LE BAGAGE DE VOCABULAIRE
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Transcript LE BAGAGE DE VOCABULAIRE
Troisième partie
LES MOYENS DE
REEXPRESSION
LE BAGAGE DE VOCABULAIRE
• Nous avons conclu que seule une connaissance
•
indépendante du vocabulaire LA par rapport au
vocabulaire LD garantit au traducteur technique de
pouvoir réexprimer efficacement le message. Nous avons
eu un aperçu d’une utilisation autonome du
vocabulaire LA, pour la création d’un vocabulaire propre
à habiller convenablement l’armature notionnelle du
texte.
Il se dégage clairement que la connaissance du
vocabulaire LA est un des points clés de la formation et
du perfectionnement du traducteur technique.
Pour acquérir ce bagage de vocabulaire, il n’y a pas de
solution miracle. Par contre, il y a moyen d’éclairer la
perception de ce vocabulaire, de façon à en guider
l’acquisition.
Nous avons donc pris comme point de départ la question
qui se pose au traducteur, dans tous les cas: Quel
terme employer ici?
Nous distinguerons:
• les situations ou les critères de choix sont sémantiques
(c’est-à-dire qu’ils font appel à des distinctions de sens
entre les termes candidats);
• les situations de choix formel, ou règnent des critères
d’usage (distinctions entre des termes essentiellement
synonymes).
Notre découpage consistera non pas à délimiter des
populations de mots distinctes, mais à définir diverses
situations de choix faisant appel chacune à un type de
connaissance différent du vocabulaire.
SITUATIONS DE CHOIX
SEMANTIQUE
La question qui se pose ici est la suivante:
Quel est le terme dont le sens correspond
exactement à la notion à rendre?
C’est qui nous amène à définir ce que nous
appellerons le vocabulaire notionnel: celui-ci
recouvre l’ensemble des mots qui ont pour mission
essentielle de porter un contenu de sens.
Le traducteur technique peut sentir intuitivement
deux situations d’emploi du vocabulaire notionnel,
selon que le terme à choisir vise à nommer un
référent ou simplement à le décrire.
Emploi dénominatif
• Nature du vocabulaire dénominatif:
C’est le vocabulaire qui sert à étiqueter les réalités, et par
conséquent à les distinguer entre elles, à les classer fonction primordiale dans tout domaine de spécialité.
Les réalités ainsi étiquetées peuvent etre concrètes ou
abstraites.
Notons que les réalités concrètes (objets matériels) ne sont
représentés que par des substantifs: connecteur.
Les réalités abstraites sont caractérisées par une plus grande
variété grammaticale, puisqu’elles englobent des actions,
des procédés, des caractéristiques: polymérisation,
rechaper, hydraulique.
Ce qui caractérise le vocabulaire dénominatif, c’est donc sa
fonction d’étiquetage, de catalogage.
• Utilité du vocabulaire dénominatif
• Connaisance passive (de controle)
Pour le traducteur technique, c’est le sens exact des termes
dénominatif qu’il est essentiel de connaitre le mieux
possible, meme de façon purement passive:
Avant tout, pour choisir entre les équivalents proposés par
les dictionnaires, mais aussi pour éviter toutes sortes de
pièges de vocabulaire – notamment les faux amis.
Pour le traducteur technique, la connaissance du vocabulaire
dénominatif sert donc avant tout à controler le bienfondé des termes proposés par divers ouvrages de
référence.
• Connaissance active (emploi spontané)
Il s’avère utile de pouvoir appeler ce vocabulaire de façon
spontanée, pour divers raisons:
Le texte de départ et les dictionnaires n’offrent pas toujours
une amorce suffisante à la mémoire: le terme LD peut
etre mal employé, les dictionnaires peuvent ne pas
proposer l’équivalent recherché.
Le texte de départ emploie une périphrase; le traducteur doit
alors avoir le réflexe de se souvenir qu’il existe en LA un
terme qui équivaut à cette périphrase
Apprentissage du vocabulaire
dénominatif
L’apprentissage des termes dénominatifs suppose aussi celui
des notions mises en jeu. Cette première difficulté se
complique, pour le traducteur technique, de deux autres
facteurs:
Le traducteur a besoin de cerner avec précision le sens des
termes LA, étant donné qu’il les utilise non simplement en
tant que lecteur (décodage), mais en tant que locuteur
(encodage). Or, il n’est pas toujours facile de trouver une
définition vraiement exacte d’un terme.
En fin de compte, on peut certes arriver à une bonne
connaissance du vocabulaire dénominatif, à force de lire et
d’étudier.
Emplois descriptifs
On remarque l’existence d’un vocabulaire à caractère
nettement plus universel, qui enjambe les frontières qui
existent entre les différents domaines techniques. Ce
vocabulaire, que nous appellerons desriptif a souvent
pour role de décrire plutot que de nommer.
Vocabulaire descriptif concret:
La catégorie la plus intéressante du vocabulaire desriptif
regroupe les termes qui correspondent aux objets
matériels: envoloppe, axe, tete, fendu.
• Termes à double vocation:
La plupart des termes descriptifs concrets, bien qu’ayant un
potentiel descriptif universel, échangent celui-ci pour
une fonction d’étiquetage dans le contexte d’équipement
précis.
• Difficulté d’apprentissage :
Le vocabulaire descriptif étant depuis toujours grugé par le
vocabulaire dénominatif, la plupart des termes descriptifs
ont de nombreuses acceptions spécialisées.
Vocabulaire descriptif abstrait:
Le vocabulaire descriptif abstrait désigne des réalités non
directement matérielles, bien que s’appliquant à un
contexte matériel. Il sert aussi à décrire des actions, des
phénomènes: axialement, autonomie, attaquer.
Certains groupes de termes se définissent clairement
comme descriptif: concepts géométriques,
caractéristiques. Par contre la distinction n’est pas
toujours nette pour les termes désignant des actions:
• Dépalettiser ou vulcaniser désignent clairement des
notions précises – on peut dire qu’ils étiquettent, et sont
donc des termes dénominatifs
• Démonter ou manoeuvrer s ’emploient dans les contextes
les plus divers, et peuvent etre qualifiés de descriptifs.
Connaissance du vocabulaire descriptif:
C’est dans les situations d’emploi descriptif que le
traducteur a le plus interet à partir de la notion ellememe plutot que du terme en LD.
En somme, le traducteur doit en avoir une connaissance
active et savoir le manier de façon spontanée.
Situations de choix formel
A l’opposé des choix notionnels, axés sur le sens, se trouve
tout un ensemble de situations ou l’on se préoccupe de la
forme de l’expression.
Précisions aussi que le vocabulaire formel ne correspond
pas à une population précise de mots, mais plutot à un
ensemble de situations.
Nous distinguerons les choix:
• dans l’axe paradigmatique
• dans l’axe syntagmatique
Choix paradigmatiques
Dans de nombreuses situations d’expression, l’usage fait ou
propose un choix, à partir d’un concept donné, entre divers
mots ou expressions interchangeables quant à leur sens.
Termes et expressions
Le choix paradigmatiques se répartissent entre deux poles.
D’un coté, l’usage agit de façon à restreindre le choix. A
l’opposé, l’usage peur agir dans le sens d’une diversification
des manières de dire.
Choix obligé: Ce sont les cas ou l’usage privilégie nettement
un mot ou une tournure, au point que tout écart est jugé
peu admissible.
Choix orienté: Dans ce cas, le locuteur a véritablement le
choix entre plusieurs mots ou tournures mais ce choix est
orienté vers une formulation préférable.
Choix libre: Les différentes options contribuent à enrichir la
palette des moyens expressifs qui s ’offrent au rédacteur.
Phraséologie
Outre des mots individuels et des expressions relativement
courtes, l’usage propose aussi une certaine phraséologie,
créée à force de répétitions de certaines idées courantes.
Cette phraséologie peut etre liée au domaine, mais elle
l ’est selon nous bien davantage au genre de texte. Plus
le genre de texte est de style rigide, plus il est
susceptible d’imposer une phraséologie. C’est le cas par
exemple des document prescriptifs: normes ect.
En ce qui concerne la connaissance et utilité du vocabulaire
paradigmatique, ce vocabulaire doit absolument etre
actif.
Choix syntagmatiques
Dans une telle situation la question qui se pose est la
suivante: Quel mot employer avec tel autre?
Une situations met en jeu un mot demandeur de contenu
sémantique fort, et un mot demandé dont le choix répond
à des impératifs de forme et dont le sens est assez simple.
Le choix exact des mots soulignés se base simplement sur
l’usage associatif qui s’est établi entre eux et leurs voisins.
Catégorie grammaticales: les diverses relations
grammaticales de cooccurrence sont possibles: un
substantif peut commander un verbe, un adjectif ou une
préposition; un adverbe peut commander un adverbe ou
une préposition; un adjectif peut commander un adverbe
ou une préposition.
Connaissance et utilité du vocabulaire
syntagmatique
Il existe dans le vocabulaire syntagmatique des degrés
divers d’obligation: certaines cooccurrences sont
obligatoires, certaines sont très nettement favorisées par
rapport à d’autres, et d’autres enfin constituent une
possibilité parmi plusieurs autres.
Mais indépendament de son degré d’obligation, le
vocabulaire syntagmatique présente un net caractère de
dépendance vis-à-vis d’autres mots.
En ce qui concerne l’apprentissage du vocabulaire formel
Il faut souligner que largement absent en tant que tel des
dictionnaires, le vocabulaire formel ne peut etre
assimilé qu’en contexte.
Le bagage de vocabulaire, outil
efficace de réexpression
La compréhension est la clé d’une bonne traduction. Mais
son complément naturel et nécessaire est un bon bagage
de vocabulaire LA, sans quoi ce qui a été compris risque
d’etre mal réexprimé et l’on perd alors une partie des
gains acquis par la compréhension.
Une bonne compréhension du texte de départ appelle une
réexpression autonome au moyen des ressources propres
à la LA.
A partir du sens du texte à traduire, des formulations
viennent spontanément au traducteur, et il perd peu
d’énergie à secouer la cage formelle de la langue de
départ. Le bagage de vocabulaire apparait donc non
seulement comme un ingrédient indispensable à
l’opération traduisante, mais aussi, pourrait-on dire,
comme une partie de cette opération.
CONCLUSION
La connaissance du vocabulaire dénominatif intervient le
plus souvent de façon passive, par le controle des
équivalents proposés par les dictionnaires d’équivalences
et les sources unilingues. Mais la complexité sémantique
de ce vocabulaire ne s’apprivoise pas simplement à coups
de dictionnaire, et une exploration de longue haleine
s’impose.
Le vocabulaire descriptif exige une enquete plus poussée
pour livrer son potentiel sémantique véritable; en outre,
sa connaissance doit etre active.
Le vocabulaire paradigmatique est au coeur du processus de
reformulation en LA. Il ne s’acquiert que par des lectures
répétées. Il doit etre très active.
Le vocabulaire syntagmatique exige moins d’efforts
d’apprentissage, et ne joue le plus souvent qu’un roleindispensable-de servitude.
L’acquisition d’un solide bagage de
vocabulaire LA n’est certes pas une tache
facile, mais le traducteur appréciera au fur
et à mesure de ses progrès à quel point
cet outil peut lui etre bénéfique.