UNE LETTRE A DISPARU Textes et dessins de MUSE Une lettre ayant disparu, le signe _ y substituera. § 1 Un drôle de.

Download Report

Transcript UNE LETTRE A DISPARU Textes et dessins de MUSE Une lettre ayant disparu, le signe _ y substituera. § 1 Un drôle de.

UNE LETTRE A DISPARU
Textes et dessins de MUSE
Une lettre ayant disparu, le signe _ y substituera.
§ 1 Un drôle de brouhaha.
Un soir, que j’entrais à la maison, à peine avais-je rangé mon manteau, qu’un drôle de
brouhaha parvint à mes oreilles. Un brouhaha murmuré. Je tendais l’oreille, le bruit
semblait venir du bureau, je m’y dirigeais, non il venait de la bibliothèque. D’un pas
déterminé, j’atteignais les rayonnages de livres. Oui, le bruit devenait plus audible, il
s’agissait d’un appel étrange :
" Une lettre a disparu ", plusieurs voix parlaient tout bas, tel un bruissement du vent
dans les feuilles d’un arbre,
" Une lettre a disparu, une lettre a disparu " répétaient les voix,
Je rêvais ?
Les voix reprenaient,
" Une lettre a disparu "
Les voix provenaient des livres ! Les livres parlaient !
D’une voix hésitante, je dis à mon tour,
" Une lettre a disparu ? "
Les livres me répondirent aussitôt,
" Oui ! oui ! une lettre a disparu "
Je devenais fou ?
" Une lettre ? disparu ? mais queletre ? mais, mais, quelle lettre ? "
Je pensais un instant et eus l’idée de faire l’appel,
Septique, je voulus appeler le A, ma voix resta muette, mais non je ne pouvais pas parler
à des livres, et pourtant, j’avais bien entendu les livres moi !
" A, les A sont là ? "
Alors, mille et mille voix me répondirent presque simultanément,
" présent " j’ai eu une nouvelle fois l’impression d’un vent dans les feuilles,
un vol d’oiseau léger tel un souffle,
Les A m’avaient bel et bien répondu, mes oreilles me trompaient-elles ?
Je poursuivais l’appel,
" B " je n’eu pas à répéter que les B me renvoyaient des " présents " moins
nombreux mais tout aussi résolu. Il est vrai qu’il y a bien moins de B que
de A dans la langue française.
§ 2 Une pronon_iation sans _.
" Les _ sont là ? ", je répétais " Les _ sont là ? " mais que _e passait-il ? Je ne pouvais pas
pronon_er les _ ! Je voulus _rier, _rier un _, un beau _. Je m'ex_itais _’est assez ! en
vain. Je me _almais, sur les rayons de la bibliothèque je pris un livre au hasard que
j’ouvrais au milieu et lu à haute voix :
" Le petit _haperon rouge _ourait en _hantant à tue-tête ", les _ de _e livre avaient
disparu, je rangeais le petit _haperon rouge pour prendre un autre livre et lu de
nouveau :
" _aque fois que Louis n’avait pas envie de faire quelque _hose il _riait « Au loup ! » ", là
en_ore les _ étaient effa_és.
Je me dé_idais à _her_her de l’aide auprès des autres lettres
Je me pen_hais vers la bibliothèque
" Savez-vous où ils sont allés ? par où sont-ils partis ? "
Les lettres me répondirent d’un ton désespéré que non, elles
n’en savaient rien du tout, et même que _’était la première fois
que _ela arrivait. Et il ne fallait pas que _a dure trop longtemps.
La plainte d’un livre de re_ettes me souffla
" Des livres sans _ sont _omme un gâteau sans su_re ",
un livre de _ontes à son tour prit la parole :
" Un livre sans _ _’est comme une prin_esse sans _hevalier "
Le livre a la main je réflé_his un long moment, je _royais devenir fou, _ependant il fallait
bien se ranger à l’éviden_e. Les é s’étaient évaporés et je devais partir à leur re_her_he.
Pourquoi des lettres voudraient partir, où voudraient don_ elles aller ? Peut-être étaientelles simplement tombées, je me baissais afin de regarder sous la bibliothèque, je n’y vis
rien d’autre que de la poussière, peut-être de la poussière de _ ? non il n’y avait pas de
_ dans _ette poussière.
Je me relevais en me demandant par quel endroit de la maison j’allais débuter mon
enquête.
§ 3 Mon poisson me donne une piste.
Je regardais rapidement dans le bureau, rien dans les tiroirs, rien sur le rebord des fenêtres,
ni sur les étagères.
Le bureau donne sur le _ouloir, je le par_ourais du regard, pas l’ombre d’un _, pas même une
tra_e. J’entrais dans la _uisine, dans les pla_ards tout était normal, peut-être ont-ils voulu se
nourrir, mais que peut manger un _ ? Dans le frigo, du beurre et de la _rème, de l’eau et du
a_a_o, du jambon et une _uisse de _anard.
Il n’y avait rien de spé_ial dans la _uisine, j’appelais quant même les _, sans _rier, je n’y
_royais pas.
Je me dé_idais pour la _ave, j’allumais l’ampoule de l’es_alier et je des_endais les quatre
mar_hes en fouillant la _ave d’un _oup d’œil _ir_ulaire. Une pâle lumière é_lairait faiblement
un ensemble hétéro_lite de _artons de vêtements, quelques bouteilles que je laissais vieillir,
des _aisses de livres. En ouvrant rapidement l’un d’eux je _onstatais l’absen_e des _. Pas de _
i_i. Je remontais l’es_alier, allais dans le s_jour.
Après la p_nombre de la _ave, les rayons du soleil envahissant le salon m’_blouirent.
N_anmoins, je fouillais rapidement, sur et sous le _anap_, dans la _hemin_e, sur les _haises
de la table. Je tentais de les appeler de nouveau :
" _, _ revenez, vous manquez à vos _amarades de mots " au_une réponse. Je m’assis un
instant sur le _anapé, fa_e à l’aquarium. Mon poisson Litote aimait parfois être seul, alors il
allait se réfugier dans un _oin où il n’y avait au_un autre poisson.
Peut-être les _ ont-ils fait pareil, ils se sont réfugiés dans un endroit où il n’y aurait pas
d’autres lettres, pas d’autres livres.
Dans quel endroit, dans quelle piè_e pourrait-il ne pas y avoir de livre ?
§ 4 Où j’approche de la solution.
Je passais toutes les piè_es les une après les autres dans ma tête, que _e soit dans les
_hambres, dans la salle de bain, ou les toilettes, partout il y avait ou bien un livre ou bien une
affi_he, ou en_ore des revues.
Au grenier ! Dans le grenier il ne devait pas y avoir de papier dans le grenier, il y avait trop
d’humidité à _ause de tuiles trop vieilles.
J’étais tellement impatient que je grimpais l’es_alier quatre à quatre en manquant de me
_asser la figure.
Arrivant sur le palier, je me suis aper_us qu’il faisait tout noir, j’avais oublié de mettre la
lumière. J’entendais quant même un bruissement et des murmures :
" chut, chut "
J’entendais les C ! je voulus être sûr de pouvoir les dire, je tentais :
" c " tout doucement, puis :
" C ! C ! C ! ", je les criais, les clamais, les cornais dans mes mains en porte voix, puis cessais
d’un coup.
Peut-être leur avais-je fais peur ? je n’entendais plus rien. Pas un son, pas le moindre
frémissement de l’air. Je m’asseyais, patientais un moment puis demandais :
" Vos amies vous demandent, et mes livres ont des creux comme le vide d’une dent tombée
Pourquoi donc avez-vous quitté vos pages, dites moi, C, qu’êtes-vous donc venus chercher ici
?. "
Un silence profond s’installa quelques secondes. Cependant, les C se mirent à débattrent en
eux, d’abord d’une rumeur discrète, puis je pus entendre quelques mots :
" ..pour un bonne lecture.., …mon mot me manque…, qui veux y aller ? ",
enfin un C incandescent sorti de la nuit du grenier, il s’approcha de moi, je le reconnu, il était
la lettre capitale d’un codex du moyen-âge. Il me tendit sa branche inférieur pour que je lui
dise bonjour.
§ 5 Des retrouvailles bavardes.
En roulant sur son arrondi, le C majuscule m’expliqua la raison de leur départ, et le
désarrois dans lequel ils étaient.
" Nous voulions découvrir le monde, nous savons le mot ciel, mais nous n’avons jamais
vu le ciel, nous connaissons le mot colline, mais nous n’avons jamais vu ni la terre ni
l’herbe, et nous voulions savoir si nous avions bien compris le mot courage du
dictionnaire".
Il hésita un moment comme s’il cherchait ses mots, alors les autres C approchèrent,
timidement au début, puis avec plus d’ardeur. Ils se montrèrent, certains me grimpaient
sur la jambe, d’autre sur le bras, le C capitale reprit la parole :
" Nous voulions voir le ciel, mais une fois dans le grenier sans lumière nous avons eu
peur d’être perdu, nous nous sentions seuls, et vous êtes arrivé. " un silence succéda à
ses paroles, alors les autres C l’approuvèrent de leur petite voix :
" oui nous avons eu peur, nous voulons retrouver nos mots tout doux qui nous tiennent
chaud "
Je leur proposais de venir sur moi, je les porterais à la bibliothèque où ils pourraient
retrouver leur livre, leur page, leur mot. Ils n’hésitèrent pas longtemps, et bientôt des
centaines de C avaient trouvé leur place, qui sur mon dos, qui dans mes cheveux. Je
demandais si tout le monde était prêt, je vis un petit C, peut-être le plus timide, courir vite
s’accrocher aux lacets de mes chaussures.
Je descendais délicatement l’escalier en tâchant de ne pas en faire tomber en route. Ça me
chatouillait derrière une oreille, il s’agissait d’un Ç cédille mal accroché.
Je m’arrêtais devant la bibliothèque, subitement les C glissèrent au sol, et grimpèrent dans
les rayons, se faufilant entre les pages pour reprendre leur place dans les livres. J’entendis
alors mille et mille voix se souhaitant le bonjour, se disant le plaisir de se retrouver. Je
remarquais que les lettres étaient bavardent quand on les laissaient s’exprimer.
Le C capital se tourna vers moi :
" Nous sommes encore trop petit pour partir tout seul comme cela à l’aventure, alors s’il te
plait, prends toujours un livre avec toi, et lorsque tu liras nous pourrons voir le monde que
nous te racontons dans nos mots "
Il plongea dans son livre et alors le silence se fit.
Depuis ce temps là, j’ai toujours un livre avec moi et même si je n’ai pas le temps de le lire je
lui fais prendre l’air.
FIN