Transcript Les deuils compliqués : - Association "Pourtant la Vie"
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LE DEUIL
Nadine Viennet - Damien Godinot
Psychologues
Equipe Mobile de Soins Palliatifs
Centre Hospitalier de Roanne
Association « Pourtant la Vie »
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Plan
Définition Deuil / Travail de Deuil
Histoire du Deuil
Le Deuil Normal
Les Deuils Compliqués
Slide 3
Définition
Deuil :
Vient de l’ancien français Duel « douleur, chagrin » puis plus
spécifiquement affliction causée par la perte d’une personne
aimée
Deuil et Douleur partage la même racine latine Dolere
(souffrir)
S ’applique à propos de la mort de quelqu’un et à plusieurs
significations (TLFi)
Affliction, chagrin, douleur, réaction psychologique (je suis en
deuil)
Ensemble des marques et signes extérieurs d’afflictions
prescrits par l’usage et la culture (je porte le deuil)
Fait de perdre un proche, un parent, situation consécutive à
cette perte (être atteint par un deuil)
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Définition (suite)
Par extension, sentiment de profonde tristesse
liée à une cause occasionnelle (départ, rupture)
ou pour exprimer un regret ou un renoncement
(acheter cette maison, j’en ai fait mon deuil !)
Freud (deuil et mélancolie 1915) :
« le deuil est régulièrement la réaction à la perte d’une
personne aimée ou d’une abstraction mise à sa place, la
patrie, la liberté, un idéal etc. »
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Définition (suite)
Travail :
Vient du bas latin Trepalium mot composé de Tres
« trois » et Palus « pieu » soit « machine faite de
trois pieux » sorte de cage dans laquelle on place
les grands animaux pour les immobiliser afin de
les opérer. Occasionnellement instrument de
torture. (Encyclopédie Larousse)
Effort, exercice physique ou intellectuel réalisé en
vue de l’acquisition, de l’apprentissage ou de la
réussite de quelquechose (dictionnaire de
l’académie française)
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Définition (suite)
Labeur, application à une tâche, effort
soutenu pour faire quelquechose
(dictionnaire de l’académie française)
Ensemble des phénomènes mécaniques
de l’accouchement… (TLFi)
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Définition (suite)
Travail de Deuil :
Sigmund Freud (« Deuil & Mélancolie
1915)
Désigne le processus psychique consécutif
à la perte d’un objet d’attachement, d’un
être cher
Chemin à étapes permettant de trouver la
paix.
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Histoire du Deuil
«D ’une mort passive et acceptée à une
mort maîtrisée mais refusée »
(M.F. Bacqué « Le deuil à Vivre »)
Slide 9
Histoire du Deuil
Moyen Age (Mort apprivoisée)
Mort événement familier « nous mourrons tous »
fait partie de la vie
Anonymat des tombes
Mort subite = mauvaise mort
Les défunts reposent tous auprès de Dieu
Deuil : place à l’émotivité, spontanéité, décharges
émotionnelles. Le Deuil est peu long. Le rite
centré sur la mise en terre.
Slide 10
Histoire du Deuil (suite)
XIè à XVIIè siècle
Notion d’individualité. Apparition du
jugement dernier à la fin des temps
(paradis/enfer)
Notion de jugement se déplace pour
devenir contemporain de la mort physique
L’heure de la mort et l’agonie deviennent
importantes
Développement des « Artes Moriendi »
Slide 11
Histoire du Deuil (suite)
Différentes épreuves à passer (doute, désespoir,
attachement, impatience, orgueil, abandon et
paix)
Apparition des monuments commémoratifs pour
témoigner de sa vie et des épitaphes
Deuil : il n’est plus admis ni courant de laisser
cours à son chagrin.
Dignité et contrôle de soi attitudes recommandées
La couleur du vêtement prend la place de
l’expression. Noir généralisé au XVII
Slide 12
Histoire du Deuil (suite)
XVIIIè siècle - période de transition
Progrès scientifique et philosophique, mort = objet
d’étude (dissection)
Moment de la mort moins important
Vivre en permanence avec l’idée de la mort
Etre prêt à mourir à tout instant
Peur d’être enterré vivant
Début de déplacement des cimetières
Slide 13
Histoire du Deuil (suite)
Deuil : esprit rationnel et scientifique
Manifestations sociales de plus en plus
réduites. Période de deuil, bref délai
accordé par l’usage
Aucune manifestation personnelle n’est
autorisée. Celui qui reste affligé après la
période de deuil doit se retirer du monde
pour ne pas infliger sa peine aux autres.
Slide 14
Histoire du Deuil (suite)
Fin XVIIIè – XIXè siècle
Mort devient douce et désirable car retrouvailles
avec les proches disparus
Disparition de la notion d’ enfer
Ce qui fait souffrir c’est de se séparer de ceux
qu’on aime. On tente alors de protéger le
mourrant en lui cachant son état
Bonne mort = être entouré des siens
Médecin de plus en plus impliqués du fait des
progrès scientifiques (soulagement de la douleur
etc.)
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Histoire du Deuil (suite)
Développement des pompes funêbres,
déplacement des cimetières (1804) qui
deviennent des espaces publics.
Deuil : Primat au sentiment. Les deuils
s’expriment durant des années
On nourrit son deuil, visite au tombeau
régulière voir quotidienne
Culte de la communication avec le disparu
Slide 16
Histoire du Deuil (suite)
XXè siècle
Mort confiné à l’hôpital, médicalisée, devient
honteuse (échec de la médecine, échec de la
société qui valorise bonheur, jeunesse, santé,
réussite, avoir)
Assister à la mort devient insupportable
Mensonge des proches trop affectés quant à la
mort prochaine. « Ce qui est nouveau, ce n’est
pas la peur de la mort mais la peur de cette peur »
Patrick Baudry (sociologue)
Extrême onction laisse la place au sacrement des
malades
Slide 17
Histoire du Deuil (suite)
Bonne mort devient celle de celui qui part sans
savoir, dans son sommeil. Mort discrète (chambre
seule, dissimulation rapide du corps)
Deuil : discrétion caractérise les funérailles.
Manifestation discrète. Rejet du deuil, poursuite
d’une vie normale rapidement sinon devient
gênant. Celui qui le montre dévoile sa faiblesse de
caractère
Deuil s’apparente à une maladie, psychologisation
du deuil. Deuil perd son caractère rituel pour
n’être qu’un phénomène individuel accompagné
par des « psys » Laurence Hardy (sociologueanthropologue)
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Le deuil normal :
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Le deuil normal
« le deuil est dépressif par les symptômes
qu’il génère mais que ce n’est pas une
dépression pathologique. Tel que la
vieillesse, ce n’est pas une maladie mais
il peut y avoir des complications qui
entraînent la maladie »
Isabelle Samyn-Bazin
docteur en psychologie
Slide 20
Le deuil normal
Deuil processus normal même si prend
les aspects d’une affection pathologique
Si nous souffrons c’est que nous nous
attachons
C’est donc une « dépression » liée à
une perte et qui exprime les difficultés
du détachement
Slide 21
Le deuil normal
1970 - Bowlby & Parkes
1ère description de l’état psychologique lors du
travail de deuil
Différentes phases traversées :
Obnubilation
Nostalgie
Désorganisation et désespoir
Réorganisation
Slide 22
Le deuil normal
Aujourd’hui regroupé en 3 grandes
périodes
Choc et sidération (je n’ai rien perdu)
Dépression (je tout perdu puisque je t’ai
perdu)
Récupération (je n’ai perdu que toi mais je
suis toujours moi)
Slide 23
Le deuil normal
Choc et sidération
« ce n’est pas possible, je ne peux pas y croire »
Affects anesthésiés, perceptions émoussées,
organisme paralysé physiquement et
intellectuellement (Bacqué, Hanus 2000)
Perte d’appétit et de sommeil
Comportement de recherche, illusions perceptives
Sentiment d’abandon, colère. Pleurs comme
décharge somatique
Slide 24
Le deuil normal
Dépression, expression du chagrin du deuil
Dépression réactionnelle
Touche les affects, le corps, et l’intellect
Rend compte du « formidable » travail psychique
qui s’opère à l’intérieur
« peu à peu, il faudra revisiter tous ses souvenirs,
mais aussi tous les projets, les rêves et accepter
cette sanction » (guide « les chemins du deuil »
brochure éditée par les pompes funèbres
générales)
Slide 25
Le deuil normal
Symptômes possibles rencontrés dans le
deuil normal (Stroebe, 1987)
Symptômes affectifs
Dépression (sentiment de tristesse, dysphorie…)
Anxiété (peur de devenir fou, de mourir…)
Culpabilité (auto-accusation concernant temps avant
décès)
Colère et hostilité (irritabilité, colère envers le disparu…)
Anhédonie (perte du plaisir à manger, à avoir des loisirs)
Solitude (sensation d’être seul même en présence des
autres)
Slide 26
Le deuil normal
Manifestations comportementales
Agitation (tension, incapacité à trouver le
repos, hyper activité…)
Fatigue (réduction du niveau général d’activité,
difficultés d’élocution et de pensée)
Pleurs (yeux humides, expression générale de
tristesse)
Slide 27
Le deuil normal
Attitudes envers soi-même, le disparu et
l’environnement
Auto-reproche (culpabilité)
Mauvaise estime de soi (sentiment d’inadéquation, de
faute)
Sentiment de perte d’espoir et d’impossibilté à être aidé
Perte du sens de la réalité (sentiment de ne pas être
présent, regarder d’en haut)
Suspicion (doute quant aux motifs d’aide et de conseil)
Problèmes interpersonnels (rejet des amis…)
Symptômes physiques d’identification (similarité des
symptômes avec ceux du disparu…)
Slide 28
Le deuil normal
Altération cognitive
Ralentissement de la pensée (mémoire affaiblie…)
Changements physiologiques et plaintes
corporelles
Perte de l’appétit
Troubles du sommeil (insomnie…)
Perte d’énergie (fatigue…)
Plaintes corporelles (somatisation : maux de tête, du cou,
palpitation, nausées etc.)
Slide 29
Le deuil normal
Acceptation, adaptation, achèvement du
travail
Quand on se reconnaît une identité de veuf/veuve
et accepte son état sans l’objet perdu
Estompage lent de la dépression, réorganisation
de sa vie
Vitalité nouvelle qui permet de nouveaux
investissements, récupération des facultés
entravées
Le deuil se termine quand on peut évoquer la
personne disparue sans s’effondrer
Slide 30
Fin du deuil ?
La fin du deuil n’aboutit pas à l’oubli et il
restera toujours une cicatrice qui pourra se
réveiller de temps en temps au date
d’anniversaire.
« la page est tournée et non pas la page est
arrachée. La page est tournée mais après
l’avoir lue »
D.Quimodoz (psychanalyste)
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Les deuils compliqués:
Slide 32
Les deuils
pathologiques/compliqués
En France, on distingue :
Les deuils pathologiques : Le deuil va jouer un
effet de déclencheur d’une pathologie
psychiatrique chez des personnes antérieurement
fragiles. (mélancolie, troubles obsessionnels…)
Les deuils compliqués : Ce sont des deuils où
les différentes étapes ne se passent pas bien
La frontière entre « deuil normal » et « deuil
compliqué » est délicate.
En France, on estime 5% de deuils pathologiques
et 17% de deuils compliqués(cf Le Monde du
21/10/2003)
Slide 33
LES FACTEURS DE RISQUE
La relation au défunt
La situation présente de la personne
endeuillée
Les circonstances de la mort
Les éléments biographiques
Slide 34
1/La relation au défunt
La nature du lien
La dépendance
L’ambivalence trop importante dans la
relation
Les révélations post-mortem (secrets de
famille)
Slide 35
2/ La situation de la personne
endeuillée
La marginalité
L’isolement, la solitude
La précarité de vie (ou période de grande
fragilité sur le plan physique, moral, social.
L’âge de l’endeuillé (enfant, ado, pers.âgée)
Le fait de devoir soutenir d’autres personnes
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3/ Les circonstances de la mort
Les morts violentes, brutales (espt)
Les deuils multiples
Les circonstances incertaines (accident)
Les disparitions
Les suicides
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4/ Les éléments
biographiques
Les antécédents
Relatif à l’histoire du patient
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Les deuils compliqués
Souffrance, persistance des
« symptômes » de la phase aigue du
deuil, plus de six mois après cette perte.
Il n’y a pas d’entrée dans la phase
dépressive du deuil.
Absence de retour à une vie
« acceptable ».
Slide 39
Complications qui se manifestent
dans 3 dimensions
Sur le plan du corps : C’est-à-dire sur la
santé, avec un risque de surmortalité chez
les endeuillés, notamment chez les hommes
âgés. (« syndrome du cœur brisé »)
Sur le comportement : les endeuillés
prennent plus de risque par rapport à la
consommation d’alcool, l’automédication.(chez les enfants, troubles du
comportement dans le cadre de la scolarité)
Sur le psychisme : deuil anticipé, deuil
différé…
Slide 40
Signes d’un deuil compliqué
Persistance des signes de la phase aigue du
deuil six mois après le décès :
Refus d’accepter la mort
Comportement de recherche active
Préoccupation constante au sujet du défunt
Se sentir toujours « assommé »
Désir de rejoindre l’autre dans la mort
Incapacité à croire à la disparition
Pleurs incoercibles
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Les deuils bloqués
La personne ne s’engage pas dans ce travail de
deuil:
Les deuils différés (anesthésie des sentiments):
L’endeuillé refuse d’accepter la perte et de ce fait
d’entrer dans le travail de deuil : aucun changement
perceptible dans le mode de vie de l’endeuillé qui s’est
par exemple à peine arrêté de travailler et/ou prolonge la
présence du défunt pendant un temps de façon quasi
hallucinatoire, en agissant comme si rien n’avait changé.
Slide 42
Les deuils inhibés (retardés): les
émotions et la douleur ne peuvent pas
s’exprimer.
L’endeuillé ne nie pas la réalité de la
perte mais refuse la douleur et les
émotions qui y sont liés.
La problématique du deuil inhibé est
renforcé dans nos sociétés occidentales
par de forts aspects
culturels.(valorisation de la retenue des
émotions face aux événements de la
vie)
Slide 43
Les deuils chroniques
Les personnes vont désormais vivre dans la
culture de ce deuil : le travail se fige sur
plusieurs années. (Prolongation de la période
dépressive du deuil bien au-delà d’une
année)
On les rencontre parfois dans des situations
où la relation à l’autre était difficile : culpabilité
=> idéalisation du défunt.
Ex de la reine Victoria qui pendant 10 ans
porta le deuil de son mari le prince Albert, et
faisait dresser à sa table, pour tous les repas
le couvert de son mari défunt.
Slide 44
Le deuil chronique est un impossible
compromis pour ne pas dire
« adieu ».L’endeuillé est persuadé que la fin
du deuil porte la menace de perdre à tout
jamais celui qui pourtant, est déjà parti…
=> préserver son environnement, ne rien y
changer….autant de moyens de garder le
défunt près de soi et de mettre à distance
l’insupportable réalité de son absence.
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Les deuils anticipés
Dans le contexte des fins de vie qui durent
parfois des mois, où les liens se délitent…
On parle de prédeuil : qui débute dés lors que
le décès commence à être envisagé, la
personne commence à se familiariser avec
l’idée d’une mort plus ou moins proche.
Le risque est que lorsque la maladie
« stagne », le travail de deuil suit son cours et
la personne se détache peu à peu du
mourant, on parle alors de deuil anticipé.
LE DEUIL
Nadine Viennet - Damien Godinot
Psychologues
Equipe Mobile de Soins Palliatifs
Centre Hospitalier de Roanne
Association « Pourtant la Vie »
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Plan
Définition Deuil / Travail de Deuil
Histoire du Deuil
Le Deuil Normal
Les Deuils Compliqués
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Définition
Deuil :
Vient de l’ancien français Duel « douleur, chagrin » puis plus
spécifiquement affliction causée par la perte d’une personne
aimée
Deuil et Douleur partage la même racine latine Dolere
(souffrir)
S ’applique à propos de la mort de quelqu’un et à plusieurs
significations (TLFi)
Affliction, chagrin, douleur, réaction psychologique (je suis en
deuil)
Ensemble des marques et signes extérieurs d’afflictions
prescrits par l’usage et la culture (je porte le deuil)
Fait de perdre un proche, un parent, situation consécutive à
cette perte (être atteint par un deuil)
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Définition (suite)
Par extension, sentiment de profonde tristesse
liée à une cause occasionnelle (départ, rupture)
ou pour exprimer un regret ou un renoncement
(acheter cette maison, j’en ai fait mon deuil !)
Freud (deuil et mélancolie 1915) :
« le deuil est régulièrement la réaction à la perte d’une
personne aimée ou d’une abstraction mise à sa place, la
patrie, la liberté, un idéal etc. »
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Définition (suite)
Travail :
Vient du bas latin Trepalium mot composé de Tres
« trois » et Palus « pieu » soit « machine faite de
trois pieux » sorte de cage dans laquelle on place
les grands animaux pour les immobiliser afin de
les opérer. Occasionnellement instrument de
torture. (Encyclopédie Larousse)
Effort, exercice physique ou intellectuel réalisé en
vue de l’acquisition, de l’apprentissage ou de la
réussite de quelquechose (dictionnaire de
l’académie française)
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Définition (suite)
Labeur, application à une tâche, effort
soutenu pour faire quelquechose
(dictionnaire de l’académie française)
Ensemble des phénomènes mécaniques
de l’accouchement… (TLFi)
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Définition (suite)
Travail de Deuil :
Sigmund Freud (« Deuil & Mélancolie
1915)
Désigne le processus psychique consécutif
à la perte d’un objet d’attachement, d’un
être cher
Chemin à étapes permettant de trouver la
paix.
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Histoire du Deuil
«D ’une mort passive et acceptée à une
mort maîtrisée mais refusée »
(M.F. Bacqué « Le deuil à Vivre »)
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Histoire du Deuil
Moyen Age (Mort apprivoisée)
Mort événement familier « nous mourrons tous »
fait partie de la vie
Anonymat des tombes
Mort subite = mauvaise mort
Les défunts reposent tous auprès de Dieu
Deuil : place à l’émotivité, spontanéité, décharges
émotionnelles. Le Deuil est peu long. Le rite
centré sur la mise en terre.
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Histoire du Deuil (suite)
XIè à XVIIè siècle
Notion d’individualité. Apparition du
jugement dernier à la fin des temps
(paradis/enfer)
Notion de jugement se déplace pour
devenir contemporain de la mort physique
L’heure de la mort et l’agonie deviennent
importantes
Développement des « Artes Moriendi »
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Histoire du Deuil (suite)
Différentes épreuves à passer (doute, désespoir,
attachement, impatience, orgueil, abandon et
paix)
Apparition des monuments commémoratifs pour
témoigner de sa vie et des épitaphes
Deuil : il n’est plus admis ni courant de laisser
cours à son chagrin.
Dignité et contrôle de soi attitudes recommandées
La couleur du vêtement prend la place de
l’expression. Noir généralisé au XVII
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Histoire du Deuil (suite)
XVIIIè siècle - période de transition
Progrès scientifique et philosophique, mort = objet
d’étude (dissection)
Moment de la mort moins important
Vivre en permanence avec l’idée de la mort
Etre prêt à mourir à tout instant
Peur d’être enterré vivant
Début de déplacement des cimetières
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Histoire du Deuil (suite)
Deuil : esprit rationnel et scientifique
Manifestations sociales de plus en plus
réduites. Période de deuil, bref délai
accordé par l’usage
Aucune manifestation personnelle n’est
autorisée. Celui qui reste affligé après la
période de deuil doit se retirer du monde
pour ne pas infliger sa peine aux autres.
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Histoire du Deuil (suite)
Fin XVIIIè – XIXè siècle
Mort devient douce et désirable car retrouvailles
avec les proches disparus
Disparition de la notion d’ enfer
Ce qui fait souffrir c’est de se séparer de ceux
qu’on aime. On tente alors de protéger le
mourrant en lui cachant son état
Bonne mort = être entouré des siens
Médecin de plus en plus impliqués du fait des
progrès scientifiques (soulagement de la douleur
etc.)
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Histoire du Deuil (suite)
Développement des pompes funêbres,
déplacement des cimetières (1804) qui
deviennent des espaces publics.
Deuil : Primat au sentiment. Les deuils
s’expriment durant des années
On nourrit son deuil, visite au tombeau
régulière voir quotidienne
Culte de la communication avec le disparu
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Histoire du Deuil (suite)
XXè siècle
Mort confiné à l’hôpital, médicalisée, devient
honteuse (échec de la médecine, échec de la
société qui valorise bonheur, jeunesse, santé,
réussite, avoir)
Assister à la mort devient insupportable
Mensonge des proches trop affectés quant à la
mort prochaine. « Ce qui est nouveau, ce n’est
pas la peur de la mort mais la peur de cette peur »
Patrick Baudry (sociologue)
Extrême onction laisse la place au sacrement des
malades
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Histoire du Deuil (suite)
Bonne mort devient celle de celui qui part sans
savoir, dans son sommeil. Mort discrète (chambre
seule, dissimulation rapide du corps)
Deuil : discrétion caractérise les funérailles.
Manifestation discrète. Rejet du deuil, poursuite
d’une vie normale rapidement sinon devient
gênant. Celui qui le montre dévoile sa faiblesse de
caractère
Deuil s’apparente à une maladie, psychologisation
du deuil. Deuil perd son caractère rituel pour
n’être qu’un phénomène individuel accompagné
par des « psys » Laurence Hardy (sociologueanthropologue)
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Le deuil normal :
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Le deuil normal
« le deuil est dépressif par les symptômes
qu’il génère mais que ce n’est pas une
dépression pathologique. Tel que la
vieillesse, ce n’est pas une maladie mais
il peut y avoir des complications qui
entraînent la maladie »
Isabelle Samyn-Bazin
docteur en psychologie
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Le deuil normal
Deuil processus normal même si prend
les aspects d’une affection pathologique
Si nous souffrons c’est que nous nous
attachons
C’est donc une « dépression » liée à
une perte et qui exprime les difficultés
du détachement
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Le deuil normal
1970 - Bowlby & Parkes
1ère description de l’état psychologique lors du
travail de deuil
Différentes phases traversées :
Obnubilation
Nostalgie
Désorganisation et désespoir
Réorganisation
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Le deuil normal
Aujourd’hui regroupé en 3 grandes
périodes
Choc et sidération (je n’ai rien perdu)
Dépression (je tout perdu puisque je t’ai
perdu)
Récupération (je n’ai perdu que toi mais je
suis toujours moi)
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Le deuil normal
Choc et sidération
« ce n’est pas possible, je ne peux pas y croire »
Affects anesthésiés, perceptions émoussées,
organisme paralysé physiquement et
intellectuellement (Bacqué, Hanus 2000)
Perte d’appétit et de sommeil
Comportement de recherche, illusions perceptives
Sentiment d’abandon, colère. Pleurs comme
décharge somatique
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Le deuil normal
Dépression, expression du chagrin du deuil
Dépression réactionnelle
Touche les affects, le corps, et l’intellect
Rend compte du « formidable » travail psychique
qui s’opère à l’intérieur
« peu à peu, il faudra revisiter tous ses souvenirs,
mais aussi tous les projets, les rêves et accepter
cette sanction » (guide « les chemins du deuil »
brochure éditée par les pompes funèbres
générales)
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Le deuil normal
Symptômes possibles rencontrés dans le
deuil normal (Stroebe, 1987)
Symptômes affectifs
Dépression (sentiment de tristesse, dysphorie…)
Anxiété (peur de devenir fou, de mourir…)
Culpabilité (auto-accusation concernant temps avant
décès)
Colère et hostilité (irritabilité, colère envers le disparu…)
Anhédonie (perte du plaisir à manger, à avoir des loisirs)
Solitude (sensation d’être seul même en présence des
autres)
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Le deuil normal
Manifestations comportementales
Agitation (tension, incapacité à trouver le
repos, hyper activité…)
Fatigue (réduction du niveau général d’activité,
difficultés d’élocution et de pensée)
Pleurs (yeux humides, expression générale de
tristesse)
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Le deuil normal
Attitudes envers soi-même, le disparu et
l’environnement
Auto-reproche (culpabilité)
Mauvaise estime de soi (sentiment d’inadéquation, de
faute)
Sentiment de perte d’espoir et d’impossibilté à être aidé
Perte du sens de la réalité (sentiment de ne pas être
présent, regarder d’en haut)
Suspicion (doute quant aux motifs d’aide et de conseil)
Problèmes interpersonnels (rejet des amis…)
Symptômes physiques d’identification (similarité des
symptômes avec ceux du disparu…)
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Le deuil normal
Altération cognitive
Ralentissement de la pensée (mémoire affaiblie…)
Changements physiologiques et plaintes
corporelles
Perte de l’appétit
Troubles du sommeil (insomnie…)
Perte d’énergie (fatigue…)
Plaintes corporelles (somatisation : maux de tête, du cou,
palpitation, nausées etc.)
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Le deuil normal
Acceptation, adaptation, achèvement du
travail
Quand on se reconnaît une identité de veuf/veuve
et accepte son état sans l’objet perdu
Estompage lent de la dépression, réorganisation
de sa vie
Vitalité nouvelle qui permet de nouveaux
investissements, récupération des facultés
entravées
Le deuil se termine quand on peut évoquer la
personne disparue sans s’effondrer
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Fin du deuil ?
La fin du deuil n’aboutit pas à l’oubli et il
restera toujours une cicatrice qui pourra se
réveiller de temps en temps au date
d’anniversaire.
« la page est tournée et non pas la page est
arrachée. La page est tournée mais après
l’avoir lue »
D.Quimodoz (psychanalyste)
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Les deuils compliqués:
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Les deuils
pathologiques/compliqués
En France, on distingue :
Les deuils pathologiques : Le deuil va jouer un
effet de déclencheur d’une pathologie
psychiatrique chez des personnes antérieurement
fragiles. (mélancolie, troubles obsessionnels…)
Les deuils compliqués : Ce sont des deuils où
les différentes étapes ne se passent pas bien
La frontière entre « deuil normal » et « deuil
compliqué » est délicate.
En France, on estime 5% de deuils pathologiques
et 17% de deuils compliqués(cf Le Monde du
21/10/2003)
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LES FACTEURS DE RISQUE
La relation au défunt
La situation présente de la personne
endeuillée
Les circonstances de la mort
Les éléments biographiques
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1/La relation au défunt
La nature du lien
La dépendance
L’ambivalence trop importante dans la
relation
Les révélations post-mortem (secrets de
famille)
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2/ La situation de la personne
endeuillée
La marginalité
L’isolement, la solitude
La précarité de vie (ou période de grande
fragilité sur le plan physique, moral, social.
L’âge de l’endeuillé (enfant, ado, pers.âgée)
Le fait de devoir soutenir d’autres personnes
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3/ Les circonstances de la mort
Les morts violentes, brutales (espt)
Les deuils multiples
Les circonstances incertaines (accident)
Les disparitions
Les suicides
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4/ Les éléments
biographiques
Les antécédents
Relatif à l’histoire du patient
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Les deuils compliqués
Souffrance, persistance des
« symptômes » de la phase aigue du
deuil, plus de six mois après cette perte.
Il n’y a pas d’entrée dans la phase
dépressive du deuil.
Absence de retour à une vie
« acceptable ».
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Complications qui se manifestent
dans 3 dimensions
Sur le plan du corps : C’est-à-dire sur la
santé, avec un risque de surmortalité chez
les endeuillés, notamment chez les hommes
âgés. (« syndrome du cœur brisé »)
Sur le comportement : les endeuillés
prennent plus de risque par rapport à la
consommation d’alcool, l’automédication.(chez les enfants, troubles du
comportement dans le cadre de la scolarité)
Sur le psychisme : deuil anticipé, deuil
différé…
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Signes d’un deuil compliqué
Persistance des signes de la phase aigue du
deuil six mois après le décès :
Refus d’accepter la mort
Comportement de recherche active
Préoccupation constante au sujet du défunt
Se sentir toujours « assommé »
Désir de rejoindre l’autre dans la mort
Incapacité à croire à la disparition
Pleurs incoercibles
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Les deuils bloqués
La personne ne s’engage pas dans ce travail de
deuil:
Les deuils différés (anesthésie des sentiments):
L’endeuillé refuse d’accepter la perte et de ce fait
d’entrer dans le travail de deuil : aucun changement
perceptible dans le mode de vie de l’endeuillé qui s’est
par exemple à peine arrêté de travailler et/ou prolonge la
présence du défunt pendant un temps de façon quasi
hallucinatoire, en agissant comme si rien n’avait changé.
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Les deuils inhibés (retardés): les
émotions et la douleur ne peuvent pas
s’exprimer.
L’endeuillé ne nie pas la réalité de la
perte mais refuse la douleur et les
émotions qui y sont liés.
La problématique du deuil inhibé est
renforcé dans nos sociétés occidentales
par de forts aspects
culturels.(valorisation de la retenue des
émotions face aux événements de la
vie)
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Les deuils chroniques
Les personnes vont désormais vivre dans la
culture de ce deuil : le travail se fige sur
plusieurs années. (Prolongation de la période
dépressive du deuil bien au-delà d’une
année)
On les rencontre parfois dans des situations
où la relation à l’autre était difficile : culpabilité
=> idéalisation du défunt.
Ex de la reine Victoria qui pendant 10 ans
porta le deuil de son mari le prince Albert, et
faisait dresser à sa table, pour tous les repas
le couvert de son mari défunt.
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Le deuil chronique est un impossible
compromis pour ne pas dire
« adieu ».L’endeuillé est persuadé que la fin
du deuil porte la menace de perdre à tout
jamais celui qui pourtant, est déjà parti…
=> préserver son environnement, ne rien y
changer….autant de moyens de garder le
défunt près de soi et de mettre à distance
l’insupportable réalité de son absence.
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Les deuils anticipés
Dans le contexte des fins de vie qui durent
parfois des mois, où les liens se délitent…
On parle de prédeuil : qui débute dés lors que
le décès commence à être envisagé, la
personne commence à se familiariser avec
l’idée d’une mort plus ou moins proche.
Le risque est que lorsque la maladie
« stagne », le travail de deuil suit son cours et
la personne se détache peu à peu du
mourant, on parle alors de deuil anticipé.