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L’Italie: les débuts
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Guy Lanoue, Université de Montréal, 2011-2015
L’histoire de l’Italie est complexe, surtout
parce que les frontières de ce qu’a été
appelé «Italie» ont évolué depuis
l’Antiquité. Est-ce un lieu géographique
(la péninsule)? Le cœur d’une
construction politique (l’Empire)? Un
État-nation (le pays contemporain)? La
partie septentrionale du monde
méditerranéen? La zone méridionale aux
confins de l’Europe? Est-ce un espace
dans l’imaginaire de l’Occident où ont
émergé plusieurs traits qui définissent
«Occident»?
L’appellatif «Italie» est utilisé pour la
première fois par les Romains pour
parler de la péninsule. Il est fort
probable qu’avant l’ascendance de
Rome, ce nom était réservé pour le sud
de la Calabre. Ce qui domine l’histoire
de cette zone est la fragmentation, pas
l’unité.
http://www.italytravelsguide.com/images/italy.gif
Une présence humaine est attestée depuis 200,000 ans.
L’arrivée des peuples indo-européens probablement
vers 2000 a.-J.C. a transformé la péninsule, car leurs
pratiques agricoles ont largement détruit les traces des
peuples antérieurs. Il y a deux problèmes: 1)
l’agriculture est arrivée en Italie avant 2000 a.-J.C.;
2) les données génétiques ne sont pas cohérentes avec
l’évidence archéologique. Elles suggèrent que certains
ancêtres des peuples historiques sont arrivés dans cette
région il y a 8000 ans. Cette possibilité est en partie
attestée par les pétroglyphes de Valcamonica, une
Cerbiatto (Le Cerf), Valcamonica
vallée longue de 100 km au nord-est de Milan. Les
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/
premières images datent de 8000 ans, suggérant
9/92/Capodiponte0001.jpg/220px-Capodiponte0001.jpg
qu’elles précèdent l’arrivée des Indo-européens en Italie (mais pas en
Europe centrale). Les hypothèses de Colin Renfrew* suggèrent que la
technologie agricole est arrivée plus ou moins à cette époque, avant
l’arrivée des peuples indo-européens.
À gauche, l’art rupestre
de Valcamonica; voir
http://www.rupestre.net/alps/valcamon
ica.html.
Par contre, à droite, détail d’une
tombe étrusque près de
Barbarano Romano 75 km au
nord de Rome
http://spazioinwind.libero.it/popoli_antichi/Etruschi/Barbar38.jpg
http://sobreitalia.com/wp-content/uploads/2008/09/valcamonica-arte-rupestre.jpg
*Voir C. Renfrew, Archaeology and Language, Londres ,1987.
Il Pizzo Badile
http://digilander.libero.it/marcolazzarini/IL%20PIZZO%20BADILE.jpg
https://www.italieonline.eu/user/blogimg/winter/ValCamonica-mapa.gif
À gauche, les régions linguistiques d’Italie vers
700 a.-J.C., quand Rome était encore un
village. L’ombrien et l’oscan (et leurs dialectes
italiques, dont le latin) sont d’origine indoeuropéenne. L’étrusque a des origines
obscures, mais définitivement non indoeuropéennes (d’Anatolie ou d’Asie Mineure).
D’autres encore sont apparentés au celtique (le
ligure), au grec, et même à l’illyrien
protoalbanais (p.e., le messapien et
possiblement le vénète, qui aujourd’hui est
considérée une langue italique).
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thum
b/0/0b/Latium_-5th_Century_map-fr.svg/250pxLatium_-5th_Century_map-fr.svg.png
http://italianfamilysearch.com/images/misc/Italian%20languages%20map.png
L’étymologie d’«Italia»
1)
2)
3)
4)
5)
6)
7)
Selon une source, Italus serait un roi légendaire du peuple Énotre censé avoir vécu 16 générations avant la Guerre de
Troie (1180 a.-J.C.), donc c.1500 a.-J.C. Ceci est parfois raconté aujourd’hui par les Calabrais, mais à signaler que
«énotre» est lié à la racine du mot grec (oinos) pour vin, et les Grecs sont arrivés au sud d’Italie en 800 a.-J.C. 7
siècles après Italus. Quelques verres du vin local aident considérablement à avaler cette légende.
En 1844, un savant italien propose que le nom se réfère aux Taliani, peuple de l’antique ville de Tali en Numidie
(royaume berbère en Algérie et en Tunisie actuelles, plus tard une province romaine). Les Italiens seraient des
Berbères?
Utilisée par les Grecs de Magna Grecia pour se référer à la partie volcanique du sud (surtout Elba), qui, selon cette
théorie, serait Aithalia, de aith-, préfixe utilisé pour «feu de»… . Malheureusement, aith- selon les dictionnaires, est
plus proche aux racines des mots pour «demander» ou «demande».
Parce que les premiers exemples du nom sont attestés dans le nord et non dans le sud, certains ont proposé qu’Italie
soit un mot étrusque. Pourquoi les Romains du 3 e siècle a.-J.C. auraient-ils adopté un nom d’un peuple disparu et, de
leur point de vue, «étranger»?
D’autres proposent que le mot dérive le la langue des Osques, peuple italique et éleveurs de bétail, donc le mot viteliù
(«veaux», apparenté au latin vitellus, italien vitello) est adopté par les colons grecs. Plus tard, le mot «grecifié» est
réadopté par les Latins, qui veulent souligner l’importance de l’élevage dans le sud du pays. Le taureau est en fait le
symbole régional le plus répandu au sud (opposé au loup des Latins centrés dans la zone centrale du pays), mais
pourquoi les vaches du Sud donnent-elles leur nom à toute la péninsule? Pourquoi perd-il le «V initial?
Selon Giovanni Semerano, philologue italien renommé, le mot dériverait d’Atalu, mot phénicien et donc sémitique qui
signifie «coucher du soleil» (du point de vue d’Asie Mineure; de la même façon que l’Est pour les Romains est le
«Levant»). Semerano croyait que le Latin était apparenté aux langues de la Mésopotamie (p.e., l’Akkadien),
hypothèse rejetée par la majorité des savants.
D’autres le lie à italon, censée être le mot étrusque pour «taureau», sauf que le mot étrusque pour taureau est theuru,
qui me semble probablement emprunté du grec, tauros. http://www.luventicus.org/articles/francais/04JeD011/calabre.gif
Pourquoi les Romains auraient-ils pris le nom d’une petite zone (le sud) d’une région insignifiante
(pour eux, la Calabre) pour nommer tout la péninsule? Parce que la Calabre méridionale, Italia pour
les Grecs, est une péninsule, comme l’est l’Italie. Donc, le pays est né d’une synecdoque et d’une
analogie: petite péninsule pour grande péninsule; voir Alberto Manco, Italia. Disegno storicolinguistico, Naples, 2009.
Le nord gallo-celte
Dans le nord, les Gaulois arrivent au 4e siècle a.-J.C. et trouvent la culture de Golasecca (le nom de la
localité où furent trouvés les premiers restes de cette civilisation, car on ne connait pas comment il
s’appelaient). C’est une culture de l’époque de bronze et de fer, qui avait dominé leurs voisins les
Camuns, peuple d’origine inconnue et responsable pour l’art rupestre de Valcamonica. La culture de
Golasecca est un peuple celte qui utilise une alphabète dérivée de l’Étrusque, à différence des Gaulois,
qui seront alphabétisés par les Romains. Les Gaulois dominent ces deux cultures, qui disparaissent ou
sont absorbées. Cette région devient, pour les Romains, la Gaule cisalpine (la Gaule-face-aux-Alpes, à
différence de la Gaule transalpine, au-delà des montagnes).
Au nord, les populations montagnardes (les Reti, pour les Romains), selon certains Romains, sont
composées de groupes étrusques des plaines de la Padanie qui se sont réfugiés dans les Alpes après
l’invasion des Gaules. Plus probable qu’ils sont de tribus d’origine inconnue, comme les Camuns, ou
des petites tribus celtes sans alliés face aux Lombards puissants. Récemment, il a été proposé que leur
langue est en fait apparentée avec l’Étrusque.
Les tribus du nord, comme les Gaulois septentrionaux, ne sont pas unies quand arrivent les Romains au
3e siècle a.-J.C., et donc ces derniers trouveront facilement des alliés et n’auront pas d’obstacles pour
compléter leur conquête de la péninsule.
Les peuples italiques du centre et du centre-nord possèdent une culture appelée Villanova (900 – 700 a.J.C.), dont les traits restent mal définis (mais elle n’est pas apparentée à la culture dominante de l’Europe
de l’époque, La tène). Cette culture de l’âge du fer ne résiste pas à la croissance du pouvoir économique
des Étrusques après 700 a.-J.C . Au nord de l’Étrurie, les Gaulois immigrants doivent affronter la même
situation. Cependant, les Étrusques semblent plus motivés par l’échange que par la guerre. Les rapports
entre ces trois groupes sont complexes, mais les échanges mènent à des rapports positifs qui semblent
alimenter le développement du centre italique, possiblement parce que les deux cultures se sont fusionnées.
Le pouvoir étrusque est dû à l’abondance de métaux dans la région et à son système politique; à différence
des tribus incapables de s’unir, les Étrusques forment une confédération d’entre-aide.
http://mv.vatican.va/1_CommonFiles/media/photographs/MGE/002_MGE_15310_BS_go.jpg
Vase villanovien
Le centre: l’héritage étrusque
Les Étrusques (parfois Tusci par les Romains, dont le nom de la Toscane,
région des Tusci; ils utilisaient Rasna) vivaient au nord et au nord-ouest
de Rome, dans une confédération de 12 villes importantes. Plusieurs
éléments de leur culture restent incompris, car leur langue n’a pas été
déchiffrée (quelques mots survivent, comme «personne», «cire»,
«élément», car ceux-ci ont été adoptés par les Romains). Ils sont
possiblement d’origine anatolienne, mais l’étrusque ne semble pas
apparentée aux langues indo-européennes de la région. Ils avaient de
contactes commerciaux avec les Grecs, et donc pour les Romains furent
une source importante d’idées et de motifs religieux et artistiques
grecques. Connus pour leur métallurgie, leur civilisation a fleuri du 8e au
2e siècle a.-J.C., mais leur influence avait beaucoup diminué avec
l’ascendance de la culture gréco-romaine vers le 6e siècle a.-J.C.. Il est
possible que l’idée romaine d’une aristocratie héréditaire (les patriciens)
soit une idée étrusque, car les tombeaux italiques ne semblent pas
distinguer les riches et les pauvres. Leur religion est devenue la base de la
divination parmi les Romains, qui ont aussi adopté leur alphabète. Un des
derniers capables de lire l’étrusque fut l’Empereur Claudius (d.54 A.D.).
http://all-history.org/82/108-5.jpg
Une statue étrusque en bronze; à
droite, l’exemple le plus fameux
de l’art étrusque, la statue de la
Louve romaine adoptée par les
Romains comme symbole de
leur civilisation (les jumeaux
Romulus et Remus ont été
ajoutés à la Renaissance).
L’origine étrusque a été
récemment disputée après des
analyses de l’âge du métal.
http://www.texarkanagazette.com/content/
uploads/pictures/2008/07/ITALY%20ROME%20S
H E-WOLF%20N_Dupr.jpg
Les premiers rois de Rome n’étaient pas romains:
Romulus 753-716 (origine inconnue, un fait souligné par l’adoption de la part du berger Faustulus et sa femme
«surnommée La Louve»)
Numa Pompilius 715-674 (Sabin)
Tullus Hostilius 673-642 (Romain)
Ancus Marcius 641-617 (Romain, de mère sabine)
Lucius Tarquinius Priscus 616-579 (Étrusque, de père grec)
Servius Tullius 578-535 (Étrusque)
Lucius Tarquinius Superbus 534-509 (Étrusque)
La république, selon l’histoire légendaire de Rome, fut fondée en 509 après une
révolte populaire contre la tyrannie du dernier Lucius Tarquinius (Superbus, dans ce
contexte, signifie «amour-propre»); à la tête de l’insurrection fut Lucius Junius
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/co
mmons/thumb/7/76/Tizian_094.jpg/457p
Brutus, donc fondateur de la République et ancêtre de l’assassin de Gaius Julius
x-Tizian_094.jpg
Caesar, Marcus Junius Brutus. Cet acte de violence contre le «tyran» Caesar met fin
en 44 a.-J.C. à la République et ouvre la porte à l’Empire créé par Octave/Auguste.
À droite, le viol de Lucrèce (Tarquin et Lucrèce, Titien, 1488/90, Musée Fielding
à Cambridge) par Sextus, fils du roi Lucius Tarquinius. Selon les légendes
(notées en Tite-Live, Histoire de Rome… ), cette femme aristocrate a préféré se
suicider plutôt que vivre avec la honte (le viol était une offense à l’honneur du
paterfamilias du clan de la femme violée). Sa famille s’est vengée en
déclenchant la rébellion contre le dernier roi de Rome. Donc, Rome fut fondée
par un acte de fratricide quand Romulus tue Remus; la République nait du
suicide; et l’empire émerge après un parricide symbolique (César considérait
Brutus comme son fils). Trois morts violents qui ont changé l’histoire, et un
parcours ouvert et fermé par un Brutus, un «idiot» (telle est la signification du
nom en Latin; c’est aussi possible que la famille trace ses origines à Bruttium, la
Calabre).
Notez que Lucrèce, le nom de l’héroïne de légende dont le suicide a motivé les Romains de mettre
fin à la monarchie, n’est pas un nom personnel dans notre sens du mot. Elle appartient au gens
Lucretia (un patriclan ou même une tribu, dont les membres partagent un nom, qui est féminin
parce que gens est féminin, comme l’Hôtel Reine Elizabeth devient Le Reine Elizabeth). Lucrèce,
comme les Julie (Iulia), les Claudia, les Antonia, les Cécile (Caecilia), les Valérie (Valeria), les
Émelie (Aemilia) et d’autres que nous considérons aujourd’hui des prénoms féminins sont en fait
des noms claniques. Pour les Romains patrilinéaires et patriarcaux, les femmes n’avaient pas de
noms en tant que tels. Elles portaient le nom du gens, comme si de nos jours la fille de Pierre
Lebrun s’appelait «Lebrune Lebrun». Dans le système romain, sa sœur cadette serait «Lebrune
Lebrun Lapetite» (minor), et l’ainée serait «Lebrune Lebrun Lagrande» (maior).
http://www.bbc.co.uk/history/ancient/romans/images/roman_women_wife.jpg
À droite, un couple
romain; on distingue
des instruments pour
écrire (stilus et
tablette) tenus par la
femme. L’inégalité
formelle ne signifiait
pas que les femmes
n’avaient aucun
pouvoir.
http://100falcons.files.wordpress.com/2008/10/roman-women_faces.jpg?w=400&h=273
Statues de femmes romaines, Musée du Vatican
Les noms et l’héritage clanique
Typiquement, les Romains avaient trois noms:
1) le prénom (praenomen, «avant-nom»), généralement utilisé uniquement par les amis et la famille,
ces noms sont tellement répandus qu’ils sont souvent ignorés en occasions formelles (Gaius
Julius Caesar devient «G. Julius Caesar» en public et «Gaius» pour ses amis);
2) le nom du clan (nomen, ou nomen gentile);
3) le surnom (cognomen, le nom de la branche du clan, donc le nom de famille). Les nomen ont
souvent perdu leur signification originale, mais les cognomen étaient souvent issus d’un trait
particulier du fondateur du lignage: chauve (Calvus), barbe-cuivrée (Ahenobarbus), sale
(Crassus), brute/idiot (Brutus), bien que certains cognomen dérivent des exploits héroïques de la
personne ou de leur lieu d’origine.
Donc, «Jules César», en réalité Gaius Julius Caesar : Gaius (ou Caius,
du Grec Gaios, «seigneur», qui devient «chef», «guide» et donc
«Guy» pour les Franco-allemands); du clan des Iulii, la gens Iulia, les
descendants d’Iule (a.k.a. Ascanius), fils légendaire d’Énée (fils de
l’héros Anchises et de la déesse Vénus) et de la fille de Priam roi de
Troie; et de famille Caesarius («chevelure», une référence ironique à
la calvitie de César et, probablement, de son père; c’était évidemment
un trait de famille). Donc, dans le
système romain, il était Jules Lecoiffé »;
chez nous, simplement « Guy Lecoiffé ».
À droite, le seul buste de César exécuté durant
sa vie; un peu moins féroce et un peu plus
chauve que la version d’Astérix, à gauche.
http://www.unf.edu/classes/freshmancore/core1images/caesar1.jpg
Les noms, cependant, ne sont pas
toujours un guide à la généalogie
d’un Romain, surtout de classe
supérieure. Pour assurer la
succession d’un lignage, les
nobles parfois adoptaient de
personnes souvent déjà
apparentées, mais d’un lignage
lointain à l’intérieur du clan. Les
empereurs surtout étaient aptes à
adopter leur successeur. La
personne adoptée changeait de
nom, mais parfois ils
conservaient leurs anciens noms.
Vers l’an 150 A.D. le système
classique est assez brouillé. Les
femmes pouvaient aussi changer
de nom au mariage. Pour
compliquer le portrait, les
Romains pratiquaient le divorce
assez fréquemment, et donc les
enfants parfois ne portaient pas
les noms de leurs parents.
http://balkanpazar.org/Rome%20and%20Romania,%20Roman%20Emperors,%20Byzantine%2
0Emperors,%20etc_dosyalar/rome-01.gif
Le sud: les Messapes et les Grecs
Dans le sud, les peuples latins, oscans (des langues apparentées au Latin) et messapes (une langue
illyrienne) ont été colonisés par les Grecs dès 800 a.-J.C. (voir J.P. Mallory, In Search of the IndoEuropeans, Londres, 1989). Ces colonies étaient de points d’échange et de commerce, et les
immigrants grecs ont amené certains éléments de leur culture, surtout l’architecture et la religion (ils
ont érigé plusieurs temples). Cette colonisation a
probablement été motivée par l’émergence d’une
classe mercantile qui s’opposait à l’aristocratie
traditionnelle, et par l’indépendance des villes
grecques, qui a certainement alimenté la
compétition économique et les a poussé à fonder
de colonies à l’étranger pour qu’elles contribuent
à la richesse de la ville mère. La majorité a été
absorbée par les Romains après 275 a.-J.C., avec
la défaite du roi Pyrrhus, qui avait envahi la
région pour appuyer la colonie grecque de
Tarentum dans sa dispute avec Rome. Ces
colonies étaient politiquement indépendantes, et
donc incapables de résister aux Romains. La
conquête de cette région et l’invasion de Pyrrhus
a poussé les Romains à poursuivre leur politique
agressive. La métropole grecque fut absorbée
après 146 a.-J.C. avec la défaite de la ville de
Corinthe, mais la longue période de contacte et la
richesse économique et culturelle des colonies
ont impressionné les Romains, qui, à la fin, se
sont partiellement hellénisés.
http://www.utexas.edu/courses/greeksahoy!/magna_grecia_metropoleis.jpg
Les colonies de Magna Grecia vers 550 a.-J.C.
Trois héritages du passé, et trois régimes culturels dans la péninsule au seuil du nouveau millénaire:
les Gallo-Celtes au nord, les peuples italiques du centre qui partagent la culture villanova (dont la
branche latine); et au sud les Grecs, les tribus oscanes (langue apparentée avec le Latin) et les
Messapiens (des tribus qui parlaient une langue apparentée avec l’Illyrien, ancestrale à l’Albanais).
Aujourd’hui, ces trois zones correspondent à trois régimes fonciers « traditionnels », mais ils n’ont
aucun rapport direct avec l’héritage du passé. Les folkloristes contemporains qui prétendent
autrement sont de victimes de l’idéologie officielle qui insiste sur ces différences et qui ignore qu’elles
ont émergé au 19e siècle avec l’unification de l’Italie.
Le sud: les personnes vivent dans des
villages, souvent situés au sommet des
collines. Le terroir du village se situait à
une certaine distance du village. Ces
agglomérations sont également lieux de
commerce et d’artisanat pour les paysans,
mais ces produits ne sont pas échangés en
dehors de la région. L’architecture est
influencée par les occupations normandes
et espagnoles du sud. Il y a parfois de
murs, mais la sécurité est généralement
garantie par la location sur des sommets
relativement inaccessibles, ce qui
contribue à décourager l’échange de
marchandises. Les produits agricoles, par
contre, partent directement au marché, ce
qui facilite l’échange agricole.
Santo Stefano, Abruzzes
http://www.independent.co.uk/mul
timedia/archive/00354/4954319_354164a.jpg
Le centre: comme au sud, les villages sont situés sur
des collines, mais ils ont l’apparence de petites villes,
car leur économie est influencée par les grandes villes
du centre du pays, surtout Rome. Les villages sont
donc des projections des grandes métropoles dont ils
dépendent. Il y a davantage d’activités artisanales et
commerciales centrées sur une économie régionale. On
peut voir l’influence du régime médiévale classique
dans l’esthétique locale.
Monteriggioni, Tuscane
http://us.123rf.com/400wm/400/400/faberfoto/faberfoto0806/faberfoto080600034/3210616tuscany-medieval-village--monteriggioni--italy.jpg
Le nord: souvent, les villages sont de centres
commerciaux, car les fermiers et les paysans ont
tendance à vivre dans de maisonnées situées sur
leurs terres. Les villages sont donc situés plus en
fonction d’un système de production et d’échange
et non de défense de la population paysanne,
comme au sud et au centre. Des trois régimes,
c’est le nord qui miroite les structures
organisationnelles qui ont donné naissance au
capitalisme. Les villages n’ont pas de murs;
l’ouverture favorise symboliquement l’échange.
Un village près de la ville de Trento
http://us.123rf.com/400wm/400/400/evgeshag/evgeshag1107/evgeshag110700020/986689
8-typical-village-in-the-northern-italy-mountains-next-to-the-city-trento.jpg