Des écrans du pouvoir au pouvoir des écrans en

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Des écrans du pouvoir au pouvoir des écrans en cinéma
« Un miroir, c’est une machine, me répondit-il, qui met les choses en
relief loin d’elles-mêmes, si elles se trouvent placées convenablement
par rapport à elles ».
Denis Diderot, Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient.
T
rès tôt au cinéma, du côté de l’image-action, ma et celui de la restitution coïncident (restitution
s’impose l’écran dans l’écran comme lieu « plein cadre »). Dès lors, c’est moins d’écrans
de pouvoir que du pouvoir des écrans dont il
d’un homme de pouvoir. Il peut alors s’agir du s’agit, pouvoir consubstantiel au septième art.
pouvoir d’un grand patron sur les hommes au Les écrans sont ainsi des écrans de cinéma
travail (Modern Times – 1936 de Charles Cha- dans des agencements de mise en abyme ou
plin, Metropolis – 1927 de Fritz Lang) ou d’un de métacinéma, mais aussi des téléviseurs ou
gangster mégalomaniaque dont la soif de pou- des moniteurs vidéo sur la surface. Ils répondent
voir s’étend au politique comme dans Le Dia- classiquement à la clause esthétique du surcabolique Docteur Mabuse (1960) de Fritz Lang drage. Ce sont encore des miroirs, tel celui de
(ou sa reprise, dans un thriller de la modernité Belle dans La Belle et la Bête (1946) de Cocteau,
des années 1990, avec le propriétaire assassin écran dont le pouvoir magique l’apparente dans
Noyce, Silver, quoique son activité criminelle se
limite à la seule sphère privée) ; ou encore dans
Les Noces rouges (1974) de Georges Franju
quand le mur de moniteurs télévisuels permet de
suivre les déplacements d’une automobile avec
caméra embarquée à l’insu de son conducteur.
La plupart du temps l’écran est le lieu d’une réactivité où, au contrôle, s’adjoint la possibilité
d’une action néfaste qui en renforce le pouvoir
Journée d’études
images en direct.
Les procédés et stratagèmes de surcadrage
sont foisonnants au cinéma, mais aussi les dispositifs qui contribuent à l’égarement de l’œil ou
à l’équivocité des espaces, dans d’étonnants
pouvoirs de mise en scène propres à faire surgir
de troublantes idées-formes sur la surface. Dans
son essai L’Écran démoniaque
téresse (pour ne prendre qu’un de ses exemples)
La Rue sans joie
de 1963, Judex, Franju énonce « ce qu’était la
prison de Favraux », c’est pour nous introduire
également la silhouette d’un homme ivre dont la
présence réelle n’est révélée que par une main
prisonnier. Fonctionnant comme glace sans
tain ce miroir apparente alors l’ensemble du après qu’elle a revêtu la robe imposée par la tedispositif à une caméra de contrôle couplée à un
Loulou ou la boîte de
moniteur renvoyant immédiatement son image à
Pandore
vidéo de Dan Graham, Present Continuous moyen, la jeune femme se déshabille avec voPast(s) de 1974 ou à Corridor, celle de Bruce lupté devant une glace qui occupe pratiquement
Nauman de 1969. Le détour par l’installation vi- tout l’espace de l’écran. Loulou voit soudain son
mari, le Dr Schön, entrer dans le miroir, menaçant, armé d’un pistolet, imposant dans son dos
L’Herbier L’Inhumaine
une présence d’autant plus inquiétante que spéla contemplation désintéressée. Ainsi l’ingénieur culaire à ce moment. C’est aussi à considérer les
pouvoirs tout aussi étranges que poétiques des
Lescot de voir immédiatement les effets que écrans de cinéma, pris dans des agencements
produit sa voix transportée dans le monde entier originaux, que s’attacheront les différentes comcar, à la restitution radiophonique, correspond, munications de cette journée d’études, accoren direct, un retour télévisuel où l’écran de ciné- dant à la notion d’écran l’extension la plus large.
Samedi 7 juin 2014 à 9h15
Organisateurs : Véronique Buyer et Argyrios Kéléris. Responsable scientifique : Patrick Louguet.
EDESTA / ESTCA, E.A. 2302, Équipe « Esthétique de l’archive et histoire du temps présent »
Des écrans du pouvoir
au pouvoir des écrans en cinéma
09h15 (salle a115)
Accueil des participants
09h45 (salle A1-181)
Ouverture de la journée d’étude
14h00 Cas de passage «trans-dioptrique» (Dario Argento).
NICOLAS CVETKO,
Professeur agrégé en arts plastiques, plasticien,
doctorant en études cinématographiques à l’Université Paris 8
14h40 Discussion
10h00 Corps-écrans
ALBAN PICHON,
Maître de conférences en études cinématographiques à l’Université Bordeaux 3
10h40 Discussion
10h50 Passages du corps à l’écran dans l’œuvre de Federico Fellini
DAMIEN ANGELLOZ-NICOUD,
Doctorant en études cinématographiques à l’Université Paris 8
11h30 Discussion
11h40 L’Écran bergmanien dans le miroir fassbinderien :
Le prologue de Persona et Les larmes amères de Petra von Kant
ELENA TYUSHOVA,
Doctorante en études cinématographiques à l’Université Paris 8
12h20 Discussion
12h30 PAUSE DEJEUNER
14h50 Reflets de l’œuvre de Jean Cocteau dans Le Mystère d’Oberwald
de Michelangelo Antonioni
VÉRONIQUE BUYER,
Chargée de cours et doctorante en études cinématographiques à l’Université Paris 8
15h30 Discussion
15h40 PAUSE
16h00 Puissance questionnante du métafilm dans la pensée critique
ARTHUR MAS,
Doctorant en études cinématographiques à l’Université Paris 8
16h40 Discussion
16h50 Le portrait de famille et d’enfance comme zone écranique de suspension
dans l’œuvre de Todd Solondz
ARGYRIOS KELERIS, Doctorant en études cinématographiques à l’Université Paris 8
17h30 Discussion
18h00 FIN DE LA JOURNEE