La fiabilité des témoignages - Bienvenue chez Gandalf Le Magicien

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Psychologie et justice
Les apports de la psychologie sociale dans
l’amélioration du témoignage judiciaire.
Rémi Finkelstein
Université de Paris 10
Laboratoire de psychologie sociale des comportements et des cognitions.
La fiabilité des témoignages
► 1)
► 2)
► 3)
► 4)
► 5)
► 6)
L’interrogatoire de police.
Les parades d’identification.
Les portraits-robot.
Les mesures de la suggestibilité.
Les mesures du mensonge.
Le témoignage des enfants
L’interrogatoire de police
Comment améliorer la fiabilité des
témoignages?
► Les
officiers de police (OPJ) considèrent qu’un
témoignage exhaustif et exact est un facteur
déterminant pour la réussite d’une enquête!
► Or les récits obtenus sont généralement
incomplets et entachés d’erreurs.
► Deux raisons principales: 1) les défaillances
mnésiques des témoins, 2) les méthodes
employées par les enquêteurs.
Le protocole minimal commun des enquêteurs:
►
►
►
Brève introduction de l’OPJ
visant à réduire l’anxiété de
la personne interrogée.
L’OPJ convie à effectuer un
rappel (libre) des faits.
Les faits: En France, 14%
seulement des auditions de
témoins réalisées
comportent un rappel libre
total des faits (Ginet & PY,
2001). Aux E.U., 1/3 des OP
interrompent le témoin pour
poser des questions
factuelles à une fréquence
très élevée.
Et pourtant…
►
►
►
►
Le rappel libre permet d’obtenir
moins d’erreurs que les questions
fermées,
Les questions spécifiques nuisent à
la concentration et à la fonction de
rappel,
Elles conduisent les témoins à plus
de passivité et à une démotivation.
Dans la pratique standard réelle en
France: 8 fois plus de questions
fermées que de questions ouvertes
avec 30% de questions dirigées
(biaisées) et 12% de questions
négatives (Ginet & Py, 2001)
Comment améliorer les méthodes
d’interrogatoire? L’entretien
cognitif.
► L’idée
générale: 1) on a d’autant plus de
chances de se souvenir d’un évènement
que la situation de récupération est
similaire à celle de l’encodage, 2) on peut
accéder à une même information en
mémoire en empruntant plusieurs chemins
possibles (Tulving, 1983).
Les 4 consignes de l’entretien cognitif.
► Hypermnésie:rapporter toutes les infos, mêmes
partielles, même peu sûres, même peu importantes qui
viennent à l’esprit.
► Remise
en contexte mental:
penser aux éléments
environnementaux, émotionnels et humoraux présents lors
de l’encodage;
► Changement
d’ordre narratif:
► Changement
de perspective:
dans différents ordres temporels.
rappel des faits
rappel des
évènements selon plusieurs angles de vue.
Résultats:
► Après
une formation minimale des enquêteurs:
30% d’informations correctes supplémentaires
par rapport à l’entretien standard de la police.
► La consigne « changement de perspective » est
remplacée par la consigne « focalisation
périphérique »: reprendre le récit en se centrant sur
les détails qui ont pu revenir et non mentionnés dans le
1er récit.
► Les
résultats montrent significativement moins
d’affabulations grâce à cette modification.
Les parades d’identification
Les parades d’identification
permettent:
► 1)
D’éviter une confrontation bilatérale
nuisible au suspect comme au témoin.
► 2) De respecter le principe de
concordance entre souvenir et apparence
physique du suspect.
Les biais procéduraux:
►
►
►
►
►
Supprimer les traits
saillants dans l’alignement.
Les distracteurs ne doivent
pas s’écarter du suspect;
Le témoin doit être averti
que le coupable n’est pas
forcément présent.
Que la mention « je ne
sais pas » ou une absence
d’identification peut-être
profitable à l’enquête.
La sélection des
distracteurs doit être faite
en fonction de la
description des témoins ou
de la victime et non en
fonction de leur
ressemblance avec le
suspect.
Les résultats :
►
►
L’évaluation des parades montre qu’elles sont
structurellement non fiables et concourent à des erreurs
d’identification (Wells & al., 1999; Py & al. 2001).
Les causes: 1) trop faible nombre de distracteurs (2,8 en
M), 2) le suspect se détache trop des autres membres de
la parade, 3) les distracteurs ne présentent pas
d’alternatives (correspondent trop à la description du
criminel).
Les portraits robots
Méthodes
Les méthodes: 1 dizaine
► Mécaniques: identitik,
►
►
photophit, minolta
montage synthétiseur.
Informatisés: Mac a Mug,
E fit, visatex compusketch, pro-fit.
A l’aide d’un dessinateur
professionnel.
► Procédure:description
verbale du témoin des
traits principaux, ajouts
de détails périphériques.
►
Résultats:
►
►
En tant qu’élément de la
procédure pénale: 10% à 30% de
taux de détection quelle que soit
la méthode (Davis & al, 2000).
Les sujets trouvent les dessins
plus ressemblants aux originaux
que ceux réalisés par Identitik
(Laughery & Fowen, 1980).Les
techniques les plus sophistiquées
ne surpassent pas des outils plus
élémentaires comme le dessin.
Comment améliorer les portraits robots?
1) Obtenir une description fondée sur des mécanismes « naturels
».
80% des individus utilisent une stratégie par catégories générales:
sexe, taille, âge, ethnie, corpulence. Puis viennent les
informations locales: visage, longueur des cheveux, couleur des
yeux.
La majorité des descriptions de visage concerne le haut et pas le
bas.
2) Potentialiser ce processus naturel en l’enrichissant et en
donnant la consigne de description du visage bas puis haut
permet d’obtenir 11% d’informations supplémentaires exactes!
Les biais relatifs aux caractéristiques
personnelles des témoins
► Les
enfants:
Entre 5 et 6 ans: bonnes performances de reconnaissance lors
d’une parade si cible présente!
► Si cible absente, nombre de fausses reconnaissances bcp plus
élevé!
► Pour le rappel des faits: témoignages spontanés plus pauvres
mais aussi exacts que ceux des adultes. Lorsque les questions
sont dirigées ou orientées, l’enfant se laisse bcp plus influencer
que l’adulte.
►
►
►
Les personnes âgées:
Pas de problème jusqu’à 70 ans.
Les caractéristiques du coupable
►
►
►
Les personnes d’une autre ethnie que celle du témoin sont
moins discriminables en mémoire que des personnes de la
même ethnie.
22% d’identifications erronées supplémentaires dans le cas
d’une reconnaissance interethnique comparée à une
reconnaissance intra-ethnique (Chance & Goldstein, 1996).
Les préjugés ethniques et raciaux expliquent largement ce
phénomène (Skolnick & Shaw, 1997; Py & Bourdairon,
2001).
Les caractéristiques de la situation.
L’obscurité. Variation soudaine de luminosité.
► Présence de nombreux protagonistes (distracteurs).
► Faible durée d’exposition du visage de la cible.
► + de 3 semaines de délai entre la scène critique et la phase
d’identification.
► Changement de contexte entre la scène critique et la phase
d’identification.
►
► L’ensemble
de ces problèmes peut être évité ou
contourné grâce à l’E.C. (hypermnésie,
recontextualisation, etc.)
La suggestibilité
Les mesures de la suggestibilité
La méthode de Gudjonsson
►
►
►
►
►
Définition de la suggestibilité: dépend des stratégies de coping
mobilisées lorsque les individus sont confrontés à l’incertitude
ou aux attentes présentes dans la situation interrogative.
1) Une cassette audio présente une histoire brève avec 40
aspects saillants.
2) Rappel des éléments saillants (comptabilisés).
3) On pose 20 questions dont 15 sont dirrigées (suggestives).
4) Feed-back négatif: « Vous avez fait un certain nombre
d’erreurs, donc je vais vous reposer les mêmes questions (à
nouveau les 20 questions).
Méthode Gudjonsson (suite)
► Résultats
(3scores):
► 1) score de soumission aux questions suggestives
(acceptation de l’influence contenue dans les
questions).
► 2) Score de changements opérés par le sujet entre
la 1ère et la 2ème série de questions.
► 3) Score global de suggestibilité (addition des 2)
Les mesures du mensonge
Le RM (Reality Monitoring)
Johnson & Raye (1981)
►
►
►
►
Analyse du caractère vécu versus inventé d’un fait restitué.
Distinction entre sources internes versus externes:
1) Evènements vécus issus de processus perceptifs. Avec
plus de détails visuels, bruits, odeurs. Plus d’informations
affectives et de ressentis pendant l’évènement.
2) Evènements imaginés issus d’une source interne. Avec
d’avantage d’opérations cognitives, de sentiments et de
raisonnements, souvenirs plus vagues et moins concrets.
►
►
►
Le calcul des indices internes vs externes des souvenirs
permet de savoir si une personne a ou n’a pas vécu la
situation qu’ elle décrit.
Cette technique doit être appliquée dans un délai court.
Avec le temps, la création du mensonge se confond avec la
vérité.
Cette technique est moins efficace auprès d’enfants qui
distinguent plus difficilement les évènements réels et
imaginaires que les adultes.
Les enfants sont-ils de
bons témoins?
Introduction
► La
recevabilité du témoignage d’enfant est un
problème récurent dans l’histoire de la justice :
► Ex : dans l’affaire Maria Dolorès Rambla
(enlèvement et meurtre), Jean, le frère de la
victime (6 ans), bien que témoin oculaire, ne sera
pas entendu par la justice.
► Ex : l’affaire Bonelli ( inspecteur chargé de
l’enquête sur le casse de la superette de SaintBarthélemy), dans laquelle deux adolescent,
témoins oculaires ne seront pas entendus.
L’attitude de la justice à
l ’égard
des témoignages
d’enfants.
1) attitude de la justice française
ou belge.
► Pas
de règle précise quant à l’audition des
témoins ( adultes ou enfants).
► Impossibilité de témoigner sous serment
avant l’âge de 16 ans en France et de 14
ans en Belgique.
► Avant cet âge l’enfant ne pourra être
entendu qu’au titre de simple information.
2) L’attitude de la justice
anglo-saxonne
A- recevabilité du
témoignage d’enfant.
1779 : affaire Rex contre Braiser
► Le
juge estima qu’il n’y avait pas de règle
concernant l’âge auquel un enfant pouvait
témoigner et qu’il suffisait de s’assurer que
l’enfant était en mesure de comprendre les
dangers de l’impiété et du parjure.
► De nos jours, l’évaluation au cas par cas est
toujours de rigueur, mais certains critères tels que
la conviction religieuse du témoin ont été abrogés.
1895 : affaire Wheeler contre les Étatsunis
► Dans
cette affaire, la question des capacités
intellectuelles du témoin se pose
► Mais il faudra attendre 1960 pour que l’
« American Jurisprudence » définisse les
capacités intellectuelles requises pour la
recevabilité d’un témoignage d’enfant.
Critères de recevabilité d’un témoignage
d’enfant.
► L’enfant
qui témoigne doit être âgé d’au moins 7
ans, âge auquel celui-ci est sensé comprendre la
signification et les enjeux de la déclaration sous
serment.
► Disposer au moment des faits de la faculté
d’observer et d’enregistrer les faits avec précision.
► Avoir une mémoire suffisante pour retenir une
version des faits indépendante.
► Être apte à communiquer ses souvenirs.
► Être apte a comprendre l’obligation de dire la
vérité
B- corroboration de la
preuve fournie par un
témoignage d’enfant.
Droit de la preuve
► Pour
être corroborante, une preuve doit être
indépendante et de nature à impliquer la
culpabilité de l’accusé pour les faits reprochés.
► Une disposition interdisant à un enfant, par son
seul témoignage de faire poursuivre quiconque
pour une agression dont il aurait été témoin: le
« New Criminal Justice Act » a décidé de surseoir
à cette règle.
► Bien
que quelques améliorations aient été
apportées, les justices de ces pays ont
encore une attitude ambivalente quant au
témoignage d’enfants, oscillant entre
confiance et crainte.
Or cette crainte d’être trompé, qui existe
quelque soit le type de témoin et la nature
du témoignage prend un caractère singulier
dans le cas du témoignage d’enfant
puisqu’elle repose sur le statut même de la
personnalité infantile.
II. Les caractéristiques de
la situation de témoignage.
1) L’implication
► L’implication
correspond à la participation dans
une situation.
► Le plus souvent, les enfants entendus par la
justice ont été témoins d’évènements dans
lesquels ils ont été impliqués.
► Or plusieurs recherches ont montré que cette
implication dans un évènement permettrait de
conserver un souvenir plus organisé (améliore la
mémorisation de la position des objets),et plus
exhaustif. De plus, l’implication faciliterait la
production d’inférences logiques.
A- Recherche de Goodman et Reed sur
la suggestibilité et la qualité du
souvenir.
► Hypothèse
: les enfants, même avant 6 ans
seraient aussi fiables que les adultes.
► Population : enfants de 3 et 6 ans et adultes.
► VI : nature des questions (objectives ou
suggestives), âge des sujets.
► Expérience : chaque sujet interagit avec une
personne qu’il ne connaît pas pendant 5 minutes.
quelques jours plus tard on leur pose quelques
questions et on leur demande de reconnaître la
personne avec laquelle ils ont interagi parmi un
panel de photographies.
Résultats et conclusions de Goodman et Reed
Résultats :
► Questions objectives : les enfants de 3 et 6 ans sont
tout aussi fiables que les adultes.
Question
subjectives : les enfants des 2 groupes sont plus
sensibles que les adultes.
Reconnaissance : la meilleure reconnaissance est
produite par les enfants de 6 ans suivis par les
adultes puis les enfants de 3 ans.
Descriptions de la situation : les adultes fournissent
plus de détail que les enfants mais commettent
aussi plus d’erreurs
► Conclusion :
Les enfants surtout avant 6 ans demeurent plus
suggestibles que les adultes. Mais on ne peut
considérer les enfants de 3 et 6 ans comme inaptes
à témoigner. La fiabilité de leur témoignage dépend
de précautions telles que supprimer la suggestion
d’informations erronées dans les questions posées à
►
B- Recherche de Saywitz,
Goodman,Nicholas & Moan (1991) sur
l’anxiété.
►
►
►
►
►
Le plus difficile dans l’étude d’un facteur tel que l’ anxiété c’est de
concilier déontologie et volonté de se rapprocher de la réalité.
Hypothèse : l’anxiété joue un rôle important dans une situation de
témoignage d’un abus sexuel.
Population : 72 fillettes âgées de 5 a 7 ans.
VI : examen pratiqué lors d’une visite médicale (anal et vaginal /
colonne vertébrale), questions (objectives et subjectives
Expérience : 36 enfants ont subi un examen anal et vaginal, les
autres un examen de la colonne vertébrale. Tous étaient nus devant
le médecin. Une semaine ou un mois plus tard on leur demande de
faire le récit de leur visite médicale aidés de poupées anatomiques
et on leur pose quelques questions dont certaines suggèrent des
informations erronées.
Résultats et conclusion de Saywitz,
Goodman,Nicholas et Moan
►
►
Résultats :
-La
plupart des enfants ayant subi un examen anal et vaginal ne relatent
pas spontanément cet épisode dans leur récit. celui-ci n’étant révélé
qu’à la suite d’un questionnement direct par l’adulte à l’aide de la
poupée anatomique.
- les enfants ayant subi un examen de la colonne vertébrale
n’inventent en aucun cas des élément pouvant laisser penser qu’ils
auraient subi un examen anal et vaginal.
Conclusions :
Un
dilemme se pose pour les personnes amenées à interroger des enfants
dans les affaires d’abus sexuel car si, spontanément les enfants
peuvent parfaitement ne pas relater un contact sexuel qui a eu lieu,
lorsqu’ils y sont invités ils peuvent tout aussi bien relater des
attouchements imaginaires (5% des cas).
2) l’excitation
émotionnelle
Il s’agit du stress lié à une
situation donnée, elle est aussi
appelée anxiété.
A- Recherche de Peters (1987)
►
►
►
►
►
Hypothèse : les situation anxiogènes (proches des abus
sexuels) ainsi que les propositions de reconnaissance
affectent le témoignage des enfants
Population :71 enfants de 3 à 8 ans
VI : situation ( cabinet dentaire /maison),personne
rencontrée (dentiste / assistant), photographie de la
personne rencontrée (présente ou non dans celles
proposées)
Expérience : quelques semaines après une visite chez le
dentiste (durant laquelle on a mesuré le taux d’anxiété de
l’enfant), un assistant se rend chez chaque enfant et lui
demande de reconnaître la photo et la voix du dentiste
parmi plusieurs propositions. Puis quelque temps plus tard,
un second assistant fait de même à propos du premier
assistant.
Résultats :
- la reconnaissance des visage est meilleure lorsque la
photo à reconnaître fait partie de celles proposées.
- l’assistant de recherche est mieux reconnu que le
B- Autre recherche de Peters (1991)
►
►
►
►
►
Hypothèse : les situation anxiogènes ( ici plus éloignées
des situations d’abus sexuels) influencent le témoignage
des enfants.
Population : 64 enfants de 6 à 9 ans
VI :situation anxiogène (alarme incendie / radio)
Expérience : on demande aux enfants de réaliser une
1ère tache intellectuelle, au cours de laquelle ils entendent
brusquement soit une alarme soit une radio, puis une
assistante entre et agit devant les enfants selon un
scénario déterminé. À la suite de cela, les enfants
effectuent une seconde tâche intellectuelle puis on leur
demande de répondre à quelques épreuves de mémoire (
récit des évènements et questions fermées)
Résultats :
- généralement les sujet n’ayant pas entendu l’alarme ont
de meilleures performances.
-les enfants ayant entendu l’alarme ont des souvenirs plus
C- conclusion de Peters
► Comparé
aux recherches précédentes, le stress
évoqué chez les enfants n’a pas été suscité par
des actions exercées sur l’enfant qui est alors
plus spectateur qu’acteur.
► Cependant, Peters montre qu’une anxiété
importante conduit à un souvenir moins exact
et à une plus grande sensibilité à la
suggestion.
► En outre, il apparaît que lorsque le délai entre
l’évènement et l’entretien est assez court, les
enfants résistent mieux aux suggestions les
amenant à prétendre à des abus sexuels.
III. Les conditions de
l’audition d’un enfant
1) La suggestion d’informations
erronées
►
►
►
Le code d’instruction, qu’il soit belge ou français, ne prévoit
aucune procédure indiquant la façon d’interroger un
enfant. Or il semblerait qu’un témoin, enfant ou adulte,
dans le cadre d’une instruction judiciaire, soit exposé à la
suggestion d’informations erronées.
Gudjonsson et ses collaborateurs l’ont appelé : « la
suggestibilité interrogative » .
On peut expliquer ce phénomène par le fait qu’après un
évènement, on peut modifier le récit du souvenir que le
témoin en a en lui suggérant des informations fausses.
Plusieurs auteurs ont tenté d’en donner une explication.
Certains y voient une implication des capacités mnésiques,
d’autres y voient une soumission à la pression sociale.
A- King & Yuille (1987) « sensibilité
au contexte »
► une
personne confrontée à une situation
nouvelle dont il ne comprend pas la
signification va s’en remettre à une tierce
personne. Lors d’un témoignage, un
sentiment de doute peut surgir et l’individu
peut éprouver le besoin de se référer à une
autre personne qui peut ainsi induire des
suggestions fausses.
B- Ceci, Ross et Toglia (1987)
«L’ effet de prestige »
► Les
auteurs ont travaillé sur l’effet de
l’information erronée et ont montré que les
enfants les plus jeunes exprimaient une plus
forte sensibilité à la suggestion
d’informations erronées. Ils y étaient
également plus sensibles lorsqu’ils avaient
en face d’eux une figure d’autorité adulte et
crédible. L’explication est qu’ils se
conforment à ce qui était attendu d’eux.
C- Conclusion de ces recherches
► Il
semblerait que les enfants ne soient pas
plus suggestifs que les adultes. Ce sont les
facteurs qui influencent la suggestibilité
comme l’implication et l’excitation
émotionnelle qui ont le plus d’influence sur
les jeunes enfants (surtout vers 3-5 ans).
2) Les facteurs autres que la
suggestion
L’ensemble des conditions dans lesquelles l’enfant est
interrogé peut influer sur la fiabilité de son témoignage.
D’une façon générale, il est préférable de laisser les
enfants raconter les faits dans leurs propres termes puis de
leur poser ensuite des questions fermées afin d’éclaircir
certains points. C’est la technique de « l’entonnoir ».
► L’enquêteur doit s’inquiéter de savoir si l’enfant le
comprend, il doit donc adapter son langage, se montrer
chaleureux, tenter de le mettre à l’aise.
► Lors d’une instruction judiciaire, un enfant va être
confronté à bon nombre de professionnels ainsi qu’à des
termes juridiques parfois mal compris par les adultes euxmêmes. La plupart des enfants sont effrayés à l’idée d’être
confronté à la justice ce qui pourrait induire une certaine
fragilité et donc une plus grande sensibilité aux
suggestions.
►
IV. les abus sexuels
1) Les poupées anatomiques
► Dans
le cas des abus sexuels, l’utilisation de
poupées anatomiques constitue une aide efficace.
Il s’agit de poupées dont les organes réels sont
fidèlement reproduits. L’enfant va revivre
l’agression en évitant d’utiliser des mots, il va
montrer au médecin où il a été touché. Certaines
critiques ont été faites à l’encontre de ces poupées
mais il a été montré que si l’enquêteur ne s’appuie
que sur les déclarations des enfants, il manquera
la majorité des abus sexuels.
2) Indices principaux permettant
d’affirmer qu’un abus sexuel a bien
eu lieu :
► Indices
physiques (maladies sexuellement
transmissibles).
► Connaissances sexuelles inhabituelles à
l’âge en question.
► Récit concordant au fil du temps
3) cas où un abus sexuel a pu être
inventé ou déformé :
► Divorce
entre les parents.
► Milieu familial offrant de nombreuses
stimulations sexuelles.
► Troubles psychologiques chez l’enfant.
► Désir avoué de punir un adulte.
V. conclusion
► D’après
les études relatées, le recueil des
témoignages d’enfants peut être amélioré grâce à
des méthodes telles que celle de l’entonnoir, des
questions fermées, des bandes vidéo interposées
ou encore par la tenue des séances en huis clos,
du recours au jeu symbolique et surtout par la
clarification des termes juridiques. En outre, il
apparaît que le témoignage d’enfant subit tout
comme celui des adultes un grand nombre
d’influences.
Quelques références utiles:
►
►
►
Demarchy, S., Ginet, M., & Py, J. (2004). Les outils pour le
recueil et l’évaluation des témoignages judiciaires. In P. Pansu
& C. Louche (Eds.), La psychologie appliquée à l’analyse des
problèmes sociaux (pp. 184-208). Psychologie sociale. Paris :
Puf.
Somat, A., & Vazel, A.M. (2004). L’ identification par portraitrobot peut-elle être améliorée ? (Même ouvrage que supra)
Bertone, A., Mélen, M., Py, J. Somat, A. (1995). Témoins sous
influence. Grenoble: Presses Universitaires.