L`entretien d`aide à l`explicitation

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ASH 2007-2008
L’entretien d’aide à l’explicitation
(EDE)
Martine Maissin
IUFM Champagne Ardenne
Un contexte :
 Formation d’enseignants du 1er et du 2d degrés pour
l’enseignement à un public en difficulté
d’apprentissage
Une commande :
 Donner une information sur un mode de
questionnement visant à faire expliciter les procédures
d’actions des élèves/des stagiaires
Un objectif :
 Aider les enseignants à prendre conscience de la
structure de leur questionnement à l’égard des
formés/de leur propre questionnement.
Plan :
• L’entretien d’aide à l’explicitation.
• Les enjeux
• L’articulation à l’analyse de pratique
1. L’entretien d’aide à l’explicitation
Un fondateur : Pierre Vermersh
Chargé de recherche au CNRS
Psychothérapeute
Une association loi 1901 : le GREX
(groupe de recherche sur l’explicitation)
Une revue : Expliciter
Un site : http://www.es-conseil.fr/GREX/
L’EDE est utilisé en recherche, en coaching, en analyse
ergonomique, en thérapie, en analyse d’activité
professionnelle, en pédagogie.
En pédagogie, il est destiné à accompagner les
apprenants dans leurs apprentissages et dans la
construction d’outils métacognitifs.
3 objectifs :
S’informer
Aider l’autre à s’auto-informer
Apprendre à l’autre à s’auto-informer
L’interviewé peut prendre conscience de ce qu’il
sait, de ce qu’il sait faire, de comment il le sait,
de comment il fait quand il sait le faire, de
comment il fait pour savoir qu’il le sait ou qu’il le
fait.
Expliciter quoi ?
Le vécu de l’action
Actions matérielles, matérialisées, mentales
 Décrire « la succession des actions élémentaires qu’un
sujet met en œuvre pour atteindre un but » selon une
« temporalité qualitative »
(ante-début, début, déroulement, fin, post-fin)
 Décrire l’action dans sa granularité : étapes, actions
élémentaires, micro-opérations (prises d’information, prise
de décision, exécution)
Quels référents théoriques ?
Constructivisme : Piaget
Phénoménologie : Husserl
Primat de l’action sur la conscience.
Le sujet peut réaliser une activité sans savoir ce qu’il a fait
pour y parvenir.
Il est question de « passer d’un plan implicite, pré-réfléchi, à
un plan explicite, réfléchi, pour connaître les démarches
précises et individuelles pour agir, apprendre, comprendre,
résoudre, effectuer une tâche professionnelle » A.Balas
Trois attributs à l’EdE :
Une posture : prendre conscience par réfléchissement
de ses démarches, re-présentifications, stratégies
 Une méthodologie : l’EdE est un ensemble de
techniques contre-habituelles : pas de « pourquoi » qui
fait appel à la mémoire intellectuelle et provoque
rationalisation, justifications, jugements, commentaires :
on questionne le processus (comment, qui, quoi, où,
quand, par quoi as-tu commencé, continué, avec quels
objectifs, en mettant en oeuvre quels savoirs… ?)
 Une expérience : cela s’apprend en faisant, « au
commencement était l’action »
Le système des informations satellites de l’action vécue :
CONTEXTE
BUTS
SAVOIRS
ACTION
OBJECTIFS
INTENTIONS
JUGEMENTS
COMMENTAIRES
OPINIONS
Des conditions pour installer la communication
Un cadre éthique :
respect
curiosité
pertinence
lucidité
Installer et soutenir l’évocation
en repérant des indicateurs :
Décrochage du regard
Utilisation du « je » et du présent
Ralentissement du rythme de la parole
Détente physique
Vocabulaire simple et phrases minimales
Gestuelle descriptive
Une technique de questionnement :
 Initier et stabiliser un contrat de communication
 Installer et maintenir l’accord analogique
 Questionner un moment spécifié
 Relancer en structure (modalités/sous-modalités,
comment, quoi, utilisation du présent, de la parole en
1ère personne, faire écho linguistique et gestuel,
formulations vides de contenu, recherche de la
temporalité qualitative de l’action, fragmentation, modèle
de l’action)
 Réguler
2. Les enjeux
Courant de l’éducabilité cognitive : l’apprenant peut
progresser et il peut se doter d’outils cognitifs
L’élève, le stagiaire connaît « en acte » quelque chose
que le pédagogue ne sait pas.
La prise en compte du point de vue de l’interviewé est
primordiale : 1) c’est lui qui sait sur son action et 2) c’est lui
qui peut donner de l’information sur l’action
L’enseignant (le tuteur ou superviseur) n’est pas
celui qui sait, mais celui qui a besoin
d’informations pour pouvoir aider.
Il est dans une posture d’accompagnement.
L’apprenant est au centre, l’intervenant en
périphérie.
De manière annexe (non négligeable !) et dans une
logique de formation d’adultes, le stagiaire est acteur de
sa formation.
Il est question de le faire passer d’une position de
praticien à une position d’analyste ou de chercheur,
c’est-à-dire de développer sa capacité à penser sa
pratique.
L’entretien d’aide à l’explicitation est un outil de base pour
que le stagiaire ait accès à l’information sur son vécu
professionnel.
Il peut alors identifier les écarts entre le réalisé et le
prévu, entre le réalisé et le souhaitable.
Ces écarts deviennent autant de problématiques
de formation.
Les ressources du plan de formation sont
objectivées.
3. L’articulation à l’analyse de pratique
Un postulat : On ne peut analyser la pratique si on ne sait
pas en quoi consiste cette pratique, si elle n’a pas été
décrite.
L’EDE correspond au temps 1: l’élucidation de la pratique.
L’analyse, l’aide, la remédiation ne peuvent venir
qu’ensuite : après le réfléchissement (temps 1), peut venir
la réflexion (temps 2).
Divers dispositifs d’analyse de pratique,
divers outils:
 Groupes d’Approfondissement Personnel
 GEASE Groupe d’Entraînement à l’Analyse de
Situations Educatives
 Exploration des variables
 Autoscopie
 Ecriture d’un journal de bord
 Examen des traces
……
L’entretien d’aide à l’explicitation peut intervenir à
certains moments de l’analyse de pratique, si l’
outil convient au formateur et si les conditions
sont réunies (opportunité, compétence minimum du
formateur, accord du formé, climat de confiance..).
« On peut avoir besoin de maîtriser une technique
d’entretien sans pour autant mener des entretiens. »
(Vermersch)
Exemple d’un protocole pour explorer les variables
où l’EDE peut trouver sa place :
1er temps : 10mn
 Dans le groupe (4ou5), chacun évoque pour soi une
situation professionnelle bien précise qui lui a donné à
réfléchir
 Chaque participant décrit rapidement aux autres la
situation à laquelle il pense
 Le groupe se met d’accord pour choisir une situation
2ème temps : 45 mn
 Le narrateur expose en détail la situation choisie (aide
à l’explicitation par le formateur)
 Le groupe, avec le narrateur cherche à clarifier :
Les variables sur lesquelles, dans cette situation, on ne
peut agir
Les variables sur lesquelles, dans cette situation, on
peut agir
 Le résultat est transcrit sur affiche
3ème temps : 30 mn
 Mise en commun en grand groupe des variables
recensées, essai de classification
 Intérêt de ce travail pour l’analyse de pratiques
professionnelles
Conclusion :
Ouvrir un espace de parole au formé pour qu’il
mette en mots son expérience
apparaît
aujourd’hui comme la condition indispensable à
une formation professionnelle autonomisante
et respectueuse
La technique de l’entretien d’explicitation est
un des outils possibles, voire indispensables,
pour mettre en cohérence ce qui est dit de la
pratique et la réalité de ces pratiques.