Transcript Les Wisigoths, c*est notre histoire!
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Les Wisigoths marquèrent durablement l’histoire de notre contrée.
Selon l’historien des Goths Jordanès, évêque Ostrogoth de Ravenne, qui écrivait en
551, ils venaient de l’île de Scanzia. En fait, du Sud de la Suède dont on ignorait à
l’époque, qu’il s’agissait du continent Européen. A la recherche de terres plus
hospitalières, à travers le Danemark, ils atteignirent l’embouchure de la Vistule
(Pologne, Pays Baltes).
Au premier siècle avant notre ère, Jules César repoussant les Germains qui
franchissaient le limes1 déclencha la migration des Wisigoths et des autres peuples
dits barbares, leurs cousins. Cette Grande Marche les emmena d’abord sur la rive
Nord du Danube et au bord de la Mer noire où les Romains les toléraient et les
utilisaient comme mercenaires.
A la différence des autres peuples dits barbares, les Wisigoths recherchèrent des
accords avec l’Empire Romain dont ils appréciaient l’efficacité (armée,
administration, droit, création de richesses, arts et architecture, etc.). Ils se
convertirent au Christianisme (375-376) au contact des soldats romains .Le Culte
Arien2 était alors dominant en Orient.
Les Romains, eux, ne les distinguaient guère des autres barbares et omettaient de
tenir leurs engagements à leur égard.
C’est ainsi que le roi des Wisigoths Alaric 1er s’empara de Rome en 410, mais
mourut peu après. C’est son fils Athaulf, qui entra en Gaule en 412. Il y épousa
Galla Placidia sœur de l’Empereur Honorius le 1er Janvier 413, à Narbonne.
Entre 416 et 418 fut élaboré un traité (foedus3) qui fit des Wisigoths un peuple
fédéré à l’Empire. Toulouse devint leur capitale, leur royaume comprend
l’Aquitaine et la plus grande partie de l’Hispanie. L’accès à la Méditerranée leur est
refusé, ils ne disposeront de Narbonne et de ses Ports qu’à partir de 462.
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En 507, Clovis, roi des Francs leur inflige une défaite à Vouillé, près de Poitiers,
Théodoric II est tué. Les Wisigoths se replient sur Narbonne, puis Barcelone.
Tolède devient leur Capitale en 554.
La Narbonnaise ou Septimanie deviendra une dépendance du Royaume de Tolède.
Les Goths d’Hispanie se convertiront au Catholicisme. Les évêques catholiques
intransigeants pousseront à la persécution des Juifs et des minorités.
La Septimanie deviendra le refuge de la noblesse arienne et des Juifs déjà
fortement implantés dans le Port de Narbonne, de même que les autres peuples
commerçants tels les Grecs. Après l’invasion Arabe commencée en Avril 711
depuis le Sud de l’Hispanie, ceux qui refusèrent de se soumettre, les militaires en
particulier, refluèrent vers nos régions. Les musulmans firent chèrement payer
leur résistance, aux Narbonnais notamment, qui cédèrent en 719. Charles Martel
repoussa les Arabes à Poitiers en 732, puis lors de la Bataille de la Berre en 737,
mais Narbonne ne fut reprise qu’en 759 par Pépin le Bref.
Ni les Francs, ni les Carolingiens ne cherchèrent à annexer cette terre qui se
défendait si bien. Charlemagne (742-748/814) laissa en place les Comtes et les
Ducs Goths qui se révélèrent ses meilleurs serviteurs. Les Septimans continuèrent
à vivre sous la loi Gothique (Lex Wisigothorum), la Narbonnaise qui avait accueilli
les populations hispaniques (aprisions) connut un renouveau culturel et religieux
avec les Abbayes de Lagrasse, Aniane, Saint Guilhem. La liturgie élaborée à
Narbonne à cette époque prévalut jusqu’au Concile de Vatican II (1962-1965).
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Comme les Wisigoths furent les continuateurs des Romains, de Rome ou de
Byzance, les Carolingiens intégrèrent aussi les hommes, la culture et les arts de la
tradition Romano-Wisigothique, l’archéologie en témoigne.
Les vestiges typiquement Wisigoths demeurent rares, mais il en existe dans l’Aude
et les départements voisins, et dans notre proche environnement.
Commune de Villesèque :
La vieille église Notre Dame du Bon Secours de Gléon
Face à la porte de la vieille église, une vigne. Elle recouvre la base des murs d’une
chapelle wisigothique du VIème siècle. Une plaque de marbre gravée, exposée dans
l’église voisine, raconte la fondation de cette chapelle par les propriétaires
wisigoths de la « villa » voisine, Diusvirus et Wilzende. La fin du texte « ils se firent
locataires de l’atrium4 dans la demeure du Christ éternel » suggère que la dalle
provient du lieu de leur sépulture.
Notre Dame du Bon Secours possède une nef unique aux murs très épais, les blocs
de sa voute d’origine ont été coulés dans du béton. Le chœur surélevé est éclairé
par une fenêtre à profond ébrasement, il s’ouvre sur la nef par un arc triomphal
datable du VIIème siècle. Ces caractéristiques la rattachent à un groupe d’églises de
tradition wisigothique jalonnant nos départements du Languedoc-Roussillon: voir
www.lurio-addl.fr
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Arc triomphal reposant sur des piliers
monolithes : Notre Dame du Bon
Secours Gléon
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Epitaphe trouvée vers 1870 à Mandourelle.
Cette évocation du Calvaire est conservée au Musée de Narbonne.
Domaine de Mandourelle
Il est construit sur l’emplacement d’une ancienne chapelle Saint Etienne dont ne subsiste qu’un lieu dit « le cimetière ».
C’est ici qu’a été trouvée l’épitaphe chrétienne de Trasemirus, datée des environs de 600. A cette période, les Wisigoths
du Royaume de Tolède sont devenus Catholiques, la Septimanie recueille les dissidents et trouve son unité autour de la
foi Arienne, signe d’appartenance au peuple Goth.
Mandourelle : à rapprocher d’amande, mandorla en Italien, ou de mandorle, l’auréole ovale qui enveloppe les
représentations du Christ roi qui a vaincu ses douleurs.
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1-Limes : frontière de l’empire face aux peuples barbares. Le limes Rhénan dont on
a pu retrouver les traces se composait d’une large bande de terrain défriché
jalonné de fortins dont certains étaient des points de passage.
2-Arien : du nom du prêtre d ‘Alexandrie Arius, condamné comme hérétique en
325. Il soutenait que la personne du Christ n’était pas de même nature divine que
le Père ou le Saint Esprit, contrairement au dogme défini de la Sainte Trinité.
3-Foedus : du latin foedus signifiant traité, origine des mots fédéré, fédération.
4-Atrium : cour intérieure pouvant précéder l’entrée d’un sanctuaire.
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Nous avons retracé sommairement l’histoire des Wisigoths et de la Narbonnaise dans le
dernier Lurio (n° 28). Par « Narbonnaise », il faut entendre la région située entre les évêchés
d’Elne au sud et Nîmes au nord, appelée aussi Septimanie (Sidoine Apollinaire). Ce territoire
accueillit les populations hispano-wisigothiques soumises à la pression des Musulmans.
Lors de la conquête de la péninsule ibérique par les Arabes à partir de 711, les Wisigoths
cachèrent leurs trésors : objets du culte, ex-votos, reliques, etc. C’est ainsi qu’en 1859 fut
retrouvé à Guarrazar un trésor qui contenait entre autres, les très riches couronnes votives
offertes par les rois Wisigoths à la Basilique de Tolède.
Parmi les reliques qui furent sauvées figurent les corps de Just et Pasteur, deux frères
martyrisés en 304 en Espagne, à Complutum. Complutum était le siège d’un évêché et les
corps étaient conservés dans la crypte de la cathédrale. Un moine, Urbisso, les mit à l’abri.
Complutum deviendra Alcala de Henares lors de la conquête arabe « Al Quazat » = Le Fort.
Trésor de Guarrazar: détail couronne Receswinthe, Croix Votive
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En 759, Charles Martel reprit Narbonne sans parvenir à soumettre les
Wisigoths,
mais il dévasta la région. Les populations hispaniques fuyant leur pays
furent ensuite autorisées à s’installer dans nos contrées pour les
repeupler et les remettre en valeur.
L’église métropolitaine de Narbonne qui avait du souffrir des
dévastations de Charles Martel fut vraisemblablement rénovée, puis
reconsacrée en 782. Les nouveaux patrons, les Saints Just et Pasteur
étaient des saints hispaniques, comme l’étaient les nouvelles populations.
On retrouve les Saints Patrons de Narbonne dans notre contrée.
Le village de Durban, bien que révélant des indices d’occupation bien
plus anciens, a commencé à se former au confluent de la Berre et du
Barrou, sur la rive gauche, sur un site qui porte toujours le nom de Saint
Just. Ce site peut être considéré comme l’une de ces implantations
destinées à repeupler et à remettre en valeur les terres agricoles.
A partir de 778, l’Abbaye de Lagrasse recevra de Charlemagne, outre de
nombreux fiefs, la mission de faciliter l’installation de ces colons et c’est
ainsi que de nombreux territoires, même fort reculés furent mis en
valeur.
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Village agricole de Saint Just prés de la Berre
L’histoire de Jean l’Espagnol, le soldat entouré de ses compagnons, qui reçut en aprision, le
domaine de Fontjoncouse est fort bien connue, car elle figure sur les rares documents des
Archives de l’Archevêché de Narbonne qui furent épargnés par la Révolution de 1789.
L’histoire de Durban se situe dans le même contexte. Malgré l’absence d’écrits, d’autres
éléments probants nous sont parvenus : la famille seigneuriale de Durban portait le surnom
d’ « Ibrinus ». Derrière le latin médiéval, il est clair que cela signifie qu’ils sont d’origine
Ibérique. D’autre part, les aînés se prénommaient systématiquement Guillaume : difficile de
ne pas y voir une trace du Wilhelm germanique et d’une ascendance Wisigothique.
Just et Pasteur patrons du lieu de culte de saint Just devinrent, les saints patrons de l’église de
Durban, bâtie au XIème siècle, en pleine époque féodale.
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En 778, Charlemagne tenta de prendre Saragosse, mais ne put y parvenir.
Sur le chemin du retour il pilla Pampelune, mais les basques reprirent
leur butin dans les défilés de « Roncevaux ». Au cours de cette expédition,
Charlemagne avait « recouvré » les reliques de saint Just et saint Pasteur,
mais il fut contraint de les cacher à nouveau dans le nord de l’Espagne
alors qu’il comptait en faire présent à l’église de Narbonne.
En 1058, l’archevêque de Narbonne, Guifred de Cerdagne, prétendit
savoir où étaient cachées les reliques et les ramena à Narbonne. Ces
reliques suscitèrent de nombreux dons de la part des fidèles et les clercs
en vinrent à se disputer ces subsides.
Guifred se retira à Durban où il transféra son siège épiscopal. Il avait
emporté les objets sacrés de la cathédrale et les précieuses reliques. Les
dons qu’elles suscitaient profitaient à ses soldats. Garsinde, sœur du
vicomte Berenger de Narbonne, vint de nuit récupérer les reliques. Elle
osa le faire car l’église, en 1058, n’avait pas encore été consacrée. Quant à
l’archevêque Guifred, cadet du Comte de Cerdagne, convaincu de trafic de
sacrements et de charges ecclésiastiques, excommunié à deux reprises, il
ne voulut pas entendre raison (Histoire Générale de Languedoc).
Le gros œuvre de l’église actuelle, toujours dédiée aux saints Just et
Pasteur est considéré comme construit au XIIIème siècle.
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Sur le territoire de Durban se trouve également l’église isolée des Saintes Juste et
Ruphine, également martyrisées en Espagne. Les archéologues, tels l’Abbé Giry ou
André Bonnery, la situent parmi les constructions d’inspiration wisigothique
précarolingiennes, soit le VIIIème siècle. Certains éléments du bâti, tels l’appareil en
épi et son orientation vers l’est évoquent une époque plus ancienne.
Son implantation en un lieu isolé et les tombes wisigothiques dispersées dans les
parages confirment qu’il s’agit d’une église arienne, c'est-à-dire remontant à la
première implantation des Wisigoths dans notre contrée (après 462).
Voir sur ces sujets : http://vieuxdurban.lo.gs
En remontant le cours de la Berre, on rencontre donc une série d’implantations
Wisigothiques, à savoir : la vieille église de Gléon, l’ancien village de Saint Just,
l’ancien village de Rouffia prés de Villeneuve, Saint Julien et Sainte Basilysse de
Cascastel, Sainte Léocadie de Quintillan.
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Jean L’Hispani
711
Invasion de la péninsule Ibérique par les cavaliers berbères de
Tarik. Le dernier roi Wisigoth de Tolède, Rodéric, est vaincu à Guadalete.
719
Prise de Narbonne par Al Samah qui fit payer cher aux Narbonnais
leur résistance.
737
Bataille de la Berre. Charles Martel surprend les Musulmans dans
les gorges de la Berre et met en déroute les armées d’Umar venues au
secours de Narbonne. Cependant la ville résiste et ne peut être prise.
759
Pépins le Bref prend Narbonne. Les Wisigoths armés par les
Arabes affaiblis, lui ouvrent les portes.
778
L’armée Franque pénètre en Espagne, mais Charlemagne (roi 768800, empereur 800-814) doit se retirer pour aller combattre les Saxons.
Une partie tente de prendre Saragosse et subira un mauvais sort dans les
vallées de Roncevaux. Une partie occupe la Catalogne. Charlemagne
cherchait a y établir une Marche. Les Espagnols qui s’étaient ralliés à la
cause de Charlemagne s’exposaient aux représailles du cruel Emir Abd
Alraham et s’enfuirent en Septimanie. Les autres Espagnols poussés par
les exactions dont ils étaient victimes et la misère, firent de même.
792 L’Emir Hescham proclame «l’algihad ».
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L’occupation Arabe
Les armées Arabes pillaient et rançonnaient les populations. A cela
s’ajoutaient charges et impôts qui aboutissaient à une confiscation
complète. Le plus souvent, ils émigraient dans les montagnes ou les
contrées voisines. Mais on a vu des pères vendre leurs enfants pour se
créer des ressources et il n’était pas rare qu’on e fit des eunuques de ces
enfants.
Rien ne pouvait égaler l’infortune de ces habitants (E.Cauvet).
Un désert d’hommes
Le Pays déjà épuisé par les dévastations Arabes, devint un « désert
d’hommes ».
Le domaine du fisc arabe fut augmenté de toutes les propriétés qui
appartenaient aux Sarrazins et de tous les biens abandonnés.
Les Wisigoths s’étaient déjà attribué les deux tiers des propriétés
privées.
Les Comtes Goths à qui Pépin avait laissé l’administration du Pays
s’occupèrent d’abord de la restauration et de la reconstitution de l’Eglise.
Les terres ne rapportant rien , des revenus fixes lui furent concédés
(salines, autres).
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Immigration des Espagnols
Quel que soit le propriétaire de la terre, il fallait des bras pour la
travailler.
Les Espagnols, fuyant la guerre, arrivèrent très opportunément.
Les nobles Wisigoths furent richement dotés.
La foule des migrants pauvres (minores) choisit la région de Narbonne
où il y avait le plus de terres libres.
Théodulfe, Ostrogoth d’origine, envoyé par Charlemagne ( missi dominici
) à Narbonne (après 781) décrit ainsi son arrivée:
Récit de Théodulfe
« Bientôt, nous touchons les murs de Narbonne, dont la splendeur fixe
mon regard (*).Un cortège nombreux vient à ma rencontre, joyeux de
mon arrivée. J’y vois les débris des Wisigoths, qui faisaient partie de la
population de Narbonne, avant que les malheurs des temps les eussent
décimés, et une foule d’émigrants espagnols que le tyrannie des sarrasins
a rejetés dans ce pays. Tous reconnaissent en moi un compatriote et
acclament un protecteur ».
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de l’occupation à l’aprision
La mise en valeur des terres occupées
se transformait en un
droit de propriété.
Les tenants de ces manses ne payaient pas le cens et ne devaient
que ce qui était du à l’empereur et/ou au Comte.
Les nobles Hispani, dont un bon tiers de Wisigoths, occupèrent de
grands domaines retournés à la friche et devaient régulièrement
justifier de leurs titres, surtout s’ils n’avaient pas entièrement
restauré leur territoire.
Les minores, vu leur manque total de ressources, ne pouvaient
rapidement mettre en valeur des terres. Les monastères, déjà euxmêmes bénéficiaires de donations de terres, constituèrent des
colonies d’aprisionnaires à qui ils apportaient, vivres, outils,
semences, et les consolations spirituelles.
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Jean L’Hispani
Il faisait partie de ces nobiliores, à qui les Franks avaient confié
un commandement militaire.
Il est d’origine Wisigothique.
Il combattit les Arabes lors de la tentative de création d’une
Marche d’Espagne par Charlemagne en 778.
En 792, le vizir Abd Almaleck concentre une armée en
Catalogne. Jean fait partie de ceux qui harcèlent cette armée afin
de retarder son arrivée en Septimanie ou Gothhie.
Jean fut victorieux lors d’un engagement au lieu dit ad pontes, non
loin de Barcelone. Il enleva un important butin à l’ennemi.
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Jean l’Hispani
Jean se rendit auprès de Louis le Pieux, en Bavière pour lui
remettre un cheval de prix, un haubert et une épée indienne à
fourreau garnie d’argent et lui demander formellement la
concession du domaine de Fontjoncouse.
Louis écrivit à Sturmion, Comte de Narbonne, pour que
Fontjoncouse soit remis à Jean.
En 793 Jean demande
confirmation à Charlemagne qui le reçoit
comme son vassal, ce qui lui donnait une position considérable.
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Jean L’Hispani
Le diplôme de 793
Le diplôme se trouvait dans les archives
de l’archevêché
de Narbonne, suite à l’acquisition qu’ils firent de la
seigneurie de Fontjoncouse en 963.
Ces archives
furent détruites lors de la révolution
française (elles contenaient les preuves de tous les ancien
privilèges). Seuls quelques volumes furent épargnés par le
feu.
La copie du diplôme de 793 que détenaient
les
archevêques fut sauvée et c’est ainsi que l’histoire
singulière de Jean l’Hispani nous est parvenue. Histoire
singulière par la personnalité de Jean, mais pas unique dans
les Corbières. Ainsi, les Ibérinus, devinrent seigneurs de
Durban dans les mêmes conditions que Jean, mais avec
moins d’éclat et pour une plus longue durée.
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La Fondation de Fontjoncouse
Muni de son diplôme délivré par Charlemagne, Jean repart pour
Narbonne et remet au Comte Sturmion la lettre de Louis le Pieux.
Sturmion, accompagné de ses juges se rendit à Fontjoncouse qui
était en friches. Il fit planter des bornes aux quatre orientations
du domaine afin que d’autres migrants n’y fassent point
d’aprisions.
Les travaux de mise en valeur furent très lents à cause de la
famine qui sévissait.
Les compagnons de Jean
Jean avait amené un de ses frères Wuillemir et son fils, Teofred.
Il semble qu’il était veuf.
Il fit venir d’Espagne un certain nombre de colons qu’il attacha à
son domaine : Christian, Fedance et Ildebone étaient mariés et
avaient amené leur famille. Atonelle, Ele, Mancion, Amunne et
Aserrar, plus jeunes, étaient célibataires. Un prêtre nommé
Ombolat, fut adjoint à la petite colonie.
Ces vingt cinq personnes se mirent à l’œuvre et construisirent
en peu de temps des maisons et des bâtiments agricoles, mirent
en culture les terres.
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Les compagnons de Jean
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Les compagnons de Jean
Plaid de 834: « Ces hommes (ceux que Jean avait établis sur le
domaine de Fontjoncouse) s’étaient recommandés à lui et
l’avaient pour patron; tout ce qu’ils avaient construit ou mis en
culture, les maisons , les locaux, les jardins, les champs et les
vignes, ils l’avaient fait par suite des dons et des libéralités que
Jean leur avait consentis, mais non par leur aprision, ni par la
libéralité du Comte, du Vicomte ou de toute autre personne ».
Les Wisigoths détenteurs de vastes domaines et soucieux de
disposer d’une influence morale sur les populations, choisirent
des clients a qui ils donnaient des armes, des objets mobiliers ou
des terres. Les donataires (buccellarii) devaient à leur patron
obéissance, fidélité et assistance. Cette relation entre Jean et ses
compagnons témoigne de leur origine Wisigothique.
Les Septimaniens conservèrent l’usage de leurs lois après la
conquête Franque pour plusieurs siècles encore.
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Les compagnons de Jean
Jean et son fils Teofred, firent l’objet de confirmations de leurs
droits en 814, lors de l’Avènement de Louis le Pieux, en 844 et 849
par Charles le Chauve.
Le diplôme de 814 confirme Jean dans ses possessions, mais il le
met aussi à l’abri des entreprises des Comtes ou des
Fonctionnaires contre sa personne ou ses biens. Sur son domaine,
Jean est dépositaire du pouvoir judiciaire de manière absolue et
règle en maître les différends sur son domaine. Cette trace est la
plus ancienne d’une telle immunité.
Sainte Léocadie
Les colons espagnols construisirent une église dédiée à Sainte
Léocadie (reconstruite depuis).
Sainte Léocadie est la patronne de la cathédrale de Tolède et Jean
un noble Wisigoth , cette dédicace accrédite l’idée que Jean et ses
affidés étaient originaires de Tolède, dernière capitale du
Royaume Wisigoth.
Des célébrations avec les Tolédans ont eu lieu à Fontjoncouse en
2004.
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Les églises de Fontjoncouse
E. Cauvet attribue aux descendants de Jean la construction de l’église de
saint Victor. Remaniée par Pierre de Lerce au 12ème siècle, la construction
d’origine est rattachée par les archéologues aux églises de tradition
Wisigothique. Ceci étant acquis, le site de cette chapelle intrigue: est-ce
un mémorial suite à l’installation réussie à Fontjoncouse? Est-ce un site
plus ancien remontant à l’implantation wisigothique systématique
dirigée par Frederic à partir de 462 et jouant un rôle de vigie?
Outre l’aventure monastique, on sait qu’il y avait encore un chapelain à
saint Victor au 13ème siècle. Etait-il le pasteur des bergers?
La construction
de Saint Christol non loin de la Villa de Palats, mais à
l’écart, la rattache à la première arrivée des Wisigoths dans nos contrées,
lorsqu’il étaient ariens et enterraient leurs morts au chevet de leurs
églises.
Jean avait donc choisi Fontjoncouse, un lieu certes abandonné et désert,
mais bien nommé et localisé et non vierge de toute trace d ’occupation
humaine.
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Saint Victor
La seule travée restante de
l’édifice à chevet carré des 6ème ou
7ème siècle est encore visible avec
la masse de sa voûte soutenue en
sous-œuvre par des arcs du 12ème
siècle.
La proximité des sites de Gléon, de
saint Cristol, de sainte Ruphine,
l’Olive, Rouffia, donne une idée de
la densité de l’insertion
wisigothique avant les raids des
musulmans.
L’église Sainte Léocadie de Jean
L’Hispani, aujourd’hui reconstruite
ne relevait pas de cette
architecture wisigothique
primitive et devait représenter un
art hispanique plus élaboré.
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Ce qui reste de San Cristol
Un lieu dit, une source
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De Jean L’Hispani
à Jean de Fontjoncouse
En 963, l’unique descendant de Jean l’Hispani s’appelle Jean de
Fontjoncouse, où il réside avec son épouse Ode et ils n’avaient pas
d’héritier. Ce qui pouvait être considéré à l’époque comme un
péché ou sa conséquence.
Le 17 Avril 963, ils firent donation de leur propriété à
l’archevêque Aimeri de Narbonne, sous réserve de l’usufruit au
dernier vivant.
Ayant pendant 200 ans résisté à bien des
attaques dont faisaient
l’objet les aprisionnaires, la première famille de Fontjoncouse
succomba faute de descendants.
Les évêques percevaient de quoi mener un train de vie princier, mais de
nombreuses charges leur incombaient (travaux publics: ponts, fortifications;
œuvres hospitalières; etc.) a la fin de l’ancien régime de nombreux évêques
dirigeaient les états des provinces.
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L’histoire de Fontjoncouse allait se poursuivre paisiblement sous la
houlette des archevêques ou de leurs affiliés, puis sous nos institutions
modernes.
L’emprise viticole s’est considérablement amoindrie et le territoire
s’ouvre à d’autres aprisionnaires: gastronomie, sports mécaniques,
escalade, géologie, randonnées, asinerie, ainsi qu’à ceux qui sont
sensibles à la magie de ces lieux, à leur fabuleuse genèse…
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Notre remontée du cours de la Berre en suivant les anciennes traces des Wisigoths, après
Durban, nous amène à Rouffia, prés de Villeneuve les Corbières.
Sur un terrain élevé de quelques mètres au dessus du lit de la Berre le sol a été fouillé et parmi
les amas de pierres remuées, apparaît une base de mur, tout ce qui reste de l’ancien Rouffia
qui fut habité jusqu’au 18ème siècle. En 1672, les habitants de Villeneuve sont autorisés à
prendre la pierre de l’église de Rouffia pour construire une église à Villeneuve, de l’autre côté
de la rivière. Cette église était terminée en 1703. Son emplacement est toujours appelé le
Christ.
Elle-même ruinée à la fin du 19ème siècle, cette église dédiée à Saint Saturnin fut remplacée par
l’église actuelle et ses décombres furent enlevés pour agrandir la courbe du virage afin de
permettre au Tramway, en 1902, de continuer sa route vers Tuchan.
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La modeste ruine ci-dessus, est peut-être celle de la construction la plus soignée
du village de Roffian, l’église. L’origine de ce village que ses habitants quittèrent
pour rejoindre Villeneuve, est probablement un domaine Gallo-romain,
appartenant à un nommé Ruffius. La présence d’un cimetière Wisigothique en ces
lieux est mentionnée par l’Abbé Giry (Les Corbières) et par Gauthier Langlois
(Vilatges al Pais). Ces cimetières se signalent le plus souvent par des tombes
dites « à coffre » ou à « lauzes ». Il n’en reste plus aucune trace sur le site de
Roffian. Ces tombes Wisigothiques sont souvent dispersées dans la nature car lors
de leur première arrivée dans la vallée de la Berre, vers 462, les Wisigoths
observaient encore cette coutume qui était celle des peuples nomades qui
enterraient leurs morts dans des lieux sauvages, comme fût enterré Alaric 1er, sous
le lit d’une rivière.
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Encore très nombreuses dans les années 1960, les modestes sépultures « à
lauzes » sont souvent effacées à cause de la méconnaissance de leur antiquité et
de leur signification. Si vous en découvrez, vous pouvez nous les signaler, en
prendre une photo.
L’église de Roffian était dédiée à Saint Marcel, pape et martyr en 309. Il n’est pas
cité parmi les saints du sanctoral Wisigothique. Les Wisigoths de Roffian ont peutêtre été à l’origine, les protecteurs militaires du domaine du Gallo-romain Ruffius.
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En poursuivant la remontée du cours de la Berre, nous arrivons à Cascastel.
Les diverses transcriptions de ce nom en bas latin (cascio castello, etc.) nous ont
éloignés d’une hypothèse plus évidente, quant à son origine : en occitan, le château
ou réside le seigneur terrien est appelé « cap castel » (Gauthier Langlois,
Affirmation de la seigneurie castrale dans le Midi). C’est en effet en ce lieu et
Château de Cascastel que résidait le seigneur de Cascastel, Villeneuve et Roffian,
puis Baron de Castelmaure.
L’origine de ce Village situé au dessus du lit de la Berre, comme Saint Just à
Durban et comme Roffian près de Villeneuve, et au milieu de condamines fertiles,
résulte probablement d’une installation agricole très ancienne. En l’absence de
vestiges, constructions ou mobilier, nous avons un indice qui peut faire remonter
la création de Cascastel bien avant les premières mentions (861), il s’agit de la
dédicace de l’église.
L’église actuelle date pour sa plus grande partie du 11ème siècle, elle est dédiée à
Saint Julien et Sainte Basilysse. Ces Saints appartiennent eux aussi , au sanctoral
Wisigothique. Comme Just et Pasteur, Juste et Ruphine, Estève, ils ont accompagné
le reflux des Hispani vers nos régions sous la pression Arabe au VIIIème siècle.
Le site de Cascastel a été occupé en permanence, les constructions s’empilant sur
le même site, au fil du temps, et il y a peu de chances de découvrir des indices
archéologiques vu la forte densité d’occupation actuelle. On peut cependant
admettre dans le contexte, que les Saints Patrons Hispaniques de l’église y ont été
installés par les populations qui les vénéraient. Julien et Basilysse sont les patrons
d’églises très anciennes (Fitou, Cucugnan) dans notre contrée, il en va de même
pour les Félix (de Gérone) que l’on retrouve à Castelmaure, Sigean, Paziols.
Mais ceci fera l’objet du prochain et dernier volet de « Les Wisigoths, c’est notre
Histoire ».
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En remontant le ruisseau de St Martin, affluent de la Berre, se trouve le lieu dit
Sainte Eulalie, sainte appartenant au sanctoral wisigothique primitif.
Au bord du ruisseau de St Martin se trouve une vigne, répertoriée par Julien
Mantenant (Économie et histoire de l'arrière-pays narbonnais à la fin de l'âge du Fer
et au début de la période romaine) comme un lieu de traitement du minerai de fer.
Au dessus de cette vigne s’étend une zone boisée et caillouteuse dite Ste Eulalie.
Les cartes IGN mentionnent des ruines en ce lieu, mais rien de significatif n’est
décelable aujourd’hui.
Par contre la colline voisine de St Martin (476m) réserve une surprise. A son
sommet, située comme à la proue d’un navire, se trouve la base d’une construction
en forme d’abside à l’est, complétée d’une nef à plan rectangulaire. Son
implantation en ce lieu nommé St Martin, rappelle l’église de St Victor, qui est
d’ailleurs bien visible de ce sommet, comme l’est aussi la Récaoufa.
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Avec St Martin et St Victor nous avons quitté la piste Wisigothique, mais
sans nous égarer pour autant.
En effet, le village de Quintillan était à l’origine un enclos ecclésial.
Les habitants des nombreux lieux dispersés dans un vaste secteur sont
venus s’y rassembler sous la protection divine, dans un enclos sacré,
autour d’une église.
C’est la loi Wisigothique qui accordait l’immunité dans un périmètre
autour des églises. (Gauthier Langlois, Affirmation de la Seigneurie
Castrale) Cette loi, toujours vivante en particulier en Catalogne, allait
d’ailleurs déboucher sur l’institution de la trêve de Dieu dans le Midi, au
11ème siècle.
Ceux qui respectaient le périmètre sacré, ou plus tard la trêve de Dieu,
avaient la vie éternelle et les autres étaient voués au châtiment éternel.
Au départ, la protection s’appliquait aux environs immédiats du lieu de
culte et au cimetière. Les paysans y construisent des silos et des cabanes.
Encouragés par l’église, toujours en conflits d’intérêts avec les seigneurs
laïcs, ces enclos formèrent de véritables villages. Mais la plupart
devinrent des castra au bénéfice de Seigneurs laïcs, et c’est ainsi que
disparut cette tradition Wisigothique…
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Sur la commune d’Embres, de nombreuses sépultures à lauzes
auraient été recensées, il y en aurait jusque dans le village dont les
pierres sont récupérées. Mais la perle Wisigothique de la commune
d’Embres, c’est le site de Notre Dame de l’Olive.
L’abbé Giry mentionne des tombes Wisigothiques dans son cimetière
ainsi que des murs dont subsiste l’appareil en épi attribué aux
Wisigoths. La situation isolée et le cimetière permettent de supposer
une implantation Wisigothique ancienne (après 462) alors que ce
peuple était de confession arienne. Malgré de nombreuses
reconstructions, l’église a conservé son chevet carré que toujours
l’abbé Giry, considère comme caractéristique de ces très anciennes
églises. Enfin ce lieu de culte n’est pas consacré à un saint patron
d’origine hispanique comme le furent les sanctuaires construits par
les « Hispani » réfugiés en Septimanie (après 780), mais consacré à
Marie, ce qui fut le sort des plus illustres lieux de culte arien (Rome,
Recopolis, La Daurade à Toulouse).
Les récits légendaires entourant la fondation de Notre Dame de
l’Olive tentent d’accréditer une origine plus auguste que celle qui est
la plus probable. Aussi le peuple Wisigoth n’a-t-il laissé qu’une
empreinte, que nous vous avons invités à retrouver….
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Le chœur actuel du sanctuaire de Notre dame de l’Olive
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Saint Martin des Puits
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Saint Martin des Puits
Le chœur carré ouvre sur la nef par un arc outrepassé soutenu par des colonnes antiques et
des chapiteaux mérovingiens de remploi.
Les colonnes s’enfoncent à un mètre au dessous du niveau actuel du sol.
L’arc triomphal fortement outrepassé est caractéristique de la permanence de foyers de
peuplement et de résistance wisigothique en Septimanie.
Toutefois les archéologues se bornent à parler d’art Asturien, Carolingien ou préroman pour
cette architecture dont on trouve de nombreux exemples en Catalogne, dans l’aude et dans
l’Hérault.
Il est fait mention en 897 d’un monastère carolingien de Saint Martin de Montredon ou des
Puits. L’archéologie du chœur ( arc outrepassé, piètre qualité des murs et chainages d’angles
soignés) révèle une antériorité wisigothique du site.
La nef et ses bras sont du 11ème siècle, les fresques du début du 12ème siècle.
L’annonciation
Nabuchodonosor
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Sources
Emile Cauvet: Etude historique sur l’établissement des Espagnols dans la
la Fondation de Fontjoncouse.
Septimanie et sur
Louis Lapeyre: Histoire de Fontjoncouse.
Histoire Générale de Languedoc, Claude de Vic et Joseph Vaissète, Edition 1783
Bulletin Commission Archéologique de Narbonne, Tome 1, 1876-1878
Jordanès, Histoire des Goths
Dictionnaire topographique Aude, Abbé Sabarthès
La Septimanie au regard de l'Histoire, André Bonnery, Loubatières 2005
Les Wisigoths: Première puissance organisée dans l'Empire éclaté de l'Occident Romain: de
la Baltique aux Colonnes d'Hercule, de Toulouse à Tolède, huit siècles d'épopée. Georges
Labouysse, Loubatières 2006
Toulouse, première capitale du Royaume Wisigothique, Article par Jean Guyon
Al-Andalous 711-1492, Pierre Guichard, Hachette 2006
Prieurés de l’Aude, R. Aymard, Lacour 2007
Noms de lieux du Languedoc, Paul Fabre, Bonneton 1995
Le Détroit de Tuchan, Georges-Edouard Pous, chez l’auteur à Tuchan
Pyrénées Cathares, Juillet 2011
Données Wikipédia
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Les Wisigoths marquèrent durablement l’histoire de notre contrée.
Selon l’historien des Goths Jordanès, évêque Ostrogoth de Ravenne, qui écrivait en
551, ils venaient de l’île de Scanzia. En fait, du Sud de la Suède dont on ignorait à
l’époque, qu’il s’agissait du continent Européen. A la recherche de terres plus
hospitalières, à travers le Danemark, ils atteignirent l’embouchure de la Vistule
(Pologne, Pays Baltes).
Au premier siècle avant notre ère, Jules César repoussant les Germains qui
franchissaient le limes1 déclencha la migration des Wisigoths et des autres peuples
dits barbares, leurs cousins. Cette Grande Marche les emmena d’abord sur la rive
Nord du Danube et au bord de la Mer noire où les Romains les toléraient et les
utilisaient comme mercenaires.
A la différence des autres peuples dits barbares, les Wisigoths recherchèrent des
accords avec l’Empire Romain dont ils appréciaient l’efficacité (armée,
administration, droit, création de richesses, arts et architecture, etc.). Ils se
convertirent au Christianisme (375-376) au contact des soldats romains .Le Culte
Arien2 était alors dominant en Orient.
Les Romains, eux, ne les distinguaient guère des autres barbares et omettaient de
tenir leurs engagements à leur égard.
C’est ainsi que le roi des Wisigoths Alaric 1er s’empara de Rome en 410, mais
mourut peu après. C’est son fils Athaulf, qui entra en Gaule en 412. Il y épousa
Galla Placidia sœur de l’Empereur Honorius le 1er Janvier 413, à Narbonne.
Entre 416 et 418 fut élaboré un traité (foedus3) qui fit des Wisigoths un peuple
fédéré à l’Empire. Toulouse devint leur capitale, leur royaume comprend
l’Aquitaine et la plus grande partie de l’Hispanie. L’accès à la Méditerranée leur est
refusé, ils ne disposeront de Narbonne et de ses Ports qu’à partir de 462.
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En 507, Clovis, roi des Francs leur inflige une défaite à Vouillé, près de Poitiers,
Théodoric II est tué. Les Wisigoths se replient sur Narbonne, puis Barcelone.
Tolède devient leur Capitale en 554.
La Narbonnaise ou Septimanie deviendra une dépendance du Royaume de Tolède.
Les Goths d’Hispanie se convertiront au Catholicisme. Les évêques catholiques
intransigeants pousseront à la persécution des Juifs et des minorités.
La Septimanie deviendra le refuge de la noblesse arienne et des Juifs déjà
fortement implantés dans le Port de Narbonne, de même que les autres peuples
commerçants tels les Grecs. Après l’invasion Arabe commencée en Avril 711
depuis le Sud de l’Hispanie, ceux qui refusèrent de se soumettre, les militaires en
particulier, refluèrent vers nos régions. Les musulmans firent chèrement payer
leur résistance, aux Narbonnais notamment, qui cédèrent en 719. Charles Martel
repoussa les Arabes à Poitiers en 732, puis lors de la Bataille de la Berre en 737,
mais Narbonne ne fut reprise qu’en 759 par Pépin le Bref.
Ni les Francs, ni les Carolingiens ne cherchèrent à annexer cette terre qui se
défendait si bien. Charlemagne (742-748/814) laissa en place les Comtes et les
Ducs Goths qui se révélèrent ses meilleurs serviteurs. Les Septimans continuèrent
à vivre sous la loi Gothique (Lex Wisigothorum), la Narbonnaise qui avait accueilli
les populations hispaniques (aprisions) connut un renouveau culturel et religieux
avec les Abbayes de Lagrasse, Aniane, Saint Guilhem. La liturgie élaborée à
Narbonne à cette époque prévalut jusqu’au Concile de Vatican II (1962-1965).
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Comme les Wisigoths furent les continuateurs des Romains, de Rome ou de
Byzance, les Carolingiens intégrèrent aussi les hommes, la culture et les arts de la
tradition Romano-Wisigothique, l’archéologie en témoigne.
Les vestiges typiquement Wisigoths demeurent rares, mais il en existe dans l’Aude
et les départements voisins, et dans notre proche environnement.
Commune de Villesèque :
La vieille église Notre Dame du Bon Secours de Gléon
Face à la porte de la vieille église, une vigne. Elle recouvre la base des murs d’une
chapelle wisigothique du VIème siècle. Une plaque de marbre gravée, exposée dans
l’église voisine, raconte la fondation de cette chapelle par les propriétaires
wisigoths de la « villa » voisine, Diusvirus et Wilzende. La fin du texte « ils se firent
locataires de l’atrium4 dans la demeure du Christ éternel » suggère que la dalle
provient du lieu de leur sépulture.
Notre Dame du Bon Secours possède une nef unique aux murs très épais, les blocs
de sa voute d’origine ont été coulés dans du béton. Le chœur surélevé est éclairé
par une fenêtre à profond ébrasement, il s’ouvre sur la nef par un arc triomphal
datable du VIIème siècle. Ces caractéristiques la rattachent à un groupe d’églises de
tradition wisigothique jalonnant nos départements du Languedoc-Roussillon: voir
www.lurio-addl.fr
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Arc triomphal reposant sur des piliers
monolithes : Notre Dame du Bon
Secours Gléon
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Epitaphe trouvée vers 1870 à Mandourelle.
Cette évocation du Calvaire est conservée au Musée de Narbonne.
Domaine de Mandourelle
Il est construit sur l’emplacement d’une ancienne chapelle Saint Etienne dont ne subsiste qu’un lieu dit « le cimetière ».
C’est ici qu’a été trouvée l’épitaphe chrétienne de Trasemirus, datée des environs de 600. A cette période, les Wisigoths
du Royaume de Tolède sont devenus Catholiques, la Septimanie recueille les dissidents et trouve son unité autour de la
foi Arienne, signe d’appartenance au peuple Goth.
Mandourelle : à rapprocher d’amande, mandorla en Italien, ou de mandorle, l’auréole ovale qui enveloppe les
représentations du Christ roi qui a vaincu ses douleurs.
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1-Limes : frontière de l’empire face aux peuples barbares. Le limes Rhénan dont on
a pu retrouver les traces se composait d’une large bande de terrain défriché
jalonné de fortins dont certains étaient des points de passage.
2-Arien : du nom du prêtre d ‘Alexandrie Arius, condamné comme hérétique en
325. Il soutenait que la personne du Christ n’était pas de même nature divine que
le Père ou le Saint Esprit, contrairement au dogme défini de la Sainte Trinité.
3-Foedus : du latin foedus signifiant traité, origine des mots fédéré, fédération.
4-Atrium : cour intérieure pouvant précéder l’entrée d’un sanctuaire.
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Nous avons retracé sommairement l’histoire des Wisigoths et de la Narbonnaise dans le
dernier Lurio (n° 28). Par « Narbonnaise », il faut entendre la région située entre les évêchés
d’Elne au sud et Nîmes au nord, appelée aussi Septimanie (Sidoine Apollinaire). Ce territoire
accueillit les populations hispano-wisigothiques soumises à la pression des Musulmans.
Lors de la conquête de la péninsule ibérique par les Arabes à partir de 711, les Wisigoths
cachèrent leurs trésors : objets du culte, ex-votos, reliques, etc. C’est ainsi qu’en 1859 fut
retrouvé à Guarrazar un trésor qui contenait entre autres, les très riches couronnes votives
offertes par les rois Wisigoths à la Basilique de Tolède.
Parmi les reliques qui furent sauvées figurent les corps de Just et Pasteur, deux frères
martyrisés en 304 en Espagne, à Complutum. Complutum était le siège d’un évêché et les
corps étaient conservés dans la crypte de la cathédrale. Un moine, Urbisso, les mit à l’abri.
Complutum deviendra Alcala de Henares lors de la conquête arabe « Al Quazat » = Le Fort.
Trésor de Guarrazar: détail couronne Receswinthe, Croix Votive
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En 759, Charles Martel reprit Narbonne sans parvenir à soumettre les
Wisigoths,
mais il dévasta la région. Les populations hispaniques fuyant leur pays
furent ensuite autorisées à s’installer dans nos contrées pour les
repeupler et les remettre en valeur.
L’église métropolitaine de Narbonne qui avait du souffrir des
dévastations de Charles Martel fut vraisemblablement rénovée, puis
reconsacrée en 782. Les nouveaux patrons, les Saints Just et Pasteur
étaient des saints hispaniques, comme l’étaient les nouvelles populations.
On retrouve les Saints Patrons de Narbonne dans notre contrée.
Le village de Durban, bien que révélant des indices d’occupation bien
plus anciens, a commencé à se former au confluent de la Berre et du
Barrou, sur la rive gauche, sur un site qui porte toujours le nom de Saint
Just. Ce site peut être considéré comme l’une de ces implantations
destinées à repeupler et à remettre en valeur les terres agricoles.
A partir de 778, l’Abbaye de Lagrasse recevra de Charlemagne, outre de
nombreux fiefs, la mission de faciliter l’installation de ces colons et c’est
ainsi que de nombreux territoires, même fort reculés furent mis en
valeur.
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Village agricole de Saint Just prés de la Berre
L’histoire de Jean l’Espagnol, le soldat entouré de ses compagnons, qui reçut en aprision, le
domaine de Fontjoncouse est fort bien connue, car elle figure sur les rares documents des
Archives de l’Archevêché de Narbonne qui furent épargnés par la Révolution de 1789.
L’histoire de Durban se situe dans le même contexte. Malgré l’absence d’écrits, d’autres
éléments probants nous sont parvenus : la famille seigneuriale de Durban portait le surnom
d’ « Ibrinus ». Derrière le latin médiéval, il est clair que cela signifie qu’ils sont d’origine
Ibérique. D’autre part, les aînés se prénommaient systématiquement Guillaume : difficile de
ne pas y voir une trace du Wilhelm germanique et d’une ascendance Wisigothique.
Just et Pasteur patrons du lieu de culte de saint Just devinrent, les saints patrons de l’église de
Durban, bâtie au XIème siècle, en pleine époque féodale.
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En 778, Charlemagne tenta de prendre Saragosse, mais ne put y parvenir.
Sur le chemin du retour il pilla Pampelune, mais les basques reprirent
leur butin dans les défilés de « Roncevaux ». Au cours de cette expédition,
Charlemagne avait « recouvré » les reliques de saint Just et saint Pasteur,
mais il fut contraint de les cacher à nouveau dans le nord de l’Espagne
alors qu’il comptait en faire présent à l’église de Narbonne.
En 1058, l’archevêque de Narbonne, Guifred de Cerdagne, prétendit
savoir où étaient cachées les reliques et les ramena à Narbonne. Ces
reliques suscitèrent de nombreux dons de la part des fidèles et les clercs
en vinrent à se disputer ces subsides.
Guifred se retira à Durban où il transféra son siège épiscopal. Il avait
emporté les objets sacrés de la cathédrale et les précieuses reliques. Les
dons qu’elles suscitaient profitaient à ses soldats. Garsinde, sœur du
vicomte Berenger de Narbonne, vint de nuit récupérer les reliques. Elle
osa le faire car l’église, en 1058, n’avait pas encore été consacrée. Quant à
l’archevêque Guifred, cadet du Comte de Cerdagne, convaincu de trafic de
sacrements et de charges ecclésiastiques, excommunié à deux reprises, il
ne voulut pas entendre raison (Histoire Générale de Languedoc).
Le gros œuvre de l’église actuelle, toujours dédiée aux saints Just et
Pasteur est considéré comme construit au XIIIème siècle.
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Sur le territoire de Durban se trouve également l’église isolée des Saintes Juste et
Ruphine, également martyrisées en Espagne. Les archéologues, tels l’Abbé Giry ou
André Bonnery, la situent parmi les constructions d’inspiration wisigothique
précarolingiennes, soit le VIIIème siècle. Certains éléments du bâti, tels l’appareil en
épi et son orientation vers l’est évoquent une époque plus ancienne.
Son implantation en un lieu isolé et les tombes wisigothiques dispersées dans les
parages confirment qu’il s’agit d’une église arienne, c'est-à-dire remontant à la
première implantation des Wisigoths dans notre contrée (après 462).
Voir sur ces sujets : http://vieuxdurban.lo.gs
En remontant le cours de la Berre, on rencontre donc une série d’implantations
Wisigothiques, à savoir : la vieille église de Gléon, l’ancien village de Saint Just,
l’ancien village de Rouffia prés de Villeneuve, Saint Julien et Sainte Basilysse de
Cascastel, Sainte Léocadie de Quintillan.
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Jean L’Hispani
711
Invasion de la péninsule Ibérique par les cavaliers berbères de
Tarik. Le dernier roi Wisigoth de Tolède, Rodéric, est vaincu à Guadalete.
719
Prise de Narbonne par Al Samah qui fit payer cher aux Narbonnais
leur résistance.
737
Bataille de la Berre. Charles Martel surprend les Musulmans dans
les gorges de la Berre et met en déroute les armées d’Umar venues au
secours de Narbonne. Cependant la ville résiste et ne peut être prise.
759
Pépins le Bref prend Narbonne. Les Wisigoths armés par les
Arabes affaiblis, lui ouvrent les portes.
778
L’armée Franque pénètre en Espagne, mais Charlemagne (roi 768800, empereur 800-814) doit se retirer pour aller combattre les Saxons.
Une partie tente de prendre Saragosse et subira un mauvais sort dans les
vallées de Roncevaux. Une partie occupe la Catalogne. Charlemagne
cherchait a y établir une Marche. Les Espagnols qui s’étaient ralliés à la
cause de Charlemagne s’exposaient aux représailles du cruel Emir Abd
Alraham et s’enfuirent en Septimanie. Les autres Espagnols poussés par
les exactions dont ils étaient victimes et la misère, firent de même.
792 L’Emir Hescham proclame «l’algihad ».
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L’occupation Arabe
Les armées Arabes pillaient et rançonnaient les populations. A cela
s’ajoutaient charges et impôts qui aboutissaient à une confiscation
complète. Le plus souvent, ils émigraient dans les montagnes ou les
contrées voisines. Mais on a vu des pères vendre leurs enfants pour se
créer des ressources et il n’était pas rare qu’on e fit des eunuques de ces
enfants.
Rien ne pouvait égaler l’infortune de ces habitants (E.Cauvet).
Un désert d’hommes
Le Pays déjà épuisé par les dévastations Arabes, devint un « désert
d’hommes ».
Le domaine du fisc arabe fut augmenté de toutes les propriétés qui
appartenaient aux Sarrazins et de tous les biens abandonnés.
Les Wisigoths s’étaient déjà attribué les deux tiers des propriétés
privées.
Les Comtes Goths à qui Pépin avait laissé l’administration du Pays
s’occupèrent d’abord de la restauration et de la reconstitution de l’Eglise.
Les terres ne rapportant rien , des revenus fixes lui furent concédés
(salines, autres).
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Immigration des Espagnols
Quel que soit le propriétaire de la terre, il fallait des bras pour la
travailler.
Les Espagnols, fuyant la guerre, arrivèrent très opportunément.
Les nobles Wisigoths furent richement dotés.
La foule des migrants pauvres (minores) choisit la région de Narbonne
où il y avait le plus de terres libres.
Théodulfe, Ostrogoth d’origine, envoyé par Charlemagne ( missi dominici
) à Narbonne (après 781) décrit ainsi son arrivée:
Récit de Théodulfe
« Bientôt, nous touchons les murs de Narbonne, dont la splendeur fixe
mon regard (*).Un cortège nombreux vient à ma rencontre, joyeux de
mon arrivée. J’y vois les débris des Wisigoths, qui faisaient partie de la
population de Narbonne, avant que les malheurs des temps les eussent
décimés, et une foule d’émigrants espagnols que le tyrannie des sarrasins
a rejetés dans ce pays. Tous reconnaissent en moi un compatriote et
acclament un protecteur ».
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de l’occupation à l’aprision
La mise en valeur des terres occupées
se transformait en un
droit de propriété.
Les tenants de ces manses ne payaient pas le cens et ne devaient
que ce qui était du à l’empereur et/ou au Comte.
Les nobles Hispani, dont un bon tiers de Wisigoths, occupèrent de
grands domaines retournés à la friche et devaient régulièrement
justifier de leurs titres, surtout s’ils n’avaient pas entièrement
restauré leur territoire.
Les minores, vu leur manque total de ressources, ne pouvaient
rapidement mettre en valeur des terres. Les monastères, déjà euxmêmes bénéficiaires de donations de terres, constituèrent des
colonies d’aprisionnaires à qui ils apportaient, vivres, outils,
semences, et les consolations spirituelles.
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Jean L’Hispani
Il faisait partie de ces nobiliores, à qui les Franks avaient confié
un commandement militaire.
Il est d’origine Wisigothique.
Il combattit les Arabes lors de la tentative de création d’une
Marche d’Espagne par Charlemagne en 778.
En 792, le vizir Abd Almaleck concentre une armée en
Catalogne. Jean fait partie de ceux qui harcèlent cette armée afin
de retarder son arrivée en Septimanie ou Gothhie.
Jean fut victorieux lors d’un engagement au lieu dit ad pontes, non
loin de Barcelone. Il enleva un important butin à l’ennemi.
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Jean l’Hispani
Jean se rendit auprès de Louis le Pieux, en Bavière pour lui
remettre un cheval de prix, un haubert et une épée indienne à
fourreau garnie d’argent et lui demander formellement la
concession du domaine de Fontjoncouse.
Louis écrivit à Sturmion, Comte de Narbonne, pour que
Fontjoncouse soit remis à Jean.
En 793 Jean demande
confirmation à Charlemagne qui le reçoit
comme son vassal, ce qui lui donnait une position considérable.
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Jean L’Hispani
Le diplôme de 793
Le diplôme se trouvait dans les archives
de l’archevêché
de Narbonne, suite à l’acquisition qu’ils firent de la
seigneurie de Fontjoncouse en 963.
Ces archives
furent détruites lors de la révolution
française (elles contenaient les preuves de tous les ancien
privilèges). Seuls quelques volumes furent épargnés par le
feu.
La copie du diplôme de 793 que détenaient
les
archevêques fut sauvée et c’est ainsi que l’histoire
singulière de Jean l’Hispani nous est parvenue. Histoire
singulière par la personnalité de Jean, mais pas unique dans
les Corbières. Ainsi, les Ibérinus, devinrent seigneurs de
Durban dans les mêmes conditions que Jean, mais avec
moins d’éclat et pour une plus longue durée.
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La Fondation de Fontjoncouse
Muni de son diplôme délivré par Charlemagne, Jean repart pour
Narbonne et remet au Comte Sturmion la lettre de Louis le Pieux.
Sturmion, accompagné de ses juges se rendit à Fontjoncouse qui
était en friches. Il fit planter des bornes aux quatre orientations
du domaine afin que d’autres migrants n’y fassent point
d’aprisions.
Les travaux de mise en valeur furent très lents à cause de la
famine qui sévissait.
Les compagnons de Jean
Jean avait amené un de ses frères Wuillemir et son fils, Teofred.
Il semble qu’il était veuf.
Il fit venir d’Espagne un certain nombre de colons qu’il attacha à
son domaine : Christian, Fedance et Ildebone étaient mariés et
avaient amené leur famille. Atonelle, Ele, Mancion, Amunne et
Aserrar, plus jeunes, étaient célibataires. Un prêtre nommé
Ombolat, fut adjoint à la petite colonie.
Ces vingt cinq personnes se mirent à l’œuvre et construisirent
en peu de temps des maisons et des bâtiments agricoles, mirent
en culture les terres.
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Les compagnons de Jean
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Les compagnons de Jean
Plaid de 834: « Ces hommes (ceux que Jean avait établis sur le
domaine de Fontjoncouse) s’étaient recommandés à lui et
l’avaient pour patron; tout ce qu’ils avaient construit ou mis en
culture, les maisons , les locaux, les jardins, les champs et les
vignes, ils l’avaient fait par suite des dons et des libéralités que
Jean leur avait consentis, mais non par leur aprision, ni par la
libéralité du Comte, du Vicomte ou de toute autre personne ».
Les Wisigoths détenteurs de vastes domaines et soucieux de
disposer d’une influence morale sur les populations, choisirent
des clients a qui ils donnaient des armes, des objets mobiliers ou
des terres. Les donataires (buccellarii) devaient à leur patron
obéissance, fidélité et assistance. Cette relation entre Jean et ses
compagnons témoigne de leur origine Wisigothique.
Les Septimaniens conservèrent l’usage de leurs lois après la
conquête Franque pour plusieurs siècles encore.
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Les compagnons de Jean
Jean et son fils Teofred, firent l’objet de confirmations de leurs
droits en 814, lors de l’Avènement de Louis le Pieux, en 844 et 849
par Charles le Chauve.
Le diplôme de 814 confirme Jean dans ses possessions, mais il le
met aussi à l’abri des entreprises des Comtes ou des
Fonctionnaires contre sa personne ou ses biens. Sur son domaine,
Jean est dépositaire du pouvoir judiciaire de manière absolue et
règle en maître les différends sur son domaine. Cette trace est la
plus ancienne d’une telle immunité.
Sainte Léocadie
Les colons espagnols construisirent une église dédiée à Sainte
Léocadie (reconstruite depuis).
Sainte Léocadie est la patronne de la cathédrale de Tolède et Jean
un noble Wisigoth , cette dédicace accrédite l’idée que Jean et ses
affidés étaient originaires de Tolède, dernière capitale du
Royaume Wisigoth.
Des célébrations avec les Tolédans ont eu lieu à Fontjoncouse en
2004.
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Les églises de Fontjoncouse
E. Cauvet attribue aux descendants de Jean la construction de l’église de
saint Victor. Remaniée par Pierre de Lerce au 12ème siècle, la construction
d’origine est rattachée par les archéologues aux églises de tradition
Wisigothique. Ceci étant acquis, le site de cette chapelle intrigue: est-ce
un mémorial suite à l’installation réussie à Fontjoncouse? Est-ce un site
plus ancien remontant à l’implantation wisigothique systématique
dirigée par Frederic à partir de 462 et jouant un rôle de vigie?
Outre l’aventure monastique, on sait qu’il y avait encore un chapelain à
saint Victor au 13ème siècle. Etait-il le pasteur des bergers?
La construction
de Saint Christol non loin de la Villa de Palats, mais à
l’écart, la rattache à la première arrivée des Wisigoths dans nos contrées,
lorsqu’il étaient ariens et enterraient leurs morts au chevet de leurs
églises.
Jean avait donc choisi Fontjoncouse, un lieu certes abandonné et désert,
mais bien nommé et localisé et non vierge de toute trace d ’occupation
humaine.
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Saint Victor
La seule travée restante de
l’édifice à chevet carré des 6ème ou
7ème siècle est encore visible avec
la masse de sa voûte soutenue en
sous-œuvre par des arcs du 12ème
siècle.
La proximité des sites de Gléon, de
saint Cristol, de sainte Ruphine,
l’Olive, Rouffia, donne une idée de
la densité de l’insertion
wisigothique avant les raids des
musulmans.
L’église Sainte Léocadie de Jean
L’Hispani, aujourd’hui reconstruite
ne relevait pas de cette
architecture wisigothique
primitive et devait représenter un
art hispanique plus élaboré.
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Ce qui reste de San Cristol
Un lieu dit, une source
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De Jean L’Hispani
à Jean de Fontjoncouse
En 963, l’unique descendant de Jean l’Hispani s’appelle Jean de
Fontjoncouse, où il réside avec son épouse Ode et ils n’avaient pas
d’héritier. Ce qui pouvait être considéré à l’époque comme un
péché ou sa conséquence.
Le 17 Avril 963, ils firent donation de leur propriété à
l’archevêque Aimeri de Narbonne, sous réserve de l’usufruit au
dernier vivant.
Ayant pendant 200 ans résisté à bien des
attaques dont faisaient
l’objet les aprisionnaires, la première famille de Fontjoncouse
succomba faute de descendants.
Les évêques percevaient de quoi mener un train de vie princier, mais de
nombreuses charges leur incombaient (travaux publics: ponts, fortifications;
œuvres hospitalières; etc.) a la fin de l’ancien régime de nombreux évêques
dirigeaient les états des provinces.
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L’histoire de Fontjoncouse allait se poursuivre paisiblement sous la
houlette des archevêques ou de leurs affiliés, puis sous nos institutions
modernes.
L’emprise viticole s’est considérablement amoindrie et le territoire
s’ouvre à d’autres aprisionnaires: gastronomie, sports mécaniques,
escalade, géologie, randonnées, asinerie, ainsi qu’à ceux qui sont
sensibles à la magie de ces lieux, à leur fabuleuse genèse…
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Notre remontée du cours de la Berre en suivant les anciennes traces des Wisigoths, après
Durban, nous amène à Rouffia, prés de Villeneuve les Corbières.
Sur un terrain élevé de quelques mètres au dessus du lit de la Berre le sol a été fouillé et parmi
les amas de pierres remuées, apparaît une base de mur, tout ce qui reste de l’ancien Rouffia
qui fut habité jusqu’au 18ème siècle. En 1672, les habitants de Villeneuve sont autorisés à
prendre la pierre de l’église de Rouffia pour construire une église à Villeneuve, de l’autre côté
de la rivière. Cette église était terminée en 1703. Son emplacement est toujours appelé le
Christ.
Elle-même ruinée à la fin du 19ème siècle, cette église dédiée à Saint Saturnin fut remplacée par
l’église actuelle et ses décombres furent enlevés pour agrandir la courbe du virage afin de
permettre au Tramway, en 1902, de continuer sa route vers Tuchan.
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La modeste ruine ci-dessus, est peut-être celle de la construction la plus soignée
du village de Roffian, l’église. L’origine de ce village que ses habitants quittèrent
pour rejoindre Villeneuve, est probablement un domaine Gallo-romain,
appartenant à un nommé Ruffius. La présence d’un cimetière Wisigothique en ces
lieux est mentionnée par l’Abbé Giry (Les Corbières) et par Gauthier Langlois
(Vilatges al Pais). Ces cimetières se signalent le plus souvent par des tombes
dites « à coffre » ou à « lauzes ». Il n’en reste plus aucune trace sur le site de
Roffian. Ces tombes Wisigothiques sont souvent dispersées dans la nature car lors
de leur première arrivée dans la vallée de la Berre, vers 462, les Wisigoths
observaient encore cette coutume qui était celle des peuples nomades qui
enterraient leurs morts dans des lieux sauvages, comme fût enterré Alaric 1er, sous
le lit d’une rivière.
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Encore très nombreuses dans les années 1960, les modestes sépultures « à
lauzes » sont souvent effacées à cause de la méconnaissance de leur antiquité et
de leur signification. Si vous en découvrez, vous pouvez nous les signaler, en
prendre une photo.
L’église de Roffian était dédiée à Saint Marcel, pape et martyr en 309. Il n’est pas
cité parmi les saints du sanctoral Wisigothique. Les Wisigoths de Roffian ont peutêtre été à l’origine, les protecteurs militaires du domaine du Gallo-romain Ruffius.
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En poursuivant la remontée du cours de la Berre, nous arrivons à Cascastel.
Les diverses transcriptions de ce nom en bas latin (cascio castello, etc.) nous ont
éloignés d’une hypothèse plus évidente, quant à son origine : en occitan, le château
ou réside le seigneur terrien est appelé « cap castel » (Gauthier Langlois,
Affirmation de la seigneurie castrale dans le Midi). C’est en effet en ce lieu et
Château de Cascastel que résidait le seigneur de Cascastel, Villeneuve et Roffian,
puis Baron de Castelmaure.
L’origine de ce Village situé au dessus du lit de la Berre, comme Saint Just à
Durban et comme Roffian près de Villeneuve, et au milieu de condamines fertiles,
résulte probablement d’une installation agricole très ancienne. En l’absence de
vestiges, constructions ou mobilier, nous avons un indice qui peut faire remonter
la création de Cascastel bien avant les premières mentions (861), il s’agit de la
dédicace de l’église.
L’église actuelle date pour sa plus grande partie du 11ème siècle, elle est dédiée à
Saint Julien et Sainte Basilysse. Ces Saints appartiennent eux aussi , au sanctoral
Wisigothique. Comme Just et Pasteur, Juste et Ruphine, Estève, ils ont accompagné
le reflux des Hispani vers nos régions sous la pression Arabe au VIIIème siècle.
Le site de Cascastel a été occupé en permanence, les constructions s’empilant sur
le même site, au fil du temps, et il y a peu de chances de découvrir des indices
archéologiques vu la forte densité d’occupation actuelle. On peut cependant
admettre dans le contexte, que les Saints Patrons Hispaniques de l’église y ont été
installés par les populations qui les vénéraient. Julien et Basilysse sont les patrons
d’églises très anciennes (Fitou, Cucugnan) dans notre contrée, il en va de même
pour les Félix (de Gérone) que l’on retrouve à Castelmaure, Sigean, Paziols.
Mais ceci fera l’objet du prochain et dernier volet de « Les Wisigoths, c’est notre
Histoire ».
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En remontant le ruisseau de St Martin, affluent de la Berre, se trouve le lieu dit
Sainte Eulalie, sainte appartenant au sanctoral wisigothique primitif.
Au bord du ruisseau de St Martin se trouve une vigne, répertoriée par Julien
Mantenant (Économie et histoire de l'arrière-pays narbonnais à la fin de l'âge du Fer
et au début de la période romaine) comme un lieu de traitement du minerai de fer.
Au dessus de cette vigne s’étend une zone boisée et caillouteuse dite Ste Eulalie.
Les cartes IGN mentionnent des ruines en ce lieu, mais rien de significatif n’est
décelable aujourd’hui.
Par contre la colline voisine de St Martin (476m) réserve une surprise. A son
sommet, située comme à la proue d’un navire, se trouve la base d’une construction
en forme d’abside à l’est, complétée d’une nef à plan rectangulaire. Son
implantation en ce lieu nommé St Martin, rappelle l’église de St Victor, qui est
d’ailleurs bien visible de ce sommet, comme l’est aussi la Récaoufa.
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Avec St Martin et St Victor nous avons quitté la piste Wisigothique, mais
sans nous égarer pour autant.
En effet, le village de Quintillan était à l’origine un enclos ecclésial.
Les habitants des nombreux lieux dispersés dans un vaste secteur sont
venus s’y rassembler sous la protection divine, dans un enclos sacré,
autour d’une église.
C’est la loi Wisigothique qui accordait l’immunité dans un périmètre
autour des églises. (Gauthier Langlois, Affirmation de la Seigneurie
Castrale) Cette loi, toujours vivante en particulier en Catalogne, allait
d’ailleurs déboucher sur l’institution de la trêve de Dieu dans le Midi, au
11ème siècle.
Ceux qui respectaient le périmètre sacré, ou plus tard la trêve de Dieu,
avaient la vie éternelle et les autres étaient voués au châtiment éternel.
Au départ, la protection s’appliquait aux environs immédiats du lieu de
culte et au cimetière. Les paysans y construisent des silos et des cabanes.
Encouragés par l’église, toujours en conflits d’intérêts avec les seigneurs
laïcs, ces enclos formèrent de véritables villages. Mais la plupart
devinrent des castra au bénéfice de Seigneurs laïcs, et c’est ainsi que
disparut cette tradition Wisigothique…
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Sur la commune d’Embres, de nombreuses sépultures à lauzes
auraient été recensées, il y en aurait jusque dans le village dont les
pierres sont récupérées. Mais la perle Wisigothique de la commune
d’Embres, c’est le site de Notre Dame de l’Olive.
L’abbé Giry mentionne des tombes Wisigothiques dans son cimetière
ainsi que des murs dont subsiste l’appareil en épi attribué aux
Wisigoths. La situation isolée et le cimetière permettent de supposer
une implantation Wisigothique ancienne (après 462) alors que ce
peuple était de confession arienne. Malgré de nombreuses
reconstructions, l’église a conservé son chevet carré que toujours
l’abbé Giry, considère comme caractéristique de ces très anciennes
églises. Enfin ce lieu de culte n’est pas consacré à un saint patron
d’origine hispanique comme le furent les sanctuaires construits par
les « Hispani » réfugiés en Septimanie (après 780), mais consacré à
Marie, ce qui fut le sort des plus illustres lieux de culte arien (Rome,
Recopolis, La Daurade à Toulouse).
Les récits légendaires entourant la fondation de Notre Dame de
l’Olive tentent d’accréditer une origine plus auguste que celle qui est
la plus probable. Aussi le peuple Wisigoth n’a-t-il laissé qu’une
empreinte, que nous vous avons invités à retrouver….
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Le chœur actuel du sanctuaire de Notre dame de l’Olive
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Saint Martin des Puits
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Saint Martin des Puits
Le chœur carré ouvre sur la nef par un arc outrepassé soutenu par des colonnes antiques et
des chapiteaux mérovingiens de remploi.
Les colonnes s’enfoncent à un mètre au dessous du niveau actuel du sol.
L’arc triomphal fortement outrepassé est caractéristique de la permanence de foyers de
peuplement et de résistance wisigothique en Septimanie.
Toutefois les archéologues se bornent à parler d’art Asturien, Carolingien ou préroman pour
cette architecture dont on trouve de nombreux exemples en Catalogne, dans l’aude et dans
l’Hérault.
Il est fait mention en 897 d’un monastère carolingien de Saint Martin de Montredon ou des
Puits. L’archéologie du chœur ( arc outrepassé, piètre qualité des murs et chainages d’angles
soignés) révèle une antériorité wisigothique du site.
La nef et ses bras sont du 11ème siècle, les fresques du début du 12ème siècle.
L’annonciation
Nabuchodonosor
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Sources
Emile Cauvet: Etude historique sur l’établissement des Espagnols dans la
la Fondation de Fontjoncouse.
Septimanie et sur
Louis Lapeyre: Histoire de Fontjoncouse.
Histoire Générale de Languedoc, Claude de Vic et Joseph Vaissète, Edition 1783
Bulletin Commission Archéologique de Narbonne, Tome 1, 1876-1878
Jordanès, Histoire des Goths
Dictionnaire topographique Aude, Abbé Sabarthès
La Septimanie au regard de l'Histoire, André Bonnery, Loubatières 2005
Les Wisigoths: Première puissance organisée dans l'Empire éclaté de l'Occident Romain: de
la Baltique aux Colonnes d'Hercule, de Toulouse à Tolède, huit siècles d'épopée. Georges
Labouysse, Loubatières 2006
Toulouse, première capitale du Royaume Wisigothique, Article par Jean Guyon
Al-Andalous 711-1492, Pierre Guichard, Hachette 2006
Prieurés de l’Aude, R. Aymard, Lacour 2007
Noms de lieux du Languedoc, Paul Fabre, Bonneton 1995
Le Détroit de Tuchan, Georges-Edouard Pous, chez l’auteur à Tuchan
Pyrénées Cathares, Juillet 2011
Données Wikipédia