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Histoire de la Russie : des
origines à la révolution
Premier cours : La Rous’
Plan de cours
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Qu’est-ce que la Russie ?
La genèse de la Russie.
L’évolution de la Rous’
Gouvernement et lois
Société et économie
Religion et culture
1- Qu’est-ce que la Russie
1.1 - La Russie géographique : un État continent
- La principale constance géographique de la
Russie est le gigantisme de son territoire.
- À l’époque de la Rous, ce territoire était de 3
millions de km carrés.
- Au terme de son expansion, la Russie couvrait
23 millions de km carrés, soit 15% des terres de
la planète.
Pourquoi cette expansion ?
- Pour certains, il s’agit d’une manifestation
de l’agressivité russe.
- Pour d’autres, des raisons défensives
expliquent ce phénomène, la Russie ne
bénéficiant pas toujours de frontières
naturelles, surtout à l’ouest du territoire,
zone historiquement la plus instable.
1.2 - La Russie démographique : un État
pluriethnique, plurilinguistique et plurireligieux
- Fondée originellement par des Varègues dominant
une population slave, la Russie va intégrer une
multitude de peuples à partir du XVIe siècle.
- De sorte qu’à son apogée au XIXe et XXe siècle,
la Russie comptait près de 200 différentes
ethnies.
- En outre, presque toutes les religions y sont
présentes : christianisme romain et byzantin,
protestantisme, Islam sunnite et chiite, jusqu’au
bouddhisme et de nombreuses religions
animistes.
- Cette grande diversité occasionne de
multiples problèmes : certaines ethnies se
détestent et la haine de « l’occupant »
russe chez certaines d’entre-elles entraîne
en retour la xénophobie des Russes.
- Malgré tout, compte tenu de cette
complexité, les problèmes sont mineurs,
surtout parce que l’État russe a
généralement fait preuve d’une grande
tolérance à l’endroit des diverses langues,
cultures et religions.
1.3 – La Russie politique : un État autoritaire
- Depuis son origine, mais surtout depuis la
Moscovie, l’État russe a presque toujours
été autoritaire, que ce soit à l’époque de
la monarchie absolue, de la dictature
soviétique ou de la « démocratie dirigée »
de Poutine.
- Certains attribuent cela à l’occupation
mongole, d’autres à un trait culturel de la
population.
1.4 – La Russie stratégique : nain économique et
géant militaire
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Son vaste territoire et sa grande
population ont prédestiné la Russie à être
l’une des principales puissances du
monde, et ce particulièrement depuis le
XVIIIe siècle.
L’État autoritaire trouve ici une application
concrète. En fait, on a souvent
l’impression que l’État russe fut et
demeure conçu pour la guerre.
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Le corollaire d’une économie et d’une structure
étatique orientée vers la chose militaire est la
faiblesse économique. On a souvent parlé de la
Russie comme de la « puissance pauvre ».
Écrasée sous la structure étatique, la société
civile va se développer très tardivement et il en
est conséquemment de même de l’économie.
C’est d’ailleurs dans cette faiblesse économique
qu’il faut chercher les causes des révolutions du
XXe siècle, celles de 1917, et celle de 1991.
2 – La genèse de la Russie
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2.1 – Le territoire de la Rous avant l’arrivée des
Slaves de l’est.
Le territoire qui deviendra celui de l’État
roussène correspond environ à l’Ukraine et à la
Biélorussie actuelle, plus une partie de la Russie
occidentale.
Le sud constitue l’une des régions les plus
fertiles d’Europe, le nord, largement irriguée,
dispose d’un vaste potentiel commercial.
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C’est pourquoi ce territoire a depuis longtemps
été convoité et occupé par de nombreuses
populations
Entre 1000 et 700 avant J.C., ce sont les
Cimmériens qui l’occupaient.
Les Scythes, premier peuple indo-européen à
occuper ces terres, vinrent ensuite.
Vers 200 avant J.C., ces derniers sont à leur tour
chassés par les Sarmates venant d’Asie. C’est à
cette époque que la culture grecque se répand
autour de la mer Noire.
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Les Goths viennent à bout des Sarmates
au tournant du millénaire et s’installent
sur le territoire, qu’ils occuperont jusqu’au
IVe siècle.
Les Goths sont à cette époque chassé vers
l’ouest par les Uns d’Attila. À la mort de ce
dernier, l’État fondé par lui s’effondre sous
la pression des Avares.
Enfin, les Khazars chassent à leur tour les
Avares de la région au cours du VIIe siècle
de notre ère.
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C’est à l’époque de la domination des Huns, des
Avares et des Khazars que remonte l’installation
des Slaves sur ces terres. Ils se dispersent alors
dans 3 trois directions : à l’ouest, pour former
éventuellement les Tchèques, les Polonais et les
Slovaques. Au sud, pour former les Serbes,
Croates, Slovènes et éventuellement les
Bulgares. Et vers l’est, pour former
éventuellement les Russes.
Ces derniers sont plus diversifiés ethniquement
car au fil des siècles, ils se sont fondus aux
populations locales qui les avaient précédées,
ainsi qu’à des finno-ougriens.
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2.2 – L’invite aux Varègues : la théorie
normane.
Encore à ce jour, cette théorie, élaborée
par des érudits scandinaves au XVIIIe
siècle, à partir de la Chronique de Nestor,
est considérée comme la plus probable
des explications historiques de la
fondation de l’État roussène.
En bref, des notables slaves auraient au
IXe siècle invité des princes Varègues à
venir régner sur le territoire.
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C’est ce que l’on nomme la version maximaliste.
Invraisemblable sous cette forme, sa version
minimaliste est cependant considérée comme
probable : des princes Varègues auraient
conquis les populations slaves du nord, pour
ensuite descendre vers le sud, vers Kiev. Les
noms des premiers princes roussènes vont dans
ce sens : Rurik, Oleg et Olga sont tous des
prénoms scandinaves.
Par la suite cette minorité conquérante s’est
assimilée à la majorité locale.
Le mot « russe » serait aussi un terme
scandinave désignant des combattants. Mais
cela est contesté.
3 – L’évolution de la Rous’
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On distingue 3 étapes de ce premier État
russe :
1 – Le développement (882-980)
2 – L’apogée (980-1054)
3 – Le déclin (1054-1132)
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3.1 – Le développement (882-980)
Cette première période, celle de l’unification des
terres des Slaves de l’est autour de Kiev et de
l’adoption du christianisme byzantin, voit passer
sur le trône trois souverains remarquables.
Oleg (879-912) : frère de Rurik, vainqueur de
Kiev en 882, c’est lui qui commence à partir de
884 l’unification des terres roussènes, où vivent
une douzaine de tribus slaves de l’est.
Olga (879-912) : à la mort d’Igor, fils d’Oleg, sa
femme Olga Monte sur le trône. Première
femme à régner en Russie. Elle se convertira au
christianisme.
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Sviatoslav (957-972), fils d’Igor et d’Olga,
lui succède. Il met en place ce qui sera la
politique étrangère de la Rous’ jusqu’à la
fin :
1- Unification des Slaves de l’est autour de
Kiev.
2 - Lutte contre les nomades des steppes
(les Pétchénègues)
3 - Consolidation du statut de la Rous’,
avec au premier chef des relations solides
avec Byzance.
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Pour la petite histoire, la personnalité de
Sviatoslav est aussi intéressante :
Il est le premier prince roussène à porter un
nom slave.
Archétype du prince guerrier, il fut rarement à
Kiev, toujours en campagne.
Il fournira le prototype des premiers récits
épiques de l’histoire russe (Ilia de Mourom, des
biélines)
Enfin, il est le premier d’une longue série de
héros militaire qui de lui à Joukov et Lebed, en
passant par Souvorov et Koutouzov, vont
rythmer l’histoire du pays.
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3.2 – L’apogée (980-1054)
Il s’agit de l’âge d’or de la Rous’, période
marquée par deux souverains
remarquables, dont l’un patronnera l’un
des événements les plus déterminants de
l’époque, l’adoption du christianisme, sous
l’égide de Byzance.
Mais avant d’y arriver, le pays sera secoué
par la première des guerres de succession
qui à terme, entraîneront l’effondrement
du pays.
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C’est Volodimer (980-1015) qui finira par
s’imposer après avoir éliminé ses frères et ses
oncles.
Il consolide l’emprise de Kiev sur les Slaves
orientaux, en soumettant les Viatiches et en
annexant la Galicie et la Volhynie.
Après avoir vaincu les Bulgares de la Volga et les
Khazars, il s’emploie à consolider son État. Les
guerres se poursuivront, mais c’est surtout les
affaires intérieures qui l’occuperont. On lui doit
la première division claire du pouvoir et surtout
le baptême.
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La mort de Volodimer entraîne aussi une guerre
de succession. En 1026, un modus vivendi est
trouvé entre deux de ses fils (les autres seront
éliminés) : Iaroslav régnera sur la rive droite du
Dniepr et Mstislav, sur la gauche (qui deviendra
la Souzdalie). À la mort du second (1029), le
premier occupera l’ensemble du territoire.
Iaroslav se consacre ensuite à la réunification du
territoire, affecté par dix ans de guerre civile, et
en 1036, il écrase définitivement les
Pétchénègues.
Ensuite, il se tourne vers les affaires intérieures :
élaboration du premier code de lois russe,
consolidation du christiansime, avec la
construction des cathédrales Sainte-Sophie de
Kiev et de Novgorod.
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3.3 – Le déclin (1054-1132)
La mort de Iaroslav marque le début de cette
période, l’arrivée des Mongols en marque la fin.
Cette époque se caractérise par la lente
dislocation de l’État central kiévien, jusqu’à la
proclamation d’indépendance de la Souzdalie.
Un seul dirigeant digne de mention au cours de
cette période : Vladimir Monomaque.
Au côté de Volodimer et de Iaroslav, son règne
est l’un des plus importants, malgré sa brièveté
(1113-1125), autant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
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À sa mort, son fils Mstislav lui succède
jusqu’en 1132. Sa mort marque le début
d’une nouvelle série de guerre fratricide,
dont le pays ne se relèvera pas.
En cette année 1132, Iouri Dolgorouki,
prince de Souzdalie, proclame
l’indépendance de sa principauté. D’autres
vont suivre : Novgorod en 1136, la GalicieVolhynie en 1144.
Le titre de Grand Prince demeure, mais il
n’est plus qu’honorifique. Dans les faits, la
Rous kiévienne est alors chose du passé.
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3.4 – Causes et étapes du processus
d’éclatement de la Rous :
Complexité du système successoral
Guerres de succession
Raids des nomades
Disparités des principautés et étendue du
territoire
Développement contradictoires des
principautés
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Cinq étapes de ce processus d’éclatement :
1- Première guerre de succession (972-980)
2- Division territoriale suite à la guerre civile
consécutive à la mort de Volodimer (1026-1036)
3- Guerres fratricides à la mort de Iaroslav
(1073-1078)
4- Sous Sviatopolk II, reconnaissance du
caractère héréditaire des possessions
5- À la mort de Mstislav, début des
indépendances des diverses composantes de
l’État kiévien.
4 – Gouvernement et lois
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4.1- Système gouvernemental
Développement lent de la structure
gouvernementale.
Les principales institutions se mettent en place
au cours de l’âge d’or. Par la suite, elles
changeront en fonction du temps et du lieu.
Le schéma général est celui d’une confédération
lâche de différentes principautés.
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Trois institutions composent la structure
gouvernementale, autant au niveau fédéral qu’à
celui des principautés. Les pouvoirs de chacune
de ces composantes varient selon les
principautés.
1 – Le prince : chef de l’État et de la principauté.
Mais son pouvoir n’est pas absolu : il le partage
avec ses proches conseillers qui forment…
2 – la Droujina. Sorte de chambre de la
noblesse. Deux composantes :
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La « vieille », composée des principaux conseillers du
prince.
La « jeune », qui forme le corps des fonctionnaires.
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Dirige conséquemment le gouvernement en
appuyant le prince.
Elle assure aussi le commandement des armées
et remplace le prince en son absence.
3 – Le Vetche : assemblée populaire, dont
l’importance varie d’une principauté à l’autre.
Responsable de la gestion des affaires
courantes.
Les règles qui régissent sa participation, de
même que ses pouvoirs, sont très fluctuants
d’une principauté à l’autre et d’une époque à
l’autre.
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4.2 – Les lois :
Avant Iaroslav, c’est la loi du Tallion, ou le
droit du sang.
À partir de celui-ci, le système se
développe, sur la base de la Vérité russe,
code auquel va participer également
Vladimir monomaque.
Elle est composée de trois livres :
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La Vérité courte (Iaroslav) : renferme pour
l’essentiel ce qui correspond à un code
criminel, basé sur le principe de
vengeance.
La Vérité large (Vladimir) substitue un
principe monétaire à celui de vengeance.
La Vérité résumée (Vladimir) s’apparente
pour sa part à un code civil et à une préconstitution. On y trouve la définition des
différents organes du pouvoir, ainsi que
diverses dispositions concernant
l’organisation sociale.
5 – Société et économie
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5.1 – Société :
Les classes possédantes : Prince, boyards et clergé.
Avant le congrès de 1097, le prince n’est que
propriétaire temporaire des terres sur lesquelles il règne.
Ses revenus proviennent d’une redevance de ses serfs
(obrok et barchtchina), de même des taxes qu’il perçoit
sur le commerce.
Les boyards (les nobles) vivent à l’origine des salaires
versés par les princes, mais avec le temps, ils seront
payés en territoire et certains deviendront plus riches
que certains princes. Ils sont soumis à l’impôt
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Le clergé : subsiste grâce aux terres offertes par
les princes. Ces terres sont inaliénables et
appartiennent à la communauté. Des serfs y
travaillent aussi. Il n’est pas soumis à l’impôt.
La classe possédée :
Deux grandes catégories de dépendance : la
dépendance à la terre et la dépendance
personnelle.
Dans le premier cas, le paysan loue au seigneur
la terre et lui verse une redevance.
S’il s’avère incapable de s’en acquitter, il tombe
dans la seconde catégorie.
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Enfin, on compte une faible proportion
d’habitants appartenant aux « classes
libres », artisans et commerçants.
Ils sont plus nombreux au nord, ou le
commerce est florissant, et peu au sud,
dont l’économie s’appuie surtout sur
l’agriculture.
Ils sont bien sûr soumis à l’impôt.
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5.2 – Économie :
Débats chez les historiens : économie
agricole ou mixte ?
En fait, variable selon les régions
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Le sud essentiellement agricole
Le nord surtout commerçant
Le nord-centre, à vocation mixte.
Le commerce est peut-être à l’origine de la
fondation de l’État, les Varègues ayant désiré
établir leur contrôle sur l’axe allant de la
Baltique à Byzance.
6 – Religion et culture
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6.1 – Religion
On sait peu des choses des religions animistes
d’avant la conversion.
Si on accepte la théorie normane, on peut
supposer que la panthéon des Slaves de l’est
avait au moins quelques points communs avec
celui des Varègues.
Péroun, dieu suprême du panthéon slave, est
ainsi assimilé à Thor, chez la Varègues.
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En outre, il est peu probable que les
pratiques religieuses aient été identiques
sur l’ensemble du territoire.
C’est dans ce contexte de fragmentation
que se pose le problème de la conversion.
Afin d’unifier un territoire éclaté,
Volodimer envisage en 980 l’adoption
d’une religion d’État.
Ayant été incapable d’unifier les croyances
des différentes régions, il opte finalement
pour le christianisme byzantin.
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Pour différentes raisons :
- Proximité de l’empire
- Liens commerciaux entre les deux États.
- Liens politiques et dynastiques.
- Puissance de l’empire byzantin à l’époque.
Afin que le baptême devienne une alliance et
non une soumission, Volodimer s’empare de la
Crimée et exige en retour d’épouser la sœur de
l’empereur, ce qui nécessite donc sa conversion.
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Trois conséquences majeures à ce
baptême :
- Unification et consolidation du pouvoir
de Kiev.
- Permis l’entrée des arts et de la culture
sur le territoire
- Lança la Rous dans le « concert des
nations civilisés »
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6.2 – Culture
Avant la christianisation, domination de la
tradition orale.
Après le baptême, se mettent à fleurir
l’architecture (suivant le modèle byzantin),
de même que la peinture et la littérature,
à l’époque presque exclusivement
religieux.
Une exception, les biélines, sortes de
récits épiques, issus de la tradition orale,
mis en forme grâce au développement de
l’écriture.