Fons Joncosa, aux sources de Fontjoncouse    Emile Cauvet: Etude historique sur l’établissement des Espagnols dans la Septimanie et sur la Fondation de Fontjoncouse. Louis Lapeyre:

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Transcript Fons Joncosa, aux sources de Fontjoncouse    Emile Cauvet: Etude historique sur l’établissement des Espagnols dans la Septimanie et sur la Fondation de Fontjoncouse. Louis Lapeyre:

Fons Joncosa,
aux sources de Fontjoncouse
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Emile Cauvet: Etude historique sur
l’établissement des Espagnols dans la
Septimanie et sur la Fondation de
Fontjoncouse.
Louis Lapeyre: Histoire de Fontjoncouse.
Histoire Générale de Languedoc
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711 Invasion de la péninsule Ibérique par les
cavaliers berbères de Tarik. Le dernier roi
Wisigoth de Tolède est vaincu à Guadalete.
719 Prise de Narbonne par Al Samah qui fit payer
cher aux Narbonnais leur résistance.
737 Bataille de la Berre. Charles Martel surprend
les Musulmans dans les gorges de la Berre et met
en déroute les armées d’Umar venues au secours
de Narbonne. Cependant la ville résiste et ne peut
être prise.
759 Pépins le Bref prend Narbonne. Les Wisigoths
armés par les Arabes affaiblis, lui ouvrent les
portes.
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778 L’armée Franque pénètre en Espagne, mais
Charlemagne (roi 768-800, empereur 800-814) doit se
retirer pour aller combattre les Saxons.
Une partie tente de prendre Saragosse et subira un
mauvais sort dans les vallées de Roncevaux.
Une partie occupe la Catalogne. Charlemagne cherchait
a y établir une Marche.
Les Espagnols qui s’étaient ralliés à la cause de
Charlemagne s’exposaient aux représailles du cruel
Emir Abd Alraham et s’enfuirent en Septimanie.
Les autres Espagnols poussés par les exactions dont ils
étaient victimes et la misère, firent de même.
792 L’Emir Hescham proclame «l’algihad ».
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Les armées Arabes pillaient et rançonnaient les
populations. A cela s’ajoutaient charges et
impôts qui aboutissaient à une confiscation
complète. Le plus souvent, ils émigraient dans
les montagnes ou les contrées voisines. Mais on
a vu des pères vendre leurs enfants pour se
créer des ressources et il n’était pas rare qu’on e
fit des eunuques de ces enfants.
Rien ne pouvait égaler l’infortune de ces
habitants (E.Cauvet).
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Chronique de Moissac: »Les Franks assiègent
Narbonne. Les représentants de Pépin, roi des
Franks, promettent sous serment aux Goths qui
habitent cette ville que , s’ils la livrent, ils
garderont leur loi. Cela fait, les Goths tuent les
Sarrasins qui formaient la garnison de Narbonne,
et livrent la ville à l’armée Franque ».
Les Wisigoths de Narbonne, soutenus par leurs
semblables de l’arrière pays ne se soumirent pas
pour autant à Pépin le bref, qui dévasta la
Septimanie qu’il ne pouvait occuper.
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Après la révolte qui livra Narbonne à Pépin
tous les Arabes furent expulsés, y compris les
populations civiles.
Les « renégats », chrétiens convertis par
opportunisme ou suite à des mariages mixtes,
constituaient un groupe influent.
La foi chrétienne n’était pas très ardente en
Septimanie et les Wisigoths consentaient à
épouser des musulmans.
Tous furent expulsés de Gothie.
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Le Pays déjà épuisé par les dévastations Arabes,
devint un « désert d’hommes ».
Le domaine du fisc arabe fut augmenté de toutes
les propriétés qui appartenaient aux Sarrazins et
de tous les biens abandonnés.
Les Wisigoths s’étaient déjà attribué les deux tiers
des propriétés privées.
Les Comtes Goths à qui Pépin avait laissé
l’administration du Pays s’occupèrent d’abord de
la restauration et de la reconstitution de l’Eglise.
Les terres ne rapportant rien , des revenus fixes lui
furent concédés (salines, autres).
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Quel que soit le propriétaire de la terre, il fallait
des bras pour la travailler.
Les Espagnols, fuyant la guerre, arrivèrent très
opportunément.
Les nobles Wisigoths furent richement dotés.
La foule des migrants pauvres (minores) choisit la
région de Narbonne où il y avait le plus de terres
libres.
Théodulfe, Ostrogoth d’origine, envoyé par
Charlemagne ( missi dominici ) à Narbonne (après
781) décrit ainsi son arrivée:
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« Bientôt, nous touchons les murs de
Narbonne, dont la splendeur fixe mon regard
(*).Un cortège nombreux vient à ma rencontre,
joyeux de mon arrivée. J’y vois les débris des
Wisigoths, qui faisaient partie de la population
de Narbonne, avant que les malheurs des
temps les eussent décimés, et une foule
d’émigrants espagnols que le tyrannie des
sarrasins a rejetés dans ce pays. Tous
reconnaissent en moi un compatriote et
acclament un protecteur ».
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La mise en valeur des terres occupées se transformait
en un droit de propriété.
Les tenants de ces manses ne payaient pas le cens et ne
devaient que ce qui était du à l’empereur et/ou au
Comte.
Les nobles Hispani, dont un bon tiers de Wisigoths,
occupèrent de grands domaines retournés à la friche et
devaient régulièrement justifier de leurs titres, surtout
s’ils n’avaient pas entièrement restauré leur territoire.
Les minores , vu leur manque total de ressources, ne
pouvaient rapidement mettre en valeur des terres. Les
monastères, déjà eux-mêmes bénéficiaires de donations
de terres, constituèrent des colonies d’aprisionnaires à
qui ils apportaient, vivres, outils, semences, et les
consolations spirituelles.
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Il faisait partie de ces nobiliores, à qui les Franks
avaient confié un commandement militaire.
Il est d’origine Wisigothique.
Il combattit les Arabes lors de la tentative de
création d’une Marche d’Espagne par
Charlemagne en 778.
En 792, le vizir Abd Almaleck concentre une armée
en Catalogne. Jean fait partie de ceux qui harcèlent
cette armée afin de retarder son arrivée en
Septimanie ou Gothhie.
Jean fut victorieux lors d’un engagement au lieu
dit ad pontes, non loin de Barcelone. Il enleva un
important butin à l’ennemi.
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Fin 792, Jean se rend en Septimanie pour y refaire
sa fortune et acquérir un domaine.
Il choisit un terrain qu’on appelait « Fontejoncosa »
non loin de la Berre.
C’était un désert, entouré de déserts. Les immenses
forêts de chênes verts étaient peuplées d’ours, de
sangliers et de cerfs.
Il fit en ce lieu son aprision . Il était tenu de
remettre une partie de son butin à son roi (Louis le
Pieux, ou le débonnaire) et devait aussi se faire
concéder par lui le domaine de Fontjoncouse.
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Jean se rendit auprès de Louis le Pieux, en
Bavière pour lui remettre un cheval de prix, un
haubert et une épée indienne à fourreau garnie
d’argent et lui demander formellement la
concession du domaine de Fontjoncouse.
Louis écrivit à Sturmion, Comte de Narbonne,
pour que Fontjoncouse soit remis à Jean.
En 793 Jean demande confirmation à
Charlemagne qui le reçoit comme son vassal, ce
qui lui donnait une position considérable.
nécessaire.
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Le diplôme se trouvait dans les archives de
l’archevêché de Narbonne, suite à l’acquisition qu’ils
firent de la seigneurie de Fontjoncouse en 963.
Ces archives furent détruites lors de la révolution
française (elles contenaient les preuves de tous les
ancien privilèges). Seuls quelques volumes furent
épargnés par le feu.
La copie du diplôme de 793 que détenaient les
archevêques fut sauvée et c’est ainsi que l’histoire
singulière de Jean l’hispani nous est parvenue.
Histoire singulière par la personnalité de Jean, mais
pas unique dans les Corbières. Ainsi, les Ibérinus,
devinrent seigneurs de Durban dans les mêmes
conditions que Jean, mais avec moins d’éclat et pour
une plus longue durée.
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Muni de son diplôme délivré par Charlemagne,
Jean repart pour Narbonne et remet au Comte
Sturmion la lettre de Louis le Pieux.
Sturmion, accompagné de ses juges se rendit à
Fontjoncouse qui était en friches. Il fit planter
des bornes aux quatre orientations du domaine
afin que d’autres migrants n’y fassent point
d’aprisions.
Les travaux de mise en valeur furent très lents
à cause de la famine qui sévissait.
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Jean avait amené un de ses frères Wuillemir et son
fils, Teofred. Il semble qu’il était veuf.
Il fit venir d’Espagne un certain nombre de colons
qu’il attacha à son domaine : Christian, Fedance et
Ildebone étaient mariés et avaient amené leur
famille. Atonelle, Ele, Mancion, Amunne et
Aserrar, plus jeunes, étaient célibataires. Un prêtre
nommé Ombolat, fut adjoint à la petite colonie.
Ces vingt cinq personnes se mirent à l’œuvre et
construisirent en peu de temps des maisons et des
bâtiments agricoles, mirent en culture les terres.
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Plaid de 834: « Ces hommes (ceux que Jean
avait établis sur le domaine de Fontjoncouse)
s’étaient recommandés à lui et l’avaient pour
patron; tout ce qu’ils avaient construit ou mis
en culture, les maisons , les locaux, les jardins,
les champs et les vignes, ils l’avaient fait par
suite des dond et des libéralités que Jean leur
avait consentis, mais non par leur aprision, ni
par la libéralité du Comte, du Vicomte ou de
toute autre personne ».
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Les Wisigoths détenteurs de vastes domaines et
soucieux de disposer d’une influence morale
sur les populations, choisirent des clients a qui
ils donnaient des armes, des objets mobiliers ou
des terres. Les donataires (buccellarii) devaient à
leur patron obéissance, fidélité et assistance.
Cette relation entre Jean et ses compagnons
témoigne de leur origine Wisigothique.
Les Septimaniens conservèrent l’usage de leurs
lois après la conquête Franque pour plusieurs
siècles encore.
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Jean et son fils Teofred, firent l’objet de
confirmations de leurs droits en 814, lors de
l’Avènement de Louis le Pieux, en 844 et 849 par
Charles le Chauve.
Le diplôme de 814 confirme Jean dans ses
possessions, mais il le met aussi à l’abri des
entreprises des Comtes ou des Fonctionnaires
contre sa personne ou ses biens. Sur son domaine,
Jean est dépositaire du pouvoir judiciaire de
manière absolue et règle en maître les différends
sur son domaine. Cette trace est la plus ancienne
d’une telle immunité.
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Les colons espagnols construisirent une église
dédiée à Sainte Léocadie (reconstruite depuis).
Sainte Léocadie est la patronne de la cathédrale
de Tolède et Jean un noble Wisigoth , cette
dédicace accrédite l’idée que Jean et ses affidés
étaient originaires de Tolède, dernière capitale
du Royaume Wisigoth.
Des célébrations avec les Tolédans ont eu lieu
à Fontjoncouse en 2004.
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E. Cauvet attribue aux descendants de Jean la
construction de l’église de saint Victor.
Remaniée par Pierre de Lerce au 12ème siècle, la
construction d’origine est rattachée par les
archéologues aux églises de tradition
Wisigothique. Ceci étant acquis, le site de cette
chapelle intrigue: est-ce un ex-voto suite à
l’installation réussie à Fontjoncouse?
Outre l’aventure monastique, on sait qu’il y
avait encore un chapelain à saint Victor au
13ème siècle. Etait-il le pasteur des bergers?
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E. Cauvet attribue également aux Hispani, la
construction de l’église saint Christophore.
Jean l’Hispani était Catholique, au contraire de
nobles wisigoths ariens qui étaient venus en
Septimanie à partir de 589, lorsque les Wisigoths se
convertirent en tant que nation, au Catholicisme.
Il ne reste aujourd'hui plus rien de l’église dédiée à
saint Christophore, qui appartient au sanctoral
Wisigothique primitif. Louis Lapeyre démontre
que cette église était de rite arien ( dédicace,
orientation, etc.). Elle n’aurait donc pas été
construite par les compagnons de Jean…
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Jean avait donc choisi Fontjoncouse, un lieu
certes abandonné et désert, mais bien nommé
et localisé et pas vierge de toute trace
d ’occupation humaine.
La construction Saint Christol non loin de la
Villa de Palats, mais à l’écart, la rattache à la
première arrivée des Wisigoths dans nos
contrées, lorsqu’il étaient ariens et enterraient
leurs morts au chevet de leurs églises.
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En 963, l’unique descendant de Jean l’Hispani
s’appelle Jean de Fontjoncouse, où il réside avec
son épouse Ode et ils n’avaient pas d’héritier. Ce
qui pouvait être considéré à l’époque comme un
péché.
Le 17 Avril 963, ils firent donation de leur
propriété à l’archevêque Aimeri de Narbonne,
sous réserve de l’usufruit au dernier vivant.
Ayant pendant 200 ans résisté à bien des attaques
dont faisaient l’objet les aprisionnaires, la première
famille de Fontjoncouse succomba faute de
descendants.
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L’histoire de Fontjoncouse allait se poursuivre
paisiblement sous la houlette des archevêques
ou de leurs affiliés, puis sous nos institutions
modernes.
L’emprise viticole s’est considérablement
amoindrie et le territoire s’ouvre à d’autres
aprisionnaires: gastronomie, sports
mécaniques, escalade, géologie, randonnées,
asinerie, ainsi qu’à ceux qui sont sensibles à la
magie de ces lieux, à leur fabuleuse genèse…