D. TISSUS CONJONCTIF ET DE SOUTIEN :

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Tissus conjonctif et de soutien – partie théorique
D. TISSUS CONJONCTIF ET DE SOUTIEN :
I/ Tissu conjonctif :
- le terme de « tissu conjonctif » regroupe un certain nombre de tissus de nature sensiblement différente ayant
tous en commun de jouer le rôle de support structural et métabolique pour les autres tissus et organes du corps
- histogenèse : le TC dérive du mésenchyme embryonnaire → les cellules mésenchymateuses se différencient
dans l’ensemble des types cellulaires du TC mature ou alors restent à l’état indifférencié et forment des cellules
souches
- fonctions générales du TC : 1. remplissage entre les cellules et d’autres tissus plus spécialisés 2. support
physique (derme, capsules du foie et du rein, tissu squelettique,...) 3. régulation des échanges de nutriments, de
métabolites et de produits de la dégradation entre les tissus et la circulation sanguine 4. stockage des graisses
(adipocytes) 5. défense immunitaire ... et de nombreuses autres fonctions spécifiques de chaque tissu
- chaque TC possède un certain nombre de cellules de soutien dont certaines produisent de la matrice
extracellulaire (ME) comportant une matrice organique gélatineuse, appelée substance fondamentale amorphe
(SFA) dans laquelle sont insérées de nombreuses fibres :
1. cellules du TC :
- ▲ en général, la densité cellulaire du TC est faible
- blastes = cellules différenciées qui produisent de la ME ; cytes = cellules au repos avec un faible turnover (↑ de
l’hétérochromatine)
a) cellules de soutien :
1.1. fibroblastes :
- synthèse des fibres + SFA de la ME
- forme plus ou moins allongée avec de nombreux prolongements (peu visibles au MO), cytoplasme basophile
(lié à un RE rugueux abondant→ ▲ pour synthèse des fibres et des divers es molécules de la SFA), noyau
condensé, allongé et orienté selon l’axe des fibres de collagène avec nucléole peu visible et euchromatine
- taille = 50μm
- fonction : maintien de l’intégrité du TC par un renouvellement lent mais permanent des constituants de la ME
- fibrocytes : cellules au repos plus ou moins fixes avec un cytoplasme éosinophile, un noyau avec beaucoup
d’hétérochromatine, des prolongements cellulaires garantissant un contact entre les différents fibrocytes via des
jonctions communicantes et serrées
- myofibroblastes = fibroblastes pouvant se contracter→ jouent un rôle important en cas de lésion tissulaire ,
car ils permettent la contraction et la rétraction du tissu cicatriciel
1.2. adipocytes :
- isolés ou en petits groupes, présents dans la plupart des TC ou alors ils forment des lobules dans le tissu
adipeux, où ils constituent le type cellulaire prédominant
- seules cellules du TC entourées d’une lame externe, réticulaire (= renforcée par des fibrilles réticulées)
- histogenèse : dérivent de précurseurs mésenchymateux appelés lipoblastes
- au MO, les adipocytes apparaissent vides → au centre de la cellule, é norme gouttelette lipidique non délimitée
par une membrane (mais entourée de microfilaments)
→ cytoplasme a vec organelles + noyau comprimé à la
périphérie
- taille = 50-150 μm
b) cellules mobiles :
1.3. histiocytes :
- phagocytes mononucléés dérivant des monocytes du sang (sortis des veinules post-capillaires par diapédèse)
- histiocytes = forme inactive des macrophages = même type cellulaire dans 2 phases différentes
- taille = 20 μm
- macrophages : ont un noyau de forme irrégulière, lorsqu’ils sont au repos ↓( du nombre de lysosomes avec ↑
de l’activité phagocytaire) le cytoplasme est riche en lysosomes (apparaissent comme des vésicules au MO),
expansions cytoplasmiques irrégulières (pseudopodes) pour le mouvement amiboïde et la phagocytose
1.4. plasmocytes :
- représentent la forme active des lymphocytes B, dont ils dérivent, et sont responsables de la production
d’anticorps
- gros noyau granulaire à la périphérie
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- cytoplasme basophile (riche en RE rugueux) de grande taille avec zone périnucléaire plus pâle au MO (=
appareil de Golgi)
1.5. mastocytes :
- localisation près des vaisseaux (paroi des artères de gros calibre), dans le mésentère, la muqueuse et le derme
- ▲ pour inflammation, allergies → la dégranulation provoque la libération d’histamine et d’autres substances
vasoactives avec réaction d’hypersensibilité immédiate et choc anaphylactique
- cellule ovalaire avec noyau central et arrondi, cytoplasme basophile uniformément coloré, rempli de granules
d’histamine et d’héparine
- taille = 20 μm
- métachromasie : coloration au bleu de toluidine (colorant basique) → granulations apparaissent rouges
1.6. granulocytes neutrophiles : rares, reconnaissables au MO grâce à un noyau multilobé et à un cytoplasme
peu coloré
1.7. granulocytes éosinophiles : présents en grand nombre, noyau bilobé et cytoplasme éosinophile
1.8. lymphocytes : noyau petit, intensément coloré et entouré par un cytoplasme clair→ les noyaux sont
facilement identifiables sur une coupe histologique et ils mesurent entre 7-8 μm de diamètre → bon moyen de
déterminer la taille des autres cellules du TC
2. matrice extracellulaire :
- le volume occupé par la ME dans le TC est grand relativement aux autres types de tissus
- ME = protéines fibrillaires (fibres de collagène, fibres élastiques) + SFA (GAG, protéoglycanes, protéines
adhésives, liquide extracellulaire)
- MO : on voit uniquement les fibres
3. substance fondamentale amorphe :
- avec le fluide tissulaire qui lui est associé → formation d’un milieu de passage à travers le TC entre le système
circulatoire et les autres tissus
- SFA = solution incolore, transparente, homogène, visqueuse, avec fort pouvoir d’imbibition
- GAG (= glycosaminoglycanes → produits par les fibroblaste s) présents dans la SFA, fortement hydrophiles →
attirent de l’eau et des ions positifs → formation du fluide extracellulaire → garantie de la turgescence du TC
- le fluide extracellulaire comprend des glycoprotéines de structure (produites par les fibroblastes) et, provenant
du plasma, du glucose, des vitamines, de l’eau, des ions et des hormones
4. fibres :
- 2 composantes fibreuses principales dans le TC : collagène (y compris réticuline) et élastine
4.1. fibres collagènes :
- synthétisées par les fibroblastes, chondroblastes et ostéoblastes
- MO : organisées en faisceaux ondulés de fibres parallèles ne se ramifiant pas / éosinophiles à cause de
groupements latéraux chargés positivement
- il existe au moins 27 types différents de collagène, parmi ceux-ci :
Types
Localisation
I
os, tendon, ligament, derme, cornée, organes internes,
cartilage fibreux (disque intervertébral)
II
cartilage hyalin, sclère, noyau pulpeux du disque
intervertébral, (...)
III (= réticuline)
organes lymphatiques, rate, moelle osseuse,...
IV
formation d’un réseau à larges mailles important dans
la constitution des membranes basales
VII
fibrilles d’ancrage à la membrane basale
IX
cartilage, association avec type II
XVII
filaments d’ancrage à la lame basale
4.1.1. fibres de réticuline (collagène type III) :
- réticuline = collagène de type III → formation de fibrilles plus fines que les autres types de collagène
- TC réticulé avec cellules dérivant des fibroblastes produisant les fibres réticulées→ formation d’un grillage de
fines fibrilles entrecroisées
- présence de fibres réticulées indépendantes du TC réticulé dans le foie, les reins, les muscles, les glandes
endocrines,...
- MO : difficilement identifiables avec les colorations habituelles, confondues avec les fibres de collagène (mais
plus faibles et moins visibles)→ coloration en noir avec des imprégnations argentiques, PAS positives à cause
des glycoprotéines associées
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4.2. fibres élastiques :
- produites par les fibroblastes (+ chondroblastes et cellules musculaires lisses de la paroi des vaisseaux
sanguins)
- présentes dans les organes se dilatant souvent : poumons, peau, vessie, vaisseaux sanguins,...
- diminution de l’élasticité avec l’âge en raison de processus dégénératifs
→ destruction des fibres élastiques
dans la peau (UV), les vaisseaux, les poumons,...
- au MO, l’élastine est éosinophile comme le collagène
- membrane basale :
1. interface entre les cellules parenchymateuses et le TC → elle peut être associée aux cellules
épithéliales, musculaires et de Schwann, elles forment en outre une membrane limitante dans le SNC →
quand une membrane basale entoure des cellules non épithéliales on parle de lame externe
2. membrane basale = lame basale + lame fibroréticulaire
3. fonctions de la membrane basale: séparation de l’épithélium du TC sous-jacent moins spécialisé,
ancrage des cellules épithéliales, rôle de tamis moléculaire (la charge et l’arrangement des GAG
déterminent la perméabilité sélective des pores portés par la membrane basale), contrôle de
l’organisation, de la différenciation et de la prolifération cellulaire
▲ (pour le cancer), barrière
physiologique,...
II/ Tissus de soutien :
- tissus de soutien = tissus squelettiques = cartilage et os = tissus spécialisés dans lesquels prédominent la SFA
sous forme de gel ferme (cartilage) ou alors minéralisée (os)
- histogenèse : depuis le mésenchyme embryonnaire comme le TC
- fonctions : squelette temporaire et permanent du corps, soutien et levier du système locomoteur sur lequel
viennent se fixer les muscles et les ligaments, réservoir pour le calcium dans l’os, hématopoïèse dans la moelle
rouge,...
1. cartilage :
→
la
- cartilage = chondrocytes + fibres collagènes + SFA riche en GAG sulfatés et en protéoglycanes
composition de la SFA garantit : surface glissante, résistance aux déformations mécaniques et absorption des
chocs
- réaction basophile et métachromatique du cartilage avec méthodes histologiques traditionnelles
- le cartilage est dépourvu de vaisseaux sanguins, de lymphatiques et de nerfs
- cartilage = tissu bradytrophique = tissu avec un métabolisme bas
- formation du cartilage : cellules mésenchymateuses → différenciation en chondroblastes synthétisant la ME →
les chondroblastes finissent par être emmurés dans des lacunes, on parle alors de chondrocytes → si division du
chondrocyte dans une lacune, on parle de groupe isogénique entouré par une zone plus basophile (= territoire) →
groupe isogénique + territoire = chondrone / entre les chondrones se trouvent la zone interterritoriale / une fois
formé, le cartilage ne croît plus que par croissance appositionnelle à la surface du cartilage
- on distingue 3 types de cartilage, définis par une variation qualitative et quantitative des fibres dans la SFA :
1.1. cartilage hyalin :
- hyalin = « qui a la transparence du verre » → aspect bleuâtre, translucide et vitreux
- entouré d’un périchondre contenant des vaisseaux sanguins
→
nutrition du cartilage par diffusion / le
périchondre est composé de fibres de collagène (= couche fibreuse) et de cellules fusiformes (ressemblant à des
fibroblastes = couche cartilagineuse)
- croissance cartilagineuse par apposition (en cas de blessure par exemple,...) à partir des cellules de la couche
cartilagineuse du périchondre se différenciant en chondroblastes
- les chondrones contiennent des chondrocytes avec noyau à chromatine dispersée et cytoplasme basophile
granulaire (= RE rugueux bien développé→ synthèse de matrice extracellulaire continuellement renouvelée) /
dans les gros chondrocytes, dont le cytoplasme est riche en glycogène, présence éventuelle de gouttelettes
lipidiques
- seules quelques fibres de collagène sont visibles au MO → les fibres sont masquées par les GAG !
- localisation : voies respiratoires (nez, bouche, trachée,...), extrémité sternale des côtes, articulations, squelette
primaire embryonnaire, épiphyse,... cartilage le plus répandu dans le corps
- ▲ le cartilage hyalin articulaire est dépourvu de périchondre superficiel → pas de régénération possible !
1.2. cartilage élastique :
- présence de plus de cellules que de matrice extracellulaire / organisation en chondrones
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- comme le cartilage hyalin, le cartilage élastique est entouré d’un périchondre → croissance appositionnelle et
nutrition par diffusion
- nombreux faisceaux de fibres élastiques anastomosées dans la matrice cartilagineuse / le collagène est
également présent de manière importante
- ▲ l’aspect histologique est identique à celui du cartilage hyalin avec les méthodes conventionnelles
→
les
colorations spéciales pour élastine permettent de distinguer les 2 tissus
- localisation : pavillon de l’oreille, trompe d’Eustache, épiglotte, plus petites bronches
1.3. cartilage fibreux :
- ressemble au TC fibreux dense mais sans les vaisseaux = alternance d’épaisses couches de fibres de collagène
denses et de matrice cartilagineuse hyaline orientées selon les forces de tension
- contient beaucoup de fibres de collagène
- absence de chondrones→ alignement et isolement des chondrocytes à cause de la pression exercée par les
fibres
- ▲ absence de périchondre → nutrition par le TC dense
- localisation : symphyse pubienne, ménisques articulaires, anneaux fibreux des disques intervertébraux,...
2. tissu osseux :
- os = cellules osseuses + matrice extracellulaire
- les os sont entourés à l’extérieur par du TC dense (= périoste), contenant des cellules ostéoprogénitrices, et
dans lequel s’insèrent les muscles, les tendons et les ligaments. Ils sont recouverts à l’intérieur par des cellules
plates ostéogènes (= endoste).
2.1. cellules osseuses :
2.1.1. ostéoblastes :
- synthèse de la ME et régulation de sa minéralisation
- localisation à la surface de l’os
- en activité : grandes cellules fusiformes ou cubiques, cytoplasme abondant et basophile (dû à un RE rugueux
très développé pour la synthèse de matrice extracellulaire) / lorsqu’ils sont inactifs, leur volume est beaucoup
moins grand et on ne distingue que leur noyau aplati
2.1.2. ostéocytes :
- correspondent à des ostéoblastes emmurés à l’intérieur de la matrice osseuse → ▲ pour la nutrition de l’os
- corps cellulaires dans les lacunes et prolongements vers cellules voisines dans les canalicules
- les ostéocytes ne se divisent plus
2.1.3. ostéoclastes :
- cellules phagocytaires multinucléées (font partie du système monocyte-macrophage) capables d’éroder l’os →
rôle important avec les ostéoblastes dans : 1. renouvellement et remodelage osseux 2. homéostasie du calcium et
du phosphate (via action hormonale de la PTH et de la calcitonine)
- taille = 100μm
- localisés à la surface de la matrice osseuse où ils forment la lacune de Howship (= dépression creusée dans l’os
minéralisé) : sécrétion d’acides organiques dissolvant le composant minéral de l’os et d’enzymes protéolytiques
lysosomiaux détruisant la matrice organique
2.2. matrice extracellulaire du tissu osseux :
- elle est composée de 70% de matière inorganique (cristaux d’hydroxyapatite, carbonate, fluorure,...) et de 30%
de matière organique (essentiellement du cartilage de type I, GAG, glycoprotéines,...)
- les ostéoblastes cubiques, actifs produisent et sécrètent : 1. le collagène et les autres constituants organiques
formant l’ostéoïde 2. des vésicules matricielles
→
les
- minéralisation : après une phase de maturation de plusieurs jours, l’ostéoïde commence à précipiter
foyers de minéralisation primaires sont les vésicules matricielles dans lesquelles s’accumulent des ions calcium
et phosphate formant des cristaux d’hydroxyapatite → fusion des foyers de minéralisation primaires et formation
de la matrice osseuse
- il existe 2 principaux types d’os : 1. os réticulaire (ou fibrillaire) : forme immature d’os avec fibres de collagène
réparties de façon aléatoire dans l’ostéoïde → formation rapide puis remodelage pour former de l’os lamellaire
2. os lamellaire : remodelage à partir de l’os réticulaire → os secondaire avec structure régulière, constitué d’un
arrangement de lamelles
- on distingue en outre 2 types d’os lamellaire :
1. os spongieux (espaces visibles à l’oeil nu) : cavité médullaire centrale des os longs creux, épiphyse,
métaphyse, os courts
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- réseau de fines plaques irrégulières appelées trabécules (ou travées) d’os lamellaire
comprenant des ostéocytes localisés dans des lacunes clairsemées
→ structure produisant un
maximum de résistance avec une masse minimale d’os
- l’espace entre les trabécules est rempli par un mélange de moelle rouge (hématopoïétique) et
de moelle jaune (tissu adipeux)
- lamelles (couches osseuses) plates et parallèles à la surface
- rares vaisseaux sanguins
2. os compact : parois denses de la diaphyse des os longs creux
- organisation concentrique des lamelles autour d’un canal de Havers tapissé par l’endoste et au
sein duquel passent les nerfs, les vaisseaux sanguins et lymphatiques
→ ostéons ou systèmes
de Havers
- les canaux de Volkmann, perpendiculaires aux canaux de Havers, permettent l’anastomose
des paquets neurovasculaires
- de fins canalicules émanent de chaque lacune où se trouve un ostéocyte pour s’anastomoser
avec ceux des lacunes adjacentes→ ils garantissent une communication entre les cellules via
des prolongements cellulaires et des jonctions communicantes
- système interstitiel de lamelles (anciens ostéons) entre les ostéons
- à la partie la plus externe de l’os compact les ostéons se poursuivent dans des lamelles
concentriques d’os compact dense recouvertes par les ostéoblastes du périoste = lamelles
circonférentielles externes / des lamelles de même type bordent l’intérieur de l’os cortical =
lamelles circonférentielles internes
- les vaisseaux et nerfs de l’os compact pénètrent dans celui-ci depuis l’espace médullaire
- plaque épiphysaire = cartilage de conjugaison = jonction entre l’épiphyse et la diaphyse garantissant la
croissance en longueur des os longs (→ détails dans la partie pratique)
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