"Regards sur Plombières" - Samedi 14 juin à Plombières-les

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Résumés des interventions de la journée "Regards sur
Plombières" - Samedi 14 juin à Plombières-les-Bains
* L’évolution de Plombières à l’époque moderne et contemporaine (histoire,
urbanisme). Architecture d’une ville thermale : les clefs de lecture.
par Mireille Bouvet, Directeur du service régional de l’Inventaire du Patrimoine
culturel
* Plombières dans la vie et dans l’œuvre du peintre Louis Français (1814-1897)
par Pierre Heili, Société d’histoire de Remiremont et de sa région
* Plombières au travers des aquarelles d’Amé Jacquot par Nicole Nappée,
Membre de la Société d’Art et de d’Histoire de Plombières-les-Bains
« Regards sur Plombières »
14 juin 2014
L'évolution de Plombières à l'époque moderne et contemporaine
(histoire, urbanisme)
Architecture d'une ville thermale : les clefs de lecture
Mireille-Bénédicte Bouvet, Directeur du service Régional de l’Inventaire - Nancy
Plombières-les-Bains est située au sud du massif vosgien, dans la vallée de l’Augronne, un affluent de la
Semouse appartenant au bassin hydrographique de la Saône. L’activité humaine s’y est installée depuis
l’Antiquité autour du thermalisme. L’histoire du lieu est rendue complexe du fait de cette situation aux
limites de la Lorraine et de la Franche-Comté : si le développement de la ville est du au soutien des ducs de
Lorraine et à l’action du chapitre de Remiremont, la vie religieuse longtemps organisée au sein de la
paroisse du Val d’Ajol relevait de l’archidiocèse de Besançon et l’activité économique liée à l’exploitation
de la forêt et des usines papetières et métallurgiques était davantage tournée vers les marchés franc-comtois.
Au 19e siècle, bien que située dans le département des Vosges, Plombières vit arriver le chemin de fer du
sud, par Luxeuil et Aillevillers.
L’activité thermale qui a fait la renommée de la ville, est attestée depuis l’Antiquité comme dans les cités
proches de Bains-les-Bains, Luxeuil (70) et Bourbonne-les-Bains (52). Elle provient de l’abondance des
sources aux températures variées (de 9° à 82°) et aux vertus diversifiées (maladies de l’appareil digestif,
gynécologie, rhumatologie). La situation géologique particulière explique cette richesse : une couche de
grès recouvre un socle granitique abondamment faillé d’où proviennent diverses émergences à des débits
différents.
À la période romaine, peut-être dès le Haut-Empire, le cours de l’Augronne a été canalisé et dévié afin
d’améliorer les émergences thermales situées au-dessous et d’éviter les mélanges des diverses catégories
d’eaux. Il subsiste aujourd’hui d’importants vestiges de ces aménagements souterrains. De la ville
médiévale dont les archives attestent le maintien de l’activité thermale, il ne reste aujourd’hui que quelques
éléments de statuaire religieuse conservés dans l’église et à l’hôpital.
L’information est plus abondante pour la période moderne, mais aucune trace architecturale ne subsiste des
bains tels que Montaigne les a connus lors de son voyage de 1580. Il faut attendre le début du 18e siècle et
l’intervention du duc Léopold pour pouvoir disposer de documents précis. C’est surtout au règne du duc
Stanislas qu’il faut attribuer le renouveau de la ville. Il y eut alors d’importantes campagnes de travaux
d’abord confiés à l’architecte de la subdélégation de Remiremont, Jean-François Salmon puis à l’architecte
Jean-Louis Deklier Dellile, ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées puis inspecteur des bâtiments et
usines du roi. Le Traité des eaux minérales de Dom Calmet, illustré par les gravures de Fonbonne et publié
en 1748 avec un plan de 1709, nous donne une image assez précise de la ville telle qu’elle était dans la
première moitié du 18e siècle. Jusqu’alors, elle avait crû de manière chaotique, par bourgeonnements
successifs autour du noyau ancien que constituait le Grand bain, parfois appelé la ville-haute. Stanislas et
Deklier Dellile tentèrent d’imposer un plan d’urbanisme conçu autour d’une rue principale (l’actuelle rue
Stanislas) bordée d’édifices plus prestigieux comme la Maison aux arcades destinée à accueillir Mesdames
de France (construite en 1761-1762). Mais ces tentatives connurent un premier coup d’arrêt avec
l’inondation destructive de 1770. La reconstruction partielle de la cité ne permit pas de mettre en oeuvre le
plan d’urbanisme prévu mais dès lors, une réglementation drastique veilla à ce que les riverains
n’encombrent plus le lit de la rivière. Un seul bain fut reconstruit : le Bain tempéré (1772). Les thermes
modifiés, agrandis ou construits au 18e siècle à Plombières sont d’un type unique : un bâtiment en dur dont
le plan s’organise autour d’un bassin ou d’une piscine, puisque l’essentiel des soins consistait en bain pris
de manière collective. Mais en 1772, Deklier Dellile fait prévoir dans le Bain tempéré des baignoires pour
des traitements individuels. De cette époque, subsistent de nos jours: le Bain des Capucins, le Bain tempéré
et le Bain des Dames (auj. Stanislas).
À la Révolution, les thermes reviennent à la commune sauf le Bain des Dames ou Stanislas propriété privée
jusqu’en 1836. En 1811, le patrimoine thermal passa à l’État. De 1800 à 1844, de nombreux travaux
d’entretien et de restauration furent diligentés par les architectes romarimontains ou départementaux.
Rapidement, il apparut nécessaire d’accroître le nombre d’édifices destinés à accueillir les curistes avec la
création du Bain royal (1820-1829, auj. Bain national) sur un plan de Nicolas Grillot contrôlé et modifié
par l’architecte parisien Guy de Gisors. À proximité du Bain Stanislas fut édifié en 1843 un second bain
(auj. Bain Montaigne).
Le Second Empire marqua une nouvelle période faste pour la ville thermale. L’empereur Napoléon III
aimait séjourner dans la cité où il convia de nombreux membres de la cour impériale. C’est d’ailleurs là
qu’il reçut le ministre piémontais Cavour pour une entrevue diplomatique de la plus haute importance. Sous
son règne, l’urbanisme de la ville fut profondément modifié. Au nord-est, furent construits ou reconstruits
un hôpital, une église et des écoles (Curvat, architecte), ce quartier formant le coeur administratif de la cité.
Au sud-ouest, du côté d’où venaient les curistes amenés par la voie de chemin de fer de Luxeuil à
Aillevillers (ouverte en 1859) fut conçue une extension thermale – la ville basse – à l’instar des quartiers
nouveaux comme il y en eut à Vichy... : deux parcs et un nouvel établissement thermal et des hôtels. La
réorganisation de la vie thermale à Plombières fut confiée à une société consécutive à la déclaration
d’intérêt public des eaux de Plombières. Une galerie souterraine creusée par l’ingénieur des Mines Jutier,
permit la rationalisation de la distribution de l’eau et suscita maintes découvertes archéologiques. La
réalisation des nouveaux bains (auj. Bain Napoléon) selon un modèle antique, fut l’œuvre d’architectes de
l’école des Beaux-Arts : Charles-Edouard Isabelle (1800-1880) et Alfred Nicolas Normand (1822-1909).
Les autres bains ne furent pas abandonnés pour autant et les travaux d’entretien tinrent compte des
nouveautés dues aux premières manifestations des mouvements hygiénistes : le Bain romain fut ainsi
pourvu de carrelages dès 1851-1854. La ville basse commença progressivement à se couvrir de villas et
d'hôtels.
Le tournant du 19e au 20e siècle fut marqué ici comme ailleurs par une période de crise : les villes thermales
modernisées par Napoléon III ne soutenaient guère la comparaison avec les villes thermales allemandes
toutes proches en dépit de la gare de chemin de fer (1878), la reconstruction du casino par Clasquin (1905)
ou la construction d’un nouvel hôtel « art nouveau » (Hôtel Métropole ou du Parc vers 1904). Il fallut
attendre la nouvelle loi thermale de 1910, l’essor du thermalisme colonial et la concurrence croissante de
Vittel et de Contrexéville pour entraîner une nouvelle vague de travaux et de modernisation à Plombières.
Les années 30 furent alors marquées par d’importants chantiers dopés par la perspective de fêter en 1935 le
bimillénaire de la station. Ils furent confiés à l’architecte des monuments historiques Robert Danis qui
intervint dans la quasi-totalité des bâtiments y compris la chapelle de l’hôpital thermal. Le bâtiment le plus
représentatif de son œuvre est le Bain national dont il modifia profondément l’aspect. La buvette, une
nouveauté à Plombières qui ne connaissait jusqu’alors que des sources sommairement aménagées pour les
curistes, constitue le cœur de l’édifice, comme l’était au siècle précédent le vestibule ou la salle des pas
perdus et sous l’Ancien régime la piscine.
Si, dans la tradition instaurée au 19e siècle, les travaux pour la société thermale incombèrent à un architecte
parisien, les équipements communaux (la mairie) et des parcs repris dans un style art déco, sont dus surtout
à l’architecte romarimontain Hindermeyer. Ce sont aussi des architectes et des entrepreneurs locaux,
souvent anonymes, qui ont construit les nombreuses villas de médecins édifiées à la demande de la société
thermale ainsi que les villas de location destinées selon leur catégorie à abriter une ou plusieurs familles de
curistes. Le plus souvent d'inspiration éclectique, parfois avec de très légères citations pittoresques (faux
pan de bois, lambrequins, aisseliers décorés...) ou art nouveau (vitrail de Gruber dans un hôtel,...),
l'architecture de villégiature de Plombières n'a pas la luxuriance de celles de ses concurrentes de Vittel ou
d'Auvergne.
La richesse du patrimoine thermal de Plombières tient surtout à sa variété et à la multiplicité des
établissements qui constituent sur un seul site une rare typologie de l’architecture thermale de l’Antiquité au
20e siècle. Si l’époque romaine, essentiellement souterraine, n’est pas toujours aisément lisible et si les
bâtiments du 16e siècle ont disparu, il subsiste d’importants témoins depuis le 18e siècle. Ils illustrent
l’évolution de l’architecture thermale organisée tout d’abord sur la piscine, puis sur les espaces de
sociabilité (le grand vestibule et le hall de Bain Napoléon) et enfin autour de la buvette (Bain National). Les
nombreuses modifications apportées peu à peu ne facilitent certes pas la lisibilité du propos architectural
mais elles trahissent une caractéristique de l’architecture thermale : on ne détruit pas le bâtiment précédent
mais on l’incorpore dans un projet plus grand.
La ville de Plombières-les-Bains fait l’objet d’une double opération d’étude de l’Inventaire général du
patrimoine culturel
- un inventaire topographique portant sur la totalité du patrimoine du canton
- une étude thématique sur le patrimoine thermal en Lorraine
La journée de découverte s’attachera principalement aux périodes modernes et contemporaines.
« Regards sur Plombières »
14 juin 2014
Plombières dans la vie et dans l’œuvre du peintre Louis Français (1814-1897)
Pierre Heili, Société d’histoire de Remiremont et de sa région
La ville de Plombières célèbre cette année le 200ème anniversaire de la naissance de Louis
Français, son enfant le plus célèbre. Cet immense artiste obtint en son temps une réputation
universelle comme peintre paysagiste après avoir débuter à Paris comme dessinateur et
illustrateur de livres. Il expose au Salon dès 1837 puis régulièrement jusqu’à sa mort obtenant
les plus hautes récompenses ce qui lui ouvrent les portes de l’Institut en 1890.
L’intervention, qui s’appuie sur de nombreux documents totalement inédits, se propose
d’évoquer les liens étroits que, pendant toute sa vie, Louis Français a entretenus avec sa ville
natale : son affection pour les membres de sa famille, sa générosité en faveur des œuvres locales
de bienfaisance, ses retours fréquents au pays qui est pour lui une de ses principales sources
d’inspiration. Son attachement à Plombières est tel qu’il désire en faire sa dernière demeure et
qu’il lègue à sa commune sa maison et ses collections pour en faire un musée. Ses funérailles en
1897, à Paris comme à Plombières, prennent une ampleur nationale et quatre ans plus tard ses
nombreux amis contribueront à lui élever, dans la station thermale vosgienne, un monument
commémoratif d’une admirable beauté.
Bibliographie :
GROS Aimé, Louis-Français, causeries et souvenirs par un de ses élèves, P., 1902
HAUMONTÉ et PARISOT, Plombières ancien et moderne, P., Champion, 1905
STOCCHETTI Jean-Pierre, Le Pays de Remiremont vu par les peintres, G. Louis, 1993
CONILLEAU Roland, Louis Français, peintre de la nature, Sarreguemines, Pierron, 1997
CONILLEAU Roland, Les Vosges et les peintres, Pierron, 1999
Catalogues d’expositions et de musées, journaux d’époque, brochures et notices diverses sur
Français, ses funérailles, son monument, lettres inédites adressées à sa famille et documents
personnels.
AMÉ JACQUOT
Artisan en fer poli, historien
et aquarelliste
Amé François JACQUOT, est né le 2 août 1806 à
Plombières-les-Bains.
PlombièresPlombières-lesles-Bains
au travers des aquarelles
d’Amé Jacquot (1806 - 1893)
Il est le fils de François Jacquot (boulanger) et
d’Élisabeth Resal (fille de Thomas Resal, armurier et
ancien procureur de la commune de Plombières en
1792).
En 1842 il crée une fabrique de bijouterie d’acier
damasquiné qui devient vite florissante.
Broches, bracelets, boucles d’oreilles, imitation d’épingles romaines, presse-papier… en fer poli sortent de son
atelier et le tout est fort apprécié des curistes.
Tous les hôtes de marque de la station lui rendent
visite dont la princesse d’Orléans en 1842 et l’Empereur
Napoléon III à plusieurs reprises.
Impression et Conception Mairie de Plombières-les-Bains
Amé Jacquot a également réalisé d’importants
travaux historiques sur Plombières. Nous lui devons,
entre autre un récit sur l’inondation de 1770 (déluge de la
Sainte Anne), sur les séjours de Napoléon III, tandis que
« ses chroniques » sont d’un intérêt reconnu pour
l’histoire locale.
Par ailleurs Amé Jacquot, est aussi l’auteur d’un
grand nombre d’aquarelles délicieuses presque naïves
qui montrent Plombières au XIXe siècle. Le Musée Louis
Français en possède une quarantaine. Elles montrent à
quel point le paysage urbain a changé !
Conférence par Nicole Nappée
Membre de la Société d’Art et d’Histoire de Plombières
Samedi 14 juin 2014
I - Amé Jacquot
Présentation de ce Plombinois qui a marqué l’histoire
locale.
I I – Les aquarelles historiques
d’Amé Jacquot
III– Balade à Plombières
au XIXe siècle
Des Thermes Napoléon à l’église, en passant par la rue des
Sybilles, balade à Plombières au travers des aquarelles
d’Amé Jacquot issues des collections du Musée Louis
Français, et de la collection privée de Charles Gaida,
arrière-arrière petit fils d’Amé Jacquot.
Place du Bain Romain, place des Auges, déluge de la
Sainte-Anne, … autant d’illustrations imaginées à partir de
récits qui lui ont été faits.
Bibliographie :
Plombières Ancien et Moderne par Haumonté et .Parisot
Amé Jacquot par Roland Conilleau