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d'opinions et d'actualités. Courriel :
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Kinshasa/Kintambo-Tél. 085 1105 561 -Prix :
2000Fc, Année 2014, n°082, Mardi 11 Novembre
Bagarre à l’Assemblée nationale
Patrice Kitebi et Remy
Musungayi sauvés par
leur famille politique
DANS CE
NUMERO
La France de
François Hollande
se compromet en
exfiltrant un
dictateur africain
Les droits de l’homme
sont-ils saufs ?
○ ○ ○ ○
Voir page 2
SM le R
oi MohamRoi
med VI appelle à
un dialogue national «franc» pour
élaborer des réponses c
lair
es aux
clair
laires
préoccupations
des populations du
Sahara
○ ○ ○ ○
Voir page 6
LES FDLR PERSISTENT ET SAIGNENT
LE CONSEIL DE SECURITE TAPE
DU POING SUR LA TABLE
Voir page 3
Paul Biy
a : 32 années de lutte
Biya
continuelle pour se maintenir
au pouv
oir
pouvoir
Voir page 4
LES VŒUX DU Ier
MINISTRE ET LE
PLAIDO
YER DE
PLAIDOYER
L’HONORABLE
JAYNET KABILA
FOULES AU PIED
PAR LA MISSION DE
L’INS
○ ○ ○ ○
Voir page 6
Tour d'horizon de
l'actualité Africaine
et
Internationale
○ ○ ○ ○
Voir page 8 & 12
LES ST
ARS D'HIER
STARS
Paul Roger Ndombe
Opetum dit « Pépé
Voir page 11 Ndombe », l’or noir de
la musique de la RDC
225 millions de dollars américains
pour un projet de développement
du secteur agricole entre la RDC
et le Burundi
Voir page 2
○ ○ ○ ○
Voir page 15
RDC
Les demandeurs de
visa déplorent les
conditions d'accueil
indignes dans les
ambassades
Voir page 16
2
LA TRIBUNE DU TELEGRAMME
La France de François Hollande se compromet en
exfiltrant un dictateur africain
Les droits de l’homme sont-ils saufs ?
Par Antoine Nguidjol
L
e 31 octobre, Blaise
Compaoré quitte
précipitamment le
palais présidentiel de
Kosyam, pour un long
périple qui va le mener
jusqu’à Yamoussoukro.
Une opération menée sous
la houlette de la France,
selon «Jeune Afrique» qui
cite des sources
diplomatiques
concordantes. Un
hélicoptère français,
probablement des forces
spéciales basées à
Ouagadougou, est envoyé
sur les lieux, avec pour
mission d’exfiltrer Blaise
Compaoré et quelques
proches, tandis que la
majeure partie des
membres du convoi est
laissée sur place pour des
raisons logistiques, avant
de se diriger nuitamment
vers le Bénin.
Nous l’avons dit dans notre
dernière édition. La posture de
Laurent Fabius, et son
discours mi-figue, mi-raisin
concernant la situation sur les
récents événements au
Burkina-Faso, le laissaient
entrevoir. Si la France s’est
finalement rangée derrière le
changement politique en cours,
bien plus tard que les
Américains, c’est du fait de
l’inversion radicale des rapports
de force. La population, on le
savait, ne supportait plus son
président,
et
l’armée
n’acceptait plus les coups
fourrés du « beau Blaise » qui
n’avait plus rien du militaire
charismatique qu’il fut au début.
L’esprit de clan, principalement
orchestré par sa dulcinée
Chantal Terrasson (qui ne se
prend pas pour une bille) et
l’enrichissement du noyau dur
familial (de son frère François
en particulier et d’Alizeta
Ouedraogo, la présidente de la
Chambre de commerce et
d’industrie de Ouagadougou,
surnommée « belle-mère
nationale, plus connue pour
son empire économique qui va
de la maroquinerie au BTP, via
l’immobilier que pour l’aide aux
plus pauvres), et, le plus
décisif : la distribution de
galons sans aucune logique
que celle de l’allégeance pure
et simple, qui sont devenus
insupportables aux militaires et
ont nourri des rancœurs dont
la profondeur ne pouvait
échapper à une analyse
politique détaillée au BurkinaFaso.
Pourtant, la France et sa
diplomatie d’opérette n’ont rien
vu venir - elles qui ne voient
jamais l’Afrique que sous un
angle désuet, incapables de
détecter les nouvelles lignes de
fractures qui parcourent les
sociétés africaines, et de
prendre en compte les
aspirations nouvelles d’une
jeunesse africaine éduquée et
de plus en plus impatiente ;
celle des hommes d’affaires
africains qui n’ont plus aucun
complexe face à leur alter ego
du monde occidental et qui
sont issus des mêmes écoles
de formation en France, aux
Etats-Unis ou au Canada.
Toutes ces forces concentrées
sur un objectif de changement
radical en Afrique voient d’un
oeil extrêmement critique les
rapports incestueux entre leurs
dirigeants actuels et ceux de
l’ancienne puissance coloniale
au point de préférer l’Amérique
et sa langue…
Dans quelques jours, ou
quelques semaines, François
Hollande honorera le sommet
de la « francophonie » dans
une Afrique qui voit le nombre
de ses « francophones » fondre
comme neige au soleil. Il faut
bien énoncer cette vérité, quitte
à réveiller les dirigeants de
l’Hexagone : la France n’attire
plus la jeunesse africaine qui,
par
ailleurs,
est
en
déliquescence avec la littérature
des lumières qu’elle range loin
derrière la BD, les jeux
électroniques et le Rap.
Les dirigeants français
ignorent que l’Afrique change
profondément et se laissent
bercer par l’immobilisme
apparent. Comme hier en
Indochine, en Algérie, et dans
toute
l’Afrique
noire
francophone, ils vont se laisser
surprendre.
Se débarrasser de l’image
du « fardeau de l’homme
blanc »
Qu’ils soient de droite (c’est
normal, dirons-nous) ou de
gauche (comme c’est le cas
actuellement),
les
gouvernements français ont
toujours eu une préférence
(inconsciente ?) pour l’image
d’une Afrique misérable qui les
enferme volontiers dans le
format du « fardeau de l’homme
blanc » pour accréditer le rôle
de « grande puissance »
auquel ils tiennent, et qui leur
serait devenu connaturel depuis
le Roi Soleil et Napoléon.
Encore une fois, la France
se serait montrée utile pour
soigner les bobos de l’Afrique
noire aux réflexes suicidaires.
Voilà qui satisfait les amateurs
de politique-fiction. Mais pas
pour ceux qui pensent que la
France se serait honorée en
agissant autrement.
Quel crédit escomptait-elle
en exfiltrant Blaise
Compaoré ?
Je ne vois pour ma part
qu’une raison, une seule :
mettre à l’abri un dictateur (qui
a plus servi les intérêts de la
France que son propre pays)
dont la comparution devant les
juges aurait pu se révéler
dévastatrice
pour
les
présidents Chirac et Mitterrand
(l’assassinat de Thomas
Sankara), encore Chirac et
Nicolas
Sarkozy
(la
« rébellion » en Côte-d’Ivoire),
etc.
ECONOMIE
225 millions de dollars américains pour un
projet de développement du secteur
agricole entre la RDC et le Burundi
PRIMATURE /LTC
U
n projet de
développement
agricole de la filière
riz dans le cadre régional
de coopération entre la
République Démocratique
du Congo et la République
du Burundi sera bientôt
financé par la Banque
Mondiale à hauteur de 225
millions de dollars
américains dont 150
millions pour la RDC.C’est
ce qui ressort d’une
réunion tenue en fin de
week-end à Bukavu au SudKivu, regroupant une
délégation de la Banque
mondiale et le
gouvernement provincial
du Sud-Kivu représenté par
le professeur Gabriel
Kalonda Mbulu, Vicegouverneur et gouverneur
intérimaire de la province
du Sud-Kivu.
Prenant la parole à cette
circonstance, M. Sévérin
Koderich, Directeur sectoriel
Afrique centrale et australe,
Kenya et Rwanda a informé
l’assemblée que d’ici une
année, les activités de ce projet
pourront débuter effectivement.
Il a par ailleurs félicité Mme
Adolphine Muley, Ministre
provinciale de l’agriculture du
Sud-Kivu pour avoir déjà mis en
place un Comité de préparation
et de gestion de ce projet.
Signalons
que
les
provinces du Sud-Kivu et du
Katanga sont concernées par
ce
projet
avec
le
développement de la filière
«Riz» respectivement dans la
Plaine de la Ruzizi en territoire
d’Uvira et à Kalemie dans la
sous-région du Tanganyika au
Nord du Katanga, signale-t-on
de sources autorisées au
Gouvernorat du Sud Kivu.
Contraintes
environnementales
Il sied de rappeler miannée, le Centre du riz pour
l’Afrique (AfricaRice) avait
procédé au lancement d’un
projet visant à exploiter les
caractères résilients du riz
africain. Ce projet de 5 ans vise
l’identification et l’exploitation
rapides des gènes de grande
valeur issus de Oryza
glaberrima – communément
appelé le riz africain, car il s’agit
d’une espèce qui ne se trouve
qu’en Afrique – envue de la
mise au point de nouvelles
variétés de riz qui peuvent
s’adapter aux défis croissants
que
représentent
la
sécheresse, les inondations et
les contraintes relatives au sol
telles que la toxicité ferreuse
sur le continent.
Le
projet
intitulé
« mobilisation rapide des
allèles pour l’amélioration de
Suite en page 3
LE TELEGRAMME DU CONGO N°082 DU MARDI 11 AU MARDI 18 NO
VEMBRE 2014
NOVEMBRE
A quoi sert le démenti de
l’actuel président français,
contredit par les faits, lorsqu’il
déclare : « Cette évacuation,
nous ne l’avons pas faite
nous-mêmes » ? Aurait-il osé
proclamer, lui l’homme de
« gauche », que ce fût un
honneur si quelque autre
gouvernement, dans le passé,
avait exfiltré Pinochet, Franco,
Saddam Hussein ou Bachar-alAssad ? N’aurait-il pas crié à
l’imposture, à la trahison ?
N’aurait-il pas été plus
sain, au moment du « jugement
de l’histoire » au Burkina-Faso,
le 31 octobre 2014, que la
France, par la bouche de son
président, exigeât que
l’assassin de Thomas Sankara
et de Norbert Zongo (par le bras
de son frère interposé) rendît
des comptes – enfin - au peuple
burkinè ?
A moins que la révolution
ne
soit
qu’un
terme
viscéralement attaché à la
France et jamais à ses
anciennes colonies d’Afrique ?
(Lire en complément
l’article de Vincent Hugeux,
Blaise
et
Chantal
Compaoré: Retour à la case
Ivoire)
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Sui
NATION
3
LES FDLR PERSISTENT ET SAIGNENT
LE CONSEIL DE SECURITE TAPE DU POING
SUR LA TABLE
Kikuni Joseph
D
écidément, rien ne
réussit à la mission
de l’ONU déployée
en RD Congo depuis plus
d’une décennie. Pour
preuve, tous les accords
signés sous l’égide de cette
instance internationale
n’ont jamais été appliqués
entièrement ni dans leur
lettre ni dans leur esprit. Ou
bien ils sont sciemment
violés par leurs signataires
ou bien ils sont
constamment foulés au
pied pour des raisons bien
dissimilées.
Ainsi en est-il de l’Accordcadre d’Addis-Abeba signé le
25 février 2013 qui devrait
définitivement mettre fin au
cycle récurrent des violences
à l’Est de la RD Congo. A ce
jour, une année et huit mois
après, la plupart des
engagements pris n’ont jamais
été
honorés
par
les
protagonistes. Il en est par
exemple du rapatriement des
criminels du M23 recherchés
par la justice congolaise et la
CPI que le Rwanda et
l’Ouganda ne veulent pas livrer.
Il en est de même de la
formation du Gouvernement de
cohésion nationale dont la
promesse
était
faite
solennellement par le Chef de
l’Etat devant l’opinion tant
nationale qu’internationale et
qui semble désormais
hypothétique.
Il en est enfin de l’opération
désarmement et délocalisation
des FDLR qui a du plomb dans
les ailes depuis son
déclenchement en mars 2014.
En effet, les rebelles rwandais
de ce mouvement politicomilitaire ont roulé dans la farine
non seulement les autorités
congolaises mais aussi les
représentants de l’ONU. Dans
un premier temps, ils s’étaient
présentés volontairement pour
rendre les armes et attendre
leur réinstallation dans la
province de l’Equateur et la
province Orientale. Par la suite,
ils se sont rétractés et ont ainsi
pu regagner le maquis où
étaient restés plusieurs de
leurs frères d’armes et
continuer paisiblement les
exactions
contre
les
populations civiles (vols, viols,
extorsions, pillage, corvée…).
C’est dans cette situation
de défi programmé des FDLR
que sont venus s’ajouter les
massacres en série perpétrés
par les ADF-NALU à Beni et ses
environs en octobre dernier et
qui ont coûté la vie à plus de
cent vingt personnes. Du coup,
le Conseil de sécurité a vite fait
de prendre la mesure de la
menace à court et/ ou à long
termes et d’éviter ce qui, à la
longue, pourra déboucher sur
le génocide. Et la décision qui
est tombée reflète bien l’état
d’âme des membres de cet
organe suprême de l’ONU
caractérisé par la colère,
l’exaspération et le ras-le-bol.
Le Conseil de sécurité de
l’ONU vient de passer à la
vitesse supérieure en sommant
les FARDC et la MONUSCO à
déclencher dès janvier 2015
une opération de grande
envergure visant à neutraliser
non seulement les FDLR et les
ADF-NALU mais aussi tous les
autres groupes armés sans
distinction qui écument cette
partie de notre territoire
national.
Malheureusement, ce n’est
pas la première fois que l’ONU
prend une telle mesure et à la
fin, les résultats sont toujours
négatifs. La problématique de
la crise à l’Est comporte
plusieurs paramètres dont la
maîtrise échappe au contrôle
des occupants du Palais de
verre à New York.
Dans la droite ligne de cette
logique onusienne, le viseur de
l'organisation internationale est
pointé vers les rebelles
ougandais de l'ADF-NALU qui,
en ce mois d'octobre 2014, se
sont illustrés par une série de
tueries ayant coûté la vie à
plusieurs habitants du territoire
du Nord Kivu.
Il
ressort
des
recoupements réalisés par les
services de renseignements
civils et militaires que ces
pyromanes sont composés des
éléments ougandais des ADFNALU et des soldats congolais
et rwandais rescapés de la
débâcle du M23 de novembre
2013. Ceux-ci opèrent la nuit
tombée et pour échapper à la
vigilance des forces de l’ordre
et de la population, ils
s’habillent en treillis des Forces
Armées de la RD Congo et
s’expriment, non pas en
anglais comme on pouvait s’y
attendre, mais plutôt en swahili,
langue couramment utilisée par
l’ensemble de la population
dans cette région en proie à
des violences récurrentes où la
méfiance est devenue une
seconde nature chez le
commun des mortels.
De la sorte, ces bouchers
gagnent non seulement la
confiance aveugle de la masse
mais aussi s’attirent leur
sympathie. Profitant de cette
situation, ils se déploient alors
à la faveur de l’obscurité dans
la cité et ses environs et se
livrent
à
l’exécution
systématique des habitants
surpris à l’aide des armes
blanches pour éviter le
retentissement des bruits des
détonations. Une fois leur sale
besogne
réalisée,
ils
incendient les maisons et les
cases, s’emparent du butin et
se diluent dans la forêt au lever
du jour.
Les FARDC et la
MONUSCO viennent toujours
constater les dégâts plus tard
avant de se rendre à l’évidence.
Cette guerre urbaine menée par
un ennemi invisible provoque la
consternation chez les
autorités, crée la psychose et
suscite la colère dans la
population qui ne sait plus à
quel saint se vouer.
A notre avis, l’ONU doit
recourir à la collaboration avec
la coalition internationale
(USA, UE, …) pour venir à bout
de ces terroristes comme c’est
le cas en Syrie, en Irak et en
Somalie.
225 millions de dollars américains pour un projet de développement
du secteur agricole entre la RDC et le Burundi
Suite de la page 2
cultivars de riz en Afrique
subsaharienne » est exécuté
par AfricaRice en partenariat
avec l’Institut national des
sciences agrobiologiques
(NIAS) du Japon, l’université de
Cornell des États-Unis, l’Institut
international de recherche sur
le riz (IRRI) des Philippines, et
l’Institut national de recherche
sur les cultures (NCRI) du
Nigeria. Le projet est appuyé
par laFondation Bill & Melinda
Gates.
« La nouvelle initiative vient
en complément des travaux de
recherche en cours sur le riz
tolérant au stress menés par
le
Centre
avec
ses
partenaires » avait affirmé
Dr Marco Wopereis, Directeur
général adjoint d’AfricaRice lors
du lancement de ce projet.
L’on note, par ailleurs que
les riziculteurs en Afrique
subsaharienne (ASS) sont
confrontés
à
diverses
contraintes environnementales.
« La
sécheresse
est
particulièrement dévastatrice
pour la production rizicole en
Afrique puisque près de 70 %
des superficies rizicoles de la
région sont pluviales. Ainsi,
près de 7 millions d’ha de
superficies rizicoles en ASS
sont potentiellement exposées
à la sécheresse. La toxicité
ferreuse est une contrainte
majeure des écologies
rizicoles de bas-fond, ce qui
représente près de 53 % des
superficies rizicoles totales en
ASS », s’était plaint un
spécialiste.
Les inondations affectent
jusqu’à un tiers des superficies
de bas-fond pluvial en ASS,
lorsqu’il y a de fortes pluies et
que les canalisations sont
obstruées. La plupart des
riziculteurs africains pratiquent
le semis direct, ce qui les
expose à un échec total des
cultures si les inondations
surviennent au stade de la
germination des semences.
Dans de telles situations, la
tolérance aux inondations lors
de la germination connue
comme
« l’aptitude à germer en
condition anaérobie » des
semences de riz est requise
pour surmonter ce stress.
« La tolérance à la
sécheresse, la tolérance à la
toxicité ferreuse et l’aptitude à
germer en condition anaérobie
sont de ce fait des caractères
clés pour la sélection rizicole
en Afrique » avait déclaré Dr
Venuprasad
Ramaiah,
sélectionneur de riz de bas-fond
à AfricaRice et coordonnateur
du projet. « Le développement
et la dissémination rapide des
variétés de riz dotées de ces
caractères sont essentiels en
vue de stabiliser et d’accroître
la production rizicole en
Afrique. »
Actuellement,
les
programmes de sélection
rizicole
utilisent
principalement Oryza sativa
(communément connu comme
le riz asiatique) comme un
donneur de la tolérance aux
stress. Les travaux de
recherche à AfricaRice ont
montré que le riz africain
constitue une riche source de
matériel génétique qui peut
fournir une tolérance à plusieurs
stress,
notamment
la
sécheresse, la toxicité ferreuse
et l’inondation pendant la
germination.
Ce projet se focalisera
principalement sur l’utilisation
du riz africain comme un
donneur de la tolérance aux
stress. Le projet utilisera la
c o l l e c t i o n
d’AfricaRice composée de
plus de 2 000 échantillons de
semences de cette espèce
endogène de riz africain.
Lors de la première étape,
le projet va identifier les gènes/
marqueurs basés sur les gènes
relatifs à la tolérance ferreuse,
à la tolérance à la sécheresse
et à l’aptitude à germer en
condition anaérobie. Les gènes
seront ensuite incorporés en
utilisant le rétro croisement
assisté par marqueurs dans
des variétés à valeur
commerciale sans perdre pour
autant les caractéristiques qui
les rendent populaires auprès
des producteurs.
Le riz est la source
alimentaire la plus croissante
en Afrique. Les populations
urbaines et rurales en
dépendent en tant qu’un des
éléments de base d’une bonne
alimentation puisqu’il est facile
à préparer, à entreposer et
comporte un taux élevé de
calories. En 2010, les Africains
ont consommé autour de 26
millions de tonnes de riz. Ce
qui se traduit en un taux de
consommation moyenne de 24
kg par personne par année.
Avec une capacité de
production de seulement 16
millions de tonnes de riz par
année, l’industrie rizicole
africaine est limitée en
ressources et capacités pour
bien répondre à la demande
des consommateurs. Par
conséquence, 40 % des
consommateurs de riz africains
dépendent du système
mondial d’importation du riz
pour répondre à leurs besoins
alimentaires.
LE TELEGRAMME DU CONGO N°082 DU MARDI 11 AU MARDI 18 NO
VEMBRE 2014
NOVEMBRE
COOPERATION
4
SM le R
oi Mohammed VI a
ppelle à un dialo
gue na
tional
Roi
appelle
dialogue
national
«fr
anc» pour éla
bor
er des réponses c
lair
es aux préoccu«franc»
élabor
borer
clair
laires
pa
tions des popula
tions du Sahar
a
pations
populations
Sahara
Rabat, 07 nov. 2014
(MAP)
S
’adressant à la nation,
dans un discours
prononcé à l’occasion du
39ème anniversaire de la
Marche Verte, le Souverain a
fait part de l’intention de Sa
Majesté d’opérer une rupture
avec le mode de gouvernance
précédant, et permettre aux fils
de cette région de participer à
la gestion de leurs affaires
locales, dans un cadre de
transparence, de responsabilité
et d’égalité des chances,
engageant, par la même
occasion, le secteur privé à
s’impliquer davantage dans le
développement des provinces
du Sud.
Le Souverain a rappelé, à cet
égard, l’appel lancé par Sa Majesté
à une révision radicale du mode de
gouvernance des Provinces du
Sud, ainsi que Sa décision de
mettre en œuvre la régionalisation
avancée et le modèle de
développement de ces provinces.
SM le Roi a mis en exergue les
nombreuses réalisations que ces
régions ont connues depuis leur
récupération dans les domaines les
plus variés, affirmant que les
chantiers qui seront engagés
l’année prochaine, devraient être
déterminants pour l’avenir de la
région, car il s’agit de la mise en
œuvre de la régionalisation
avancée et du modèle de
développement des provinces du
Sud.
SM le Roi a, néanmoins, fait
savoir que cette régionalisation ne
se réduit pas à des textes juridiques
et au transfert, du centre vers les
régions,
des
ressources
matérielles et humaines, mais sera
plutôt fondée sur le «»patriotisme
sincère impliquant un attachement
sans faille à l’intégrité territoriale de
notre pays»».
Nous voulons des zones et des
régions
solidaires,
complémentaires, qui s’entraident
et se soutiennent mutuellement»»
car les Marocains constituent un
«»brassage
civilisationnel
authentique entre toutes les
composantes constitutives de
l’identité marocaine»», a affirmé le
Souverain.
‘’La régionalisation que Nous
appelons de Nos vœux a donc
vocation à valoriser cette richesse
et cette diversité humaine et
naturelle»» et «»est de nature à
conforter ce brassage, cette
solidarité et cette complémentarité
entre les enfants de la Patrie unie
et entre toutes ces régions»», a
expliqué SM le Roi.
Le Souverain a mis en exergue
les sacrifices consentis par
l’ensemble des Marocains,
quarante années durant, pour
«»recouvrer la terre, libérer
l’homme, redonner sa dignité au
citoyen marocain au Sahara,
gagner son cœur et renforcer son
attachement à sa Patrie»» car, a
réitéré SM le Roi, «»l’affaire du
Sahara n’est pas la cause des
sahraouis uniquement»», mais elle
est
«»l’affaire de tous les
Marocains»».
Le Souverain a indiqué, à ce
propos, que «»le Sahara est une
question d’existence et non une
question de frontières»», soulignant
que «»le Maroc restera dans son
Sahara»» et que «»le Sahara
demeurera dans son Maroc jusqu’à
la fin des temps»».
Rappelant les différentes
formes de sacrifices que les
Marocains ont consentis en faveur
des Provinces du Sud depuis 1975,
SM le Roi a fait savoir que depuis
la récupération du Sahara, pour
chaque dirham des recettes de la
région, le Maroc investit 7 dirhams
dans son Sahara, dans le cadre de
la solidarité entre ses régions et
entre les enfants de la Patrie unie.
Le Souverain a expliqué que les
indicateurs de développement
humain dans la région, qui étaient,
en 1975, inférieurs de 6 pc par
rapport aux régions du Nord du
Maroc, et de 51 pc par rapport à la
moyenne nationale en Espagne,
dépassent aujourd’hui de loin dans
les Provinces du sud la moyenne
des autres régions du Royaume.
«Voilà pourquoi je dis, et en toute
responsabilité : assez de
mystification sur une prétendue
exploitation par le Maroc des
richesses de la région»», a dit le
Souverain, soulignant qu’Il est un
fait que ce que produit le Sahara ne
suffit pas à satisfaire les besoins
de base de ses populations et que
les Marocains ont supporté les
coûts de développement des
Provinces du Sud en donnant de
leurs poches, et en prélevant sur les
moyens de subsistance de leurs
enfants, «»pour que leurs frères du
Sud puissent vivre dignement»».
SM le Roi : Faute de faire
assumer sa responsabilité à
l’Algérie en tant que principale
partie dans le conflit du Sahara,
il n’y aura pas de solution
Au sujet de la position de
l’Algérie, SM le Roi Mohammed VI
a affirmé, qu’il n’y aura pas de
solution à la question du Sahara
tant qu’on n’a pas fait assumer sa
responsabilité à l’Algérie en tant que
principale partie dans ce conflit,
fustigeant ‘’la complaisance vis-àvis de la véritable partie’’ à ce
différend et les tentatives de
l’exonérer de ses responsabilités.
Le Souverain a ajouté qu’il n’y
aura pas de stabilité dans la région
tant qu’il n’y a pas une ‘’perception
responsable’’ de la situation
sécuritaire tendue qui y sévit.
‘’Faute de faire assumer sa
responsabilité à l’Algérie en tant que
principale partie dans ce conflit, il
n’y aura pas de solution. Et faute
d’une perception responsable de la
situation sécuritaire tendue qui sévit
LE TELEGRAMME DU CONGO N°082 DU MARDI 11 AU MARDI 18 NO
VEMBRE 2014
NOVEMBRE
dans la région, il n’y aura pas de
stabilité’’, a dit SM le Roi.
Pour le Souverain, il ne s’agit
nullement de nuire à l’Algérie, ni à
sa direction, ni à son peuple, auquel
Nous portons la plus haute estime
et le plus grand respect. Nos mots
sont pesés et leur sens est clair.
SM le Roi a déploré qu’à chaque
fois que cette vérité est évoquée par
les Marocains, le gouvernement,
les partis politiques et la presse
marocains sont systématiquement
accusés de s’attaquer à l’Algérie.
Bien que manquant de pétrole
et de gaz, alors que l’autre partie,
en l’occurrence l’Algérie, possède
des ressources dont elle croit
qu’elles lui ouvrent les portes au
mépris du droit et de la légalité, le
Maroc a ses principes, sa foi en la
justesse de sa cause et surtout
l’affection de ses citoyens et leur
attachement à leur Patrie, s’est
félicité SM le Roi.
Et le Souverain de poursuivre
qu’il se leurre celui qui croit que la
gestion de l’affaire du Sahara se
fera au moyen de rapports
techniques orientés ou de
recommandations ambiguës dans
le but de concilier les revendications
de toutes les parties.
De même, celui qui tente de
comparer le Sahara d’une part, et
le Timor oriental ou certains litiges
territoriaux en Europe de l’Est,
d’autre part, se trompe lourdement,
car chaque affaire a ses
spécificités, a dit SM le Roi,
expliquant que ‘’le lien entre la
population du Sahara et le Maroc ne
date pas d’hier, mais il plonge ses
racines dans l’Histoire la plus
lointaine’’.
A ce propos, le Souverain
affirme croire profondément dans
la justesse de la cause nationale et
dans le triomphe du droit et de la
légitimité sur les velléités du
séparatisme, exprimant l’espoir de
voir un jour les enfants du Sahara
réunis dans leur Patrie et adhérer
à de nouvelles marches dédiées au
développement et à la création des
conditions d’une vie libre et digne
de tous les citoyens marocains.
Il s’agira là, a affirmé SM le Roi,
du meilleur gage de fidélité à la
mémoire de l’artisan de la Marche
verte, feu SM le Roi Hassan II, et
au souvenir des valeureux martyrs
de la Patrie, rendant hommage aux
Forces Armées Royales, dans
toutes leurs composantes, et aux
forces de sécurité pour leur
mobilisation constante afin de
préserver la sécurité et la stabilité
et défendre l’intégrité de la Patrie.
INTERVIEW DE LA SEMAINE
5
Isr
aël: «Une nouv
elle Intif
ada a déjà commencé»
Israël:
nouvelle
Intifada
RFI / LTC
D
es heurts sur l’Esplanade
des Mosquées à
Jérusalem. Situation de
forte tension cette semaine en
Israël. Faut-il craindre une
nouvelle Intifada ? La spirale de
la violence est-elle à nouveau en
marche ? L’avis de Michel BôleRichard, ancien journaliste
au Monde et auteur de Israël, le
nouvel apartheid.
RFI : Pourquoi une telle
flambée de violence en ce
moment ?
Michel Bôle-Richard : Pour
une raison bien simple. C’est que
l’extrême-droite et la droite
israéliennes veulent reconquérir ce
qui est, pour eux, le Mont du Temple,
alors que c’est l’Esplanade des
Mosquées. Donc c’est un point de
cristallisation qui est très important
parce que si les juifs peuvent à
nouveau prier sur le Mont du Temple
et reconstruire le troisième Temple,
qu’ils
veulent
reconstruire
absolument. Ils estiment que le Mont
du Temple est à eux, tandis que les
musulmans
estiment
que
l’Esplanade des Mosquées est à eux
aussi. Il n’est donc pas question pour
les musulmans de transiger sur ce
point capital, parce que ce serait une
sorte de dernier clou dans le
processus de paix et la fin de la
Palestine.
Pourtant ces juifs extrémistes
ne sont pas très nombreux.
Pourquoi leurs propos, leurs
provocations, attisent autant
cette violence ?
Parce que, comme je vous l’ai
expliqué, l’Esplanade des Mosquées
ou le Mont du Temple, comme on
voudra, est un point important. Cela
singifierait en fait l’appropriation
quasi-totale de Jérusalem par Israël
et donc le refus d’établir la capitale
de la Palestine dans Jérusalem-Est
comme les Palestiniens le
demandent, avec le retour aux
frontières de 1967 et la fin de la
colonisation.
Est-ce qu’ils bénéficient du
soutien du gouvernement
israélien ? En tout cas est-ce
qu’ils ont un réel poids
politique ?
Ils ont un poids énorme ! Et pour
le moment, Netanyahu refuse de
changer le statut quo de l’Esplanade
des Mosquées ou du Mont du
Temple. Il refuse pour une raison
bien simple. C’est que si il change
ce statut quo, ça va être la guerre
et ça va être l’Intifada. Donc pour le
moment, il s’y refuse. Mais est-ce
qu’il va céder à la pression de la
droite et du lobby des colons pour
changer cet état de fait et faire en
Israël ?
Les relations diplomatiques qui
existent depuis 1994 entre la
Jordanie et Israël ne sont pas au
beau fixe, loin de là, parce que la
Jordanie se rend bien compte en fait
qu’Israël ne veut pas la paix et que
malgré tout, les moyens qui ont été
utilisés par la Jordanie pour jouer un
rôle de bons offices vis-à-vis d’Israël
et pour trouver une solution avec les
Palestiniens, ne donnent absolument
rien pour le moment. Et donc les
relations sont en fait des relations de
tension, une sorte de guerre froide
entre la Palestine et la Jordanie.
Est-ce que l’on est, selon
vous, au début d’une Intifada qui
ne dit pas son nom ?
C’est en fait une Intifada qui a
commencé. Une Intifada, ça ne
commence pas brusquement, ça a
commencé au mois de juillet, depuis
que le processus de paix initié par
John Kerry a échoué. On connaît la
suite. On ne va pas rappeler tous les
événements qui se sont produits
depuis à Jérusalem. Mais il y a déjà
quand même une dizaine de morts,
plus 1 000 Palestiniens arrêtés ! Je
rappelle quand même qu’en 2000
c’est l’intervention et la visite d’Ariel
Sharon sur le Mont du Temple,
l’Esplanade des Mosquées donc, qui
a enclenché la troisième Intifada !
Certains prétendent qu’il n’y a
pas la même mobilisation qu’il y avait
eu en 2000 pour cette Intifada qui a
sorte que des juifs qui peuvent
seulement se promener sur
l’Esplanade des Mosquées puissent
aller y prier ? Et donc, là-dessus il
subit de fortes pressions de la part
de l’extrême-droite et du lobby des
colons. Et comme il y aura des
élections l’an prochain en Israël, et
peut-être avant, va-t-il céder pour
pouvoir bénéficier d’une réélection ?
Benyamin Netanyahu aurait
laissé faire parce que sa
coalition n’allait pas si bien que
ça, et pour donner des gages
avant les élections ?
Pour donner des gages avant
les élections. Pour le moment il n’y
a pas cédé. Seuls deux pays arabes
ont des relations avec Israël,
l’Egypte et la Jordanie. L’Esplanade
des Mosquées et le Mont du Temple
sont sous la juridiction de la Jordanie
depuis la guerre de 1967. Cette
dernière a rappelé son ambassadeur
et prévoit, si on va plus avant, de
prendre d’autres sanctions. Parce
que je rappelle que la police
israélienne est entrée dans la
Mosquée al-Aqsa. Ce qui est
considéré par les musulmans
comme un sacrilège.
Vous évoquez la Jordanie qui
est en charge de l’Esplanade des
Mosquées. Le fait que Amman
retire son ambassadeur à TelAviv, cela peut-il réellement
remettre en cause les relations
pacifiques entre la Jordanie et
commencé. Mais personne ne peut
dire comment la situation va évoluer.
Ce qui est sûr, c’est que si
Netanyahu change le statut quo de
l’Esplanade des Mosquées, ça va
être la guerre et ça va être une
Intifada. Parce que les Palestiniens
et le monde arabe en général ne va
pas transiger sur ce qui est
considéré comme le troisième lieu
saint de l’islam.
Et Benyamin Netanyahu,
selon vous, peut aller jusquelà ?
Il peut aller jusque-là ! De toute
façon, il est un peu prisonnier de sa
coalition. Au sein de sa coalition, les
partis religieux, la droite et l’extrêmedroite, qui ont de plus en plus de
poids, contredisent Netanyahu. Et
donc il peut très bien encore dériver
vers un gouvernement ou une
coalition plus à droite pour garder
le pouvoir. Le problème c’est qu’on
arrive à un point crucial maintenant,
parce que Israël ne fait absolument
aucune concession sur rien. Ils
continuent de coloniser JérusalemEst.
On a encore annoncé il y a
quinze jours 1 000 nouveaux
logements à Jérusalem-Est. Ils
continuent de bâtir aussi en
Cisjordanie. Et tant que la
colonisation ne s’arrêtera pas il n’y
a aucun indice qui peut faire en sorte
que les choses s’apaisent. Donc la
situation est très grave.
EVENEMENT
Les 50 ans de relations diplomatiques entre
Paris et Pékin célébrés à Kinshasa
Par LTC
C
e sera sans doute l’un des
meilleurs moments
d’entente cordiale de
l’année dans le domaine des
relations internationales :
vendredi dernier, deux
ambassades à l’étranger qui
célèbrent ensemble le
cinquantenaire des relations
diplomatiques entre la
République Française et la
République populaire de chine.
C’était à l’occasion de la
première édition du festival du
film chinois à Kinshasa. A ce
sujet, le film « Près du Soleil », a
captivé l’attention du public
venu à cette soirée, en
compagnie de bonne bière et de
la gastronomie chinoise.
Pour cela, l’institut français a mis
les petits plats dans les grands.
Cinquante ans d’amitiés, ça se fête.
Dans la capitale Rd congolaise,
l’ambassade de Chine et l’Institut
français ont décidé de fêter
ensemble cet événement, en y
invitant les congolais, amis des deux
pays.
Prenant
la
parole,
l’ambassadeur de France en RDC,
Luc Hallade, a démontré que la
présentation d’un festival du film
chinois à Kinshasa répond à un
double objectif : « rendre hommage
à ce cinéma créatif et audacieux et
mettre en lumière un aspect
méconnu de la culture chinoise ».
Le chargé d’affaires a.i de
l’ambassade de Chine en RDC,
Chen Zhihong,
de son coté
rappeler que la Chine et la France,
représentants éminents des
civilisations
orientales
et
occidentales, jouissent toutes deux
d’une culture riche, brillante, et
diversifiée : « Aujourd’hui, sous la
direction du Comité central du Parti
communiste chinois avec à sa tête
le Secrétaire Général Xi Jinping, le
peuple chinois avance vaillamment
sur le chemin de nouveau départ
pour parachever l’édification
générale de la société de moyenne
aisance, en vue de réaliser le rêve
chinois, celui du grand renouveau
de la nation chinoise ». il n’a pas
oublier de souhaiter une éternité
aux relations amicales entre la
République populaire de Chine, la
République française et la
République démocratique du Congo.
Ce festival du film chinois à
Kinshasa, qui s’est clôturé ce lundi
10 novembre, est une des activités
de
célébration
du
50ème
anniversaire
des
relations
diplomatiques entre la Chine et la
France.
Le 27 janvier 2014, la date
anniversaire de l’établissement des
relations diplomatiques entre les
deux pays, a marqué l’ouverture
d’une année de commémorations,
jalonnée de nombreux événements
qui témoignent de l’exceptionnelle
amitié franco-chinoise. Pour célébrer
ces 50 ans des relations
diplomatiques entre Pékin et Paris,
la Chine et la France ont planifié et
orchestré, tout au long de cette
année, une série d’activités diverses.
Ce, y compris des visites de haut
niveau, des échanges économiques
et commerciaux, des expositions,
des spectacles et des manifestations
sportives…
.
LE TELEGRAMME DU CONGO N°082 DU MARDI 11 AU MARDI 18 NO
VEMBRE 2014
NOVEMBRE
NATION
6
Bagarre à l’Assemblée nationale
Patrice Kite
bi et R
em
y Musung
ayi sauvés
Kitebi
Rem
emy
Musunga
par leur famille politique
Par JOSEPH LOUNDA
O
n ne peut pas saigner le
trésor public
indéfiniment, Le ministre
délégués aux Finances de la
République démocratique du
Congo et son collègue de
l’Industrie ont échappé à une
motion de défiance, Les motions
de défiance initiées contre le
ministre délégué aux Finances,
Patrice Kitebi, et celui de
l’industrie, petites et moyennes
entreprises, Remy Musungayi,
ont été rejetées lundi 10
novembre à l’Assemblée
nationale, à l’issue d’un houleux
débat où certains députés en
sont venus aux mains. Le vote
de la motion contre le ministre
Kitebi s’est déroulé en l’absence
des députés de l’opposition, qui
avaient quitté la salle quelques
minutes plus tôt, fustigeant le
comportement du 1er vice
président de l’Assemblée, qui
conduisait le débat.
Au cours de l’examen de la
motion contre le ministre Musungay,
les députés nationaux Pierrot Uweka
et Valentin Senga, dont les points de
vue divergeaient, en sont carrément
venus aux mains.
Les cinquante-huit députés, qui
ont signé la motion de défiance contre
Patrice Kitebi, lui reprochent d’avoir
mal exécuté le budget 2013,
notamment en utilisant les fonds alloués
au fonctionnement du bureau du porteparole de l’opposition, alors que cette
personnalité n’a toujours pas été
désignée.
Quant au ministre Remy
Musungay, les députés l’accusaient de
malversations financières dans le projet
de construction de la cimenterie de la
Province Orientale (Cipro).
Le ministre des Finances devait
fournir à l’Assemblée nationale des
explications sur l’utilisation de 207
millions de francs congolais destinés à
l’Opposition parlementaire, mais
affectés à autre chose alors que son
collègue de l’Industrie était appelé à
s’expliquer sur la gestion du projet de
la Cimenterie de Kisangani.
La motion de défiance introduite
par des parlementaires de l’opposition
contre le ministre des Finances, Patrice
Kitebi Kibol Mvul, a été jugé non
recevable par la plénière pour vice
de procédure, tandis que la motion
contre son collègue de l’Industrie,
Remy Musungayi, a été déclarée non
recevable étant donné que 18 députés
sur les 63 signataires de la motion se
sont retirés. Ce qui réduisait le nombre
de députés à 45 au lieu de 50 requis.
Suite au rejet de ces motions, les
deux ministres restent dans le
gouvernement Matata.
LES VŒUX DU Ier MINISTRE ET LE PLAIDO
YER DE L
’HONORABLE
PLAIDOYER
L’HONORABLE
JAYNET KABILA FOULES AU PIED P
AR LA MISSION DE L
’INS
PAR
L’INS
Par KIKUNI JOSEPH
L
es notions comme
révolution de la modernité,
nouvelle citoyenneté…
reposent au finish sur
l’amélioration du bien-être de la
population RD Congolaise.
Cependant, pour atteindre ces
objectifs, un certain nombre de
démarches s’imposent pour mieux
établir le diagnostic sociodémographique et économique du
pays. Parmi celles-ci, nous comptons
le dénombrement exhaustif et
instantané de la population avec toutes
ses caractéristiques démographiques,
sociales et économiques.
Cette opération est nommée
« recensement général de la
population et de l’habitat » en sigle
RGPH2. Le chiffre 2 signifie tout
simplement que la RD Congo court
derrière la 2 ème réalisation d’un
recensement général après la 1ère
édition qui avait eu lieu le 1er juillet 1984,
organisé naturellement et normalement
par l’Institut National de la Statistique,
INS en sigle.
Il est impérieux de noter que le
projet censitaire qu’est le RGPH2
facilitera au Gouvernement de la
république une meilleure intégration
des variables socio-démographiques
dans les plans et programmes
nationaux et provinciaux de
développement et de la réduction de
la pauvreté.
En outre, elle fournira des
données quantitatives suffisamment
désagrégées à des échelles
géographiques réduites nécessaires
à l’analyse des stratégies de
développement des entités territoriales
décentralisées et déconcentrées.
En fin, les résultats du RGPH2
constitueront en eux-mêmes une
véritable banque des données où les
opérateurs politiques, économiques,
culturels, scientifiques, les membres de
la société civile, … viendront se
ressourcer.
Toutefois, si toutes les autorités
du pays comprennent et saisissent
l’importance capitale que revêt la
réalisation du RGPH2 d’abord et
l’exploitation des résultats (indicateurs)
qui en découleraient ensuite, une
seule avait non seulement cerné les
avantages que procurerait cette
opération censitaire, mais elle avait
aussi en 2012 plaidé pour la réalisation
du RGPH2 à la tribune de l’Assemblée
Nationale en sa qualité de député
nationale. Il s’agit bel et bien de
l’honorable Jaynet KABILA.
Une année plus tard, en
septembre 2013, la député sus
évoquée va de nouveau marquer par
sa présence la cérémonie de la remise
SAIDI - DECORS
CARREAUX - SANITAIRES DECORS
Pour une meilleure qualité/prix
NRC 53156 - ID.NAT. N45228P
AV. TOMBALBAYE n°4, n°42, n°44-448,
COMMERCE n°23
KINSHASA/GOMBE
Tél. 0851266033 - 0819908800
officielle d’un lot de 81 véhicules à
l’Institut National de la Statistique/
Bureau Central du Recensement.
Ce charroi était composé de :
·70 pick up double cabine
Nissan ;
·5 jeep station wagon/Ford
Everest;
·3 mini-bus/Toyota Hiace;
·3 pick up double cabine/Ford
Ranger.
A ce jour, Dieu seul sait ce qu’est
devenu ce parc automobile quant à sa
répartition aux services et entités
concernés…
Pour lever tout malentendu et
autres confusions entretenues sur la
gestion du RGPH2 par les autorités
de tutelle, quatre points suffisent pour
éclairer la lanterne de nos lecteurs
·
Primo : à la page 61 du
bimensuel « l’Emergence » (magazine
d’informations du Ministère du Plan et
SMRM) n°1 de septembre- Octobre
2014, il est précisé ce qui suit : « Pour
sa part, Augustin MATATA PONYO a
dit la détermination de son
Gouvernement à mener à bien le
processus du recensement général de
la population et de l’habitat. Il a ainsi
remis, à titre symbolique, les clés de
quelques véhicules au Ministre du Plan
et SMRM, qui, à son tour, les a remises
au
professeur
Grégoire
KANKWANDA, chargé de mission de
l’INS, dont dépend le BCR » ;
·
Secundo : le décret n° 011/
36/ du 31 août 2011 portant
organisation et fonctionnement du
RGPH2 stipule en ses articles 11 et 12
ce qui suit :
- Art. 11 : le BCR est placé sous
la supervision du Directeur Général
de l’Institut National de la Statistique. Il
est dirigé par un Coordonnateur
Technique assisté de deux
Coordonnateurs Techniques Adjoints,
chargés respectivement des questions
techniques et des questions
administratives et financières.
- Art. 12 : le Coordonnateur
Technique et ses adjoints sont
nommés, sur proposition du Conseil
Scientifique de l’INS, par le Ministre
ayant le Plan dans ses attributions.
·Tertio : Dans l’ordre de
préséance, l’INS précède toujours le
BCR qui n’est qu’une direction ad hoc
de l’INS. Malheureusement, dans le
logo du RGPH2 affiché sur les
autocollants des véhicules du charroi
cité plus haut et dans l’enseigne
lumineuse fixée sur la façade
principale du fameux bâtiment abritant
le BCR, on met sciemment en exergue
le BCR au détriment de l’INS !
·Quarto : conformément aux
prescrits des Nations unies dont la
RDC est membre, l’organisation des
activités censitaires décennales est
toujours confiée aux instituts nationaux
de la statistique à travers sa direction
des statistiques démographiques.
Toutefois l’ampleur de ces activités
requiert l’expertise des autres
institutions nationales comme IGC,
METELSAT,…
Dépouiller l’INS de ce genre
d’attribution relève de l’immixtion
manifeste des autorités ministérielles et
du coordonnateur technique dans la
gestion des projets à l’INS en général
et du RGPH2 en particulier. C’est dans
cet imbroglio orchestré par les
différentes personnalités issues du
ministère de tutelle et de l’université de
Kinshasa que le consortium portugais
« SINFIC-QUATENUS NOVA GIO »
a gagné le marché de l’organisation
des activités de la cartographie
censitaire comme si les compétences
en la matière faisaient défaut ici en
RDC. Outre ces consultants qui sont
surpayés (15.000$/mois), chacune
des 4 personnalités avait imposé son
quota lors du recrutement des cadres
du BCR sans tenir compte d’abord des
cadres de l’INS qui pourtant, ont fait
preuve de leur compétence et de leur
expérience pendant la période de
Groupe Interministériel du Travail
(GIT) et Groupe Technique du Travail
(GTT).
En sus, la quasi-totalité de leurs
protégés engagés au BCR n’ont que
leurs diplômes pour prétention, comme
LE TELEGRAMME DU CONGO N°082 DU MARDI 11 AU MARDI 18 NO
VEMBRE 2014
NOVEMBRE
leurs chefs.
Conséquence : le travail
n’avance pas. Sans la division de la
cartographie tenue par les rescapés
du GTT qui sont en majorité les cadres
de l’INS, quels produits le BCR
pourrait-il présenter ?
Toute la documentation que le
BCR peut brandir et exploiter c’est le
fruit du dur labeur intellectuel abattu
depuis janvier 2006 jusqu’à
l’installation du BCR en octobre 2012.
L’historique si pas la genèse du
BCR ainsi que la documentation
produite par l’ancienne coordination
(GIT et GTT) sera publiée dans notre
prochaine édition.
Que son excellence Monsieur le
1er Ministre et l’honorable Jaynet
KABILA ouvrent l’œil et le bon pour
que le RGPH2 soit une réussite, et que
justice soit faite pour les gardiens du
temple « INS » qui continuent malgré
les préjudices, frustrations et
humiliations subis durant ces 5
dernières années à redorer le blason
de l’INS et du pays à travers leurs
prestations.
Ainsi, le personnel de l’INS se
félicite et remercie son Excellence
monsieur le 1er Ministre pour avoir
diligenté un audit à l’INS en réaction à
la 1ère et unique correspondance lui
adressée par sa délégation syndicale,
là où les autres réservaient des
promesses anesthésiques et
complaisantes.
Aujourd’hui, les conclusions de
l’audit précité et la médiatisation de cette
mégestion abyssale commencent à
porter leurs fruits. Ceci se traduit par
la réaction de la Brigade criminelle de
la Gombe qui s’est saisi du dossier tout
en relançant les anciens portant sur le
détournement des deniers publics et
outils de travail dont le principal
incriminé n’était autre que le chargé
de mission de l’INS. Curieusement
celui-ci et son adjoint refusent
obstinément de répondre aux
convocations leur adressées mettant
ainsi au défi le pouvoir judiciaire de
notre pays et son Magistrat suprême.
FAITS DIVERS
SOCIETE
LE Q
UAR
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U MB
AMB
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ARTIER
PULUL
ULU
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DANS LA COMMUNE DE SELEMB
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SELEMBA
EN P
ANNE D’URB
ANISA
TION
PANNE
D’URBANISA
ANISATION
Par Par Zenga Ntu
L
es habitants du quartier
Pululu Mbambu, composé de
12 rues dans la commune de
Selembao continuent à pousser
des cris d’alarme, des pleurs et
plaintes. L’autorité urbaine
n’entend-elle pas leurs
jérémiades ? La population ainsi
que leur chef de quartier Lutakana
Kiwembo comme les notables de
ce coin sont inconsolables.
Il fait plus de 20 ans, depuis que ce
quartier a été créé, la population n’a
jamais vu un véhicule passé ; aucune
route n’y est asphaltée ; aucun
raccordement de la Regideso ou de la
SNEL (pas d’eau potable et pas de
courant électrique), soutiennent les
hommes et femmes du quartier Pululu
Mbambu abordés par la presse. Quand
il pleut abondamment, c’est la
désolation, c’est la misère accentuée
dans plusieurs familles victimes des
inondations et destructions des
maisons, soit des tôles qui s’envolent,
laisse-t-on entendre.
Les Notables, de ce quartier sous
la conduite de Monsieur Makamba
Richard, auraient initié un mémorandum
à l’adresse du Gouverneur de la ville de
Kinshasa, avec copies à plusieurs
instances hiérarchiques, voire la
présidence de la République pour
présenter de vive voix leurs doléances
sur le désenclavement et le
développement du quartier Pululu
Mbambu, qui vit foncièrement dans le
noir et asséché dans sa globalité. C’est
pitoyable !
LA PR
OSTITUTION D
ANS LES
PROSTITUTION
DANS
COLLÈGES EN FRANCE
Par LTC/Atlantico
U
ne association a décidé d’alerter
les pouvoirs publics français sur la
prostitution adolescente, qui se
déroulerait notamment dans l’enceinte
des collèges. Ne disposant pas de
chiffres officiels, elle estime néanmoins,
en extrapolant à partir de données
réunies par les associations et les acteurs
de terrain, qu’entre 5 000 et 8 000 mineurs
se prostituent en France. Le phénomène
ne serait donc pas l’apanage des pays du
« Tiers-monde », même si les chiffres ne
sont pas les mêmes. Ce qui compte, dans
le fond, c’est le phénomène et non son
seul volume.
Essai de compréhension.
Atlantico : L’association Agir contre la
prostitution des enfants (ACPE) lance une
campagne pour attirer l’attention du public
sur un phénomène qu’elle estime
grandissant, la prostitution des
adolescents, notamment dans les collèges
où certains professeurs ont rapporté avoir
eu des confidences d’élèves à ce sujet, qui
pratiqueraient notamment des fellations
dans les toilettes. A qui incombe la
responsabilité de ce genre de pratique ?
Quelle est la part de responsabilité des
parents et de l’école dans cette situation ?
Gisèle George : Il est difficile d’attribuer
cette responsabilité. Il est naturel, entre 12 et 15
ans de chercher à découvrir sa sexualité. Les
enfants ont toujours cherché à connaitre
la sexualité, que ce soit dans les livres, en
grappillant des informations à droite, à
gauche. La différence aujourd’hui est que
ces informations sont en libre accès.
Certaines d’entre-elles sont adaptées, d’autres
sont plus «trash» et ne doivent pas être
interprétées au 1er degré. Mais pour un enfant,
il est difficile de faire la part des choses et ce
dernier peut penser que ce qu’il voit dans des
films pornos est représentatif de la sexualité.
On se retrouve donc avec des adolescents qui
pensent que s’embrasser ce n’est pas très
important et que la sexualité c’est d’abord la
fellation.
A-t-on mesuré l’ampleur de la «sursexualisation» ? N’a-t-on pas laissé les
enfants complètement démunis ?
Je pense que les adultes n’ont pas toujours
conscience que les 12-15 ans sont une classe
d’âge à risques. A leur entrée au collège, on
leur demande de s’autonomiser et de réagir
comme des petits hommes alors qu’ils ne
sont en fait que des grands enfants. C’est à
nous, adultes, de leur apprendre le code de la
route de la vie. Entre 12 et 15 ans ils font comme
les copains, ils disent «oui» à tout ce que veulent
les copains. Leurs camarades leurs
apprennent le porno, eh bien, à nous
parents, de leur apprendre une sexualité
adaptée. La sexualité c’est aussi une affaire de
transmission. Il faut d’abord surveiller les sites
sur lesquels ils surfent et les chats qu’ils utilisent.
Il ne faut pas interdire, mais les guider dans leur
utilisation d’internet, y compris dans leur soif de
connaissances. En fait, il faut explorer avec eux.
Je pense que si la transmission se faisait
mieux, nous ne serions pas face à des milliers
d’enfants de moins de 12 ans qui surfent sur
des sites pornos. Découvrir la sexualité en
voyant des couilles plein pot sur son écran, ce
n’est pas le meilleur moyen de le faire.
Quelle est l’influence de la
représentation des femmes et des jeunes
adolescentes dans les médias sur leur
perception de la sexualité ?
Les enfants reconnaissent qu’il y a une
sexualité et c’est très bien, mais c’est aux
parents de «faire le CSA». Nous, notre problème
dans les associations, c’est que les enfants ne
font pas la différence entre le porno et la sexualité.
Mais qui leur apprend la différence ? On travaille
aussi beaucoup, avec les associations comme
ACPE par exemple, sur le fait que le corps des
enfants leur appartient. L’éducation sexuelle
doit également se faire sur la sensualité
des rapports. Le corps n’est pas que
mécanique, et la sexualité est un échange
dans le respect l’un de l’autre. Les copains
racontent des tas de choses, cela a toujours été
le cas mais cela est aujourd’hui étayé par des
médias qui ne sont pas adaptés aux enfants de
12 ans
7
LA PROSTITUTION EN R. D. CONGO
UNE PETITE ÉTUDE DE
AINE
OGIE URB
SOCIOL
URBAINE
SOCIOLOGIE
Par B. Kanda Mujangi
L
a prostitution est un
phénomène social très
ancien ; ancien comme le
monde. Evoquée dans certains
articles de la presse congolaise, le
plus souvent pour alerter le public
sur le danger des maladies
sexuellement transmissibles, nous
n’avons cependant pas
connaissance d’une étude crédible
sur la prostitution en République
démocratique du Congo.
Aussi nous est-il difficile de situer,
de manière précise, la date et le lieu de
sa naissance dans le pays. Toutefois,
au regard de la vie du village où j’ai
passé une bonne partie de ma jeunesse,
et compte tenu des cas, certes limités,
observés ici et là dans d’autres villages
visités à l’occasion de mes
déplacements à l’époque de mes
études primaires, je suis en droit
d’affirmer que la prostitution a toujours
existé en République démocratique du
Congo.
Sans prétendre brosser le tableau
global du pays sur le phénomène chaque coin ayant sa spécificité – je
puis préciser, à l’exemple de mon
village, que la prostitution, s’exerçait de
façon extrêmement discrète dans les
milieux traditionnels. Les acteurs (des
deux sexes) se pliaient aux contraintes
morales de l’heure, de manière à ne pas
porter atteinte aux bonnes mœurs.
Un cas d’étude
Nous sommes à Tshikapa, au village
de Kele, dans la province du Kasaï
Occidental, en milieu luba, réputé pour
le respect rigoureux des interdits
moraux. Puisqu’au village chaque
femme avait un mari, la prostituée devait
avoir un homme connu et éviter de
présenter publiquement ses autres
partenaires. Pour toute rencontre avec
l’un de ces « inconnus », l’intéressée
s’entourait de toutes les précautions
pour ne pas révéler la nature de la
rencontre. La prostituée ne pouvait pas,
par exemple, héberger un « inconnu »
au vu et au su des voisins. Si, par un
malheureux concours de circonstance,
elle devait « tricher », le partenaire
accidentel était reçu à une heure tardive,
et à l’abri des indiscrétions. Son départ,
après une nuit passée avec sa
partenaire, intervenait très tôt, en toute
discrétion. Il passait inaperçu.
La création des villes : un facteur
de la prostitution sous sa forme
actuelle
S’il est difficile de situer l’époque de
la naissance de la prostitution active,
c’est-à-dire celle connue sous sa forme
actuelle, il est tout au moins indiqué que
la prostitution, en tant que phénomène
social, apparaît au fur et à mesure que
naissaient les centres extracoutumiers. Il s’agit de lieux de fortes
concentrations humaines parsemés à
travers les provinces du pays à la suite
des progrès économiques et
administratifs résultant des besoins de
la colonie belge.
Ces
lieux
transformaient
profondément la vie des jeunes, en
créant des conditions qui changeaient
leurs habitudes et les basculaient dans
la perversion. Libérés des contraintes
traditionnelles, ces jeunes pouvaient,
sans aucune crainte, violer les tabous,
donc verser dans le relâchement des
mœurs sans être ré-interpellés par les
autorités coutumières.
Les centres extra-coutumiers
étaient les lieux où s’organisaient les
distractions qui offraient les plaisirs les
plus vils, qui exerçaient un très fort attrait
sur les jeunes des deux sexes. Ceuxci avaient, par exemple, contrairement
au village, la liberté de se regrouper dans
les dancings-bar où ils pouvaient boire
et danser jusque tard le soir.
Pour pérenniser cette habitude, les
filles se sont constituées en « femmes
de plaisirs » qui vivaient de leur corps.
Celles qui ont réussi à s’installer
dans les centres extra-coutumiers,
auprès des travailleurs établis sur place,
seraient l’embryon de la prostitution qui
se serait développé au fil du temps ; les
centres extra-coutumiers donneront
naissance aux villes.
La prostitution et l’enracinement du
capitalisme en Afrique
Dans les villes en gestation, la
prostitution présentait un réel intérêt
pour certains colons et hommes
d’affaires. Ceux-ci s’étaient lancés dans
la production du textile comme Ngoma,
Opika, Loningisa… utilisaient les
prostituées pour écouler certains
produits, comme les pièces de Wax de
Papa Demitriou (Basile), de Solbena,
etc.
A Léopoldville (Kinshasa), Basile
habillait les prostituées pour assurer la
promotion de ses nouveaux tissus. Il
s’en servait comme des top-modèles
chargées de présenter les nouveautés
dans la rue et souvent lors de séances
organisées pour la circonstance,
agrémentées par les musiciens
congolais. Lors de ces séances
publiques, les brasseries locales
faisaient également la promotion de
leurs produits : bière, Coca-Cola,
Fanta… étaient exposés et vendus à
gogo. Les prostituées servaient à
promouvoir les boissons en attirant les
clients dont elles finissaient par en faire
les clients de leurs propres charmes.
La division du travail était donc
savamment organisée entre les patrons
de l’industrie textile, des brasseries,
des bars, les musiciens et les
prostituées. Chacun y trouvait son
compte.
La promotion des affaires des
colons par prostituées congolaises
interposées, a été étendue, à des
degrés divers, aux autres villes du
pays : Elisabethville (Lubumbashi),
Luluabourg (Kananga) et Stanleyville
(Kisangani). Ici, certains articles publiés
dans le magazine La Voix du
Congolais, aujourd’hui disparu, en font
foi.
Dans un reportage réalisé en janvier
1956, Gaston Diomi, qui venait
d’effectuer une randonnée sur le fleuve
Congo, souligne « la forte animation [à
son arrivée à Stanleyville où] les jeunes
femmes, d’une beauté proverbiale,
attendait le bateau au port… certaines
de ces femmes, qui étaient en uniforme,
focalisaient les regards des passagers,
plus particulièrement ceux qui arrivaient
pour la première fois à l’entrée de la ville
par le fleuve. »
Ces femmes en uniforme étaient
tout simplement des prostituées au
service de la promotion du capitalisme
colonial.
LE TELEGRAMME DU CONGO N°082 DU MARDI 11 AU MARDI 18 NO
VEMBRE 2014
NOVEMBRE
le
8
TOUR D'HORIZON DE L'ACTUALITÉ AFRICAINE
Par Jacques Bokwango
1
Bur
kina F
aso: L
’opposition et la
Burkina
Faso:
L’opposition
société civile ce sont mis d’accord
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char
harte
transition
C
e qui devrait être une simple finalisation du projet de charte de la
transition a donné lieu à des discussions sur certaines dispositions.
La répartition des postes ministériels et l’éligibilité des membres
participant aux organes de transition ont fait l’objet de nouvelles
discussions entre les partis de l’opposition, la société civile et les
responsables religieux et coutumiers.
Ce projet de charte, finalement adopté à l’unanimité propose un
réaménagement de l’ancien gouvernement vu l’urgence de la situation et
ce nouveau gouvernement ne doit pas excéder 25 membres.
Au niveau de l’Assemblée nationale de transition, la répartition des
sièges a été faite en tenant compte des partis de l’ancienne majorité. Les
partis affiliés au chef de file de l’opposition conservent 40 sièges, la société
civile se voit attribuer 30 sièges, les forces armées en auront 10 et les
autres partis politiques s’en tireront également avec 10 sièges.
Tous les membres de l’Assemblée nationale de transition pourront
désormais se présenter aux futures élections. Ni le président ni le Premier
ministre et les membres du gouvernement de transition ne pourront être
éligibles aux futures élections qui suivront directement la période de
transition.
2
Mali: des Solda
ts de l’e
x-junte
Soldats
l’ex-junte
x-junte,, dont
Sano
go sont accusés pour meur
tr
es
Sanog
meurtr
tres
D
eux affaires mettent en cause Amadou Sanogo, chef de l’ex-junte,
au Mali, et ses hommes : celle de la mutinerie de Kati où au moins
six personnes ont disparu dont le colonel Youssouf Traoré, officier
de l’armée malienne, et celle d’un charnier découvert en décembre 2013
près de Bamako, suite à une tentative de coup d’État contre l’ex-junte.
Différentes procédures judiciaires sont en cours. 35 militaires sont
inculpés, et quasiment tous ont déjà été arrêtés.
Sept militaires ont été inculpés et arrêtés « pour meurtre, complicité
de meurtre », dans l’affaire de la mutinerie de Kati (à 15 km de Bamako)
contre Amadou Sanogo, chef de l’ex-junte, qui a eu lieu le 30 septembre
2013. Ce jour-là, des hommes de troupe se rebellent contre leur mentor
de l’époque, Sanogo. Un militaire rebelle est blessé par balle et au moins
5 autres sont portés disparus. On retrouvera plus tard leurs corps sans
vie.
Parmi ces disparus, un seul officier de l’armée malienne, le colonel
Youssouf Traoré, poids lourd de la junte, identifié grâce à des tests ADN
réalisés récemment par des experts américains. Il n’entretenait plus de
bonnes relations avec Amadou Sanogo, bombardé au grade de général,
et était soupçonné d’être derrière la mutinerie contre le chef de l’ex-junte.
De source proche du dossier, l’instruction sur cette affaire suit son
cours, et de nouvelles interpellations sont évoquées.
Une autre affaire défraie la chronique : celle du charnier découvert début
décembre 2013près de Bamako, et contenant 21 cadavres de militaires,
tous tués après avoir été arrêtés lors d’une tentative de coup d’État contre
l’ex-junte.
3
A
Les troupes d’autodéfense contre
Bok
o Har
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vr
ent à des a
bus
Boko
Haram
livr
vrent
ab
u Nigeria, la violence s’amplifie dans l’extrême nord-est du pays.
Alors que l’armée poursuit ses opérations pour affaiblir les
islamistes
de
Boko
Haram,
il faut aussi compter sur la prolifération des milices civiles locales,
de plus en plus armées et déterminées. Cette semaine, elles auraient
ainsi décapité une quarantaine de présumés islamistes avant de les
exhiber devant les villageois.
Des têtes de présumés islamistes, empalées au bout de pieux et
exhibées dans les rues par des combattants triomphants, c’est le
spectacle auquel ont assisté cette semaine les habitants de Biu, un village
de l’Etat de Borno. Une scène d’une rare violence, qui témoigne de la
radicalisation des milices locales.
Ces groupes d’autodéfense composés essentiellement de jeunes et
apparus spontanément il y a un an et demi pour lutter contre Boko Haram,
ont essaimé dans la région.
Si au départ leur existence était saluée par les populations à bout des
violences, désormais elles posent problème. De fait, les volontaires armés
de machettes, de haches, de matraques, d’arcs et de flèches, et parfois
des kalachnikovs, agissent en toute impunité.
Loin de protéger les villageois des islamistes, ils multiplient peu à peu
les exactions. Plusieurs abus ont d’ailleurs été signalés ces derniers mois.
Les groupes tendent à s’autonomiser et au lieu de remettre leurs présumés
islamistes captifs aux forces de sécurité, ils n’hésitent plus à les décapiter,
sans autre forme de procès.
4
Le c
hef de la LRA J
ose
ph K
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chef
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Kon
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CA et le Soudan
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erait
entre
RCA
E
n dépit de la mobilisation de la communauté internationale, le chef
de la LRA, l’armée de résistance du Seigneur, est en fuite depuis
une décennie. D’après l’ONG américaine Resolve LRA Crisis, Joseph
Kony semble avoir voyagé ces dernières années entre l’est de la RCA et
l’enclave de Kafia Kingi, au Soudan.
L’ONG américaine Resolve LRA Crisis, qui effectue une surveillance
régulière des actions des rebelles de la LRA, vient de publier un rapport (en
anglais) dans lequel elle tente de retracer les mouvements de Joseph Kony
depuis que la Cour pénale internationale le recherche, en 2005.
Le rapport de Resolve LRA Crisis explique que les forces armées
soudanaises ont longtemps soutenu Joseph Kony, lui permettant d’opérer
au Sud-Soudan et fournissant à ses troupes des abris, de l’entraînement,
des armes, des munitions et de la nourriture. Après l’accord de paix signé
entre le Nord et le Sud-Soudan en 2005, ce soutien est devenu plus difficile,
et Joseph Kony a donc dû partir s’installer dans le parc national de Garamba,
au nord de la République démocratique du Congo. Selon Resolve LRA
Crisis, il y est resté deux ans, entre 2006 et 2008.
Puis, la pression des forces ougandaises le force à se déplacer à
nouveau, cette fois-ci vers la République centrafricaine, le Soudan, et à
nouveau le Congo. Les informations qui filtrent depuis décembre 2012
situent Joseph Kony entre l’est de la Centrafrique et l’enclave de Kafia
Kingi
5
Lib
ye : le P
ar
lement de Tobr
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Liby
Par
arlement
obrouk
invalidation par la Cour suprême
L
e Parlement libyen reconnu par la communauté internationale a
annoncé jeudi soir qu’il refusait le verdict de la Cour suprême invalidant
son élection et affirmé que cette décision avait été prise « sous la
menace des armes ». La Cour suprême avait invalidé dans la journée le
Parlement issu des élections du 25 juin dernier, appelé aussi Chambre des
représentants, et qui siège à Tobrouk, dans l’est de la Libye. La confusion
règne.
La Cour suprême s’est prononcée ce jeudi matin contre le Parlement
basé à Tobrouk et largement dominé par les anti-islamistes. Selon la Cour,
l’amendement qui avait conduit à la tenue d’élections en juin est
anticonstitutionnel. Cette décision invalide les instances issues de cette
élection et donc le Parlement, également appelé Chambre des
représentants. La Cour suprême n’a pour le moment pas justifié sa décision.
Les conséquences de cette annonce ne sont pas encore claires, mais
en théorie, cela devrait conduire à la dissolution du Parlement libyen. Ensuite,
le pouvoir législatif reviendrait au Congrès général national, l’ancien
parlement basé à Tripoli, dominé par les islamistes et dont le mandat avait
expiré en juin après l’élection de la Chambre des représentants.
Le Congrès général national devrait alors organiser de nouvelles
élections. Enfin, cela invaliderait toutes les résolutions adoptées par la
Chambre des représentants... mais cette dernière a annoncé jeudi aprèsmidi qu’elle refusait la décision de la Cour suprême.
6
Camer
oun : le 17ème concour
s du
Cameroun
concours
CAMES se tient depuis le 03
No
vembr
e à Yaoundé
Nov
embre
Par Anastasie Solange Gwem
L
es candidats au 17 concours d’agrégation de médecine, pharmacie,
odontostomatologie, médecine vétérinaire et production animale sont
évalués depuis 03 Novembre par le Conseil Africain et Malgache
pour l’Enseignement Supérieur (CAMES). Les candidats viennent des
universités de 19 pays africains : Benin, Burkina Faso, Burundi,
Cameroun, Centrafrique, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée Konakry,
Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Mali, Niger, RDC, Rwanda, Sénégal,
Tchad, Togo et Madagascar. Au nombre des participants on compte 10
camerounais. Les candidats sont encadrés par près de 160 professeurs.
Outre le Concours de médecine pharmacie, odontostomatologie,
médecine vétérinaire et production animale, le CAMES organise aussi le
concours de sciences juridiques, économiques et de gestion. Ces deux
concours se tiennent en alternance : le premier se tient les années paires
et le second les années impaires. Les travaux de Yaoundé inaugurés le
03 novembre à 10h par le Premier Ministre et devraient se terminer le 10
par la proclamation des résultats.
LE TELEGRAMME DU CONGO N°082 DU MARDI 11 AU MARDI 18 NO
VEMBRE 2014
NOVEMBRE
OPINION ET DÉBAT
9
LA SOR
TIE PREMA
TUREE DU PRESIDENT DE LA HAA
C AU BENIN
SORTIE
PREMATUREE
HAAC
Par Aaron Mayele
I
l s’appelle Adam Boni Tessi.
Son nom ne dit pas grandchose aux lecteurs, tant il est
inconnu du grand public. Mais
qui est-il alors ? C’est le
président de la Haute autorité
de l’audiovisuel et de la
communication (HAAC) au
Bénin, qui est le symétrique du
Conseil supérieur de la
communication (CSC) au
Burkina Faso. C’est cet homme
qui, on ne sait trop pour quelle
raison, est allé plus loin dans
l’exercice de son pouvoir, en
interdisant aux médias
béninois de rendre compte de
la polémique actuelle qui enfle
autour de la Liste électorale
permanente informatisée
(LEPI).
Rappelons que cette structure
chargée de l’organisation des
élections, cristallise depuis peu,
beaucoup d’attention, notamment
depuis l’annonce du report des
législatives pour impropriété du
fichier électoral. C’est peu de dire
qu’en pareilles circonstances la
presse béninoise en fait ses choux
gras ; elle qui, par des éditos au
vitriol ou par des déclarations
virulentes d’hommes politiques, n’a
de cesse de dénoncer une
manœuvre du pouvoir du président
Boni Yayi pour chercher à gagner
du temps. Ce qui est sans doute
normal dans une démocratie,
puisqu’on le sait, sans la presse, le
vice serait toujours présenté
comme une vertu et les dictateurs
applaudis comme des héros. Cela
dit, on se demande ce qui a bien
pu pousser le président de la HAAC
à s’offrir en spectacle, en
annonçant une mesure aussi
impopulaire que liberticide. S’agit-il
là de l’expression d’un zèle dans le
but de faire plaisir aux dirigeants
béninois ? On est tenté de répondre
par l’affirmative, dans la mesure où
l’on sait qu’en Afrique, la plupart des
présidents d’institutions sont
généralement animés par un souci
commun : le devoir de redevabilité
au chef de l’Etat à qui ils doivent
leur poste. Et c’est cet esprit de
servitude qui les pousse
malheureusement à de graves
dérives
susceptibles
de
compromettre même certains
acquis démocratiques parfois
arrachés de haute lutte.
Il faut saluer la réaction des
professionnels des médias et des
partis politiques
En tout cas, c’est ce que
pourrait laisser comprendre
l’attitude du gendarme de la presse
béninoise, qui s’est permis de
prendre une mesure d’une telle
portée, sans en avoir informé ses
pairs. Pour un dérapage, c’en est
vraiment un ; heureusement que le
sieur Adam Boni Tessi a vite battu
en retraite, déclarant lui-même qu’il
avait commis une maladresse.
C’est tout à son honneur. Car,
comme le dit un adage, le sage
n’est pas celui-là qui ne se trompe
pas, mais celui qui, après s’être
trompé, accepte de se remettre en
cause. Du reste, d’autres
personnes à la place de Boni Tessi,
auraient pu, par orgueil ou par
suffisance, tenir mordicus en
interdisant aux médias de parler du
débat sur la LEPI. Toute chose qui
aurait été perçue comme un grave
recul démocratique, dans un pays
comme le Bénin qui présente
beaucoup de signes positifs en
termes de gouvernance politique.
C’est en cela qu’il faut d’ailleurs
saluer
la
réaction
des
professionnels des médias et des
partis politiques qui ont fermement
condamné cette décision de la
HAAC, qui ressemble à tous points
de vue à une tentative de
caporalisation de la presse au
Bénin. Peut-être est-ce pour cette
raison que Boni Tessi est revenu
sur sa décision, même si, à l’heure
où nous tracions ces lignes, il
n’avait pas encore rendu public un
nouveau communiqué qui abroge
officiellement cette disposition
comme le réclament les
professionnels des médias
béninois. On espère en tout cas
qu’il s’exécutera le plus tôt possible.
BLAISE ET CHANT
AL COMP
AORÉ: RET
OUR À LA CASE IV
OIRE
CHANTAL
COMPA
RETOUR
IVOIRE
par Vincent Hugeux,
le 02/11/2014
P
our les époux
Compaoré, le
choix de la Côte
d’Ivoire comme terre
d’asile et d’exil relevait
de l’évidence. Alassane
Ouattara, le président de
la patrie des Eléphants,
entretient des relations
plus que cordiales avec
le ci-devant « Beau
Blaise », lequel passe à
juste titre pour le parrain
de la rébellion nordiste
fatale à l’usure à Laurent
Gbagbo. Quant à
Dominique, First Lady
ivoirienne, elle n’a
jamais renié l’amitié qui
la lie à son exhomologue de
Ouagadougou Chantal,
native de Dabou, cité
lagunaire nichée à
l’ouest d’Abidjan.
Abidjan où résidait sa
maman Simone,
décédée en mai 2011 et
inhumée alors dans le
cimetière de
Williamsville.
Rien d’insolite dès lors
à voir le long cortège du
chef d’Etat déchu parvenir
le 31 octobre, à la nuit
tombée, à Yamoussoukro,
jadis village natal du défunt
patriarche ivoirien Félix
H o u p h o u ë t - B o i g n y,
aujourd’hui
capitale
administrative du pays.
L’ancien putschiste et
Madame séjournent depuis
lors dans l’imposante Villa
des Hôtes, coiffée d’un
dôme doré, ceinte d’une
verte
pelouse
et
surnommée
« le
Giscardium » pour avoir eu
comme premier locataire,
dans les années 1970, un
certain VGE.
Reste
que
cette
complicité
-familiale,
conjugale et politiqueplonge profondément ses
racines dans l’histoire
coloniale et la chronique
postcoloniale. C’est ce que
l’auteur de ce blog découvrit
quand il explora voilà peu la
trajectoire de la métisse
Chantal Compaoré, née
Terrasson de Fougères,
petite-fille d’un illustre
gouverneur du Soudan
français, l’une des dix
héroïnes d’un essai paru au
printemps chez Perrin et
intitulé « Reines d’Afrique,
Le roman vrai des
premières
Dames ».
Charité bien ordonnée…
Soyons clairs : l’union
entre Blaise, le Mossi
taiseux, et la pétulante
Chantou, autrefois majorette
émérite et handballeuse de
talent, doit au moins autant
aux lois de la géopolitique
matrimoniale
qu’aux
flèches de Cupidon. Et
leurs épousailles, scellées
en juin 1985, auront enrichi
la foisonnante collection
des mariages arrangés.
Avec dans le rôle de la
courtière, Houphouët soimême. Exaspéré par les
harangues insolentes du
boutefeu tiers-mondiste
Thomas Sankara, le Bélier
de Yamoussoukro misa sur
son discret second. Et fit en
sorte dit-on que la route du
jeune Compaoré croisa
celle de la très accorte et
très convoitée Terrasson.
S’agissant
des
circonstances exactes de
leur rencontre, deux ou trois
versions circulent. Selon la
plus répandue, Blaise,
ministre d’Etat chargé de la
Justice en ce temps-là,
« flasha » sur sa future lors
d’un banquet donné en
l’honneur de sa délégation
à l’Hôtel Ivoire, palace
abidjanais. Il se murmure
même que Chantal avait été
infiltrée au sein de la
cohorte des hôtesses. Et
que le visiteur, conquis, lui
aurait fait porter une lettre
assortie de sa carte de
visite. A en croire une
variante, c’est à BoboDioulasso, deuxième ville
du pays des Hommes
intègres que retentit le coup
de foudre, au détour d’une
fête familiale donnée chez
les Vicens, la famille
maternelle de la promise.
Un signe : lorsque, pour
l’ouvrage mentionné plus
haut, fut sollicité en mai
2013 un entretien avec la
Première Dame du Faso,
son entourage réserva à ma
requête
un
accueil
bienveillant. Restait à
trouver une date, qu’on ne
trouva jamais. Puis ce fut le
silence radio, mes courriels
de relance demeurant sans
réponse. Il est vrai
qu’entretemps, j’avais
envoyé, à la demande du
cabinet de l’intéressée, le
canevas de l’interview. Il y a
fort à parier que trois de la
vingtaine de questions
transmises auront plombé
le rendez-vous : « Dans
quelles circonstances
avez-vous rencontré votre
époux ? », « Est-il exact que
Félix Houphouët-Boigny a
joué un rôle dans cette
rencontre ? », « Est-il vrai
que vous entreteniez des
relations amicales avec la
femme
de
Thomas
Sankara ? »
Celle-ci,
prénommée
Mariam,
imputera l’assassinat du
légendaire Capitaine à son
ex-compagnon d’arme,
aiguillonné selon elle par les
ambitions de Chantal. A la
relecture, une autre
interrogation a pu heurter :
« Un jour viendra où votre
mari quittera le pouvoir.
Comment concevez-vous
l’ « après » pour ce qui vous
concerne ? » L’après, c’est
maintenant.
Une certitude : c’est à
bord de l’avion personnel
d’Houphouët-Boigny que les
fiancés furent acheminés
jusqu’au
théâtre
de
l’échange des alliances. Où
ça ? A Pô, ville de garnison
et siège d’un fameux centre
d’entraînement
de
commandos parachutistes.
Certes, on a vu plus
glamour pour une noce.
Mais Blaise était pour le
moins familier de ce décor
martial,
rampe
de
lancement deux ans plus tôt
de l’insurrection sankariste.
Après sa démission, près
de trois décennies plus tard,
le cortège des fuyards mit
d’ailleurs semble-t-il le cap
sur Pô, avant de contourner
l’ex-fief devenu hostile.
Un autre couple d’exilés,
certes moins illustre et
hébergé dans un premier
temps au Bénin, mérite le
détour. Celui que forment
François Compaoré, alias
« Petit Président », frère
cadet et hier encore influent
conseiller de Blaise, et la fille
d’Alizeta
Ouedraogo,
présidente de la Chambre
de commerce et d’industrie
de Ouaga ; laquelle Alizeta
doit à cette parenté son
sobriquet de « Belle-mère
nationale » et l’essentiel
d’un empire économique
allant de ma maroquinerie
au BTP, via l’immobilier.
Une pensée au passage
pour le journaliste Norbert
Zongo, assassiné en 1998
alors qu’il enquêtait sur le
meurtre du chauffeur de
François. Pour les siens,
l’heure de la vérité a peutêtre enfin sonné. Et pour
Blaise et Chantal, la vérité
de l’heure a pour nom
bannissement. Même doré,
l’exil est une réclusion.
LE TELEGRAMME DU CONGO N°082 DU MARDI 11 AU MARDI 18 NO
VEMBRE 2014
NOVEMBRE
HISTOIRE VRAIE
10
Le syndr
ome malien
syndrome
La fuite d’Amadou Toumani Touré, e
x-président
ex-président
geait-elle celle Blaise Compaoré,
du Mali, présa
présag
aso ?
kina-F
ex-président du Bur
kina-Faso
Burkina-F
Par Aaron Mayele
L
e Burkina-Faso et
le Mali. Deux pays
frontaliers. Deux
postures similaires pour
leurs présidents ; deux
comportements
identiques pour leurs
armées. Même réaction
de la communauté
internationale. Même
coup de grâce pour le
pouvoir militaire si
néfaste en Afrique
noire ? Une chose est
sûre : le pouvoir
militaire en Afrique n’est
plus une tour de
contrôle, la seule zone
de cohérence au milieu
de l’incohérence
généralisée. Elle est elle
aussi lézardée par les
lignes de fractures qui
parcourent les sociétés
africaines.
De quoi pousser les
analystes politiques
occidentaux à revoir
leurs petits cartons et à
miser définitivement sur
les peuples africains,
quoi qu’il en sorte.
Même quand les
mutins sont entrés dans
le centre de Bamako, le
chef d’État malien
Amadou Toumani Touré,
confiant en sa bonne
étoile, n’a pas cru une
seconde qu’il pouvait
être renversé. Retour
sur les dernières heures
d’un président contraint
à une fuite sans gloire.
C’est l’histoire d’un chef
d’État qui se croit à l’abri
d’un mauvais coup et qui,
finalement, s’enfuit de son
palais en courant. Jusqu’à
17 h 30, ce 21 mars 2012,
le président malien ne
pense pas qu’il peut tomber.
Depuis son putsch de 1991
contre Moussa Traoré, tout
lui sourit. La baraka ? Un
vrai talent de médiateur ?
Jusqu’à cette fin d’aprèsmidi, Amadou Toumani
Touré (ATT) est persuadé
qu’il peut retourner les
mutins et garder la main.
Bien sûr, depuis la
manifestation des femmes
de soldats, le 2 février, il sait
que le camp militaire
Soundjata Keïta de Kati (à
15 km de Bamako) est en
ébullition. Mais il reste
serein. La veille du putsch,
il confie à trois délégués de
l’Union africaine : « Oui, ça
bouge à Kati. Ils se
préparent
pour
une
mutinerie et veulent aller en
ville, mais bon... » ATT croit
toujours en sa bonne étoile.
Et pour parer à toute
éventualité, il compte sur
les parachutistes de sa
garde présidentielle (GP),
qu’il vient de renforcer d’une
cinquantaine de nouvelles
recrues. Lui-même ancien
béret rouge, il n’imagine pas
que des parachutistes
puissent le trahir...
Première alerte à 12 h
30. En plein Conseil des
ministres au palais, le
président reçoit un appel
urgent du général Sadio
Gassama, son ministre de
la Défense, qui vient d’être
expulsé à coups de pierres
du camp militaire de Kati
par des centaines de
soldats
en
colère.
« Monsieur le président, dit
Gassama, les militaires
veulent toute la lumière sur
Aguelhok [localité du Nord où
70 soldats ont été
massacrés par des rebelles
touaregs, le 24 janvier,
NDLR]. Ils réclament les
armements - missiles et
hélicoptères de combat que vous aviez promis, et
maintenant ils s’en prennent
à vous personnellement. Ils
affirment qu’ils ont récupéré
sur le terrain un téléphone
satellitaire des rebelles dont
le dernier numéro appelé
était le vôtre... » Quelques
minutes plus tard, le
ministre de la Défense et le
général
Gabriel
Poudiougou, chef d’étatmajor général des armées,
arrivent au palais. Le
président s’enferme avec
eux pendant une heure dans
son bureau du deuxième
étage.
Dans les couloirs, la
nouvelle de la mutinerie se
répand
très
vite.
L’inquiétude grandit. ATT se
veut rassurant et promet de
tout arranger, mais, dans le
même temps, il autorise le
personnel
non
indispensable de la
présidence et du ministère
des Affaires étrangères,
attenant, à quitter les lieux.
Surtout, il charge Boureima
Guindo, son aide de camp,
de prendre la tête d’un
détachement de la GP et de
partir sur la route de Kati à
la rencontre des mutins
pour parlementer avec eux,
ou si besoin les arrêter.
Seconde alerte à
16 heures. ATT apprend
par son aide de camp que
les insurgés n’ont pas voulu
négocier et que la GP n’a
rien pu faire contre leur
puissance de feu. Les
mutins ont donc continué
leur route vers Bamako
avec quatre BRDM (blindés
légers) et deux BTR 60
(véhicules de transport de
troupes).
Dans le même temps,
ils font irruption en centreville et s’emparent de
l’Office de radiodiffusion
télévision du Mali (ORTM).
On entend les tirs depuis le
palais, mais le président
reste dans son bureau. Il
croit encore qu’il peut
échapper au putsch.
Plusieurs chefs d’État de la
sous-région commencent à
s’alarmer. ATT parle au
téléphone avec au moins
trois d’entre eux : le
Burkinabè
Blaise
Compaoré, le Nigérien
Mahamadou Issoufou et le
Béninois Boni Yayi. À
chacun, il tient des propos
rassurants et prétend qu’il
mettra fin à ce mouvement
LE TELEGRAMME DU CONGO N°082 DU MARDI 11 AU MARDI 18 NO
VEMBRE 2014
NOVEMBRE
d’humeur. À 17 heures, il
prend même le temps de
recevoir pendant trente
minutes le colonel-major
Mohamed Ould Meidou, qui
rentre du front nord où il a
combattu les rebelles
touaregs. Ce que le
président ne sait pas, c’est
que le détachement de la
GP qu’il a envoyé sur la
route de Kati tarde à revenir
au palais pour le protéger.
Sous prétexte d’aller mettre
leur famille en lieu sûr, des
dizaines de parachutistes
s’égayent en ville...
À 17 h 30, tout
bascule. Cette fois-ci, les
mutins sont au pied de la
colline de Koulouba et tirent
sur le palais à coups de
mitrailleuses et de lanceroquettes montés sur
BRDM. Témoignage d’un
membre de la GP :
« Quand on a vu que les
assaillants tiraient des
roquettes, on s’est dit : c’est
fini. Et on a dégagé. » Les
mutins visent juste. Ils
concentrent le tir sur le
deuxième étage de l’aile
gauche du bâtiment, là où
se trouve... le bureau du
président. Panique à
l’intérieur. ATT et sa garde
rapprochée se replient à
toute vitesse vers une
annexe, le bâtiment 42, tout
près du ministère des
Affaires étrangères. Ils
croient être à l’abri, mais, au
bout de quelques minutes,
une pluie de roquettes
s’abat sur ce bâtiment !
Comment les artilleurs de
Kati arrivent-ils à suivre le
Suite en page 11
11
HISTOIRE VRAIE
geaitx-président du Mali, présa
La fuite d’Amadou Toumani Touré, e
présag
ex-président
aso ?
kina-F
x-président du Bur
elle celle Blaise Compaoré, e
kina-Faso
Burkina-F
ex-président
Suite de la page 11
président à la trace ? Il n’y a
plus de doute. Un certain
nombre
de
bérets
rouges ont changé de
camp et fournissent aux
putschistes
des
informations précieuses
sur les secrets de
Koulouba. Trahison de
corps ? « Oui, mais il faut
dire qu’ATT n’était pas très
généreux
avec
ses
hommes », lâche un
homme politique malien.
US Connection
Le camp de Djicoroni,
où s’est réfugié ATT le
21 mars, est à deux pas et
sous la quasi-protection de
l’ambassade américaine laquelle avait, si l’on en croit
les télégrammes révélés
par WikiLeaks, alerté depuis
longtemps Washington sur
l’état de déliquescence du
haut état-major malien et
sur le climat de corruption
qui régnait dans l’entourage
proche (y compris familial)
du président. Les gardes
du corps qui ont protégé le
chef déchu pendant sa fuite
ont été formés par les
célèbres Navy Seals de
l’US Army. Et le capitaine
putschiste
Amadou
Sanogo fait volontiers
étalage de ses stages aux
États-Unis : la base
aérienne de Lackland
(Texas) ; Fort Huachuca
(Arizona), spécialisé dans
le renseignement ; l’école
d’officiers de Fort Benning
(Géorgie). Plus un séjour
chez les Marines, dont il
porte le pin’s sur sa
vareuse. Bref, on savait les
Américains très implantés
et très informés sur le Mali,
sans doute mieux que les
Français. On en a la
confirmation.
Koulouba est au
sommet d’une butte. Il n’y
a qu’une seule voie
d’accès.
Or,
les
putschistes tiennent cette
route. Il ne reste qu’une
solution : descendre à pied
la colline par-derrière, en
direction du quartier de Dar
Salam. C’est là qu’un béret
rouge entre en scène : le
lieutenant-colonel Abidine
Guindo (homonyme de
Boureima Guindo). Lui n’a
pas trahi. Jusqu’en
novembre dernier, il était
l’aide de camp du
président. Aujourd’hui, il
commande le 4e régiment
de parachutistes basé à
Djicoroni, à 6 km de
Koulouba. Ce soir-là, il est
aux côtés du chef de l’État
et prend la direction des
opérations. Avec trois
autres parachutistes, il aide
ATT à franchir la clôture puis
à dévaler la pente. Le
président a 63 ans. Il souffre
d’un genou et a prévu de se
faire opérer l’été prochain,
après la fin de son mandat.
À certains endroits de la
descente, ses compagnons
doivent le porter. Enfin, le
petit groupe atteint la route
en contrebas, l’avenue de
l’Indépendance.
Pourtant, à ce moment,
le président en fuite n’est
pas encore tiré d’affaire.
Pour rejoindre le camp de
parachutistes de Djicoroni,
il faut un véhicule. Mais pas
un 4x4, qui pourrait attirer
l’attention des putschistes.
Une Mercedes 190 de
couleur blanche passe sur
la route. Abidine Guindo et
ses hommes braquent le
chauffeur, qui s’enfuit sans
demander son reste. ATT et
ses compagnons montent
dans le véhicule et
réussissent à gagner
Djicoroni sans encombre.
Un choix judicieux. Les
hommes d’Abidine Guindo
sont plus fidèles que ceux
de la garde présidentielle.
Et l’ambassade des ÉtatsUnis est voisine du
camp. ATT est donc
doublement protégé. Il peut
souffler. Mais il a eu chaud.
À force de croire en sa
bonne étoile, il a failli se faire
tuer. Commentaire d’un
responsable politique :
« C’est malheureusement
par le flanc d’une colline que
notre président est parti. »
AFRIQUE POLITIQUE
Paul Biy
a : 32 années de lutte contin
uelle
Biya
continuelle
pour se maintenir au pouv
oir
pouvoir
Par Anastasie Solange Gwem,
correspondante du Télégramme
du Congo au Cameroun
6
Novembre 1982 – 06
Novembre 2014 ! Ne vous y
trompez pas, ceci n’est
point une épitaphe ! Il s’agit
plutôt de l’anniversaire de
l’accession au pouvoir du chef
de l’Etat camerounais. Arrivé au
pouvoir en 1982 suite à la
démission du premier Président
Amadou Ahidjo, son excellence
Paul Biya a fêté le 6 novembre
dernier son 32ème anniversaire de
règne. Ce long séjour au Palais
d’Etoudi, n’a pourtant pas été
exempt de tentatives de
résiliation du contrat de bail.
C’est que le l’homme Lion, est
passé maître dans l’art flairer et
de contrer les coups bas de ses
bailleurs et autres envieux.
Déjà en 1984, deux années
seulement après son arrivée au
pouvoir, alors que certains étaient
encore occupés à chercher la teneur
de sa politique de rigueur et
moralisation, l’ancien dauphin
constitutionnel échappe in extrémis
à un coup d’Etat. Une bonne partie
de l’élite de la région d’origine de
l’ancien président est jeté en prison.
La répression est rude, certains sont
contraints à l’exil.
Au début de la décennie 90,
alors que le régime croit enfin le
spectre de la rébellion écarté, il est
frappé de plein fouet par le courant
des Vents d’Est : les camerounais
revendiquent alors le retour au
multipartisme et l’organisation d’une
Conférence Nationale Souveraine.
Ces derniers se heurteront à une fin
de non-recevoir du président qui
déclare lors de la réunion du Bureau
Politique du parti unique : « la
conférence nationale est sans objet
pour le Cameroun ». Les mois
d’Avril et Mai 1991 connaissent
particulièrement une recrudescence
de violence et de manifestations
populaires, sévèrement réprimés
par les forces de l’ordre. Certains
pensent que le régime en place ne
tiendra pas plus longtemps. Les
villes mortes et la désobéissance
civile pensées par les leaders de
l’opposition à l’instar de Mboua
Massock, paralysent la vie
économique. Les marchés de la
capitale économique ferment les
jours ouvrables et le port ensablé
tourne au ralenti. Le but de
l’opposition est de contraindre le
régime à écouter les revendications
du peuple. Flegmatique, le Président
réagira à toute cette agitation par
une simple phrase restée célèbre :
« tant que Yaoundé respire le
Cameroun vit ».
Il parvient à contenir la pression
nationale et internationale en offrant
aux camerounais une conférence
tripartite Gouvernement - Opposition
- Société civile, une démocratie sur
mesure, tout en se maintenant au
pouvoir. En effet, M. John Fru Ndi,
candidat malheureux aux élections
présidentielles pluralistes de 1992
invoquera la fraude électorale, sans
pour autant réussir à s’imposer.
L’une des retombées de cette
période chaude est sans doute la
constitution du 18 Janvier 1996, qui
innove en instituant un mandat
présidentiel de 7ans renouvelable
une seule fois. Malheureusement, en
2008, l’Assemblée Nationale révise
la constitution et enlève de verrou
de la limitation des mandats. Ce qui
permet au président de briguer son
troisième septennat en cours. Cette
victoire est quelque peu ternie par
les émeutes de février 2008 à
Douala et Yaoundé, qui ont failli
embraser tout le pays, suite à la
grève des transporteurs consécutive
à la hausse du prix du carburant.
Dans un discours virulent prononcé
à cette occasion, le Président
qualifiera les instigateurs de ces
manifestations
« d’apprentis
sorciers ».
A la veille des échéances
électorales de novembre 2011, la
menace sur le régime change de
bord. Cette fois la fronde naît à
l’intérieur du parti au pouvoir, au sein
du cercle fermé des proches
collaborateurs du Chef de l’Etat. Le
groupe est appelé le G11 et rêve de
provoquer une révolution interne.
C’est sans compter le flair de
l’homme qui a fait des Grandes
Ambitions, le thème de son deuxième
septennat. Par une mesure visant la
répression du détournement des
deniers publics appelé ‘‘Opération
Epervier’’, les membres du G11
atterrissent les uns après les autres
derrière les barreaux, où ils purgent
encore des peines de prison.
Depuis 2013, le pouvoir fait face
au terrorisme qui menace l’intégrité
du territoire camerounais. Ces
attaques terroristes sont imputées
aux adeptes de la secte Boko Haram
dans l’Extrême Nord et aux rebelles
centrafricains à l’Est. Elles portent
atteinte à la paix et à la stabilité
jusqu’ici brandie pour justifier la
longévité du régime. Le peuple
camerounais anxieux, espère que la
sagesse acquise avec l’âge et le
doigté qui a permis à leur président
de conserver son poste contre vents
et marées, lui permettront de gagner
cette nouvelle bataille pour leur
sécurité.
LE TELEGRAMME DU CONGO N°082 DU MARDI 11 AU MARDI 18 NO
VEMBRE 2014
NOVEMBRE
12
TOUR D'HORIZON DE L'ACTUALITÉ INTERNATIONALE
Par Jacques Bokwango
1
L
F1: F
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veut
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Pére
jusqu’en 2016
’écurie de Formule 1 Force India souhaite garder son pilote mexicain
Sergio Pérez jusqu’en 2016, a annoncé le vendredi
07Novembre2014, son propriétaire, Vijay Mallya, en marge des
essais libres du Grand Prix du Brésil, sur le circuit d’Interlagos.
Pérez n’a pas roulé vendredi aux essais libres, sa monoplace ayant
été très abîmée le matin par le réserviste Dani Juncadella. Il sera pénalisé
de sept places dimanche sur la grille de départ, en raison d’un accrochage
dimanche dernier, au premier tour du GP desEtats-Unis, avec l’Allemand
Adrian Sutil.
Le Mexicain, âgé de 24 ans seulement, est en F1 depuis 2011. Il se
demandait jeudi dans le paddock d’Interlagos pourquoi son contrat n’était
toujours pas prolongé, affirmant que les «négociations continuent». La
réponse est venue de son patron dès vendredi.
«J’ai un contrat de deux ans avec Sergio», a déclaré le flamboyant
Mallya à l’agence anglaise PA. «J’ai fait valoir mon option, donc pour ce
qui me concerne le travail est fait. Mais comme nous discutons d’une
prolongation d’un an (jusqu’à fin 2016), il y a encore des négociations sur
ce point. C’est clair et net, il n’y a rien à cacher», a-t-il ajouté.
Pérez a déjà disputé 72 GP chez Sauber (2011-2012), McLaren (2013)
et Force India, montant quatre fois sur le podium et signant trois meilleurs
tours. Un GP du Mexique fera son retour l’an prochain au calendrier de la
F1.
2
L
Me
xique: des suspects a
vouent
Mexique:
av
avoir tué lesSEXOLOGIE
étudiants dispar
us
disparus
es autorités mexicaines ont pour la première fois laissé entendre
le vendredi 07Novembre2014, que les 43 étudiants disparus dans
le sud du Mexiqueétaient probablement tous morts, en révélant
que des suspects dans ce massacre qui a bouleversé le pays avaient
avoué les avoir tués et avoir brûlé leurs cadavres.
Le ministre mexicain de la Justice, Jesus Murillo Karam, a présenté
lors d’une conférence de presse un scénario d’horreur qui est toutefois
contesté par les parents des jeunes, qui considèrent que ces aveux
n’ont pas valeur de preuves.
Les autorités sont à la recherche de dizaines d’élèvesenseignantsdisparus après l’attaque dont ils ont été victimes le 26
septembre, alors qu’ils s’étaient emparés de plusieurs bus à Iguala,
dans l’Etat de Guerrero (sud).
Cette offensive, menée conjointement par des policiers corrompus
et des membres du groupe criminel des Guerreros Unidos, avait fait 6
morts et 25 blessés.
Au total 74 personnes - policiers, fonctionnaires, criminels présumés
- ont été arrêtées depuis les faits, a indiqué le ministre.
Trois de ces détenus, membres présumés des Guerreros Unidos,
ont avoué que les étudiants ont été tués après avoir été livrés par des
policiers municipaux entre les villes d’Iguala et de Cocula, a-t-il expliqué.
Ils ont été transportés cette nuit-là dans des véhicules vers une
décharge proche de Cocula où une quinzaine d’entre eux sont arrivés
déjà morts par asphyxie.
Selon leurs aveux, les corps ont été brûlés avec de l’essence, sur
des bûchers de bois et de plastique, lors d’une opération qui a duré 14
heures, a précisé Jesus Murillo Karam.
3
I
Irak/Syrie: le bilan de trois mois de
frappes contre le groupe EI
l y a trois mois, la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis
effectuait ses premières frappes contre l’organisation Etat islamique.
Le bilan de ces opérations est mitigé : si les frappes ont permis à la
coalition de contenir l’avancée du groupe armé, ce dernier a toutefois
maintenu son emprise sur les territoires conquis en juin dernier.
Après s’être concentrée sur l’Irak, la coalition – rejointe par des dizaines
de pays arabes et occidentaux – a décidé d’étendre son rayon d’action
au territoire syrien, visant les positions de l’organisation Etat
islamique, mais aussi, à deux reprises, celles du Front al-Nosra.
Quel bilan tirer de ces opérations ? Il a fallu de longues semaines avant
de constater les premiers effets de ces frappes aériennes sur le terrain.
Dans un premier temps, l’organisation Etat islamique a semblé ne pas
en souffrir, et a continué sa progression en Irak comme en Syrie. Mais
peu à peu, les frappes ont joué un rôle de plus en plus décisif :
d’abord autour du barrage de Mossoul, repris par les peshmergas à
l’organisation islamiste, puis plus récemment autour de la ville de Kobane.
De l’avis de nombreux observateurs, les frappes aériennes menées
par les Etats-Unis et leurs alliés ont donc atteint leur premier objectif :
stopper la progression de l’organisation Etat islamique, en Irak mais aussi
autour de la ville de Kobane. Cependant, l’organisation continue de se
renforcer sur les territoires qu’elle contrôle – en Irak comme en Syrie –, et
elle bénéficie, du fait de ces frappes aériennes, d’un prestige accru au
sein de la nébuleuse jihadiste.
SPORT
Elections à la Fécafoot : litige
autour des statuts
Par Anastasie Solange Gwem
L
a Fédération Camerounaise de
Football (Fécafoot), a engagé
un processus électoral après
adoption de ses nouveaux statuts le
23 Août 2014 par l’Assemblée
Générale et leur validation par la
FIFA. Ces nouveaux textes ne font
pourtant pas l’unanimité. En effet, la
Chambre de Conciliation et
d’Arbitrage (CCA) du Comité
National Olympique et Sportif du
Cameroun (CNOSC), organe de
recourt en cas de litige sportif vient
d’annuler lesdits statuts. Le recourt a
été engagé auprès de cet organe par
M. Abdouraman Hamadou,
Président de l’Etoile Filante de
Garoua. Ce dernier qui justifie d’une
expérience certaine de la Fécafoot,
pour avoir été Chef de Cabinet de
l’ancien président M. Iya Mohamed,
a introduit le 21 septembre 2014, une
plainte visant l’annulation des statuts
du 23 Août.
Rappelant sa précédente décision
qui a annulé l’élection de 9 des 10
Présidents Régionaux ayant siégé lors
de l’Assemblée Générale de validation
des statuts, la Chambre de Conciliation
et d’Arbitrage remet en question la
légalité desdits textes. Par ailleurs, la
Chambre pense que les statuts de la
Fécafoot tels que formulés dans leur
article 78 alinéa 2 et 3 vont à l’encontre
des dispositions prévues par la loi N°2011/
018 du 15 juillet 2011. Cette dernière en
son article 44 stipule en effet que : (1)
« Les litiges d’ordre sportifs opposant les
associations sportives, les sociétés, les
licenciés et les fédérations sportives sont
résolus suivant les règles propres à
chaque fédération. » (2) « En cas
d’épuisement des voies de recours
internes à la fédération, l’une des parties
peut, en dernier ressort au plan national,
saisir la Chambre de Conciliation et
d’Arbitrage instituée auprès du Comité
National Olympique et Sportif du
Cameroun. » Dans les statuts de la
Fécafoot du 23 Août, l’article 78 prévoit :
(2)« En cas d’épuisement des voies de
recours internes à la Fédération et en
application de l’article 58 alinéa 2 de la
loi n° 2011/018 du 15 juillet 2011 relative
à l’organisation et à la promotion des
activités physiques et sportives, les
décisions de la Commission de Recours,
de la Chambre Nationale de Résolution
des Litiges et de la Commission
Electorale de Recours peuvent faire l’objet
d’un recours en dernier ressort au plan
national , soit devant la Chambre de
Conciliation et d’Arbitrage instituée
auprès du Comité National Olympique et
LE TELEGRAMME DU CONGO N°082 DU MARDI 11 AU MARDI 18 NO
VEMBRE 2014
NOVEMBRE
Sportif du Cameroun si les parties
donnent leur accord, soit devant le
TAF ». (3) « Les décisions du Tribunal
Arbitral du Football et de la Chambre
de Conciliation et d’Arbitrage ne
peuvent faire l’objet de recours que
devant le Tribunal Arbitral du Sport
(TAS) siégeant à Lausanne en
Suisse. » cette absence de
concordance entre les textes justifie
donc l’annulation des statuts.
Conformément au calendrier de
la Fécafoot publié après l’adoption
des statuts, les instances
départementales de la Fécafoot
procèdent depuis quelques
semaines, au renouvellement de
leurs organes. Le choix des délégués
devant les représenter aux élections
régionales est aussi opéré. A ce jour,
les 10 régions du pays se sont
conformées à cette exigence et les
résultats ont été entérinés par le
comité de normalisation de la
Fécafoot le jeudi 30 octobre 2014.
Malheureusement, le même jour, le
Comité de National Olympique et
Sportif a rendu son verdict annulant
les textes adoptés en Août. Ceux-là
même sur lesquels se sont fondées
les élections départementales. Une
telle annulation devrait de fait,
invalider le processus électoral en
cours. Pourtant, le comité de
normalisation s’est engagé le 31
novembre, lors d’un point de presse,
à poursuivre son calendrier électoral,
tout en adoptant des voies de recours
prévues par la règlementation.
Parallèlement, les démarches
entreprises auprès du Tribunal
d’Arbitrage du Sport par M.
Abdouraman
Hamadou
et
compagnie, et visant l’annulation de
la décision de la FIFA qui proroge le
mandat du comité de normalisation
de la Fécafoot ont été vaines. Les
élections régionales ont eu lieu ce 07
novembre dans 9 régions. Seule la
région du littoral a déclé l’élection de
24h. Les consultations au niveau
fédéral devant aboutir au choix du
Président de la Fécafoot sont prévues
le 29 novembre prochain.
En marche de cette bataille
juridique, les Lions indomptables se
préparent à affronter les 15 à Yaoundé
et 19 Novembre à Abidjan, les
sélections de la RDC et de la Côte
d’Ivoire. A cet effet, 24 joueurs ont été
convoqués par l’entraineur Volker
Finke. On remarque que la même
équipe a été reconduite à l’exception
de deux joueurs : Kibong à Mbamba
et Guy Zock. Ils ont été remplacés
par Ekeng Ekeng Patrick et Adolphe
Teikeu. La préparation physique
commence ce lundi 10 Novembre.
13
PHILOSOPHIE
LA MEMOIRE AFRICAINE
UNE JONCTION INTELLECTUELLE ENTRE LES
SEQUENCES D’UN TEMPS DEPOLARISE
Par Antoine Nguidjol
E
n Afrique, l’histoire
postcoloniale est
appréhendée
comme une longue série
de temps morts, c’est-àdire de périodes pendant
lesquelles il ne se passe
rien de significatif pour
l’homme africain ; ceci à
la fois parce que rien ne
relie les diverses
séquences du temps : le
passé, le présent et
l’avenir ; rien ne les
agence les uns avec les
autres; ils s’opposent au
contraire leur mutuel
absolutisme.
L’événement disloque
l’histoire ancestrale. Il
répudie sa vision unilinéaire
du temps comme totalité
intégrée et fractionne le
temps en une multitude de
présents à la fois impératifs
et sans cohérence mutuelle.
Comment la mémoire
peut-elle
reprendre
l’initiative dans une situation
de complète dépolarisation
du temps ? Comment peutelle réconcilier l’homme
écartelé entre deux présents
qui cohabitent en lui ?
La mémoire hantée par le
« bras fantôme »
Si l’événement est
tragique, s’il ampute la
réalité de certaines de ses
fonctions,
et
crée
objectivement une perte, il
ne fait cependant pas
disparaître la signification de
l’organe mutilé ; il la confirme
au contraire comme quasiprésence et ouverture aux
sollicitations du monde
pratique
d’avant
la
mutilation. Car l’amputation
n’est pas un simple
événement physique, elle
est avant tout une « réalité »
existentielle.
Merleau-Ponty a en
effet démontré que la
douleur
profonde
qu’éprouvent les mutilés,
notamment les blessés de
guerre, est bien réelle.
Ceux-ci continuent de
souffrir des éclats d’obus qui
ont lacéré leur bras réel,
alors même que celui-ci gît
quelque part dans un
champ de bataille. Le
phénomène
du
bras
fantôme responsable de la
douleur dont le mutilé
ressent la présence signifie
deux choses :
1°) Que toute réalité
primitivement intégrée mais
fracturée par la suite ne
renonce
jamais
à
recomposer son unicité.
Que la béance que fait
naître l’événement dans
l’histoire individuelle ou
collective n’est jamais
tolérée par la vie : le bras
fantôme est le refus de
l’amputation.
2°) Par ailleurs, il
sauvegarde comme horizon,
parce qu’il le rappelle en
permanence (notamment
par la souffrance), le champ
pratique
d’avant
la
mutilation.
Le phénomène du bras
fantôme
qu’analyse
Merleau-Ponty n’est ni l’effet
d’une cause cliniquement
localisable ni un fantasme,
encore moins un simple
phénomène de suppléance
à une déficience, comme on
peut l’observer dans le cas
d’insectes ayant perdu une
patte :
ces
derniers
substituent instinctivement
la jambe saine à la jambe
coupée.
Parce
que
l’insecte, comme l’homme
paralytique, continue de
tendre vers le monde avec
toutes ses puissances et ne
peut y renoncer pour cette
raison précise que le monde
reste pour lui signifiant.
Le bras fantôme que
génère l’amputation n’est
donc ni un bras perdu ni la
simple conscience d’un
membre invisible. On ne l’a
pas perdu parce qu’on le
sent comme on sentirait
l’existence d’un ami lointain
; même absent ou éloigné,
l’existence de ce dernier
continue d’avoir la même
signification : il compte
encore dans notre vie
comme
un
repère
indispensable
à
l’intelligibilité de notre être
dans le monde.
Mutilés ou non, et plus
encore par la mutilation,
nous restons impliqués
dans un monde qui continue
de nous solliciter malgré
nos
déficiences
et
amputations :
«Avoir un bras fantôme,
c’est rester ouvert à toutes
les actions dont le bras seul
est capable, c’est garder le
champ pratique que l’on
avait avant la mutilation. (…)
avoir un corps c’est pour un
vivant se joindre à un milieu
défini, se confondre avec
certains projets et s’y
engager continuellement.»
(Merleau-Ponty,
Phénoménologie de la
perception,
Gallimard,
Paris, 1945, p.97)
La mémoire et l’histoire :
quelles relations
entretiennent-elles ?
La mémoire et l’histoire
ont une base commune : ce
sont des succédanés de la
perception. Elles nous
offrent en effet la vision de
ce qui n’est plus et, à cause
de cela sans doute, elles
confèrent toutes deux au
passé une certaine forme
d’éternité. La mémoire,
comme l’histoire, rappelle le
passé au présent et indique
que la chose, bien que
passée, reste significative
et mérite en conséquence
que les générations à venir
s’en souviennent, parce
qu’elle explique leur présent
après l’avoir engendré.
La mémoire et l’histoire
sont donc des actes
postérieurs à l’événement.
Il n’y a pas de mémoire ni
d’histoire dans le feu de
l’action. Il ne saurait y avoir
de transcription consciente
de l’événement, parce que
celui-ci ne laisse aucune
place au recul, voire au
repos
nécessaire
à
l’écriture, à l’agencement
des signes par lequel
l’individu
scelle
sa
domination sur l’événement
devenu objet de récit.
L ’ é v é n e m e n t ,
principalement lorsqu’il est
d’une grande ampleur,
condamne l’individu à n’être
plus qu’un être qui réagit,
souvent au coup par coup,
sans logique éprouvée.
L’événement le happe
totalement et ne lui laisse
d’autre loisir que de
l’affronter ou de s’enfuir à
toutes jambes. Dans les
deux
cas,
ce
sont
essentiellement
les
ressources physiques qui
sont le plus sollicitées. Il ne
faut donc pas s’étonner que
ni l’histoire ni la mémoire
n’aient été écrites par les
Africains dans le feu de la
traite négrière ou des
guerres coloniales.
La mémoire et l’histoire
ne s’élaborent que dans le
crépuscule de l’événement ;
de
même
que
la
philosophie, comme l’oiseau
de Minerve, ne prend son
envol qu’à la tombée du jour.
L’événement, une fois
terminé, doit quitter le champ
de la perception pour le
royaume obscur du passé. Il
n’est plus là, devant nous,
du moins d’une façon
indéniable et incontestable.
C’est pourquoi, d’une
certaine manière, toute
mémoire ou toute histoire
s’expose toujours au risque
de la contestation.
Les faits historiques ne
suffisent donc pas à
entraîner par eux-mêmes
l’adhésion, car à ces faits
peuvent être opposés des
faits contraires. D’autre part,
le récit de la réalité de ce qui
est absent n’est jamais
équivalente à la présence de
l’objet réellement présent. Il
y a donc toujours un écart,
quelque infime soit-il, entre
la réalité historique et la
présence réelle. Et même si
l’historien accompagne
chacune de ses assertions
par une date, un objet, un
monument, un personnage
connu, un lieu, etc., un tel
écart ne disparaît jamais.
Ballotté entre l’exigence de
différencier l’histoire de la
pure et simple fabulation, la
plupart des historiens, sans
doute sous la pression des
sciences de la nature,
choisissent de ne s’en tenir
qu’aux
faits.
Aussi
renoncent-ils
à
leur
inévitable insertion dans le
monde et cèdent à l’illusion
que le récit historique, grâce
à l’accumulation des faits et
à force de contrôles, finit par
devenir la vérité même de
l’événement, voire sa
photographie. L’histoire
renonce à la dialectique
entre la présence réelle et la
réalité historique. Bien plus,
elle renonce à la recherche
d’une résonance, jamais
totalement assurée il est vrai
entre l’actualité du lecteur et
les significations du passé,
à cette situation où l’homme
n’exige pas d’épuiser
l’événement en le rendant
désormais prisonnier du récit
et objet d’un savoir qui
n’exige
plus
aucune
implication de la part du
lecteur puisqu’on le lui
apporte tout ficelé. L’histoire
se veut savoir sur le mode
de la non implication du sujet
et du renoncement à
l’exercice dialectique, ce en
quoi elle est différente de la
mémoire.
La singularité de la
mémoire
Le domaine de la
mémoire n’est pas celui de
la présence manifeste,
donnée à tout le monde de
constater.
Beaucoup
d’individus
peuvent
constater des faits qui sont
la preuve qu’il s’est passé
quelque chose dont la
nature
profonde
leur
échappe cependant ; parce
qu’ils
en
sont
intellectuellement
et
affectivement éloignés. La
Shoah par exemple n’est pas
un simple fait historique
comme ne le sont ni la traite
des esclaves ni l’événement
colonial. Les petits français
qui étudient l’histoire
coloniale et celle de la traite
des esclaves n’étudient que
des faits, des événements.
Dussent-ils être choqués par
certains récits, ils n’auront
jamais accès à la mémoire.
Parce que l’histoire réserve
le passé au passé, tandis
que la mémoire ouvre le
passé sur le présent.
D’autre part, la mémoire est
toujours singulière et ne
s’adresse par conséquent
qu’à
une
minorité
d’individus. Il est évident,
pour prendre un exemple
que
tout
le
monde
comprendra que le Christ,
les Saints, les Ancêtres, ou
les
Esprits
(figures
emblématiques
de
la
dévotion) ne sont présents
que pour la minorité de gens
qui les vénèrent ; ceux qui,
du fait de leurs rapports
singuliers avec de tels êtres,
les perçoivent à travers des
canaux différents de la
perception ordinaire. Cette
singularité même de la
mémoire la rend plus forte
que l’histoire. L’histoire reste
fragile, incertaine, lorsque
disparaissent les traces.
Combien
d’Africains
connaissent-ils la maison
aux esclaves de Gorée (au
Sénégal) ? Infiniment moins
que l’ensemble de tous ceux
qui, bien que n’ayant pas de
preuves historiques à offrir,
gardent dans leur mémoire
collective les affres de la
traite et de l’expansion
coloniale occidentale.
la mémoire et le folklore :
une distinction
necessaire
Suite en page 14
LE TELEGRAMME DU CONGO N°082 DU MARDI 11 AU MARDI 18 NO
VEMBRE 2014
NOVEMBRE
LITTÉRATURE/POÉSIE
14
Le mendiant de la poste centr
ale
centrale
Par Antoine Nguidjol
Le soleil, à peine levé, dissipait
la brume de la montagne.
Il était assis, les moignons
étendus sur les pavés froids, dans
l’axe où l’on peut voir le Palais des
Congrès se détacher de l’épais
brouillard matinal et jeter des éclats
blanchâtres sur la ville.
Debout, sur la droite, un
éléphant blanc de quatre étages
jetait sur son panier d’osier l’ombre
affreuse de sa misère.
C’était le mendiant de la poste
centrale, le vétéran des errances, le
porte flambeau du dénuement,
l’octogénaire prophète des monts
Kapsiki où le soleil brûle atrocement.
C’était le Lazare converti à la foi
des sudistes qui ne font pas
l’aumône !
Sa peau fripée était blanche ;
Blanche comme badigeonnée
d’argile ou de cendre grise, couleur
de ceux qui ne vivent que pour
tendre une main fraternelle à la
cohue qui passe en dessous de la
balustrade,
Et qui crient :
-Ayez pitié d’un pauvre lépreux !
Ce jour-là, sur le boulevard,
place du vingt mai, la foule marchait.
Les lunettes fumées reposaient
sur des nez mordorés au-dessus
desquels les têtes bien coiffées se
balançaient dans le vent.
Les ombrelles déployées pour se
cacher du soleil de cette belle
journée jetaient sur la chéchia
blanchâtre du mendiant une ombre
de saleté ;
Les parfums embaumaient l’air
qu’emportait la foule ;
Et comme toujours, fascinée par
les apparats de la puissance et par
les démonstrations de la fortune, la
même foule criait :
-Vive le Président !
Mais à l’autre bout de la rue,
tenace, le mendiant hurlait sa faim
sur son visage mangé par la lèpre ;
Tortillant un buste qui n’avait plus
ses doigts ;
Traînant ses pieds absents et
reniflant avec peine de ses narines
à moitié rongées par les vers.
Une année passa…
Puis
un
jour,
grand
chambardement au rond-point !
Une rumeur de puissance arriva
aux oreilles du mendiant.
Derrière le martèlement des
chevaux sur le macadam, la
sonnerie des trompettes, les
allegrettos des fanfares, les
roulements des tambours et les
salves des baïonnettes… il comprit
que le pays fêtait.
Les chars vrombissaient ; les
transports pétaradaient ; les avions
déchiraient le ciel ; les généraux
hurlaient ; la troupe beuglait.
Debout dans sa berline noire,
Le Président passait.
Et Lazare hurlait :
-Ayez pitié d’un pauvre lépreux !
A sa façon, il remerciait l’Etat de
lui avoir donné le droit d’être lépreux,
Et d’exprimer son intime
reconnaissance, même noyée dans
le bruissement de la foule, des
chars et des camions.
Puis, quand tout se fût calmé
quelque peu, et alors que le clairon
sonnait l’hymne au loin, le mendiant,
levant ses mains rongées vers la
frontière au-delà de laquelle ses
yeux n’avaient pas accès, cria sa
demande mystérieuse.
Vingt ans plus tard, rien n’avait
changé.
Les hommes au pouvoir étaient
toujours à leur place.
Le mendiant, vieilli d’autant
d’années, campait toujours sur le
lieu des aumônes officielles.
Il se réjouissait d’avoir gardé la
sienne de place, puisque les autres
avaient fait de même.
Et, lorsque le Te Deum sonna ce
jour-là, et qu’une grande émotion
parcourut la foule, comme si les
puissances du ciel allaient
descendre, accompagnés des
archanges…
Il s’amusa de voir les dignitaires
renversés de contrition. Ils adoraient
le Dieu du pardon que l’Eglise leur
offrait à peu de frais.
Tout en bas, les bouquinistes
avaient déserté le parvis de la
cathédrale où les beffrois tintaient
solitairement à l’arrivée du
présidentiel
convoi
auquel
répondaient, silencieusement, le
cliquetis des ors du Trésor et le froufrou des billets de la Banque des
Etats – à l’autre bout du boulevard.
Quelques heures plus tôt, devant
les lourdes portes de la cathédrale,
le surplis amidonné de l’archevêque
renvoyait un éblouissement du côté
de la rue où le mendiant, aveuglé,
préparait sa revanche.
Le miracle se produisit alors au
milieu du chorus.
On entendit tout à coup la
complainte adressée au ciel comme
une contradiction à cette comédie
sacrée. Son timbre suraigu,
transperçant les lourdes portes de
la cathédrale, se porta jusqu’au
cœur du chœur.
Epouvantées, les têtes se
tournèrent pour savoir qui dans
l’église avait un timbre aussi haut.
L’archevêque lui-même se troubla.
La présidentielle assemblée aussi…
On ne sut jamais, quand
l’organiste frappa sa note finale, qui
avait chanté si fort.
Le mendiant s’était tu.
Plus tard encore.
De nouveau, les mêmes
monstrations de pouvoir ; les mêmes
liesses factices. Les mêmes
encombrements dans les rues. Les
gyrophares des cortèges officiels.
Les pétarades des motos de la
garde. Le ballet des limousines.
Incessante cohue…
Et l’ombre épaisse qui taquinait
l’œil éteint du mendiant. Mais son
oreille, fidèle compagne des temps
de malheurs, percevait jusqu’au
flottement de la main tremblante et
les sillons creusés dans le visage
bouffi du président derrière les vitres
sans teint.
Puis de nouveau les mêmes
scènes. La même assurance
surfaite ; le même optimisme
outrageux à faire pâlir de honte ceux
qui marchent la tête courbée.
Cinquante ans plus tard, le
mendiant ânonnait toujours son
éternel refrain.
La voix prophétique du questeur
teigneux ne s’était pas enrouée. Elle
sonnait toujours aussi clair qu’un
clairon au champ de bataille,
Douchant comme l’eau froide qui
sort de la montagne,
Déchirant comme le glaive ;
Exprimant plus que jamais la
pensée secrète du peuple :
Ayez pitié de nous, Enfin !...
PHILOSOPHIE
LA MEMOIRE AFRICAINE
Suite de la page 13
Il faut se garder — comme on le
fait souvent en Afrique noire même
— de confondre la mémoire et le
folklore.
Le folklore est le moignon d’une
tradition devenue formelle et qui ne
requiert plus qu’une conformité
externe. Dans cette mesure, la forme
folklorique (désormais vide) peut
abriter une multiplicité de contenus
(esthétique,
économique,
idéologique, etc.)
Mais le folklore a surtout un
contenu exhibitionniste en tant que
corpus de gestes, de choses ou de
paroles délestées de leur rapport au
lointain qui s’achève dans le «voir»
d’un autre.
Le folklore est centrifuge. Par
contraste, la mémoire n’est pas
exhibitionniste ; elle n’a rien à
montrer. En elle, l’individu n’a pas à
s’exhiber, mais à se défaire de ses
fardeaux car elle provoque avant
tout une confrontation entre les
idéaux que ce dernier tient de ses
ancêtres et ce qu’il en fait dans sa
vie quotidienne.
La mémoire interpelle l’individu
et exige de lui non pas une
reproduction mimétique de gestes,
d’attitudes ou de paroles, mais des
réponses précises face à des
situations elles-mêmes précises. La
mémoire est la source éthique qui
module la liberté humaine et permet
à celle-ci de s’emparer des
déterminations d’une histoire
particulière pour construire un
champ signifiant nouveau, ouvrant
ainsi le passé sur les implications du
présent, et le présent sur une
perspective d’avenir.
Entendue de cette façon, elle ne
correspond
pas
à
une
représentation particulière du
passé, même si celle-ci peut la
nourrir de sentiments chaleureux ou
non. Il suffit simplement que ce
passé eût existé. C’est pourquoi
dans la mémoire le sujet ne vise pas
à revivre le passé dans son
originalité ; chaque temps est
unique. Nul n’est besoin de
s’intégrer dans la dimension
originaire d’une époque dès lors que
la réversibilité du temps demeure
impossible.
Le souvenir est restrictif car il
extrait du passé uniquement ce qui
peut être représenté, palpé ou
raconté.
Ce qui est visé dans l’expression
«le monde des ancêtres» traduit non
pas une simple description des
choses d’un temps souvent lointain,
mais la quasi-présence d’un univers
de significations qui n’a pas cessé
de fonctionner quand bien même
nous voulons nous en détourner.
Si les ancêtres continuent de
nous hanter et si nous réclamons
notre filiation avec eux, ce n’est pas
tant généalogiquement (par la
simple parenté physique) que par
LE TELEGRAMME DU CONGO N°082 DU MARDI 11 AU MARDI 18 NO
VEMBRE 2014
NOVEMBRE
les idéaux que nous partageons
ensemble. Tant que demeurent ces
idéaux, ce qui a été, bien que non
repérable objectivement, n’en est
pas
moins
présent
existentiellement : il continue de
structurer notre existence et donc
notre rapport au monde. Il est vrai
que les défis de notre être dans le
monde actuel sont avant tout les
nôtres et, de ce fait, requièrent des
réponses inventives. Il n’y a
cependant pas de doute que si la
mémoire ne nous offre pas de
réponses toutes faites, elle offre par
contre les perspectives dans
lesquelles l’esprit s’engage à
chercher des réponses. Ainsi,
comme le remarque Annah Arendt,
il n’y a jamais de questions ni de
réponses dans l’absolu ; il n’y a que
des réponses aux questions que
l’homme se pose, c’est-à-dire celles
qui sont posées dans un contexte
donné et dans une perspective
particulière.
MORCEAUX CHOISIS DU TELEGRAMME
15
LES ST
ARS D'HIER
STARS
oger Ndombe Opetum dit « Pépé Ndombe »,
Ro
Paul R
l’or noir de la musique de la RDC
Par Zenga Ntu Mabuidi
C
omme son aîné,
Rochereau Tabu Ley,
le chanteur et auteur
compositeur de grande
force Pépé Ndombe est
aussi né à Bagata, dans la
province de Bandundu, le
21 février 1944.Son père
s’appelait Basile Ndombe
Opetum et sa mère, Ngable
Tekele (tous décédés).
Ndombe est arrivé à
Kinshasa,
sous
la
compagnie de ses parents
en 1949 qui venaient de
s’installer dans la capitale
(commune de Saint Jean,
l’actuelle Lingwala). Il a
ainsi fait ses études
primaires à l’école Sainte
Marie de la même commune
et les achevées à l’école
Saint Louis dans la
commune de Dendale
(Kasa-Vuvu).
Il est décédé à l’âge de
68 ans, à Kinshasa le jeudi
24 mai 2012 et a laissé deux
veuves avec plusieurs
orphelins. Dans l’orchestre
Bana OK, il faisait fonction
de vice président, pendant
près de dix, depuis que
Joski Kiambukuta a choisi
d’aller s’installer en Europe
pour raison de santé. « Pépé
Ndombe » ou « Le Noir »
était véritablement « l’or
noir » de la musique
congolaise moderne dont
les succès de sa voix de
velours et ses œuvres
musicales de charme
piquant
sont
restés
indélébiles dans les cœurs
de tous ceux qui l’ont
admiré.
Après avoir obtenu son
diplôme des Humanités
modernes, à l’Institut Notre
Dame du Congo, Ndombe a
travaillé au Ministère du Plan
où il fut affecté à Kikwit en
qualité de comptable. Au-delà
de sa carrière de fonctionnaire
public, Ndombe fit de la
musique son violon dingues.
En 1966, il faisait partie de
l’orchestre Select Jazz de
Kikwit, avant d’intégrer, dans la
même ville, Super Fiesta.
Rochereau, alors patron de
l’orchestre Fiesta National Le
Peuple, est parti en 1967 le
pêché là-bas pour le ramener
à Kinshasa en faveur de son
groupe. Rochereau et Ndombe
formèrent à cette époque un
duo vocal adulé par les
mélomanes. Ndombe fit partie
des musiciens qui ont
accompagné, en 1970,
Rochereau pour se produire à
l’Olympia de Paris.
En 1973, Ndombe quitte
l’Afrisa (ancien Fiesta National)
de Rochereau et s’en va créer
son propre ensemble musical
dénommé Afrizam, qui, peu de
temps après deviendra Makina
Loka. Avec ce groupe, Ndombe
a sorti beaucoup de chansons
qui ont marqué sur le marché
du disque. Deux ans après,
séduit par l’offre d’une parcelle
et d’une voiture Siroco lui faite
par Franco et, compte tenu
aussi des difficultés financières
qu’il éprouvait pour gérer son
Makina Loka, Ndombe n’a pu
résister et mordra à l’hameçon.
Il signa, en 1975, son entrée
dans l’O.K. Jazz, au même
moment que le saxophoniste
Empompo Loway, le chanteur
Sam Mangwana qui venaient
aussi de se séparer de
Rochereau. En 1982, les trois
« ex-Afrisiens » se rebellent
contre leur patron Franco et
quittent l’OK Jazz. Ils emportent
avec eux des jeunes chanteurs
comme Diatho Lukoki et Djo
Mpoy pour aller former
l’orchestre « Tiers Monde
Coopération ». Pas pour
Le Lycée Français RenéDescartes de Kinshasa
Un établissement scolaire
accueillant 740 élèves de
plusieurs nationalités
longtemps.
Car,
les
« rebelles »
rejoignent
calmement OK Jazz de
Franco. En 1986, Ndombe, luimême, préfère faire demi-tour
chez Rochereau, dans Afrisa.
NDLR : Nous nous
rappelons encore l’expression
populaire utilisée par Ndombe,
au cours d’une interview qu’il
nous avait accordée à ce
sujet : « entre un frère et un
ami, le choix est clair », pour
justifier ce come back.
Ndombe, dont ce retour
dans l’Afrisa avait coïncidé avec
un contrat de productions en
Europe que venait d’arracher
Rochereau, fit directement
partie de la délégation de
l’orchestre qui a voyagé.
Incroyable ! Au bout d’un
mois seulement, Ndoki a
Ndombe prit la décision
d’abandonner Rochereau et
son orchestre en Europe et
regagna en catastrophe
Kinshasa pour reprendre
directement sa place dans le
TP OK Jazz de Franco. Nous
sommes là en 1986. Trois ans
après, Luambo meurt,
précisément le 12 octobre
1989, à l’hôpital Saint Luc de
Bruxelles, en Belgique.
Ndombe et les autres
musiciens qui faisaient partie
de cet orchestre en ce
moment, ont, sous la direction
de Simaro Lutumba, continué
à faire fonctionner l’entreprise
musicale de Luambo. En
décembre 1994, suite à un
malentendu pas clairement
expliqué, le guitariste Simaro
préfère déposer et voler de ses
Présent en RDC depuis
1964
Contacts :
Primaire : 089 89 97 552,
Secondaire : 089 89 97 554
propres ailes. Tous les
musiciens se solidarisent à lui
et s’en vont créer, ensemble,
l’orchestre Bana OK, dont
Lutumba
est
désigné
président.
Les œuvres de Ndombe
Opetum
Il a composé une centaine
des chansons qui ont, presque
toute, fait du succès.
- Dans Afrisa : Hortense,
Longo, Pauline la préférée,
Chéri Samba, Kimakango to
libala, Mystère, Tobatela, libala
ya maloba, Londende, Nalembi
kojuger, etc.
- Dans Afrizam : Antalé,
Mokitano ya Hortense, Ike,
Sambi noko ya libala, Baiser
de Judas, etc.
- Dans Makina Loka :
Antalé (remixe), Kamuleke,
Makina Loka, Zibola, etc.
- Dans TP OK Jazz :
Nzela ya Bandundu, Mbongo,
osali erreur, Youypu, Nayebi
ndenge bakolela ngai, Héritier,
Mawe, Mashata, Zibola, Mabe
yo mabe, etc.
- Dans Bana O.K. :
Samuel Djenga, Elysée,
Esakola ya mawa, Djeni,
Tekele, Chance ya mondele,
Bula ntulu, Oyé, Lisusu,
Tendresse et tant d’autres.
Répères
Ndombe a effectué
plusieurs voyages tant avec
Afrisa, TP OK Jazz que Bana
OK en Europe, Afrique et dans
les provinces de la RDC.
Lors de ses obsèques,
tenues à Kinshasa au stade
des Martyrs, les lundi 11 et
mardi 12 juin 2012, on a
enregistré une fourmilière des
personnes,
notamment
l’épouse du Chef de l’Etat de
la RDC, l’ex-vice-président
Arthur Z’Ahidi Ngoma, des
députés nationaux, ministres et
tant d’autres sommités, sans
oublier les mélomanes venus
rendre
leurs
derniers
hommages à cet illustre disparu
qui, de son vivant, leur a offert
des moments agréables par
ses œuvres appréciables.
L’épître de Son Excellence
Baudouin Banza Mukalay
Dans sa lettre posthume
en mémoire de ce grand
artiste-musicien disparu, qu’il
avait pourtant hérité, à son
arrivée à la tête du Ministère de
la Culture et des Arts, Baudouin
Banza Mukalay Sungu confia :
« Ndombe Opetum était de la
symbiose inédite Culture, Arts,
Sports, Jeunesse et promotion
de la Santé ». Ceci au regard
d’un ambitieux projet, resté sur
le bureau du Ministre, dont
Ndombe était le premier à
percevoir les besoins de
réorienter les propositions en
matières de Culture et de Santé
publique et devoir faire face aux
nombreuses
réformes
systématiques qui seraient
encore en cours et créèrent de
la complexité des secteurs de
la Culture, des Arts et de la
santé publique.
Pour
beaucoup
de
connaisseurs de la musique
dans notre pays, la mort de
Pépé Ndombe serait aperçue
comme « la voix étranglée de
Simaro Lutumba. Car, Ndombe
est parti pour toujours, au
moment où le président Simaro
n’avait plus que lui pour
supporter la charge musicale et
administrative de l’orchestre
Bana O.K. Ndombe n’aurait-il
pas piégé Simaro, en rendant
le premier l’arme à gauche !
Cultur
e : le F
esti
val Inter
na
tional de
Culture
Festi
estiv
Interna
national
Musique Bantu, ‘F
esti Bikutsi’
‘Festi
enf
lamme Yaoundé
enflamme
Depuis le 03 Novembre
2014, la Capitale camerounaise
vibre au rythme du Bikutsi, une
des danses traditionnelles de
l’ethnie Béti qui peuple le
Centre et le Sud Cameroun. Ce
rythme est devenu l’un des
plus populaires de la scène
musicale du pays grâce à
quelques célébrités de la
chanson au nombre desquels
figure Barga soukous. C’est
donc à raison que ce dernier
est l’invité spécial de l’édition
2014 du Festi Bikstsi. Dans
l’une de ses chanson, il définit
le bikutsi comme l’un des
rythmes les plus endiablés
d’Afrique, qui se danse avec ou
sans cavalière. On pourrait
ajouter à cette définition que le
Bikutsi ne s’embarrasse pas
de fausse pudeur et parle du
sexe de manière crue ou
imagée. Cette 16ème édition du
festival, est organisée par
l’Association Afrique des Arts,
en partenariat avec l’Institut
Français de Yaoundé et le
Festival Africa Fête Itinérante de
Dakar du 03 au 15 Novembre.
Cette année le Festi
accueille en plus des stars de
la musique camerounaise, des
artistes de renoms venus
d’Afrique et d’ailleurs. Au
nombre de ces invités figurent
NOUMOUCOUNDA et FOU
MALADE
du
Sénégal,
SISSIME du Benin, Mario
Canonge, Blick Bassy, Adriano
Tenoriod du groupe CAB,
(Caraibes-Afrique-Brésil) et
Joos de Marseille.
Outre les spectacles et la
mini foire promotionnelle prévus
au Camp Sonel du quartier
Essos de Yaoundé, site du
festival, le programme prévoit :
la résidence de création du 03
au 12 novembre 2014 au Camp
Artistique de LADA et un
concours ouvert aux artistes
débutants pour le prix
découverte Festi 2014.
LE TELEGRAMME DU CONGO N°082 DU MARDI 11 AU MARDI 18 NO
VEMBRE 2014
NOVEMBRE
LE BILLET DE LA SEMAINE
16
RDC
Les demandeurs de visa déplorent les conditions
d'accueil indignes dans les ambassades
immigration.
Par Antoine Nguidjol
L
es demandeurs de visa se
plaignent des conditions
d’accueil dans plusieurs
ambassades installées dans la
capitale. Au menu de leur
calvaire : de longues files et un
délai d’attente qui peut durer
des heures, sous le soleil ou la
pluie avant d’être reçu par des
agents consulaires suspicieux
et pas toujours courtois, qui
confondent voyage et
Mercredi 6 novembre, par
exemple, des demandeurs de visas
ont été surpris par la pluie devant
les ambassades de Chine et du
Congo Brazzaville, dans le centreville de Kinshasa.
L’un d’eux en témoigne :
«Nous endurons la pluie en
venant ici, rien n’est prévu pour
nous abriter lors des pluies, nous
sommes négligés. Debout sous
cette espèce de hangar avec des
dossiers qui parfois se mouillent,
mais ce n’est pas leur affaire».
La situation est pratiquement la
même dans les ambassades de
France, d’Italie ou encore d’Inde,
pour ne citer que celles-là.
Des demandeurs de visas
estiment qu’il revient au
gouvernement d’agir pour faire
cesser ces pratiques.
«Nous devons avoir des
dirigeants dont les paroles
produisent des actes concrets. Ce
NOTES DE LECTURE
SEXOLOGIE
Le vilain petit Qatar
De Nicolas Beau et Jacques-Marie Bourget,
Fayard, Paris, 2013
Présentation par NAD
A
ux yeux des grands
dirigeants de ce monde, la
gouvernance qatari
actuelle se vit comme une
évidence, parce qu’il serait
absurde qu’elle ne le soit pas. Le
pétrole et la richesse colossale
de ce petit pays seraient de
nature essentiellement
vertueuses, et il ne viendrait à
l’esprit d’aucune personne
sensée de penser que l’opulence
ne va jamais sans la tolérance,
la justice, voire l’équité, l’égalité
et le respect des droits
élémentaires de l’homme, à
commencer par le droit d’avoir
une opinion personnelle et
d’exiger que tous les citoyens se
plient aux règles de vie
commune. Pourtant…
Qatar ou la revanche d’ancien
pays pauvre
Le Qatar était - dans les années
quatre-vingt-dix – un pays
pratiquement inconnu, sauf pour ses
fins de mois douloureux ; un pays
très endetté, dirigé par un vieil Emir
plus connu pour fréquenter
assidûment l’Hôtel Crillon à Paris en
compagnie
de
nombreuses
prostituées, et pratiquement ignoré
par les grands financiers du monde
occidental. Les amis français du
Qatar qui ont déniché la poule aux
œufs d’or : Jacques Chirac, JeanLuc Lagardère, et Nicolas Sarkozy.
A l’époque, le gaz et le pétrole n’y
coulait pas encore.
1995 : Al-Jazeera et le gaz à la
conquête du monde
Tout change en 1995, avec la
découverte d’immenses gisements
de pétrole et de gaz et l’arrivée aux
affaires de Cheick Hamad, qui
remplace son père, le Cheick Kalifa.
Très vite, le nouvel Emir se met à
dépenser sa nouvelle richesse de
manière très « réactive » : une
chaîne de télévision internationale
d’information continue qu’il veut
concurrente directe de l’américaine
CNN, et à qui il donne mission
d’unifier idéologiquement le monde
arabe, défaisant au passage les
régimes de la région jugés
« conservateurs ».
Doté de l’arme du pétrole, le petit
« canard » se met en tête d’être
aussi immense qu’un dromadaire à
la tête de la caravane arabe. Son
premier coup d’éclat a lieu au sein
de la moribonde ligue arabe qui n’a
plus que le verbe haut et
l’exhortation sans lendemain pour
seule existence.
La course au leadership
Assuré par ses soutiens
extérieurs et par sa richesse, le
Qatar ne craint plus de ferrailler avec
la puissante dynastie des Saoud à
laquelle il dispute le leadership grâce
à la mobilisation d’importantes
sommes sonnantes et trébuchantes
qui font basculer une partie du
monde arabe dans son camp :
régimes pauvres, organisations
reconnues, ou milices ou groupes
paramilitaires d’un genre souvent
douteux.
L’hypocrisie du monde
occidental
L’occident, pendant ce temps,
ferme les yeux, puisqu’a priori, le
Qatar se présente comme un allié
qui accomplit les basses besognes
qu’il ne peut accomplir ouvertement.
Le Qatar a ainsi carte blanche pour
déstabiliser des pays cibles à tout
va, au moyen de hordes de rebelles
fabriqués de toute pièce, et au nom
de perspectives politiques fumeuses
et aussi volatiles que le gaz naturel ;
comportement
ici
est
incompréhensible», déclare l’un
d’entre eux.
Selon des sources proches
d’une ambassade à Kinshasa, ces
conditions ne peuvent changer que
sur demande des autorités de la
RDC.
Certaines ambassades font
néanmoins exception dans ce
domaine. C’est notamment le cas
de l’ambassade des Etats-Unis
d’Amérique qui propose des
conditions acceptables aux
demandeurs de visas.
souvent au moment où les régimes
arabes se formalisent de plus en
plus en prenant en compte les
exigences internationales : la Syrie,
le Liban, l’Irak, l’Egypte, l’Algérie et
le Maroc (qui ont bien résisté à la
pression du Qatar).
Jusqu’à quand ?
Jusqu’à ce que le monde
occidental finisse par voir – enfin –
ce qui crève les yeux : à savoir la
militarisation de régions du monde
de plus en plus vastes grâce à des
flux financiers énormes soumis à
l’impératif idéologique d’une religion
qui poursuit le secret dessein d’être
la seule vraie idéologie planétaire et
définitive de ce vingt-unième siècle ;
celle qui réconcilie le ciel et la terre
des hommes, de l’Oural au pôle sud,
en passant par l’Europe et l’Afrique.
Le centre nerveux de cette « hydre
verte » se trouve bien plus,
aujourd’hui, au Qatar qu’en Arabie
Saoudite.
Boko Haram
Boko Haram est une des
métastases africaines de cette
richesse moyen-orientale mise au
service du côté le plus anachronique
et essentiellement génocidaire des
religions monothéistes : à savoir
l’utilisation du glaive comme arme
absolue pour asseoir le règne de
Dieu sur terre. Pour preuve, nous
apprend Alain Chouet, adjoint de
Jean-Claude Cousseran, le chef des
services secrets français en 2001 :
« en matière de terrorisme, les
Qataris ne sont pas blanc-bleu, ils
savent bien qui fait quoi… [ un peu
comme les Algériens dans les
années 1980 qui protégeaient les
mouvements révolutionnaires… et
se faisaient volontiers les
intercesseurs entre les pays
occidentaux et les groupes en
question] »
LE TELEGRAMME DU CONGO N°082 DU MARDI 11 AU MARDI 18 NO
VEMBRE 2014
NOVEMBRE
Lupita Nyong’o
élue plus belle
femme du monde
Le magazine People a publié
récemment sa liste des 50 actrices les
plus belles du monde, et c’est Lupita
Nyong’o qui rafle la mise. Oscarisée
pour son rôle dans 12 Years a Slave, la
jeune femme devance Keri Russell (2e)
et Jenna Dewan-Tatum (3e). Elle
succède au palmarès à Gwyneth
Paltrow.
[Pour être belle, la femme doitelle
être
célèbre
nécessairement être occidental…
isée ?, Ndlr]
Commentaires :
Julo : la plus belle du monde c’est
mon chat !!!
David NOÑONO : Si on exclut des
propos racistes ou d’autres jalousies,
il faut bien se mettre dans la tête que la
plus belle femme du monde
(physiquement) n’existe pas, parce qu’il
existe au moins 7 milliards de
personnes dans le monde avec des
interprétations différentes. Certaines
personnes peuvent déclarer une femme
comme plus belle du monde selon la
forme du visage, yeux, nez, cheveux,
bouche... ou de la silhouette du corps...
ce qui n’est pas forcement l’avis de tout
de le monde, d’autre le font selon la
personnalité de celle-ci, là aussi les avis
sont partagés.
Nsadissi : j’apprécie, en Afrique,
vous en trouverez d’autres.
Llobet : oui très belle.....mais le
monde à surement d’autres femmes
plus belles que l’on ne connait
pas...donc cette notion de plus» belle
femme du monde» je n’aime pas!
[Notons l’intelligence pure dans
les deux derniers propos, Ndlr]