pas chauve, il n'y a pas
• Tests peu fiables
4.2 Ce qui distingue PP et IConv
4.2.1 Dépendance du contenu inféré par rapport au
contenu asserté
Pas toujours pour PP :
(5) Marie est allée chercher ses enfants à l'école.
pp : Marie a des enfants.
assertion : Marie est allée chercher XX à l'école.
Dépendance
(5’) Marie a cessé de fumer.
pp : Marie fumait.
assertion : Marie ne fume pas.
Indépendance
IC : indépendance des contenus
• A mais B :
- opposition entre A et B,
- troisième R terme tel que A entraîne R et B entraîne
non R.
(6) a. Jean est beau mais bête.
assertion :
Jean est beau mais bête.
implicature : beau c'est bien, mais bête c'est un
défaut
Les expressifs :
(7)a. Cet imbécile de Jean va surement rater son
examen.
b. Cet imbécile de Jean a réussi son examen .
assertion : Jean va rater son examen /
Jean a réussi son examen
implicature : Jean est un imbécile
Dép. créé par le discours vs. Dép.des contenus
4.2.2 Prise en charge
présupposition :
prise en charge partagée, common background.
(8) a. Marie a cessé de fumer
b. Présupposition : Marie fumait auparavant
c. Assertion : Marie ne fume pas
• Une IC est non partagée
(9) a. Tu es amoureuse de cet imbécile de Jean.
b. Jean est un imbécile.
Le contenu d'une IC n'est pris que par le locuteur
et seulement par lui.
Speaker-oriented content.
Discours rapportés:
le fait de n’être pris en charge que par le locuteur
se voit clairement dans le discours rapporté.
(10) a. John a dit que Paul, qui est l'aîné, est
implacable.
b. John a dit que Paul, qui selon lui est
l'aîné, est implacable.
(11)a. Tous les démocrates disent que leur
proposition idiote tient la route.
b. La proposition des démocrates est idiote.
c. Tous les démocrates pensent sincèrement
que leur proposition est géniale et ils disent
dans tous les médias que leur proposition
idiote tient la route.
(11b) pas pris en charge par les démocrates
• Présupposition
(12) a. Tous les démocrates disent que la loi cesse
d'être applicable .
b. La loi était applicable.
c. ?? Tous les démocrates disent que la loi
n'était pas applicable et qu'elle cesse d'être
applicable.
Présupposition =
prise en charge partagée, placée dans le common
ground.
Implicature conventionnelle =
prise en charge non partagée, speaker oriented.
Cela n’implique pas que ce qui est dit à travers
une IC soit «moins fort» que ce qui est asserté.
force ≠ statut vériconditionnel.
(Jayez)
Qu'en est-il de termes comme mais ?
Situation :
Jean dit : "je viendrais vers 16h".
Marie demande à Pierre: "Est-ce que Jean
viendra déjeuner? "
Pierre répond : "Jean a dit qu'il viendrait, mais
vers 16 heures.".
Est-ce que Pieerre ment ?
NON.
Même chose avec une présupposition
Situation :
Pierre passe la soirée avec Jean. Au cours de la
discussion, Jean dit : "je ne fume pas". Marie
parle avec Pierre de Jean.
Pierre dit : "Jean m'a dit qu'il ne fumait plus."
Est-ce que Pierre ment ou dit quelquechose de
faux ?
OUI.
Speaker oriented ou non partagé ?
(13)a. Pierre a dit que son imbécile de frère avait
encore perdu au casino. Son frère joue peutêtre un peu trop, mais ce n'est pas un
imbécile.
b. Pierre a dit que son frère, qui est incompétent,
serait mis à la porte. je ne vois pas pourquoi il
trouve son frère incompétent.
A l'appui de cette thèse
• Test dit de redondance (Ducrot, Krifka)
Présupposition : # P [Q]. Q.
I. Conversationnelle : ? P [Q]. Q.
(14)# La femme de Jean est venue. Jean a une
femme.
(15)? Marie, la femme de Jean, est venue. Jean a
une femme.
Conclusion
Des V de V aux conditions de félicité
Aspects vériconditionnels / non vériconditionnels
Pb de terminologie ou pb ontologiques :
• ‘The nature of conventional implicature needs to
be examined before any free use of it, for
explanatory purposes, can be indulged in’
(Grice 1989)
• ‘Conventional implicature is a myth’
(Bach 1999).
• Systèmes formels
• Sémantique du dialogue, et pas seulement des
assertions.
Sensibilité aux types d'actes de langages :
(16) a. Franchement, est-ce qu'il est sympathique ?
b. Réponds-moi franchement.
• Des conditions de vérité aux conditions de félicité.