Harcélement et Burnout des soignants4

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Transcript Harcélement et Burnout des soignants4

Cyril Hazif Thomas
EA 4686 Ethique, Professionnalisme et Santé
Intersecteur de Psychiatrie
de la Personne Agée
CH Bohars
CHRU Brest
Historique et définition
 Définition:
 Burn-out (Freudenberger, 1974): état d’épuisement et de vide intérieur observé chez le
personnel d’institutions en santé mentale découlerait de l’échec des stratégies
d’adaptation face au stress professionnel
 Sens littéral : Se consumer (pour une bougie); Etre grillé (pour une lampe)
 Concept complexe :
 Epuisement professionnel


Met l’accent sur la fatigue qui n’est pas spécifique au Burn-Out même si très
fréquente
Dangereux pour soi (santé physique et mentale, suicide), pour autrui : casse les
bonnes relations entre collègues, contamine, empêche les démarches
interdisciplinaires qui sont la solution
 Sidération émotionnelle ( c’est-à-dire qu’il n’y a plus d’émotions ni
positives –compassion- ni négatives)
 D’autres dimensions, notamment relationnelles


Normose de l’environnement professionnel
Perte du développement personnel, initiatives, emprise-servitude –aliénation à
l’autorité d’autrui…
Mezerai M. et al, (2006) Dépression dans le milieu du travail, la Presse Médicale 35, (n°5-C2) pp 823-830
Le Burn-Out des équipes de soin
 Le syndrome de Burn-Out apparaît
particulièrement dans les professions
1. qui demandent d’avoir une FLAMME, une vocation,
2. où la réussite de l’action dépend essentiellement de
ses CAPACITES RELATIONNELLES,
3. exposées au stress, aux contraintes et aux
frustrations
Professeur Ph. Corten
La boussole du métier
Le personnel
L’Interpersonnel
L’Impersonnel
Le
Transpersonnel
Où commence l’abus de faiblesse?
 Quand on croit que l’histoire
commence avec soi, on cesse
d’honorer les personnes âgées
 Jorge Bergoglio, Pape François
Vers un début de reconnaissance juridique du care
 A côté de la qualité scientifique et technique des soins, s’amorce celle de la qualité
« humaine » du soin:
 3 dimensions sont ici retrouvées:
 Le « prendre soin »: soigner n’est pas seulement agir sur un corps,
c’est aussi « prendre soin » d’une personne singulière; il est ainsi exigé
des PS qu’ils « mettent en œuvre tous les moyens à leur disposition
pour assurer à chacun une vie digne jusqu’à la mort » (L 1110-5 CSP)
 La prise en charge de la douleur : celle-ci est obligatoire et « doit
être en toute circonstance prévenue, évaluée, prise en compte et
traitée » (L 1110-5 CSP)
 Respect de la dignité des personnes: doivent être proscrits tout
geste et/ou comportement qui aurait pour objet ou pour effet de
réduire à un corps et son corps à une chose.


Commettent ainsi une faute (qualifiant de maltraitance) les agents d’un hôpital
local ayant trouvé amusant d’insérer un cp de Polident dans la bouche d’un patient
« âgé et vulnérable ». Est ici à souligner que le fait que les agents aient affirmé, sans
être contestés, ne pas avoir mesuré l’importance de leur acte est resté sans incidence
sur la qualification juridique de la maltraitance
(CAA de Marseille, 1er juillet 2008, n° 06MA01137)
Définitions de l’abus de faiblesse
 Vulnérabilité de la personne
 Acte ou à une abstention qui lui
sont gravement préjudiciables
 Conscience de la vulnérabilité et
du préjudice de celui qui pose
l’acte
Jurisprudence et abus de faiblesse

La situation de vulnérabilité a notamment
été caractérisée en cas :







de surdité,
de cécité ou de mauvaise vue,
de troubles de la mémoire ou de la compréhension,
de situation de dépendance physique ou psychique,
de fragilité psychologique,
d’éthylisme,
de détresse morale liée à des deuils récents.
Crim., 3 septembre 2003, Pourvoi n° 02-85.535
Le risque d’abuser de la faiblesse du patient en
médecine: application à la recherche biomédicale
 Ce qui importe avant tout, c’est que l’initiateur de l’expérimentation recueille le
consentement exprès de l’intéressé et qu’il s’assure que celui-ci est libre et
éclairé.
 Tel n’a pas été le cas d’un médecin qui a administré, pendant cinq jours, à un
patient souffrant d’un syndrome respiratoire aigu, un nouveau produit qui
faisait l’objet d’une étude destinée à en comparer les effets avec un médicament
de référence, dans le traitement de la pneumonie aiguë et qui a été poursuivi
pour recherche biomédicale non consentie.
 Pour le déclarer coupable, l’arrêt attaqué a retenu qu’il avait entamé la recherche
alors que la victime était arrivée dans le service depuis une heure environ, qu’elle
était très affaiblie et manifestement dans l’impossibilité de donner un
consentement libre, éclairé et exprès, lequel n’avait été recueilli ni par écrit, ni
d’une autre façon.
 La chambre criminelle a rejeté le pourvoi du prévenu, estimant qu’en prononçant
ainsi la cour d’appel avait justifié sa décision (Crim., 24 février 2009, Bull. crim.
2009, no 45, pourvoi no 08-84.436).
QUEL AVENIR POUR LE GRAND AGE?
 Ignorance du diagnostic, patient « embarqué » par l’enthousiasme
médical dans une thérapeutique imprudente jusqu’à y laisser sa vie…
 Importance de l’information bienfaisante du malade
 L’abus de faiblesse en toile d’horizon
 Carol Jonas: "des petites affaires Bettencourt, il y en a beaucoup",
avec les mêmes ingrédients: conflits familiaux, suspicion de
captation de patrimoine, difficulté à mesurer l’altération des
facultés mentales.
 Les occasions d’abus le plus souvent constatées: chèques,
donations, testaments et mariages…
 «Cette histoire nous fascine car elle interroge notre rapport au
vieillissement et à l’argent. Le grand âge, ce n’est pas simple, ni
noir ni blanc…»
(S. Bornstein, L’Abus de faiblesse, La lettre de Psychiatrie, vol 7, n°1, 2011, 5-7
Cour de Cassation, Chambre Criminelle,
9 mars 2010, n°09-80210
 « Il existe une concomitance parfaite entre l’apparition des troubles
psychologiques de Gilbert A. et les diverses opérations litigieuses sur son
compte bancaire…Il ressort au contraire de l’entier dossier de procédure mais
aussi des pièces figurant au dossier de plaidoirie qu’ils ont fait déposer, qu’ils
ont sur exploiter le désert affectif dans lequel était Gilbert A., le plaçant dans
une situation psychoaffective exclusive, à leur profit …»
QUID DE L’ÂGE
DANS NOTRE SOCIETE?
 «L'important est moins celui que vous avez que la
manière dont vous l'habitez.»
 «Nous sommes des sociétés condamnées au
vieillissement»
 «Nous allons avoir besoin d'une vraie politique des
âges dans l'entreprise comme dans la société.»
Utilitarisme sociétal: Existe-t-on en tant que
personne âgée lorsque l’on a cessé d’être utile ?
Importance du management bienfaisant du soignant, de l’employé…
Harcèlement moral …

Quelle signification ?
 Comment le démontrer ?
 Réalité ou débat
syndicat/dirigeants
 Quels impact légaux ?
Harcèlement managérial
Une notion liée à la reconnaissance du
suicide lié au travail
 Soulignons que le « choix » du lieu de travail pour se suicide est un




phénomène récent.
La Q moderne est maintenant: comme se fait-il que la plupart des
individus travaillent sans tomber malades?
Ouvrage de Mme Hirigoyen: Le harcèlement moral.
Arrêt de la cour d’appel de Riom condamnant la CPAM de l’Allier à
prendre en charge au titre d’AT le suicide d’un salarié.
Loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002:
 Présomption d’imputabilité « lors de la survenue du suicide pdt le tps de
travail ou sur le lieu du travail et s’il n’y a pas d’éléments médicaux et
administratifs qui démontrent que le suicide est totalement étranger au
travail » Donc sur le lieu de travail mais pas que, puisque retenu si « sa
survenue, du fait du travail, est établie »
Le harcèlement altère la santé mentale
en générant un stress aigu et en provoquant un stress
chronique,
par la répétition des agressions ayant un effet cumulatif, ce
qui pose la Q de la méthode de gestion de l’employeur.
► Pour Font Le Bret, la dépression classique et la souffrance au travail
sont deux entités différentes. Dans le 2è cas le stress vis-à-vis du travail
prend un caractère phobique, JP Luauté, AMP, 2014.
► Mais ce n’est pas slt le stress qui est en cause: comptent
surtout « l’altération de la santé » ou la « compromission
de l’avenir professionnel »
Un peu de jurisprudence récente
 Cass. Soc., 21 mai 2014, n°13-16.341, inédit: JurisData n°2014-010723,
mme G c/ Société Compelexe commercial La Roche Posay:
 « Attendu cpt, que peuvent caractériser un harcèlement
moral les méthodes de gestion mises en œuvre par un
supérieur hiérarchique dès lors qu’elles se manifestent
pour un salarié déterminé par des agissements répétés
ayant pour objet ou pour effet d’entraîner une dégradation
des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses
droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou
mentale ou de compromettre son avenir professionnel »
Qui sont les harceleurs ?
Attention aux pervers narcissiques, mais attention aussi à
l’étiquetage trop rapide de perversité
Les harceleurs sont généralement des membres du personnel,
mais ce n'est pas toujours le cas.
Les harceleurs peuvent inclure, et de façon parfois
coordonnée:
………
Le manager
Les cadres de santé et la direction représente l’autorité
de l’employeur
Des collègues
Des patients et leur famille
La violence au travail peut être
 physique
 verbale
 psychologique
Est pointée par la Jurisprudence la caractère
anormal de l’exercice du pouvoir de direction:
Est ainsi sanctionné le « comportement insultant,
désagréable et inadapté » d’un manager à l’égard
de ses salariés, Cass. Soc. , 7 mai 2014, n°1311.038, inédit: Juris-Data n°2014-009210.
 des événements spécifiques, précis, ciblés ou non
spécifiques,
 Des actes sournois
 Une atmosphère générale délétère, contaminée
Nombreux problèmes éthiques
 Quid de l’acceptation de l’abus…
 complicité (enjeu affectif)
 ou servitude volontaire de Étienne de La Boétie (perte
« volontaire » de son autodétermination)
 Excès d’autorité, excès de stress, harcèlement
 Burnout comme conséquences du non-dit : de la fatigue
de compassion à la souffrance éthique…
Comment réduire la gravité
des conséquences du harcèlement ?
Poser la question de la solidarité
dans l’équipe
Place pour le retrait de la victime
Voie de droit possible, certes,
mais…
►Assurez-vous que le processus de mise en
œuvre des droits ne contribue pas au
développement ou l'aggravation d'une
blessure à la victime ou la personne accusée
de harcèlement.
Ex du suicide de l’ingénieur en informatique de Renault en 2006 après lequel
une enquête de l’inspection du travail avait découvert la réalité d’un
« harcèlement moral institutionnel »; la supérieure hiérarchique de l’ingénieur
s’était tjs défendue de l’accusation. Elle fera une dépression par la suite.
Burn-Out et harcèlement :
double problématique
 Rarement limité à une personne
 Souffrance éthique : insuffisance de moyens, aggravation par les
formations, compassion
 Hiérarchie et cadre de travail…Mais la qualification de harcèlement
peut être indépendante de la volonté de nuire de son auteur.
Personnalités pathologiques, indifférence, cynisme
 Les domaines de vie psychologique interfèrent avec le travail
 Sidération des émotions, irritabilité
 Déshumanisation des relations
 Démotivation, mésestime de soi
 Non protection de soi, non protection de la hiérarchie : langue
de bois et absence de résilience.
Mezerai M. et al, (2006) Dépression dans le milieu du travail, la Presse Médicale 35, (n°5-C2) pp 823-830
2. Raggio B, Burnout in intensive care unit. Minerva Anestesiologica 2007 April;73(4):195-200
L’endurance psychique
(Kobasa, 1979)
 Forte implication
 Sens aigu des responsabilités
 Capacité à donner du sens aux expériences
vécues
 Fort sentiment de contrôle sur les situations
stressantes
 Penchant certain pour les défis
Prévention des risques
psychosociaux
 Obligation de sécurité de résultat pour l’employeur
 « A défaut de volonté de nuire, les méthodes de
management déployées dans le but de poursuivre une
finalité économique, concurrentielle ou de
compétitivité peuvent être inadaptées et, en tant que
telles, constituer un harcèlement (CA Toulouse, 14 fev.
2013, n°11/01525). Ainsi, un salarié ne saurait se prévaloir
des félicitations reçues ni de la satisfaction de sa
direction pour justifier un comportement allégué de
harcèlement (CA Versailles, 19 fév. 2014, n° 10/03498) »
Le « burn-out »,
brûlure de l’intérieur
 Complication grave du stress professionnel et de
l’équilibre motivationnel:
 Une fatigue intense avec des douleurs diffuses (dorsalgies
ou migraines) et des troubles du sommeil.
 Un sentiment de déshumanisation: détachement
émotionnel de + en + marqué (jusqu’à la totale
indifférence à la souffrance des autres)
 Un désenchantement vis à vis de son métier et le
sentiment d’inutilité de ce qu’on y fait.
 Se voit chez les « professions donneuses »
P. Légeron, le stress au travail, Paris, 2001.
Modèle Ressources - Exigences
Exigences
Le burnout
L’apathie
L’enthousiasme
L’ennui
Ressources
Le modèle de Me Christina MASLACH
STRESSORS
Stress
Coping
Épuisement
émotionnel
Résilience
Burnout
Dépersonnalisation
Accomplissement
personnel
Différence entre coping et résilience
 Pour Anaut (2003), « la définition du terme de
résilience indique une différence notable avec la
notion de coping et surtout de sa traduction
française, l’ajustement, puisque la résilience suppose
deux mouvements. Le premier consiste dans des
modalités de résistance au stress ou au traumatisme
et donc la capacité à faire face (coping), alors que le
deuxième mouvement concerne davantage la
capacité à continuer à se développer et à augmenter
ses compétences dans une situation adverse ».
 ANAUT, M. 2003. La résilience, Paris, Nathan Université.
Le modèle de Karasek
Contrainte psychologique
Faible
Élevée
Élevée
Travail
détendu
Travail
actif
Faible
Travail
passif
Travail
tendu
Autonomie
décisionnelle
Burnout
Apprentissage actif,
motivation à
développer de
nouveaux types de
comportements
Risques accrus de
tension
psychologiques et
de maladies
physiques
Entre le modèle et la réalité…
Injonctions paradoxales
Injonctions
Souffrance
Limites
Travailler en équipe
Soin relationnel
Prévention des
troubles du
comportement
Distance d’avec le quotidien
Hiérarchie et refus de lâcher prise
de l’autorité
Conflits interpersonnels sans
liens avec le service
Conséquences des erreurs
Locaux inadaptés
Temps, plages horaires
Distances géographiques
Soins de base écrasent les
soins techniques prescrits et
fait oublier le soin
relationnel
Mutualisation des
moyens pour une plus
grande efficacité
Moindre connaissance des
résidents
Perte de temps à quérir ou à
transmettre les informations
Diminution des temps de
chevauchement
Traçabilité à la place de
relation
Protocoles
Qualité
Traçabilité
Perte d’autonomie, d’initiative
Non préparation à la gestion de
l’imprévu
Fragmentation des tâches
Et confusion généralisée des valeurs
Stress selon Henri Laborit
 Immédiateté de la
contrainte
 Incontournable
 Imprévisibilité
 Gravité éventuelle des
conséquences
Poids de la solitude face à
la souffrance éthique
Qu’est qu’un patient difficile en
psychogériatrie/psychiatrie du SA ?
 C’est sans doute un patient au comportement souvent




imprévisible et à l’occasion dangereux pour autrui
et/ou lui-même et pour lequel se pose la question du
trouble généré, tant dans l’entourage proche que dans
celui plus professionnel, faisant que le soignant va
ainsi être triplement troublé:
par la violence,
par la peur
et le désarroi de l’équipe dans laquelle il travaille,
non sans oublier le trouble du prescripteur, désorienté
par une situation inédite.
DIFFICILE
=
COMPLIQUE
« DIFFICILE ? »
En fait, rien
de plus simple
que la géronto
psychiatrie…
Les niveaux de Stress
 Phase d’alarme (Vigilance)
 Empathie désajustée, irritabilité
 Crainte (Réelle ou imaginée)
 Confrontation ou fuite
 Phase Adaptive/Resistance (Résilience)
 Gestion Gaspillage d’énergie
 Phase d’épuisement (Danger)
 stress chronique conduisant au burnout
 Intervention nécessaire
Ne pas faire la parenthèse du travail psychique:
faire la part de la place du fantasme
Hans Selye
DIFFICILE
=
LABORIEUX / PENIBLE
« DIFFICILE ? »
Étapes pour maîtriser le stress
1.
Repèrez-le : irritabilité récente, sensation d’être débordé, oublis multiples,
multiplication des incidents, surconsommation des médicaments, mauvaise
qualité de sommeil, désordres alimentaires, diarrhée…
2.
Reconnaissez le: tout le monde est stressé. Vous n’êtes pas
différents des autres
3.
4.
5.
Nommez le: Les stressors de chacun sont différents et dépendes de nos
personnalités, de nos expériences antérieures… SSPT et réminiscences
Formatez le: Elaborez stress et stressors. Emprise sur la situation (Ni
démission ni soumission), gestion, empathie = développement personnel.
partage avec les
collègues et interdisciplinarité, osez, soyez vigilant
Domestiquez le: préparation, soins de soi,
Les managers qui ont un contrôle de soi important sont évalués
par leurs collaborateurs comme meilleurs et plus équitables que
les managers dont le contrôle de soi est moins bon
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DIFFICILE
=
UN VECU PERSONNEL ?
MOI
SOIGNANT
MOI
« TOUT COURT »
TOUS
LES SOIGNANTS
LES
PROCHES
DIFFICILE
POUR QUI ?
CERTAINS
LES SOIGNANTS
DIFFICILE
POURQUOI ?
SOI
MÊME
LES PAIRS
« DIFFICILE ? »
Compliqué
Laborieux
Dangereux
Agaçant
Triste
Dérangeant
Inacceptable
Inconvenant
Indigne
Différence entre Fatigue de
Compassion et Burnout
 La fatigue de compassion est liée à une fusion des soignants qui
développent les symptômes de trauma semblable au patient
qu’ils prennent en charge par identification.
 La fatigue de compassion altère la relation soignant-malade,
désajustée, soit trop proche, soit trop distante
 Le trouble peut aussi ressembler au burnout, et y conduire
 Les deux peuvent se produire par l'épuisement émotionnel, par la
charge de travail réelle ou ressentie et par le stress
institutionnel
 Le burnout n'implique pas nécessairement un trauma
 Il s’accompagne, lorsqu’installé d’une sidération affective, d’une
irritabilité, d’une disparition de l’empathie, qui doivent attirer
l’attention des collègues
Wilson, E. (2008). New Program Offers Care for Caregivers. Department of
Defense Military Health System News, 23 May 2008.
La mémoire des moments historiques en
philosophie (Frédéric Worms)
 Le « moment 1900 »: Bergson et la conscience coextensive
de la vie, de l’attention à la vie.


Si la durée est l'essence de la vie intérieure, alors il n'y a pas de
conscience sans mémoire. Bergson distingue la mémoire-habitude de
la mémoire-souvenir.
1906, Aloïs Alzheimer et la cécité psychique de la personne qui
vit sans mémoire: le Maladie d’Alzheimer est née.
 Le « moment 1940 »: quand le sens de la vie a quitté
l’abstrait pour devenir existentiel, individuel.
 Le « moment actuel »: le “moment du soin” ?
 Celui des droits de l’homme, du droit à la santé pour tous,
impliquant le « prendre soin », le care, soit le prendre soin
d’autrui, moyen essentiel pour rester vivant.
4
FREDIRIC WORMS
UN BONHOMME TRES
RECOMMANDABLE
CHACUN S’EXPRIME LIBREMENT ET DE MANIERE AUTONOME
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ASYMETRIE
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RELATION INTERINDIVIDUELLE EQUALITAIRE
RELATIONNELLE
T
U
Soigner la souffrance éthique, et pour cela
commencer par refuser la perversion des valeurs
 Perversion de la valeur allouée au travail: il faut cesser de la
traiter comme une variable d’ajustement et lui reconnaître une
place centrale dans la création des richesses et la cohésion de la
société, Michel Suppiot, Non le ode du travail n’est pas le pb!,
Le Monde du 15 oct 2014.
 Perversion de l’idée de stoïcisme, car cette position éthique est
alors rabattue dans ce descriptif sur l’idée de passivité fataliste
et de cruauté par indifférence.

La vraie apatheia préconisée par Zénon « n’a rien à voir avec
l’insensibilité radicale des cyniques mais la sérénité intellectuelle, le
contrôle de soi, apanage de qui se possède […] la morale n’a rien d’un
code abstrait de devoirs; exprimant la physique, elle inspire à l’homme
la volonté d’apporter à l’ordre naturel sa contribution individuelle »
(Lucien Jerphagnon, A l’école des Anciens, Perrin, 2014.)
Que devenir après la brûlure de soi?
Qui s’absente à quoi?
 L’absentéisme a pris des proportions particulièrement
préoccupantes et de plus en plus dénoncées (cf. Cour des
Comptes, 2009).
 Le turn over des soignants et l’absentéisme sont aussi le reflet
d’une souffrance éthique dans l’institution, témoignant d’une
difficulté générale d’intégration des mutations des dispositifs
soignants, notamment en psychiatrie avec la fin du « tout
intrahospitalier ».

L’absentéisme est trop regardé comme un gaspillage de ressources
(coût des mensualités de remplacement) et peu dans sa
conséquence sur la qualité des soins: pourtant la réduction de
l’absentéisme est profitable à l’amélioration des conditions de
prise en charge des patients, surtout des plus fragiles.
Absentéisme et souffrance éthique
 Risque que la quantité fasse taire la qualité.
 Risque d’être un « soignant de passage » pour un « malade de
passage » (Louis Ploton), révélateur d’une confusion de nos
décideurs entre plasticité du personnel et flexibilité.
 Plus souvent mis sur le compte d’un travail trop lourd
physiquement que sur une désaffection pour une activité
soignante faisant de moins en moins sens.
 Problème de l’homéorrhésie, des changements
organisationnels incessants obligeant le personnel présent à
pallier à ces absences, d’où les modifications continuelles de
planning. Quand on retire une liberté fondamentale aux soignants, ils ne
peuvent pas ne pas la reprendre, à l’instar des soignés d’ailleurs
Absentéisme et nouvelle donne
institutionnelle
 De nombreuses réformes se sont succédées au sein du
secteur hospitalier (réforme du financement avec la
tarification à l’activité ou T2A, réforme de la
gouvernance, loi HPST, etc.), plongeant les
établissements de santé publics dans de nouvelles
conditions de fonctionnement.
 « Le phénomène révèle à la fois les difficultés des agents à
retrouver leur place dans le nouveau contexte hospitalier,
une prise en compte lacunaire des questions de bien-être
des personnels soignants par l’institution et les difficultés
de l’organisation à se stabiliser sur de nouvelles modalités
de fonctionnement ».
Dépister la fatigue de compassion,
ou l’atteinte des « bons entraînements »
 Un soignant absent c’est aussi l’indisponibilité d’une
compétence. A contrario l’absentéisme pour le Petit Robert
(1994), signifie : « « Absence d’un salarié de son lieu de
travail, non justifiée par un motif légal ; comportement de la
personne qui est souvent absente.»
 Avertissement aux professionnels qui ne s’arrêtent pas : il
est inévitable que les soignants éprouvent de temps à autre
les symptômes de la fatigue de compassion: réactions
normales au travail difficile et engagé au plan humain.
 Pour certains, ou dans des circonstances précises, l'expérience
de fatigue de compassion peut devenir si sévère qu’elle entrave
l’efficacité technique et menace leur santé mentale
personnelle… burn out.
 La mise en place du dépistage, du contrôle (Supervision), et
du suivi du risque psychosocial est nécessaire
 Numéro vert pour les risques psychosociaux
Bride, B., Radey, M. & Figley, C.R. (2007). Measuring Compassion Fatigue.
Clinical Social Work Journal: 35:155-163.
Mieux vaut prévenir que guérir
 Au lieu d’attendre que les professionnels deviennent
symptomatiques, faire l’inventaire des challenges du métier :
souhaits pour eux et les malades, valeurs et croyances mises en
œuvre dans le soin, équilibre quantité-qualité…
 Evaluer l’importance de la résonance empathique.
 Une évaluation précoce permet de transformer l’inconfort en
une croissance et un développement personnels.
 Ceci devrait être le but de la prévention du risque psychosocial
et le modèle de l’approche professionnelle de la FC
Tehrani, N. (2007). The cost of caring – the impact of secondary trauma on
assumptions, values and beliefs. Counselling Psychology Quarterly: 20(4): 325–339.
Être Vigilant !
 Reconnaître les symptômes de la fatigue de
compassion. Ne trichez pas avec vous-même
 Apprendre à aider et à se faire aider
 Être vigilant et accepter les signes de limitations
envoyés par votre famille, les collègues de travail, et
vous-mêmes : écouter son corps et sa psychologie
 Prendre le temps, se poser; mieux planifier les jours de
repos
 Essayez de changer petites choses qui vous rongent.
organiser votre travail pour vous concentrez sur l’essentiel
 Faite la part de ce qui est stressant au travail et/ou dans
votre quotidien, et travaillez ensemble en équipe
interdisciplinaire à organiser ce qui doit être changé.
La conscience du corps
 Le rôle du thérapeute travaillant selon des options de psychothérapie
humaniste est, en se centrant sur le vécu actuel de la personne, de
favoriser une relation aidante pour le client en s’appuyant sur les attitudes
que sont la congruence, la considération positive inconditionnelle et
l’empathie.
 On peut comprendre la congruence comme un mouvement de
« présenciation à soi dans le moment » – ici et maintenant et à l’intérieur
de soi – de sorte qu’existe une filiation probable entre la congruence de
Rogers et la pratique du Mindfullness (pleine conscience).
 Cette thérapie centrée sur la pleine conscience ou MINDFULNESS est
une greffe de « capacité à garder les émotions difficiles en
conscience – une conscience qui englobe les sensations
corporelles » (C. André)
Quels soins promouvoir pour favoriser la
conscience du corps? Ex de la Mindfulness
La pleine conscience, c’est
prêter attention au moment présent,
volontairement,
sans juger.
Jon Kabat-Zinn
Mindfulness:
pratique clinique
 Préserver une fraicheur de vue
 Pas de réponse du haut de la science ou de la sagesse
 Reconnaitre la fleur en l’autre (relation, interconnexion,




transmission)
On ne va pas guérir, on va gérer
… en toute simplicité (art de vivre)
Pas d’introduction, pas d’éxégèse
Est-ce que la fleur est jaune? On ne fait pas de théorie du
chromatisme!
Soins et Conscience:
d’abord la nosognosie?
 Quelle conscience de l’origine de notre Art?
 Médecine et méditation sont 2 mots de la même racine
(« muid »)
 « C’est d’abord parce que les hommes se sentent
malades qu’il y a une médecine, [laquelle est] une
activité qui s’enracine dans l’effort spontané du vivant
pour dominer son milieu et l’organiser selon les valeurs
du vivant ».
 Canguilhem G, Le normal et le pathologique, 10è éd. Paris, :
Quadrige/Puf, 2005, 155-6.
CCNE, Avis n°101
« Santé, éthique et argent : les enjeux
éthiques de la contrainte budgétaire sur les dépenses
de santé en milieu hospitalier » (comité-éthique.fr)
 le Comité d’éthique estime indispensable que
puissent être évaluées, c’est-à-dire valorisées 4
activités réelles:
 les soins relevant d’actions non instrumentales (facteur
motivationnel)
 la dimension sociale de la prise en charge
 l’innovation dans le soin
 les bénéfices indirects apportés à l’ensemble de la
population
Merci pour
votre
attention
Adam et Eve Le Faouet
Merci pour votre attention