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De la meilleure façon de constituer une collection.
Le cas des émaux « byzantins » de Mikhaïl Botkine
Aglaé Achechova
Résumé
Catalogue de la Collection M. P. Botkine
Saint-Pétersbourg, 1911, pl. 85
les trois émaux inférieurs sont les originaux
provenant des monastères géorgiens
(anciennement dans la collection
A. Zwénigorodskoï)
La collection d’émaux prétendument « byzantins » de Mikhaïl Petrovitch Botkine
(1839-1914) représente un cas remarquable de l’histoire du collectionnisme,
particulièrement si l’on s’intéresse à la motivation du collectionneur. Les types
d’objets rassemblés par M. Botkine ont changé au gré de ses déplacements et de
la mode : il a successivement collecté des œuvres du peintre A. Ivanov, des objets
européens du Moyen Âge et de la Renaissance, puis de l’art russe ancien.
Les méthodes d’acquisition de M. Botkine, dépourvu de tout scrupule, sont
proverbiales de son vivant. Le noyau de sa collection, composé de cent-soixante
et onze émaux cloisonnés sur or, dont la plupart proviendrait de Géorgie, a été
rassemblé en vingt-cinq ans environ, sans qu’aucun voyage de M. Botkine dans le
Caucase ne soit connu. Dès la publication du catalogue de cet ensemble en 1911,
des doutes concernant l’authenticité de ces pièces sont exprimés : est-il possible
de rassembler une telle quantité d’objets rarissimes en une période si courte ?
Une enquête minutieuse menée par le dessinateur de la maison Fabergé, François
Birbaum, a permis de découvrir en 1914 l’atelier clandestin qui a fabriqué la
plupart des émaux de la collection de Mikhaïl Botkine.
Les motivations d’un collectionneur pour constituer, apparemment en pleine
connaissance de cause, une collection de faux peuvent être multiples : le contrôle
de la quantité et de la qualité des pièces qu’il rassemblait, la maîtrise de la
concurrence et l’élimination des soucis rencontrés habituellement : la rareté et la
provenance incertaine des objets.
On the best way to put together a collection.
The “Byzantine” enamels of Mikhail Botkin
Abstract
The collection of supposedly “Byzantine” enamels belonging to Mikhail
Petrovich Botkin (1839-1914) is a remarkable case in the history of collecting,
particularly if one is interested in the collector’s motivation. The types of objects
collected by Botkin changed as he travelled and with fashion: he successively
collected the works of the painter A. Ivanov, European medieval and Renaissance
objets d’art, and then medieval Russian art.
Botkin’s acquisition methods, entirely devoid of scruples, were well-known
during his lifetime. The core of his collection, comprised of 171 cloisonné
enamels on gold, most of which were thought to have come from Georgia,
was put together over about 25 years, with no trips to the Caucasus by Botkin
being known. From the publication of the catalogue of this collection in 1911,
doubts concerning the authenticity of the pieces were expressed: was it possible
to collect such a great number of extremely rare objects in such a short period of
time? A thorough investigation by the designer of the house of Fabergé, François
Birbaum, enabled the secret workshop that had produced most of the enamels in
Mikhail Botkin’s collection to be discovered in 1914.
The reasons for a collector to put together, apparently with full knowledge
of the facts, a collection of fakes may be many: the control of the quantity and
the quality of the pieces he was collecting, the mastery of the competition of
the elimination of the concerns usually encountered: the rarity and uncertain
provenance of the objects.
Cahiers de l’École du Louvre, numéro 4, avril 2014
ISSN 226-208X ©École du Louvre