Il y a progrès dans l’Église, non pas quand on renie aujourd’hui ce qu’on croyait hier, mais quand on efface les faux plis, quand,
Download ReportTranscript Il y a progrès dans l’Église, non pas quand on renie aujourd’hui ce qu’on croyait hier, mais quand on efface les faux plis, quand,
Il y a progrès dans l’Église, non pas quand on renie aujourd’hui ce qu’on croyait hier, mais quand on efface les faux plis, quand, au delà des déformations inévitables (passagères en droit mais tenaces en fait, comme tous les faux plis,) on retrouve la foi la plus traditionnelle de l’Église. Il ne s’agit pas d’envisager le péché originel à partir du seul récit de la Genèse. C’est du Christ qu’il faut partir. Un dogme, une précision de foi, se situent toujours au niveau de la Nouvelle Alliance, qui éclaire l’ancienne et l’assume ; L’énoncé de la foi au sujet du péché originel tire son origine des réflexions de l’Église à partir de : - Notre expérience : il y a du péché dans le monde, autour de nous et en nous, c’est un fait ! - Du baptême qui, traditionnellement, a été conçu comme une nouvelle naissance dans le Christ. Le genre littéraire des chapitres 2 et 3 de la Genèse est le genre sapientiel, comme les fables de La Fontaine : une histoire pour en tirer une leçon de vie. Ce que l’auteur de ces chapitres a voulu nous présenter, c’est avant tout la situation de l’homme tout court, aussi bien celui du XX° siècle que de n’importe quel temps, au regard de Dieu et au regard du péché. La plupart des théologiens contemporains admettent qu’Adam, c’est l’humanité toute entière. Par conséquent, l’histoire d’Adam qui nous est racontée est aussi bien notre histoire à nous ; le péché d’Adam est notre péché. Ce que la Bible nous présente, en parlant d’une créature parfaite, c’est la fin à laquelle Dieu a créé l’homme : sa divinisation. La perfection du premier homme, c’est qu’il n’est pas, comme les autres êtres de la nature, animaux ou végétaux, mais qu’il est appelé par Dieu, dès l’origine, à une fin proprement divine : appel à entrer dans l’amour de Dieu, à partager éternellement la vie même de Dieu. L’homme a à devenir ce qu’il doit être. Autrement dit, la perfection de l’homme est la perfection d’une vocation, et non pas d’une situation. C’est ce que la Bible nous enseigne en nous disant que l’homme est "créé à l’image et à la ressemblance de Dieu" exactement "à l’image en vue de la ressemblance de Dieu" les théologiens interprétant ressemblance au sens précis de participation à la vie divine elle-même. Dieu donne à l’homme la capacité de devenir parfait, car il veut que l’homme soit parfait, à son image. Dieu, je le répète, n’a pas fabriqué une liberté, car c’est à l’homme créé en possibilité de liberté de se rendre libre lui-même. La perfection d’Adam avant la chute, dont il est question, n’est pas un état de perfection, mais le commencement d’une histoire de perfection qui doit s’achever dans la gloire de Dieu. Dieu crée l’homme divinisable. C’est là sa vocation, notre vocation à tous, et elle est éminemment exigeante. Seulement, l’homme ne peut pas se diviniser tout seul, il faut qu’il accueille le don de Dieu. L’homme est terrestre, il est "terreux". Peu importe la façon dont vous concevez cette origine terrestre : que ce soit, comme le dit la Genèse, en étant tiré directement de la terre, ou que ce soit, comme on l’admet couramment aujourd’hui, par l’échelle de nombreuses espèces animales. Cette origine terrestre est pour l’homme une source de dissemblance à l’égard de Dieu. Car la voix de la nature fait retentir constamment en l’homme un appel a vivre, non pour Dieu et les autres hommes, mais pour lui seul, égoïstement. Donc il y a en l’homme une double force : - une force de pesanteur et d’inertie qui l’invite à renoncer à être un homme libre, et le pousse à vivre comme les autres êtres du monde qui n’ont pas de liberté à construire. (une plante, un chien, un chat…) - une force ascensionnelle, qui l’invite à construire sa liberté que Dieu, par grâce, fera alors accéder à sa propre liberté. Telle est la situation de l’homme. La faute, c’est-à-dire l’obéissance à la force de pesanteur, et liée à l’éveil de la conscience morale, lorsque l’homme se rend compte qu’il est un être différent des autres et, qu’à ce titre, il a le devoir de construire sa liberté en prenant appui sur ses conditionnements. Le péché originel, c’est tout homme qui choisit de se réaliser lui-même en se bouchant les oreilles pour ne pas entendre l’appel de Dieu à se créer lui-même, c’est l’homme qui choisit la servitude facile plutôt que la dure exigence de la liberté. Voilà ce qu’est la faute originelle : il ne s’agit pas d’une origine chronologique, mais il s’agit de l’origine de la nature humaine, de la racine même de l’existence. C’est pourquoi le péché originel est impensable indépendamment de la vocation de l’homme a être divinisé. Le péché originel est la distance incommensurable entre ce qu’est l’homme livré à lui-même et ce qu’il doit être en vivant de vie divine. Le propre de tout péché, c’est de déclencher un train d’ondes qui perturbent les relations humaines. Si un homme vit hanté par le désir de l’argent, sa relation aux autres en est faussée. Si un homme est un Don Juan qui ne pense qu’à la luxure, toutes les jolies femmes du monde lui apparaîtront comme occasion de plaisir. Tout est faussé, il n’y a plus de fraternité. Le moindre de nos péchés est une provocation au mal que nous déposons dans la conscience d’autrui. Toutes les fois que j’agis avec égoïsme, j’incite autrui à en faire autant. Toutes les fois que je cherche ma jouissance, je provoque l’autre à agir semblablement. Tout péché devient une voie par laquelle une tendance au péché s’infiltre dans la conscience humaine. L’ensemble des relations humaines constitue ce que l’on peut appeler la conscience commune du genre humain. Les actes mauvais de tous les hommes contribuent à répandre et à propager le péché. Chaque acte mauvais que nous commettons est comme une onde qui se répand par le relais de toutes les relations humaines. C’est ainsi que tous les péchés des hommes s’agglutinent et forment entre eux un véritable corps de péché. L’enfant qui vient au monde entre dans une communauté de péché. Je suis pêcheur dès le premier moment de mon existence, car le premier moment de mon existence est vécu dans un monde de péché ; aucun homme ne peut se former sans l’aide des autres. Mais les autres l’aident autant à se détruire qu’à se construire. C’est ainsi que nous pouvons comprendre la propagation du péché originel. Noter que le monde, s’il est corps de péché, est aussi corps de grâce. Si nous pesons dans le sens du péché, nous pesons également dans le sens du bien, et le bien, quel qu’il soit est une collaboration à l’œuvre divine. François VARILLON Dessins offerts par Françoise Mastin, que je remercie. Texte du Père François Varillon, extraits de son livre "Joie de croire, joie de vivre". Musique : grégorien – Beatus Bernardus Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix [email protected] http://jackydubearn.over-blog.com/ http://www.jackydubearn.fr/