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Bonjour à vous et merci de nous accueillir.
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Nous avons eu envie de vous faire partager notre
expérience de l’hypnose en soins palliatifs.
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De nombreux documents ont été écrits sur ce sujet :

Celui de l’équipe du docteur Foster reste un
exemple fort(revue internationale de soins palliatifs 2004 )
Il nous évoque ces moments vécus par le
patient et son entourage comme une ronde
entre le moment de l’annonce de la maladie
et son acceptation jusqu'à la préparation de
la mort .
Tout s’intrique et se mélange sans ordre
particulier.
Ce qui nous a intéressé c’est de faire notre
propre expérience et de vous relater
pendant cet exposé le vécu de celle ci
 L’exposé que nous vous présentons
aujourd’hui reflète le récit d’une expérience
partagée entre Christine et moi-même :
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D’abord à domicile quand j’ai eu la charge d’une équipe
territoriale de soins palliatifs pour les domiciles de la région
Salonaise et ses environs (territoire de 200kms).
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Ensuite à l’hôpital sur l’unité de soins palliatifs de
Salon avec le passage à 8 lits :
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Après les difficultés vécues par le désir d ’ instaurer
l’hypnose au bloc opératoire en arrivant de ma formation :
Hostilité, surprise, défit, isolement voire solitude, économie
de temps.
Devoir choisir entre Kairos
et Chronos.
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Le recours à l’hypnose à domicile, et à
l’unité s’est imposé pour proposer une
alternative aux thérapeutiques usuelles
( morphine et midazolam)
Là ou la tristesse, le mutisme, la douleur, la
colère m’attendait, je n’ai eu d’autre choix que
celui d’improviser un autre outil relationnel.
J’ai proposé à Christine qui avait découvert l’outil
hypnotique au même moment que moi de
partager cette expérience pour allier nos
convictions et les faire découvrir par d’autres
Dans un 1er temps nous avons mis en place
A la demande de la direction des soins
une initiation a l hypnose dédiée aux
soignants dans le cadre du bénévolat
qui continue .
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Depuis quelques semaines, une vacation officielle a
été octroyée pour les patients relevant de soins
palliatifs grâce à l’association ASPrs.
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Merci à Gilbert pour sa participation

Cette expérience n’aurait pu jamais voir le jour sans
la confiance de notre chef de service Docteur
Claudine CASTANY-SERRA et la cadre de santé Me
LLORENS.
En fin de vie soulager les douleurs terminales, atténuer
l’angoisse de la finitude et la souffrance d une
séparation inéluctable ne repose pas seulement sur
les progrès de techniques antalgiques.
Une vie qui s’achève réclame (outre le soulagement
d’une douleur qui occulte tout autre sentiment )de
la présence ,de l’écoute, de la tendresse et du
respect de la dignité inhérente à toute personne .
« Le parcours du soin palliatif permet de se frayer un passage
entre le traitement et le soin, entre le soin et le prendre
soin, entre le prendre soin et l’accompagnement, entre
l’accompagnement et l’adieu. » Claire KEBERS.
L’enseignement universitaire des soins palliatifs nous apprend
non pas a faire la différence entre le curatif et le palliatif mais
d’intégrer ces 2 notions.
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Du CURE au CARE : une lettre qui différencie le guérir du
prendre soin, comme s’il était nécessaire de séparer les deux.
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Palliatif vient de Pallium en latin qui signifie le manteau.
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L’hypnose peut s’avérer être un outil
indispensable tout au long de cet
accompagnement permettant de traverser les
Etapes du deuil décrits par Elisabeth Kubbler-ross
Les symptômes accessibles à l’hypnose :
• Douleur,
dyspnée,
anxiété,
perturbations
émotionnelles, peurs, troubles du sommeil, état
dépressif en rapport avec la proximité de la mort.
• Utiliser l’hypnose dans le contexte des soins palliatifs,
c’est faire la proposition
au patient de vivre autrement
sa situation.
• Cet accompagnement peut
également concerner
l’entourage du patient.
Quelles sont les nuances de l’hypnose en soins palliatifs :

« Utiliser, s’adapter, créer un changement, mettre du sens,
respecter » Dr Jean BECCHIO.
Les patients relevant de soins palliatifs possèdent une
dimension particulière.
Comme si la frontière entre pulsion de vie et pulsion de mort
n’existait plus et que ces états se mélangeaient dans un
mouvement incessant.


L’hypnose peut être aussi une aide
précieuse pour les soignants souvent en
manque d’outil devant ce mouvement et
face à la détresse, désirant être actif
jusqu’au bout.
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L’utilisation de l’hypnose leur permet d’accompagner
leur patient dans le soin et leur évite d’être confrontés
à la douleur inutile (prévention des douleurs induites) en
complément de l ’ utilisation du MEOPA (mélange
équimolaire d’oxygène et de protoxyde d’azote)
« L’hypnose, véritable « couteau suisse»
représente un allié indispensable »
Dr Nadine MEMRAN
« la douleur à bras le corps »
P.QUENEAU,G.OSTERMANN
P.GRANDMOTTET

1er CAS CLINIQUE :

Le Patient : Mr. M. Alain Entré dans l’unité de soins palliatifs
pour gestion de la douleur accompagnée de symptômes
d ’ inconfort lié à sa pathologie cancéreuse (carcinome
urothelial de la vessie avec envahissement locorégional du
fémur nécessitant la pose d’une prothèse articulaire).
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1er CAS CLINIQUE (suite) /

Séances d’Hypnose :
1ère séance la 1ere demande de Mr M. est de moins dormir ,d’être plus présent,
mise en place d’un lieu agréable dans le but de passer d’un état de transe
négative ( Toutes ses pensées étaient orientées vers la douleur) à une transe
positive.
2ème séance : reprise du lieu agréable et du lieu de sécurité avec une pose
d’ancrage afin d’aider le patient à se servir lui-même de cet outil
3ème séance : le patient étant moins douloureux, il envisage d’effectuer un voyage
en Corse dès sa sortie du service, dans une maison, face à la mer.
Nous faisons un travail hypnotique dans le but d'aller chercher le maximum de
ressources dans son lieu de sécurité, de rajouter dans ce lieu toutes les choses
dont il aurait besoin(couleur, musiques, parfum…)pour pouvoir effectuer ce
voyage,
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1er CAS CLINIQUE (suite) :
Séances d’Hypnose :
4ème séance : le patient étant revenu sur l’unité après son
voyage, l’induction avec le stylo magique est utilisée dans le
cadre de l’hypno-analgésie
5ème séance : nouveau travail avec le stylo magique afin de
renforcer et de permettre au patient de s’approprier l’outil.
6ème séance : séance hypnotique avec réification
(chosification) de la douleur afin de calmer des symptômes
réfractaires.
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1er CAS CLINIQUE (suite) :

Du point de vue médical , l’utilisation de l’hypnose
nous a permis de diminuer les posologies des
traitements antalgiques et hypnotiques en
permettant à ce patient de retrouver assez de
lucidité pour poursuivre le cours de sa vie sans
tomber dans le désarroi et la dépression
réactionnelle à son état palliatif.

2ème CAS CLINIQUE :

Le Patient : Mlle F.danielle admise à l’unité de soins palliatifs
pour prise en charge de symptômes réfractaires dans le cadre
d’une pathologie psychiatrique évoluée, bloquant toute vie
relationnelle ,avec des troubles sévères de la communication,
son seul outil étant le cri.
2ème CAS CLINIQUE (suite) :
 Séances d’Hypnose :

1ère séance : établissement du rapport selon la méthode
Ericksonienne avec utilisation de son canal de communication, à
savoir le cri (hypnose rime avec Ose).
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2ème séance : induction hypnotique conversationnelle, un
travail métaphorique est débuté en utilisant ses doudous : des
peluches. Nous utilisons le même langage de la patiente en passant
par son doudou et la patiente montre clairement la mâchoire du
doudou avec beaucoup d’agacement et de la colère.

2ème CAS CLINIQUE (suite) :
Cette approche nous a permis de repérer une douleur
mandibulaire lié à un trismus qui empêche la
mastication (ce qui avait nécessité la pose d’une
gastrostomie),
Un traitement antalgique est débuté et les
psychotropes sont progressivement diminués.

2ème CAS CLINIQUE (suite) :
Du point de vue médical
Une amélioration de la symptomatologie initiale est constatée avec:
Diminution des cris en fréquence et en intensité.
Diminution des posologies des médicament anxiolytiques.
Augmentation de la communication ( son regard accroche le nôtre).
L’alimentation se remet en place .
Certains soignants ayant suivi la formation « approche non
médicamenteuse de la douleur » (Initiation à l ’ hypnose)
établissent le rapport.
La patiente reprend 10 kilos, arrive à formuler des douleurs au
niveau du site de la gastrostomie et la décision de l’enlever est
prise.
Un projet de vie ainsi que la sortie de la patiente peuvent être
envisagés.
Une place en maison de retraite avec dérogation d’âge a été
retenue


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3ème CAS CLINIQUE :
La Patiente : Mme D. suivie à domicile, rencontrée dans le cadre de
l’équipe territoriale présente des besoins antalgiques majeurs avec
résistance progressive aux thérapeutiques.
La visite d’évaluation permet de noter que l’anxiété de la patiente est
majeure face à la progression de la maladie.
Mme D , devenue dépendante des médicaments et de ses proches, désire
malgré tout remettre un peu d’autonomie dans sa vie.
Il est donc décidé avec L’HAD,un de nos partenaire dans cette prise en
charge, d’utiliser l’hypnose pour abaisser le seuil d’anxiété .
L’apprentissage de l’auto hypnose devrait lui permettre de retrouver un
peu d’autonomie .
3ème CAS CLINIQUE (suite) :
Séances d’Hypnose :
1ère séance : Rendez-vous au domicile de la patiente, présence de sa fille
désireuse d’accompagner sa mère dans son parcours de soins .
Nous commençons par mettre en place un lieu agréable et ressourçant en
induisant la possibilité de contacter ce lieu à tout moment.
Lieu dont la patiente n’a pas éprouvé le besoin de parler.

2ème séance : La patiente étant très douloureuse, il a été mis en place
une hypno analgésie avec le gant magique.
Toujours en présence de sa fille afin qu’elle puisse participer à la prise en
charge de la douleur de sa maman.
3ème CAS CLINIQUE (suite) :
 Séances d’Hypnose :
3ème séance : Présence de la mère de me D à son domicile.
Colère et culpabilité de la patiente par rapport à sa mère qui
l’infantilise fortement .
Ce qui implique un travail en hypnose conversationnelle et
métaphorique, avec réification (chosification) de ce lien mère fille.
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4ème séance : La séance précédente a permis d’appréhender une
forme de lâcher prise l’autorisant à prendre conscience de sa
propre mortalité, impossible à concevoir jusqu’à ce jour.

3ème CAS CLINIQUE (suite) :
Séances d’Hypnose :
5ème séance :
Acceptation de la patiente et de sa fille devant ce départ
imminent.
formule clairement son désir de rester au domicile jusqu’ au
bout.
Mise en place d’un lieu de refuge en accord avec les croyances
de la patiente ,et de sa fille.
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3ème CAS CLINIQUE (suite) :
Du point de vue médical :
Pas d’ augmentation des posologies des thérapeutiques.
Pas besoin d’instaurer une sédation recommandée en cas de
symptômes réfractaires comme la douleur et l ’anxiété et
considérés comme insupportable par la patiente
(recommandation de la SFAP).
Respect du souhait de la personne de ne pas être hospitalisée
un lien avec l’hôpital de jour a pu être fait lui permettant de
savoir qu’à tout moment un relais hospitalier pouvait être
pris.

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4ème CAS CLINIQUE :
Le Patient : Dans le cadre de l’équipe territoriale de soins
palliatifs, j’ai été amenée à rencontrer un adolescent de 15
ans atteint du syndrome très complexe de Klippel-trenaunayweber dit d’angio-osteodystrophie avec malformation
vasculaire étendue et anémie réfractaire.
La prise en charge devenaient très difficiles en raison de la
douleur et de l’anxiété générées par les pansements.
Le maintient à domicile est rendu fragile par l’âge du patient
et la difficulté des soignants libéraux.
Intervention de l’équipe SP à domicile à la demande du service
de pédiatrie de l’hôpital de la Timone.
Respect du désir du jeune P de rentrer chez lui.
Nous ne savions pas mon infirmier coordonnateur et moi-même
ce qui nous attendait à ce moment-là .
Nous pénétrons dans la chambre de notre jeune patient qui est
couché par terre sur son matelas et qui joue à des jeux vidéo.
Son univers est fait de jeu et de BD .
Nous devons faire face à sa pâleur et ses déformations pour
établir rapidement le rapport : il est soupçonneux et inquiet
et il me regarde du coin de l’œil !
Je propose à Philipe de discuter à la cuisine avec la maman et le
frère et demande l’autorisation à P de me poser à côté de lui.
Afin d’entrer en relation rapidement avec ce jeune patient une
induction hypnotique est effectuée en utilisant sa bande
dessinée préférée et le voilà parti sur sa planète en oubliant
tout le reste.
J’avais auparavant utilisé l’hypnose au bloc opératoire pour
m’occuper des enfants que je devais endormir et le jeu et le
mime m’avais ouvert des possibles sans limites en laissant de
cotés mes craintes du ridicule(le nez de clown, le camion de
Barbie et autre porte magique) permettant d’accéder à un
monde imaginaire d’où il était facile de s’évader.
Le jeune P est rentré à l’hôpital au service de pédiatrie car sa
maman ne souhaitait pas que le décès survienne au domicile.
Une place lui a été retenue dans l’unité de soins palliatifs et les 2
services ont coopérés pour accompagner ce jeune patient.
A la demande des soignants l’outil hypnotique mis en place
permettra de faire des pansements difficiles, hémorragiques
qui les mettaient à mal et généraient douleur et anxiété
malgré le recours médicamenteux de plus en plus important
Le MEOPA avec un masque à la menthe a été utilisé .
J’ai accompagné le jeune P là où il souhaitait aller dans un
monde personnel qu’il affectionnait , oubliant les soignants
et le soin douloureux.
Les pansements ont été effectués sans problème, il est revenu de
son voyage en gardant la possibilité de se servir de la
bouteille magique et du rêve en fonction de ses besoins.
J’ai dû intervenir une autre fois pour renforcer la technique,
l’outil a été utilisé par l’équipe et le patienta été rassuré.
De nombreux jours plus tard, le jeune P m’a sollicité car
douleur et anxiété envahissaient de nouveau sa vie.
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4ème CAS CLINIQUE : (suite).
Avec son autorisation et celle de sa maman j’ai utilisé l’hypnose
pour que son doudou l’accompagne en balade dans un
endroit qu’il affectionne avec de la sécurité.
j’étais déjà sollicitée pour un autre domicile et n’ai pu rester
auprès de lui
Il est décédé 48h plus tard en fin de week-end, en présence de sa
famille et de son père dont il avait été séparé auparavant.
Il a été nécessaire de débriefer en équipe ce cas clinique qui nous
a touchés en profondeur chacun.
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4ème CAS CLINIQUE : (suite).
Du point de vue médical :
Cette expérience a autorisé les équipes à utiliser l’imaginaire, le
recours à des posologies moindres d’analgésiques.
A voir le patient comme un enfant souhaitant le rester et se
rassurer, en utilisant le MEOPA avec l’hypnose pour que l’outil
soit plus performant.
Nous tenons à remercier le docteur Sofiane M’RABET
praticien sur l’USPH De Salon de Provence pour sa
participation à l’élaboration de ce travail.
En conclusion:
Notre position de soignant est de permettre de relancer la
pulsion de vie de nos patients au moment même où il n’y a
plus de projet.
Grace à l’hypnose, les patients peuvent devenir, pour ceux qui
le souhaitent, acteurs de leurs soins grâce à l’apprentissage
de l’auto hypnose.
Merci de l’attention que vous nous avez
accordée.
Merci aux membres de l’équipe territoriale de
soins palliatifs et à tous les soignants de
l’unité.
Merci à tout nos patients, à leurs familles
de nous avoir permis d’enrichir cette
expérience.
« Le plus difficile n’est
pas tant de mourir,
mais de vivre jusqu’au
bout »