Les nanotechnologies [ACEN - CACEN] « Nanos et environnement »» Gaëlle Bouttier-Guérive Paris, 16 juillet 2009
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Les nanotechnologies [ACEN - CACEN] « Nanos et environnement »» Gaëlle Bouttier-Guérive Paris, 16 juillet 2009 Objectif du WWF Stopper la dégradation de l’environnement dans le monde et construire un avenir où les êtres humains pourront vivre en harmonie avec la Nature Objectif du WWF Préserver la diversité biologique mondiale Garantir l’utilisation durable des énergies renouvelables Encourager des mesures destinées à réduire la pollution et la surconsommation Un nouveau monde ? Les propriétés physiques, chimiques et biologiques « traditionnelles » de la matière peuvent être amplifiées / atténuées / disparaître / inversées (conductivité électrique) / nouvelles (or réactif, carbone 100 fois plus résistant que l’acier et 600 fois plus léger…). Principales modifications : - augmentation considérable de la surface d’échange : 1 g de nanoparticules de dioxyde de titane présente une surface d’échange de 300 m2; - augmentation également considérable de la réactivité chimique, liée en particulier à cette augmentation de la surface d’échange ; - modification de la conductivité électrique (matériau isolant qui devient conducteur ou semiconducteur …) ; - renforcement de la résistance mécanique (certains fils sont plus résistants que le fil de l’araignée, le plus résistant de tous les fils naturels connus jusqu’à présent) ; - renforcement de l’élasticité … Quelles applications ? Aujourd’hui => microélectronique, transports, énergie, armement, agroalimentaire, médecine et pharmacie, cosmétologie, textile… Par exemple : - pneus en nanotube de carbone, puis de silicium, beaucoup plus résistants - pièces de carrosserie automobile, - raquettes de tennis, battes de base ball, cadres de vélos à base de nanocarbone - crème solaire, cosmétiques, « enrichis » en nanoparticules de dioxyde de titane et d’oxyde de zinc ; incorporé dans des crèmes solaires - revêtements de surfaces antigraffiti et vitres autonettoyantes Près de 1500 types différents de nanoparticules seraient actuellement synthétisées ; nanotubes de carbone, noir de carbone, nanoparticules de dioxyde de titane, d’oxyde de zinc, d’aluminium, de silicium… Chiffre exact de nanoparticules synthétisées difficilement évaluable ; leur déclaration n’est pas obligatoire à l’heure actuelle. Demain ? => domaine médical et environnemental : - nanovecteurs pour encapsuler les médicaments et les transporter dans le corps : leur finesse leur permet de rentrer notamment dans les cellules et de franchir les barrières physiologiques habituelles (barrière hématoencéphalique) ; - « nanoballes » pour détruire de manière ciblée les cellules cancéreuses ; - émail dentaire artificiel et bactéricide grâce à des nanoparticules d’hydroxyapatite ; - agents de contrastes pour l’imagerie médicale - tissus anti-infectieux [à usage médical,] enduits de nanocristaux d’argent Des applications écologiques ? -Climat (films plastiques en nanoparticules semiconductrices et photovoltaïques pour capter l’énergie solaire sur n’importe quel support) -Traitement des eaux (produits décontaminant l’eau ou purifiant les piscines à base de lanthane - Traitement de l’air (systèmes de dépollution de gaz toxiques pour l’industrie électronique) - Conservateurs - Miniaturisation: réduction de taille et de poids. réduit ainsi notablement les quantités de matière nécessaires à la réalisation des produits (économies substantielles sur le coût) Les déchets français • La quantité de déchets a doublé en 40 ans • 24 millions de tonnes de détritus par an 2500 fois le poids de la Tour Eiffel Où vont nos déchets ? Déchets ménagers : >> 42 %, incinérés >> 39 % en décharge >> 13 % recyclés >> 6 % en unités de compost Des nanos dans les médicaments ? France : 1er consommateur européen 70 000 tonnes de déchets par an. 50 à 90% des principes actifs des médicaments rejetés dans nos excréments Des nanos dans les textiles 210 000 t. de vêtements usagés par an (3,5 kg par habitant et par an). 85 % parmi les ordures ménagères. Des effets peu ou pas connus sur l’environnement Comment les nanoparticules agissent-elles à tous les niveaux du vivant (molécule, organite, cellule, organisme...) ? Quelle mobilité, persistance dans le sol, l’air et l’eau et bioaccumulation ? Quelles interactions avec d’autres matériaux chimiques ou biologiques ? Ecotoxicologie basée sur des essais in vitro en laboratoire Comment vont réagir les espèces vivantes face à cette pollution inhabituelle ? -concentrations élevées d’aluminium nanométrique restreint la croissance de 5 espèces de cultures commerciales, -sous-produits liés à la fabrication de nanotubes de carbone monoparoi accroissent le taux de mortalité et freinent la croissance chez un petit crustacé d’estuaires L’exemple du nanoargent (pansements, textiles, ustensiles de cuisine, frigidaires…) Nanotubes, mélangés à de la matière organique naturelle dans de l’eau provenant d’une rivière peu polluée, restent en suspension pendant plus d’un mois. Ils se dispersent ensuite individuellement, et non de façon groupée. Lorsque le cycle de l’eau est touché >> La moitié des eaux usées repart dans les cours d’eau >> La pluie lessive la terre et entraîne de multiples « déchets » vers les rivières. >> Toutes les rivières mènent vers la mer. -50% espèces d’eau douce (LPR08) Lorsque la chaîne alimentaire est touchée On ne peut pas vivre en bonne santé sur une planète malade La vie sur Terre est touchée par des pollutions chimiques : >> aux origines diverses >> invisibles >> qui s’accumulent >> qui persistent >> qui circulent Dans : - l’air - les aliments et boissons - les substances et matériaux Une contamination généralisée >> La faune et la flore mais aussi les humains. >> Les pesticides et autres produits chimiques sont dans nos aliments (retardateurs de flamme, phtalates…) >> Mais aussi dans notre sang/placenta (46 produits en moyenne) >> 100% des personnes testées sont touchées Source : Detox, wwf Nous sommes tous concernés : - Perturbations endocriniennes - Allergies, maladies respiratoires - Cancers - Troubles neurologiques A travers nos besoins les plus fondamentaux : - Respirer - Boire et manger Trop d’inconnues et trop de soupçons - Quels effets en cascade sur l’ensemble de la chaîne alimentaire (bioaccumulation –disparition d’espèces sensibles) ? - La question des faibles doses - La question de l’« effet cocktail » - Quel effet sur un organisme immature à des stades cruciaux de son développement ? Des questions éthiques Quelle application réelle pour ces nano-objets ? Des centaines de produits ont déjà été mis sur le marché : - sans étude de toxicité sur l’Homme et les autres organismes vivants ; -sans étude d’impact sur l’environnement (cycle de vie du produit). => 2005 : 10 mds $ consacrés à la R. et D. mais 40 millions à des fins de recherche sur les effets secondaires éventuels, soit 0,4 %. -sans information du consommateur et précautions d’emploi -sans réglementation spécifique encadrant leur production (santé des travailleurs et sécurité des installations) et leur mise sur le marché. - recherches sur « l’homme amélioré », - convergence des biotechnologies, des technologies de l'information, des sciences cognitives et des nanotechnologies posent la question du mélange entre vivant et non-vivant, de l'instrumentalisation de la nature et de la domination de la matière. Qu’est-ce qu’un produit plus respectueux de l’environnement ? « C’est un produit qui génère moins d’impacts négatifs sur l’environnement, tout au long de son cycle de vie, par comparaison avec un produit de même usage, dans des conditions d’utilisation équivalentes ». Le cycle de vie des produits >> Considérer le cycle de vie du produit, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à la valorisation finale du produit Pourquoi prendre en compte le cycle de vie des produits ? >> agir là où les impacts négatifs sur l’environnement sont les plus importants >> éviter qu’une solution visant à limiter un impact n’entraîne une aggravation par ailleurs (notion de « déplacement de pollution ») >> Pour améliorer la qualité écologique de leurs produits, les concepteurs ont de plus en plus recours à des outils d’évaluation environnementale : empreinte écologique, ACV, bilan carbone… Extension de la responsabilité juridique du producteur >> Production (hygiène et sécurité sur le lieu de travail) : >> Distribution • Exemple : sous-traiter le transport d’une substance ou d’une marchandise dangereuse ne désengage pas le producteur >> Usage du produit • Exemple : L’usage de métaux lourds et de PCB sont interdits dans les produits électroniques • Exemple : La limitation des émissions de CO2 lors de l’usage du véhicule est sous la responsabilité du constructeur et non de l’utilisateur >> Fin de vie (Directives VHU, DEEE, Reach) Agir pour préserver notre santé et celle de la planète - Connaître les solutions - Apprendre à s’informer - Savoir décoder les étiquettes - Retrouver des gestes de bon sens Les nanos au service de l’humanité et de la planète Evaluation Les nanotechnologies doivent être soumises aux tests les plus complets et les plus avancés, en investissant dans les moyens de recherche et les équipes nécessaires. Il faut concevoir et valider des tests et contrôles adaptés en renonçant notamment aux principes de « seuil de sécurité » et d’équivalence. Autrement dit : un nanoproduit n’a pas les mêmes propriétés qu’un produit normal de même formule chimique. Et, bien que présent en faible quantité, il peut être plus dangereux qu’une grosse. De plus, rien ne dit qu’un seuil est nécessaire pour déclencher leur toxicité. Déclaration Dans l’attente d’une évaluation suffisante de ces technologies sur la santé et l’environnement, le principe de précaution doit être appliqué par un moratoire à leur commercialisation dans des produits grands publics. Pour les produits déjà sur le marché, les études prouvant leur innocuité doivent être mises à disposition du public, la présence de nanoparticules doit être déclarée et leur présence étiquetée afin que les utilisateurs soient informés et exercent leur liberté de choix. Règlementation Il est urgent de mettre en place une réglementation européenne et internationale, s'appuyant sur un collège d'experts pluridisciplinaires et indépendants des firmes. Le producteur initial doit aussi être responsable devant la loi des éventuelles contaminations liées à leurs produits. Grenelle de l’environnement « La Commission nationale du débat public (CNDP) organisera un débat sur les risques liés aux nanoparticules et aux nanomatériaux. La présence de nanoparticules dans les produits grand public sera obligatoirement déclarée dès 2008 ; bilan coûts/avantages systématique avant la mise sur le marché de produits contenant des nanoparticules ou des nanomatériaux, dès 2008 ; assurer l’information et la protection des salariés sur la base de l’étude AFSSET ». => Les industriels se sont opposés à l’étiquetage des produits finis. La CNDP se saisira du dossier cet automne.