Biens complexes

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TICs et économie numérique
CNAM – Paris - EPT 208
2007
Michel Gensollen
CNAM – TICs et économie numérique - MG – 2007
Economie de l'internet et des nouveaux médias
Biens complexes - savoir et innovation
CNAM – TICs et économie numérique - MG – 2007
Biens complexes et communautés de pratique
CNAM – TICs et économie numérique - MG – 2007
Échecs des marchés : biens complexes
Biens complexes:
I
Pp
M
Pc
Biens complexes - apprentissage
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• biens difficiles d'emploi, qui demandent de
l'information et des représentations
spécifiques
• biens qu'on peut paramétrer (on achète un
bien générique qu'on doit adapter pour son
usage propre, ex: ordinateur)
• biens formant système: leur utilisation
demande la disponibilité d'autres biens
Limite des modes d'emploi
 ils sont pensés comme "donnant de l'information"
 alors qu'ils doivent permettre d'acquérir des modèles mentaux différents
Produits modulaires et nécessité pour les usagers d'adapter le produit
 tous les assemblages de modules n'ont pas pu être testés ex ante
 James Bessen [2001], "Open Source Software: Free Provision of Complex Public
Goods"
Ensemble de produits nouveaux prenant place au sein d'un nouvel algorithme social
 la mise en place de l'algorithme social {Pp / Pc} demande souvent la présence
d'un organisateur (ex: la voiture et Michelin) pour coordonner diverses filières
 multiples externalités de réseaux et multiples transferts entre acteurs
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Modes d'emploi: informations et savoirs (1)
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Double utilisation des modes d'emploi :
 cf. Dominique Boullier [RTP (Réseau Thématique Pluridisciplinaire) STIC "Acceptabilité,
ergonomie et usages"]
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 ceux qui lisent tout et ne s'en sortent pas
 ceux qui savent a priori et qui utilisent le mode d'emploi ponctuellement (détails)
 dans les deux cas, le mode d'emploi sert peu
Il faut distinguer {informations / savoirs codifiables / savoirs tacites}
 information: bit stream
 savoir codifiable: un algorithme qui peut s'acquérir par la seule fourniture
d'informations (programme d'ordinateur)
 savoir codifiable personnel: en fait l'algorithme est déjà présent et on fournit un paramétrage
(ne serait-ce que les algorithmes de mémorisation)
 savoir tacite personnel: algorithme contenant des routines individuelles
 elles ne s'acquièrent pas à partir de la seule fourniture d'informations (monter à bicyclette)
 une phase d'apprentissage est nécessaire : imitation, essais - erreurs, jeux (essais - erreurs
dans un contexte où les erreurs ne sont pas trop coûteuses), entraînement, enseignement
 savoir tacite social: algorithme social assemblant des routines individuelles
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Modes d'emploi: informations et savoirs (2)
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Informations et savoirs codifiables sont des biens non-rivaux
Le savoir tacite personnel est un bien rival (coût marginal d'acquisition
élevé)
 son acquisition, lente, fait appel à des services onéreux
 à faibles gains de productivité (enseignement)
 où les TIC n'ont pas été très utiles (didacticiels, enseignement à distance,.. )
Le savoir tacite social est un bien fortuit
 on ne sait pas le produire
 en particulier parce que les entreprises fonctionnent selon un modèle formel
(hiérarchique) et un modèle réel autour du modèle formel (réseau)
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Quel organisateur pour les biens informationnels ? 1
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Le fait que le savoir tacite soit un bien rival jouait peu de rôle dans l'économie
traditionnelle:
 les biens et services n'exigeaient des consommateurs que des savoirs simples, acquis
une fois pour toute au début de la vie
 l'enseignement de ces savoirs simples était hors des régulations économiques
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Pour les biens complexes récents, quels sont les organisateurs ?
les distributeurs ont préparé les consommateurs à l'achat des biens complexes:
 les distributeurs ont tenté de jouer un rôle de {formation – acculturation} : FNAC
 ils ont surtout joué un rôle pour rendre visibles des qualités verticales (pour un même
bien plusieurs dimensions techniques) cf. biens d'expérience
 la qualité horizontale est vue par les consommateurs comme l'agrégation (avec des
coefficients différents pour chacun) de diverses qualités verticales
le lieu de travail : externalité entre les usages professionnels et personnels
 dans le cas de l'ordinateur, formation unique du consommateur (eco. d'envergure)
 même interface,
 mêmes représentations nécessaires
 en sens inverse, les entreprises en ont aussi bénéficié dans le cas des microordinateurs
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Quel organisateur pour les biens informationnels ? 2
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les designers / ergonomes ont tenté de rendre les biens explicites:
 l'objet représente son utilisation : notion d'affordance (Don Norman / Gibson)
 Gibson, James J. 1979. The Ecological Approach to Visual Perception
 Norman, D. A. 1988. The psychology of everyday things
 Affordance: "perceptual characteristics of an object that make it obvious what the
object can do and how it can be manipulated"
en tenant compte du fait que certains éléments du savoir tacite pouvait
être réparti dans les outils
Cognition distribuée
 les processus cognitifs ne sont pas seulement dans la tête de celui qui pense
 ils sont répartis : les algorithmes cognitifs reposent sur des aides externes
 Andy Clark. 1997. Being There: Putting Brain, Body And World Together Again
 Hutchins, Edwin. 1995. Cognition in the Wild
 il faut travailler au niveau des routines sociales (Pp M Pc)
 qui sont plus que la somme des routines individuelles (consommateurs) et
collectives (pratiques des entreprises)
 qui doivent tenir compte du savoir incorporé dans les objets
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Communautés de pratique
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Il s'agit de communautés épistémiques au sens faible
 communautés où se réalisent des apprentissages
 communautés qui ne se donnent pas explicitement la tâche de créer des savoirs
nouveaux
Communautés de consommateurs à des moments divers d'apprentissage
 exemple des forums, des listes de diffusion (logiciels libres ex: Debian)
 les messages envoyés aux listes sont
•
 distribués aux abonnés
 copiés dans l'archive publique afin que tout le monde puisse y naviguer et y faire des
recherches (à partir d'un moteur type Google)
L'institution se caractérise par :





la création d'un corpus informationnel : des fils de discussion
des règles de participation (avoir lu la documentation, les FAQ,..)
des règles d'interaction et des procédures pour les faire respecter (flaming)
moins l'échange d'informations que la confrontation de représentations diverses
la structure interactive est nécessaire : le problème posé est celui de la
métareprésentation
 Eric von Hippel (MIT), Marc Smith (Microsoft, UCLA) , Peter Kollock (UCLA)
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La métareprésentation
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Comprendre un message demande
 de pouvoir se représenter les représentations de celui qui l'a émis (ce qu'il sait,
comment il le structure,..): métareprésentation
 Sperber, Dan (2000) Metarepresentation: a multidisciplinary perspective
 d'avoir la capacité d'interpréter ce que dit (fait) autrui en terme de croyances et désirs
(TOM: Theory of mind)
 ce qui est (?) lié aux capacités linguistiques (les primates ont-ils une TOM ?)
 cf. D. Premack and G. Woodruff "Does the chimpanzee have a theory of mind?"
•
Dans la relation d'aide (expert -> débutant)
 ça n'est pas parce que l'expert en sait plus que le débutant qu'il est capable de
métareprésenter le problème
 de comprendre l'incompréhension de quelqu'un qui n'a pas les mêmes références que lui
 aider quelqu'un ça n'est pas résoudre un problème réel (informatique, technique,..)
 mais un problème cognitif
 cf. les nombreux problème de fonctionnement des hot lines
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Les communautés de pratique fournissent théoriquement
 des niveaux variés d'expertises
 débutants, utilisateurs chevronnés, experts,..
 donc plus de chance d'une méta-compréhension des difficultés rencontées
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Biens innovants et communautés épistémiques
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Échecs des marchés : couplage innovations - usages
L'innovation modifie les algorithmes sociaux
I
Pp
M
Co-évolution
•
Pc
C
• non seulement les processus de production
• mais les routines de perception / action des
consommateurs
• le fonctionnement des marchés et des
hiérarchies
• il convient de s'interroger sur la
morphogenèse sociale (émergence
d'institutions régulant les processus de
{production-échange-consommation}
Rôle des TIC dans le couplage innovation / usages




Des communautés de pratique aux communautés épistémiques
De l'information aux savoirs
De la non-rivalité des informations à la non-rivalité par circulation des savoirs
voir l'innovation "horizontale" de von Hippel
 Hippel, Eric von. 2002. "Horizontal innovation networks by and for users"
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Quelle institution pour le bouclage innovation / usage ?
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Le passage des communautés de pratique aux communautés épistémiques
Communautés de pratique
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Communautés épistémiques (modèle du logiciel libre)
 représentations hétérogènes
 entraide, ceux qui viennent d'apprendre étant mieux placés pour
métareprésenter les situations de blocage
 le produit (ex: le logiciel) lui-même étant donné
 = communautés de pratique + la participation active des concepteurs
 continuum entre les utilisateurs (qui sont capables de corriger modifier les
produits)
 et les concepteurs / développeurs (qui souvent ont développé, ou adapté, les
produits d'abord pour eux-mêmes)
 les concepteurs et les utilisateurs peuvent-ils co-évoluer ?
 ce modèle peut-il s'étendre (à quelles conditions sur la participation ?)
 à tous les produits ?
 au domaine culturel (continuité entre auteurs et récepteurs, réemploi,..) ?
 au domaine scientifique ?
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De l'information aux savoirs
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Pour les biens dématérialisés, les communautés d'échange de fichiers
 cherchent à bénéficier des gains de productivité offerts par les TIC
 que le système productif veut accaparer en monopolisant la duplication sans coûts
Le fonctionnement de ces collectifs ne poserait pas de problème (bien non-rival)

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n'était la lutte entre les producteurs et les consommateurs
Pour les biens d'expérience, complexes ou innovants, les communautés
 constituent un nouvel équipement informationnel des marchés
 en accord avec le système de production – distribution pour les biens d'expérience
 en rivalité avec lui pour les autres biens (modèle "ouvert")
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•
Le fonctionnement des communautés épistémiques pourrait poser problème
 puisque le bien échangé (le savoir tacite) est rival (son coût marginal de duplication
n'est pas 0): aider, enseigner demandent du temps
mais le savoir (tacite) forme un ensemble non-rival de biens rivaux circulants
 pour une culture / un savoir scientifique
 chacun possède une pièce d'un ensemble formant système
 qui circule par échange asynchrone, hors du système marchand
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