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Comment l’Amérique est le fourrier de l’islamisme
Ukraine : la guerre totale se précise de plus en plus
Grèce : échec ou victoire du mondialisme ?
N° 3175
RIVAROL
“Quand les peuples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir”
12/2/2015
HEBDOMADAIRE DE L’OPPOSITION NATIONALE ET EUROPÉENNE PARAISSANT LE JEUDI
PS : victoire à la Pyrrhus dans le Doubs,
forces et limites du Front républicain
P
OUR la première fois depuis
2012, dans une partielle, le PS
l’a finalement emporté. Certes
de justesse, avec quelque 800 voix
d’avance sur la candidate frontiste Sophie Montel (51,47 % contre 48,53 %).
Après treize échecs successifs depuis
deux ans et demi, le Parti socialiste tient
enfin sa victoire et conserve le siège
de Pierre Moscovici, lequel est depuis
le 1er novembre 2014 commissaire européen. Nul doute que la mobilisation
massive en faveur de Charlie Hebdo
et « l’esprit du 11 janvier » dont se réclame à cor et à cri le gouvernement
ont profité au parti à la rose qui n’en attendait pas tant. Selon une règle bien
connue selon laquelle les guerres, les
attentats, les catastrophes sont généralement très favorables au pouvoir en place,
les citoyens apeurés ayant tendance à se
rassembler autour de leurs dirigeants et à
oublier que l’Exécutif est souvent le premier et principal responsable du malheur
qui les frappe. En 1991 la première guerre
du Golfe avait ainsi entraîné un fort regain
de popularité de François Mitterrand alors
qu’il était auparavant au plus bas dans les
enquêtes d’opinion. De même en 2003
le refus par Chirac de s’engager dans la
seconde guerre du Golfe avait-il été un
soulagement pour les Français qui avaient
alors temporairement plébiscité l’Elyséen
malgré son bilan désastreux à la tête de
l’Etat.
Reste que cette victoire du Parti socialiste est étriquée. Le regain de participation (10 points de plus entre les deux tours
du scrutin) a, semble-t-il, autant profité à
la candidate du FN qu’à celui du PS qui
bénéficiait de surcroît du soutien de la
quasi-totalité des formations politiques, à
la notable exception du Parti de la France.
L’UMP n’avait pas pris de position claire
pour le second tour mais plusieurs de ses
ténors, et non des moindres, comme le
N°3175 du 12 FEVRIER 2015
www.rivarol.com
Imprimé en France/Printed in France
L 14240 - 3175 - F: 3,50 €
aux prédictions faites depuis des décennies par le mouvement fondé par
Jean-Marie Le Pen.
T
député-maire de Bordeaux Alain Juppé
ou le numéro deux du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet, ancienne porte-parole de
la campagne présidentielle de Sarkozy en
2012, ou encore le président du Sénat, le
franc-maçon Gérard Larcher, avaient explicitement appelé à voter en faveur du
candidat socialiste. Nicolas Sarkozy qui
avait imposé à ses troupes, lors des cantonales de mars 2011, le fameux “ni-ni”,
ni PS ni FN, a brouillé son image droitière
lors de cet épisode en semblant faire un
pas en direction de Juppé et en considérant que le FN était de loin le principal
adversaire et qu’il fallait à tout prix éviter
l’élection d’un troisième député FN (sur
577 !) au Palais-Bourbon ! Alors que dans
cette affaire il aurait pu marquer des points
dans sa rivalité avec Juppé qui s’est suicidé auprès de la base militante en faisant
sienne sans aucune hésitation la stratégie
du front républicain, le président de l’UMP
a adopté une stratégie confuse et illisible
qui fait dire même à ses proches que manifestement « Sarko a perdu la main ».
L’absence de Patrick Buisson qui avait
su habilement le conseiller en lui faisant
adopter un discours aux tonalités très
droitières se fait très durement ressentir.
Et comme si cela ne suffisait pas, dès le
lendemain du premier tour, Sarkozy tenait
une conférence grassement rémunérée
au bout du monde, à Abu Dhabi, au lieu
de tenir ses troupes et d’imposer une stratégie comme un vrai chef eût dû le faire.
Ce qui fut du plus mauvais effet.
Même si l’UMP devrait mécaniquement
profiter lors des élections départementales
de mars et régionales de décembre du désamour envers la gauche, rien n’est réglé
pour autant. Le parti ne dispose toujours
pas d’un chef incontesté, d’un candidat de
rassemblement pour la présidentielle de
2017 et ce mouvement est plus divisé que
jamais quant à la conduite à tenir à l’égard
du FN en cas de duel entre ce dernier et
le PS. Si l’UMP montre une certaine complaisance à l’égard de la gauche, cela ne
peut que lui aliéner la base et favoriser le
transfert de nombre de ses électeurs vers
le FN. A l’inverse toute tentative de desserrer le cordon sanitaire autour du FN ne
peut qu’entraîner le départ des centristes
du Modem et de l’UDI qui préféreront
s’allier avec la gauche plutôt que de s’entendre avec une UMP favorable à l’union
des droites. Sa seule stratégie possible
reste donc un strict “ni-ni” bien que celle-ci
soit loin de faire l’unanimité en son sein.
Q
UANT AU Front national, il a à la
fois des raisons de se réjouir et de
s’inquiéter. De se réjouir car sa progression en voix et en pourcentage entre
les deux tours est très significative. Il a
manifestement bénéficié d’un report important d’électeurs de l’UMP, malgré les
consignes du parti, et du renfort d’abstentionnistes du premier tour. La stratégie du front républicain, si elle fonctionne
encore, semble de moins en moins efficace, ce qui est logique puisque le parti est de moins en moins diabolisé sur
le plan médiatique et que Marine Le
Pen tient des discours dans l’ensemble
beaucoup plus consensuels que son géniteur, beaucoup plus médiatiquement
et politiquement corrects. Et aussi parce
que les événements donnent raison
chaque jour davantage aux analyses et
OUTEFOIS, il y a quelques motifs d’inquiétude dans ce nouvel
échec, fût-il très relatif, du FN. Ce
mouvement a toujours le plus grand
mal à faire élire des députés au scrutin majoritaire à deux tours. Rappelons
que, dans le cadre de duels, seuls trois
d’entre eux y sont parvenus depuis
une trentaine d’années : Yann Piat en
1988, Marie-France Stirbois en 1989
et Jean-Marie Le Chevallier en 1997.
Las, la première a été exclue du FN
peu après son élection, a rejoint dans
la foulée la droite parlementaire et a
été assassinée quelques années après,
la seconde n’a pas été réélue et a été
elle aussi exclue du FN quelques années
après pour crime d’anti-marinisme avant
de décéder d’un cancer ; quant à Le Chevallier, alors maire de Toulon, son élection
a été invalidée de manière scandaleuse
par le Conseil constitutionnel en février
1998 et il a quitté définitivement le FN en
mars 1999 avant de perdre sa mairie deux
ans plus tard.
Le mode de scrutin des départementales (majoritaire à deux tours) est le pire
qui soit pour le Front national, même si la
taille des cantons est plus modeste que
celle des circonscriptions ce qui devrait
permettre au FN d’enregistrer davantage
de succès. Mais il devrait avoir du mal,
sauf énorme surprise, à conquérir des
départements car pour ce faire il lui faut
enlever la majorité des sièges, ce qui est
très compliqué lorsque l’on ne dispose
pas d’alliés et que l’on se heurte au second tour à un front républicain qui, pour
avoir perdu de sa superbe, reste quand
même jusque-là redoutable. Comme le
disait Maurras « la République gouverne
mal mais se défend bien ». Et pourtant
le régime n’a a priori pas grand chose à
craindre d’une Marine Le Pen qui se réclame sans cesse des valeurs de la République et qui fait tout son possible pour
être intégrée dans le camp des partis dits
républicains comme l’ont encore montré
ses tentatives désespérées d’être officiellement invitée à la marche du 11 janvier.
RIVAROL,
<[email protected]>.
2
N°3175 — 12 FÉVRIER 2015 — RIVAROL
l De Patrick LARCHMONT :
NOTRE-DAME DU LÉMAN,
PERSONA NON GRATA…
En 2011, le maire (apparenté socialiste) de
Publier, bourgade de 6 500 habitants au bord
du Léman, avait fait installer dans un jardin
public, avec l’accord de son Conseil Municipal, une statue de la Vierge dite « Notre-Dame
du Léman ». Avec, gravée sur le socle, cette
invocation en forme de prière « Veille sur tes
enfants ». Des “Libres-Penseurs”, indignés,
avait porté plainte contre ce qu’ils considéraient une atteinte à la devenue sacro-sainte
Laïcité. L’édile municipal
avait cru trouver une parade en vendant la statue
à une association pour la
bagatelle de 35 000 euros, ainsi qu’une parcelle
de 46 m2 autour du monument pour la somme
symbolique de 138 euros.
Accordant ainsi le bénéfice de l’exterritorialité à
D.R.
“sa” Vierge. C’était mal
connaître l’acharnement
sectaire des adeptes de
la soi-disant “Libre-Pensée”. Ceux-ci, après
4 ans de procédure, viennent d’obtenir du
Tribunal administratif de Grenoble que la
statue soit expulsée hors du Domaine public.
On ne sait pas si le nouveau maire (DVG)
Gaston Lacroix (une provocation au pays de
la Laïcité que ce patronyme !) va faire appel
de cette décision.
En revanche — toujours à propos de cette
Vierge du Léman que certains esprits tordus ne sauraient voir, pour mieux illustrer
la bêtise et l’acharnement “laïcards” qui se
sont emparés de certains Souchiens, que l’on
me permette de raconter le dialogue surréaliste que voici, entre un Souchien s’affichant
libre-penseur et un allogène d’origine maghébine né natif de la Savoie. Le premier,
Pierre-Henri (un prénom très marie-chantalien !), s’exprimant dans « Les Auditeurs ont
la parole » le 6 février (une date qui ne dit rien
aux jeunes générations !) sur RTL déclara
sans ambages que la présence dans un espace
public d’une “Vierge” était une « atteinte intolérable » au principe de la Laïcité. Le second,
Kader, lui répondant, après avoir rappelé ses
origines “musulmanes”, tout en s’affirmant
« Français d’abord, et fier de l’être », que cette
statue faisait partie du paysage, que « sa présence ne le chagrine pas » (sic !), qu’elle « rappelle les racines chrétiennes de “mon” (re-sic !)
Pays » (que penserait Chirac de ce propos —
lui qui avait prétendu que les racines de la
France étaient autant musulmanes que chrétiennes — s’il n’était devenu cacochyme?), et
que de toute façon, les gens qui fréquentaient
le jardin public concerné n’étaient pas obligés
de se mettre en prière, pas même de saluer la
Mère du Christ en passant devant sa statue.
Rappelant in fine que Marie était honorée en
tant que Mère du Christ dans le Coran… Que
n’avait-il dit là ? Son contradicteur lui lançant aussitôt: « C’est bien la preuve que — je
le cite — que « cette statue est une référence
religieuse ! ». Ce que personne ne contestait !
Fermons là le ban, comme l’ont fait d’ailleurs
(prudemment ?) les deux journalistes qui animaient cette émission…
Quand les Souchiens militants de la Laïcité,
athées ou non, se rendront-ils compte qu’en
faisant ainsi place nette (cela me fait penser
à un « nettoyage ethnique » qui n’ose pas
dire son nom !) de tous les signes extérieurs
du Christianisme auquel la France (que cela
plaise ou non!) doit une bonne partie de ses
racines, de sa Civilisation et de sa Culture, ils
font le lit de l’Islam. Cette religion envahissante — pour ne pas dire conquérante — qui,
de son côté, avance impunément ses pions en
faisant interdire la viande hallal dans les cantines (qu’elle a fini par imposer jusque dans
la Grande Distribution,), les crèches et même
les arbres de Noël un peu partout, ou même
la vente du porc dans des boucheries situées
dans des « quartiers sensibles », en obtenant
le « droit à la prière » sur certains lieux de
travail, et en imposant progressivement —
malgré la Loi — la tolérance de la burqa
jusqu’aux sorties des écoles, etc. Sans par-
ler d’autres « signes extérieurs », tels que la
construction sur des terrains cédés à des prix
symboliques par des Mairies, de mosquées
de plus en plus nombreuses, de plus en plus
grandes, co-financées de plus en plus avec de
l’argent public… Jusqu’au jour où ces “croisés” jusqu’au-boutistes de la Laïcité (pour ne
pas dire de l’intolérance) découvriront mais
un peu tard, que la France est devenue « Terre
d’Islam ». Et, l’heure de la charia ayant sonné, qu’ils ont eu le tort de couper les racines
chrétiennes de leur pays, comme d’autres
naguère la tête à leur roi… Ils ne pourront
même pas dire, ainsi que l’avait fait Churchill
après la Seconde Guerre
mondiale « nous avons tué
le mauvais cochon ! ». Que
l’on me permette de souhaiter que des centaines
de milliers d’allogènes qui
pensent comme Kader —
à savoir que la France est
leur seul et véritable pays,
qu’elle doit être fière de
ses racines, de son histoire
et de sa culture — osent
s’exprimer publiquement
« tous ensemble » pour
faire comprendre — à la place de Souchiens
émasculés par les Lois Pleven et Fabius/Gayssot/Lellouche et par sans cesse de nouveaux
“hadith” laïcards — à nos Gouvernements,
aux élus, aux media et aux associations aussi
babouchards les uns que les autres, qu’il est
plus que temps de changer de politique tant à
l’égard de citoyens qui ne sont que des Français de papiers (je mets délibérément ce mot
au pluriel !) que de tous les idiots utiles qui,
par démagogie ou pour tout autre raison (notamment la haine congénitale de tout ce qui
rappelle le Christianisme), sont en train de
transformer la France — au nom du « droit à
la différence », du « vivre ensemble » et autres
fumisteries pernicieuses — en un vaste melting pot de races, de religions, de mœurs et de
coutumes où personne ne se reconnaît, personne ne se comprend, personne ne s’aime, et
où personne (bientôt) ne se sentira plus Français de cœur et d’esprit.
l De Claude-Jean COURAUD :
MÉMOIRE SÉLECTIVE
DE JOSEPH PINARD
Peu de “Rivaroliens” sans doute ont entendu
parler de Joseph Pinard. Professeur d’Histoire,
78 ans, auteur d’ouvrages appréciés sur l’Histoire de la Franche-Comté, venu à la politique
par le militantisme catholique, celui-ci avait
été élu député socialiste à Besançon en 1981.
Voilà que cet ancien parlementaire refait parler de lui après la coupure de courant opérée
par la CGT-Mines-Energie (avec la “complicité” — on l’imagine — d’un membre d’ERDF)
qui avait interrompu la conférence de soutien au candidat socialiste qu’était venu faire
Valls Manuel avant le 1er tour de la Législative
partielle de la 4e circonscription du Doubs et
privé 2 000 habitants d’électricité. Joseph Pinard a tenu en effet à dire, en ne mâchant pas
ses mots – je le cite — : « l’opération de sabotage (sic !) de la CGT me rappelle fâcheusement
les méthodes d’obstruction pratiquées par les
poujadistes à l’égard de Mendès-France » (1)…
qui intervenaient avec fracas (c’était en 1956),
dans les réunions politiques. Voilà qui est vrai,
certes, mais pourquoi s’en tenir à ce rappel de
faits largement prescrits ? Comme si, depuis
sa création (elle date de 1972 !), le FN et tous
les mouvements ou associations qualifiés d’extrême-droite ne voyaient pas leurs réunions et
leurs meetings régulièrement attaqués ou perturbés par les gros bras de la CGT ou d’autres
formations encore plus violentes de l’ultra-gauche ? Comme si, de plus en plus souvent, des Préfectures n’interdisaient pas des
réunions de gens qualifiés d’extrême-droite
sous le prétexte de risques de troubles à l’ordre
public du fait de ces contre-manifestants ?
Qui ne se souvient également de cette dame
âgée (2) qui, venue assister à une Conférence
donnée à la Maison de la Chimie à Paris sur
un sujet qui n’avait rien de politique, avait
été mortellement blessée par des nervis d’extrême-gauche ? Lesquels, venus troubler une
NOS DEUILS : JEAN HÉLÈNE
Nous venons d’apprendre le décès de Monsieur Jean Hélène du Havre, abonné à
RIVAROL depuis des dizaines d’années. Ancien militant des Jeunesses francistes, engagé volontaire en 1943 en Schutzkommando pour combattre les communistes serbes
de Tito, condamné à l’indignité nationale, il n’aura cessé le combat jusqu’au dernier
jour. Ses obsèques ont eu lieu en la chapelle Saint-Grégoire du Havre et un hommage
militant lui a été rendu par la jeunesse qu’il a toujours encouragée.
Toute l’équipe de RIVAROL présente à sa famille et à ses amis ses condoléances les
plus sincères et les plus attristées.
réunion qualifiée d’extrême-droite, s’étaient
tout simplement trompés de cible. Même si je
considère Joseph Pinard comme un honnête
homme (je l’ai connu du temps que j’exerçais
des activités en Franche-Comté) (3), je regrette
que, comme beaucoup de gens de gauche, il ait
la mémoire un peu trop sélective. Etonnant,
pour un historien, non ? D’ici qu’il compare
les “saboteurs” cégétistes de la 4e circonscription du Doubs aux « gros-bras poujadistes d’antan », il y a un pas que je lui laisserai franchir…
(1) que l’on sache, ces poujadistes — contrairement à la CGT — ne se servaient pas de
l’outil d’un Service Public !
(2) non, elle ne s’appelait pas Oussekine (du
nom de Malik Oussekine, “complexe” qui, depuis 1986, paralyse les policiers), et ce genre
de bavure n’est pas comptabilisé et encore
moins mémorisé, Place Beauvau.
(3) écœuré par les dessous de la vie au Palais-Bourbon, il avait préféré ne pas briguer
un second mandat…
l De Xavier BONNEAU :
VRAIE PROFESSION DE FOI
D’abord un grand bravo pour l’éditorial de
Jérôme Bourbon du numéro 3171 du 15 janvier 2015 (je suis toujours décalé dans le
temps car je reçois les RIVAROL avec deux
ou trois semaines de retard à mon domicile indonésien). Ni Charlie ni Charia ni Mossad ni
CIA, ni qui que ce soit qui détruit notre civilisation. Cet éditorial est une vraie profession
de foi, un socle autour duquel les lecteurs de
RIVAROL peuvent se réunir.
Et un commentaire positif aussi sur la publication d’un rectificatif de Civitas dans un
numéro précédent (RIV. du 8 janvier 2015),
à propos de la crèche bénie par Mgr Fellay
au parlement européen. Je crois que c’est
Civitas qui a raison en l’occurrence. Toutes
les occasions sont bonnes pour manifester
publiquement qu’il y a des gens qui ne se résigneront jamais à l’abandon de ce que nous
sommes, l’identité chrétienne de l’Europe en
l’occurrence. J’ai souvent remarqué que les
personnes qui critiquent toujours toute initiative allant dans le bon sens parce que ce n’est
pas le moment, pas le lieu, pas les bonnes personnes, etc. sont les mêmes qui trouvent toujours un prétexte pour ne jamais agir ellesmêmes quand il y a urgence.
J’ai noté que le commentaire de Jérôme
Bourbon à ce rectificatif de Civitas était raisonnable et pondéré. Civitas occupe un certain créneau, RIVAROL un autre. Il peut
arriver qu’il y ait des angles d’attaque différents sur certaines questions qui amènent à la
décision d’agir ou non, ou d’agir d’une certaine façon plutôt que d’une autre.
Peu importe, pourvu qu’on se retrouve sur
l’essentiel.
l De R. DASSY :
FÉLICITATIONS À HANNIBAL !
Les conseils de Thierry Martin (droit aux
lettres du 5 février 2015) sont minables pour
ne pas dire plus, et pas dignes d’un rivarolien. « Qui veut conserver sa vie la perdra », dit
l’Evangile. Dès l’année 1974, il n’a pas manqué de bonnes âmes pour conseiller la même
chose au Professeur Faurisson. Mais lui, impavide, a continué à enfoncer le clou. Cela
s’appelle le Courage. La meute est d’autant
plus féroce qu’elle a en face d’elle des couards
qui s’imaginent que la langue de bois va leur
épargner le pire. Continuez, Jérôme Bourbon, ce qui compte c’est d’accéder à la Vie
Eternelle, non de lutter contre le réchauffement climatique et la protection de la planète.
Chaudes félicitations à Hannibal pour sa
genèse de la Shoah. Un vrai feu d’artifice,
une page d’anthologie. Si la XVIIe chambre
correctionnelle la passe au crible, elle en aura
pour son argent.
P.S. : Il faut dire à Jim Reeves que ce n’est
pas la Cathédrale du Puy qui est bâtie sur le
Rocher Corneille mais la statue Notre-Dame
de France, fondue avec les canons du siège
de Sébastopol donnés par Napoléon III avec
une souscription de 12 000 francs (or). Frédéric Mistral a célébré cette statue dans les
Olivades avec ces quatre vers :
« Sur la Roche Corneille du Puy
Tu es, ô Vierge aimée,
Notre-Dame de France
Un nom que nous te fîmes. »
l De BOCAGE :
LETTRE OUVERTE À DIEUDONNÉ
Le prisonnier révisionniste allemand Gerd
Ittner a eu l’idée d’adresser une lettre ouverte
à Dieudonné. Voici cette lettre datée du 7 février 2015 :
« Cher Monsieur Dieudonné,
J’ai demandé à un de mes amis français de
vous transmettre cette lettre et de la publier
pour moi. Je ne peux pas le faire moi-même
car je suis prisonnier politique dans la République Fédérale d’Allemagne — juste à cause
d’un discours totalement non violent. Uniquement pour avoir usé de la liberté d’expression,
je suis emprisonné depuis désormais trois ans.
Quelle hypocrisie : d’une part ils scandent « Je
suis Charlie » en louant la liberté d’expression
la plus totale et en prétendant combattre le terrorisme ; et d’autre part ils se font eux-mêmes
terroristes contre la liberté d’expression ! En
2012, après m’être exilé sept ans dans différents pays, j’étais arrêté au Portugal et extradé en RFA pour avoir exprimé mes pensées
[contre la guerre en Irak, dénonçant le gouvernement des Etats-Unis et le génocide amérindien] en 2002 et 2003.
Evidemment, j’étais fautif car je n’ai pas
usé de la bonne liberté d’expression, celle
dans le seul but d’humilier les religions et de
heurter plusieurs millions de personnes par
des dessins du prophète Mohamed ; j’ai usé
de la mauvaise liberté d’expression, celle qui
concerne la critique des histoires d’“Holocauste” : des histoires mises en œuvre par un
très puissant et très influent lobby organisé,
tenant un business et faisant pression sur les
politiques et la Finance.
J’ai donc appris que la démocratie permettait de heurter les sensibilités religieuses de
plusieurs millions de personnes à travers le
monde mais ne permettait pas de déranger
le business d’un certain groupe d’individus
par des questions gênantes. Qui a besoin
d’une “démocratie” comme celle-là, à part
ces mêmes individus ? J’ai toujours cru que
la démocratie défendait les intérêts du peuple,
pas d’un petit mais très influent groupe
d’hommes d’affaires et de maîtres-chanteurs
apatrides.
Ma peine s’est terminée en octobre 2014
mais je n’ai pas été libéré de prison. Je dois
rester ici en attendant un autre procès pour
« négation de crimes contre l’humanité » qu’ils
ont ouvert contre moi. Je suis accusé davoir
« nié l’Holocauste » dans des lettres privées,
écrites lorsque j’étais en prison au Portugal
alors que j’attendais mon extradition. Le
sujet de mes lettres n’était pas d’aborder la
question de “l’Holocauste” en détail, mais
juste de demander pourquoi la liberté d’expression n’est pas effective pour cette période
de l’Histoire.
Le procureur d’État a dit que poser cette
question constituait en soi un délit car mes
intentions étaient de nier “l’Holocauste”. La
Cour a dit que je devais attendre mon procès
en prison car j’allais encore y passer un long
moment pour mon terrible crime.
Peut-être que vous et vos lecteurs pourriez
demander à l’ambassade d’Allemagne en
France comment la RFA peut s’exclamer « Je
suis Charlie » et louer la liberté d’expression,
en intimant l’ordre de respecter cette liberté
d’expression à la Chine et à la Russie — pendant que des personnes comme moi sont enfermées en tant que prisonniers politiques,
tels des grands criminels, juste à cause d’un
discours non violent.
Cher Monsieur Dieudonné, j’apprécie beaucoup votre travail et votre état d’esprit. Je
vous assure de mon soutien et de ma sympathie. Bien cordialement,
Gerhard Ittner, prisonnier politique en
RFA. »
l De Martin GUYNOT :
S’AGENOUILLER
DEVANT L’ÉTAT JUIF !
Comme par hasard, au moment où Dieudonné est traduit en justice pour avoir dit
« Je me sens Charlie Coulibaly », un Coulibaly
(ils sont légion au Niger) agresse des plantons
devant un bâtiment juif (comme par hasard).
La ficelle est grosse mais comme aurait dit
Hitler : « Plus c’est gros mieux ça passe ».
Pour sa part, Gilbert Dubreuil écrit dans
Le Courrier du Continent : « Quels que soient
leurs liens, les deux entités ont les mêmes intérêts, le même agenda : déstabiliser le ProcheOrient, et exporter dans le monde entier leur
propre folie meurtrière. Ce que les imbéciles
et les salauds qui commettent des attentats sur
notre sol doivent savoir c’est que plus ils en
commettront, plus la France devra s’agenouiller devant l’Etat Juif. »
l D’A. V. :
D’ACCORD AVEC
THIERRY MARTIN !
Dans le dernier courrier des lecteurs (RIV.
du 5 février 2015), Thierry Martin adresse
une supplique à Jérôme Bourbon. Je suis
bien d’accord avec lui. Quand j’ai lu la page
d’Hannibal sur la religion de la Shoah, je
me suis dit que cet article n’était pas forcément judicieux, car il risquait d’entraîner de
sérieux ennuis non seulement à son auteur,
mais aussi à RIVAROL. Or nous voulons que
RIVAROL continue, car il est une des rares
voix encore lucides dans ce monde enténébré.
Inutile donc de donner à l’ennemi des bâtons
pour vous faire battre (ou vous faire taire).
D’ailleurs, sur les sujets qui risquent de tomber sous le coup de la loi Gayssot (ou de toute
autre loi à venir), je pense que les lecteurs de
RIVAROL ont déjà leur religion établie. Inutile donc d’en rajouter.
N°3175 — 12 FÉVRIER 2015 — RIVAROL
(Dessins de Chard)
J
E NE reviendrai pas sur l’affaire du nini dont Sarkozy sort sérieusement affaibli. Quelques jours auparavant, il s’était
mis en tête de rencontrer la chancelière
Merkel, histoire d’assoir sa stature de futur
président. Il souhaitait la rencontrer seul et
avait écarté dans un premier temps Bruno
Le Maire. Mais les résultats de celui-ci à
l’élection du président de l’UMP ont fait
qu’il avait été obligé de l’emmener dans ses
bagages. Las, les choses ne se sont pas très
bien passées à Berlin.
SARKOZY, REÇU PAR
MERKEL COMME UN
LIVREUR DE PIZZAS
A en croire la revue Challenges, il aurait
eu droit à « un protocole pour visiteur de
second rang » de la part de la chancelière
allemande. L’accueil fut proprement glacial. Pas question qu’il pénètre au siège de
la CDU par la grande entrée. Il eut droit à
y accéder par le sous-sol, « comme un livreur de pizzas » relève Challenges. Puis
on le fit longuement patienter au troisième
étage, reçu par un « second couteau » du
parti. Pendant ce temps-là, la chancelière,
installée au sixième étage, réglait quelques
menus dossiers, plus importants dans son
esprit que la rencontre avec l’ancien président. Après une longue attente, relève
Challenges, il fut reçu, mais moins d’une
heure, hors présence de toute caméra. Il n’y
a guère que le photographe de la CDU qui
ait eu droit de prendre à son intention une
photo souvenir que Sarkozy s’empressa de
faire mettre sur le site de l’UMP en gommant dans un premier temps, vieille méthode bolchevique, la présence de Bruno Le
Maire et de Pierre Lellouche qui l’accompagnaient. On imagine le mécontentement
de ces derniers. En tout cas, la photo non
caviardée réapparut assez vite sur le site. A
propos de cette visite, certains responsables
du parti évoquent un cuisant “non-événement” et affirment qu’il est souvent « à côté
de la plaque », le député Eric Ciotti assénant quant à lui: « La magie s’est envolée ».
Décidément, Sarkozy n’a pas encore gagné
la partie…
DU CÔTÉ
DES IMBÉCILES (SUITE)
Il s’appelle Charles Demouge et était le
candidat de l’UMP aux élections législatives partielles organisées dans le Doubs.
On connaît le résultat. La candidate du FN
qui a manqué au second tour l’élection d’un
cheveu est arrivée largement en tête au premier devant le candidat socialiste. Contre
toute attente, l’UMP Charles Demouge a
été éliminé. Tant mieux, au demeurant. Cet
exceptionnel imbécile, qui a tout compris,
n’avait rien trouvé de mieux que d’affirmer
au micro de BFMTV, le 30 janvier, lors de
sa campagne électorale : « Ce sont les bons
petits blonds qui m’emmerdent et pas les
gens de l’immigration ». Il évoquait aussi
les « Français autochtones ».
Un député UMP, Philippe Meunier, a fort
justement twitté : un candidat à l’Assemblée nationale qui déclare ; « ce sont les
bons petits blonds qui m’emmerdent et pas
les gens … de l’immigration », mérite sa défaite. Bernard Antony n’a
pas apprécié, lui non plus. Envisageant des poursuites pour ces « propos violents et inacceptables », il
demande au président de l’UMP,
Nicolas Sarkozy, de sanctionner immédiatement ce membre de l’UMP,
comme l’UMP a pu en être capable
lorsqu’il fallait sanctionner des propos “homophobes” ou “racistes”. Une femme qui a accouché estelle une femme ou un homme ? La
question paraît parfaitement saugrenue et débile. Mais elle est des plus
sérieuses. C’est le site Nouvelles
de France qui raconte ce nouveau
délire que l’on trouve en nombre
aux Etats-Unis. La ville de NewYork demande aux femmes qui ont
accouché dans ses hôpitaux et cliniques de préciser dans le certificat
de naissance si elles se définissent
comme des mâles ou des femelles,
rapporte le New York Post. Il y a ainsi une
case à cocher pour choisir “masculin” ou
“féminin”. Une avocate, Me Susan Sommer, appartenant à un groupe LGBT extrémiste, explique le plus sérieusement du
monde : « Pour être clair, il est possible
qu’une personne qui a donné naissance à
un enfant s’identifie comme un homme ». Ils
sont fous à lier…
INTERDICTION DE
CONSTRUIRE DES
MOSQUÉES EN LOMBARDIE
La construction de mosquées est désormais interdite en Lombardie, l’une des régions les plus riches d’Italie, gérée par la
Ligue du Nord. Roberto Anelli, conseiller
régional de Lombardie, a expliqué : « Mosquée ne veut pas dire terrorisme, mosquée
veut dire risque de terrorisme. Moi je n’ai
jamais vu un pasteur chrétien dire que
tuer vous ouvre les portes du royaume des
cieux ». Les membres du parti avaient déjà
défrayé la chronique après le slogan : « Oui
à la polenta, non au couscous ». « Il y a
beaucoup trop de musulmans, ça atteint des
niveaux incroyables, moi je veux que ça
s’arrête », assène un électeur de la Ligue du
Nord. Courageux Italiens… Imagine-t-on
une seule seconde des responsables du FN
demander l’interdiction de la construction
de mosquées et tenir de tels propos ? Pas
sûr que Marine Le Pen apprécierait. On a
pu découvrir dans le dernier numéro de RIVAROL l’islamophilie galopante de Steeve
Briois, maire d’Hénin-Beaumont sans que
la présidente du FN ne lui reproche quoi
que ce soit. Décidément, la France est bien
malade…
QUI EST SOPHIE MONTEL ?
C’est Francetv info qui nous raconte qui
est Sophie Montel, la candidate du FN
dans la législative partielle du Doubs ?
Le site L’entente, qui se donne pour mission « d’observer le FN » a découvert dans
les archives quelques propos bien sentis
de celle qui est aujourd’hui députée européenne. Ils datent du 23 septembre 1996.
Jean-Marie Le Pen venait de déclarer que
« l’inégalité des races » était une évidence,
suscitant le scandale. Le socialiste Michel
Loyat avait interpellé celle qui siégeait
alors au conseil municipal de Besançon.
Voici sa réplique : « Constater que la civilisation des Pygmées au XXe siècle aussi
nombreux que les Athéniens du siècle de
Périclès n’est pas égale à celle de la Grèce
Antique n’injurie pas les Pygmées. Constater que la civilisation des Esquimaux aussi
nombreux que les Juifs n’est pas égale à
celle d’Israël et n’a pas joué le même rôle
dans l’histoire du monde ne constitue ni
une injure aux Esquimaux ni une atteinte
à la vérité. L’observation que les enfants
d’origine vietnamienne s’adaptent généralement mieux aux études et au travail que
ceux de l’immigration africaine est le fait
de tous les enseignants, même de gauche.
Nous affirmons que la civilisation française
de notre grand siècle était supérieure dans
tous les domaines de l’épanouissement de
l’esprit, des arts et des lettres à celles des
3
Huns et des Bantous. » Audacieux mais fort
juste ! Mais tiendrait-elle encore ces propos
aujourd’hui au sein d’un Front national mariniste qui flirte souvent avec le politiquement correct ? On est en droit d’en douter.
Sophie Montel s’est d’ailleurs défendue en
disant qu’elle n’avait que lire l’argumentaire du parti en 1996 et que cela ne pourrait
plus se reproduire, Marine Le Pen ne risquant pas de disserter sur « l’évidente inégalité des races ». Preuve de plus que le FN
a bien changé depuis le temps où le Menhir
dirigeait le mouvement.
UNE ÉTONNANTE HISTOIRE
SYRIENNE : DES FEMMES
UTILISÉES COMME APPÂTS
L’histoire est étonnante. Elle se situe
dans le contexte de la guerre en Syrie. Des
pirates informatiques volent aux rebelles
syriens des informations sensibles, y compris des plans de bataille et l’identité de
déserteurs, en utilisant comme appât des
supposées femmes, a affirmé la firme américaine de sécurité informatique FireEye
qui décrit la manière dont les opérations
de piratage ont visé, fin 2013 et début
2014, des combattants de l’opposition,
des militants en charge des media et
des travailleurs humanitaires. Parmi
les informations subtilisées figurait
notamment le plan de bataille des rebelles pour capturer Khirbet Ghazalé,
une localité stratégique située dans la
province méridionale de Deraa. Les
insurgés furent dans l’incapacité de
s’en emparer, face à la résistance des
troupes de Bachar al Assad, étonnamment bien informées de leurs routes
d’approvisionnement, des heures du
transfert de missiles antichars ou de
leurs plans d’attaque. De façon générale, dit un rapport de la société américaine, ce piratage a permis d’obtenir
« de solides renseignements donnant un
avantage militaire immédiat sur le champ
de bataille », et une connaissance approfondie de la stratégie des rebelles.
Pour pirater toutes ces informations,
les hackers ont utilisé certes la haute
technologie mais aussi des “appâts” humains. Ces derniers, se présentant comme
des femmes partisanes de l’opposition,
prenaient contact avec l’ennemi et leur
envoyaient leur supposée photo, qui
contenait des logiciels malveillants qui
permettaient de prendre connaissance de
tous les fichiers de l’ordinateur. Autre
technique utilisée par les pirates : la création de faux comptes et de faux sites de
l’opposition dont la consultation avait
pour conséquence d’infecter leurs ordinateurs. On apprend que l’un des plus
célèbres groupes de hackers est l’Armée
électronique syrienne (pro-gouvernementale) qui a attaqué des sites de différents
media à travers le monde ainsi que des
hommes politiques.
BERNADETTE VOULAIT FAIRE
ENFERMER CHIRAC DANS UNE
INSTITUTION SPÉCIALISÉE
Jacques Chirac est à la mode : trois biographies en librairie, un documentaire et
un album photo. Il y a notamment un livre
très bien informé écrit par Béatrice Gurrey,
grand reporter au Monde. On apprend dans
Les Chirac, secrets d’un clan (éd. Robert
Laffont) que Bernadette Chirac est assez
épouvantable sur le plan comportemental
et qu’elle a la dent particulièrement dure
à l’encontre de son époux. Elle a déclaré :
« Ce type-là a gâché ma vie ». On apprend
que Bernadette avait souhaité le faire enfermer dans une institution spécialisée… Par
ailleurs, les relations avec sa fille Claude
ont souvent été plus qu’exécrables. Quelle
famille !
VALEURS ACTUELLES,
LUI AUSSI CONDAMNÉ
Décidément la répression n’en finit
pas. Il n’y a pas que RIVAROL et Minute à être persécutés.Le directeur de
la publication de l’hebdomadaire Va-
leurs actuelles, Yves de Kerdrel, a été
condamné mardi 3 février à 2 000 euros
d’amende pour provocation à la discrimination envers les musulmans, pour sa
“une” du 22 septembre 2013 représentant une Marianne voilée à côté du titre
« Naturalisés : l’invasion qu’on nous
cache ».Yves de Kerdrel a également été
condamné à verser 1 euro de dommages
et intérêts à l’Union des étudiants juifs
de France (UEJF), qui avait saisi la justice, la même somme à SOS-Racisme, et
500 euros de dommages et intérêts à la
Maison des potes, ainsi qu’à la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra). Le parquet avait requis
une amende de 5 000 euros. Le procureur Solène Gouverneyre, dont il serait
étonnant qu’elle ne fît pas partie du Syndicat de la magistrature, a estimé que
cette couverture « joue avec les amalgames et les raccourcis », exhorte « à la
haine », « incite en lui-même au rejet
par sa connotation agressive ». L’avocat
de l’Union de étudiants juifs de France
a, quant à lui, dénoncé l’« extrême violence » de cette “une” qui vise « l’ensemble des musulmans ». Kerdrel évoque
une « régression du débat intellectuel »
et relève que « ce qui pouvait être dit
il y a vingt-cinq ans ne peut plus être
dit aujourd’hui ». Ça, on le sait depuis
longtemps à RIVAROL. Prochain procès
pour Valeurs actuelles le 5 mars pour sa
couverture : « Roms, l’overdose ». Mais,
rassurons-nous, Valeurs actuelles ne devrait pas être trop lourdement condamné
car l’hebdomadaire sarkozyste est, lui,
ultra-sioniste, philosémite et anti-révisionniste.
LE NOUVEAU PATRON DE LA
CGT ACCUSÉ D’ÊTRE RACISTE !
Laurent Gabaroum, de nationalité française, né au Tchad, est cadre chez Renault
et occupait des fonctions d’encadrement
à la CGT. Il se dit victime d’une « chasse
au nègre récalcitrant » selon son expression et avait été mis au placard pour
avoir évoqué la question de la diversité et du racisme au sein de la fédération
métaux dont il dénonçait « l’absence des
Noirs aux responsabilités ». C’était en
2008 et le patron de la fédération était
Philippe Martinez, qui vient d’être élu à
la direction de la CGT. Gabaroum avait
écrit une lettre à Martinez où il déclarait : « Le Noir de la CGT porte ainsi en
lui les germes de bien de maux cachés
qui le confine d’emblée dans un statut de
“nègre de service” ». Il commentait la
discrimination dont il se disait victime :
« [ils m’ont] empêché de conduire la
liste CGT aux élections prud’homales
étant le seul conseiller sortant de la section Encadrement à rempiler pour un second mandat parce que, susurre-t-on, un
Noir tête de liste serait du plus mauvais
effet sur les électeurs dans l’isoloir. » et
il ajoutait : « Ce comportement de rejet
et d’agression téléguidé depuis Montreuil a pour objet de me contraindre à
renoncer à mon engagement antiraciste,
à composer avec les auteurs des actes
racistes et à monnayer mes convictions
antiracistes au détriment du droit à la
justice. » Rien que ça ! Martinez n’avait
pas apprécié la plaisanterie et Gabaroum
fut contraint à démissionner du syndicat.
Dans quel monde vivons-nous !
Robert SPIELER.
N°3175 — 12 FÉVRIER 2015 — RIVAROL
4
J
ANVIER est traditionnellement le mois
des soldes. Au cours du premier mois
de l’année 2015, c’est grosso modo ce
qu’il restait, dans notre pays, d’intelligences
individuelles, ou plutôt personnelles, qui a
été bradé pour solde de tout compte. De
tout conte, conviendrait-il d’écrire. De
tout conte à dormir debout.
Tant il est vrai que le peuple
qui s’est prétendument levé,
crayons au clair, content de
soi comme jamais, a rarement été à ce point et aussi
massivement couché devant
les dicteurs-dictateurs, de
l’abêtissement collectif, de
l’abaissement national. Le
dimanche 11 janvier a offert
le spectacle, sur les routes et
les places de nos villes et de
nos villages, d’une étrange et
inhabituelle transhumance de
troupeaux, rassemblant, selon les dires pour une fois concordants de
Valls, organisateur de la cohue, et de Cazeneuve, encadreur de l’attroupement, près de
quatre millions1 de moultons.
LA GUERRE DES MOULTONS
Qu’est-ce que le moulton ? Le moulton
est une créature socialoïde, à ce titre un
chouia dégénérée et quelque peu monstrueuse, qui tient du mouton par son instinct grégaire et panurgique et de la moule
par son quotient intellectuel. Le moulton
ne déteste pas qu’on lui tonde la laine sur
le dos. Quand on lui dit de s’indigner, le
moulton s’indigne. Quand on lui dit de bêler, le moulton bêle. Quand on lui dit de
s’accrocher à des crayons dressés comme
des bouchots, le moulton s’accroche à eux
comme une moule à son hochet. Le moulton est un animal politiquement très correct,
moderne, déraciné, consensuel, ouvert à autrui. Il est antiraciste et anti-amalgame. Il
est en guerre contre l’injustice, la violence,
le malheur. Le moulton est moutonnier
et doux comme un agneau. Il aime qu’on
pense pour lui et répète ce qu’on lui dit
de dire. Le moulton n’est pas mécontent
de ressembler à son voisin, voire d’être
confondu avec lui. Il aime généralement
ce qui est multi, pluri, trans ou bi : un pays
multiculturel, une société pluriethnique,
une personne transsexuelle, un bisounours
bisexuel. Il affectionne les suffixes en phile
et les abhorre lorsqu’ils sont en phobe. Il est
pour la liberté d’expression sauf pour celle
qui contredit les canons du catéchisme républicain. Le moulton pense que nul n’est
méchant volontairement et qu’il est possible de construire une société bonne rien
qu’avec des bons sentiments. Bien qu’il soit
pour moitié un animal maritime, le moulton n’aime pas ce qui fait des vagues ; tout
au plus une marée humaine de temps en
temps. Le moulton est très républicain. De
la république il professe les valeurs et vante
les pâleurs. Bref, le moulton aime la liberté
domestiquée, la fraternité laïque et obligatoire, l’égalité surveillée.
LA FÊTE DU MOULTON
Le moulton est fêté en France selon des
dates aléatoires. Cette année, la fête du
moulton a été célébrée le 11 janvier. C’était
une manière d’Aid Al Adha géant et œcuménique ou, si vous préférez, une façon
d’Aid El Kébir quasi planétaire. Tous les
muezzins républicains avaient appelé, dans
une belle et incroyable unanimité, au rassemblement de tous les moultons de bonne
volonté, de France, de Navarre, de partout
Chard sur la toile
Allez donc vous délecter des
caricatures de Chard auxquelles
un de ses admirateurs, fervent
lecteur de RIVAROL, vient de
consacrer un site, déjà très fréquenté :
<http://dessinsdechard.free.fr>
et même d’ailleurs. A l’occasion de cette
« Grande prière » les moultons ont fièrement arboré, particulièrement entre République et Nation, comme un titre de séjour
et d’appartenance à la communauté universelle des bien-pensants, des pancartes plus
ou moins artisanales sur lesquelles était ins-
D.R.
crit, en lettres de deuil atroce et généralisé,
le nouveau cri de ralliement des soumis : Je
suis Charlie. Lors de cette grande fête du
moulton, nous avons appris au moins trois
choses, qui sont autant de leçons tirées de la
cavalcade carnavalesque du 11 janvier.
La première : le moulton est islamophile,
quand il n’est pas carrément islamolâtre. Il
sait faire un distinguo subtil entre islam et
islamisme, les deux n’ayant comme chacun
sait aucun rapport entre eux. Quitte à mentir
comme un arracheur de dents, il vilipende
tout amalgame. Il pense musulman, il parle
musulman, il marche musulman. Il défile
musulman, et se fait enpapaouter musulman.
LA FABLE
LE LOUP ET LE MOULTON
La deuxième : le musulman, dont la viande
préférée est le moulton — en méchoui ou en
ragout mais jamais à la sauce marinière, à
cause du vin blanc — est rarement moulton
lui-même. Il ne se mêle pas aux moultons,
sinon pour les défier ou les enfiler. C’est la
raison pour laquelle il était si peu présent
aux manifestations. Pendant que les idiots
utiles marchaient de conserve, il surveillait
du coin de l’œil le troupeau qui battait le
pavé naguère encore chrétien, et savourait
déjà, en pensée et par anticipation, le merveilleux festin qu’il espérait faire bientôt.
Le musulman est intelligent et homme de
culture : il connaît par cœur les sourates du
Coran et sait réciter sans se tromper la fable
intitulée : Le loup et le moulton, celle qui
raconte la fin tragique d’un moulton, égorgé
« sans autre forme de procès », par un loup
déguisé en chaperon vert, aux abords d’une
ruine qui fut jadis une église.
Et pourtant, le moulton de la fable avait
fait soumission au loup : il avait appris à
parler la langue des loups ; il avait recouvert
son joli poil blanc et bouclé d’une couverture de poils noirs, drus ou frisés ; il avait
pris fait et cause pour le loup chaque fois
que de vilains chasseurs, loden vert de gris
et chapeau tyrolien, voulaient en débarrasser nos campagnes riantes et nos gauloises
forêts ; il avait milité pour la destruction des
bergeries et la construction de tanières ; il
s’était converti à la religion des loups, avait
appris leurs prières qu’il hurlait avec eux
les soirs de pleine lune ; il s’était pâmé de
bonheur lorsque son visage fut défiguré par
un lupus, cette maladie chronique auto-immune qui s’attaque, pour les détruire, aux
cellules de l’organisme ; bien qu’il voulût
bien porter le chapeau, et tous les chapeaux
du monde, en guise de reniement de l’identité de ses aïeux, il avait troqué le Stetson
et le chapeau melon contre la chechia ou la
capuche ; il s’était mis à aimer les chansons
de Garou ; il avait même jeté son rasoir Gilette-quatre lames. Bref, pour résumer le
tout, le moulton avait accepté de devenir un
loup pour l’homme… Et malgré toutes ces
preuves d’amitié, tous ses reniements et ses
renoncements, tous ses signes d’allégeance
et de soumission, toutes ses pattes tendues,
toutes ses repentances et ses reptations, il
ne fut pas épargné par le loup, qui l’égorgea
un jour par surprise, en criant : A chair de
loup, sauce de chien ! Autrement dit : chacun est traité selon ce qu’il mérite…
La troisième : les pauvres crétins, lobotomisés par les affidés de la soumission,
conviés à « marcher d’un grave pas et
d’un grave sourcil », comme eût écrit du
Bellay, moutons passés par le moule de
la pensée dominante et seule autorisée,
moultons formés (formatés, comme on
dit aujourd’hui) par la doxa, pensaient exprimer une compassion personnelle, une
révolte personnelle ou encore une participation personnelle, librement conçue
et consentie, au deuil national, quand
ils étaient tout bonnement embrigadés
dans une manœuvre (au sens militaire du
terme) à grande échelle et à grand spectacle ; quand ils n’étaient pas tout simplement convoqués là pour n’être que les
figurants dociles, obéissants et frappés
de psittacisme d’un grand péplum républicain destiné à redorer le blason des
scénaristes, dialoguistes, réalisateurs et
metteurs en scène. Tous reprenaient en
chœur le slogan stupide et puéril, parfaitement crétin : Je suis Charlie2 ! Tous
criaient comme un seul homme : Je suis
Charlie. Ils ne croyaient pas si bien dire.
Ils n’étaient pas Charlie, ils le suivaient.
Et s’ils continuent, ils le suivront bientôt
dans la tombe.
LE PAYS LÉTAL
CONTRE LE PAYS RÉEL
Loin de moi l’idée ni l’envie de participer en aucune façon au débat qui agite nos
milieux, sur la possibilité d’un complot ou
d’une provocation fomentée par certains
services spéciaux, je me contente, pour ma
part, d’observer que les événements des 7,
8 et 9 janvier ne pouvaient pas mieux tomber pour le pouvoir socialiste, au plus bas
historique dans les sondages et le cœur des
Français. Bizarrement, lors de ses vœux
aux Français de la Saint-Sylvestre, François
Hollande avait insisté sur la nécessité de la
lutte contre le racisme ET l’antisémitisme.
Valls répétait à l’envi son attachement à
l’islam “de” France et que la lutte contre le
racisme et l’islamophobie serait cause nationale en 2015. Hollande reprit le refrain
lors de sa matinée sur France Inter, le lundi 5 janvier, lors d’une émission au cours
de laquelle il répéta, comme pour préparer
le terrain, que face à l’islam, au véritable
islam3, le modéré, il ne fallait pas céder à
l’angoisse. La formule était étrange et prémonitoire, pour ne pas dire anticipatoire.
Etrange parce qu’elle sous-entend et qu’elle
reconnaissait implicitement qu’il y a matière à angoisse, qu’il est des raisons objectives d’être angoissé par le spectacle de
l’islamisation à marche forcée de la France,
mais qu’il ne faut pas succomber à la peur,
qu’il faut résister à la tentation de l’angoisse. Prémonitoire, voire anticipatoire,
parce que deux jours plus tard le message
hollandien deviendrait LE message officiel
répété de minute en minute, et sur tous les
tons, et par tous les soumis, de gauche, de
l’UMP et du Front national, tout le temps et
partout, et au moins jusqu’à la fin de l’octave de la fête du moulton.
Le pouvoir socialiste s’est servi du bruit
des détonations pour endormir les Français, pour euthanasier leur sens critique et
leur capacité de réfléchir, tant soit peu, par
eux-mêmes. Au lieu de reconnaître, publiquement et martialement, que le pays est
en guerre parce que des forces d’occupation, qui ont déjà largement déployé leurs
régiments, leurs hommes et leurs divisions,
cherchent à le dominer, le soumettre et
l’asservir, le pouvoir socialiste a préféré
déclarer la guerre, au nom de la défense
de la liberté d’expression, à la liberté d’expression. Le pays létal a décrété la mort du
pays réel. La sainte inquisition socialiste a
décidé de débusquer tous les blasphémateurs, les déviants, les non-croyants, les
apostats, bref les dangereux amalgameurs,
qui constituent, on n’en doute pas une seconde, le péril majeur de la construction de
la France de demain par le ramassis de ceux
qui ont toujours détesté la France d’hier.
Dieudonné est passé en correctionnelle
pour avoir écrit « Je me sens Charlie Coulibaly »4 et Philippe Tesson, journaliste
jusqu’à présent certes un peu remuant mais
bien intégré dans le Système, est visé par
une instruction judiciaire pour avoir dit,
lors d’une émission, que le problème de la
France, c’étaient l’islam et les musulmans,
et que ce sont les mahométans qui f… la
m… Lorsqu’une formule aussi anodine,
pour ne pas dire insignifiante, que celle de
Dieudonné et la douce expression d’une
banalité comme celle assenée par Tesson,
font encourir à leurs auteurs les foudres de
la justice — l’opprobre publique, passe encore ! — c’est que quelque chose ne tourne
vraiment, mais alors vraiment, plus rond
dans le pays. Les descendants de ceux qui,
en mai 1968, scandaient qu’il était interdit
d’interdire, sont, dans la France diminuée
et tabouisée d’aujourd’hui, les champions
de l’interdiction, de la censure et des interdits !
Jean-Philippe ROBIQUET,
<[email protected]>.
_____
1. Pourquoi pas 6, tant qu’on y est ? On se le demande… Maintenant que les passions sont retombées, faisons les comptes : si seulement trois ou
quatre millions de Français sont descendus dans
la rue, auxquels il faut enlever les dizaines de milliers qui ont compris trop tard qu’ils ont été piégés, cela fait 62 millions qui sont restés chez eux.
Enlevons de ce nombre une dizaine de millions de
musulmans, cela donne le chiffre réjouissant de
52 millions de « bons » Français qui n’étaient pas
Charlie…
2. C’est d’ailleurs par un détour improbable, qui
en dit long sur la bêtise et la faculté d’aveuglement
d’une foule lorsqu’elle est conduite par la seule
émotion, puis habilement manipulée par des faiseurs d’opinion, que ce qui n’était au début qu’une
formule lancée par un journaliste sur twitter est devenu un slogan planétaire. Conçu sur la base des
réminiscences conjuguées du « Ich bin ein Berliner ! » de Kennedy et du « Nous sommes tous des
juifs allemands » du pédolâtre Cohn-Bendit, ces
trois mots pouvaient s’admettre comme une réaction de journaliste par rapport à la mort violente
de certains de ses confrères. Cependant, reprise à
tort et à travers, sur les places publiques, dans les
bureaux, les usines, les établissements scolaires,
les cafés et les commerces, la formule est devenue
une coquille vide, suffisamment vide pour récupérer, contenir et canaliser, l’émotion générale, au
demeurant légitime, qui a étreint les Français lorsqu’ils ont appris la nouvelle des attentats. La reprise emblématique de la formule, y compris par
ceux qui ignoraient jusqu’au 7 janvier l’existence
de Charlie Hebdo ou qui ne l’avaient jamais acheté
ni lu, et y compris par ceux qui eussent été offusqués par les dessins et articles de la publication,
donnant, semaine après semaine, dans la scatologie la plus insupportable, l’antichristianisme le
plus ordurier, l’éloge permanent des perversions
sexuelles les plus extrêmes et les plus avilissantes,
la promotion de l’immigration effrénée et du cosmopolitisme universel, la haine de l’uniforme et
des forces armées…, s’ils avaient été confrontés à
la réalité éditoriale et rédactionnelle de l’hebdomadaire, signale là encore une forme de soumission,
de soumission à l’esprit du temps, qui est le plus
mauvais esprit qui soit. Ajoutons que le slogan,
réducteur, excluait de fait les non-journalistes victimes des attentats, ce qui conforte la thèse de la
manipulation des foules au bénéfice des tenants
d’un discours idéologiquement orienté, dominant
et totalitaire.
3. Et d’abord qui sont-ils ces Hollande, Valls,
Cazeneuve et mauvaise compagnie pour s’autoproclamer islamologues ? Sur la base de quelles
études, de quelles lectures, de quelles recherches,
de quels diplômes, ces petits marquis du socialisme islamoïde s’autorisent-ils à dire ce qu’est le
vrai islam et le prétendu faux islam ? Il serait temps
qu’on leur dise leur fait à ces petits fats, qu’on les
rappelle à leur “devoir” de neutralité et de laïcité,
concept dont ils se gargarisent ! Car s’immiscer
dans les affaires religieuses et imposer aux Français un discours théologique officiel, ne sont-ce
pas là des attitudes politiques qui contreviennent
au principe de laïcité et constituent une infraction
d’Etat à leur sacro-sainte loi de 1905 ?
4. Dieudonné n’est pas ma tasse de thé. Contrairement à Jérôme Bourbon et à Robert Faurisson,
il ne me fait pas rire, il ne m’a jamais fait rire. Ni
jadis, ni naguère, ni aujourd’hui. C’est son droit de
ne pas me faire rire, c’est mon droit de n’être pas
sensible à son humour. Dieudonné, ça n’est pas le
genre de ma maison. Mais contrairement aux promoteurs de la fausse liberté d’expression, celle qui
distingue entre le permis et l’interdit, j’estime qu’il
faut être clair. Si Charlie Hebdo est autorisé, par
les plus hautes autorités du pays, à représenter des
prêtres et des prélats un goupillon dans les fesses
ou encore à conchier l’Armée et l’Eglise, la liberté d’expression d’un Dieudonné doit être protégée
et défendue avec une neutralité et une ardeur pareilles. Dans le domaine de la liberté, c’est tout le
monde ou personne !
<zepresse.fr>
Un site très utile pour connaître
les kiosquiers dépositaires de
vos titres favoris (en commençant bien sûr par RIVAROL !)
les plus proches de chez vous.
N°3175 — 12 FÉVRIER 2015 — RIVAROL
D
5
Un ministre de l’Agriculture pas très ordinaire
U 21 FÉVRIER au 1er mars se tiendra
à Paris le 52e Salon de l’Agriculture. Il
va nettement se différencier de ceux
qui l’ont précédé. Le discours d’ouverture du
président de la République fera en effet une
large place à ce dont le ministre Le Foll, sous
le vocable d’agro-écologie, présente déjà partout comme l’idée force du régime : l’agriculture, préparant en décembre le sommet mondial sur le réchauffement climatique de Paris,
est un des instruments majeurs de la nouvelle
politique globale arrimée au Développement
Durable. D’autant que l’Etat socialiste, ayant
perdu celui des cités ouvrières, entend récupérer l’électorat des campagnes, on voit se dessiner en direction de ces dernières une véritable
stratégie d’empathie ciblant les populations exclues depuis un demi-siècle. Celles-là qui ont le
plus souffert des politiques mêlant étroitement
la désintégration culturelle et ethnique des nations et l’émergence d’organisations, dites non
gouvernementales, solidement contrôlées par
l’hégémonique tyrannie onusienne.
Si un mot devait définir les grandes lignes de
l’agriculture de demain telle qu’on nous la sert,
ce serait confusion. Confusion dans ce projet
fumeux d’agro-écologie que le Foll porte dans
toutes les tribunes médiatiques. Confusion
dans l’impossible conciliation entre l’écologie
et l’agriculture productiviste, l’une nourrissant
les élucubrations de centaines de milliers de
rêveurs utopistes incapables de faire pousser
une carotte, et l’autre ayant, contre la pensée
unique, pour simple défi de nourrir les hommes
et les femmes qui peuplent les pays. Confusion
entre l’obligation d’exportation, dictée par les
exigences des balances commerciales, et la
nécessité de produire selon des cycles courts
imposés par le Développement Durable, la
lutte contre le Réchauffement climatique et
les impératifs trompettés d’assurer une part de
plus en plus grande à l’alimentation bio. Ultime confusion et sans doute la pire, cette insanité qui consiste à enfiler pendant des heures
des théories, spéculations et postulats oiseux
sans jamais évoquer ce qui est au cœur de la
problématique essentielle liée à l’agriculture
moderne : comment nourrir avec un nombre
infime d’agriculteurs des tubes digestifs en expansion géométrique ? Comment faire face à
une demande alimentaire qui explose partout
alors que les terres arables sont de plus en plus
rares, de plus en plus stériles, de plus en plus
appauvries et l’eau d’irrigation une richesse qui
reste inaccessible à la plupart ?
Confusion dans les prévisions, dans les projets, dans les dessins. Confusion dans les statistiques, dans les calculs, dans les programmes.
Dans les logiciels, dans les calendriers, dans les
objectifs. Confusion dans les esprits.
Pourtant Stéphane Le Foll, l’immuable porteparole du petit Mitterrand est probablement
depuis François Guillaume en 1986, le seul
qui, dans cette fonction, par ses origines, réagit avec une sensibilité vraiment terrienne et
rurale. Ce faisant évidemment il doit par force
“casser” — il emploie lui-même ce terme — le
puissant lobby écologiste en même temps qu’il
lui faut tenir compte de la puissance des structures syndicales représentées par la FNSEA et
son appendice “jeunes”, le CNJA, ainsi que de
la muraille d’intérêts industriels, commerciaux
et idéologiques qui s’arc-boutent derrière eux.
Mais en même temps il affirme sa détermination à réduire de 50 % l’utilisation des pesticides tout en conservant les marchés à l’exportation et sans cesser de promouvoir les cultures
biologiques et les circuits de vente courts,
que les plus naïfs. Or ce n’est pas tout. Parmi
les nombreux intervenants on aura remarqué :
Le directeur général adjoint du groupe Avril
(Sofiprotéol) dont le PDG est le secrétaire général de la FNSEA Xavier Beulin. Jean-François Soussana, directeur scientifique à l’INRA,
très introduit dans les milieux mondialistes
concernés par le réchauffement climatique, il
est depuis 1998 un des piliers du GIECC.
D’ailleurs une bonne partie des interventions
se sont faites justement sur la nécessité de planifier l’agriculture en fonction des prévisions de
réchauffement climatique. On voit ainsi la catastrophe vers laquelle on s’achemine au cas où
l’hypothèse inverse d’un refroidissement — de
plus en plus privilégiée par de nombreux scientifiques — prenait à contrepied les superbes
évaluations de ces messieurs du GIECC ! Ce
fut donc le thème du “témoignage” de Konrad
Schreiber, chargé de mission au IAD.
Catherine Geslain Lanéelle intervint sur le
thème « Agro-écologie, état des lieux ». Ancienne directrice générale de l’alimentation au
ministère français de l’Agriculture lors de la
crise de la vache folle, elle occupa de hautes
fonctions à la Commission Européenne, avant
de prendre la direction générale des politiques
agricoles, agro-alimentaires et des territoires.
Jeremy Dyson conféra sur les sols. Il s’agit
d’un des directeurs scientifiques spécialistes
de la dispersion, de l’absorption et de la dégradation des insecticides dans l’environnement
chez Syngenta. Rappelons que cette multinationale suisse est parmi les tout premiers producteurs de pesticides au monde. On lui doit
notamment le « Cruiser » qui fut gravement
mis en cause dans la disparition des abeilles.
Le colloque, dont on voit qu’il correspond
impeccablement à la doxa officielle en matière
d’agro-écologie, à la remorque des énergies
nouvelles et des élucubrations du GIECC, ne
correspond cependant pas tout à fait à l’image
que le ministre de l’Agriculture tente de donner
de lui-même, d’un homme raisonnable avant
tout préoccupé par la défense de l’agriculture
et des agriculteurs. On est bien là au cœur de
l’idéologie mondialisée du Développement
Durable ayant vocation à instaurer un système
planétaire dirigé par une oligarchie suspecte,
éduquée aux Lumières et décidée à réaliser
un « village mondial » identique, uniforme,
intégré. Facilement manipulable et aisément
contrôlable.
écologiste. « Tout a été conçu, poursuit-il, pour
dire : « J’ai du nitrate dans l’eau, donc je fais
une directive nitrate, clac. J’ai
un problème phytosanitaire, je
fais de l’éco-phyto, je diminue
de la moitié ». Pour lui le mal
qui réduit de plus en plus la
production agricole française
et le nombre des agriculteurs
vient de ce que « tout est pensé
sur un modèle qui produit des
effets négatifs ». Mais si, penset-il, on repense ce modèle en
termes agricoles en écartant
les effets négatifs, on sort de la
contrainte pour entrer dans une stratégie dynamique pour l’agriculture.
On comprend bien cela. On comprend également que ce qu’il dit c’est d’abord du bon
sens. A quoi on peut ajouter que prenant ses
distances à la fois avec les écolo-barbons et
la Confédération paysanne qui peu à peu est
devenue leur porte-parole, il se rapproche de
ceux qui produisent l’essentiel de l’alimentation française : la FNSEA et la Coordination
Rurale. Justement depuis deux ou trois ans
leurs adhérents fournissent les gros bataillons
du vote FN dans nos campagnes, n’en déplaise
aux dirigeants de ces syndicats solidement accrochés aux basques de l’UMP. Ne serait-ce
pas un joli coup de les rallier au PS lors des
prochaines élections dites “départementales”
quand on sait que désormais les cantons ruraux
sont truffés de bulletins de vote “Marine”.
En tout cas, en attaquant « les normes et les
contraintes » auxquelles sont soumis les agriculteurs avec la brutalité de l’UE, il est évident
que Le Foll va s’attirer bien des sympathies.
D’autant qu’il ne manque jamais une occasion
de souligner que cette corporation, elle aussi,
doit pouvoir bénéficier de revenus décents. Et
que pour couronner le tout, et sous prétexte
de donner de la consistance à sa prétention à
paraître « une synthèse », il ne manque jamais
de décocher des piques bien senties contre ses
supposés alliés que sont les Verts.
Le Foll ne cache pas être attiré vers un certain
“verdissement” de l’agriculture qui permettrait
de substituer celle-ci au modèle dominant,
chimique et intensif. « L’agro-écologie c’est
aussi la conviction que quand on fait de l’environnement on doit baisser la production, on
doit être dans la décroissance. C’est faux ! Et
il va falloir que j’arrive à casser ça. » Il répète
à longueur de discours qu’il « n’a jamais été
dans l’accusation » vis-à-vis du monde agricole. Au contraire des « organisations environnementales que je rencontre qui sont toujours,
premier principe, comme il y a des effets négatifs, il faut punir, il faut fiscaliser ».
« On peut tout à fait utiliser l’agriculture,
poursuit-il, comme élément de la politique environnementale ». Il se fait même véhément
quand on évoque devant lui le barrage de
Sivens, ceux qui s’opposent à toute évolution
du paradigme agricole, qui bloquent dès qu’un
éleveur de cochon veut ajouter dix truies à son
cheptel. Son mot d’ordre, on le rappelle c’est
l’agro-écologie.
Certes… Et c’est ce qui nous ramène inéluctablement à la confusion.
Et cette évidence que ni Le Foll ni aucun de
ses semblables ne résoudront la quadrature du
cercle. Lorsque la France était le premier pays
agricole au monde et produisait une alimentation de très grande qualité, ses paysans et leurs
nombreuses familles venaient sans peine à
bout des difficultés de leur tâche sans qu’il leur
fût nécessaire de bousculer la terre et de détruire l’environnement. Ils étaient 20 millions
avec pour mission de nourrir 20 millions de
compatriotes. Et bien sûr qu’ils n’avaient pas
besoin de tracteurs de 500 chevaux, de semoirs
de 30 mètres de large, d’engrais chimiques et
de pesticides morbides. Mais on ne satisfera
jamais les demandes de 600 millions d’Européens, sans cesse renforcés par la déferlante migratoire tropicale, ni celle de plus en
plus gourmande des marchés mondiaux, avec
quelques millions d’agriculteurs soumis aux
tracasseries bureaucratiques vertes et aux diktats de ceux qui croient pouvoir résoudre leurs
problèmes avec la mystification climatique. La
chasse au CO2 et la transition énergétique qui
transformeront les céréaliculteurs en producteurs d’éthanol et de biomasse, et les éleveurs
en méthaniers, cela n’a jamais été la vocation
des travailleurs de la terre. Le Foll devrait y
songer…
P. A.
Petrus AGRICOLA.
c’est-à-dire les livraisons de proximité qui pendant six mois de l’année réduisent considérablement les choix alimentaires
aux légumes secs, aux racines
et aux conserves industrielles
dont nul n’ignore la sournoise
toxicité. Le restant faisant appel
à l’importation et à la production sous serres chauffées dont
l’innocuité est très discutable.
Restent alors les viandes et les
produits laitiers, soumis à une
concurrence mondiale de plus
D.R.
en plus délétère, chimique, hormonée, OGM et hyper-intensive qu’une alimentation saine recommande
d’éviter. Ce qui n’est pas une solution : la disparition des animaux domestiques dont le destin est l’abattoir serait en effet une catastrophe
écologique majeure. Ils sont les garants de la
pérennité de la biodiversité, indispensable à la
survie de nos paysages ruraux.
Quelle que soit la bonne volonté du ministre,
on est bien en pleine confusion.
“CASSER LES VERTS”
L’autre grande idée de Le Foll, c’est de sortir
du système qui, depuis des décennies, asphyxie
les agriculteurs : « La norme et la contrainte,
proteste-t-il, c’est ce qui a été pensé pour corriger les effets négatifs du modèle précédent. »
Il sait bien que ce qui alimente l’hostilité du
monde agricole au système technocratique et
bureaucratique défendu par Bruxelles et par
tous les ministricules qui se sont succédé depuis un demi-siècle rue de Varenne, ce sont ces
normes et ces contraintes. Par ailleurs obstinément défendues par les ahuris de la planète
Les colloques douteux de Le Foll
Ces derniers temps Stéphane Le Foll aime
bien illustrer son propos par sa récente intervention à l’IAD, l’Institut de l’Agriculture du
Développement Durable, lors d’un intéressant
débat sur le lombric, en d’autres termes le ver
de terre, dont il aime à dire « qu’ils labourent
à notre place, et ça c’est de la biodiversité : 3
tonnes de vers de terre à l’hectare, c’est 700
tonnes de terre bougée. Ce sont des auxiliaires
et il faut que l’on travaille avec ces auxiliaires.
Ça ne fait pas baisser les rendements. Je dirai
même le contraire : une fois qu’on a mis bien
en place ce système… Ce que je veux dire est
que la dimension environnementale, le saut
qualitatif n’est pas une régression en termes
de production, au contraire ». Soit. D’accord.
Nous reviendrons d’ailleurs sur le sujet passionnant des époux Bourguignon et de leurs
remarquables travaux sur la régénérescence
des sols.
Mais attardons-nous un instant sur ce
colloque auquel le ministre a fait plus que
participer : il lui a apporté sa caution. Et
certes, consacré au lombric, il n’échappera
à personne qu’il traitait fatalement d’un sujet
essentiel pour la préservation des sols et de
l’environnement. Sauf que tout n’est pas très
clair dans cette affaire. Parmi les bienfaiteurs
de la manifestation relevons quelques noms
connus. La première coopérative française
de céréales, Vivescia. 11 500 sociétaires, 1 million d’hectares cultivés, 9 millions de
tonnes collectées, 80 usines dans le monde,
premier semencié certifié français, premier
groupe agro-industriel français, 2e maïsier
français, premier en Europe pour la meunerie et la boulangerie-pâtisserie, premier
dans le monde pour le malt etc. Pas vraiment
une start-up en somme. Vivescia est un des
principaux groupes agro-chimico-industriels
dans le monde parfaitement inséré dans une
agriculture de masse et qui ne pratique qu’en
lisière la protection de l’environnement, la
santé et la qualité de l’alimentation produite.
On trouve également parmi les sponsors
Bongrain, deuxième groupe fromager français,
Oci-Agro, société hollandaise, une des principales en Europe pour la fabrication d’engrais
azotés et, en sera-t-on étonné, Monsanto.
LE “CRUISER” INVITÉ
Ce qui dérange néanmoins chez Le Foll c’est
finalement l’inconsistance entre les propos, les
attitudes et la radicalisation des positions prises
par le gouvernement socialiste, notamment sur
la surpopulation et sur l’immigration, dont il
fait partie et qui vont à l’encontre de ce qui ne
peut être que des gesticulations. C’est très bien
de se féliciter du colloque de l’IAD auquel il a
participé et qui défend le retour à des méthodes
douces dans les pratiques agricoles. Le lombric, dit-il, est un bon travailleur « et il ne fait
pas grève ». Et dans la feuille de route de l’IAD
il y a beaucoup de mesures qui vont dans le bon
sens. Mais n’est-ce pas de la poudre aux yeux ?
Nous avons cité quelques-uns des “parrains”
de cette manifestation et cela ne peut rassurer
Des baba-cools aux zadistes
Le Foll souvent égratigne les écologistes, il n’est pas tendre avec les radicaux, genre Zadistes,
toujours prêts à venir dire comment il faut produire l’alimentation qu’ils ne mangent pas — pas
de viandes, pas d’œufs, pas de légumes et de fruits venus d’ailleurs, pas de pain qui ne soit fait
d’épeautre ou de sarrazin, du riz, pas de blé, du soja (non Ogm), pas de maïs etc… Certes tout cela
est sympathique et présenté ainsi emporte l’adhésion, l’ennui est que lorsqu’ils effectuent ce qu’ils
appellent « le retour à la terre », c’est pour s’enfermer dans des niches singulières qui ont tôt fait
d’être saturées. Fromage de chèvres et lapins angoras, herbes rares et lotions naturelles, quelques
poules souvent malades et de misérables cabas de fruits et légumes entre juillet et septembre. Et
le reste du temps ? Rationnez vos potimarrons, et vos topinambours, vos gousses de fèves et de
haricots tarbais. Lentilles et pois chiches complèteront votre diète jusqu’en juin. A moins que vous
n’ayez quelques solides revenus pour vous approvisionner en fruits et légumes à label importés,
Fairtrade/Max Havelaar garanti, en produits laitiers UHT (bio !) à BioCoop, Naturalia ou la Vie
Claire ou encore vous offrir régulièrement des paniers de la ménagère dans une AMAP.
Le Foll, c’est évident, est agacé par les manigances de ceux qui veulent le déborder par sa gauche
et s’opposent fût-ce par la force, à toute évolution des méthodes de production agro-pastorales. Il
n’a pas apprécié les glapissements et la chienlit qui se déversa sur la région de Sivens dans le Tarn.
Le ministre est assez fier de se dire être une synthèse entre l’agriculture et l’écologie. Au point que
le terme d’Agro-écologie dont il s’est emparé est devenu sa formule magique.
RIVAROL N°3175
6
Législatives du 25 janvier :
nouvel acte de la tragédie grecque
L
A GRÈCE traverse une crise économique et sociale absolument majeure
depuis 2008 au moins, et probablement depuis plus longtemps, du fait du trucage des comptes nationaux. Depuis 2010,
le chômage culmine à plus du quart des actifs et concerne plus de la moitié des jeunes
travailleurs. Les salaires des fonctionnaires
et les retraites ont été amputés du quart,
voire de la moitié. Tous les impôts ont été
massivement augmentés, avec des efforts
très réels de perception. Il est vrai que la
Grèce est réputée pour ses fraudes fiscales
massives. A donc été créée une inquisition
fiscale inconnue jusque-là, matraquant les
petites fortunes, les classes moyennes, les
classes populaires. Les plus riches, loin
d’avoir réalisé un effort majeur par solidarité nationale, ont su fuir à temps, ou
acheter des complaisances, d’où des scandales récurrents affectant toute la classe
politique au pouvoir jusque-là, du Parti Socialiste, le PASOK, correspondant grec du
PS en France, à la Nouvelle Démocratie,
l’équivalent de l’UMP.
UN CONTEXTE GREC DÉJÀ
DRAMATIQUE, CAUSE MAJEURE DE
LA RÉVOLUTION DANS LES URNES
La richesse nationale a diminué de plus
d’un quart en sept ans. Malgré des mesures
drastiques, et d’autant plus ressenties que
succédant à des décennies de démagogie et
de trucage des comptes publics, pour équilibrer le budget national, contenir puis réduire
la dette jugée trop élevée en 2008-2009, les
comptes publics sont restés constamment
déficitaires, et la dette nationale a continué
d’exploser, jusqu’à 175 % du PIB, un niveau
absolument insoutenable. A titre de comparaison, la France se situe à un endettement
autour de 95 %, pour une économie certes
peu brillante mais disposant de beaucoup
plus de ressources que celle de la Grèce.
Le PASOK et la Nouvelle Démocratie ont
formé plusieurs coalitions d’union nationale, en présentant leur action commune
comme la seule possible pour assurer le
salut de la Grèce. D’où ces mesures drastiques, appliquées sans faiblesse à défaut de
justice, sous l’étroite surveillance, très explicite, ce qui constitue d’ailleurs une humiliation nationale, du FMI et de la Commission Européenne. Un discours infantilisant
ou méprisant envers les Grecs, très courant
parmi les hommes politiques allemands,
a contribué à renforcer l’humiliation des
Grecs. La politique d’austérité a clairement
échoué. La Nouvelle Démocratie, principale
force au pouvoir jusqu’à ces élections, a déclaré durant ces derniers discours discerner
les débuts d’une forte reprise économique
imminente en Grèce. Le problème est que ce
thème est usé du fait d’un emploi constant
depuis 2008-2009. L’autre grand argument
électoral, lui très soutenable, de la catastrophe pour la Grèce, en cas de victoire de
SYRIZA, n’a pas porté avec suffisamment
d’efficacité. Il a empêché toutefois l’effondrement électoral de la Nouvelle Démocratie, encore de loin de le deuxième parti
politique, avec 29 % des voix, à comparer à
l’effondrement total du PASOK, à 5 %, mais
pas sa nette défaite.
L’électorat, désespéré, excédé, avait le
choix entre deux solutions radicales, toutes
deux également opposées au consensus de
Bruxelles, une bonne, l’Aube Dorée, nationaliste et sociale, et une mauvaise, SYRIZA —
acronyme en grec de Coalition de la Gauche
Radicale —, conglomérat de sensibilités
d’extrême-gauche à nette dominante communiste internationaliste. Les Grecs ont choisi
la mauvaise solution, et vraisemblablement
la pire de toutes, SYRIZA, avec près de 35 %
de voix, soit une majorité absolue frôlée au
parlement. Il ne manque que 2 sièges pour
l’atteindre. Rappelons que l’Aube Dorée est
persécutée par la justice aux ordres et les nervis gauchistes. La moitié de la direction est
emprisonnée sous des prétextes très légers,
à commencer par son chef Nikolaos Michaloliakos. Les “Antifascistes” attaquent régulièrement, avec une rare sauvagerie, en toute
impunité, ses courageux militants. Dans ce
contexte, le score de 6 % des voix demeure
une petite victoire, même si hélas on ne saurait y discerner une dynamique politique majeure.
SYRIZA AU POUVOIR :
VERS UNE RÉVOLUTION
D’OCTOBRE EN GRÈCE ?
Alexis Tsipras, le charismatique chef de SYRIZA a tenu un discours habile, insistant sur
le rejet du Système, explication fondamentale
de sa victoire électorale. Il a nettement moins
développé précisément tous les points de son
programme, de crainte d’effrayer les électeurs.
Ils n’en sont pas moins présents dans son esprit
et celui de son parti.
Le programme de SYRIZA est en effet très
complet, explicite, et des plus inquiétants. Il
se superpose assez exactement avec celui de
son équivalent français, le Parti de Gauche de
Jean-Luc Mélenchon, heureusement très faible
sinon groupusculaire chez nous. Certes, il y a
le rejet de l’Union Européenne oligarchique et
bancaire. Mais il ne s’agit en aucun cas d’un
nationalisme. SYRIZA s’inscrit dans le sillage
d’un internationalisme prolétarien que l’on a pu
un temps espérer voir disparu hors de sectes politiques à audience limitée, et compte logiquement rester dans l’Union Européenne, dont le
caractère apatride lui convient parfaitement en
soi. Il ambitionne seulement de la transformer
radicalement de l’intérieur, en comptant sur
une vague électorale de partis-frères, point de
vue toutefois a priori peu crédible, sauf en Espagne. Car ce pays souffre d’une situation générale dramatique proche de celle de la Grèce,
avec le parti néocommuniste en ascension, Podemos. La Grèce risque en théorie l’expulsion
de la Zone Euro, certes en principe davantage
souhaitée par SYRIZA, voire de l’Union Européenne.
Le thème majeur de la campagne de SYRIZA
a été le refus de payer davantage aux créanciers de la Grèce. Il envisage une suspension
des paiements, au minimum dans l’immédiat,
à commencer par les 22 milliards à payer en
2015, puis un défaut partiel négocié de la dette,
c’est-à-dire une annulation pure et simple d’une
partie des 320 milliards d’euros de dettes cumulées. C’est ce qu’essaie d’obtenir dans sa tournée européenne, à Paris, Francfort — siège de
la BCE —, Bruxelles, à peine désigné, le nouveau ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, économiste médiatique d’extrême-gauche.
Il est évident que la Grèce ne remboursera jamais une telle somme. Les pays africains, ou
parfois sud-américains comme l’Argentine, ont
bénéficié régulièrement d’annulations de dette,
dans des situations grossièrement comparables
à celle de la Grèce. 40 milliards d’euros ont été
prêtés à Athènes par les Etats européens, dont
l’Allemagne et la France. SYRIZA compterait
négocier le maintien de cette créance d’Etats
européens, et elle seule, avec pour contreparties la reconnaissance de l’annulation des autres
280 milliards, et la non-expulsion de la Zone
Euro et de l’Union Européenne. Le problème
est que l’Union Européenne en tant que telle
figure parmi les principaux créanciers de la
Grèce. Au total, l’Etat français risque de perdre
quelque 12 milliards d’euros. Cette énorme
dette est de façon générale désormais possédée
à plus des ¾ par des acteurs publics, parapublics ou internationaux, comme le FMI. Ce
dernier est réputé avoir toujours été remboursé. Cette annulation reste beaucoup plus facile
à promettre qu’à réaliser. Des économistes et
financiers envisagent un compromis sur une
annulation de 100 milliards et des paiements
contractuels étalés pour les 180 milliards qui
resteraient dus jusqu’en 2057 ou 2060, soit les
calendres grecques. Bref repousser le problème
à défaut de provoquer une crise immédiate, pas
forcément souhaitée par SYRIZA.
En sus de l’annulation très large sinon totale
de la dette grecque, SYRIZA a promis beaucoup, suivant la traditionnelle démagogie des
campagnes électorales grecques : un plan de
relance de 12 milliards d’euros — qui serait financé par le non-remboursement de la dette —,
le retour à la retraite à 62 ans à taux plein au
lieu de 67, le SMIC à 750 euros — ce qui est
beaucoup pour la Grèce —, et toute une liste
de promesses a priori déraisonnables pour une
économie tout sauf indépendante. Une relance
nationale ne peut pas s’accomplir dans le cadre
de l’Union Européenne telle qu’elle est. Il y a là
une contradiction manifeste. Quant à la relance
européenne de plus de 300 milliards d’euros
du Plan Juncker, bruyamment annoncée en novembre 2014, elle reste dans les limbes.
Pendant la campagne le candidat Tsipras a su
éviter d’aborder trop ouvertement les positions
de son parti a priori peu populaires auprès de
l’électorat. Cette habileté est à opposer à la
sotte franchise, d’un point de vue tactique, du
candidat Mélenchon au printemps 2012, avec
son appel enthousiaste à une immigration maghrébine continue en France, d’où la perte de
4-5 points et une dynamique politique brisée.
SYRIZA veut la régularisation de tous les clandestins, des centaines de milliers en Grèce,
l’ouverture des frontières à tous les vents migratoires. Comme elles sont submergées, autant
les supprimer, selon un discours irresponsable
digne des Verts français. Les immigrés recevraient très facilement tous les papiers désirés,
jusqu’à la nationalité grecque. Absolument rien
ne s’opposerait selon les règles de Bruxelles à
ce qu’ils viennent chez nous après.
De même SYRIZA envisage-t-il une grande
réconciliation avec la Turquie, aux conditions turques bien sûr, avec l’abandon des
Chypriotes-Grecs, le “mariage” ou l’union civile entre homosexuels, la taxation des biens
et revenus de l’Eglise orthodoxe, en attendant
des confiscations pures et simples à la mode
de la Révolution française ou bolchevique.
Enfin, il ne faut pas oublier la promesse de
« nouvelles approches » concernant la drogue
et les drogués ; il y a tout lieu de craindre une
dépénalisation légale, ou de facto, et pour
tous les produits toxiques ou leur grande majorité. Et ces promesses, effroyables, ont hélas toutes les chances d’être tenues.
Aussi, se comprennent très bien les enthousiasmes de Cécile Duflot, de Jean-Luc
Mélenchon, d’Olivier Besancenot, des Frondeurs du PS, etc., pour SYRIZA… Etonne
bien davantage celui du néo-FN de Marine
Le Pen, qui serait donc au final infiniment
plus proche de l’extrême-gauche néomarxiste
la plus dangereuse que de la droite nationale
hellénique qu’incarne l’Aube Dorée. Mais
est-ce tellement surprenant lorsque l’on
connaît la personnalité et les orientations de
la tenancière de la cage aux folles ?
DES PREMIERS PAS RAPIDES
ET RELATIVEMENT PRUDENTS,
UN FUTUR INQUIÉTANT
Habilement, SYRIZA respecte le jeu des
institutions. Il peut se le permettre. Tsipras est
évidemment Premier ministre. Il obtient sans
difficulté des partenaires de coalition, qui se
bousculent même. Le petit parti souverainiste,
conservateur, ANEL ou Grecs Indépendants,
à 5 % des suffrages, vient de devancer dès le
lendemain matin les deux alliés potentiels plus
attendus, le centriste de gauche La Rivière
(Potamos), à 6 % des voix, certes européiste
en principe, ou le PASOK, très affaibli à 5 %
des voix et incarnation du social-traître pour
SYRIZA. Les communistes orthodoxes du
KKE, petite secte politique, à 5 % des voix, demeurent dans leur isolement volontaire, alors
qu’objectivement ils sont les plus proches de
SYRIZA, un peu comme Lutte Ouvrière en
France. Du fait de la disproportion des forces,
il est évident que SYRIZA imposera sa volonté à son partenaire. Le seul ministère important de l’ANEL dans le gouvernement de coalition est celui de la Défense, confié à Panos
Kammenos. Prestigieux en soi, ce poste tiendra probablement du piège, puisque les seules
coupes massives attendues, voire annoncées,
concernent précisément l’armée, bête noire de
l’extrême-gauche par principe.
Quelle sera l’action gouvernementale réelle
de SYRIZA ? En 2009, le PASOK vainqueur
avait promis durant la campagne la lune, une
autre politique avec relance et renégociations
de la dette, pour passer très vite, sans trop résister, sous les fourches caudines du FMI et de
la Commission Européenne. Et ce sans sauver
la Grèce. Du fait de ce précédent, SYRIZA
ne devrait pas renoncer immédiatement à tout
son programme, et affirme aujourd’hui qu’il
l’appliquera intégralement. Il est possible
qu’il amène la Grèce à la faillite en quelques
mois, et en ce cas la fuite en avant vers la socialisation paraît plus probable, venant d’une
extrême-gauche convaincue, que le retour en
arrière. Alexis Tsipras cherchera vraisemblablement à appliquer son projet néomarxiste
par étapes, en négociant, sur des mois, voire
des années, sur la dette grecque, en jouant le
pourrissement… Il appliquerait aussi rapidement sa vision sociétale pour l’Hellade, la
plus facile techniquement à mettre en œuvre,
et à peu près approuvée par Bruxelles, l’immigrationnisme, l’homosexualisme, l’anticléricalisme, et une persécution renforcée de
nos courageux camarades de l’Aube Dorée.
Quant au seul point positif en politique internationale, des déclarations multiples de
Tsipras favorables à un rapprochement entre
Athènes et Moscou, elles demeurent des plus
floues. SYRIZA se montre même en retrait
du PASOK des années 1980, qui avait promis, mesure simple et claire, le retrait de la
Grèce de l’Otan, sans tenir parole.
L’arrivée de SYRIZA au pouvoir inquiète
terriblement pour l’avenir de la Grèce.
Ebranle-t-elle pour autant l’Union Européenne ? Non, car la Grèce pèse économiquement très peu, 2 % de la richesse de l’Union.
La Révolution en Espagne avec Podemos,
hypothèse désormais crédible, ce serait différent. En outre les marchés financiers ont anticipé depuis longtemps la victoire de SYRIZA
et le risque élevé de défaut de paiement, intégré déjà dans leurs comptes. Les eurocrates
seraient plutôt ravis de faire un exemple en
expulsant la Grèce de la Zone Euro, voire de
l’Union Européenne. Ceci serait au final une
chance pour l’Hellade sous un bon gouvernement nationaliste de l’Aube Dorée, mais sous
des marxistes internationalistes fanatiques de
SYRIZA, c’est beaucoup moins évident.
Scipion de SALM.
Obama veut-il la
La guerre fait rage au Donbass. L’Est de
l’Ukraine n’aura pas connu la trêve hivernale
que beaucoup attendaient ou espéraient. Une
guerre que trop de journalistes s’entêtent de
qualifier de “civile”… En avril
2014, le nouveau pouvoir issu
du coup d’État du Maïdan du
22 février 2014 lance une vaste
opération
“anti-terroristes”
contre les régionalistes russophones du Donbass. Ceux-ci
devant l’intransigeance de Kiev
se radicalisent peu à peu et réclament l’autonomie au sein d’une fédération ukrainienne.
Las, l’affaire dégénère vite après le massacre
d’Odessa le 2 mai et le régionalisme se mue
en séparatisme. D’après les Nations Unies le
conflit aurait fait au total quelque 5 000 victimes civiles. Depuis le 9 janvier l’intensité
des combats ne cesse d’augmenter et parallèlement le nombre des morts… alors que plusieurs milliers de soldats gouvernementaux
se trouvent pris au piège du “chaudron” de
Debaltsevo.
Mais qui alimente le brasier ? Kiev ne cesse
de clamer que la Russie fournit des armes et
des hommes aux nouvelles Républiques autonomes de Donetsk et Lougansk. Moscou
oppose pour sa part démentis sur démentis
à ces accusations, les dénonçant comme infondées, les autorités ukrainiennes n’ayant
jusqu’à présent jamais fourni la moindre
preuve à l’appui de leurs dires. Un certain
écart apparaît d’ailleurs à ce sujet entre les
déclarations des politiques et celles des militaires ukrainiens : le 31 janvier dernier, le
général Victor Moujenko, chef d’état-major
général, n’a-t-il pas avoué que « l’armée
ukrainienne ne combattait pas contre des
unités régulières de l’armée russe… la participation de citoyens et militaires russes aux
combats n’étant que des faits isolés » ? Des
propos à comparer avec ceux aussi péremptoires que contradictoires, du président ukrainien Petro Porochenko, du Secrétaire général
de l’Otan Jens Stoltenberg et aux États-Unis
du belliqueux sénateur McCain.
Du côté américain, le 2 février, Washington confirmait une information du New
York Times selon laquelle le commandant
en chef des forces de l’Otan, le Général
12 FÉVRIER 2015
«
7
Ukraine : sous les négociations le gouffre
JE VEUX lancer un appel
au peuple ukrainien, aux
mères, aux pères, aux sœurs
et aux grands-parents : cessez
d’envoyer vos fils et frères au
massacre, un massacre inutile
et sans merci. Les intérêts du
gouvernement ukrainien ne
sont pas les vôtres. Je vous
en supplie : reprenez vos esprits. Vous n’êtes pas obligés
d’arroser les champs du Donbass avec le sang ukrainien.
Ça n’en vaut pas la peine ».
Alexander Zakharchenko, PreD.R.
mier ministre de la République
populaire de Donetsk.
Faut-il encore parler de l’Ukraine ? Et
que dire ? Que la guerre fait rage ? C’est
un fait et une évidence. Un état de fait que
les journalistes semblent découvrir maintenant, très tard, alors que n’importe qui
pouvait le constater depuis des mois…
mais pas les grands professionnels de la
gens médiatique. Ne glosons donc pas sur
les mensonges par omission dont nous
sommes silencieusement et quotidiennement abreuvés. Ni sur la bêtise crasse
d’une profession engluée dans la paresse
intellectuelle et un conformisme pathologique, car tout a déjà été dit sur la question. Grâce au ciel, seuls les “vieux” regardent encore les lucarnes télévisuelles,
les jeunes générations préférant de loin,
la Toile. Ce qui limite le pouvoir de nuisance de ceux qui, la bouche en cul de
poule — tout en roulant des yeux de merlans frits — découvrent midi à dix-neuf
heures… ceux-là commencent à serrer
les fesses parce que l’orage se rapproche
a guerre totale ?
Philip Breedlove serait favorable à la fourniture à l’armée ukrainienne d’armes défensives — élégant euphémisme — et autres
équipements. La veille un mémo d’experts
cosigné par une brochette de diplomates et
de militaires de haut rang, était rendu public sous la forme d’un rapport pour « Le
maintien de l’indépendance ukrainienne
et l’opposition à l’agression russe. Ce que
doivent faire les États-Unis et l’Otan »*.
Ce document, publié sous l’égide de l’Atlantic Council, de la Brookings Institution
et du Conseil de Chicago pour les Affaires
Globales, recommande fortement l’envoi
au profit de l’armée ukrainienne d’équipements militaires létaux, parmi lesquels les
fameux lance-missiles antichars Javelin…
ceci pour un montant de 3 milliards de dollars.
Une très mauvaise idée pour Berlin car
« une solution militaire, ce n’est pas celle que
le gouvernement fédéral voit comme issue
possible à cette crise ». Déclaration frappée
au sceau du bon sens de la porte-parole du
gouvernement allemand, Christiane Wirtz.
Celle-ci rejoignait la position exprimée à la
Maison-Blanche par Ben Rhodes, Conseiller
adjoint à la Sécurité nationale du président
Obama. Celui-ci estime en effet de façon dissonante que « la livraison d’armes aux forces
ukrainiennes n’aiderait pas à régler le conflit
dans le Donbass ». Dont acte !
Restera finalement à savoir si les intentions
affichées à Washington auront été purement
déclaratives, ou si le camp des partisans de
la confrontation Est/Ouest, notamment au
Sénat, parviendra à l’emporter. En ce cas
l’escalade risque bien de se transformer très
rapidement en montée aux extrêmes. Demain
la guerre aux frontières de l’Union ?
_____
L. C.
* Parmi les signataires figurent l’ex-ambassadeur américain à l’Otan Ivo Daalder, l’ancienne
sous-secrétaire à la Défense Michèle Flournoy,
l’ancien sous-secrétaire d’État Strobe Talbott, les
anciens ambassadeurs des États-Unis en Ukraine
Steven Pifer et John Herbst et l’ancien commandant adjoint du commandement de l’Otan en Europe James Stavridis.
de la Ligne bleue des Vosges, semant la
mort au Donbass avec son cortège de cadavres et de misères1. Ici également l’on
risque de récolter ce que nous avons semé
pour avoir écouté ces prophètes de malheur, experts dans l’art de faire se battre
les montagnes qui, tel Alexandre Adler
[Cdansl’air/5e/6fév15], prêchent une
haine atavique, mais feutrée, à l’égard de
la Russie et de ses dirigeants… des gens
qui sèment l’éternelle zizanie et soufflent
inlassablement sur les braises. Images qui
ne sont pas rhétoriques mais s’actualisent
ici et maintenant à l’Est de l’Ukraine, aux
marches de la Russie et de l’Europe, sous
forme de ruines fumantes… et de corps
disloqués aux membres arrachés jonchant
les rues.
PENDANT L’ENTRACTE
LA GUERRE SE POURSUIT
En tout cas les préparatifs de conflit se
poursuivent. Kiev a décrété la mobilisation de 100 000 hommes de 18 à 45 ans.
Environ 78 000 sont déjà sous les drapeaux et 46 000 sont en route vers le Donbass. Reste que les désertions flambent…
comme en Transcarpathie où 80 % des
appelés ne se présenteraient pas aux commissions d’incorporation. Aussi les procédures se multiplient-elles contre ceux,
toujours plus nombreux, qui osent dire
« Je ne suis pas Charlie » et franchissent
les frontières russes, polonaises ou roumaines.
Simultanément l’Otan, c’est-à-dire le
Pentagone, n’exclut pas le recours à la
force… pour ramener la paix dans le Donbass. « L’Occident ne doit pas exclure
la possibilité d’un règlement militaire
du conflit en Ukraine » nous a averti le
général Breedlove, alias docteur Folamour et commandant en chef des forces
de l’Otan en Europe. C’était à Munich, le
7 février à l’occasion de la 45e Conférence
sur la sécurité collective [sputniknews.
com7fév15]. Une conférence qui a réuni
treize chefs d’État et une cinquantaine
de ministres supposés établir les voies et
moyens utiles à prévenir la « destruction
de l’ordre mondial actuel »… notamment
eu égard à la guerre de l’Est de l’Ukraine
et de l’expansion de l’État islamique en
Irak et en Syrie.
WASHINGTON N’A CURE DES
NÉGOCIATIONS COSMÉTIQUES
Prudent cependant, le Dr. Breedlove tint à
nous prévenir que l’Alliance ne s’engagerait
en aucun cas dans une « opération au sol ».
Oui da, car pour ce faire encore faut-il disposer d’effectifs, ce qui n’est pas le cas de
l’Otan… qui au mieux pourrait réunir 25 000
hommes et seulement 5 000 dans une conjoncture d’urgence. Une indigence qui n’est pas
forcément rassurante pour autant. Parce que
nous ne sommes définitivement plus dans le
cas de figure d’une guerre aérienne à outrance
comme en 1999 contre la Serbie [Fédération
yougoslave]. Les appareils et les missiles de
croisière de l’Otan doivent s’attendre à franchir un redoutable barrage de S-300 PMU2
sol-air volant à mach 6,5… Avant d’essuyer
des tirs antiforces au moyen de vecteurs solsol Iskander [Alexandre], également hypervéloces [Mac 7] et porteurs, le cas échéant,
de têtes nucléaires tactiques. Ceci n’étant pas
tout à fait une hypothèse d’école sachant que
le proconsul Breedlove a qualifié de « complètement inacceptable » le plan avancé par
le président Poutine pour le règlement du
conflit de l’Est de l’Ukraine [Reuters7fév15].
Autant dire que les bons offices du duo Merkel-Hollande sont considérés Outre-Atlantique comme nuls et non avenus.
Cette déclaration du commandant en
chef des forces alliées en Europe constitue
de la part de Washington une sorte de fin
de non-recevoir a priori quant aux résultats de la rencontre tripartite, Russie, Allemagne, France, du vendredi 6 février au
Kremlin2. Plan qui pourtant, en principe,
doit être avalisé le 10 février par les quatre
parties concernées : Ukraine, Russie, Allemagne, France. Faut-il en conclure que
la négociation « de la dernière chance »
n’était destinée qu’à donner le change ?
Qu’au mieux elle permettra à Kiev de restructurer son dispositif et de se réarmer
grâce aux euratlantistes ? Le ministre des
Affaires étrangères du Royaume-Uni ne
vient-il pas de qualifier le président russe
de “tyran”. Or, que fait-on avec les tyrans ? On les abat !
Ce pourquoi, mis au parfum des intentions réelles des maîtres du jeu, le sieur
Hollande, aussi inconscient que fier-àbras, s’est autorisé à déclarer le lendemain
des pourparlers de Moscou, le 7 février
à Tulle, que ces échanges constituaient
l’une des dernières chances d’éviter la
guerre. « Je pense que c’est une des dernières chances… Si nous ne parvenons
pas à trouver, non pas un compromis, mais
un accord durable de paix, eh bien nous
connaissons parfaitement le scénario: il a
un nom, il s’appelle la guerre ».
LES JEUX SONT FAITS
Au demeurant que demande M. Poutine
pour fermer sa frontière aux matériels et aux
hommes qui, à titre individuels, viennent
au secours du Donbass assiégé par les
troupes gouvernementales ? L’assurance
que l’Ukraine ne rejoindra pas l’Otan. Que
cette “Marche” au sens étymologique du
nom “Ukraine”, restera neutre comme le fut
la Finlande au cours de la Guerre Froide. Le
terme en resté depuis : finlandisation, terme inventé par le
ministre autrichien Kar Gruber en 1953. Un gel3 des positions qui eût dû accompagner
la dissolution unilatérale du
Pacte de Varsovie intervenue
à Prague le 1er juillet 1991.
En outre, le président russe
veut la levée des sanctions qui
épuisent son économie et font
fuir investisseurs et capitaux.
Est-ce la mer à boire ? Non,
mais M. Hollande n’est pas un
homme libre. Pas plus que Mme Merkel. Les
intérêts que lui et Frau Kartoffel défendent
ne sont pas de chez nous, ce ne sont pas ceux
du Vieux Monde ni ceux de la stabilité internationale. Les rives de Manhattan sont
loin et les vétérotestamentaires judéo-protestants n’ont pas connu les désastres de la
guerre depuis Lincoln. Donc peu leur chaut
que l’Europe puisse à nouveau devenir, potentiellement, le « champ de bataille » où
l’Est et l’Ouest mesureront leurs forces et
leur détermination.
HOLLANDE BAFOUILLE MAIS
VEUT PASSER À LA POSTÉRITÉ
M. Hollande radote. Mais croit mordicus
qu’il restera dans l’histoire comme l’homme
du 11 Janvier et celui qui aura tout tenté
pour éviter une nouvelle conflagration européenne. Car cela fait au moins six semaines
qu’il nous parle bonnassement, sur le ton de
la bagatelle, des guerres imminentes, guerre
avec Damas sous couvert d’éreinter l’État
islamique, guerre ouverte avec la Russie
souverainiste et orthodoxe sans complexe,
alliée de Damas. Sombres perspectives qui
ne semblent pas vraiment l’émouvoir ni le
concerner, comme s’il était un simple spectateur mais pas plus que ça. Comme s’il
s’agissait d’une fatalité. Il est vrai qu’il ne
s’agit que du sang des autres. Le sang de
tous ceux des deux bords qui sont voués
au sacrifice pour que triomphe l’idéologie
euratlantiste du libre marché, de l’endettement universel, de la dette des personnes et
des États, forme moderne du servage sans
limites temporelles ni frontières physiques.
Servitude par la dette que le Christianisme
et l’Islam avaient bannie. Raison pour laquelle le Meilleur des mondes d’iniquité
ne peut se bâtir que sur les décombres des
grandes religions, ces “idolâtries” ennemies
de ce Molochisme moderne qu’est le monothéisme du Marché4.
_____
Léon CAMUS.
1. Nombre de morts en dix mois au Donbass : 5500
selon la grande presse. En France la DGSE et la DRM
avancent les chiffres suivants comme ordre de grandeur : 3 500 civils ; 4 000 volontaires républicains ;
16 000 soldats ukrainiens et mercenaires de l’Otan.
Soit un total de 23 500 en février 2015.
2. Le président François Hollande, précédé d’Angela Merkel, est arrivé vendredi peu après 16 heures à
Moscou pour y rencontrer le président Poutine et
lui faire avaliser “leur” plan de retour à la normalité
dans le Donbass. L’initiative franco-allemande, soutenue — au moins pour la forme — par Washington,
Bruxelles et l’Otan, est considérée par tous comme
la médiation de la dernière chance au terme de dix
mois de combats qui ont conduit le monde occidental au bord d’un conflit ouvert avec la Fédération de
Russie… « Les négociations entre M. Poutine, M.
Hollande et Mme Merkel ont commencé à trois vers
17h30 — heure de Paris — sans leurs délégations
respectives ». Elles auront duré au final près de cinq
heures [leparisien.fr6fév15].
3. En février 1990, le Secrétaire d’État James Baker,
au cours d’un entretien avec le syndic de liquidation
de l’Empire soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, prend
l’engagement qu’en contrepartie de l’intégration de
l’Allemagne réunifiée dans l’Otan, cette dernière ne
s’étendrait pas au-delà vers l’Est. L’ancien président
Démocrate William Clinton confirme dans des mémoires qu’en 1997 Boris Eltsine avait réitéré cette
demande afin que l’extension à l’Est de l’Otan exclût
les pays Baltes et l’Ukraine, anciens pays membres
de l’Union soviétique. Au lieu de quoi en 1999, l’allié
serbe est écrasé sous les bombes du Pacte atlantique
alors que les Polonais, les Tchèques et les Hongrois
rejoignent l’Otan qui de défensive se fait ouvertement
offensive. À ce titre une force de réaction rapide est
créée à Prague en 2002, puis en 2004 l’Otan accueille
sept nouveaux États : l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie… tandis que se poursuit en Pologne, en Tchéquie
et sur la Mer Baltique l’installation d’un “bouclier
anti-missiles” censé intercepter — sans rire — des
vecteurs balistiques tirés depuis l’Iran ou la Corée du
Nord. [Cf. sputniknews.com2fév15].
4. Voir la Déclaration « Solidaires de la Russie » à
l’heure de la tragédie ukrainienne [russkymost.net]
« Devant l’aggravation des tensions, dans le Donbass comme dans les relations internationales, une
conclusion s’impose : l’hostilité agressive déployée
aujourd’hui contre la Russie n’a rien de rationnel. La
politique du “deux poids, deux mesures” a dépassé
toutes les bornes. La Russie est accusée de tous les
crimes, sans preuve, coupable a priori… [Comment]
tolérer le honteux silence officiel et médiatique des
pays européens sur les terribles bombardements de
populations et d’infrastructures civiles effectués par
l’armée ukrainienne dans le Donbass ?… Ce silence,
pour les autorités de Kiev, équivaut à un véritable
permis d’exterminer. Depuis des mois, des enfants
et des vieillards meurent ou sont gravement blessés,
des prisonniers sont torturés. Voilà maintenant que le
gouvernement de Kiev a décrété un blocus intégral —
gaz, électricité, trains, administrations et hôpitaux,
retraites, salaires, médicaments — pour mieux anéantir une région dont il proclame pourtant qu’elle fait
partie intégrante de son territoire. Et comment ne pas
dénoncer les violences commises par les partisans de
Kiev contre l’Eglise orthodoxe russe en Ukraine ? Des
prêtres menacés, contraints à la fuite ou même tués,
une cinquantaine d’églises bombardées dont vingt
entièrement détruites, des fidèles persécutés… ». Donbass, Damas, même combat. De ce point de vue les
fanatiques de Kiev, de Bruxelles et de Washington ou
de Paris ne valent guère mieux que les salafo-wahhabites de Daech.
AGENDA
+ 14 février près de Caen. Réunion de la
Ligue Nationaliste de Guy Guerrin qui interviendra sur le thème : « les trente-deux ans politique
de la Ligue nationaliste que j’ai créée le 26 mars
1947 ». Tél. : 02-31-79-62-04.
+ 18 février à Colmar (Alsace). Réunion nationaliste à 19h30, avec la présence d’Yvan
Benedetti, directeur de Jeune Nation, et de
Laura Lussaud présidente du CLAN. Inscription obligatoire : 07-62-84-04-35 ou <alsace.
[email protected]>. Un stand militant sera sur
place ! L’adresse sera donnée environ 1h avant
le rendez-vous.
+ 21 février à Paris 7e (15 heures, 78 A rue
de Sèvres). Conférence de Philippe Ploncard
d’Assac sur « La guerre des mondes voulue,
du mondialisme ». Part. : 10 €. Étudiants,
chômeurs : 5 €.
N°3175 — 12 FÉVRIER 2015 — RIVAROL
8
L’autre Amérique : le calvaire d’Edgar Steele
« Je n’ai pas dit que ce serait facile. J’ai
simplement dit que ce serait la vérité »
Morphée (Film The Matrix)
L
’AVOCAT et auteur américain Edgar
James Steele était condamné le 9 novembre 2011 à 50 ans d’emprisonnement. Incarcéré au sinistre United States
Penitentiary (USP) de Victorville, Californie, il décède le 4 septembre 2014, à l’âge
de 69 ans, « dans de mystérieuses circonstances ».
Dans l’Amérique actuelle, ce cas n’est
hélas pas isolé et porte l’attention sur un
phénomène inquiétant que les autorités du
pays essaient, par tous les moyens, de camoufler ; il touche une « autre Amérique »,
celle d’hommes et de femmes que l’on veut
bâillonner car refusant de courber l’échine,
d’accepter l’inacceptable, trop souvent au
prix de leur vie. Avec des lois, de plus en
plus restrictives, c’est une véritable soviétisation de la société américaine qui se
produit au nom de la “démocratie”. L’impitoyable traitement infligé à Edgar Steele
se voulait un message d’avertissement de
la part des pouvoirs établis. Point n’est besoin d’être extralucide pour réaliser que ce
mal insidieux s’étend aussi, peu à peu chez
nous. Puisse son sacrifice nous servir d’enseignement.
Surnommé « l’avocat des damnés » ou « le
martyr du 1er Amendement », Edgar Steele
acquit sa notoriété en septembre 2000, en
acceptant de défendre Richard Girnt Butler,
fondateur de l’organisation Aryan Nations,
lors d’un procès l’opposant au Southern
Poverty Law Center (SPLC) soutenu par
l’Anti-Defamation League (ADL) du B’nai
B’rith…
Censé se consacrer aux pauvres au nom
de la « tolérance et de la non-discrimination », le SPLC a été créé en 1971 par les
avocats Joe Levin et Morris Seligman Dees.
Osant se déclarer à but non lucratif, malgré
des millions de dollars à son actif dont deux
« palaces de la pauvreté » à Montgomery,
Alabama ainsi que des comptes offshore
aux îles Caïman et aux Bermudes, l’organisation compte 200 employés, parmi lesquels les Noirs se plaignent d’être mal représentés. Ce qui en fait « l’association au
bénéfice des pauvres, probablement la plus
riche du monde ». Elle a fait et continue de
faire ses choux gras grâce aux poursuites
intentées à la droite “radicale”, américaine,
telle la John Birch Society (dont l’organe
est le fameux The New American) ainsi
qu’à quiconque catalogué d’extrémiste…
Il fallait donc un certain courage pour
s’engager dans la défense de l’Aryan Nations, mouvement séparatiste construit sur
l’identité blanche dont l’idéologie reposait
sur des « doctrines chrétiennes et nationales-socialistes ». Par trois fois, Edgar
Steele leur refusera son aide mais devant le
lynchage médiatique et les calomnies dont
cette organisation était la cible, il revint sur
sa décision.
Ce combat devait le mener au cœur des
lobbies se targuant d’“antiracisme”, le
confrontant à un univers jusqu’alors méconnu dont il allait découvrir, non seulement l’obsessionnelle malveillance mais
désormais en subir l’implacable acharnement.
Richard Girnt Butler, d’origine anglo-allemande, avait servi dans l’aviation américaine durant la Seconde Guerre mondiale
puis comme ingénieur aéronautique de
Lockheed Martin à Palmdale, Californie.
Auteur de nombreuses inventions de 1964
à 1973, il effectuera un séjour au pays des
Maharajahs en 1946, au service de la Royal
Indian Air Force. Il s’intéressera au système des castes dans la hiérarchie duquel il
remarquait que « plus on était haut placé,
plus on était blanc ». De retour en Amérique, il s’inquiétera du « déclin de la race
blanche ». Jeune retraité et veuf à 55 ans, il
quitte la Californie pour l’Idaho — un des
Etats de l’Ouest américain où la population
est encore aujourd’hui, majoritairement
blanche (certaines villes à 95-97 %) dans
sa partie nord. Après avoir étudié la théologie, R. Butler fait l’acquisition d’un terrain à Cœur d’Alène (ville au bord du lac
du même nom). En 1973, il y fonde l’Aryan
Nations qui devient, chaque année, un lieu
D.R.
de prédilection pour plusieurs centaines de
personnes venues du monde entier. Ce qui,
l’on s’en doute, n’était pas du goût de certains…
L’AVOCAT DES DAMNÉS
Le procès intenté à l’Aryan Nations par le
SPLC et l’ADL, soutenus par le juge James
Michaud, concernait trois de ses gardes accusés d’avoir menacé d’un revolver deux
amérindiens métis, lors d’une altercation.
Alors âgé de 82 ans, Richard Butler allait
devenir le bouc émissaire d’un battage
médiatique haineux et être injustement reconnu comme l’instigateur de l’attaque. Il
sera condamné et l’affaire se soldera par un
dédommagement d’un montant de 6,3 millions de dollars en faveur des plaignants
suivi de la vente aux enchères du complexe. Faute de moyens, la défense ne put
faire appel mais grâce à ses soutiens, dont
le millionnaire de l’informatique Vincent
Bertollini, Richard Butler retrouva un toit
et demeura à Cœur d’Alène.
Lui rendant hommage lors de son décès en
2004, Edgar Steele déclarait : « Nous avons
mené une excellente bataille, la meilleure
de ma carrière. Mais ce que nous ne pouvions battre fut la passion et le préjudice de
la communauté, d’ailleurs exprimés par les
jurés… le but étant de ruiner Richard Butler afin qu’il quitte l’Idaho. La presse porte
une lourde responsabilité dans cette guerre
de désinformation… Oui, Richard Butler
est un séparatiste blanc mais, comme il
l’affirme,“il ne veut aucun mal aux autres
races, simplement pouvoir vivre séparé
d’elles”. Je ne partageais pas toutes ses
croyances mais respectais son honnêteté et
sa dignité. Richard Butler était mon ami. Je
sais par expérience, ajoutait-il, que l’on ne
peut croire tout ce qui est écrit. Les auteurs
de reportages qui ont choisi de grossièrement, crûment et faussement ridiculiser cet
homme jusque dans la mort, le corroborent
pleinement. Je crois vraiment que sa compassion pour ceux qui, dans le besoin, venaient à lui, a causé sa ruine. Trois d’entre
eux lui ont fait perdre sa maison et son
église. J’ai été stupéfait, durant le procès,
par les mensonges des témoins achetés et
payés par Morris Dees et compagnie… ».
Après cet échec qui l’avait aguerri, Edgar
Steele poursuivit ses actions courageuses —
souvent non rémunérées — ponctuées
d’émissions de radio et de débats télévisés
à travers l’Amérique entière, pour « Today,
Good morning America, Fox News, CNN,
programmes de nuit sur NBC », commentant ses cas difficiles, au « service de la
vérité ». Puis, à partir de 2009, sa santé défaillante allait le contraindre à se consacrer
essentiellement à l’écriture et à son site, ironiquement titré Conspiracy Pen Pal, qui lui
attira des dizaines de milliers d’aficionados,
bien au-delà des Etats-Unis ; traitant, chaque
semaine, de sujets d’actualité ou d’histoire
qui laissaient entrevoir l’étendue de ses
connaissances de même qu’une vive intelligence. Refusant de se laisser intimider par la
duplicité et le mensonge, il demeurait fidèle
à l’adage d’un de ses maîtres : « ne jamais
courber le dos pour vaincre ». C’est avec
brio et une franchise frisant l’insolence qu’il
rendait coup pour coup, ponctuant ses propos
d’un trait de plume incisif. Ce que ne purent
plus tolérer ses censeurs, grands prêtres de
l’intolérance ! Edgar devint désormais la
cible d’attaques « au vitriol » laissées sur sa
messagerie ; menaces de mort non seulement
à son encontre mais à celle de son épouse
Cyndi et de ses trois enfants, terrorisant la
plus jeune âgée de 9 ans à peine. A l’époque,
le FBI fut contraint d’admettre que ces menaces provenaient des lignes téléphoniques
de l’ADL mais refusa d’en tenir compte.
En réponse à ces attaques incessantes,
Edgar rétorquait, en mars 2007 : « Les menaces que vous venez d’entendre nous ont
été transmises individuellement, avant même
que je dise ou écrive un seul mot, pouvant
être pris comme étant antisémite ! L’ADL et
le SPLC dénoncent mon “antisémitisme”.
Ce qu’ils refusent de considérer, c’est qu’ils
m’ont fait tel qu’ils me voient aujourd’hui.
Contrairement à d’autres, je ne leur présente
aucune excuse, ce serait à eux de le faire ».
Puis il encourageait ses auditeurs à « se sentir outragés… C’est généralement ce silence
de la part de la majorité des Américains face
à la campagne menée par les juifs contre la
civilisation occidentale, et spécialement la
chrétienté, que je trouve incroyable. Non, ma
diatribe n’a rien de religieux. Je ne vais pas
à l’église — d’ailleurs je pense que le Christ
en ferait de même, vu l’état de la religion
“moderne”… Que vous soyez chrétiens ou
pas, cette agression vous concerne, est votre
combat car le christianisme est un symbole.
Vous, gentil lecteur, êtes la cible. Ne laissez
pas ceux qui, comme moi, portent notre étendard dans la bataille, se battre seuls ; prétendant ne pas être en guerre. Ce genre de
combat ne vous intéresse peut-être pas mais
sachez que lui s’intéresse à vous. Il se peut
que je sois parmi la seconde ou troisième
vague de victimes — la première comporte
déjà des morts et des emprisonnés — mais
cela ne veut pas dire que vous serez épargnés ».
LE PIÈGE
Notre ami hélas ne croyait pas si bien dire.
En ce matin du 11 juin 2010, Edgar était sur
son ranch, attendant son ami et médecin,
Allen Banks, pour aller quérir du bois de charpente, affaibli depuis la rupture d’anévrisme
aortique qui avait failli lui être fatale. C’est
alors qu’étaient arrivés, un agent du FBI, Michael Sotka, accompagné d’un policier, Jess
Spike. Ils lui annoncèrent tout de go « la mort
de son épouse et de la mère de celle-ci » —
et admettront plus tard avoir rusé afin de le
confondre. Ressentant l’imminence d’un danger, Edgar se rassura de n’avoir en aucun cas
enfreint la loi.
A l’arrivée d’Allen Banks, les deux compères l’empêchèrent d’entrer et celui-ci,
apercevant Edgar menotté, protesta, incrédule. Sur quel critère, le FBI fondait-il ses
accusations ? Avec un air de suffisance, Sotka
lui répondit « qu’il avait tout ce qu’il voulait
sur bande pour se convaincre de sa culpabilité ». Et la presse à sensation d’en faire bientôt des gorges chaudes, annonçant qu’Edgar
Steele « avait tenté de supprimer son épouse
et la mère de celle-ci avec la complicité de
son “homme de main”, Larry Fairfax, qui
avait tout avoué au FBI, l’objectif étant pour
Edgar, de s’approprier le gain d’une assurance-vie »… Saugrenue, cette accusation
allait pourtant se transformer en un horrible
cauchemar.
Par la suite, un mandat de perquisition dirigée par Sotka permit au FBI de démontrer
son omnipotence. La résidence des Steele fut
retrouvée sens dessus dessous, planchers et
tapisseries arrachés et beaucoup de leurs possessions volées : livres, documents… Traumatisée, son épouse Cyndi s’était réfugiée
chez des amis.
Les soi-disant pièces à conviction du complot d’assassinat consistaient en deux enregistrements sur bandes, de conversations
téléphoniques de très mauvaise qualité — fabriquées de toutes pièces — sur lesquelles la
voix d’Edgar Steele était censée être reconnue, discutant de la marche à suivre pour éliminer son épouse et sa mère et offrant à Fairfax pour service rendu, une somme de 10 000
dollars, en pièces d’argent.
Il faut savoir que ce Larry Fairfax avait fait
irruption dans la vie du couple, 20 ans auparavant, en plein procès de l’Aryan Nations dont
Fairfax était membre. Il vivait de bricolage et
les Steele l’employaient régulièrement pour
divers travaux. Insignifiant et bavard, il n’était
pour Edgar qu’un « inoffensif bouffon » — ce
qui, à l’insu de tous, n’empêchait pas Fairfax
d’être aussi un informateur du FBI, depuis de
nombreuses années…
Le 15 juin, avait lieu la première comparution d’Edgar, à Cœur d’Alène. Jugeant qu’elle
disposait d’assez de temps avant l’audience,
Cyndi Steele, de retour le matin-même d’Oregon où vivait sa mère malade, s’était rendue
dans un garage pour effectuer une vidange
de sa Mitsubishi. C’est là qu’un mécanicien
allait, à sa grande surprise, découvrir une
bombe artisanale de gros calibre sous la voiture. D’après le témoignage de l’agent Todd
Smith « une bombe létale, la plus grosse
qu’il ait jamais vue, une véritable arme de
destruction massive ». Sans le savoir, Cyndi
Steele l’avait ainsi véhiculée, à grand risque
pour autrui ainsi que pour elle-même et sa famille, mère, fille et petite-fille, pendant trois
semaines, l’engin ayant été installé le 28 mai.
La police locale, ignorante de la mise en
scène, causa quelques inquiétudes au FBI
sans pour autant hélas faire capoter l’horrible
machination. L’enquête remonta jusqu’à Fairfax qui, plus à un mensonge près, prétendit
que « l’engin faisait partie du complot et qu’il
avait fait en sorte que la bombe n’explose
pas ». Durant son incarcération, Fairfax ira
même se vanter auprès d’un codétenu, Darrell Hollingsworth, « d’avoir passé un accord
avec le FBI afin de piéger Edgar Steele ». Le
témoignage d’Hollingsworth ne sera pas, non
plus, pris en compte…
Le 20 septembre, prenant la parole pour
la première fois, Cyndi Steele accordait une
conférence de presse. Accusant publiquement les agents fédéraux d’avoir « su, depuis
le début, qu’un engin explosif était fixé à sa
voiture », leur silence était la preuve de l’existence d’un complot contre son époux. Elle
faisait aussi remarquer que la mise en examen
d’Edgar coïncidait avec la découverte, par
eux deux, de vols commis par Fairfax. Non
pas de 10 000 dollars que Fairfax disait avoir
reçu d’Edgar mais de pièces d’argent d’un
montant total de 45 000 dollars. Elle expliquait que, libre de ses mouvements à l’intérieur du ranch, Fairfax avait fini par trouver
l’endroit où elles étaient gardées secrètes ; que
déclaré en faillite, trois mois auparavant, Fairfax s’était acquitté, comme par magie, quinze
jours plus tard, de l’hypothèque qui l’entravait. Elle rappelait enfin que sa mère avait
récemment reçu de son mari précisément
2 779 dollars « pour sauver sa maison » et
concluait : « Edgar n’avait aucun motif pour
vouloir nous supprimer, ma mère ou moi ».
Revenant sur les enregistrements, elle attestait que leur contenu avait été modifié au
moins deux fois déjà. En juillet, à sa demande
de les auditionner de nouveau, il lui avait
été étrangement répondu, par le FBI, que les
bandes « n’étaient pas prêtes ». « Mon mari est innocent, clamait-elle, et la
seule raison pour laquelle le Bureau fédéral
d’investigation l’a emprisonné, est pour le
faire taire. Ils se sont empressés de le condamner sur les fausses accusations d’un homme
tentant de se disculper pour le vol dont il est
coupable. Mon mari a été pris pour cible par
le gouvernement fédéral à cause de son passé
de défenseur de clients “politiquement incorrects”. Le FBI refuse de faire son travail, s’insurgeait-elle, de condamner Fairfax et d’inculper ses complices, à ce jour, non identifiés,
et je voudrai savoir pourquoi ».
Cyndi Steele faisait référence à un coup de
téléphone anonyme reçu la veille par son avocat, révélant le nom d’au moins un des complices de Fairfax. Le correspondant affirmait
que les deux hommes avaient souvent été vus
ensemble ; que ce complice était au courant
de l’engin explosif, de même que le FBI, bien
avant sa découverte inopinée. Quelques jours
après l’avoir fixé sous la voiture, ils avaient
suivi Cyndi Steele jusqu’en Oregon, sur plus
de 700 km « pour vérifier pourquoi la bombe
n’avait pas explosé »…
Ce fait sera confirmé par l’avocat général
et le FBI qui refuseront cependant de reconnaître ce complice « coupable d’assistance et
incitation à un acte criminel » bien qu’il ait
admis sa participation dans le complot visant
au meurtre de Cyndi Steele ! Larry Stairfax ne
sera jamais jugé pour le vol des 45 000 dollars
N°3175 — 12 FÉVRIER 2015 — RIVAROL
en argent ni pour obstruction de justice pour
avoir omis de mentionner la bombe — avant
sa découverte.
L’identité du deuxième larron sur qui la
presse s’était montrée très discrète, n’avait
pas échappé à Vicky Davis, une journaliste
qui n’avait pas la langue dans sa poche :
« Il s’appelle James Maher, rapportait-elle,
frère du comédien Bill Maher ; cousin de
Fairfax et voisin des Steele. Il voulait vraiment la voir morte… On comprend l’inquiétude de Cyndi Steele. Maher et Sotka, du FBI,
sont juifs, il s’agit bien d’une conspiration ! »
cause de dissimulation d’information, Holder
tenta tout d’abord de se disculper en se disant
victime de sa couleur de peau mais dût finalement donner sa démission, malgré l’objection d’Obama, le 25 septembre dernier, après
six ans de (mauvais) services. Considéré par
dix-sept membres du parti démocrate comme
« le plus diviseur des ministres de la Justice de
l’histoire moderne pour avoir inutilement mêlé
la politique au renforcement de la loi », Holder
était accusé « d’avoir abusé de son pouvoir et
manqué aux valeurs de la constitution ».
PARODIE DE JUSTICE
EDGAR STEELE, MARTYR
DU 1er AMENDEMENT
Wesley Hoyt étant désormais le nouvel avocat
des Steele, il tint à évoquer la terrible injustice
faite à son client, insistant sur l’implication du
SPLC dans le complot. En plus de la conduite
scandaleuse des autorités judiciaires, Hoyt dénonçait l’attitude de son prédécesseur, l’avocat Robert McAllister — un ancien procureur
fédéral de renom. Ce magistrat véreux, dans
le collimateur de la justice, avant, pendant et
après le procès — ce qu’ignoraient ses clients
qui avaient tant investi sur sa personne — allait
manquer à son devoir et délibérément saboter
la défense d’Edgar Steele, par pure lâcheté. Ce
qui ne l’empêchera pas d’écoper finalement de
six ans de prison [qu’il purge toujours] pour
fraude puis d’être radié du barreau « pour
fautes graves », une semaine seulement après
le jugement d’Edgar.
Comment comprendre qu’aucune poursuite
n’était engagée contre Maher et que Fairfax
s’en tirait avec seulement 27 mois de prison
pour « fabrication et possession d’une arme
non déclarée » ; peine réduite à quelques mois
puis rapidement commuée en résidence surveillée avec bracelet électronique, seulement cinq
mois après la condamnation inique d’Edgar
Steele ? Des rumeurs laissaient entendre que
Fairfax avait même reçu une compensation
de la part du FBI, en remerciements de bons
et loyaux services. Ce dont avait d’abord douté Wesley Hoyt mais qu’après investigations
personnelles, il avait pu vérifier, cette pratique
existant bel et bien, inscrite dans des statuts fédéraux peu connus. Comparant « la corruption
judiciaire à une fosse d’aisance », Hoyt déclarait qu’ainsi, des innocents catalogués de « politiquement incorrects » pour oser dénoncer
l’oppression du système, étaient harcelés alors
« qu’agents gouvernementaux, procureurs et
juges [sont] mis sous pression et soumis à une
sorte de corruption légalisée, les encourageant
à faire bloc même s’ils savent dans leur for
intérieur qu’ils poursuivent quelqu’un d’innocent, sur de fausses accusations. Le cas de mon
client est une parodie de procès digne du KGB,
strictement orchestrée pour réduire au silence
la liberté d’expression ».
Il eût été en effet possible d’innocenter Edgar
qui mettait tous ses espoirs dans l’intervention de deux experts mondialement connus,
le professeur George Papcun de Santa Fe et
Dennis Walsh, ancien détective de New York,
tous deux spécialisés dans les enregistrements
audio. Là où des témoins avaient exprimé
des doutes à l’écoute des bandes condamnant
Edgar, ils avaient tous deux acquis la conviction que la voix prêtée à l’accusé n’était pas la
sienne. Qu’à cela ne tienne, le juge Winmill
avait privé les jurés et l’audience de leur témoignage didactique en refusant à la défense de les
appeler à la barre, invoquant comme prétexte
« une atteinte à l’intégrité du gouvernement
fédéral » — qui, de par la loi, ne pouvait avoir
tort (sans rire) — faisant fi, du même coup, de
la présomption d’innocence revendiquée légalement par l’accusé et ôtait au jury composé
de onze femmes et un homme, déjà conditionnés, toute possibilité d’innocenter Edgar.
Entre autres accusations, celui-ci fut déclaré
coupable d’avoir été en possession d’un « engin destructeur » sans qu’aucune preuve n’ait
été présentée (absence de ses empreintes) et
bien que Fairfax ait été, lui, accusé de l’avoir
fabriqué !
Pour les proches et les sympathisants d’Edgar,
la main du ministre de la Justice dans l’acharnement que subissait Edgar ne faisait aucun
doute — en la personne du très impopulaire
« Taubira états-unien », Eric Holder, premier
américain de couleur à occuper cette fonction.
Nommé par Obama, certes, mais ayant débuté
sa carrière déjà sous Reagan.
Maigre compensation : par effet boomerang
ou divine intervention, Holder a récemment
chuté de son piédestal en se trouvant mêlé
à une autre machination, dont le but tendait
au renforcement de la loi sur les armes à feu,
sujet brûlant, s’il en est. Démasqué et mis en
accusation pour « outrage au Congrès » pour
Cheveux roux et taches de rousseur, le jeune
Edgar était d’un tempérament fougueux. Pétri
de patriotisme, il s’était retrouvé garde de côte,
durant la guerre du Vietnam ; pendant quatre
ans, il allait servir à bord de navires puis comme
commandant sur une station LORAN d’une île
de la mer de Chine. De retour à la vie civile,
les circonstances l’avaient conduit à la finance
(licence puis maîtrise en gestion). Doctorat en
main, il s’était ensuite orienté vers le droit et dirigea sa propre étude. En 1985, il épousait Cyndi Meynard Kunzman à San Mateo, Californie,
lui promettant deux choses : « de ne jamais la
battre et une vie jamais ennuyeuse »…
Analyste financier à ses débuts, il allait pressentir la crise économique américaine de 2008
et les conséquences qui en découleraient.
Prodiguant des conseils à de jeunes avocats,
il faisait remarquer que la fortune n’était pas
l’option majeure ; bien assimiler le fait d’être
avocat avant de se marier ; fonder une famille
« car, disait-il, avoir des enfants s’avérait la
seule façon d’apprendre à aimer quelqu’un
d’autre plus que s’aimer soi-même ».
Avec, à son actif, plus d’un millier de cas,
souvent traités à titre gracieux pour ses clients
les plus modestes, il était persuadé que la situation ne cesserait d’empirer. Il lui sembla
donc primordial de protéger matériellement sa
famille tout en menant son combat. Il avait appris que l’argent est (hélas) le nerf de la guerre
et combien en manquer peut être invalidant,
aujourd’hui plus que jamais…
Se disant lui-même « très politiquement incorrect », sa profession allait le confronter à des
situations tragiques survenues à des familles,
souvent ruinées, du jour au lendemain, pour la
seule raison d’avoir déplu au système. Avant la
sécurité matérielle, il préconisait de « prendre
soin des fondamentaux : location, protection,
survie » — pour lui, le choix de l’Idaho comme
résidence n’était donc pas fortuit. Seulement
après, s’intéresser au côté financier ; pour sa
sécurité, investir dans des métaux précieux.
C’est ainsi que, refinançant son hypothèque,
Edgar deviendrait un « Monté Cristo des temps
modernes » en acquérant, petit à petit, près de
100 000 dollars de lingots et pièces d’argent,
essentiellement — sur une partie desquelles
Fairfax fera main basse.
Rappelant les incohérences de cette affaire
sordide, le journaliste John Kaminski commentait en 2013 : « Jusqu’à présent, l’histoire et
les détails de ce “complot” ont tout l’air d’une
fabrication, qui rappelle étrangement l’époque
des voyous soviétiques du KGB. Durant
presque six mois, Edgar Steele a été mis sous
surveillance vidéo, chez lui, sans que ni lui ni
son épouse en aient connaissance. Le rapt de
Steele par le pouvoir fédéral semble suivre une
tradition sinistre d’un gouvernement qui a déjà
révélé sa duplicité dans le massacre de Waco,
l’attentat à la bombe d’Oklahoma City et la
destruction du World Trade Center de New
York, le 11 septembre 2001, des faits tous suivis
d’innombrables obstructions et manipulations.
La seule chose qui puisse encore sauver
Edgar Steele est une protestation publique
de masse devant l’injustice faite à quelqu’un
n’exprimant que la vérité sur l’immoralité de
choses commises par notre gouvernement, en
notre nom. Que quelqu’un puisse être subtilisé par des agents fédéraux à cause de ses
opinions politiques, prouve que dans ce pays,
personne ne peut échapper à la tyrannie de lois
qui font une parodie de l’expression « liberté et
justice pour tous ».
Homme de loi et la respectant, Edgar Steele s’était cru protégé en exerçant ses droits
d’homme libre pour la défense de la liberté
d’expression. Ses amis se sont interrogés sur
la raison pour laquelle il avait pu susciter un
tel intérêt chez les fédéraux. Allen Banks et
Ingri Cassel, en particulier, l’y voient dans la
rédaction par Steele d’un nouveau livre inachevé portant sur les rouages de l’esclavage
international impliquant Israël et certains gouvernements européens. Une chasse aux sorcières dont ont déjà été victimes Randy Weaver,
9
George Hansen et Gordon Kahl. Weaver, piégé
en 1992, par un informateur gouvernemental, ce qui coûta la vie à son fils et sa femme.
Hansen, congressiste de l’Idaho, après une investigation du fisc ; arrêté sous un prétexte, il
fut trimbalé à travers le pays pour éviter à ses
amis de le retrouver. Kahl, autre contestataire
fiscal, assassiné en 1983, par des agents fédéraux, d’une façon particulièrement macabre, après des décades de combat ».
Au centre de détention de Bonner
County à Sandpoint, Idaho, la quatrième prison où il était incarcéré et qu’il trouvait la plus
clémente, Edgar Steele
racontait, dans une interview, les terribles
conditions de vie
qu’il avait endurées, ajoutant : « J’ai
été, dans toutes,
placé en haute
sécurité, comme je
le suis actuellement.
A Spokane County, Ada
et Kootenai, c’était en plus
l’isolement cellulaire total, ce
qui veut dire ne pas pouvoir passer la porte de la cellule de toute la
journée. A Spokane, dès mon arrivée,
ils m’ont mis dans ce qu’ils appellent “le
trou” ; la prison de la prison. On y est envoyé
normalement en cas de bagarre, de problème
avec un gardien. C’est là qu’ils m’ont laissé
pendant un mois, sans raison, refusant même
que je parle à mon avocat qui ignorait où
j’étais… Effarante, la façon dont j’ai été traité. Pire que le traitement infligé à Matt Hale »
[violoniste et écrivain, lui aussi victime d’un
indicateur camouflé et injustement condamné
à 40 ans de prison en 2004, à l’âge de 33 ans,
pour (fausse) « tentative d’assassinat » sur un
juge. Il subit actuellement sa 11e année d’isolement et devrait de nouveau tenter une demande
de libération].
Insistant sur l’omniprésence d’agents de la
police fédérale (US Marshals), dépendant du
ministère de la Justice, il était certain que le
problème venait en grande partie du ministre
de la Justice, Eric Holder lui-même. En ce qui
concernait l’interdiction de contact entre son
épouse et lui-même, Edgar avait, juste avant
le procès, sollicité de nouveau un tête-à-tête.
On leur accorda 15 minutes. « Voici comment
ils m’ont laissé lui parler, commenta Edgar :
ils m’ont amené en salle d’audience, les fers
aux pieds, avec ce que j’appellerai, une chaîne
courante, car elle est autour de la taille et retenue par les menottes. Bien sûr, de me voir
ainsi, ma femme s’est mise à pleurer. Je me
suis assis, de l’autre côté de la table en chêne,
avec autour de nous, huit agents fédéraux,
certainement pour s’assurer que je ne tenterai
rien — pensez, je suis tellement dangereux…
Nous avons eu 15 minutes, ni plus, ni moins ».
Alors que Wesley Hoyt espérait un nouveau
procès grâce aux fonds (400 000 dollars) réunis
par le collectif <free-edgar-steele.com> créé
par son épouse et le « Edgar Steele’s Fund »,
Edgar “disparaissait”, après l’envoi d’une
lettre (bénéficiant de complicité ?) miraculeusement parvenue à sa destinataire, son amie Ingri Cassell (veuve d’un ancien représentant du
parti républicain, Don Harkins). L’informant
de toutes ses tribulations et se disant déprimé, il
disait entre autres : « Je suis innocent, pour ce
que cela vaut aujourd’hui en Amérique [Amerika]. Ce meurtre sur commande est au-dessus
des capacités de Larry Fairfax. Donc je pense
qu’il est allé voir l’ADL qui a soit fabriqué les
bandes destinées au FBI, soit produit une voix
semblable à la mienne et monté les bandes, sur
place. Oui, je suis victime d’un coup monté
et me suis fait piéger! Mon jugement est une
condamnation à vie et je finirai mort, de cause
naturelle ou suicidé parce que c’est la seule façon pour ce gouvernement de s’en sortir avec
grâce… ».
On apprendra finalement le transfèrement
d’Edgar au pénitencier de Victorville, décrit
par le journaliste Harold Covington comme
« un endroit où l’on est envoyé pour mourir,
une prison dont l’eau courante est contaminée
par des carcinogènes et des déchets toxiques,
contribuant au déclin physique et mental de
prisonniers dont le système ne veut plus entendre parler. Notoirement connu comme destination finale ».
Jusqu’en fin d’année 2013, Edgar, certes
amaigri, conservera tout son esprit ; côtoyant
d’autres détenus blancs, parmi eux des prisonniers politiques, finalement comme lui-même,
vivant en groupe pour assurer leur survie.
Après l’agression d’Edgar par un homme de
couleur, l’un d’eux, Jack Laskey, se proposera
de veiller sur lui. Mais en juillet dernier, Laskey avait soudainement quitté Victorville pour
la Virginie, afin — ou sous le prétexte — de
témoigner dans une affaire à laquelle il avait
été mêlé, des années auparavant. De retour fin
août, il avait pu constater, en revoyant Edgar,
que quelque chose de grave s’était passé. Dans
un message internet daté du 3 septembre,
adressé à Covington, il écrivait : « Voilà
6 jours que je suis revenu et le lendemain, vendredi [28 août], Edgar est
allé à l’hôpital. Les gars de sa
section m’ont dit que “c’était
pour cause d’anxiété”. Il
est revenu hier [2 septembre] et ne savait
pas qui il était ni
dans quelle section il était. Il
est de nouveau
dans un fauteuil
roulant et un de mes
amis a dû le conduire
jusqu’à sa cellule. J’ai pu
voir Edgar aujourd’hui, après
le déjeuner. On le ramenait à l’infirmerie et il m’a à peine reconnu.
Il était à moitié nu dans son fauteuil,
maigre comme un squelette, négligé, il
n’avait plus sa tête. Il paraît qu’hier soir, il
a chassé tout le monde hors de sa cellule, il
hallucinait. Je pense qu’ils “l’ont eu” pendant
que j’étais absent et qu’ils lui ont fait quelque
chose qui l’a brisé. Il n’est pas bien. Ils ont
drogué Bill White avec ses comprimés antiallergiques… Ce n’est plus Edgar. Il a besoin
d’aide, de soutien. Faites-le savoir. Jack ».
D’autres détenus rapporteront que, dans un
de ses rares moments de lucidité, Edgar aurait dit : « Je sais ce que je dois faire… mon
temps est terminé, ils me veulent mort maintenant… dites-leur que je les aime », cette dernière phrase faisant certainement allusion à sa
famille.
Avant de publier ces nouvelles alarmantes,
Covington fit parvenir, par l’intermédiaire
d’une amie commune, le message à Cyndi
Steele. Elle en avisa aussitôt son avocat afin
qu’il intervienne auprès des services de la prison. Mais il était trop tard pour Edgar. En ce
matin du 4 septembre 2014, il était traîné hors
de sa cellule et Jack Laskey sut qu’il ne le reverrait plus…
Alors que Cyndi s’apprêtait à partir pour
Victorville, elle recevait un coup de téléphone
laconique de la morgue locale, lui demandant
« ce qu’elle comptait faire de la dépouille
[d’Edgar] ». A sa douleur devant tant de cruauté, allait se mêler une colère sourde envers les
autorités qui n’avaient même pas pris la peine
de la prévenir.
Quelques mois auparavant, leurs enfants
avaient, du moins, pu rendre visite à leur
père, pendant deux heures, deux ou trois jours
de suite et l’étreindre une dernière fois. Pour
elle, avaient été précieuses, les 20 heures par
mois de communication téléphonique que
seul Edgar pouvait initier. Lorsqu’Edgar avait
cessé de l’appeler, au moment où elle perdait
sa mère, c’est en vain qu’elle avait tenté d’en
connaître le pourquoi, mettant tous ces espoirs
dans la réouverture de son procès.
Elle comprenait qu’il lui faudrait dorénavant
payer jusqu’au bout son soutien et sa loyauté à
Edgar : les pompes funèbres de Sandpoint qui
avaient accueilli sa mère et d’autres membres
de la famille refusaient le corps d’Edgar. Et
pour comble d’insulte, Larry Fairfax, le poseur
de bombe, était libre et, comme James Maher,
continuait de vivre dans la même rue qu’elle,
dans une maison payée avec l’argent qu’il leur
avait volé.
Alentour, la nouvelle allait causer une vive
émotion chez ceux qui avaient connu et apprécié Edgar Steele. Au centre pénitencier, ses
compagnons d’infortune lui rendirent un dernier hommage dans la chapelle de la prison.
Dans son éloge, Jack Laskey évoqua la phrase
par laquelle, à l’apogée de sa forme, Edgar
concluait chacune de ses chroniques : « “Une
nouvelle Amérique, dont le temps est venu”.
Il l’avait rêvée, rappelait-il, renaissant de ses
cendres, tel le Phénix, quand elle se briserait le
long de ses lignes raciales. Nous, privés de liberté, pratiquons la ségrégation pour survivre.
Il le faut car aucun monde n’est plus réel que
la prison. Nous savons trouver, dans la séparation, sécurité et salut. Le reste du monde blanc
viendra à le savoir aussi. Un chêne est tombé, en silence. Edgar avait une vision, il est de
notre devoir de la garder en vie, de même que
sa mémoire, son message et sa voix ».
Michelle FAVARD-JIRARD.
N°3175 — 12 FÉVRIER 2015 — RIVAROL
10
Des livres et des revues à lire
Notre milieu dit d’extrême droite a du
talent. Des livres, des revues, ne cessent
de paraître, pour le plus grand bonheur
de leurs lecteurs. Citons les dernières
parutions : Synthèse nationale, la revue qu’anime Roland Hélie, a publié
un « Nations, civilisations » (12 euros)
où l’on trouvera notamment les pages
de Jean-Pierre Chayrigues de Olmetta, consacrées aux « Usages et bonnes
manières en République ». Tout un programme… Autre livre paru dans la même
collection : un hors-série dont le titre est :
« Non, nous ne sommes pas Charlie »
avec ce sous-titre dû à Bossuet: « Dieu
se rit des hommes qui déplorent les effets
dont ils chérissent les causes ». On y
trouvera une trentaine de contributions
(12 euros, Synthèse nationale, 116 rue
de Charenton, 75012 Paris).
A noter aussi la parution de Dominique
Venner, soldat politique, 180 pages de
Basile Cerialis (20 euros). Pour commander ces livres, 3 euros de frais de port.
Et puis il y a Nationalismes irlandais et
catalans de notre ami rivarolien Llorenç
Perrié Albanell qui vit intensément, de
toute son âme, son identité catalane. Il
dresse un parallèle entre nationalisme
irlandais et nationalisme catalan. Selon
lui il y a là une dynamique en marche,
que rien ni personne ne pourra arrêter
car elle correspondrait à une équation
qui relève des réalités organiques : une
terre, un peuple. Voilà un point de vue
qui, évidemment, ne convaincra pas les
partisans de l’unité de l’Espagne ! (9
euros plus 2,10 de frais de port ; Les
éditions de la forêt, Le Mas desfougères ;
04300 France).
Et puis, il y a le Pol Pot de Nicolas
Tandler dans la collection Qui suis-je
des éditions Pardès : un étonnant massacreur, dément au possible, qui coûta
1 700 000 morts à son peuple cambodgien. (12 euros, franco de port, Pardès,
44, rue Wilson, 77880 Grez-sur-Loing).
Aux mêmes éditions, on trouvera aussi
un Stendhal de Claude Bourrinet (mêmes
conditions de commande) que nous
aurons sans doute l’occasion d’évoquer
prochainement.
R. S.
Ecrits de Paris
AU SOMMAIRE DE FÉVRIER 2015
Jim REEVES : “Ils sont Charlie” : derrière la veulerie et la lâcheté, l’Islam
prend partout position — François-Xavier ROCHETTE : Ulrich Beck, prophète cosmopolitique ? — Michel FROMENTOUX : Un contre-révolutionnaire ardéchois : le comte d’Antraigues, l’homme qui en savait trop —
Nicolas BERTRAND : La Moldavie, un pays divisé qui penche désormais
a l’Ouest ? — Sylvestre ALIBERT : Les opérations germano-soviétiques
dans le Caucase (1942-1943) deuxième partie — Patrick LAURENT :
Coups de cœur, coup de griffes.
Tour Ancône, 82 bd Masséna 75013 Paris. Prix : 6 € (8,40 € fco).
Abt. un an : 53 €. Chèques à l’ordre d’Editions des Tuileries
Spécimen gratuit sur simple appel au 01-53-34-97-97 ou <[email protected]>.
Archives numériques en vente à 2 euros sur <http://boutique-rivarol.com/>.
André Baillon
André Baillon est né le 27 avril 1875 à
Anvers. Orphelin de père un mois après sa
naissance, il perd sa mère à l’âge de six ans.
André et son frère Julien sont recueillis par
leur grand-père paternel, petit industriel à
Termonde. La fille de ce dernier, leur tante
Louise, dévouée mais bigote et peu sensible,
s’occupe de l’éducation des
deux orphelins. On est en plein
dans le roman d’Hector Malot,
Sans famille. L’enfant souffrit
de ces vicissitudes, exposé aux
rigueurs de sa tante Louise,
qu’il nommera Mademoiselle
Autorité dans son œuvre, des
jésuites où il obtint d’excellents résultats et de fréquents
renvois… Il finit par entrer à
l’université, dont il fut chassé. André était sans doute
psychiquement vulnérable et
vécut assez mal une scolarité
durant laquelle il ne parvint ni
à s’intégrer à la vie de ses condisciples ni à
s’adapter à la pédagogie de ses maîtres. Dès
avril 1894, il rencontre une jeune ouvrière,
Rosine Chéret, une prostituée, qui lui dévore
son héritage, avec qui il découvre l’amour.
En même temps, il se lie avec un groupe
d’étudiants
non
conformistes,
voire
anarchistes. Aussi, dès 1896, se voit-il exclu
de l’université tout autant à cause de son absence aux cours que de sa participation à des
« réunions socialistes » et de ses « relations
coupables avec une femme de mauvaise vie »
Mais cette liaison devient rapidement une
source permanente de souffrances : Rosine
l’exploite et le bafoue, dévore son héritage, et
le plaque. Désespéré, André Baillon se jette à
la mer, mais il est sauvé. Elle réapparait, pour
le plus grand malheur de Baillon, et ils ouvrent
un café à Bruxelles, qui sera un échec. Recueilli par son frère, il est embauché chez un marchand de charbon et se lance en littérature. Il
participe à une revue culturelle et littéraire, Le
Thyrse où il s’illustre avec de brefs récits dans
la veine réaliste, voire morbide et décadente.
Et puis, il rencontre Marie Vandenberghe, une
ex-prostituée, femme aimante et maternelle,
Galaxie en folie
Il y a un peu moins de deux ans, Andy
Wachowski et sa sœur transgenre Lana,
ex-Larry, les auteurs de Matrix (1999)
adulés par tous les geeks de la planète (un
peu moins pour les deux suites, Reloaded
et Revolution) connaissaient un fiasco monumental avec leur ambitieuse fresque de
science-fiction mystico-dystopique Cloud
Atlas. Touchés mais pas coulés, ils nous
reviennent toujours sous l’égide de la
Warner pas rancunière qui leur a octroyé
un budget considérable de 175 millions
de dollars, avec une autre superproduction tout aussi démente et démesurée,
Jupiter, le destin de l’univers (Jupiter ascending), un « opéra de l’espace » d’une
ébouriffante inventivité tant narrative que
visuelle dans lequel ils réinterprètent de
façon radicale et ludique, le blockbuster
de science fiction type Guerre des étoiles,
en y incorporant des éléments de leur
propre mythologie matricielle et d’autres
empruntés aux contes de fées de notre enfance. Il en résulte un scénario dense et
complètement déjanté pouvant décontenancer voire indisposer les spectateurs
insensibles aux charmes du second degré
et du kitsch crânement assumés par les
Wachowski qui donnent souvent l’impression ici d’être des disciples de Mel Brooks,
un des maîtres du cinéma burlesque américain (La Folle histoire de l’espace) plutôt
que de George Lucas ou James Cameron.
En témoigne l’extravagant scénario dans
lequel l’équilibre du cosmos en général et
le destin de la Terre en particulier reposent
sur les frêles épaules d’une pauvre orpheline russe, Jupiter Jones (!), née sans pays,
sans maison et sans père (un astrophysicien anglais assassiné par des mafieux)
mais sous un signe astrologique extraordinaire, émigrée aux Etats-Unis à Chicago où elle subsiste à la dure en faisant des
ménages, récurage de toilettes inclus. Telle
Cendrillon, cette dame pipi au physique de
princesse (l’américano-ukrainienne Mila
Kunis, révélée en 2011 par Black Swan
d’Aronovski) va être réveillée de son long
sommeil de travailleuse précaire par un
drôle de Prince charmant extra-terrestre,
Caine Wise (Channing Tatum), un mercenaire de l’espace génétiquement modifié, mi-homme, mi-loup, en mission sur la
planète bleue pour la retrouver, la sauver
éventuellement et en tomber fou amoureux.
Car l’ADN de JJ en fait la réincarnation
de la matriarche, qui vient de mourir, de
la famille royale Abrasax qui règne sur les
planètes habitées de l’univers depuis des
millénaires. Sa légitimité de prétendante à
la couronne suprême ne fait bien sûr pas
l’affaire des trois autres héritiers, Balem,
Titus et Kalique, qui se disputent sournoisement le pouvoir et vont mener une guerre
sans pitié, par des moyens bien différents,
à la terrienne, devenue l’Elue, symbole et
étendard de la rébellion contre la tyrannie
du clan Abrasax.
Sur le plan narratif, Jupiter ascending (le
titre français est moins pertinent) se distingue des blockbusters de science-fiction et
de super-héros produits treize à la douzaine
dans l’usine à rêves, par son refus tant de
l’ironie lourdingue des produits Marvel que
de la noirceur grandiloquente des Batman
revisités par Christopher Nolan. L’intrigue,
linéaire, emmène le spectateur, à l’instar de
l’héroïne, de surprises en révélations sur
des terrifiants secrets cosmiques et métaphysiques — quelle est l’origine de la vie
sur Terre notamment ? — mais aussi dans la
découverte de mondes pleins de merveilles
peuplés d’aliens hybrides de tous poils bien
plus étranges et exotiques que ceux de la
saga de George Lucas ou encore des Gardiens de la Galaxie. Les personnages, caricaturaux sur le papier, les gentils comme
les méchants, prennent néanmoins sous la
caméra inspirée des deux réalisateurs une
dimension (in)humaine attachante, y compris le super-vilain de l’histoire, l’autocrate et torturé Balem, avatar galactique
d’Hamlet, campé de flamboyante façon par
le jeune comédien anglais Eddie Redmaine
(Stephen Hawking dans Une merveilleuse
histoire du temps, toujours à l’affiche).
Oscillant entre tragédie shakespearienne,
mélasse sentimentale sortie tout droit des
soap-opéras télévisés, messianisme révolutionnaire, lutte éternelle du bien et du mal,
ésotérisme de pacotille, entre sublime et ridicule pour tout dire, les cinéastes mènent
leur folle odyssée de l’espace sans temps
morts et sans lésiner sur les outrances de
toutes sortes, au risque de se faire accuser de pompiérisme, de ringardise voire de
gâtisme précoce par leurs détracteurs. Les
autres vibreront aux jubilatoires et grandioses scènes d’action et de combats spatiaux orchestrés par Lana W et son frangin,
au zénith de leur puissance visionnaire
avec des effets spéciaux sidérants et des décors d’un baroque échevelé prenant encore
plus de relief, c’est le cas de le dire, grâce
à une 3D parfaitement maîtrisée. Ce divertissement hollywoodien plaira autant aux
amateurs du genre qu’il indisposera ceux
qui lui sont réfractaires !
Patrick LAURENT.
qu’il épouse en 1902 ; elle deviendra le personnage central d’Histoire d’une Marie. Il occupe différents emplois et sa difficulté à vivre
ne s’atténue pas. Il sombre dans de fréquentes
crises de neurasthénie. Il va entreprendre un
projet homérique et improbable : l’élevage de
poules et l’écriture d’un roman ! Echec total.
Retour à Bruxelles, il devient
rédacteur de nuit au quotidien
La Dernière Heure, et puis se
relance, de façon parfaitement
hasardeuse dans… un nouvel
élevage de poules. Il aura peint
durant ces années une série de
croquis, de tableaux minutieusement observés et écrits dans
un style ramassé qui paraîtront en 1919 sous le titre Moi,
quelque part (qui devient En
sabots dans l’édition suivante,
modifiée et augmentée). Mais
D.R.
il rencontre la célèbre pianiste
Germaine Lievens qui lui
donne l’énergie d’écrire des livres qui eurent
un grand succès, dont En sabots, Délires, Par
fil spécial et, surtout Zonzon Pépette, fille
de Londres. D’après Eric Dussert (156 portraits d’écrivains oubliés, La Table Ronde),
« cette Zonzon-là, formée à Belleville, dans
le “XXe sauvage” de Paris, est l’une des plus
belles fleurs de bitume, de la littérature francophone. » On trouve dans ce roman cette
littérature orale et populaire qui annonce
Louis-Ferdinand Céline. Zonzon, qui n’a
d’autre projet que de vivre tranquille et libre, a
une antienne, dans ce monde de filles jalouses
et de marlous : « Toi, je t’emmerde ! » André
Baillon fait paraître en 1920 cette Histoire de
Marie qui fait sa gloire.
Une folle expérience de ménage à trois,
à Paris, avec Germaine et Marie, le conduit
tout droit à la section psychiatrique de la
Salpêtrière où il reçoit son premier prix littéraire. Complètement à l’Ouest, il tenta à
plusieurs reprises de mettre fin à ses jours…
Là, il concevra cependant ses livres suivants,
dont : Un homme si simple, Le Perce-oreilles
du Luxembourg. Peu après sa liaison, aussi
fameuse que tumultueuse, avec la poétesse
Marie de Vivier, aussi démente que lui, il essaya encore une fois de se suicider en 1931.
Il reçut le prix triennal du roman pour Le
Perce-oreille du Luxembourg. Marie, quant
à elle, fut internée. André qui avait rempli sa
chambre de fleurs, ingurgita suffisamment de
somnifères pour ne pas revenir. Cet écrivain
complètement fou et dont la vie très agitée
n’est certes pas un exemple meurt le 10 avril
1932.
R. S.
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N°3175 — 12 FÉVRIER 2015 — RIVAROL
L
Auschwitz est-il un totalitarisme ?
’EXAMEN approfondi de la religion de la Shoah, la semaine dernière, dans RIVAROL, par Hannibal,
brillante et cinglante analyse, roborative à
souhait, m’a ouvert les yeux brutalement
sur l’essence même de cette religion. Il
s’agit comme nous le savons, même si les
croyances sont dorénavant partagées par la
plupart des populations, d’une religion officielle et obligatoire dont il est interdit de
percer le mystère d’une manière rationnelle
(essayer de comprendre constitue déjà une
hérésie selon le dogme shoahtique), il s’agit
d’une religion, comme l’écrit avec talent
Hannibal, qui a donc ses croyants, ses pratiquants, ses dignitaires, mais également ses
mécréants qui font partie bien malgré eux
de la vie du shoahtisme. Les impies en la
matière représentent autant de petits apôtres
du mal que la déesse Shoah ne peut souffrir,
qui doivent être immolés sur l’autel de la
« vérité témoignée ». Le sacrifice des Incrédules doit nourrir la foi des Shoahtistes
qui prient pour leur conversion prochaine…
De nouvelles formules magiques sont élaborées pour vaincre la dureté de cœur des
sceptiques ou des shoahphobes indécrottables. De nouveaux exorcismes sont appliqués sur le corps social tout entier afin que
personne ne puisse y échapper. Tous les enfants doivent accueillir la parole de la vérité témoignée dès le plus jeune âge et, cela,
malgré la violence de la circoncision mentale. Le gamin passe de la petite enfance à
l’« âge de raison » en découvrant soudainement la noirceur de la Shoah. C’est un rite
de passage. Et gare à l’enfant qui persistera dans son incroyance ! De terroriste on le
qualifiera ! Ses parents seront convoqués,
surveillés. Bannis de l’humanité, jetés en prison (Hannibal a cité les noms des historiens
qui goûtent ou ont goûté à l’ergastule républicain) si ces derniers osent se faire prosélytes. Ainsi, nous le voyons, il ne s’agit pas
de n’importe quelle religion : elle est jalouse
dans son intensité, et elle ne saurait être relativisée par une autre croyance ou même par
la sacro-sainte liberté de conscience. Il n’y a
pas d’échappatoire face à elle.
C’est pourquoi, in fine, nous ne parlerons
pas, de notre côté, de religion pour identifier
cette Chose. Hannibal a bien montré, encore une fois, que le shoahtisme imprégnait
toutes les sphères de la vie sociale, politique et économique (les mésaventures des
banques suisses et de la SNCF notamment
en témoignent). Même plusieurs générations
passées après l’Indicible, les stigmates résistent et ces stigmates appellent des réparations sisyphesques de la part des Croyants.
Il ne peut s’agir d’une simple religion dont
la fonction sociale, comme l’indique l’étymologie du mot, est de relier par l’Amour
les hommes entre eux (religare “relier’). La
religion rassemble par la transcendance de
Dieu. Elle ne peut être névrose, sidération
massivement partagée, horreur démultipliée
qui écrase l’Homme au lieu de le grandir.
UNE IDÉOLOGIE TOTALITAIRE
Nous utiliserons à propos un terme largement utilisé par les historiens exterminationnistes, un mot plus à même de décrire la
RIVARO L
Tour Ancône, 82 Bd Masséna 75013 Paris
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Hebdomadaire créé le jeudi 18 janvier 1951
Fondateur : † René Malliavin (1896-1970)
ANCIENS DIRECTEURS :
† René Malliavin (janvier 1951-septembre 1970)
† Dominique Lucchini, dit Pierre Dominique
(septembre 1970-mai 1973)
† Maurice Gaït (mai 1973-novembre 1983)
Marie-Luce Wacquez, dite Camille-Marie Galic
(novembre 1983-février 2010)
Directeur de la publication et de la rédaction,
éditorialiste : Fabrice Jérôme BOURBON
E.U.R.L. “Editions des Tuileries”, au capital de
51 000 euros pour 99 ans, à partir du 20 mai 1949.
Maquettiste : B. Archier — Imprimerie : Roto Presse
Numéris, 36-40 boulevard Robert Schuman, 93190 Livry Gargan — Dépôt légal : à parution — Gérant et
associé : Fabrice Bourbon. CPPAP n° 0218 C 82763,
ISSN n° 0035 56 66.
cédé le 27 janvier (journée
mondiale de la déportation
terrible et anniversaire de la
libération d’Auschwitz) et
qui ont suivi cette journée
(la population sous perfusion idéologique a eu droit,
cette année, à des prolongations, 70e anniversaire
oblige) ont été riches en articles émouvants sur cet épisode indicible de l’histoire
(in)humaine. Après l’évènement charliesque qui a bouleversé la France profonde,
l’exercice des journaleux
(Dessin de Chard) était encore plus périlleux
que d’habitude. Les salariés
de la propagande marchent
massification idéologique de notre époque sur des œufs depuis le 7 janvier. Tous ont
qui n’a jamais été aussi étouffante. Di- alors mis le paquet pour l’occasion : les
sons-le, le shoahtisme est un totalitarisme. adjectifs les plus hyperboliques ont été
Son empire s’étend par le truchement du utilisés sans mesure, les métaphores de la
système concentrationnaire scolaire de leur souffrance n’ont jamais été aussi lourdes.
république. Des élites du shoahtisme sont Aucune nuance, aucune critique ne fut adformées pour l’exemple et l’encadrement. mise. Ce fut le triomphe de l’affabilité, le
Les meilleurs sont primés à travers d’in- triomphe de la conformité (moment tétaninombrables concours. Des retraites idéo- sant de totalitarisme totalitaire), mais auslogiques sont organisées à Auschwitz avec si le triomphe de la docilité, de la fétidité
l’affrètement de dizaines de milliers de bus (de ceux qui rampent), le triomphe, aussi,
diesel. Des films interminables sont pro- de la mendicité, de l’obséquiosité, enfin, le
duits et diffusés tous azimuts à la télévision. triomphe de la trivialité conforme.
Le Journal d’Anne Franck est devenu le
S’il fallait décerner une palme au meilmanuel ou le livre de chevet de tout gosse leur fayot lourdaud de l’année, nous la
bien élevé. Et évidemment, les récalcitrants remettrions, après avoir départagé tant de
sont surveillés, jugés, condamnés, empri- champions de la reptation, au magazine
sonnés, déportés socialement, mortifiés, L’Express (sur Internet le 31 janvier), orhaïs. L’Incrédule ne fait plus partie de la gane scrupuleux de “notre” totalitarisme.
communauté humaine mais doit être traité La plume tâcheronne du Régime, Marc
comme un ennemi irréductible. Le révision- Epstein, a déroulé un interminable papier
nisme adulte, historien, doit être séparé du (à l’occasion du 70e et blablabla…) sur un
bétail non contaminé. Pour ce faire, en plus sujet bien précis que l’on formulera par une
de la prison, des amendes, le révisionniste question (problématique angoissante des didevra porter les stigmates de la déviance gnitaires shoahtistes) : comment entretenir
idéologique qu’il cultive. Des tas d’intellec- Auschwitz sans blasphémer et altérer l’hortuels le comparent à un rat, tricheur, cras- reur de l’Impossible ? Comment conserver
seux, pervers adorant le mal pour le mal. le remarquable cachet d’Auschwitz ?
On le psychanalyse, on lui trouve des vices
pas jolis, le révisionniste cumule les tares, DES GEYSERS DE LARMES !
il est impropre, méchant et dérangé, il est
une sorte de conspirationniste qui tente de
Avant de mettre en exergue les petites
compenser sa médiocrité avec un sentiment perles de Marc Epstein, ses emphases de
de supériorité qu’il alimente par le fantasme style nord-coréen, relevons la petite bourde
de la vérité cachée que lui et quelques ini- qu’il a commise au tout début de son patiés auraient découverte… Rien ne lui est pier : « Parfois, alors qu’un guide accomépargné, et c’est bien fait entend-on partout. pagne un groupe de visiteurs dans l’ancien
camp de concentration d’Auschwitz, un
touriste pose une question sur les barbelés :
LE JOURNALEUX TERRIFIÉ
depuis soixante-dix ans que les lieux ont été
Mais plus que tout, ce qui caractérise un libérés par l’armée soviétique, comment se
régime de pensée totalitaire, c’est bien la fait-il que les fils de fer soient en bon état ?
crainte permanente qu’il fait peser sur les Dans ces cas-là, explique le directeur, Piotr
épaules de toutes les personnes qui doivent Cywinski, nous leur disons la vérité : on
aborder à un moment donné, dans un dis- les remplace. Des barbelés tout neufs, facours, et par un biais ou par un autre, les briqués sur commande, sont accrochés
thématiques “sacrées” sur lesquelles il re- tous les dix ou quinze ans. Ils reproduisent
pose. La trouille, la frousse de déraper, le modèle employé par les nazis et sont de
la peur de ne pas en dire assez taraudent couleur sombre : à peine mis en place, ils
constamment ces gens-là. Sous le shoah- paraissent déjà usés ». A la place de Marc
tisme de notre temps, les journaleux, sou- Epstein, je me cacherais dans un grenier à
vent sans foi ni loi, craignent en premier l’écoute des bruits de bottes qui viennent.
lieu d’être maladroits en employant des Quelle bévue ! « Dans ces cas-là, nous
mots, des métaphores insuffisamment lar- leur disons la vérité » ! Ce qui signifie que,
moyants. Les quelques jours qui ont pré- dans d’autres cas, l’“on” ment aux touristes.
Mais sur quels points mentent-ils, ces gardiens du musée ? Nous ne le saurons pas.
Et la plupart des lecteurs ne relèveront pas
ABONNEMENTS : 2 ans : 194 euros — 1 an : 114
la maladresse du plumitif qui aurait dû imeuros — 6 mois : 64 euros — 3 mois : 36 euros —
médiatement rectifier le propos en langue
soutien : 175 euros — propagande : 210 euros —1 an
autorisée sur son carnet à spirales. Peut-être
(chômeurs, étudiants, lycéens, personnes en grande difficulté) : 100 euros.
pensait-il, qu’avec la tonne de niaiseries
qu’il déverse ensuite dans son papier, les
ABONNEMENTS PAR PRÉLÈVEMENT AUcommissaires politiques du régime shoahTOMATIQUE : 12 euros par mois (imprimer le bulletiste seraient si contents de sa prestation
tin sur notre site Internet ou le découper dans le journal
générale qu’ils en oublieraient de relever
dans les numéros où nous le publions)
les éventuelles coquilles idéologiques qui
ABONNEMENT NUMÉRIQUE 1 an : 80 euros
pourraient s’y trouver.
(créer un compte sur le site <www.boutique-rivarol.
Voici un florilège de ses envolées lycom>) ETRANGER : 1 an : 126 euros — 6 mois : 75
euros.
riques : « Ces quelque 200 hectares, perdus
* Supplément par avion : 24 euros pour un an et 12
dans le sud de la Pologne, abritent le plus
euros pour 6 mois.
grand cimetière du monde. Ici reposent les
* Reliure RIVAROL (contient une année entière du
cendres de 1 100 000 individus, juifs pour
journal) : 41 euros au guichet, 50 euros franco de port.
90 % d’entre eux. C’est une sépulture très
* Pour tout changement d’adresse, joindre 2 euros
particulière, sans cercueil, ni mausolée, ni
et la dernière bande (ou indiquer l’ancienne adresse).
Ecrire nom et adresse en CAPITALES. Délai dix jours.
pierre tombale, car les morts sont partis en
fumée. Littéralement. »
Règlement par chèque établi sur une banque domi« Nombreux sont les fantômes qui hantent
ciliée en France, à l’ordre d’Editions des Tuileries ou
virement à notre compte : La Banque postale IBAN :
Auschwitz, et le passé ne cesse d’interroger
FR33 2004 1000 0104 5321 9K02 048 (BIC : PSSTFR
le présent : il somme les conservateurs de
PPPAR)
prendre des décisions d’apparence admi-
11
nistrative, mais qui, en réalité, sont d’ordre
philosophique ou moral. Ainsi, certains
objets n’ont jamais été exposés au public,
tant ils dérangent. Un morceau de cuir humain. Un fume-cigarette creusé dans un os
humain. Et que faire quand un fragment
de squelette apparaît soudain à la surface
du sol, comme cela arrive parfois? La loi
rabbinique prévoit de recouvrir un tel terrain d’une épaisse couche de terre fraîche.
“Mais les textes religieux sont inopérants
chez nous, assure Piotr Cywinski. Recouvrir la terre dénaturerait les lieux.” »
« Cet ensemble immense, inscrit sur la
liste du patrimoine mondial de l’Unesco,
est un chantier de conservation à nul autre
pareil. Car ses architectes ne l’ont pas
conçu pour endurer l’épreuve du temps.
Birkenau, en particulier, a été construit à
la hâte pendant le glacial hiver 1941, par
des prisonniers de guerre soviétiques affamés, dont la priorité était d’éviter les
coups : selon Pavel Stenkine, l’un des seuls
survivants, “la durée de vie moyenne sur
place était de deux semaines”. » Ainsi le
plus grand camp d’extermination indicible
de l’univers et même plus, camp industriel
où les morts devaient tourner à toute allure
sous les 3 huit, aurait été bricolé à la va-vite
par des crevards qui n’avaient même plus
de chaussures pour faire un tas…
« L’esprit est heurté par l’idée qu’il faudrait “sauver Auschwitz” — un lieu de destruction et de mort, totalement opposé à la
notion de salut. A quoi bon ? “Peut-être que
ce qui s’est passé ne peut pas être compris,
et même ne doit pas être compris, dans la
mesure où comprendre, c’est presque justifier” (Primo Levi) ».
« En hiver, le gel et le dégel déforment
la terre, qui se contracte, se dilate et se
gonfle : elle pousse un long soupir, et vomit
parfois des objets enfouis par des prisonniers. Un cauchemar, à tout point de vue. »
Aujourd’hui encore, la terre pousse des
soupirs et vomit… Enfin, pour pleurer, et si vous ne sanglotez
pas, c’est que vous êtes un dangereux psychopathe bon pour la trépanation : « Pourquoi demeurer dans cet univers de cauchemar ? A quoi s’accrochent les quelque
70 employés du musée d’Auschwitz ? Que
répondent-ils à leurs parents et à leurs
proches, qui leur conseillent de fuir les lieux
et de trouver un emploi ailleurs ? Comment
réagit cette conservatrice, quand elle nettoie
la chaussure d’une petite fille morte dans
une chambre à gaz et qu’un devoir d’école,
soigneusement plié en quatre, s’échappe
soudain de la semelle et tombe sur le sol ».
Epstein ne précise pas si le petit devoir, qui
visiblement était plutôt une antisèche (pour
survivre à Auschwitz, c’est primordial), était
écrit à la plume ou au stylo Bic…
Le président de notre Indigénat François
Hollande avait roté un discours tout aussi
hyperbolique le 27 janvier. « Le monde découvrait, 70 ans plus tôt, l’extermination
méthodique, programmée, scientifique des
Juifs. […] C’était la révélation de l’horreur ». « Ce crime n’avait pas de nom, tellement il était ignoble. Un nouveau mot fut
créé pour le désigner, la Shoah ». Ce qui
est faux, soit dit en passant, le vocable étant
un mot hébreux, un nom commun voulant
dire “désolation” avant de servir une cause
précise.
Mais toutes ces niaiseries ne sont rien par
rapport à ce que distillent dans les cerveaux
de nos enfants innocents les professeurs
certifiés qui doivent, de gré ou de force, accomplir leur travail traumatisant : frapper
l’imaginaire de l’enfant, le choquer violemment, le traumatiser afin de le rendre
malléable comme une viande salement attendrie. Il faut le prendre jeune le bougre !
Gifler sa cervelle fraîche ! Déflorer son
innocence par le truchement de l’enseignement shoahtique ! Comment le petit garçon
voit-il en effet le monde après qu’on l’a
convaincu historiquement ?
François-Xavier ROCHETTE.
ERRATUM
Le prix du livre de Johan Livernette, Le Complot contre Dieu, est
de 27 euros franco et non de 23,50
euros comme écrit par erreur.
Merci de bien vouloir en tenir
compte pour les commandes.
L’Amérique, mère de l’intégrisme terroriste musulman
par
Hannibal
___________
L’Amérique
engendre
trois fois l’intégrisme terroriste musulman. Parce
qu’elle le finance et le
manipule. Parce qu’elle
crée le vide en Occident
devant lui. Parce qu’elle
lui ressemble et se nourrit
aux mêmes sources religieuses et intellectuelles.
Commençons par là. Que reproche-t-on
en effet à « l’islamisme radical », ou à l’“intégrisme”, qui fonde le terrorisme islamiste,
quand on l’oppose à « l’islam modéré » et
à toute forme de religion “acceptable” ? Sa
folie meurtrière, son fanatisme ? Sans doute.
Mais si l’on remonte des conséquences
aux causes, quand on prétend faire la psychologie historique et religieuse du grand
guignol, on déplore en lui deux tendances
lourdes : un respect excessif de la lettre,
que ne combattent pas des modes d’interprétation anciens et bornés, et la confusion
du spirituel et du temporel dans une théocratie pointilleuse. Or ces deux tendances,
aux antipodes de la pensée catholique, sont
sensibles et prégnantes dans la pensée américaine. Les Etats-Unis sont les pères de
l’intégrisme actuel, parce que leurs racines
religieuses et politiques plongent à la fois
dans le littéralisme scripturaire et dans la
confusion du temporel et du spirituel : historiquement, l’Amérique s’est d’ailleurs en
tant que puissance violemment opposée au
catholicisme. On a dit du président Barack
Obama qu’il touchait au christianisme par
sa mère, par son ancrage final aux EtatsUnis, et à l’islam par son enfance en Indonésie, premier pays musulman du monde,
mais c’est tout un : son “christianisme” et
son “islam” non seulement sont compatibles, mais ils se ressemblent, ils boivent
aux mêmes sources, ils sont construits sur
la même forme mentale.
l
Les pères fondateurs de l’Amérique anglaise furent des puritains. Ils étaient exclusivement attachés à la Bible, à la différence
des papistes et en opposition avec eux,
auxquels ils reprochaient ce qu’ils nommaient leurs superstitions et la Tradition
de l’Eglise, proprement diabolique à leurs
yeux. Bernard Lazare a pu écrire : « La
Bible fut l’âme de la Réforme, elle fut l’âme
de la révolution religieuse et politique anglaise. » La dimension politique de la subversion religieuse est ici fort bien saisie. Et
Daniel Lindenberg ajoute à bon droit que
les puritains, qui se voyaient en successeurs
directs des anciens Hébreux, visaient « à
travers une guerre civile (qui était pour eux
une « guerre sainte ») à établir une théocratie de type biblique sur le sol britannique ». Ils y échouèrent grâce aux efforts
de l’église anglicane, non sans influencer
cependant la mentalité britannique : en
identifiant les “saints” du puritanisme au
peuple hébreu, la nation anglaise en vint à
considérer qu’elle était la nouvelle élue de
Dieu. Et ce sentiment s’établit de manière
Dès le mardi soir, vous pouvez
consulter notre site Internet pour
vous assurer que notre hebdomadaire a bien paru, en connaître le
sommaire, lire l’éditorial et le billet
hebdomadaire, consulter l’agenda
et le courrier des lecteurs.
Pour toutes les correspondances
administratives, utiliser l’adresse
<[email protected]>, l’adresse
<[email protected]> étant
réservée au courrier rédactionnel.
ci, du Riff au Pakistan, du djebel druze
à l’Egypte, donnant ici un coup de main
aux Frères musulmans, là aux confréries
locales. Les Américains ont repris le
business après la guerre, et il n’est pas
un mouvement islamique qu’ils n’aient
laissé croître, aidé ou financé, directement ou par le biais de leurs alliés saoudiens, depuis 1950. Le Wahabbisme, le
Chiisme de combat, les Talibans, Ben
Laden, EIIL, personne n’échappe à la
règle. C’est le gendarme du monde qui a
produit tous ces guignols.
(Dessin de Chard)
___________
l
bien plus forte sur la terre et dans la nation
que les puritains contribuèrent grandement
à former, celles des Etats-Unis d’Amérique.
Par un “covenant” (une alliance) spécial
entre Dieu et les puritains, une sorte de codicille aux dix commandements, les émigrants du Mayflower échappés de l’Egypte
anglicane recevaient en partage le Chanaan
transatlantique, en échange de l’engagement qu’ils avaient pris de suivre la Loi du
Seigneur dans toute sa rigueur vétérotestamentaire.
Débarrassés de la tradition chrétienne
conservée depuis l’origine par l’Eglise catholique, les églises orthodoxes et même
dans une très large mesure par Luther, les
puritains poussèrent jusqu’à ses dernières
conséquences le principe de l’écriture seule
(la scriptura sola de Luther) et tombèrent
logiquement dans le littéralisme. Un littéralisme de plus en plus figé, à mesure que
les rejoignaient sur le sol d’Amérique les
épaves de toutes les sectes plus ou moins
illuminées chassées d’Europe, anabaptistes,
frères moraves, mennonites, quakers, etc.
Le refus de toute autorité, celle de l’Eglise
et de ses pères en particulier, mena paradoxalement à une sorte d’autisme biblique,
une sorte de déification de l’Ecriture et de
sa lettre.
l
Quand on parle de la domination WASP
(white, anglosaxon, protestant) sur les
Etats-Unis jusqu’à l’aube du vingt-etunième siècle, il y a un mot qu’il faut absolument définir plus précisément, c’est
l’adjectif protestant. Le “protestantisme”
américain est le produit d’une floraison
de sectes biblistes centrées sur des figures
patriarcales qui lisent dans le Livre tout ce
que doit faire la communauté ou la famille
dont elles ont la charge. Cela débouche sur
une bibliocratie qui rappelle fortement la
théocratie juive appuyée sur la Torah et le
Talmud, ou la théocratie musulmane fondée sur le coran, les haddith et la charia. Le
Yankee, comme l’islam, est fils d’Israël. En
l’absence de toute autorité, ces communautés errent et dérivent de l’archaïsme le plus
décidé (type amish) à l’effusion religieuse
vidée de tout contenu des innombrables
“églises” libérales, en passant par les sectes
qui produisent leurs propres livres, type
mormons ou témoins de Jéhovah : tous ont
pour caractéristiques d’être les “saints”, les
bons, de lire l’Ecriture sans le secours d’aucune tradition, et de régler leurs actes sur
la lettre de leur bible, sans faire la moindre
distinction entre temporel et spirituel. Cela
devait marquer la façon dont les Yankees
se considèreraient eux-mêmes durant toute
leur histoire : pendant leur guerre d’indépendance, ils se figuraient être le peuple
de Dieu persécuté par les habits rouges de
Pharaon, et depuis lors ils n’ont jamais cessé d’incarner la justice écrasant le mal de
ses bombes, en Normandie, en Allemagne,
au Japon, au Vietnam, en Libye, en Irak ou
ailleurs.
L’homme antique était pieux envers les
dieux, envers sa patrie, envers sa famille.
L’Américain confond le tout. En disant :
« rends à César ce qui est à César et à Dieu
ce qui est à Dieu », le Christ avait établi
une distinction entre temporel et spirituel
qui choqua beaucoup les pharisiens dont
est issu le judaïsme d’après la destruction
du Temple. Le “protestantisme” des EtatsUnis, par une régression significative, a
gommé la distinction établie par le Christ
et instituée dans la loi par Constantin avec
l’Edit de Milan. Sa “morale” est toute sa
politique. Il est donc revenu à une conception vétérotestamentaire, et talmudique, qui
est aussi celle de l’intégrisme musulman.
Quand il vitrifiait certains quartiers de Bagdad, Bush était aussi sûr de faire le bien que
l’Etat islamique aujourd’hui. C’est le vieux
Gott mit uns de l’armée wilhelminienne,
en bien pire : on n’espère pas avoir Dieu
avec soi, on est sûr d’accomplir la volonté de Dieu en perpétrant sa propre barbarie. De Mossoul à Manhattan, les fous de
Dieu sont à l’œuvre, la main dans la main,
jumeaux ennemis ivres de dialectique, l’un
égorgeant l’autre qui vitrifie l’un.
Ce qui brouille la perception du phénomène, c’est l’aspect bénin, voire débonnaire, que la société américaine aime à
donner d’elle-même, le déisme gentillet
que ses classes dirigeantes professent et
qu’elles répandent dans les media. Cette
apparence de tolérance frappait déjà Chesterton, pour qui les Américains, voilà un
siècle déjà, s’étaient « accoutumés à une
citoyenneté cosmopolite, dans laquelle les
hommes de tous les sangs se mélangent
et dans laquelle les hommes de toutes les
religions sont considérés comme égaux.
Leur plus grande fierté morale est l’humanitarisme, leur plus grande fierté intellectuelle est les Lumières ». Sans doute, mais
ceux qui n’approuvent pas ce grand mélange sont impitoyablement exclus : pas
de tolérance pour les ennemis de la diversité. Le fanatisme du pluralisme et du relativisme est plus puissant qu’aucun autre.
Le déisme franc-maçon qui chapeaute les
sectes “chrétiennes” fait de l’Amérique le
plus vaste et le plus vivace foyer “d’intégrisme”.
l
Du Maroc au Sin-Kiang, la NSA, la
CIA et les autres services américains,
relayés par les ONG américaines, ont
pris le relais des services britanniques
qui, traditionnellement et jusqu’aux années cinquante du vingtième siècle, ont
manipulé les musulmans, réactivant les
vieilles passions scolastiques de ceux-
L’Amérique produit le terrorisme islamique d’une troisième manière, en faisant
le vide en face de lui. Il faut comprendre
que ce golem, encouragé partout et toujours depuis soixante-dix ans, a une fonction politique et religieuse. Les talibans
par exemple ont eu pour mission de fixer
l’ancienne URSS sur sa ceinture sud,
comme les Ouighours du Sin-Kiang sont
une petite épine dans le pied de la Chine.
L’EIIL est, lui, un épouvantail nécessaire
dans le théâtre du choc des civilisations
dont on attend qu’il finisse de liquider
ce qui subsiste de civilisation dans l’ère
anciennement chrétienne, par l’accroissement de la pression policière d’une part, et
d’autre part par la croissance du laïcisme
dressé, comme seul rempart, contre « tous
les intégrismes ». Pour éviter un sursaut
toujours possible des peuples d’Europe,
une insurrection salvatrice de leur identité et de leurs vraies valeurs, un refus à
la fois de l’islam et de la comédie américaine, l’Amérique a peu à peu désintégré
l’identité européenne par son matérialisme pratique et la soupe sportivo-culturelle qu’elle répand. Le laïcisme ayant
liquidé la doctrine catholique, il suffisait,
pour rendre les populations européennes
incapables de toute révolte, de les gaver
de nourriture, de sensations, d’images.
Tel a été le rôle du matérialisme pratique
qui est, en pendant des délires sectaires,
l’autre versant de la religion américaine.
Dans la vie courante, le vrai panthéon des
Américains est leur frigidaire, leur sac de
jogging, leur liste de films préférés, leur
discothèque. Le vide ainsi créé non seulement prive les peuples d’Europe de toute
raison et de tout moyen de se reprendre
(Charlie l’a illustré de terrible façon, on
prétend se redresser au nom de ce qui
vous asservit !), mais il fournit le djihad
en guerriers : les jeunes issus de l’immigration, et d’autres, justement et sainement dégoûtés du vide sale produit par
l’Amérique et sa religion, se rebellent —
pour tomber hélas dans le piège tendu
par l’Amérique, l’islamisme intégriste,
sa création, son golem, son frère haï, son
épouvantail utile, sa parèdre.
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