la vie en rose - Département d`histoire

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La Vie en Rose
Pourquoi les femmes sont-elles roses* et les hommes, un peu moins
http://www.freecomptia.com/images/rosetat18.jpg
La «Rose de Jéricho», censée être une
allusion aux organes sexuels féminins
http://1.bp.blogspot.com/_jiBRULHOaW8/SwFN4v
U7ViI/AAAAAAAADt4/ySZnjheGnLc/s1600/Edith-Piaf.jpg
Édith Piaf, naturellement
* Violette, prune, lavande, lilas, puce, chardon, orchidée, mauve, magenta, vin, améthyste,
grenade, aubergine, mure, etc.
Guy Lanoue, Université de Montréal, 2012
L’histoire des enquêtes sur la couleur commence avant Sir Isaac Newton (le premier livre de
l’histoire de l’art, Della Pittura, publié en 1436 par Leon Battista Alberti, se concentrait sur les
rapports géométriques des composants de l’image*), mais ses idées développées en 1666 ont
été la base de tous les débats ultérieurs. Il a développé le premier cercle de couleur quand il
note que quelques couleurs (tel que le magenta) ne font pas partie du spectre
électromagnétique. Newton n’a pas utilisé cette expression, car les théories de la matière qui
expliquerait la couleur en termes de fréquence (et de température, et donc selon l’activité des
particules atomiques) ont émergé seulement deux siècles plus tard.
Pour une excellente exposition générale de la couleur dans l’art,
voir le site http://www.webexhibits.org/colorart/index.html
Ce portrait n’est pas fidèle:
Newton avait seulement 23 ans
quand il a développé sa théorie
de la couleur.
http://hyperphysics.phyastr.gsu.edu/hbase/vision/imgvis/ne
wtcol.gif
*En fait, Alberti et la tradition italienne ont toujours été
sensibles à la perception du contraste; ce sont les Anglais
comme Newton qui favorisent une théorie basée entièrement
sur les qualités intrinsèques des couleurs.
http://idology.files.wordpress.com/20
08/12/isaac_newton_hd.jpg
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/2d/Jan_Vermeer
_van_Delft_011.jpg/513px-Jan_Vermeer_van_Delft_011.jpg
Il est peut-être significatif que l’an 1666 soit
surtout connu pour le Grand Incendie qui a
détruit plus de 10,000 édifices à Londres (voir
The Diary of Samuel Pepys, Vol. 7, Londres,
1995). Mais c’est également l’année où
Vermeer a composé L’art de la peinture. Son
style hyperréaliste aurait-il inspiré des
intellectuels (tel que Newton) à enquêter sur
la «vraie» nature de la couleur? Oxford, où
étudiait Newton, a été temporairement fermé
en 1665 à cause de la Peste de 1665-6 (voir
Daniel Defoe, A Journal of the Plague Year,
Londres, 1722/1962). Newton s’est retiré à sa
maison pour deux ans, se concentrant sur
l’étude de la couleur et de l’optique (ses
conclusions seront publiées dans les années
1670s). L’hyperréalisme aurait déplacé la
question de couleur du domaine pratique
(trouver et mélanger les pigments) au
domaine esthétique, car cette nouvelle
manifestation de réalisme se concentrait sur
les formes; « colorer » dans ce contexte
soulignait le jeu de lumière sur le sujet (le
chiaroscuro, etc.).
Suivent plusieurs enquêtes sur les mêmes lignes, dont celui de Johanne Wolfgang Goethe (1810)
serait le plus important pour son influence sur les théoriciens et, plus tard, sur les graphistes et les
artistes, qui y trouveront une source d’inspiration. Pour Goethe, la qualité des couleurs émerge
quand celles-ci sont contrastées avec le noir et avec d’autres couleurs. La couleur, pour lui, n’est
pas un trait qui émerge de la longueur d’onde, mais de la perception. Les couleurs, autrement dit, ne
sont pas isolées, mais forment un système dont les traits sont établis par le contraste.
http://catherinedelors.com/blog/wp-content/uploads/MA-Dress-fragment.jpg
Le cercle chromatique, selon Goethe
Louis XVI est réputé d’avoir utilisé «puce»
dans un sens ironique en se référant à une des
couleurs préférées de Marie Antoinette. À
l’époque, puce était plus brun qu’aujourd.hui,
si on juge par le fragment de la robe qu’elle
portait lors de son séjour en prison. Ce
fragment a survécu, mais il est possible qu’il a
été décoloré avec le temps. En fait, puce,
fuchsia et magenta sont souvent confondus.
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/23/Goethe%
Les chercheurs anglais et allemands au 19e siècle ont développé non
seulement des théories complexes de la couleur, mais de teintures
synthétiques dont l’intensité devançait les colorants naturels. Ces
nouvelles couleurs sont vraiment à la base des idées contemporaines
du design visuel. Les tentatives d’établir un code universel pour
décrire les couleurs continuent, mais la base du problème semble être
que les humains ne perçoivent pas la couleur selon les lois de la
physique, et qu’ils sont beaucoup plus sensibles aux différences de
couleur que les catégorisations scientifiques prévoient. Les personnes
semblent capables de distinguer 10 millions de couleurs. De ce
numéro, puce, fuchsia et magenta deviennent populaires pour les
femmes et pour le design seulement récemment, dans les dernières
cinquante années, avec l’exception de rose, couleur féminine depuis
quelques siècles. Avant, ces couleurs étaient considérées des
variations du rouge, et donc étaient surtout utilisées pour les
uniformes militaires. Peut-être ceci dérive de l’association avec le
sang, ou par le fait que les Romains et d’autres utilisaient le mauve
pour symboliser l’aristocratie (probablement parce que le mauve était
difficile à obtenir et rare) et donc avec la gouvernance. Avec les
massacres continuels de la 1re Guerre Mondiale, les gouvernements
ont décidé que la vie des soldats représentait un investissement et
qu’il serait bien de leur donner des uniformes qui ne ressemblaient
pas à des cibles. Ils abandonnent le rouge. Les Romains, les Anglais,
les Canadiens (la GRC), les Français (certaines unités), les Italiens,
les Russes, utilisaient le rouge comme couleur primaire pour leurs
armées; aujourd’hui cette couleur est limitée aux occasions
cérémonielles.
Soldat britannique, Guerres napoléoniennes
http://www.longago.com/040color.jpg
Puce et ses cousines sont des couleurs qui combinent des traits «chauds» (leur côté rouge) et «froids»
(leur dimension «bleu»). Donc, puce (et rose et lavande) est une couleur qui peut camoufler, signaler la
duplicité, l’ambigüe: elle est forte et faible, masculine et féminine..
Dans le dossier visuel «Le féminin», j’ai développé l’hypothèse que les femmes vivent dans un autre
régime sémiotique relatif aux hommes (c’était plus explicite dans le passé, mais les différences
perdurent): la synecdoque (réduction) versus la métaphore pour les hommes (l’équivalence). Les femmes
sont marquées sémiotiquement par une dynamique de substitution, où une partie représente l’ensemble:
les parfums réduisent les femmes à une odeur florale ou animale; la lingerie intime pose l’accent
uniquement sur les seins ou les fesses; la mode
oblige les femmes de s’adapter aux vêtements plutôt
que l’inverse; le maquillage porte attention
uniquement aux yeux et aux lèvres en annulant les
autres composants du visage; enfin, même la langue
populaire réduit les femmes à des «poires»,
«pommes», «sabliers», «gobelets», «violoncelles»,
etc. Bref, avant de s’identifier avec le corps social
(qui est masculin, en tout cas), les femmes doivent
s’intégrer métaphoriquement pour se projeter vers
l’image de la communauté. Autrement dit, elles
doivent se recomposer en intégrant les parties
«oubliées» (c.-à-d., non reconnues et non marquées
dans le discours populaire) avant de s’identifier avec
l’image hautement intégrée et unie du corps social.
L’homme vitruvien de Da Vinci, en rose
http://designapplause.com/wp-content/xG58hlz9/2009/11/divinci1.png
L’hypothèse serait que rose et ses variantes incarnent cette ambigüité
sémiotique, puisque ces couleurs sont elles aussi ambigües. Rose
incarne mieux que n’importe autre couleur la catégorie du féminin,
dont les contours et le contenu sont éphémères.
Au cours de l’Ancien Régime (incluant l’époque médiévale), les
femmes interprétaient des rôles très importants. Dans un cadre social
où le mariage libre était à la base de la création de maisonnées
indépendantes, les femmes occupaient une position de point, car le
mariage concrétisait et symbolisait l’union de deux maisonnées (et
ceci, pour les paysans autant que pour les élites). En fait, leur rôle était
si important qu’il était marqué sémiotiquement par la perte de leur nom
de famille au moment de mariage; c.-à-d., par l’annulation de leur
identité d’origine pour qu’elles deviennent des vaisseaux «purs».
Lentement, mais inexorablement, le capitalisme transforme la
maisonnée, qui devient une entité consacrée à la reproduction
biologique et à la consommation. Les femmes ont donc perdu ce rôle
important (sauf les femmes élites, qui concrétisaient les mariages
dynastiques liants des lignages de pouvoir et d’argent). La femme donc
devient un symbole vidé de son contenu, un symbole «pur» où on peut
projeter ce qu’on veut. Dans un monde dominé davantage par les
dynamiques individualistes du marché qui ne reconnait plus son rôle
d’intermédiaire de l’union, que devient du signifié de «femme»?
http://z.about.com/d/womenshistory/1/0/H/M/2/elizabethyork1.jpg
Elizabeth of York, épouse d’Henri VII
et fille d’Édouard IV.
Elle tient une rose dans ses mains,
symbole de la Maisonnée Tudor, le
lignage de son mari où elle a été
incorporée par le mariage.
Elizabeth I. Le Bleu est une couleur de
puissance, du masculin, mais elle était
renommée comme La Reine Vierge (elle ne
s’est jamais mariée, évidemment) et, donc,
exemptée des règles culturelles qui
entourent le mariage dynastique. En fait,
elle adoptait le rose et ses variantes quand
elle était jeune et cherchait toujours un
mari. Le bleu est arrivé plus tard.
http://z.about.com/d/womenshistory/1/0/T/Q/2/elizabeth_i_hilliard_001aa.jpg
Les demoiselles
d’honneur
http://media.theknot.com/ImageStag
e/Objects/0003/0019624/large_image.jpg
http://www.calcoastweddings.com/examp
les/chris_lauren/images/bridesmaids2.jpg
http://www.dl.ket.org/webmuseum/wm/
paint/auth/velazquez/velazquez.meninas.jpg
http://media.theknot.com/ImageStage
/Objects/0003/0012584/large_image.jpg
Traditionnellement, dans la
tradition nord-américaine après la
IIe Guerre mondiale, le rôle des
demoiselles d’honneur est de
rehausser la beauté de la mariée
en proposant un contraste
esthétique. Il n’est donc pas
surprenant qu’elles soient souvent
obligées de porter de robes
ridicules, de se comporter de
façon exagérée, ou tout
simplement de s’habiller de
couleurs trop osées. Voici les
quatre premières images d’une
recherche Google (en anglais,
maids of honor; les résultats
incluent le fameux Las Meninas
de Velazquez, dont le ton ironique
a peut-être contribué à définir le
rôle symbolique des demoiselles
d’honneur). Notez que les
couleurs des demoiselles
contemporaines sont des variantes
de puce ou de fuchsia. Allez au
site
http://www.bridesmaid101.com/
et notez la couleur de fond.
(mais notez que ni l’Infanta ni ses
demoiselles d’honneur ne portent
le rose, car elle est destinée à un
mariage dynastique)
http://blogs.cjsw.com/expansion/files/
2009/09/pre-drywall-insulation-300x225.jpg
http://www.sunandmoon.net/images/pink_dog_angel.jpg
http://i18.photobucket.com/albums/b150/13Lucky/M
ySpace%20Items%204%20Sale/PinkPantherBlackGirlsTee2.jpg
Le rose est souvent utilisé pour «adoucir»
certaines choses et certains produits
autrement banals ou même dangereux, mais
j’admets que le bichon frisé teinté en rose
par sa maitresse n’est pas particulièrement
menaçant, mais il est peut-être, comme
l’avais suggéré Mary Douglas (Purity and
Danger, 1966), de la matière «hors place»,
qui défie la catégorisation précise.
Les films japonais pink (pinku eiga pour leur
public) se sont établis après la guerre; ils sont
nommés ainsi pour la quantité de peau exposée
dans ce genre érotique. Les scènes explicites sont
cependant semi-censurées, avec des meubles ou
d’autres objets placés de façon stratégique, ou tout
simplement pixélisée, surtout aujourd’hui avec le
cinéma digital (formellement, ces films sont donc
soft). Grâce à la censure (libéralisée dans les années
1990s), ce genre a développé un style particulier, où
les émotions des actrices ne sont pas ignorées, et où
le scénario est relativement cohérent et
vraisemblable. Comme un critique a dit, puisque les
films pornos américains mettent les « working
parts » en évidence, ils ne doivent pas s’efforcer
pour se distinguer des autres genres.
http://www.vertigomagazine.co.uk/articles/images/article/62%20seijin_eiga_36_cover.jpg
http://i01.i.aliimg.com/photo/v1/113462357/Patient_Identificatio
n_Bands_Patient_ID_Bands_Hospital.jpg
Le rose est « féminin », le bleu
« masculin ». Aujourd’hui, les hôpitaux
utilisent les couleurs indifféremment (à
droite), mais il y a quelques années, les
bébés portaient des bracelets colorés
selon leur sexe (centre). Les
distinctions conventionnelles selon le
genre semblent avoir été mises en place
vers la 2e moitié du 19e siècle, mais à
l’inverse d’aujourd’hui, le bleu
« délicat » pour les filles, et le rose
« fort » pour les gars. L’inversion a eu
lieu après la guerre. Le sexe des
couleurs est donc établi avec
l’émergence de la classe moyenne et de
leurs banlieues standardisées.
(http://www.smithsonianmag.com/artsculture/When-Did-Girls-Start-WearingPink.html?c=y&page=1, consulté le 9-02-12)
Du site: http://desktoppub.about.com/od/choosingcolors/f/womencolors.htm (2-06-2010)
«Purple stands out as a feminine color because it is chosen almost exclusively by women as a favorite
color and is strongly disliked by men. Traditionally associated with royalty, the color purple is also
spirtual, romantic, and mysterious.
Most people still think of pink as a feminine, delicate color, the color for little girls. Does that mean
women prefer pink? Not necessarily. The color pink and women is likely more of a cultural association
than a strong preference. However, this cultural association could mean that pink is not the ideal color
for targeting men.
A more grown-up and cooler version of the pink of baby girls and the lighter side of purple, the color
lavendar [sic] is associated with genteel ladies and can evoke feelings of nostalgia or romance for
women. A 1990 study found that between bright and soft colors, women prefer soft colors which could
include soft shades of pink, lavender, and other pastels.»
Notez que les associations entre le genre et les couleurs préférées
citées par l’auteur de cette recherche ne sont pas appuyées par des
citations scientifiques. Elles sont basées sur les «règles» culturelles
qui sont partagées et connues par la majorité de personnes
(occidentales).
http://www.redhatphoenix.org/RHgroup2.jpg
«We are the Bodacious Babes of Phoenix, an official/registered chapter of the Red Hat Society. The
Red Hat Society is a disorganization with NO "rules". There is, however, ONE inflexible guideline that
all red-hatters insist upon: You must be a woman of 50 or over, and you must attend functions in full
regalia (red hat and purple clothing - Boas, glove, and rhinestones are optional).»
http://www.google.ca/imgres?imgurl=http://www.redhatphoenix.org/RHgroup2.jpg&imgrefurl=http://www.redhatphoenix.org/&usg=__744UXhPYtQ9kcEft_gMju8
O60=&h=303&w=504&sz=64&hl=en&start=9&um=1&itbs=1&tbnid=BKbdAm1nSFj9mM:&tbnh=78&tbnw=130&prev=/images%3Fq%3Dlavender%2Bclothing
%26um%3D1%26hl%3Den%26sa%3DN%26rls%3Dcom.microsoft:en-US%26tbs%3Disch:1 (2-06-2010)
La couleur de la culture pop: les années 1950s sont
visuellement conventionnelles; c’est l’arrivée de l’art
psychédélique à la fin de la décennie 1960s qui introduit
des couleurs vivaces et contrastantes, et qui favorise une
palette nouvelle; donc, plus de couleurs « fades » comme le
rose, trop « douce » pour souligner le contraste visuel, signe
des bouleversements sociaux de l’époque. Ce style est
rapidement commercialisé. Cette mode dure seulement
quelques années, et puis le langage visuel passe de couleurs
« choquantes » à des contenus censés ébranler le statu quo.
http://www.olsenart.com/FILLMORE/BG%20045.gif
À droite, l’illustration psychédélique la
plus connue de l’époque.
http://www.housebeautiful.com/decorating/colors/pink-things-products-0311,
consulté 6-02-2012
12 Pink Pop Culture References
TWELVE PRODUCTS, PEOPLE, AND PLACES — ALL WITH THE WORD PINK IN THEM! IF YOU
LOVE THE COLOR, THEN CHECK OUT THESE MUSIC, MOVIES, AND BOUTIQUES THAT
REFERENCE THE ROSY HUE.
Fondée au 19e siècle,
aujourd’hui une revue du
brand Hearst, House
Beautiful est une icône du
décor intérieur américain.
Warriors in Pink
Le fait que cette revue très
Chicago Pink Line
Pink Floyd - The Wall
In the Pink - Lilly Pulitzer
conventionnelle s’embarque
dans la culture pop est
signe de sa porosité et de sa
polysémie. Les choix de la
revue censés illustrer la
culture pop sont
Pinkberry
certainement discutables;
Ariel Pink
Pink Cake Box
Pink Flamingos
pour la classe moyenne de
la banlieue (le public ciblé),
tout qui ne fait pas partie de
la haute culture est « pop ».
Pink: Greatest
Hits… So Far!
Thomas Pink
Pretty in Pink
The Pink Panther
En fait, c’est l’émergence de la culture pop comme
champ rituel et espace discursif (donc, avec ses
composants et ses dynamiques de recyclage bien
définies et très répandues dans le discours populaire)
qui fige la signification du rose en couleur
« traditionnelle » et « faible » incapable de représenter
les ébranlements sémiotiques de symboles qui émergent
grâce au recyclage constant de la culture pop. Le rose
trouve un nouveau rôle: combinée avec un symbole qui
est indiscutablement « fort » ou mâle – les voitures, les
trains, même les panthères: on épate en combinant des
opposés. En fait, les rédacteurs de House Beautiful
semblent ignorer que ces objets pink ont un sous-texte
ironique.
À gauche, une image de l’exposition « Pop
http://www.splitfountain.org/wp-content/uploads/2010/07/passport-photo-colour-tests.jpg
Culture Colour Theory
A Presentation by James Goggin at S/F
Wednesday 4 May, 7pm
James Goggin’s Pop Culture Colour Theory lecture is
an ongoing, continually evolving project which
explores humankind’s attempts at codifying and
commodifying colour. From video test patterns to
International Klein Blue, the Pantone Matching System
to the U.S. government Homeland Security Advisory
System, colour is endlessly refracted by our subjective
perception into adaptable economic and semiotic
structures ».
Le groupe anglais Pink Floyd a dû changer de nom « The Tea Set » quand ils ont découvert
qu’un autre groupe musical avait déjà utilisé ce nom. Ils sont « Pink » parce qu’un
fondateur du groupe, Syd Barrett, admirait les Bluesmen américains Pinkney (« Pink »)
Anderson et Floyd Council.
http://komvux.hule.harryda.se/stud/reimar/Pink%20Cadillac_4.jpg
http://www.worleygig.com
/wpcontent/uploads/2010/08/P
ink-Cadillac.jpg
Par contre, le Pink Cadillac icône renommée
même avant les chansons de Bruce Springsteen
(1982) et d’Aretha Franklin (« Freeway of
Love », 1985), et le film de Clint Eastwood
(1989), a été rendue célèbre par Elvis Presley,
qui l’achète en 1955 (en bleu, puis peinturée
rose par un ami; en bas à gauche). Les voitures
roses (souvent en combinaison avec le noir, ou
le bleu-vert « aquamarine ») ne sont pas rares à
l’époque. L’automobile est l’incarnation de la
mobilité sociale et de la nouvelle sexualité plus
ouverte de la classe moyenne émergente. De
couleurs choquantes sont souvent utilisées pour
les électroménagers de la cuisine de banlieue
autant que dans les voitures.
Freeway of Love (cliquez):
http://www.youtube.com/watch?v=JVF3zM3fwdc
Pourquoi le rose est-il féminin?
1re hypothèse:
Non: Position faible dans le social = favorise couleurs «fortes» pour compenser
Oui: Position faible dans le social = favorise couleurs «ambigües». Les femmes,
dont le rôle traditionnel d’intermédiaire était sémiotiquement marqué par
l’acquisition du nom du mari, sont aujourd’hui à la dérive sémiotique. La
catégorie « féminin » est devenue ambiguë, et donc associée avec le rose, une
couleur souvent jugée « faible ».
2e hypothèse: La couleur rose est aussi une métonymie pour la femme, car elle
contient une référence indirecte à leurs organes sexuels: depuis l’époque
médiévale, la fleur rose est métaphore des organes sexuels féminins, dont la
couleur est une métonymie.
3e hypothèse: La couleur rose une couleur
additive (rouge + blanc; il n’est pas un rouge
«faible» basé sur la soustraction), et donc agit de
parallèle sémiotique à la synecdoque qui domine
la catégorie « féminin », comme les femmes qui
doivent «ajouter» de signes supplémentaires
pour pouvoir déclencher le processus
«normalisé» de métaphorisation qui leur permet
de s’identifier avec l’image du corps social mâle.
http://badgerandblade.com/vb/attachment
.php?attachmentid=72320&stc=1&d=1256687246