CHAUFFAGE URBAIN Un mix énergétique gagnant

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Colmar
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JEUDI 19 FÉVRIER 2015
CONFÉRENCE
VALLÉE DE MUNSTER
ALIMENTATION
Les herbiers,
trésors vivants d’ici
et d’ailleurs
Uneannéed’animations
avecl’association
Potagerenvie
Quatorze collèges du
Haut-Rhin mangent
local aujourd’hui
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DR
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Archives L’Alsace/Jean-Louis Lichtenauer
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Photo L’Alsace/Hervé Kielwasser
CHAUFFAGE URBAIN
Un mix énergétique gagnant
La Ville de Colmar a obtenu, pour la deuxième année consécutive, le label « Écoréseau de chaleur » décerné par l’association Amorce. Une distinction qui récompense
l’exemplarité de son réseau de chauffage urbain en matière environnementale, économique et sociale.
Véronique Berkani
En ce jour frisquet de février à
Colmar, la température extérieure
est de 3 °C. Dans la centrale thermique de la Société colmarienne
de chauffage urbain (SCCU), trois
chaudières sont en route (bois,
gaz et fioul) qui viennent compléter la chaleur générée par le Centre de valorisation énergétique
(incinérateur) situé à cinq kilomètres du siège de la SCCU, rue du
Ladhof, grâce à la combustion des
ordures ménagères (70 000 tonnes
par an).Seule ville possédant un
réseau de chauffage urbain de cette importance fonctionnant aux
énergies renouvelables en Alsace,
Colmar est aussi la seule dans la
région à avoir été récompensée en
décembre dernier par le label
« Ecoréseau de chaleur » attribué
par l’association Amorce (voir encadré).
« Le point fort d’un réseau de
chauffage urbain, c’est le mix
énergétique, affirme Richard Gran,
directeur de la SCCU, qui permet,
en fonction des besoins, de puiser
dans les différentes sources dispo-
nibles. En période estivale, nous
n’utilisons que la chaleur produite
par l’incinérateur qui fonctionne
24heures/24 et 365 jours par an
pour l’eau chaude sanitaire. D’octobre à avril, avec le démarrage du
chauffage, nous mettons également en route la chaudière bois,
ainsi que la chaudière gaz. Le fioul
lourd ne sert qu’à l’écrêtement.
Entre le 1er septembre 2012 et le
31 août 2013, par exemple, nous
avons utilisé 3900 tonnes de fioul
lourd. En 2013-2014, la consommation est tombée à 2054 tonnes,
grâce à un hiver plus doux et à
l’optimisation du mix énergétique ».
Du fioul à la biomasse,
en passant par
le charbon
Le réseau de chaleur de Colmar est
constitué de 15 kilomètres de réseau en eau surchauffée (entre
170 et 180 °C), de cinq kilomètres
de réseau à basse température
(entre 90 et 110 °C), et de 250
postes de livraison. Ces 20 kilomètres approvisionnent en chauffage
et en eau chaude sanitaire l’équi-
Le label « Écoréseau de chaleur »
de l’association Amorce
Premier réseau national d’expertise et d’échange des collectivités et des
professionnels en matière de gestion des déchets, des énergies et des
réseaux de chaleur, l’association Amorce, basée à Villeurbanne, dans le
Rhône, a attribué le label « Écoréseau de chaleur » à la Ville de Colmar,
ainsi qu’à 40 autres collectivités françaises gestionnaires de réseaux de
chaleur. Trois exigences devaient être remplies pour l’obtenir : un prix au
logement en coût global compétitif par rapport à la solution de référence, une chaleur distribuée issue de plus de 50 % d’énergies renouvelables
ou de récupération, et l’existence d’un lieu de concertation pour rendre
compte du fonctionnement de ce service aux abonnés et aux usagers, en
l’occurrence, à Colmar, la Commission consultative des services publics
locaux. « Le principal atout d’un réseau de chaleur, explique Serge
Nocodie, vice-président d’Amorce en charge des réseaux de chaleur et
des énergies renouvelables, est, qu’en plus d’assurer la distribution de
chaleur et d’eau chaude sanitaire, il participe à la gestion des déchets. On
atteint ainsi la maîtrise totale, dans des bâtiments collectifs, du coût de
l’énergie sur un territoire. Et contrairement aux énergies fossiles, les
énergies renouvelables échappent pour une large part aux spéculations
des marchés financiers. Les réseaux de chaleur sont ainsi montés en
puissance ces dernières années pour atteindre aujourd’hui 6 % de la
chaleur consommée en bâtiment en France (10 % en Europe). Et ce mouvement devrait s’amplifier car la loi sur la transition énergétique actuellement en discussion prévoit la multiplication par cinq de la part des
énergies renouvelables dans les réseaux de chaleur. »
De gauche à droite : Patrick Neff, responsable de la centrale thermique de Colmar, et Richard Gran, directeur de la Société colmarienne de chauffage urbain,
devant la chaufferie biomasse installée en 2011.
Photos L’Alsace/Hervé Kielwasser
valent de 18 000 logements, principalement dans les quartiers
Ouest et dans le centre-ville (hôpital Pasteur – le point de livraison
le plus important –, stade nautique, piscine Aqualia, Pôle habitat,
Éco quartiers, lycée Blaise Pascal,
Hôpital du Parc, musée Unterlinden, mairie, cité administrative,
préfecture, IUFM, clinique du Diaconat, Montagne Verte – gymnase
et médiathèque –, copropriétés
diverses, etc.).
Fonctionnant au fioul lors de sa
création dans les années 1960,
puis au charbon après le choc
pétrolier de la fin des années
1970, le réseau s’est progressivement orienté vers l’utilisation
d’énergies renouvelables, entraînant un impact très positif sur
l’environnement. À partir de 1990,
la vapeur produite par la toute
nouvelle usine d’incinération est
acheminée vers la centrale thermique pour être récupérée pour le
chauffage urbain.
En novembre 2011, la biomasse
vient compléter le mix avec la
construction d’une chaudière à
bois. « Depuis 2011, nous avons
réduit nos émissions de gaz carbonique de 10 000 tonnes par an et
celles de soufre de 50 tonnes »,
précise Richard Gran. « Ces réductions s’inscrivent pleinement dans
les orientations du Grenelle de
l’environnement et dans les dispositifs prévus dans l’Agenda 21 de la
ville de Colmar », ajoute Jean-Paul
Sissler, adjoint au maire et président de la SCCU.
Chauffage
15 % moins cher
Située rue Henry-Wilhelm, proche
du centre historique de Colmar,
l’imposant bâtiment de la centrale
thermique biomasse aux formes
rondes rehaussées d’essences de
bois aux couleurs chaudes, con-
tient un stock permanent de
1800 m³ de plaquettes forestières, soit l’équivalent de six à sept
jours d’exploitation, « stock adapté aux longs jours fériés alsaciens
et mosellans », plaisante – à moitié – Richard Gran. Fournies par
ONF Énergie, 13 000 tonnes de
plaquettes sont utilisées chaque
année. Le bois est broyé en forêt et
acheminé directement à la centrale par quatre camions par jour en
semaine, cinq le vendredi. « Nous
privilégions les circuits courts, indique le directeur. Le bois provient
pour 80 à 90 % des versants alsacien ou lorrain des Vosges. Il est
très rare qu’il vienne d’ailleurs ».
Cet approvisionnement de proxi-
En semaine, quatre camions livrent chaque jour à la centrale thermique
biomasse de Colmar des plaquettes de bois en provenance du massif vosgien.
UCO01
mité a créé huit emplois de forestiers.
Aujourd’hui, le chauffage urbain
de Colmar utilise, en fonction de la
rigueur de l’hiver, entre 70 % et
80 % d’énergies renouvelables et
de récupération, un taux largement supérieur aux 50 % exigés
pour que l’énergie vendue bénéficie du taux de TVA très attractif de
5,5 %, contre 20 % pour le taux
normal de TVA appliqué à la consommation d’électricité et de gaz.
Un taux qui explique que le chauffage urbain de Colmar figure parmi les moins chers de France, avec
un coût inférieur de 15 % par
rapport à un chauffage collectif
aux énergies fossiles.
Dans les entrailles de la chaudière.