1 Chr. Plantin 1996a. Le trilogue argumentatif Langue

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Chr. Plantin 1996a. Le trilogue argumentatif
Langue Française 112. 9-30.
LE TRILOGUE ARGUMENTATIF
Présentation de modèle, analyse de cas
1. Situation de la recherche
A. L'ARGUMENTATION, TROISIEME OPERATION DE L'ESPRIT
Une tradition définit la notion d'argumentation au sein d’un complexe de notions
primitives à la fois logico-scientifiques, philosophiques, et grammaticales qui
constitue la théorie des trois opérations de l'esprit, l'appréhension, le jugement et le
raisonnement (Maritain, 1963). Ces trois opérations cognitives ordonnées
correspondent à trois opérations linguistiques : la référence, la prédication et
l'argumentation, également hiérarchisées. Leur lien s'établit comme suit :
– l'appréhension : l'esprit appréhende un concept. Au plan linguistique, l'acte de
référence lie ce concept à un terme.
– le jugement : l'esprit assemble deux concepts en une proposition. Au plan
linguistique, l'acte de prédication lie le terme sujet au terme prédicat, constituant
ainsi un énoncé.
– le raisonnement : l'esprit enchaîne un groupe de propositions en une inférence. Au
plan linguistique, cet enchaînement lie des énoncés en une argumentation.
Cette théorie a été, non moins que la rhétorique, démembrée : sa dimension logique a
été mathématisée à la fin du 19e siècle ; sa dimension linguistique est reprise dans les
notions les plus générales de la sémantique ; et il resterait à voir dans quelle mesure
on peut retrouver des traces de sa dimension épistémique dans les théories modernes
de la cognition.
B. L'ARGUMENTATION DANS LA PRAGMATIQUE
Depuis les années 1950, les études d'argumentation se sont développées comme des
logiques de contenu : logique substantielle (Toulmin, 1994) ; logique non formelle
(Blair & Johnson, 1980) ; logique naturelle (Grize, 1990) ou cognitive (Vignaux,
1988). Ce mouvement peut s'interpréter comme une “pragmatisation” des études
d'argumentation, que l'on retrouve dans la “pragmatique intégrée” d'Anscombre &
Ducrot (1983), Anscombre (1995) ou la “pragma-dialectique” de van Eemeren et
Grootendorst (1996). Ces logiques de contenu intègrent parfois la dimension du
dialogue, qu'il s'agisse du dialogue naturel (Grize, 1990), ou, dans la lignée des
travaux de Hamblin (1971) sur les dialogues formels, du dialogue normé par des
règles de communication (van Eemeren & Grootendorst, 1996).
La conception de l'argumentation comme une forme particulière d'interaction s'inscrit
dans cette tendance. Sur le fond, considérer que l'argumentativité caractérise un type
d'interactions verbales régies par une répartition spécifique des rôles discursifs est
une idée aussi ancienne que la rhétorique et la dialectique, qui ont, parallèlement à la
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vision logico-scientifique de l'argumentation, développé des analyses de
l'argumentation dans les discours sociaux conflictuels (Perelman & Olbrechts-Tyteca,
1958) et dans le débat orienté vers la recherche du vrai ou du consensuel (van
Eemeren et Grootendorst, 1996). Dans cette perspective, mention particulière doit
être faite des recherches anciennes, particulièrement sophistiquées, sur la théorie des
stases, c'est-à-dire des “questions argumentatives” (Patillon, 1988).
C. ARGUMENTATION ET ANALYSE CONVERSATIONNELLE
Depuis le début des années 1980, le fait nouveau est le développement de théories
des interactions verbales, qui permettent de revoir les acquis des approches
rhétoriques ou “para-logiques” (Bange, 1992 ; Kerbrat-Orecchioni, 1990, 1992,
1994 ; Vion, 1992). Willard (1976) a sans doute été un des premiers à lier
argumentation et interaction (cité par R. Trapp, 1990). Parmi les recherches
pionnières dans l'application des techniques de l'analyse conversationnelle à l'analyse
de l'argumentation, il faut signaler celles de O'Keefe & Benoit (1982) ainsi que celles
de Jacobs & Jackson (1982). Ces dernières études s'intéressent essentiellement aux
“arguments” (au sens anglais : cf. Plantin, 1990 : 133-135) surgissant au cours de
l'interaction conversationnelle et déclenchant une négociation. A la limite, l'étude de
l'argumentation dans l'interaction apparaît comme l'étude des « troubles in
conversation », des « disagreement-relevant speech events » ou, d'une façon générale,
des « disagreement-relevant expansions of adjacency pairs » (Jacobs & Jackson
1982 : 206 ; 219 ; 220).
Dans cette perspective, les circonstances d'apparition de l'argumentation dans
l'interaction (le stade dit “de confrontation”) ont fait l'objet d'études portant en
particulier sur les types d'actes favorisant la manifestation de l'opposition dans la
conversation et engendrant un “argument” (au sens anglais) : insultes, accusations,
ordres, refus d'accéder à une demande. Dès lors, le problème de la gestion des faces
devient la question majeure de l'argumentation. Le désaccord étant une menace pour
la relation, l'argumentation fonctionne comme épisode régulateur, au terme duquel la
perturbation disparaît et la relation est “réparée” (Benoit, 1987 : 144-152). Il faut
encore souligner que dans l'interaction quotidienne ordinaire interviennent les règles
de politesse, qui servent à « neutraliser les conflits potentiels » (Kerbrat-Orecchioni,
1992 : 163) ; elles jouent donc contre le développement des argumentations dans les
échanges conversationnels. Dans ce type d'interaction familière, le souci de préserver
la relation fait que la contradiction a du mal à se déployer ; et si ce souci n'existe pas,
alors la contradiction tourne à la dispute, à la querelle.
2. Définition, schéma, exemple
On aurait ainsi deux formes d'études de l'argumentation : l'une, “traditionnelle”,
prenant pour objet typique l'orientation des énoncés vers une conclusion, dont la
théorisation, volontiers normative, fait appel à la logique et à la rhétorique ; l'autre,
“moderniste”, prenant pour objet les troubles de la conversation, qu'elle analyse avec
les instruments de la théorie des interactions. Pour la première primerait le contenu,
pour la seconde, la relation.
Il semble possible de déplacer cette opposition en travaillant sur des interactions plus
formelles, que cette formalisation soit imposée par le cadre institutionnel du débat ou
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qu'elle soit décidée d'un commun accord entre les participants. Dans la conception
que nous nous proposons de définir et d'illustrer, l'ancrage de l'argumentation dans la
contradiction, dans le “choc des discours”, reste un postulat, mais le développement
d'une situation argumentative demande que cet antagonisme soit à la fois concrétisé
et organisé sémantiquement par une question. L'existence d'une contradiction
caractérise aussi bien une simple dispute ou un pugilat ; sa cristallisation en une
question marque un stade décisif dans l'ontogenèse de l'argumentation.
A. DEFINITIONS
L'interaction argumentative est définie comme une situation de confrontation
discursive au cours de laquelle sont construites des réponses antagonistes à une
question. Le schéma suivant articule les composantes de la situation argumentative :
Construction d'une argumentation soutenant le discours de proposition
D1
D0
Arg
Concl = Réponse = D'1
Question
Q
Réfutation de D'1
Construction d'une contre-argumentation
soutenant le discours d'opposition
Contre-Arg
Concl = Réponse = D'0
L'argumentativité d'une situation dépend d'abord de l'existence de deux ensembles
d'éléments discursifs antagonistes, D0 et D1 (discours reçu / discours minoritaire par
exemple) ; pour qu'il y puisse y avoir argumentation, il faut en outre que ces discours
s'interpénétrent et fassent référence l'un à l'autre. De cette contradiction naît une
question, qui organise les interactions conflictuelles concrètes. Dans le cadre d'une
interaction spécifique, les locuteurs soutenant D0 et D1 deviennent des parties.
Cette question induit des réponses asymétriques. La partie sur laquelle repose la
charge de la preuve avance des arguments (Arg), afin de soutenir sa Réponse à la
Question (Q). Cette Réponse fournit donc la Conclusion visée par son argument,
conclusion qui correspond à une reformulation argumentée, éventuellement déplacée,
D'0 de D0. L'autre partie avance une réfutation de cette argumentation, et propose
des contre-arguments pour soutenir sa propre Réponse à la Question. Comme
précédemment, cette réponse est une reformulation argumentée, éventuellement
déplacée, D'1 de D1.
Trois modalités discursives caractérisent la situation d'argumentation : un discours de
proposition ; un discours d'opposition ; une question. A ces trois modalités
correspondent trois rôles discursifs (trois actants) : le Proposant tient le discours de
proposition, l'Opposant tient le discours d'opposition et le Tiers prend en charge la
question. Cette situation définit donc un type particulier de trilogue (KerbratOrecchioni & Plantin, 1995), le trilogue argumentatif.
Le rôle de Proposant supporte la charge de la preuve. Les rôles de Proposant et
d'Opposant ne sont pas distribués une fois pour toutes dans l'interaction. Ils sont
déterminés notamment en fonction de la nature de la question, qui joue un rôle
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fondamental, en problématisant la situation et en déterminant les orientations
argumentatives des interventions des parties.
Chacun des actants ne correspond pas forcément à un acteur (un sujet parlant)
unique. Le même acteur peut tenir plusieurs rôles actanciels, il peut se situer du point
de vue du Proposant, passer à celui de l'Opposant, et manifester les doutes d'un
Tiers : c'est le cas de la délibération intérieure.
L'argumentation apparaît ainsi comme un instrument parmi d'autres de traitement du
différend, qui peut être réglé non linguistiquement (élimination physique de
l'adversaire, tirage au sort, vote…) ou linguistiquement (explication,
argumentation,…). Le traitement d'un différend concret fait habituellement intervenir
des combinaisons de ces différents instruments : on explique, on menace, on
argumente, et on vote.
B. ANALYSE DE CAS
Ce modèle rassemble les conditions génériques définissant le genre argumentatif et
permettant d'évaluer le degré d'argumentativité d'une situation d'interaction donnée.
Ce genre se différencie en plusieurs espèces ; certaines sont orientées vers
l'expression et l'amplification publiques du différend (débat d'idées, débats
politiques…) ; d'autres vers la résolution du différend (négociations, conciliations,
médiations…). Parmi les négociations / conciliations, citons les conciliations de
couple au moment du divorce ; les médiations dans les conflits sociaux ; les
négociations “sous l'égide des organisations internationales”. Chacune obéit à des
contraintes spécifiques légales ou réglementaires.
Comme attendu, cette révision du modèle s'accompagne d'une redéfinition de l'objet
d'étude, ici le passage de l'épisode argumentatif à l'ensemble de l'interaction. Les
paragraphes qui suivent sont consacrés à une illustration du mode de fonctionnement
de ce modèle sur une analyse de cas, une séance d'une “Commission des rapports
locatifs”, commission de conciliation locataires-propriétaires. La séance analysée
s'est tenue le 31 janvier 1984, et sa transcription occupe 48 pages d'une soixantaine
de lignes. Sa durée est de cinquante et une minutes.1
La présentation développera successivement : les conditions d'énonciation,
spécifiques et génériques (§3) ; la méthode d'analyse, fondée sur le relevé des
occurrences des éléments clés de l'argumentation (§4) ; les types et les occurrences
des questions (§5) ; le découpage en séquences de l'interaction et le détail de la
structure de la seconde séquence (§6), et enfin les arguments (§7).
3. Les conditions d'énonciation
A. LES CONDITIONS SPECIFIQUES
— Les contraintes de droit
1 L'enregistrement et la transcription de l'interaction m'ont été communiqués par P. Bange. La transcription est celle de Françoise
Met den Ancxt ; en gros une page de transcription correspond à une minute d'enregistrement. Ce cas a fait l'objet de présentations
partielles (Plantin 1995a, 1995b). Le corpus est disponible ([email protected]).
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Il s'agit des contraintes réglementaires ayant institué ces Commissions, et contribuant
à fixer le “contrat de communication” ; elles stipulent notamment l'impératif légal
d'avoir à signer un procès-verbal constatant la conciliation ou la non conciliation. En
outre, elle déterminent le mode de composition de la Commission, qui réunit les
parties en conflit (ici la locataire (LOC) et le régisseur (RGI)), et les membres de la
commission (4 représentants des locataires (RL), dont le président de la Commission
(PRE) ; 4 représentants des propriétaires, (RP), dont le vice-Président de la
Commission (VIP) ; le secrétariat est tenu par un membre de la DDE (Direction
Départementale de l'Equipement)). Sont encore précisées l'attribution des fonctions
de président et de vice-président, ainsi que l'obligation de justification faite au
plaignant.
— Les contraintes de coutume
Elles sont quasi inexistantes : la Commission, qui en est alors à ses débuts, ne s'est
pas dotée d'un règlement interne. Elle n'a pas établi de procédure de délibération, ou
de code de bonne conduite, et elle ne dispose pas encore d'un corps de précédents.
Point capital : il n'y a pas d'obligation de parole, ni de régulation conventionnelle des
temps et des tours de parole.
— L'image du tribunal, situation de référence et idéal régulateur
Par définition, le “contrat de communication” doit être partagé par les participants à
l'interaction. Il peut cependant se faire que chaque protagoniste ait une certaine vision
de la situation de communication, et agisse en fonction de son propre “contrat de
communication imaginaire”. Ce cas est fréquent dans les situations d'argumentation
polémique, où tous les participants ne sont pas forcément dans le même script, ce qui
entraîne des conflits de représentation de la situation. Dans le cas présent, le
Président en particulier semble chercher à instaurer une relation globale d'autorité
vis-à-vis des parties, alors que le Régisseur s'y dérobe. Le Président semble en effet
trouver dans le tribunal une sorte de situation de référence et d'idéal régulateur, à la
fois par le type de légitimation qu'il suppose, les rapports de pouvoir qui s'y
manifestent et les obligations qui en découlent. Or, sur chacun de ces points, le
fonctionnement de la commission est loin de celle du tribunal (Plantin, 1995a).
B. LES CONDITIONS GENERIQUES
Les conditions génériques sont satisfaites de façon exemplaire : toute l'interaction est
structurée par une succession de questions auxquelles sont apportées, dans un
premier temps, des réponses antagonistes.
Nous avons signalé que le dispositif réglementaire prévoyait une obligation de
justification pour le plaignant : LOC est donc mise d'autorité en position de
Proposant, c'est-à-dire qu'elle a tout simplement à prendre la parole la première. Cette
obligation est satisfaite à minima, et la première séquence argumentative de
l'interaction s'engage en fait avec RGI en position de Proposant. Ces rôles seront
modifiés en fonction des questions introduites dans le débat (cf. infra, §5).
4. Méthode
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Pour les conceptions classiques de l'argumentation, largement construites sur la base
du monologue écrit, l'ordre de succession des arguments est réglé par la vision
stratégique plus ou moins consciente de l'argumentateur. Le rappel des arguments
lors de la conclusion étant mis à part, leur répétition relève plutôt d'une faute de
“disposition”. La situation est totalement différente dans le genre de débat oral
auquel nous avons affaire, où les questions, les arguments et les réponses
(propositions et contre-propositions) sont réitérés. La succession des tours de parole
n'étant pas codifiée, ils se modifient dans l'interaction, en particulier sous la pression
constante du contre-discours. L'objet d'étude étant la dynamique de l'interaction, il
n'est pas question de réunir toutes les occurrences des éléments fondamentaux sous
un même type pour effacer leurs variations. On utilise la notation suivante.
— Les arguments sont notés Arg ou A, suivi de l'indication, en indice, de la nature de
l'argument en question, Ax. Ainsi, l'argument Le régisseur a déjà fait des concessions
sera noté Aconces, à lire l'argument des concessions. En outre, chaque occurrence de
l'argument sera signalée par un numéro correspondant à son ordre d'apparition dans
l'interaction :
A1x désignera la première occurrence de l'argument Ax.
A2x désignera la deuxième occurrence de l'argument Ax, etc.
Nous supposons évidemment qu'il est possible d'identifier un argument unique sous
ses différentes manifestations ; c'est cette forme sous-jacente qui sera appelée Ax –
autrement dit, Ax désigne la classe des occurrences {A1x, A2x… }.
— La même technique est appliquée aux questions, Q1x désignant la première
occurrence de la Question (x), etc. Les réponses à la question principale Qprinc
correspondent à l'affirmation des positions des parties. Pour RGI , il s'agit de
l'affirmation de sa position originelle, notée Prop1rgi, etc ; pour LOC, à une tentative
de déplacement / concession, notée Prop1loc, etc.2
Les propositions de clôtures posiitves ou négatives (conciliation ou non conciliation)
sont notées de la même manière, C1 désignant la première occurrence de la
proposition de clôture (C), etc.
— Conformément au schéma (§2A), on distingue deux composantes du contrediscours d'opposition, les réfutations et les contre-arguments. Les réfutations portent
sur les données argumentatives du discours de Proposition ; elles détruisent leur
orientation argumentative primitive, ou elles réorientent ces données dans un sens
favorable au contre-discours. Les contre-argumentations introduisent et exploitent
des données orientées vers les conclusions du discours d'Opposition.
Les notations utilisées sont les mêmes que précédemment, par exemple, la réfutation
de l'argument des concessions (Aconces) est notée Réf(Aconces) ; si nécessaire, on peut
enregistrer qu'il s'agit de la i-ème occurrence de la réfutation de la j-ème occurrence
de l'argument : ainsi, la troisième occurrence de la réfutation de la seconde
occurrence de Aconces sera notée Réf3(A2conces).
De même, les contre-arguments seront notés Contre-Arg, et leurs occurrences
numérotées comme pour les arguments. Ainsi, Contre-Arg1décret désigne la première
occurrence d'un contre-argument venant soutenir la conclusion les travaux effectués
ne tombent pas dans le cadre du décret.
2 Une première version du tableau des Questions, avec les Réponses / Propositions et Clôtures est présenté dans Plantin, 1995b : 61.
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5. Les questions
A. QUESTION PRINCIPALE
La question principale définit l'enjeu officiel de la rencontre. Ici, il s'agit de la
question portée devant la Commission ; sa formulation générale est la suivante :
RGI : Hausse à 1030 F
= Hausse de 7,03%
Q?
LOC : Hausse de 5,06%
= Hausse à 1008F
Les deux propositions sont construites de façon différente, et ces modes de définition
contribuent à la définition des styles argumentatifs des protagonistes : RGI part de
chiffres absolus, que ses adversaires interprètent en pourcentages ; LOC et ses alliés
partent de pourcentages à partir desquels ils déduisent des montants absolus. Les
égalités mathématiques ne sont pas argumentativement équivalentes. Dans un cas on
discute du cas (de la question particulière), dans l'autre des principes, de la question
générale.
On distinguera plusieurs types de questions argumentatives :
– D'une part, la question principale, qui peut être répétée, avec ou sans modifications.
– D'autre part, la question principale peut aussi engendrer une ou plusieurs autres
questions : les questions dérivées.
– Enfin, des questions non pertinentes – du point de vue de la définition officielle de
l'interaction – peuvent surgir, sans rapport avec la question orientatrice : les questions
déplacées, en conservant l'ambiguïté de l'adjectif.
Il est bien évident que dans une interaction spontanée toutes les formes de
chevauchements, de retours et d'enchâssement entre questions sont possibles. La
ligne générale de développement de l'interaction n'en reste pas moins claire (cf. § 6).
B. QUESTIONS DERIVEES
Les questions dérivées sont des questions dont le traitement apparaît comme
nécessaire dans le cadre du traitement de la question principale. Par exemple, la
question organisatrice de la première séquence argumentative, issue de l'échange
précédent, est une dérivée de la question Qprinc. Il s'agit de la Question du décret,
Qdécret : Est-ce que ces travaux rentrent dans le cadre des décrets ?, qui se manifeste
par un superbe antagonisme discursif3 :
PRE est-ce que ces travaux rent- dans l=cadre des décrets’
RGI
nous c'est tout
ah oui oui
oui oui oui
PRE l'amélioration des abords non
non
RGI je m'excuse mais oui
je pense que si’
PRE
non
non'
non non non'
3 Transcription en portée ; ‘:’ : allongement ; ‘◊’ : pause ; ‘'’ : intonation montante ; ‘,’ : intonation descendante. La transcription
tient compte des chevauchements. Les italiques sont utilisées pour faciliter la lecture. La notation [ab,cd] renvoie à la transcription, et
désigne un passage qui commence page ab, ligne cd ; [ab,cd —> ef,gh] désigne un passage qui commence page ab, ligne cd et se
termine page ef ligne gh].
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RGI
enfin je pense que si’◊
[02,11]
La question Q était introduite sous forme d'exposé du problème ; ici, la question Qd
est énoncée par le Président avant d'être rejouée sous forme de contradiction
discursive. Schématiquement :
si!!
Les travaux t sont de type T
Qd
Non!!
Absolument
pas!!
C. QUESTIONS DEPLACEES
Les questions déplacées n'ont pas de lien avec la question principale. Dans cette
interaction, elles organisent deux sous-séquences. Exemple : Qcharges, la Question des
charges : Y a-t-il eu des charges abusivement réclamées par le Régisseur ? Cette
question est introduite en [18,22 —>18,45] et traitée en [22,09—> 25,10]. C'est une
question déplacée de nature explicative : on est dans le domaine du malentendu dont
on se sort par une clarification ou une explication.
Parler de question déplacée ne signifie pas que la séquence qu'elle organise ne joue
aucun rôle dans l'interaction : par exemple la séquence Qcharges est introduite par RGI
, alors qu'il vient presque de perdre la face après un échange “chaud” avec PRE.
6. La succession des séquences
Les critères pris en compte ici (questions, arguments, réponses, clôture) découpent
l'interaction en trois séquences argumentatives.
A. SEQUENCE 1, ORIENTEE PAR DEUX QUESTION DERIVEES
La première séquence [1 —> 15] est orientée par deux questions dérivées, Qdécret et
par Qdate
— Détermination du statut de la question, transformation de la question explicative
en question argumentative.
— Sous-séquence 1 : L'argument des travaux, orienté par Qdécret, la question du
décret.
— Sous-séquence 2 : L'argument de la date, orienté par Qdate, la question de la date
d'application de l'augmentation. Cette argumentation se résout en explication.
B. SEQUENCE 2, ORIENTEE PAR LA QUESTION PRINCIPALE
La seconde séquence [15 —> 38] est orientée par la question argumentative
fondamentale, Q0. Elle se laisse diviser en trois sous-séquences, correspondant à la
construction des réponses.
— Sous-séquence 1 [15 —> 20 ] : RGI construit sa réponse, qui réitère sa Proposition
originelle, (“1030F”), par une argumentation (de type épidictique). Cette
réponse est donnée rapidement, et réitérée ; il s'ensuit que la charge du
mouvement pèse sur LOC.
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— Sous-séquence 2 [20 —> 32] : LOC construit sa réponse, qui intervient tardivement
[31,46]. Pendant tout ce temps, elle est vulnérable aux arguments sur les
circonstances tendant à mettre en cause légitimité de l'interaction. Elle
propose finalement une transaction, qui est refusée et tournée en ridicule.
Les sous-séquences 1 et 2 s'articulent donc comme suit.
Première sous-séquence!: [15 —> 21]
Construction de la réponse de RGI!:
JE RESTE À 1030
Question Q!:
MOI J= VOUS POSE
LA QUESTION
Seconde sous-séquence!:
[21—>31]
Construction de la réponse de LOC!:
ON TRANCHE LA
POIRE EN DEUX
— La sous-séquence 3 [32 —> 38] : c'est une séquence intermédiaire en quelque
sorte entre le dire et le faire, entre l'énoncé de la décision (y a pas
conciliation) et la signature du constat de non-conciliation. Elle est
caractérisée par l'introduction d'un nouvel argument (Aconces) et un retour sur
la question des travaux. L'interaction va nettement vers une clôture sur un
constat de non conciliation :
PRE
bon on constate heu non conciliation note les positions [38,21]
C. RELANCE ET CONCILIATION
La dernière séquence [38 —> 48] est marquée par un changement du “schéma
participationnel” de l'interaction”, qui fait qu'on pourrait parler d'une nouvelle
interaction. Au moment où les parties s'apprêtent à signer le constat de non
conciliation, surgit le mari de la Locataire. Cette dernière séquence résume pour le
nouveau venu les échanges précédents. L'interaction est relancée sur les mêmes
arguments, et les conclusions sortent inversées (voir Plantin 1995a).
7. Dynamique des argumentations
Les arguments sont rapportés à la partie qui les avance. Un argument caractérisé par
sa polyorientation a été traité à part, “l'argument du Tiers” Pour vingt francs. Les
arguments du côté RGI sont présentés d'abord, puis ceux du côté LOC. Conformément
au modèle utilisé, les réfutations menées par l'Opposant sont rattachées aux différents
arguments, et les contre-arguments aux questions qui les suscitent. Chaque famille
d'arguments est illustrée d'un exemple. Si certaines données ont parfois dû être
comprimées et les commentaires abrégés, l'inventaire des arguments vise à
l'exhaustivité.
A. LES ARGUMENTS DE LA PARTIE RGI
RGI utilise une large gamme d'arguments :
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— Arguments fondés sur les données matérielles du débat (§A1)
• L'argument officiel de l'interaction Adécr, l'argument du décret.
Cet argument construit une réponse à la question Qdécret. Autour de cet argument les
parties se livrent à une reconstruction conflictuelle de l'objet t “les travaux” et du
texte T, “le décret”. D'autres arguments appuient la proposition de RGI de façon plus
générale :
• Aprop : Les propriétaires ont payé
• Aaugm : Tout augmente, hélas
• Aappart : Qu'on aille en chercher des appartements, des F3 [à ce prix là].
Dans quelle mesure la ou les conclusions visées par ces arguments construisent-elles
une réponse à la question Qprinc ? La seule conclusion des arguments ici présentés
doit être quelque chose comme < nécessité d'une augmentation forte >, < légitimité
d'une augmentation dépassant le montant légal > ; mais le montant précis de
l'augmentation n'est jamais justifié : pourquoi 1030F et pas 1040F ? Les positions
argumentatives sont binaires, “+ vs –” ; l'un argumente pour le “plus” et l'autre pour
le “moins” ; à la limite, la négociation porte sur une pure différence, donc une
question et un enjeu symboliques.
— Arguments fondés sur les personnes et leurs actes dans et hors de
l'interaction (§A2)
RGI justifie sa position en mettant en avant sa personne dans une narration
argumentative de l'histoire argumentative qu'il a eue avec LOC.
• Amoi : Ça fait trente-deux ans que je suis administrateur de biens
• Aelle : Elle ne vous a pas tout dit.
De même que Adécret est fondé sur une construction des objets, Amoi et Aelle, la
narration du conflit, permet de construire une image des personnes en conflit,
positivement (Amoi), ou négativement (Aelle).
— Arguments fondés sur les circonstances et les règles de l'interaction (§A3)
Ces arguments ont évidemment un statut à part, puisqu'ils font référence non pas au
fond, mais aux circonstances du débat : règles, durée, décision prise. Un argument
est fondé sur une règle de base de toute négociation « Faites des concessions ! » :
• Aconces : Le régisseur a fait des concessions.
Deux arguments indépendants tendant à rendre illégitime (la poursuite de)
l'interaction sont fondés sur les circonstances de temps :
• Atps : On perd son temps
• Apers : Nous faisons attendre des personnes.
Une chaîne d'arguments, amorcée par l'annonce d'une clôture négative, va jusqu'à la
menace :
• Anon-c, : Y a pas conciliation ;
• Atribunal : J'irai au tribunal ;
• Amen, : Nous nous reverrons.
Pris dans leur contexte, tous ces arguments agissent contre LOC, dans le sens de la
Proposition, “Acceptez les 1030F”.
A1. Arguments fondés sur les objets matériels du débat
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Prenons pour exemple de cette famille d'arguments l'argument Adécr : le décret
autorise une augmentation. Cet argument constitue l'argument officiel de l'échange.
Il est avancé par le Régisseur et par ses alliés. Il est régulièrement contré par les
représentants des locataires, notamment PRE. Cet ensemble d'argumentations, de
réfutations et de contre-argumentations définit la première séquence de l'interaction.
Elle se termine par un blocage, auquel mettra fin une intervention d'un membre de la
commission (cf. Plantin, 1995a : 128).
— Les occurrences de l'argument
Les interventions autour du décret s'organisent autour de la déduction suivante :
(a) Des travaux t ont été effectués dans votre immeuble
(b) En vertu du décret N°…, des travaux de type T autorisent une augmentation de loyer supplémentaire
(c) Les travaux t sont du type T
—
Donc votre loyer sera augmenté
On a affaire ici à une discussion classique autour de la catégorisation argumentative
d'un objet, tombant dans le cadre général des argumentations par la définition
(Plantin, 1990 : 225 ; 1996 : 52). (a) et (b) étant incontestés, l'argumentation n'admet
de prise que sur la catégorisation des travaux t, ce qui donne naissance à la question
dérivée Qd : les travaux t sont-ils du type T ? (cette situation argumentative est
schématisée au § 5B). Le côté RGI, dans le rôle de Proposant, avance le couples T-t
suivants : (T = l'équipement de l'immeuble, t = un jardin) ; (T = la sécurité de
l'immeuble, t = des excavations comblées) ; (T = l'équipement de l'immeuble, t = un
terrain amélioré). La stratégie argumentative globale de RGI se lit ainsi d'abord dans
les variations des descriptions de t. Les réfutations et les contre-argumentations qui
lui répondent partent plutôt du type T lui-même.
La seule Question Qd organise toute la séquence [01,48—>09,51], séquence sans
doute la plus structurée de l'interaction, où l'argument compte six occurrences.
A1décret RGI
y a eu quand même des frais ◊ en c=qui concerne les abords de l'immeuble 01,48
A2décret RGI
j'avais essayé de tomber d'accord avec Monsieur et Madame LOC‘ à un 02,55
chiffre‘ ◊ légèrement submen- supérieur’ ◊ à celui d=l'application d=la loi
compte tenu si v=voulez d=l'aménagement’ ◊ de ceci et de cela.
A3décret VIP
VIP
le décret vise l'équipement en général donc heu: fff une 03,47
amélioration d=jardin c'est bien ◊
RGI
RGI
c'est l'équipement j=suis d'accord' monsieur
A4décret RGI
madame ne peut pas l=contester’ y avait disons des trottoirs’ c'était plus 05,05
des trottoirs y avait eu des gros travaux d'aménagement’ d=construction
d'immeubles voisins’ ◊ et y avait des excavations tout ceci a été r=mis en
ordre bien entendu’ pour la sécurité” la sécurité’’ ◊ des gens qui pénètrent’
des locataires de l'immeuble alors tout ça c'est incontestable’ madame
A5décret RGI
c'est pas les c'est les chaussées’ les chaussées c'est aut-chose’ les 07,12
chaussées elles étaient’ les chaussau ssées sau sées entre l'immeuble qui
est ici […] et disons si v=voulez et disons la chaussée vous avez un espace
qui a été amélioré là là là
A6décret VIP
VIP
6/02/14 — 20:07
y a deux choses à: regarder c'est d'une part, la chaussée elle même 08,17
qui donne accès au bâtiment ◊ et au terrain qui s=trouve à côté d=la
chaussée ◊◊ alors si j=comprends bien' ◊ c'est du terrain qui est à
côté =la chaussée ◊ qui a été amélioré également
11
RGI
exactement monsieur
RGI
Bien que A1 ne mentionne pas le décret, on peut cependant faire l'hypothèse que cet
argument doit être interprété contextuellement, en relation avec le décret, dont tous
les partenaires connaissent l'existence. Si on rejette cette hypothèse, il faut considérer
qu'on a affaire à un argument à part, Atrav, l'argument des travaux, qui se précisera en
Adécret, l'argument les travaux entrent dans le décret.
— Les réfutations et l'évolution argumentative de la description
Le texte de référence, le décret, est d'abord mentionné de façon informelle, puis lu
comme suit par le Vice-Président, VIP :
VIP
et bien le décret dit en cas d=renouvellement ◊ pour les
logements dans lesquels les travaux tendant à améliorer le
confort la sécurité l'équipement la qualité thermique ou
phonique’ sont réalisés [04,38]
• Les occurrences A1 et A2 mettent en place l'argument, sous la forme : t = “[travaux
sur] les abords”, “l'aménagement de ceci et cela”. Les descriptions données par RGI
vont évoluer sous la pression du contre-discours.
A1 est immédiatement rejeté par PRE:
Réf1 (A1décret) PRE
l'amélioration des abords' non
Réf2
(A1décret)
mais moi j=pense pas que des travaux des abords tels que vous 03,30
l'avez annoncé'
PRE
02,14
Les occurrences A3 et A4 s'efforcent de “faire rentrer les travaux dans le décret” en
redécrivant ces travaux de façon plus spécifique.
• Dans A3, VIP propose la formulation (T = l'équipement, t = un jardin). Cette
description ne joue pas son rôle, autrement dit , sous la forme de jardin, personne ne
“fait rentrer les travaux dans le décret”. Sous cette formulation, l'argument n'a pas un
grand avenir, mais il reparaîtra cependant (cf infra, § Retour à la contradiction
simple) comme un quasi-citation dans la bouche de PRE :
PRE e- e- à à vous entendre i- faudrait qu'on s=déplace pour aller voir
les les-e: pour aller voir les plantations’ [28,52]
• Cette première tentative ratée, on passe avec A4 du jardin aux trottoirs. RGI
sélectionne le mot sécurité dans le décret, et propose le couple (T = la sécurité, t =
des excavations comblées). L'argument A4 de la remise en ordre des trottoirs est
renforcé par des argumentations subordonnées “y avait disons des trottoirs’ c'était
plus des trottoirs” et “y a eu des accidents” :
RGI
c=la a été réalisé parce disons y a eu des accidents
[5,38]
RGI cherche à faire coïncider la description des travaux et la lettre du décret. Sa
stratégie construisant très négativement l'image de l'immeuble avant les travaux est
claire, elle lui permet de valoriser les travaux effectués. Sur ce thème, la riposte de
PRE est décisive. Réfuté, RGI ne reparlera plus des accidents.
Réf1 (A4décret) PRE
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là j=constate que c'est pas du tout =même problème que vous exposez' ◊ 05,55
c'est qu'un propriétaire i-doit quand même donner' ◊ la possibilité d'un
12
accès normal à son logement' ◊ et vous parlez d'amélioration' alors qu'il y
avait des trous' ◊ et : vous avez amélioré moi j=s=suis pas d'accord avec
ça' c'est p- pour moi c'est pas une amélioration
Réf2 (A4décret) PRE
c'est tout à fait norma que des des: l'accès des chaussées ◊ elle soient 07,01
accessibles pour les locataires sans trous' moi je ◊ euh on appelle pas ça
une amélioration moi j=trouve ça' euh euh un- un-
Réf3 (A4décret) PRE
il a été simplement mis en état d'habitabilité ◊ selon les charges du 08,05
propriétaire' normalement
RGI étant réfuté par PRE sur ce sous-argument, la régression descriptive manifeste de
A5 peut être attribuée à l'efficacité de cette réfutation.
• La relance A6 vient de VIP, très efficace allié, qui s'en tient au terme général tiré du
décret, l'équipement. [03,47 ; 04,01]. Sous cette troisième forme (T = l'équipement, t
= un terrain amélioré) l'argument est réfuté par PRE à partir du mot terrain :
Réf1 (Adécret)
PRE
mais qui était en terrain vague' et qui n'a jamais
08,31
Mais RGI retourne cette réfutation :
Réf1 [Réf1 (A6décret)] PRE
ah non' non' non' l'immeuble il a dix-huit ans m=sieur il est pas en 08,34
terrain vague' allons ◊ dix neuf anx non non faut pas exagérer'
c'était pas l=no mans's land' hein ◊ ttention hein ◊ non non' soyons
logiques' hein
PRE résume ainsi sa série de réfutations :
Réf4 (Adécret)
PRE
je pense que: i- i: i- nous f=ra pas la démonstration aujourd'hui qu'il a le 28,27
droitd'augmenter' pour une amélioration des espaces extérieurs
— La contre-argumentation
Le PRE et les autres représentants des locatairs ne se contentent pas de réfuter les
arguments de RGI et de ses alliés. Ils proposent une contre-argumentation faisant
porter le décret sur les travaux faits dans l'appartement ; dans le local ; dans le
logement. Les travaux d'isolation sont présentés comme le prototype des travaux
permettant un dépassement du taux maximum légal d'augmentation. De ce point de
vue, T = [équipement] de l'appartement , t prototypique = des travaux d'isolation).
Contre-A1décret PRE [mais moi j=pense pas que des travaux des abords tels que vous 03,30
l'avez annoncé'] à moins que vous rectifiez et puis qu=vous
m=disiez 04,45 y a des travaux d'isolation thermique ou des
choses comme ça
Contre-A2décret RL
les travaux doivent porter le local à un niveau minimum de 04,09
qualité thermique
Contre-A3décret PRE et ben l'équipement l'équipement du logement
04,45
Contre-A4décret PRE ah oui' mais c'est l'équipement du logement' hein c'est pas 04,54
l'équipement heu pas l'équipement ◊ ah oui' oui oui
Contre-A5décret PRE PRE les problèmes de d'amélioration ' i-sont conçus
RL
◊ isolation thermique' isolation phonique' et amélioration
dans le logement
PRE du logement c=à-dire am-amélioration d=la qualité' ◊ de:
6/02/14 — 20:07
13
09,04
RL
des:
de l'appartement
de l'appartement'
— Retour à la contradiction simple
Au terme de la première sous-séquence, aucun accord n'a émergé ni n'émergera sur
ce point. Cela n'empêchera pas la Question de refaire surface de façon sporadique,
mais lorsque la question du décret et des travaux resurgit, c'est sous la forme d'une
pure et simple confrontation de discours ; un cycle argumentatif s'est accompli (cf.
§2A schéma). PRE et RGI réaffirment leurs positions, dans un épisode de
confrontation tranchée dans la sous-séquence 2,3 [36,26—>38,08], par exemple :
RL1 la loi dit' pour des logements dans lesquels FORT dans lesquels
des travaux tendant à améliorer le confort, la sécurité
l'équipement, les qualités thermiques ont été réalisés ◊
je suis certain qu-le tribunal vous donnera tort monsieur
RGI
monsieur je regrette votre position là-dessus est contraire au
décret
[36,37]
La question essentielle Qdécret ne sera donc pas tranchée, et, au terme de l'interaction,
PRE ne pourra qu'exposer, encore une fois, les termes de la contradiction au Mari de
la locataire, survenu sur ces entrefaites :
PRE mais disons clairement y a les locataires ici qui disent que le les
travaux qui sont faits sur des trottoirs et des améliorations
d'accès de l'immeuble ne concernent pas l'amélioration et tous les
locataires ici le disent maintenant y a deux propriétaires ici qui
disent que on peut augmenter plus parce que le décret il dit qu'y a
euh une amélioration
[39,13]
A2. Arguments sur les personnes et leurs actes
La représentation des personnes et de leurs actes dans le conflit originel est faite au
cours d'une narration orientée argumentativement. La construction des référents
personnels et les prédications sur les personnes du conflit originel par RGI sont faites
selon l'opposition classique éloges / reproches.
— L'argument Amoi : ça fait trente deux ans que je suis administrateur
A1moi RGI
j'étais en excellents termes avec monsieur loc' que j=connaissais' tout s'était 16,31
très bien passé jusqu'à maintenant, d'ailleurs j=dois vous l=dire messieurs ◊
mesdames et messieurs' ◊ que ça fait trente deux ans n'est-ce pas que je suis
administrateur d=biens c'est la première fois évidemment y a pas longtemps
qu'elle a été constituée' ◊ c'est la première fois qu=j=suis obligé disons de
débattre un dilemme semblable ◊ j'ai toujours eu des accords avec tous mes
locataires et je peux vous apporter des témoignages
A2moi RGI
elle me conteste pas que j'ai dit qu'il y eu une erreur d=ma s=crétaire' ◊ et à 17,31
c=moment là bon j'ai dit ben vu les exellents les termes dans lesquels je suis
avec monsieur loc' quand nous nous verrons pour mettre les choses au point' ◊
à c=moment là je re- je lui expliquerai et nous reviendrons à un sentiment
meilleur
— L'argument Aelle : elle a oublié certaines choses
A1elle
RGI
dont madame loc monsieur loc ne vous a pas parlé
01, 52
A2elle
RGI
heu: dans le la lettre cque madame loc a oublié de dire
02,40
A3elle
RGI
après une inondation de lettres recommandées' tout un tas de choses que 17,43
j=veux pas soulever ici pour pas vous faire perdre vot-temps' ◊ c'est tout
6/02/14 — 20:07
14
juste disons si on m=traite pas d=voleur ◊ alors que
A4elle
RGI
oh mais elle a oublié certaines choses
28,30
A5elle
RGI
c=que je savais très bien' qu=vous arriveriez à m=traîner ici
19,20
Ce type d'arguments introduit des émotions typiques de l'interaction argumentative,
celles de la dispute. On voit en outre que le système classique de la politesse
(Kerbrat-Orecchioni, 1994) dans la conversation quotidienne subit des
transformations systématiques dans ce type de situations (Plantin 1995b).
— Réfutations et contre-argumentations
LOC construit des portraits symétriques :
Contre-A1 lui LOC
dès qu'on essaye de discuter' vous dites non non c'est comme ça' je
21,39
n=descends pas en d=sous la loi on en fait c=qu'on en veut c'est
exactement c=que vous avez cité ◊ comment voulez-vous qu'on s'y
retrouve nous
LOC se construit indirectement un éthos victimal en se mettant continuellement en
position basse dans la construction de sa plainte (voir infra § 7C).
A3. Arguments sur les règles et les circonstances de l'interaction
Nous prendrons pour exemple l'argument des erreurs - concessions. Il est introduit
dans l'interaction de façon remarquable, car il réinterprète comme concession ce qui
avait été d'abord présenté comme une erreur – on peut y voir une illustration du
passage fois de l'explicatif à l'argumentatif :
– Erreur :
RGI
PRE
RGI
LOC
quand monsieur et madame LOC sont v=nus m=voir je leur ai dit
y a eu une erreur si v=voulez d=ma s=crétaire qui a d=mandé un
taux trop élevé
nous sommes d'accord là d=ssus
oui
vous ne voulez pas pouvez pas l=nier
bon
non'
effectivement
[02,46]
RGI
elle me conteste pas que je dis qu'y a eu une erreur si vous
voulez de ma secrétaire [17,31]
– Concession : VIP réinterprète donc comme concession ces deux reconnaissances
d'erreur ; l'argument n'est pas relevé lorsqu'il est présenté par le Vice-président (A1) ;
PRE le contrera lorsqu'il sera présenté par RGI (A3). On notera la remarquable
formulation transitionnelle A2.
A1conces VIP
Monsieur RGI a fait une grosse concession
A2conces RGI
comme dit Monsieur j'ai quand même fait un gros effort […] tout en tenant compte 33,53
bien sûr qu'il y a eu une erreur disons de ma secrétaire ça c'est un fait incontestable
je vous l'ai dit alors mille trente quand même je crois qu'il faut pas
A3conces RGI
bon ben les concessions d'accord mais y a des limites
33,16
36,14
Fait remarquable : la concession de LOC ne sera jamais prise en considération (cf. §
7C3)
6/02/14 — 20:07
15
B. L'ARGUMENT DU TIERS : AMIN, POUR VINGT FRANCS
La minoration de l'objet du différend constitue l'argument de la somme minime, Amin,
Pour vingt francs. Cet argument compte 10 occurrences, orientées vers une riche
famille de conclusions :
A1min
RP
la discussion a l'air de porter sur une somme extrêmement minime […] bon est-ce qu'on
va RIT discuter encore longtemps pour vingt francs
21,12,
A2min
LOC alors j=reconnais que : c'était des sommes qui ne=sont p=t etre pas très importantes mais
quand vous arrivez et que finalement ben
21,52
A3min
RP
Je constate d'autre part que les écarts sont tellement faibles ◊ hein que: je pense qu'on
peut quand même trouver une conciliation euh ◊ entre les parties
26,01
A4min
RGI c'est pas ça’ je dis qu=monsieur pour vingt pour vingt francs’ dix huit francs d'écart
27,32
A5min
LOC Effectivement, j-=reconnais que c'est des sommes qui sont minimes si v=voulez je
trouve que c'est: c'était quand même très difficile de d'avoir un jugement alors que on
n'obtenait aucune réponse
30,48
A6min
LOC bon moi j=veux bien essayer de concilier effectivement’ je veux pas m=bagarrer pour
euh pour quelques francs ◊ mais à c=moment là si faut concilier’ je refuse heu les mille
trente francs je voudrais qu'on descende encore ◊◊◊ je suis désolée
31,31
A7min
RGI ne discutons pas écoutez on- on discute on amuse ces messieurs-dames pour dix francs
32,12
A8min
RP
A9min
RGI mais enfin écoutez ces messieurs -dames on peut pas les déplacer pour faire une
augmentation disons pour dix francs c'est ridicule ça madame
A10min RP
vous allez pas aller au tribunal pour quinze francs
est-ce que i=vaut le coup de plaider pour dix francs y a quand même cet aspect’ contre
lequel on doit vous mettre en garde’ à savoir le prix d'une plaidoirie
36,10
37,39
41,32
Cet argument est introduit par un RP et exploité par les RP et RGI. LOC reconnaît
l'argument (A2 ; A5 ; A6), qui est fondé sur une donnée indiscutable : la différence
entre la Proposition, 1030F, et la Contre-proposition, 1008F, telle que nous la livre
l'arithmétique naturelle, est de 22 F. A partir de cette différence, on n'argumente plus
selon les axes Proposition / Contre-Proposition orientés par la question, mais en
minorant la différence, manœuvre où, après Ducrot, on s'accorde à voir une
orientation vers la conclusion “la différence n'existe pas”. A priori, cet argument pèse
sur les deux parties, dans le sens d'une conclusion comme “Finissez-en !” ; c'est sans
doute le sens de A1, de A3 et de A8. Il peut être conçu comme un argument en faveur
de la conciliation, c'est en ce sens qu'il constitue “l'argument du Tiers”.
Mais, dans l'interaction, il peut recevoir d'autres orientations, et c'est contre LOC qu'il
pèse le plus lourdement. En effet, nier l'existence du différend, c'est nier la légitimité
du recours dont LOC a pris l'initiative, d'où, en se laissant aller dans le sens de la
“pente glissante”, nier le sérieux de l'interaction, la légitimité de l'interaction, voire le
sérieux de la Commission. Dans la terminologie classique de la théorie des stases, on
dirait qu'on a là une argumentation tendant à soutenir une objection, mettant en cause
la légitimité de la procédure.
Cette interprétation est renforcée si on la contextualise. L'argument apparaît dans
l'interaction, à l'articulation des sous-séquences 2,1 et 2,2, au moment où RGI a
réaffirmé sa position, alors que LOC commence à construire sa réponse. Si, dans la
bouche de RP, l'argument de minimisation était adressé aux parties et allait dans le
sens de la conclusion “il faut en finir”, dans la bouche de RGI , dans la mesure où il a
fixé sa position, il s'agit d'un argument tendant à faire céder LOC. Autrement
6/02/14 — 20:07
16
dit : Pour 20F, on se concilie ; comme je ne bouge pas, vous acceptez ma proposition,
et ces vingt francs, vous me les donnez.
Trois stratégies contre-argumentatives sont mises en œuvre par la partie LOC.
— En A5min LOC admet l'argument dans une construction “Amin, mais Ajust” (cf
infra). La réfutation est simple ; à A5min qui délégitime l'interaction LOC réplique par
Ajust, contre-argument qui la relégitime.
— L'occurrence A4 déclenche un second contre-argument. Pour enrayer la
mécanique interactive, PRE tente une contre-argumentation logique :
PRE
mais oui mais c'est pour vous hein, moi j=m'excuse hein vous
êtes en train de vous allez é- é- et pour madame alors heu pour
dix huit francs d'écart elle a le même raisonnement’ ◊ écoutez
[27,37]
mais cette symétrie des positions n'existe qu'en logique pure, pas dans le domaine des
interactions argumentatives, où les positions sont toujours asymétriques.
— La minimisation n'opère que sur des valeurs absolue, jamais n'apparaît la
formulation “pour 2%”. Il est donc possible de contrer Amin en ramenant la question
sur le plan des “principes”, c'est-à-dire en s'opposant à la dérivation de la question
spécifique à partir de la question générique :
RL
je pense qu'y a une y a une y a une question de principe et de
fond heu qui qui qui est en cause
[27,45]
L'enjeu est la question elle-même ; la question “7,03%, c'est-à-dire 1030F vs 5,62%,
c'est-à-dire 1008 F” éclate en deux questions bien distinctes, la question générique
“7,03% vs 5,62%” et la question spécifique “1030 F vs 1008 F”. L'astuce du
représentant des propriétaires est d'avoir su opportunément faire dériver la question
générique, qui restait ouverte, vers la question spécifique, qui, de par sa nature, ouvre
sur les circonstances de l'interaction et rend possibles toutes les formes de
manipulations.
C. LES ARGUMENTS DE LA PARTIE LOC
La même style d'analyse s'applique à l'autre partie, à la différence que PRE, allié de
LOC, mène essentiellement une activité réfutatrice, dirigée contre RGI (ses
interventions dans le rôle d'Opposant, analysées précédemment, ne sont pas reprises
ici). LOC avance un argument qui lui est bien personnel, qu'elle répète, et qui donne
peut-être le sens de cette interaction : c'est As, l'argument On a jamais eu une seule
explication, on a eu un mur de silence. Elle en tire argument à neuf reprises. C'est un
argument qui tend puissamment à relégitimer l'interaction (cf. 31,05). Il compte dix
occurrences :
A1justif
LOC
on a jamais eu une seule explication
A2justif
PRE
et effectivement vous avez jamais signalé … le décret vous en fait 19,48
obligation
A3justif
LOC
à chaque fois on a eu un mur de silence
20,28
A4justif
LOC
vous n'avez justifié jamais rien dit qui nous expliquait pourquoi
21,31
A5justif
LOC
quand on vous a demandé euh les pourquoi vous augmentiez vous n'avez 30,33
jamais parlé de ces travaux
6/02/14 — 20:07
17
19,15
A6justif
LOC
alors que on obtenait’ aucune réponse de la part de: Monsieur RGI
30,53
A7justif
LOC
on a fait cette démarche parce qu'on avait plus du tout aucun recours
31,05
A8justif
LOC
quand on se retrouve euh buté à un mur comme ça où personne vous 31,16
explique rien
A9justif
LOC
dans la mesure où vous posez une question on vous répond pas bon ben à 32,27
la fin
A10justif LOC
la: descente qui a été faite a été faite si v=voulez sans justifier sans rien
33,29
C'est un argument qui fait référence à “l'histoire argumentative” entre RGI et LOC, et
qui permet à la locataire de relégitimer l'interaction. Ce reproche est fondé sur une
règle de politesse de l'interaction ordinaire, “Donnez des justifications” qui n'a pas été
respectée par le Régisseur. Ce mode d'argumentation constitue l'essentiel des
interventions de LOC. RGI et ses alliés ne le contestent pas. L'argument est enregistré,
mais, si l'on peut dire, il tombe à plat et ne parvient pas à orienter l'interaction (il
n'organise aucune séquence argumentative) comme le montrent les seuls
enchaînements qu'il provoque :
LOC alors que on obtenait’ aucune réponse de la part de: Monsieur
RGI
PRE oui ça on comprend on de on l=sait on a l'habitude’ BAS nous
ici
[30,53]
VIP
on en est bien conscients’
[33,40]
Quant à RGI, il rejette simplement A9 :
RGI
c'est pas vrai madame, ne dites pas ça: ne dites pas ça
[32, 37]
8. Conclusions
A/ BILAN DES ARGUMENTATIONS
Le bilan des argumentations apparaît largement favorable à RGI et ses alliés. A priori,
on pourrait en conclure qu'il est donc normal qu'il ait fini par l'emporter aussi sur le
plan matériel. Mais cette conclusion est sans doute trop rapide, et l'enjeu officiel de
l'interaction, le montant du loyer, peut en cacher – à peine – un autre : il semble bien
que LOC, dans son style plaintif, veut avant tout que RGI lui rende raison de son mur
de silence. C'est probablement là qu'est sa revendication, certainement plus que dans
le désir de limitation de l'augmentation. Et satisfaction lui est donnée par le seul fait
que la commission se réunisse et débatte de ce point. (Plantin, 1995a).
B/ SUR L 'INTERACTION ARGUMENTATIVE
On dit souvent que l'argumentation a pour fonction de persuader, de changer les
systèmes de croyances déterminant les actions. Le cas présent montre qu'elle est
parfois un moyen sinon faible, du moins étonnamment indirect, pour atteindre ce but.
La décision est prise alors qu'aucun signe de changement de croyance n'est repérable
de façon assurée. L'impact des arguments sur le dire ou le faire semble s'effectuer ici
bien en-deçà, ou au-delà, de toute problématique des croyances et des
convictions. C'est d'ailleurs peut-être à partir de telles constatations que naît le désir
6/02/14 — 20:07
18
d'imposer des normes à l'interaction, afin de lier explicitement paroles échangées et
décision prise. Les conclusions visées par les arguments sont une chose, la décision
réellement prise en est une autre ; la théorie de l'argumentation proposée ici n'est pas
une théorie de la décision.
Pour décrire l'argumentation dans une interaction développée, il faut composer avec
de nombreuses difficultés, d'abord matérielles : importance du corpus qu'il n'est pas
possible de reproduire matériellement dans son intégralité, et, si cela était possible,
aridité de la lecture (il se peut d'ailleurs que le support papier ne soit pas le mieux
adapté) ; difficulté ensuite pour présenter de façon synthétique une recherche
multidimensionnelle : l'étude de la 3e séquence n'a pas été présentée ; nous n'avons
pas repris l'étude des fonctions des acteurs (Plantin 1995a), ni celle sur les
transformations, ou les adaptations, du système de la politesse dans l'interaction
argumentative (Plantin 1995b). C'est que, dans cette ébauche de description
systématique d'un cas complexe, nous voulions mettre l'accent sur les grands faits de
structure argumentative, qui mettent en place les séquences “micro” et conditionnent
leur étude. Les concepts et les méthodes classiques de l'analyse argumentative se sont
montrés efficaces pour l'étude de brefs épisodes : paires d'énoncés, fragments de
textes écrits ou d'interactions. Notre but ici a été de présenter un modèle permettant
d'enchâsser ces motifs argumentatif dans le tissu interactif qui leur donne sens.
Références
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