LA FABRICATION DU SUCRE Les cannes passent au moulin Le suc (jus, vesou) se déverse dans un canot 1ère chaudière (la Grande) + cendres.
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LA FABRICATION DU SUCRE Les cannes passent au moulin Le suc (jus, vesou) se déverse dans un canot 1ère chaudière (la Grande) + cendres et chaux. Le feu purge en faisant monter les écumes qu’il faut enlever 2e chaudière (la Propre): écume à nouveau + cendre, chaux, herbes… 3e (le Flambeau) et 4e chaudière (la Lessive): le vesou est purgé, disparition des écumes 5e chaudière (le Sirop): le vesou épaissit et devient sirop qu’il faut écumer Christophe LOPEZ Quand le sirop est purifié, il passe dans la batterie où il cuit à gros bouillons Épaissi, on y ajoute de la chaux et de l’alun Le sucre retiré de la batterie est mis à reposer dans le rafraîchissoir jusqu’à ce que le grain se forme avec une croûte On le remue avec la pagalle, puis on le porte dans le canot à l’aide du bec-de-corbin Refroidi, on le met en barriques où il purge par des trous. Écumes et gros sirops sont dirigés vers la guildiverie (tafia) Christophe LOPEZ Purgerie = décantation du sucre dans des moules, afin de le débarrasser de la chaux et de la cendre (ajoutées au vésou avant la cuisson pour le purifier) Christophe LOPEZ Au temps des isles à sucre, Jacques DE CAUNA Entrée en guerre des Français au côté des colons américains (guerre d’Indépendance) Christophe LOPEZ Au temps des isles à sucre, Jacques DE CAUNA La Rochelle devient le 1er port pour le commerce avec l’Amérique Siège de la Cie des Indes occidentales (créée en 1664 par Colbert) Christophe LOPEZ Vente Transformation Culture Concentration verticale (autarcie) Pas de division du travail DEPENSES DE L’HABITATION 9% Matériel, outils 28% Investissements (esclaves…) 18% Frais administratifs 12% Bâtiments 13% Frais relatifs au sucre 12% Entretien 8% atelier Personnel Christophe LOPEZ LA VIE DU COLON BLANC La Grand-Case est rustique: ni tapisseries, ni vitres Les meubles sont en bois du pays (acajou) L’effort porte sur le service de table: couverts, porcelaines, argenterie Saladier aux esclaves, Musée du Nouveau-monde, La Rochelle Christophe LOPEZ Journée-type: 05:30 07:30 14:30 Lever avec le soleil, appel du matin devant sa porte Petit déjeuner, affaires courantes jusqu’au repas, fait manger les négrillons puis leur prière, leur catéchisme, visite aux malades, prière Courte sieste Le maître surveillant les travaux des champs, deuxième moitié du XIXe siècle, Lithographie en couleurs, 0,455 m X 0,60 m, Musée du Nouveau monde, La Rochelle. 16:30 Tournée d’inspection sur les plantations 17:30 Tombée de la nuit, gestion 19:00 Repas frugal (pain, confitures) 21:00 Heure maximale du coucher Christophe LOPEZ Rares distractions: Promenades, visites aux voisins, réceptions, « redoutes » (bals organisés par les femmes de couleur) EMPLOYES BLANCS Le régisseur remplace le propriétaire lorsqu’il est absent 1755-1772: Jean-Baptiste Renard (il touche 10% du revenu brut) 1772-1776: Pierre Rasseteau, ancien économe et cousin des Fleuriau Il meurt empoisonné 1776-1786: Michel-Joseph Leremboure Christophe LOPEZ Après 1786, les fonctions sont dissociées: PROCUREUR GERANT Marchandises, vivres, achats Exploitation agricole Comptabilité, justice Gère les esclaves 1 à 3 visites par mois Réside en ville 3% revenu brut Michel-Joseph LEREMBOURE puis son fils Augier-Marie Vit sur l’habitation 7% du revenu brut, logement, domestiques, vin, farine Jean-Baptiste ARNAUDEAU, cousin Fleuriau Autres employés blancs: - Économe (surveille, compte les esclaves…): reste peu ou décède Salaire entre 800 et 1 200 Livres/an - Raffineur: mieux payé - Guildivier: payé 1/6e du rhum produit - Chirurgien: souvent très jeune et moins efficace que les guérisseurs noirs Salaire environ 1 200 Livres/an - Vétérinaire: tournées de 500 Livres/an/habitation abonnée - Charpentier, maître-maçon, artiste peintre, apothicaire, sage-femme… Beaucoup d’arrivants de France succombent aux maladies De nombreux Blancs ont des difficultés à se placer: « la colonie regorge de monde » LES ESCLAVES Origine souvent chrétienne de leurs noms: - Prénoms composés: Jean-Charles, Pierre-Louis, Marie-Jeanne, Anne-Flore.. - Diminutifs: Catiche, Zabeth, Nanette, Guilou, Bibianne, Jaquette… - Calendrier: Noël, Toussaint, Janvier, Samedy… - Origine: Catherine Aoussa (Afrique), Rosette Léogane (Haïti), Zabeth PetitBois (quartier)… - Fonction: Jean Charron, Pierre Café… - Physique: Grand-André (le + âgé)… - Traversée: Jolicoeur, Tempête… - Littérature: Périne, Nérestan (Voltaire) - Mythologie: Neptune, Bacchus, Diane.. - Thème: Azor, Polidor, Mentor, Castor… Christophe LOPEZ EXEMPLES DE « NOMS DE LA HONTE » Pasbeau Crétinoir Gouacide Macabre Lavable Zéro Gros-désirs Betacorne Passavoir Trouabal Malcousu Vulgaire Nègrobar Lanclume Dément Comestible Satan Lavidange Prout Grossepièce Christophe LOPEZ « Nations » des Africains: Guinéens (Aradas: groupe le + nombreux) Soudanais (Bambaras) Bantous (Congos: + du 1/3 des esclaves de St-Domingue vers 1800) Les créoles représentent Les 2/3 des esclaves en 1789 Christophe LOPEZ 1786 20-40 ans: population utile 135 hommes et 121 femmes Mortalité infantile: 100 ‰ « Mal de mâchoire » = tétanos infantile → effort des conditions d’accouchement (en ville, formation) → encouragement des familles nombreuses (concubinage) pour renouveler la main d’œuvre NOUVEAUX ESCLAVES (Bossales) Un esclave vaut entre 1 500 et 4 600 livres, selon l’âge et le sexe → hommes 20-22 ans → adolescents 13-16 ans (négrillons) → par petits groupes (douzaine) → au printemps (pour acclimatation) Paiement souvent en sucre Pas de trace d’étampage Ils travaillent au bout de 6 mois Christophe LOPEZ HIERARCHIE AU TRAVAIL Nègres hors culture: domestiques, ouvriers, gardiens, à l’hôpital Esclaves à talent (Créoles): sucriers, cabrouetiers, maçons, charpentiers… Commandeur ↓ Nègres de jardin ou de pioche (60 à 80 bossales) Promotions sociales (ancienneté)/ punitions Hiérarchie en fonction de l’âge: Enfants, vieillards → gardiennage Christophe LOPEZ Un planteur entêté, extrait du journal La Caricature, vers 1830-1840, Lithographie, 26,5 cm X 20 cm, Musée d’Aquitaine, Bordeaux. Femme mulâtre de la Martinique, accompagnée de son esclave, LACHAUSSEE Jeune, 1805, d’après Jacques GRASSET DE SAINT-SAUVEUR (1757-1810), Gravure coloriée, tirée de la série Amérique Septentrionale-Possessions françaises, 11,9 cm X 8,6 cm, Musée d’Aquitaine, Bordeaux. 1 métis sur 2 est qualifié 1 créole sur 5 1 africain sur 7 Christophe LOPEZ JOURNEE D’UN ESCLAVE 05:30 Appel par la cloche ou lambi, prière, déjeuner 07:00 Déjeuner dans les champs, travail en ligne 12:00 Pause 14:00 Changement de champ 17:30 Coucher du soleil, retour avec du bois et de l’herbe Soir Bref repas, prière, appel Dimanche: travail sur le lopin particulier (nourriture de base → bananes, patates, Christophe LOPEZ igname, riz, mil VIE QUOTIDIENNE Danse, combats de coqs, contes (« Cric-Crac »), histoires de loups-garous et de zombis… Hiérarchie dans l’habitation (environ 60 cases pour 250 à 300 esclaves): - Privilégiés: domestiques (près de la Grand-Case) - Esclaves à talent (12 cases) - Nègres de jardin (village de 28 cases) - Commandeur (à l’entrée, assez loin) - Plus loin encore, ceux qu’il faut isoler: bossales, « pianistes » MALADIES Scorbut, « mal d’estomac » (carences), « fièvres », dysenterie, pleurésie, « verrette » (variole), gale, chiques, 15% environ meurent de vieillesse (63 ansChristophe en moyenne) LOPEZ Christophe LOPEZ LE MARRONNAGE Marron: esclave en fuite Grand marronnage: fuir l’esclavage Sanctions (Code Noir): oreilles coupées, fleur de lys sur l’épaule, jarret coupé, mort Beaucoup sont repris (méconnaissance du pays, poursuite par des créoles) 3 cas en 10 ans Petit marronnage: se cacher temporairement après une faute Geôle en ville (il faut payer pour en retirer l’esclave) Souvent âgés, rarement des nègres de jardin ou des bossales Christophe LOPEZ FORTUNE A LA MORT D’AIMEBENJAMIN FLEURIAU 4 000 000 Livres ST-DOMINGUE: L’habitation + les maisons de Port-au-Prince LA ROCHELLE: Une demi-douzaine de maisons au centre dont l’hôtel particulier de l’actuel Musée du Nouveau-Monde La terre et seigneurie de Touchelongue Une douzaine de cabanes dans les marais Une vingtaine de lots de marais salants (Ré) Diverses rentes, créances, arriérés, argenterie, équipages, mobilier…. Barriques de sucre La veuve Fleuriau prend la suite des affaires aidée par ses fils Aimé-Paul, Louis-Benjamin, homme de science POLITIQUE SCIENCE Aujourd’hui, la propriété Fleuriau appartient en majeure partie à M. Bernard Odéide, descendant du général Tancrède Auguste (président) Elle est toujours plantée en cannes, qui alimentent l’usine sucrière de la HASCO (Haytian and American Sugar Company) à Chancerelles, qui occupe l’emplacement de l’ancien quartier des esclaves Christophe LOPEZ Christophe LOPEZ Christophe LOPEZ BIBLIOGRAPHIE: quelques pistes - Au temps des isles à sucre, Histoire d’une plantation de Saint-Domingue au XVIIIe siècle, Jacques de Cauna, Editions Karthala, 2003: pour une étude de cas très précise avec chiffres, tableaux et iconographie. - Atlas des esclavages, Marcel Dorigny et Bernard Gainot, Edition Autrement, Collection Atlas/Mémoires, décembre 2007 : classique incontournable (cartes, textes, graphiques mais aussi, et surtout, les Codes noirs). - Le sucre: histoire et géographie d’un esclavage, Article de Marcel Dorigny, 30 mai 2000, www.cafe-geo.net : pour une approche du sujet à travers un produit devenu courant. - Journal de l’île de la Réunion, le quotidien d’informations, Esclaves chez Mme Desbassayns, www.clicanoo.com : pour une l’étude d’une habitation, son fonctionnement. - Quatrième conférence du CM 98 (Comité Marche du 23 mai 1998), L’institut des Français descendants d’esclaves, www.cm.org : pour les détails sur la vie quotidienne et le désir de liberté des esclaves. - Travaux du GEREC-F, L’Amérique des plantations, La casa grande brésilienne et l’habitation antillaise du XVIIe siècle au XVIIIe siècle, www.potomitan.info/travaux/plantations.html : pour les relations entre esclaves et les différentes hiérarchisations au sein d’une habitation. - « Les noms de la honte, une séquence occultée de l’esclavage », Réforme, n°3303, 15 janvier 2009,: pour l’histoire des patronymes ridicules des Antilles que les maîtres ont infligé aux esclaves lors de leur affranchissement. - La documentation photographique n°8032, Les traites négrières, Olivier Pétré-Grenouilleau, 2003, www.ladocumentationfrancaise.fr : pour une vision globale mais aussi les ressources iconographiques. - Esclavage, système esclavagiste et traite négrière, Christian Delacampagne, www.les.traitesnégrières.free.fr : pour des statistiques concernant la traite transatlantique. - Conférence du CVUH (Comité de vigilance face à l’utilisation publique de l’histoire), Enseigner l’histoire des traites négrières, de l’esclavage, des résistances et des abolitions, www.cvuh.free.fr : pour une approche pédagogique de la question, les questions à se poser en tant qu’enseignant. - Vingt-et-un jours d’histoire, Daniel Vaxelaire, 2005, Edition Orphie: pour une approche pédagogique et illustrée de l’esclavage dans les Antilles ICONOGRAPHIE, SITOGRAPHIE: quelques pistes - L’esclavage par l’image, www.comite-memoire-esclavage.fr désormais dans des musées différents mais réunies ici. : pour les nombreuses gravures, - Site du CNDP Le système esclavagiste colonial, Traite négrière, esclavages et abolitions, www.cndp.fr/memoire/esclavage/college-lycee/ : pour l’iconographie adaptée au niveau scolaire mais aussi pour les courtes videos. - www.kapeskreyol.potomitan.info : pour le plan d’une habitation. Christophe LOPEZ - www.lesanneauxdelamemoire.com : pour une visite guidée interactive de l’habitation mais aussi de la colonie. BIBLIOGRAPHIE HISTOIRE DU SUCRE XVIe-XVIIIe siècles HISTOIRE DU SUCRE, Jean MEYER, Editions Desjonquières, 1989 LE SUCRE Une histoire douce-amère, Elizabeth ABBOTT, Fides, 2008 AU TEMPS DES ISLES A SUCRE, Histoire d’une plantation de St-Domingue au XVIIIe siècle, Jacques DE CAUNA, Edition Karthala, 2003 HISTOIRE D’UNE PASSION…, Le sucre de canne à La Réunion, Sudel FUMA, Océans éditions, 2002 BOIS-ROUGE, Une sucrerie réunionnaise, 2006 QUARTIER FRANÇAIS, Une histoire réunionnaise de 1923 à aujourd’hui, Félix TORRES, Océans éditions, 2003 CANNA CRIOLA, François-Louis ATHENAS, Océans éditions, 2001 (photographies NB) LES ENGAGES DU SUCRE, 1848-1998 Michèle MARIMOUTOU-OBERLE, Océans éditions, 1999 Christophe LOPEZ