L`O S S E RVATOR E ROMANO
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L’OSSERVATORE ROMANO
EDITION HEBDOMADAIRE
EN LANGUE FRANÇAISE
Unicuique suum
e
Non praevalebunt
Cité du Vatican
LXVIII année, numéro 5 (3.466)
jeudi 2 février 2017
Appel du Pape au cours de l’audience générale consacrée à l’espérance
Discours aux consacrés
Répondre au cri
de la terre et des pauvres
Non à la culture
du provisoire
Un appel pressant «afin que les Eglises locales répondent avec détermination au cri
de la terre et au cri des pauvres» a été lancé par François au terme de l’audience générale du 1er février. En saluant les groupes
linguistiques, le Pape s’est adressé à la délégation du Mouvement catholique mondial pour le climat, en remerciant «pour
l’engagement à préserver la maison commune, en ces temps de grave crise
socio-environnementale». Auparavant, en
poursuivant les réflexions sur l’espérance
chrétienne à la lumière des textes bibliques, François avait commenté le passage
de la première lettre de saint Paul aux
Thessaloniciens (5, 4-11) sur le thème de la
mort, pour réaffirmer avec force que «notre résurrection et aussi celle de nos chers
défunts n’est donc pas une chose qui
pourrait arriver, mais c’est une réalité certaine, dans la mesure où elle est enracinée» dans la résurrection du Christ.
Une femme et son enfant en Ethiopie (Photo
Le bestiaire
du Pape
Au cours des dernières décennies,
la recherche historiographique a
accompli des pas importants dans
l’analyse de la riche symbologie
des animaux en relation avec la
papauté. Giovanni Cerro présente
l’ouvrage d’Agostino Paravicini
Bagliani, «Le bestiaire du Pape»,
dans lequel il explore le rapport
symbolique et métaphorique qui
unit la papauté et les animaux, du
moyen-âge à l’époque moderne.
La longue tradition du rapport entre les Papes et les animaux semble aujourd’hui avoir laissé de côté
les élaborations symboliques complexes du passé pour assumer en
revanche une connotation plus
concrète, caractérisée par l’engagement et le respect pour la création, comme le démontre la récente encyclique Laudato si’ du Pape
François.
AP/Mulugeta
Ayene)
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Audience au Tribunal de la Rote romaine
L’amour a besoin de vérité
Formation
et
accompagnement
avant et après le mariage sont les
deux termes autour desquels le Pape François a développé sa réflexion dans le discours adressé à la
Rote romaine, le 21 janvier. «Les
expériences de foi de ceux qui demandent le mariage chrétien sont
très différentes. Certains participent
activement à la vie de la paroisse,
d’autres s’en approchent pour la
première fois; certains ont une vie
de prière intense, d’autres sont, au
contraire, guidés par un sentiment
religieux plus générique; parfois, ce
sont des personnes éloignées de la
foi ou manquant de foi. Face à cette
situation, il faut trouver des remèdes valables», a dit François, comme «la formation des jeunes, à travers un chemin de préparation adéquat, visant à redécouvrir le mariage et la famille selon le dessein de
Dieu. Il s’agit d’aider les futurs
époux à saisir et à goûter la grâce,
la beauté et la joie du véritable
amour, sauvé et racheté par Jésus.
Aujourd’hui plus que jamais, cette
préparation se présente comme une
véritable occasion d’évangélisation
des adultes et, souvent, ceux que
l’on dit éloignés». Le deuxième remède est l’aide à apporter aux nouveaux époux dans la poursuite de
leur chemin dans la foi également
après la célébration du mariage.
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DANS CE NUMÉRO
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Page 3: Angelus du 29 janvier. Page 4: Entretien avec le président du dicastère pour le développement humain intégral. Page 5: Dialogue théologique avec les orthodoxes orientaux. Promulgation de décrets. Page 6: Audience à une délégation de l’European Jewish Congress. Page 7: Audience
à la direction antimafia et antiterrorisme italienne. Page 8: Messes à SainteMarthe. Pages 10 et 11: Informations.
«Plongés dans ce que l’on appelle
la culture du provisoire, qui peut
conduire à vivre “à la carte” et à
être esclaves des modes», la vie
consacrée subit une «hémorragie»
«qui affaiblit l’Eglise elle-même».
C’est pourquoi il faut valoriser la
vie fraternelle en communauté, en
offrant au monde un témoignage
d’«espérance et de joie». C’est ce
qu’a recommandé le Pape François
à la plénière de la Congrégation
pour les instituts de vie consacrée
et les sociétés de vie apostolique,
reçus le samedi 28 janvier.
Préoccupé parce que «les statistiques montrent» un nombre croissant d’«abandons» au sein des
congrégations religieuses, le Pape
a cité les «facteurs qui conditionnent la fidélité en ce tournant historique, où il apparaît difficile
d’assumer des engagements sérieux et définitifs». Et il a rappelé
le cas d’un «brave garçon engagé
dans une paroisse», qui voulait
«devenir prêtre, mais pendant dix
ans». Voilà pourquoi «le premier
facteur qui n’aide pas à maintenir
la fidélité» est «le contexte social»
actuel, caractérisé par la «culture
du provisoire», qui «pousse au besoin d’avoir toujours des “portes
latérales” ouvertes sur d’autres
possibilités». En outre, a ajouté le
Pape, «nous vivons dans des sociétés où les règles économiques
remplacent les règles morales, dictent des lois et imposent des systèmes de référence»; des sociétés où
règne «la dictature de l’argent».
Le deuxième élément identifié
par le Pape concerne «le monde
des jeunes», considéré «non pas
de façon négative», mais quoi
qu’il en soit «complexe, riche, et
exigeant. Il ne manque pas — a-t-il
expliqué — de jeunes généreux, solidaires et engagés». Mais même
parmi eux, «il y a de nombreuses
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L’OSSERVATORE ROMANO
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jeudi 2 février 2017, numéro 5
L’espérance dans la vie après la mort
Une réalité sûre
Chers frères et sœurs, bonjour!
Au cours des dernières catéchèses,
nous avons commencé notre parcours sur le thème de l’espérance en
relisant dans cette perspectives certaines pages de l’Ancien Testament.
Nous voulons à présent mettre en
lumière la portée extraordinaire que
cette vertu revêt dans le Nouveau
Testament, quand elle rencontre la
nouveauté représentée par Jésus
Christ et par l’événement pascal:
l’espérance chrétienne. Nous chrétiens, sommes des femmes et des
hommes d’espérance.
C’est ce qui ressort clairement dès
le premier texte qui a été écrit, c’està-dire la première lettre de saint Paul
aux Thessaloniciens. Dans le passage que nous avons écouté, on peut
percevoir toute la fraîcheur et la
beauté de la première annonce chrétienne. La communauté de Thessalonique est une communauté jeune,
fondée depuis peu; pourtant, en dépit des difficultés et des nombreuses
épreuves, elle est enracinée dans la
foi et célèbre avec enthousiasme et
avec joie la résurrection du Seigneur
Jésus. L’apôtre se réjouit alors de
tout cœur avec tous, dans la mesure
où ceux qui renaissent dans la
Pâque deviennent véritablement «fils
de la lumière, des fils du jour» (5,
5), en vertu de la pleine communion
avec le Christ.
Quand Paul lui écrit, la communauté de Thessalonique vient d’être
fondée et peu d’années seulement la
séparent de la Pâque du Christ.
C’est pour cela que l’apôtre cherche
à faire comprendre tous les effets et
les conséquences que cet événement
unique et décisif, c’est-à-dire la résurrection du Seigneur, comporte
pour l’histoire et pour la vie de chacun. En particulier, la difficulté de la
communauté n’était pas tant de reconnaître la résurrection de Jésus,
tous y croyaient, mais de croire en la
résurrection des morts. Oui, Jésus
est ressuscité, mais la difficulté était
de croire que les morts ressuscitent.
Dans ce sens, cette lettre se révèle
plus que jamais actuelle. Chaque
fois que nous sommes face à notre
mort, ou à celle d’une personne
chère, nous sentons que notre foi est
mise à l’épreuve. Tous nos doutes,
toute notre fragilité, émergent et
nous nous demandons: «Mais y a-til véritablement une vie après la
mort...? Pourrai-je encore voir et
embrasser les personnes que j’ai aimées...?». Cette question m’a été posée par une dame, il y a quelques
jours, au cours d’une audience, qui
avait ce doute: «Est-ce que je rencontrerai les miens?». Nous aussi,
dans le contexte actuel, nous avons
besoin de revenir à la racine et aux
fondements de notre foi, de façon à
prendre conscience de ce que Dieu a
fait pour nous en Jésus Christ et ce
que signifie notre mort. Nous avons
tous un peu peur de cette incertitude de la mort. Je me souviens d’un
petit vieux, une personne âgée, une
brave personne, qui disait: «Moi je
n’ai pas peur de la mort. J’ai un peu
peur de la voir venir». Il avait peur
de cela.
Paul, face aux craintes et aux perplexités de la communauté, invite à
garder solidement sur la tête, comme
un casque, en particulier dans les
épreuves et dans les moments plus
difficiles de notre vie, «l’espérance
du salut». C’est un casque. Voilà ce
qu’est l’espérance chrétienne. Quand
on parle d’espérance, nous pouvons
avoir tendance à la comprendre selon l’acception commune du terme,
c’est-à-dire en référence à quelque
chose de beau que nous désirons,
mais qui peut se réaliser ou pas.
Nous espérons que cela arrivera,
c’est comme un désir. On dit par
exemple: «J’espère que demain, il fera beau temps!»; mais nous savons
que le lendemain, il peut aussi faire
mauvais temps... L’espérance chrétienne n’est pas ainsi. L’espérance
chrétienne est l’attente de quelque
chose qui a déjà été accompli; c’est
la porte qui est là, et moi j’espère
pouvoir arriver à la porte. Que doisje faire? Marcher vers la porte! Je
suis certain que j’arriverai à la porte.
Il en est de même pour l’espérance
chrétienne: avoir la certitude que je
suis en chemin vers quelque chose
qui existe, et non pas quelque chose
que je voudrais qui existe. Voilà l’espérance
chrétienne.
L’espérance
chrétienne est l’attente d’une chose
qui a déjà été réalisée et qui se réalisera certainement pour chacun de
nous. Notre résurrection, et aussi
celle de nos chers défunts, n’est
donc pas une chose qui pourra arriver ou pas, mais c’est une réalité certaine, dans la mesure où elle est
enracinée dans l’événement de la résurrection du Christ. Espérer signifie
donc apprendre à vivre dans l’attente. Apprendre à vivre dans l’attente
et trouver la vie. Quand une femme
découvre qu’elle est enceinte, chaque
jour, elle apprend à vivre dans l’attente de voir le regard de cet enfant
qui viendra. Ainsi, nous aussi nous
devons voir et apprendre de ces attentes humaines et vivre dans l’attente de regarder le Seigneur, de rencontrer le Seigneur. Cela n’est pas
facile, mais cela s’apprend: vivre
dans l’attente. Espérer signifie et implique un cœur humble, un cœur
pauvre. Seul un pauvre sait attendre.
Celui qui est déjà sûr de lui et de ce
qu’il a, ne sait placer sa confiance
dans personne d’autre qu’en luimême.
Saint Paul écrit encore: «Il [Jésus]
est mort pour nous afin que, éveillés
ou endormis, nous vivions unis à
lui» (1 Th 5, 10). Ces paroles sont
toujours un motif de grand réconfort
et de paix. Nous sommes donc appelés à prier également pour les personnes bien-aimées qui nous ont
quittés afin qu’elles vivent dans le
Christ et soient en pleine communion avec nous. Il y a une expression de saint Paul, toujours adressée
aux Thessaloniciens, qui me touche
beaucoup. Elle me donne la certitu-
Jacques Du Brœucq, «L’espérance» (1541-1545), collégiale Sainte-Waudru de Mons (Belgique)
de de l’espérance. Elle dit: «Ainsi
nous serons avec le Seigneur toujours» (1 Th 4, 17). Une belle chose:
tout passe mais, après la mort, nous
serons pour toujours avec le Seigneur. C’est la certitude totale de
l’espérance, la même qui, bien avant,
faisait s’exclamer Job: «Je sais, moi,
que mon Défenseur est vivant [...].
Celui que je verrai sera pour moi,
celui que mes yeux regarderont» (Jb
19, 25.27). Ainsi, nous serons pour
toujours avec le Seigneur. Croyezvous cela? Je vous demande: croyezvous cela? Pour avoir un peu de force, je vous invite à le dire trois fois
avec moi: «Ainsi, nous serons pour
toujours avec le Seigneur». Et là,
avec le Seigneur, nous nous rencontrerons.
Parmi les pèlerins qui assistaient à
l’audience générale du 1er février, se
trouvaient les groupes francophones
suivants:
De France: Paroisse de Bordeaux;
collège Stanislas, de Paris; collège
Rocroy Saint-Vincent-de-Paul, de
Paris; collège La Rochefoucauld, de
Paris; collège Notre-Dame-de-France, de Paris; collège Saint-Joseph,
d’Aumale; groupe de L'Assomption
Lubeck, de Paris; Equipe Notre-Dame, du Puy-en-Velay; collège Charles Péguy, de Bobigny.
Frères et sœurs, dans le Nouveau
Testament, l’espérance prend une dimension extraordinaire en raison du
mystère pascal. Saint Paul s’adresse
à la toute jeune communauté de
Thessalonique, traversée par les
épreuves, mais solidement enracinée
dans la foi. Elle célèbre avec joie la
résurrection de Jésus dont les conséquences sont décisives pour l’histoire
du monde comme pour tout homme. Si notre foi est mise à l’épreuve
dans les moments les plus difficiles
de notre vie, l’espérance du salut
nous rend solides et nous console.
Elle nous fait attendre une promesse
déjà réalisée en Jésus Christ. Cette
espérance est, non seulement le désir
et la possibilité, mais la certitude de
notre résurrection à venir et de celle
des défunts de nos familles. Espérer
c’est donc apprendre à vivre dans
l’attente, mais pour cela un cœur
pauvre et humble est nécessaire. Et
nous sommes invités à prier pour
que les personnes aimées qui nous
ont quittés vivent avec le Christ et
en communion avec nous.
Je salue cordialement les pèlerins
de langue française, en particulier les
jeunes venus de France. Demandons
au Seigneur de renforcer notre espérance en la résurrection, de sorte que
nous puissions apprendre à vivre
dans l’attente certaine de la rencontre avec lui et avec tous ceux qui
nous sont chers.
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 5, jeudi 2 février 2017
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A l’issue de l’Angelus, le Pape a ajouté
les paroles suivantes:
Chers frères et sœurs,
Angelus du 29 janvier
Moins de bureaucratie
plus de solidarité
Chers frères et sœurs, bonjour!
La liturgie de ce dimanche nous fait
méditer sur les Béatitudes (cf. Mt 5,
1-12a), qui ouvrent le grand discours
dit «de la montagne», la «magna
charta» du Nouveau Testament. Jésus manifeste la volonté de Dieu de
conduire les hommes au bonheur.
Ce message était déjà présent dans
la prédication des prophètes: Dieu
est proche des pauvres et des opprimés et les libère de ceux qui les maltraitent. Mais dans cette prédication,
Jésus suit un chemin particulier: il
commence par le terme «bienheureux», c’est-à-dire heureux; il poursuit
avec l’indication de la condition pour
être bienheureux; et il conclut en
faisant une promesse. Le motif de la
béatitude, c’est-à-dire du bonheur,
ne réside pas dans la condition requise — par exemple «pauvre d’esprit», «affligés», «affamés de justice», «persécutés»... — mais dans la
promesse qui suit, à accueillir avec
foi comme don de Dieu. On part de
la condition de difficulté, pour s’ouvrir au don de Dieu et accéder au
monde nouveau, le «royaume» annoncé par Jésus. Celui-ci n’est pas
un mécanisme automatique, mais un
chemin de vie à la suite du Seigneur,
dans lequel la réalité de difficulté et
de souffrance est vue dans une perspective nouvelle et expérimentée selon la conversion qui se réalise. On
n’est pas bienheureux si l’on n’est pas
converti, en mesure d’apprécier et de
vivre les dons de Dieu.
Je m’arrête sur la première béatitude: «Heureux ceux qui ont une âme
de pauvre, car le Royaume des Cieux
est à eux» (v. 4). Celui qui a une
âme de pauvre est celui qui a assumé les sentiments et l’attitude de ces
pauvres qui dans leur condition ne
se révoltent pas, mais savent être
humbles, dociles, disponibles à la
grâce de Dieu. Le bonheur des pauvres — de ceux qui ont une âme de
pauvre — a une double dimension: à
l’égard des biens et à l’égard de Dieu.
En ce qui concerne les biens, les
biens matériels, cette âme de pauvre
signifie sobriété: pas nécessairement
renoncement, mais capacité de goûter l’essentiel, de partage; capacité
de renouveler chaque jour l’étonnement pour la bonté des choses, sans
s’appesantir dans l’opacité de la
consommation vorace. Plus j’ai, plus
je veux; plus j’ai, plus je veux: c’est
la consommation vorace. Et cela tue
l’âme. Et l’homme ou la femme qui
font cela, qui ont cette attitude,
«plus j’ai, plus je veux», ne sont pas
heureux et n’atteindront pas le
bonheur. A l’égard de Dieu, elle est
louange et reconnaissance du fait
que le monde est bénédiction et qu’à
son origine, il y a l’amour créateur
du Père. Mais elle est aussi ouverture à Lui, docilité à sa seigneurie:
c’est Lui, le Seigneur: c’est Lui le
Seigneur, c’est Lui le Grand, ce n’est
pas moi qui suis grand parce que j’ai
beaucoup de choses! C’est Lui: Lui
qui a voulu le monde pour tous les
hommes et qui l’a voulu pour que
les hommes soient heureux.
Celui qui a une âme de pauvre est
le chrétien qui ne compte pas sur
lui-même, sur les richesses matérielles, qui ne s’obstine pas dans ses
opinions, mais qui écoute avec respect et se remet volontiers aux décisions d’autrui. Si, dans nos communautés, il y avait plus de personnes
ayant une âme de pauvre, il y aurait
moins de divisions, de conflits et de
polémiques! L’humilité, comme la
charité, est une vertu essentielle
pour la coexistence dans les communautés chrétiennes. Les pauvres,
dans ce sens évangélique, apparaissent comme ceux qui gardent à l’esprit l’objectif du Royaume des cieux,
en faisant entrevoir qu’il est anticipé
sous forme de semence dans la communauté fraternelle, qui privilégie le
partage sur la possession. Je voudrais souligner cela: privilégier le
partage sur la possession. Avoir toujours le cœur et les mains ouverts (le
Pape fait le geste), pas fermés (il fait
le geste). Quand le cœur est fermé
(le Pape fait le geste), c’est un cœur
étroit: il ne sait pas non plus comment aimer. Quand le cœur est ouvert (le Pape fait le geste), il marche
sur le chemin de l’amour.
Que la Vierge Marie, modèle et
initiatrice de l’esprit de pauvreté parce que totalement docile à la volonté
du Seigneur, nous aide à nous abandonner à Dieu, riche en miséricorde,
afin qu’il nous comble de ses dons,
spécialement par l’abondance de son
pardon.
Comme vous voyez, les envahisseurs
sont arrivés... ils sont ici! On célèbre
aujourd’hui la journée mondiale des
malades de la lèpre. Cette maladie,
bien qu’étant en régression, est encore parmi les plus redoutées et touche
les plus pauvres et exclus. Il est important de lutter contre cette maladie, mais aussi contre les discriminations qu’elle entraîne. J’encourage
ceux qui sont engagés dans l’assistance et dans la réinsertion sociale
des personnes touchées par la maladie de Hansen, à qui nous assurons
notre prière.
Je vous salue tous avec affection,
vous qui êtes venus de diverses paroisses d’Italie et d’autres pays. Je
voudrais aussi renouveler ma proximité aux populations d’Italie centrale qui souffrent encore des conséquences du séisme et des conditions
météorologiques difficiles. Que le
soutien constant des institutions et
la solidarité commune ne fassent pas
défaut à nos frères et sœurs. Et s’il
vous plaît, qu’aucun type de bureaucratie ne les fasse attendre et ne les
fasse souffrir davantage!
Je m’adresse à présent à vous, enfants de l’Action catholique, des paroisses et des écoles catholiques de
Rome. Cette année, accompagnés
par le cardinal-vicaire, vous êtes venus au terme de la «Caravane de la
Paix», dont le slogan est Entourés de
Paix: un beau slogan. Merci pour
votre présence et pour votre engagement généreux à construire une société de paix. A présent, écoutons
tous le message que vos amis, ici à
côté de moi, vont nous lire.
[Lecture du message]
Et maintenant les ballons sont
lancés, symboles de paix. Symbole
de paix…
A tous je souhaite un bon dimanche, je souhaite paix, humilité, partage dans vos familles. S’il vous
plaît, n’oubliez pas de prier pour
moi. Bon déjeuner et au revoir!
Plénière de la vie consacrée
SUITE DE LA PAGE 1
victimes de la logique de la mondanité». Le troisième facteur indiqué,
en revanche, «provient du sein même de la vie consacrée, où, à côté
de tant de sainteté, ne manquent
pas les situations de contre-témoignage». Parmi celles-ci, «la routine,
la fatigue, les divisions internes, la
recherche de pouvoir — les arrivistes — un service de l’autorité qui
devient parfois autoritarisme et
d’autres fois, “un laisser-faire”».
Mais le Pape ne s’est pas limité à
critiquer, il a également suggéré un
itinéraire centré sur l’espérance et
sur la joie. Parce que, a-t-il improvisé, c’est cela qui «nous fait voir
comment se porte une communauté. Y a-t-il de l’espérance, y a-t-il de
la joie? Cela va bien. Mais quand
manque l’espérance et qu’il n’y a
pas de joie, cela n’est pas beau».
D’où l’invitation à prendre soin de
la vie fraternelle en communauté, et
de son renouveau dont dépendent
«le résultat de la pastorale des vocations et la persévérance des frères
et sœurs jeunes et moins jeunes».
Enfin, le Pape a souligné l’importance de l’accompagnement, en
suggérant d’investir «dans la prépa-
ration d’accompagnateurs qualifiés». Et à ce propos, il a souligné
que «le charisme de l’accompagnement, de la direction spirituelle» est
«laïc». «Prenez soin vous-même,
des membres de votre congrégation.
Il est difficile de rester fidèles en
marchant seuls, ou en marchant
sous la direction de frères et sœurs
qui ne sont pas capable d’écouter,
ou qui n’ont pas une expérience
adéquate. Tandis que nous devons
éviter toute modalité d’accompagnement qui crée des dépendances,
qui protège, contrôle ou rende infantiles, nous ne pouvons nous résigner à marcher seuls, nous avons
besoin d’un accompagnement proche, fréquent, et pleinement adulte».
L’OSSERVATORE ROMANO
page 4
jeudi 2 février 2017, numéro 5
Entretien avec le président du dicastère pour le développement humain intégral
Donner voix aux mineurs migrants
NICOLA GORI
Face à la dramatique «situation des
mineurs migrants enfermés dans les
centre de détentions et les camps de
séjour obligatoire, où ils sont isolés,
sans pouvoir aller à l’école d’une façon normale, et avec le risque d’être
recrutés par la criminalité organisée,
il est urgent de trouver des alternatives qui respectent l’importance de
l’unité de la famille». Tel est l’appel
lancé par le cardinal Peter Kodwo
Appiah Turkson à l’occasion de la
journée mondiale du migrant et du
réfugié, célébrée le 15 janvier, qui a
été consacrée cette année précisément aux «mineurs migrants, vulnérables et sans voix». Dans cet entretien à notre journal, le cardinal parle
également du nouveau dicastère
pour le service du développement
humain intégral, qu’il préside.
Dimanche 15 janvier a été célébrée la
103e journée mondiale du migrant et
du réfugié. N’y a-t-il pas le risque de
célébrer uniquement les morts en mer?
Cette journée avait certainement
parmi ses finalités de rappeler et de
dénoncer les événements de l’année
passée. Nous ne pouvons pas oublier, en effet, tous ceux qui, en voulant échapper à une mort certaine
ou en cherchant un meilleur avenir,
ont perdu la vie ou endurent des
souffrances indicibles. En tenant
compte du seul contexte de la Méditerranée, les statistiques parlent de
plus de cinq mille migrants morts en
mer au cours de leur voyage vers
l’Europe en 2016. Nous sommes face
au plus grave bilan annuel jamais
enregistré en termes de pertes de
vies humaines. Et parmi eux figurent
malheureusement de nombreux enfants; rappelons le cas du petit Aylan en septembre 2015. Depuis lors,
plus de 400 mineurs sont morts.
Nous devons toutefois nous efforcer
d’élargir le regard, et d’être conscients des réalités qui frappent également les autres continents. Par
exemple, en Amérique, de nombreux
enfants sont contraints de se déplacer d’un pays à l’autre. Selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), plus de la moitié des
réfugiés du monde est âgée de
moins de 18 ans et les statistiques indiquent également que, en 2015, le
nombre d’enfants non accompagnés
ayant cherché refuge s’élève presque
à 100.000. Nous nous trouvons donc
face à un problème actuel et urgent,
qui touche toute la planète et qui
exige notre attention et notre engagement. C’est pourquoi nous invitons tous les chrétiens à prendre
conscience du défi social et pastoral
que représente la situation des mineurs migrants et réfugiés. Mais cette journée mondiale est également
une occasion de souligner de nombreux éléments positifs. Le mouvement migratoire représente lui-même
une richesse: au niveau des ressources humaines; en raison des bénéfices économiques qu’il apporte; et en
ce qui concerne son aspect culturel.
Et ce ne sont là que quelques aspects positifs que la migration comporte. En ce qui concerne ceux qui
accueillent, en outre, nous ne pouvons pas oublier toutes les réponses
généreuses et créatives mises en
œuvre tant par la société civile que
par l’Eglise.
Les mineurs migrants et les réfugiés de
deuxièmes générations constituent un
élément important de la croissance de
nos sociétés. Quels instruments avonsnous pour les intégrer?
Benoît XVI a voulu consacrer au
moins deux messages aux jeunes migrants, en 2008 et en 2010. Il réfléchissait sur les défis que les jeunes
doivent affronter dans les lieux d’arrivée, et portait son attention, de façon particulière, sur le soutien de la
famille et de l’école. Aujourd’hui, le
Pape François approfondit cette réflexion et place l’accent sur la sollicitude de l’Eglise à l’égard des «enfants qui sont trois fois sans défense,
parce que mineurs,
parce qu’étrangers et
parce que sans défense, quand, pour
diverses raisons, ils
sont forcés de vivre
loin de leur terre
d’origine et séparés
de l’affection de
leurs proches». La
protection de leurs
droits sur la base de
l’ordre juridique international est d’une
importance fondamentale. Le principe
de l’intérêt supérieur
de l’enfant est entériné par l’article 3
de la Convention Internationale
relative
aux droits de l’enfant
de 1989. C’est pourquoi les autorités
des pays qui accueillent ont l’obligation de les garantir.
Selon les statistiques, le nombre de mineurs étrangers non accompagnés a
presque doublé en un an. Au cours des
derniers temps, le Pape François est intervenu à plusieurs reprises sur le drame des enfants, également migrants, qui
doivent affronter seuls les abus et les
violences à leur égard. Que peut-on faire pour limiter ce phénomène?
C’est vrai. Les statistiques mettent
en évidence cette triste augmentation. Si, par exemple, nous considérons la situation en Italie, nous
constatons que le nombre de mineurs non accompagnés arrivés par
mer dans le pays a même doublé,
passant de 12.360 en 2015 à 25.772 en
2016. Et être seuls les rend inévitablement plus vulnérables, et les rend
victimes de la traite à des fins indignes. Face à cela, le Pape élève constamment sa voix pour dénoncer cette situation dramatique, par exemple
dans la récente Lettre aux évêques
en la fête des saints Innocents et
dans le discours au corps diplomatique du 9 janvier dernier. Dans le
message de 2017, le Pape encourage
la protection et la défense des mineurs migrants, en partant de la
connaissance des facteurs qui contribuent à créer un état de vulnérabilité, comme le manque de moyens de
survie, le faible niveau d’alphabétisa-
tion, et l’ignorance des lois, de la
culture et de la langue. On veut
souvent répondre par des politiques
d’immigration plus restrictives, des
contrôles plus sévères aux frontières
et en luttant contre la criminalité organisée. Mais il est nécessaire d’affronter les causes les plus profondes
du phénomène. Le Pape François répète qu’une collaboration plus étroite entre les immigrés et les communautés qui les accueillent peut également aider à limiter le phénomène.
Et de nombreuses personnes, rappelons-le toujours, se prodiguent déjà
chaque jour, en mettant inlassablement leurs vies au service de ces enfants.
Cette augmentation spectaculaire du
nombre de mineurs étrangers non accompagnés trouve-t-elle l’accueil nécessaire?
grants enfermés dans les centres de
détention et les camps de séjour
obligatoire, où ils sont isolés, sans
pouvoir aller à l’école d’une façon
normale, et avec le risque d’être recrutés par la criminalité organisée. Il
est urgent de trouver des alternatives
qui respectent, l’importance de l’unité de la famille. De plus, comme le
souligne le Pape François, il demeure fondamental de créer des initiatives de coopération visant à réduire
les cause de l’émigration. Après ce
que nous venons de dire, et en vue
de l’intégration des mineurs migrants et réfugiés, il est logiquement
fondamental d’avoir une législation
spécifique qui réponde à leurs problèmes spécifiques. Favoriser le rassemblement familial, ou, dans le cas
où cela n’est pas possible, promouvoir leur accueil par des familles, en
évitant ainsi autant que possible les
Embarcation de migrants en Méditerranée (AFP)
Dans son message, l’une des quatre lignes directrices indiquées par le
Pape comme réponse au phénomène
de la migration des mineurs est précisément la nécessité d’intégration.
Beaucoup vivent actuellement une
période d’instabilité, dans laquelle il
faut passer de la culture et de la société d’origine à une nouvelle vie
dans le pays d’arrivée. De nombreuses personnes font l’expérience de ce
que l’on appelle la «difficulté de la
double appartenance». C’est pour
cette raison que le Pape rappelle la
nécessité de «l’adoption de politiques adéquates d’accueil, d’assistance et d’inclusion», et de «l’insertion
sociale des migrants mineurs, ou
bien des programmes de rapatriement sûr et assortis d’assistance». En
1996, le Canada est devenu le premier pays à introduire des directives
spécifiques visant les mineurs demandeurs d’asile, mais de nombreux
autres gouvernements affrontent
avec difficulté la question et leurs
actions oscillent entre l’adoption de
mesures rigides de contrôle et des
efforts visant à suivre l’article 22 de
la Convention relative aux droits de
l’enfant, qui demande aux pays signataires de fournir une protection
et une assistance adéquates aux enfants. Dans ce contexte, le Pape a
voulu porter une attention particulière à la situation des mineurs mi-
camps et d’autres centres, serait un
bon début. Un point important est
également l’intégration scolaire dans
le système éducatif national, en offrant des itinéraires spécifiques de
formation et d’intégration adaptés à
leurs exigences, afin de garantir leur
préparation et de les doter des bases
nécessaires pour une insertion correcte dans le nouveau monde social,
culturel et professionnel. Et nous ne
pouvons pas oublier le besoin que le
passage du pays de départ au pays
d’arrivée soit sûr, par exemple à travers des couloirs humanitaires.
Cela a été la première journée mondiale
célébrée depuis l’institution du nouveau
dicastère pour la promotion du développement humain intégral, entré en fonction le 1er janvier. Quelles ont été les
priorités de votre activité en ces première semaines?
Le dicastère prend forme, réunion
après réunion, avec la nécessité de
donner un profil unitaire à ce
qu’étaient les fonctions de quatre
Conseils pontificaux différents: justice et paix, pastorale des migrants et
des personnes en déplacement, Cor
Unum et pastorale des services de la
santé. Du motuproprio Humanam
progressionem (17 août 2016) à l’entrée
en vigueur du dicastère (1er janvier
SUITE À LA PAGE 5
numéro 5, jeudi 2 février 2017
L’OSSERVATORE ROMANO
page 5
Dialogue théologique avec les orthodoxes orientaux
La voie des martyrs
Dans les régions ensanglantées par la violence et par le fondamentalisme,
la voie de l’œcuménisme est celle indiquée par les martyrs. C’est ce qu’a
souligné le Pape François dans le discours adressé aux membres de la
Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Eglise
catholique et les Eglises orthodoxes orientales, reçus dans la matinée du
vendredi 27 janvier, dans la salle Clémentine.
Chers frères dans le Christ,
En vous souhaitant une joyeuse
bienvenue, je vous remercie pour
votre présence, ainsi que pour les
aimables paroles que le métropolite Bishoy m’a adressées en votre
nom à tous. Je remercie aussi
pour cette belle icône, si significative, du sang du Christ, qui nous
révèle la rédemption à partir du
sein de la Vierge. Elle est très belle! A travers vous, j’adresse un salut cordial aux chefs des Eglises
orthodoxes orientales, mes vénérés frères.
Je porte un regard reconnaissant sur le travail de votre Commission, fondée en 2003 et parvenue à sa quatorzième rencontre.
L’année dernière, vous avez lancé
un approfondissement sur la nature des sacrements, en particulier
du baptême. C’est précisément
dans le baptême que nous avons
redécouvert le fondement de la
communion entre les chrétiens;
nous, catholiques et orthodoxes
orientaux, pouvons redire ce
Entretien avec
le cardinal Turkson
SUITE DE LA PAGE 4
2017), nous avons eu peu de temps
pour nous réorganiser. C’est pourquoi nous avons demandé un délai
au Pape, qui l’accordé, jusqu’à Pâques. Dans le nouveau dicastère est
prévu un bureau de recherche et
d’étude; un bureau qui s’occupera
de la réalisation pratique des projets;
un bureau qui s’occupera de manière
systématique de la communication,
de la relation avec le monde, pour
dialoguer non seulement avec nos
interlocuteurs habituels, mais pour
rencontrer tout le monde et pour
réaliser le défi de promouvoir le bien
de la société. Le thème migratoire
revêt une importance toujours plus
grave de nos jours. La création
d’une section pour les migrants et
les réfugiés démontre toute l’attention du Pape à la délicate question
du phénomène migratoire. Cette section bénéficiera de la collaboration
d’experts en la matière et maintiendra des contacts spécifiques avec les
organismes internationaux dans le
domaine migratoire. Sous la direction du Pape, l’Eglise est toujours
appelée à offrir des gestes concrets
de proximité et d’humanité, éléments essentiels du développement
auquel des millions d’enfants ont
droit.
qu’affirmait l’apôtre Paul: «Aussi
bien est-ce en un seul Esprit que
nous tous avons été baptisés» et
nous appartenons à «un seul
corps» (1 Co 12, 13). Au cours de
cette semaine, vous avez pu continuer de réfléchir sur des aspects
historiques, théologiques et ecclésiologiques de la sainte Eucharistie, «source et sommet de toute la
vie chrétienne», qui exprime et
réalise admirablement l’unité du
peuple de Dieu (Conc. œcum.
Vat. II, Const. Lumen gentium,
n. 11). En vous encourageant à
poursuivre, je nourris l’espérance
que votre œuvre pourra indiquer
des voies précieuses à notre parcours, en facilitant le chemin vers
ce jour tant attendu où nous aurons la grâce de célébrer le sacrifice du Seigneur au même autel, en
signe de la communion ecclésiale
pleinement rétablie.
Un grand nombre d’entre vous
appartiennent à des Eglises qui
assistent quotidiennement à la
violence qui fait rage et à des actes terribles, perpétrés par l’extrémisme fondamentaliste. Nous
sommes conscients que des situations d’une souffrance aussi tragique s’enracinent plus facilement
dans des contextes de pauvreté,
d’injustice et d’exclusion sociale,
dues entre autres à l’instabilité
engendrée par des intérêts partisans, souvent externes, et par des
conflits précédents, qui ont produit des conditions de vie misérables, des déserts culturels et spirituels dans lesquels il est facile de
manipuler et de pousser à la haine. Tous les jours, vos Eglises
sont proches de la souffrance, appelées à semer la concorde et à
reconstruire patiemment l’espérance, en réconfortant avec la
paix qui vient du Seigneur, une
paix qu’ensemble, nous sommes tenus d’offrir à un monde blessé et
déchiré.
«Un membre souffre-t-il? tous
les membres souffrent avec lui»,
écrivait encore saint Paul (1 Co
12, 26). Vos souffrances sont nos
souffrances. Je m’unis à vous
dans la prière, en invoquant la fin
des conflits et la proximité de
Dieu pour les populations éprouvées, spécialement pour les enfants, les malades et les personnes
âgées. J’ai particulièrement à
cœur les évêques, les prêtres, les
personnes consacrées et les fidèles, victimes d’enlèvements cruels,
ainsi que tous ceux qui ont été
pris en otages ou réduits en esclavage.
Puissent
l’intercession
et
l’exemple de tant de nos martyrs
et saints qui ont rendu au Christ
un témoignage courageux et ont
rejoint la pleine unité être un
puissant soutien pour les communautés chrétiennes. Et nous,
qu’attendons-nous? Ils nous révèlent le cœur de notre foi qui ne
consiste pas en un message générique de paix et de réconciliation,
mais en Jésus lui-même, crucifié
et ressuscité: il est notre paix et
notre réconciliation (cf. Ep 2, 14;
2 Co 5, 18). En tant que ses disciples, nous sommes appelés à témoigner partout, avec la force
chrétienne, de son amour humble
qui réconcilie l’homme de tous
temps. Là où la violence appelle
la violence et où la violence sème
la mort, notre réponse est le pur
ferment de l’Evangile qui, sans se
prêter aux logiques de la force,
fait jaillir des fruits de vie également de la terre aride et des aubes d’espérance après les nuits de
terreur.
Le centre de la vie chrétienne,
le mystère de Jésus mort et ressuscité par amour, est aussi le
point de référence pour notre
chemin vers la pleine unité. Les
martyrs, une fois de plus, nous
indiquent la voie: combien de fois
le sacrifice de la vie a-t-il conduit
les chrétiens, par ailleurs divisés
sur beaucoup de choses, à être
unis. Les martyrs et les saints de
toutes les traditions ecclésiales
sont déjà un dans le Christ (cf. Jn
17, 22); leurs noms sont inscrits
dans le martyrologe unique et indivis de l’Eglise de Dieu. S’étant
sacrifiés par amour sur la terre, ils
habitent l’unique Jérusalem céleste, proches de l’Agneau immaculé
(cf. Ap 7, 13-17). Leur vie offerte
en don nous appelle à la communion, à marcher plus rapidement
sur la route vers la pleine unité.
De même que, dans l’Eglise primitive, le sang des martyrs fut semence de nouveaux chrétiens,
qu’aujourd’hui aussi le sang de
nombreux martyrs soit semence
d’unité parmi les croyants, signe
et instrument d’un avenir dans la
communion et la paix.
Chers frères, je vous suis reconnaissant car vous vous prodiguez
dans ce but. En vous remerciant
pour votre visite, j’invoque sur
vous et sur votre ministère la bénédiction du Seigneur et la protection de la Sainte Mère de
D ieu.
Et si cela vous semble bien,
chacun dans sa langue, nous pouvons prier le Notre Père ensemble.
Congrégation pour les causes des saints
Promulgation de décrets
Le vendredi 20 janvier, le Pape
François a reçu en audience S.Em.
le cardinal Angelo Amato, S.D.B.,
préfet de la Congrégation pour les
causes des saints. Au cours de l’audience, le Souverain Pontife a autorisé la Congrégation à promulguer les décrets concernant:
— le miracle, attribué à l’intercession du vénérable serviteur de Dieu
Arsenio da Trigolo (dans le siècle:
Giuseppe Migliavacca), prêtre profès de l’ordre des frères mineurs capucins, fondateur de la congrégation des sœurs de la Très Sainte
Vierge Marie consolatrice; né le 13
juin 1849 et mort le 10 décembre
1909;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu Raymundo Jardón
Herrera, prêtre diocésain; né le 21
janvier 1887 et mort le 6 janvier
1934;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu Juan Sáez Hurtado,
prêtre diocésain; né le 18 décembre
1897 et mort le 8 août 1982;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu Ignazio Beschin
(dans le siècle: Giuseppe), prêtre
profès de l’ordre des frères mineurs; né le 26 août 1880 et mort le
29 octobre 1952;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu Jószef Wech Vandor,
prêtre profès de la société salésienne de Saint Jean Bosco; né le 29
octobre 1909 et mort le 8 octobre
1979;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu Francesco Convertini,
prêtre profès de la société salésienne de Saint Jean Bosco; né le 29
août 1898 et mort le 11 février 1976;
— les vertus héroïques de la servante de Dieu Santina Maria Addolorata (dans le siècle: Maria Addolorata De Pascali), fondatrice de
la congrégation des sœurs disciples
du Sacré-Cœur; née le 10 giugno
1897 et morte le 19 mai 1981;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu Jan Tyranowski, laïc;
né le 9 février 1901 et mort le 15
mars 1947.
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 5, jeudi 2 février 2017
Rencontre avec les membres du Tribunal de la Rote romaine
L’amour a besoin de vérité
à lui-même et à son environnement.
Et quand il en arrive à affirmer “D ieu
n'existe pas” (cf. Ps 14 [13], 1), il montre en toute clarté que sa connaissance
est déficiente et combien elle est loin
de la pleine vérité sur les choses, sur
leur origine et sur leur destinée»
se basant sur l’enseignement de l’Ecri- (ibid., n. 17).
ture Sainte, «la profondeur du lien
De son côté, le Pape Benoît XVI,
entre la connaissance par la foi et la dans le dernier discours qu’il vous a
connaissance par la raison [...]. La adressé, rappelait que c’est «seuleparticularité qui distingue le texte bi- ment en s’ouvrant à la vérité de Dieu
blique consiste dans la conviction [...] qu’il est possible de comprendre,
qu’il existe une profonde et indissolu- et de réaliser concrètement dans la vie
ble unité entre la connaissance de la conjugale et familiale, la vérité de
raison et celle de la foi» (Enc. Fides et l’homme son fils, régénéré par le bapratio, n. 16). C’est pourquoi, plus on tême [...]. Le refus de la proposition
s’éloigne de la perspective de la foi, divine, en effet, conduit à un déséquiplus «l’homme s’expose au risque de libre profond dans toutes les relations
l'échec et finit par se trouver dans la humaines [...], y compris matrimoniacondition de l’“insensé”. Dans la Bi- le» (26 janvier 2013, 2). Il est plus que
ble, cette stupidité comporte une me- jamais nécessaire d’approfondir le rapnace pour la vie; l’insensé en effet port entre amour et vérité. «L’amour
s’imagine connaître beaucoup de cho- a besoin de la vérité. C’est seulement
ses, mais en réalité il n’est pas capable dans la mesure où l’amour est fondé
de fixer son regard sur ce qui est es- sur la vérité qu’il peut perdurer dans
sentiel. Cela l’empêche de mettre de le temps, dépasser l’instant éphémère
l'ordre dans son esprit (cf. Pr 1, 7) et et rester ferme pour soutenir une marde prendre l'attitude qui convient face che commune. Si l’amour n’a pas de
rapport avec la vérité, il est
soumis à l’instabilité des sentiments et il ne surmonte pas
l’épreuve du temps. L’amour
vrai, au contraire, unifie tous
les éléments de notre personne et devient une lumière
nouvelle vers une vie grande
et pleine. Sans vérité l’amour
ne peut pas offrir de lien solide, il ne réussit pas à porter
le “moi” au-delà de son isolement, ni à le libérer de l’instant éphémère pour édifier la
vie et porter du fruit» (Enc.
Lumen fidei, n. 27).
Nous ne pouvons nous cacher qu’une mentalité diffuse
tend à cacher l’accès aux vérités éternelles. Une mentalité
qui implique, souvent de manière vaste et ramifiée, les attitudes et les comportements
des chrétiens eux-mêmes (cf.
Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 64), dont la foi est
affaiblie et perd son originaliKantor, a souhaité, face à la dégradation
té de critère interprétatif et
éthique actuelle, que soient renforcées les
opérationnel pour l’existence
valeurs partagées par les juifs et les chrépersonnelle, familiale et sotiens. Pour sa part, le Pape a déclaré que la
ciale. Ce contexte, pauvre de
journée de la mémoire est une occasion imvaleurs religieuses et de foi,
portante pour tous, et pas seulement pour
ne peut que conditionner
les juifs, afin qu’une tragédie comme celle
également le consensus matride la Shoah ne se répète plus jamais.
monial. Les expériences de
Formation et accompagnement: tels sont les deux termes autour desquels le Pape
François a développé sa réflexion dans le discours adressé à la communauté du
Tribunal apostolique de la Rote romaine, reçue en audience dans la salle Clémentine,
dans la matinée du samedi 21 janvier, à l’occasion de l’inauguration de l’année
judiciaire.
Chers juges, officials, avocats
et collaborateurs du Tribunal
apostolique de la Rote romaine,
J’adresse à chacun de vous mes salutations cordiales, en commençant par
le collège des prélats auditeurs avec le
doyen, Mgr Pio Vito Pinto, que je remercie pour ses paroles, et le prodoyen qui a récemment été nommé à
cette charge. Je souhaite à tous de travailler avec sérénité et avec un amour
fervent de l’Eglise, en cette année judiciaire que nous inaugurons aujourd’hui.
Aujourd’hui, je voudrais revenir sur
le thème du rapport entre foi et mariage, en particulier sur les perspectives de foi inhérentes au contexte
humain et culturel dans lequel se forme l’intention matrimoniale. Saint
Jean-Paul II a bien mis en lumière, en
Audience à une délégation
de l’European Jewish Congress
Le jour de la mémoire des
victimes de la Shoah, vendredi 27 janvier, le Pape a
reçu en audience une délégation de cinq membres de
l’European Jewish Congress, accompagnés par le
père
salésien
Norbert
Hofmann, secrétaire de la
Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme du Conseil pontifical pour la promotion de
l’unité des chrétiens. Dans
un entretien à Radio Vatican, le religieux a souligné
que la rencontre a été très
significative et a manifesté,
une fois de plus, le dialogue fécond existant
entre catholiques et juifs. Du reste, a ajouté
le père Hofmann, le Pape lui-même a rappelé que sa famille, en Argentine, recevait
souvent les visites de juifs. Une coutume
amicale qu’il conserva ensuite personnellement. Au cours de l’audience, le président
de l’European Jewish Congress, M. Moshe
foi de ceux qui demandent le mariage
chrétien sont très différentes. Certains
participent activement à la vie de la
paroisse, d’autres s’en approchent
pour la première fois; certains ont une
vie de prière intense, d’autres sont, au
contraire, guidés par un sentiment religieux plus générique; parfois ce sont
des personnes éloignées de la foi ou
manquant de foi.
Face à cette situation, il faut trouver des remèdes valables. J’indique un
premier remède dans la formation des
jeunes, à travers un chemin de préparation adéquat, visant à redécouvrir le
mariage et la famille selon le dessein
de Dieu. Il s’agit d’aider les futurs
époux à saisir et à goûter la grâce, la
beauté et la joie du véritable amour,
sauvé et racheté par Jésus. La communauté chrétienne à laquelle les
fiancés s’adressent est appelée à annoncer cordialement l’Evangile à ces
personnes pour que leur expérience
d’amour puisse devenir un sacrement,
un signe efficace du salut. Dans cette
circonstance, la mission rédemptrice
de Jésus rejoint l’homme et la femme
au niveau concret de leur vie d’amour.
Ce moment devient pour toute la
communauté une occasion de mission
extraordinaire. Aujourd’hui plus que
jamais, cette préparation se présente
comme une véritable occasion d’évangélisation des adultes et, souvent,
ceux que l’on dit éloignés. En effet,
nombreux sont les jeunes pour qui
l’approche des noces constitue l’occasion de rencontrer de nouveau la foi
reléguée depuis longtemps en marge
de leur vie; par ailleurs, ils se trouvent
dans un moment particulier, souvent
également caractérisé par la disponibilité à revoir et à changer l’orientation
de leur existence. Cela peut donc être
un temps favorable pour renouveler
leur rencontre avec la personne de Jésus Christ, avec le message de l’Evangile et avec la doctrine de l’Eglise.
Il faut donc que les agents et les
organismes préposés à la pastorale familiale soient animés par la forte
préoccupation de rendre toujours plus
efficaces les parcours de préparation
au sacrement du mariage, pour la
croissance non seulement humaine,
mais surtout de la foi des fiancés.
L’objectif fondamental des rencontres
est d’aider les fiancés à réaliser une
insertion progressive dans le mystère
du Christ, dans l’Eglise et avec l’Eglise. Celui-ci comporte une maturation
progressive dans la foi, à travers l’annonce de la Parole de Dieu, l’adhésion et la «sequela» généreuse du
Christ. La finalité de cette préparation
consiste donc à aider les fiancés à
connaître et à vivre la réalité du mariage qu’ils entendent célébrer, pour
qu’ils puissent le faire non seulement
de manière valide et licite, mais aussi
fructueuse, et pour qu’ils soient disposés à faire de cette célébration une
étape de leur chemin de foi. Pour réaliser tout cela, il faut des personnes
qui aient une compétence spécifique
et soient adéquatement préparées à ce
service, dans une synergie opportune
entre prêtres et couples d’époux.
Dans cet esprit, je tiens à réaffirmer
la nécessité d’un «nouveau catéchuménat» en préparation au mariage.
En accueillant les vœux des pères du
dernier synode ordinaire, il est urgent
d’appliquer concrètement ce qui est
déjà proposé dans Familiaris consortio
(n. 66), c’est-à-dire que, de même que
pour le baptême des adultes le catéchuménat fait partie du processus sa-
pages 6/7
cramentel, la préparation au mariage
devienne elle aussi partie intégrante
de toute la procédure sacramentelle
du mariage, comme antidote empêchant la multiplication des célébrations matrimoniales nulles ou inconsistantes. Un second remède est d’aider les nouveaux époux à poursuivre
leur chemin dans la foi et dans l’Eglise également après la célébration du
mariage. Il est nécessaire d’identifier,
avec courage et créativité, un projet
de formation pour les nouveaux
époux, avec des initiatives visant à
une conscience grandissante du sacrement reçu. Il s’agit de les encourager
à considérer les différents aspects de
leur vie quotidienne de couple, qui est
le signe et l’instrument de l’amour de
Dieu, incarné dans l’histoire des hommes. Je donne deux exemples. Tout
d’abord, l’amour dont vit la nouvelle
famille a sa racine et sa source ultime
dans le mystère de la Trinité, c’est
pourquoi elle porte ce sceau en dépit
des difficultés et des petitesses auxquelles elle doit se mesurer dans la vie
quotidienne. Un autre exemple: l’histoire d’amour du couple chrétien fait
partie de l’histoire sainte, parce qu’ha-
bitée par Dieu et parce que Dieu ne
manque jamais à l’engagement qu’il a
pris avec les époux le jour de leurs
noces; en effet, il est «un Dieu fidèle
et qui ne peut se renier lui-même» (2
Tm 2, 13). La communauté chrétienne
est appelée à accueillir, accompagner
et aider les jeunes couples, en leur offrant des occasions et des instruments
adéquats — à partir de la participation
à la Messe dominicale —, pour soigner
leur vie spirituelle aussi bien au sein
de la vie familiale que dans le cadre
de programmes pastoraux en paroisse
ou dans des associations. Souvent, les
jeunes époux sont laissés à euxmêmes, peut-être du simple fait qu’on
les voit moins en paroisse; cela arrive
surtout avec la naissance des enfants.
Mais c’est justement dans ces premiers moments de la vie familiale
qu’il faut assurer une plus grande
proximité et un fort soutien spirituel,
également dans l’œuvre éducative des
enfants, à l’égard desquels ils sont les
premiers témoins et les porteurs du
don de la foi. Dans le chemin de
croissance humaine et spirituelle des
jeunes époux, il est souhaitable qu’il y
ait des groupes de référence dans les-
quels pouvoir effectuer un chemin de
formation permanente: à travers
l’écoute de la Parole, la confrontation
sur les thèmes qui concernent la vie
des familles, la prière et le partage fraternel.
Ces deux remèdes que j’ai indiqués
visent à favoriser un contexte approprié de foi dans lequel célébrer et vivre le mariage. Un aspect aussi déterminant pour la solidité et la vérité du
sacrement nuptial demande que les
curés soient toujours plus conscients
de la tâche délicate qui leur est confiée de gérer le parcours sacramentel
matrimonial des futurs époux, en rendant intelligible et réelle la synergie
entre foedus et fides. Il s’agit de passer
d’une vision purement juridique et
formelle de la préparation des futurs
époux à une fondation sacramentelle
ab initio, c’est-à-dire à partir du chemin vers la plénitude de leur foedusconsentement élevé par le Christ au
rang de sacrement. Cela demandera le
généreux apport de chrétiens adultes,
hommes et femmes, qui devront être
aux côtés du prêtre dans la pastorale
familiale pour construire «le chefd’œuvre de la société», c’est-à-dire «la
famille, l’homme et la femme qui s’aiment» (Audience générale, 29 avril
2015) selon le «plan lumineux de
Dieu» (Discours au consistoire extraordinaire, 20 février 2014).
Que le Saint-Esprit, qui guide toujours et en tout le saint peuple de
Dieu, assiste et soutienne ceux, prêtres et laïcs, qui s’engagent et s’engageront dans ce domaine, afin qu’ils ne
perdent jamais l’élan et le courage de
se prodiguer pour la beauté des familles chrétiennes, malgré les pièges destructeurs de la culture dominante de
l’éphémère et du provisoire.
Chers frères, comme je vous l’ai dit
à plusieurs reprises, il faut un grand
courage pour se marier à l’époque où
nous vivons. Et ceux qui ont la force
et la joie d’accomplir ce pas important doivent sentir à leurs côtés l’affection et la proximité concrète de
l’Eglise. Avec ce souhait, je vous renouvelle mes vœux de bon travail
pour la nouvelle année que le Seigneur nous donne. Je vous assure de
ma prière et je compte moi aussi sur
la vôtre en vous donnant de tout
cœur la Bénédiction apostolique.
Audience à la direction antimafia et antiterrorisme italienne
Contre
toutes les mafias
Un appel renouvelé à lutter contre toutes
les mafias a été lancé par le Pape
François dans la matinée du lundi 23
janvier, au cours de l’audience aux
membres de la direction nationale
antimafia et antiterrorisme italienne, reçus
en audience dans la salle Clémentine.
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous accueillir, vous
qui représentez la direction nationale
antimafia et antiterrorisme. Je vous salue cordialement et je remercie M.
Franco Roberti pour ses paroles.
Les fonctions qui vous sont confiées
par l’Etat concernent la poursuite des
délits des trois grandes organisations
criminelles de type mafieux: mafia, camorra et ’ndrangheta. En exploitant les
carences économiques, sociales et politiques, celles-ci trouvent un terrain fertile pour réaliser leurs déplorables projets. Parmi vos compétences figure également la lutte contre le terrorisme, qui
revêt un aspect toujours plus cosmopolite et dévastateur. Je désire vous exprimer mon estime et mes encouragements
pour votre activité, difficile et risquée,
mais plus que jamais indispensable
pour racheter et libérer le pouvoir des
associations criminelles qui se rendent
responsables de violences et d’abus tachés de sang humain.
La société a besoin d’être guérie de
la corruption, des extorsions, du trafic
illicite de drogues et d’armes, de la traite d’êtres humains, parmi lesquels de
nombreux enfants réduits en esclavage.
Ce sont d’authentiques plaies sociales
et, dans le même temps, des défis mondiaux que la collectivité internationale
est appelée à affronter avec détermination. Dans cette perspective, j’ai appris
que votre activité de lutte contre le cri-
me se déroule de façon opportune en
collaboration avec vos collègues d’autres Etats. Ce travail, réalisé en synergie
et avec des moyens efficaces, constitue
une barrière efficace et un dispositif de
sécurité pour la collectivité.
La société a une grande confiance
dans votre professionnalisme et votre
expérience de magistrats chargés d’enquêtes, engagés à combattre et à éradiquer le crime organisé. Je vous exhorte
à consacrer tous vos efforts spécialement dans la lutte contre la traite des
personnes et du trafic de migrants: ce
sont des délits très graves qui frappent
les plus faibles d’entre les faibles! A cet
égard, il est nécessaire d’accroître les
activités de protection des victimes en
prévoyant une assistance juridique et
sociale de nos frères et sœurs à la recherche de paix et d’un avenir. Ceux
qui fuient leur pays à cause de la guerre, des violences et des persécutions ont
le droit de trouver un accueil adéquat
et une protection appropriée dans les
pays qui se disent civilisés.
Pour compléter et renforcer votre
précieuse œuvre de répression, sont nécessaires de vastes interventions éducatives, qui s’adressent en particulier aux
nouvelles générations. A cet égard, les
différentes institutions éducatives, parmi lesquelles les familles, les écoles, les
communautés chrétiennes et les organisations sportives et culturelles, sont appelées à favoriser une conscience de
moralité et de légalité orientée vers des
modèles de vie honnêtes, pacifiques et
solidaires qui, petit à petit, puissent
vaincre le mal et aplanir la voie vers le
bien. Il s’agit de partir des consciences
pour assainir les intentions, les choix,
les comportements individuels, afin que
le tissu social s’ouvre à l’espérance d’un
monde meilleur.
Le phénomène mafieux, en tant
qu’expression d’une culture de mort,
doit être empêché et combattu. Il s’oppose radicalement à la foi et à l’Evangile, qui sont toujours pour la vie. Ceux
qui suivent le Christ ont des pensées de
paix, de fraternité, de justice, d’accueil
et de pardon. Quand la sève de l’Evangile coule dans le disciple du Christ,
elle fait mûrir de bons fruits, bien reconnaissables aussi à l’extérieur, avec
des comportements correspondants que
l’apôtre Paul identifie comme «charité,
joie, paix, longanimité, serviabilité,
bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi» (Ga 5, 22).
Je pense aux nombreuses paroisses et
associations catholiques qui sont témoins de ces fruits. Elles accomplissent
un travail louable sur le territoire, dont
la finalité est la promotion des personnes, une promotion culturelle et sociale
visant à extirper progressivement à la
racine la mauvaise plante de la criminalité organisée et de la corruption. Dans
ces initiatives, se manifeste aussi la
proximité de l’Eglise envers ceux qui
vivent des situations dramatiques et qui
ont besoin d’être aidés à sortir de la
spirale de la violence et d’être régénérés
dans l’espérance.
Chers frères et sœurs, que le Seigneur vous donne toujours la force
d’avancer, de ne pas vous décourager,
mais de continuer à lutter contre la corruption, la violence, la mafia et le terro-
risme. Je suis conscient du fait que le
travail que vous accomplissez comporte
aussi un risque pour votre vie, je sais
cela; et le risque d’autres dangers pour
vous et pour vos familles. Ce sont là
les modes d’agir de la mafia. C’est
pour cette raison que cela requiert un
supplément de passion, de sens du devoir et de force d’âme ainsi que, de notre part, de nous tous citoyens qui bénéficions de votre travail, [un supplément] de soutien, de prière et de proximité. Je vous assure que je suis très
proche de vous, dans votre travail, et
que je prie pour vous.
Dans le même temps, que le Seigneur juste et miséricordieux touche le
cœur des hommes et des femmes des
différentes mafias, afin qu’ils s’arrêtent,
qu’ils cessent de faire le mal, se convertissent et changent de vie. L’argent des
affaires sales et des délits mafieux est
un argent taché de sang et qui produit
un pouvoir inique. Nous savons tous
que le diable «entre par les poches»:
c’est là que réside la première corruption.
Pour vous, vos familles et votre travail, j’invoque le soutien du Seigneur.
Je le redis: je suis très proche de vous.
Et tout en vous demandant à vous aussi de prier pour moi, je vous bénis de
tout cœur.
Que le Seigneur vous bénisse, ainsi
que vos familles.
L’OSSERVATORE ROMANO
page 8
Mardi
17 janvier
Stationnement interdit
Le chrétien, conscient que «Dieu ne
déçoit pas», doit toujours avoir «des
horizons ouverts» à l’espérance. Même face aux adversités, il ne doit pas
rester «en stationnement» ou paresseux sans «la volonté d’avancer».
C’est une invitation résolue au «courage» qui était contenue dans la méditation du Pape, dont le point de
départ a été la première lecture de la
liturgie du jour, dans laquelle l’auteur de la Lettre aux Hébreux (6, 1020) exhorte précisément à «être courageux». Au point que «si nous voulions donner un titre à ce passage,
nous devrions dire: “Soyez courageux”». Le courage, donc. On dit
de lui dans l’Ecriture: «Que chacun
de vous démontre le zèle, “le courage d’aller de l’avant”, et ce zèle vous
conduira à l’accomplissement jusqu’à
la fin». Du reste, le courage «est un
mot qui plaît beaucoup à saint
Paul». L’apôtre des nations écrit
aussi «afin que nous ne devenions
pas paresseux». C’est-à-dire qu’il
s’arrête également sur l’attitude
«contraire: la paresse, ne pas avoir
de courage». Et le Pape a traduit le
concept à travers une image concrète
empruntée à la vie quotidienne: «vivre dans le frigo, ainsi, pour que
tout reste pareil». Il fait référence
aux «chrétiens paresseux, les chrétiens qui n’ont pas envie d’avancer,
les chrétiens qui ne luttent pas pour
faire changer les choses, les choses
nouvelles, les choses qui nous feraient du bien à tous, si ces choses
changeaient». Ce sont «les chrétiens
en stationnement», ceux qui «ont
trouvé dans l’Eglise une belle place
de parking. Et quand je parle de
chrétiens, je parle de laïcs, de prêtres, d’évêques... Tous». Et malheureusement, «il y en a des chrétiens
en stationnement! Pour eux, l’Eglise
est un parking qui protège la vie et
ils avancent avec toutes les assurances possibles». «Ces chrétiens à l’arrêt» ont rappelé au Pape «une chose
que, quand j’étais enfant, les grandsparents nous disaient: “Fais attention parce que l’eau qui stagne, celle
qui ne coule pas, est la première à se
corrompre”». Et ceux «qui ne luttent pas», qui «vivent dans la sécurité qu’ils pensent recevoir de la religion», finissent précisément ainsi.
Au contraire, l’invitation de l’apôtre
et du Pape est: «Soyez courageux!».
Et pour cela, lit-on dans le passage
biblique, «nous avons un puissant
encouragement à nous agripper solidement à l’espérance», qui fait de
nous des «chrétiens courageux et
non paresseux». «Un chrétien paresseux n’a pas d’espérance, il est enfermé là, il a tous les avantages, il ne
doit pas lutter, il est à la retraite».
Or, s’il est vrai que «après tant d’années de travail, aller à la retraite est
juste, c’est même beau», il est également vrai que «passer toute la vie à
la retraite est laid». Et «les chrétiens
paresseux sont ainsi. Pourquoi? Parce qu’ils n’ont pas d’espérance». Et
«dans la lutte de tous les jours»,
l’espérance «est une vertu d’horizons, non de fermeture». Certains
pourraient objecter: «Oui, père,
Messes
à Sainte-Marthe
mais il y a des moments difficiles,
où tout semble s’assombrir, que
dois-je faire?». La réponse est: «Accroche-toi à la corde et supporte».
Nous devons en effet être conscients
que «la vie n’est offerte à personne
et nous devons lutter pour avoir la
vie ou supporter». C’est pourquoi le
Pape a invité chacun à faire un examen de conscience et se demander:
«Suis-je un chrétien en stationnement, paresseux, ou un chrétien courageux?». Et encore: «Comment est
mon espérance? Mon cœur est-il ancré à l’horizon, est-ce que je m’accroche à la corde et je garde confiance dans les moments difficiles?».
Il s’agit, en définitive, d’une question plus profonde, c’est-à-dire:
«Comment suis-je? Comment est ma
vie de foi?».
Jeudi
19 janvier
La lutte dans le cœur
Le cœur de chaque chrétien est le
théâtre d’une «lutte». Chaque fois
que le Père «nous attire» vers Jésus,
il y a «quelqu’un d’autre qui nous
fait la guerre». C’est ce qu’a souligné le Pape qui, en commentant
l’Evangile du jour (Marc, 3, 7-12)
s’est arrêté sur les raisons qui poussent l’homme à suivre Jésus et a analysé la façon dont cette sequela n’est
jamais privée de difficultés; au contraire, si l’on ne combattait pas
chaque jour contre une série de
«tentations», on risquerait une religiosité formelle et idéologique. Dans
le passage évangélique, à trois reprises «est dit le mot “foule”: une grande foule le suivit de tous les côtés;
une grande foule; et la foule se jetait
sur lui, pour le toucher». Et face à
une telle insistance, on en vient à se
demander: «Pourquoi cette foule venait-elle?». «L’Evangile lui-même
nous dit qu’il y avait des malades
qui cherchaient à guérir», mais il y
avait aussi beaucoup de personnes
qui étaient venues «pour l’écouter».
«C’était une foule de personnes qui
venaient spontanément». Ces personnes «venaient parce qu’elles sentaient quelque chose». Et elles
étaient tellement nombreuses «que
Jésus a dû demander une barque et
s’éloigner un peu de la rive, pour
que ces gens ne l’écrasent pas».
Mais le véritable motif, le motif profond, quel était-il? Selon le Pape,
«Jésus lui-même explique dans
l’Evangile» cette sorte de «phénomène social» et il dit: «Personne ne
peut venir à moi si le Père ne l’attire
pas». Le véritable motif se retrouve
dans le fait que «c’est le Père qui attirait cette foule: c’était le Père qui
attirait les gens à Jésus». Précisément dans l’Evangile, on lit que «Jésus était ému, parce qu’il voyait ces
gens comme des brebis sans pasteurs». Donc, «le Père, par l’intermédiaire de l’Esprit Saint, attire les
gens à Jésus». Il est inutile d’aller
chercher «tous les arguments». Ce
qui est vraiment nécessaire et décisif
en revanche, est «que ce soit le Père
à t’attirer à Jésus». L’inspiration décisive pour la réflexion du Pape s’est
présentée quand il s’est penché sur
les dernières lignes du bref passage
évangélique proposé par la liturgie:
«Il est curieux» que dans ce passage, alors que l’on parle «de Jésus,
que l’on parle de la foule, de l’enthousiasme, et également du grand
amour avec lequel Jésus les recevait
et les guérissait», l’on trouve un final un peu insolite. Il est en effet
écrit: «Les esprits impurs, quand ils
le voyaient, se prosternaient devant
lui, et s’écriaient: “Tu es le Fils de
D ieu!”». Mais c’est précisément «la
vérité; c’est la réalité que chacun de
nous ressent quand il s’approche de
Jésus»; c’est-à-dire que «les esprits
impurs cherchent à l’en empêcher,
nous font la guerre». Quelqu’un
pourrait objecter: «Mais, père, je
suis très catholique; je vais toujours
à la Messe... Mais jamais, jamais, je
n’ai ces tentations. Grâce à Dieu!».
Et en revanche non. La réponse est:
«Non! Prie, parce que tu es sur la
mauvaise route!», car «une vie chrétienne sans tentations n’est pas chrétienne: elle est idéologique, elle est
gnostique, mais elle n’est pas chré-
Edward Hopper, «Sunday» (1926, détail)
jeudi 2 février 2017, numéro 5
tienne». Il arrive, en effet, que
«quand le Père attire les gens à Jésus, il y en a un autre qui t’attire de
manière contraire et te fait la guerre
de l’intérieur!». Ce n’est pas par hasard que saint Paul «parle de la vie
chrétienne comme d’une lutte: une
lutte de tous les jours. Pour vaincre,
pour détruire l’empire de satan,
l’empire du mal». Et c’est précisément pour cela qu’«est venu Jésus,
pour détruire satan! Pour détruire
son influence sur nos cœurs». Nous
comprenons ainsi que «la vie chrétienne est une lutte» dans laquelle
«ou bien tu te laisses attirer par Jésus, au moyen du Père, ou tu peux
dire “Je reste tranquille, en paix”...
Mais entre les mains de ces gens, de
ces esprits impurs». Mais «si tu
veux aller de l’avant tu dois lutter!
Sentir ton cœur qui lutte, pour que
Jésus vainque». C’est pourquoi, en
conclusion, chaque chrétien doit faire cet examen de conscience et se
demander: «Est-ce que je sens cette
lutte dans mon cœur?». Et également: «Est-ce que je crois que ma
vie peut émouvoir le cœur de Jésus?
Si je ne crois pas cela, je dois beaucoup prier pour le croire, pour que
cette grâce me soit donnée».
Vendredi
20 janvier
Un cœur nouveau
«La faiblesse de Dieu» est que, en
nous pardonnant, il arrive à oublier
nos péchés. Ainsi, il est toujours
prêt à nous faire radicalement
«changer de vie, pas seulement de
mentalité et de cœur». Mais de notre part, toutefois, il doit y avoir
l’engagement à vivre jusqu’au bout
cette «nouvelle alliance», cette «recréation», en mettant de côté la tentation de condamner et les stupidités
de la mondanité, et en ravivant toujours notre «appartenance» au Seigneur. La liturgie «a une oraison,
une prière très belle, qui nous fait
comprendre
la
profondeur
de
l’œuvre de Jésus Christ: “O Dieu
qui as créé merveilleusement le monde, tu l’as recréé plus merveilleusement encore”, c’est-à-dire par le sang
de Jésus, par la rédemption». C’est
précisément ce «renouveau, cette recréation qui est l’objet de la première lecture aujourd’hui», tirée de la
lettre aux Hébreux (8, 6-13). Nous
sommes face à la promesse du Seigneur: «Voici que des jours viennent, et je conclurai une alliance
nouvelle, non pas comme l’alliance
que je fis avec leurs pères». C’est
«une alliance nouvelle», ce qui signifie «renouveler tout à partir des
racines, pas seulement en apparence». «Cette alliance nouvelle a ses
caractéristiques». On lit dans la lettre aux Hébreux : «Voici l’alliance
que je contracterai avec la maison
d’Israël, après ces jours-là, dit le Seigneur: Je mettrai mes lois dans leur
pensée, je les graverai dans leur
cœur». Cela signifie que «la loi du
Seigneur n’est pas seulement une façon d’agir extérieure», parce qu’elle
«change notre mentalité». C’est
pourquoi «dans la nouvelle alliance,
il y a un changement de mentalité,
numéro 5, jeudi 2 février 2017
de cœur, de façon d’agir: c’est une
façon différente de voir les choses».
Le Pape a eu recours à un exemple:
«Je peux voir l’œuvre d’une personne, un architecte» et la juger «à travers une attitude froide, technique,
objective», en disant: «c’est bien,
techniquement, c’est bien», ou bien
«je peux la considérer avec envie
parce qu’il a fait une belle chose que
moi je ne suis pas capable de faire»
et cela est une autre attitude. Mais
encore, «je peux la voir avec bienveillance, même avec joie». Ce sont
donc «trois attitudes différentes».
«La nouvelle alliance change notre
cœur et nous fait voir la loi du Seigneur avec ce cœur nouveau, avec
cet esprit nouveau». Se référant
ensuite «aux docteurs de la loi qui
persécutaient Jésus», le Pape a rappelé qu’ils «faisaient tout ce qui était
prescrit par la loi, mais leur mentalité était éloignée de Dieu, centrée sur
eux-mêmes: ils vivaient toujours en
condamnant». En reprenant le passage de la lettre aux Hébreux, le Pape a souligné que «le Seigneur
poursuit ensuite: “Je mettrai mes lois
dans leur pensée, je les graverai dans
leur cœur. Car je pardonnerai leurs
torts, et de leurs péchés je n’aurai
plus souvenance”». C’est «la faiblesse de Dieu: quand Dieu pardonne il
oublie, il oublie». Devant «un cœur
repenti, il pardonne et oublie». Et
«cela aussi est une invitation à ne
pas rappeler au Seigneur les péchés,
c’est-à-dire à ne plus pécher». Il
s’agit précisément d’un véritable
«changement de vie: la nouvelle alliance me renouvelle et me fait changer de vie, pas seulement de mentalité et de cœur, mais de vie». Et «cela est la re-création: ainsi, le Seigneur nous recrée tous». Le passage
de la lettre aux Hébreux propose
ensuite «un troisième élément, un
changement d’appartenance». On
lit: «Je serai leur Dieu et ils seront
mon peuple». C’est «cette appartenance» qui conduit à dire: «Tu es
l’unique Dieu pour moi, les autres
dieux n’existent pas». Donc, «changement de mentalité, changement de
cœur, changement de vie et changement d’appartenance: cela est la recréation que le Seigneur fait plus
merveilleusement que la première
création». En conclusion, François a
suggéré de demander «au Seigneur
de poursuivre cette alliance, d’être
fidèles; d’être fidèles à ce travail que
le Seigneur accomplit pour nous faire changer de mentalité, de cœur».
Lundi
23 janvier
Trois merveilles
Elles sont trois «les grandes merveilles du sacerdoce de Jésus: il a offert
sa vie pour nous une fois pour toutes; il continue également à présent
à prier pour chacun de nous; il reviendra pour nous emmener avec
lui». Il est demandé à l’homme de
«ne pas fermer son cœur» pour «se
laisser pardonner par le Père». Et
c’est précisément la Messe qui fait
comprendre en plénitude cette très
belle vérité. «Elevez au Seigneur un
chant nouveau, parce qu’il a accom-
L’OSSERVATORE ROMANO
pour
édifier
le
royaume définitif».
François a également
indiqué
«deux
points opposés dans
la
liturgie
d’aujourd’hui». D’un côté, en effet, «il y a
cette grande merveille, ce sacerdoce de
Jésus en trois étapes,
mais il y a également
le contraire, “l’impardonnable
blasphème”», comme on le
lit dans le passage de
l’Evangile de Marc
(3, 22-30). Il «est
dur d’entendre Jésus
dire ces choses: mais
il le dit et s’il le dit
c’est vrai». Marc
écrit en effet, en rapportant les paroles
du Seigneur: «En vérité je vous le dis:
tout sera pardonné
aux fils des hommes
— et nous savons que
le Seigneur pardonne
tout si nous ouvrons
un peu notre cœur,
tout! — les péchés et
aussi tous les blasphèmes qu’ils diront
— les blasphèmes
Dante Gabriel Rossetti «Ecce Ancilla Domini» (1850)
aussi seront pardonnés! —; mais celui
pli des merveilles»: c’est avec les pa- qui aura blasphémé contre l’Esprit
roles du psaume responsorial que le Saint ne sera pas pardonné pour
Pape a commencé sa méditation. l’éternité: il est coupable d’une faute
Mais «la grande merveille, la plus éternelle». Et ainsi, cette personne,
grande, est son Fils, son Fils prê- «quand le Seigneur reviendra, ententre». Et «le sacerdoce du Christ se dra cette parole: “Va-t’en loin de
déroule en trois moments, en trois moi!”». Et cela parce que «la grande
étapes». La première étape «est dans onction sacerdotale de Jésus a été
la rédemption: le Christ s’offrit lui- faite par l’Esprit Saint dans le sein
même, une fois pour toute, pour le de Marie: les prêtres, lors de la cérépardon des péchés». Voilà la nou- monie de l’ordination, sont oints
veauté: avec le Christ, c’est «une fois avec l’huile; et on parle toujours de
pour toute, et cela est une merveille; l’onction sacerdotale». Jésus aussi,
et avec cette merveille, il a fait de «comme prêtre suprême, a reçu cette
nous des enfants, il nous a conduits onction». Et «la première onction»
au Père, il nous a pardonné nos pé- a été «la chair de Marie par l’œuvre
chés, il a recréé l’harmonie de la de l’Esprit Saint». Ainsi, celui qui
création avec sa vie». «La deuxième «blasphème sur cela, blasphème sur
merveille, qui a un certain rapport le fondement de l’amour de Dieu,
avec le péché, est celle que le Sei- qui est la rédemption, la re-création;
gneur accomplit à présent». En il blasphème sur le sacerdoce du
effet, «le Seigneur intercède à pré- Christ». «Le Seigneur pardonne
sent, il prie pour nous: oui, en ce tout, mais celui qui dit ces choses
moment, alors que nous prions ici, il est fermé au pardon, il ne veut pas
prie pour nous, certainement pour être pardonné». Donc, «en cette
tous, pour chacun de nous». C’est Messe, pensons à ces belles choses
précisément «l’intercession, le prêtre et demandons au Seigneur la grâce
qui intercède: auparavant, il a offert que notre cœur ne se ferme jamais —
sa vie en rachat; à présent, vivant, ne se ferme jamais! — à cette merdevant le Père, il intercède». Donc, veille, à cette grande gratuité».
Jésus «prie pour nous et cela est une
certitude. Combien de fois disonsnous au prêtre: “Père, priez pour
moi, pour mon fils, pour ma famille,
nous avons ce problème...”». Nous
Mardi
le faisons, «parce que nous savons
24 janvier
que la prière du prêtre a une certaine force, précisément dans le sacrifice de la Messe». «La troisième merL’un après l’autre
veille sera la fin, quand il revienAnneaux
d’une longue chaîne de
dra». Il «reviendra comme prêtre,
oui, sans rapport avec le péché: la «me voici» qui part d’Abraham et
première fois, il a donné sa vie pour qui arrive à aujourd’hui, en passant
le pardon des péchés; la deuxième par celui décisif de Jésus au Père:
fois — maintenant — il prie pour voilà ce que sont, selon le Pape
nous, parce que nous sommes pé- François, les chrétiens, appelés
cheurs et que nous allons de l’avant chaque jour à «faire la volonté du
dans la vie chrétienne; mais quand Seigneur» en s’insérant dans le desviendra la troisième fois, ce ne sera sein providentiel de l’histoire du sapas en rapport avec le péché, ce sera lut. La liturgie, en continuité avec
page 9
celle de la veille, a poussé le Pape à
réfléchir «sur le sacerdoce de Jésus,
le sacerdoce définitif, unique». «Les
prêtres, à cette époque, offraient des
sacrifices, mais devaient les offrir
continuellement, année après année,
parce qu’ils n’étaient pas définitifs,
ils n’étaient pas une fois pour toutes». Le changement décisif a eu lieu
avec «le sacerdoce de Jésus, qui fait
l’unique sacrifice une fois pour toutes». Une différence substantielle:
«Dans ces sacrifices se renouvelle
d’année en année le souvenir des péchés, on demande pardon d’année
en année»; au contraire, le Christ
dit: «Tu n’as voulu ni sacrifice ni
oblation; mais tu m’as façonné un
corps. Alors j’ai dit: “Voici, je viens
pour faire — ô Dieu — ta volonté”».
Cela a été précisément, a suggéré le
Pape, «le premier pas» de Jésus
dans le monde: «Je viens faire ta volonté». Et la volonté du Père était
que «avec ce sacrifice soient abolis
tous les sacrifices et que celui-ci soit
l’ultime». C’est pourquoi on lit dans
l’Ecriture: «Tu n’as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour les péchés.
Alors j’ai dit: Voici, je viens, pour
faire ta volonté». C’est précisément
cette parole de Jésus qui referme une
histoire «de “Me voici” enchaînés;
l’histoire du salut est cela: une histoire de “Me voici” enchaînés». Tout
commença avec Adam, qui «se cacha parce qu’il avait peur du Seigneur»: depuis lors, le Seigneur
commença à appeler et à entendre la
réponse des hommes et des femmes
qui disent: “Me voici. Je suis prêt.
Je suis prête”». Jusqu’à arriver «au
dernier “Me voici”, celui de Jésus:
“Pour faire ta volonté”». Le Pape a
reparcouru brièvement cette histoire,
en rappelant Abraham, Moïse, les
prophètes Isaïe et Jérémie. Et encore: le petit Samuel, qui entend la
voix du Seigneur et répond: «Me
voici Seigneur». Jusqu’à arriver «au
dernier “Me voici” , grand, de Marie: “Que la volonté du Seigneur soit
faite. Je suis la servante. Me voici”».
«L’un après l’autre se retrouvent
dans la Bible tous les «me voici»
prononcés. Et «c’est beau», beau et
exigeant, parce que «cette liturgie de
la parole d’aujourd’hui nous invite à
réfléchir: «Mais comment va mon
“Me voici” au Seigneur? Et le “Me
voici” de ma vie, comment va-t-il ?».
Précisément en reparcourant les
Ecritures, on se rend compte que la
réponse n’est en rien évidente: «Estce que je vais me cacher, comme
Abraham, pour ne pas répondre?
Ou quand le Seigneur m’appelle, au
lieu de dire “Me voici”, est-ce que je
fuis, comme Jonas?». Et alors, puisque le Seigneur appelle «chacun de
nous» et «tous les jours», il faut se
demander: «Comment est ma réponse au Seigneur?». Certains pourraient aussi avoir des doutes: «Peuton discuter» avec le Seigneur?
«Oui, il aime cela. Il aime bien discuter avec nous». C’est pourquoi,
quand «quelqu’un me dit: “Mais père, souvent, quand je vais prier, je
me mets en colère contre le Seigneur...”», la réponse est: «Cela aussi est prière! Il aime cela, quand tu
te mets en colère et que tu lui dis en
face ce que tu penses, parce que
c’est un père! Mais cela est aussi un
“Me voici”».
L’OSSERVATORE ROMANO
page 10
jeudi 2 février 2017, numéro 5
Collège épiscopal
Nominations
Le Saint-Père a nommé:
2 janvier
S.Exc. Mgr FRANCISCO OZORIA
ACOSTA, archevêque métropolitain
de Saint-Domingue (République dominicaine): évêque aux armées pour
la République dominicaine.
S.Exc. Mgr JOÃO CARLOS HATOA
NUNES, évêque titulaire d’Amudarsa
et auxiliaire de l’archidiocèse de Maputo (Mozambique): évêque de Chimoio (Mozambique).
4 janvier
S.Exc. Mgr WILLIAM TERRENCE
MCGRATTAN, jusqu’à présent évêque
de Peterborough (Canada): évêque
de Calgary (Canada).
Né à London, Ontario (Canada),
le 19 septembre 1956, il a été ordonné prêtre le 2 mai 1987. Le 6 novembre 2009, il a été nommé évêque titulaire de Fornos et auxiliaire de Toronto, et a reçu l’ordination épiscopale le 12 janvier 2010. Il est devenu
évêque de Peterborough le 8 avril
2014.
5 janvier
le père ABILIO MARTÍNEZ VAREA,
jusqu’à présent vicaire épiscopal du
diocèse de Calahorra y La Calzada Logroño (Espagne): évêque d’O smaSoria (Espagne).
Né à Autol, La Rioja (Espagne),
le 29 janvier 1964, il a suivi des étu-
des ecclésiastiques au grand séminaire de Logroño et a été ordonné prêtre le 30 septembre 1989. Il a obtenu
une licence en théologie dogmatique
à l’université pontificale grégorienne.
Dans le diocèse de Calahorra y La
Calzada - Logroño, il a exercé la
charge de délégué de l’apostolat séculier, professeur à l’institut des
sciences religieuses, délégué pour
l’enseignement et vicaire épiscopal
pour l’éducation à partir de 2005.
10 janvier
S.Exc. Mgr OSCAR A. SOLIS, jusqu’à
présent évêque titulaire d’Urci et
auxiliaire de Los Angeles (EtatsUnis d’Amérique): évêque de Salt
Lake City (Etats-Unis d’Amérique).
Né le 13 octobre 1953 à San Jose
City, dans le diocèse de Cabanatuan
(Philippines), il a été ordonné prêtre
le 28 avril 1979 pour le clergé de Cabanatuan. Nommé évêque titulaire
d’Urci et auxiliaire de l’archidiocèse
de Los Angeles le 11 décembre 2003,
il a reçu l’ordination épiscopale le 10
février 2004.
11 janvier
le père DANIELE GIANOTTI, du clergé du diocèse de Reggio Emilia Guastalla (Italie), jusqu’à présent
professeur de théologie à la faculté
de théologie de l’Emilie Romagne et
vicaire épiscopal pour la culture:
évêque de Crema (Italie).
Né à Calerno, dans la province de
Reggio Emilia (Italie), le 14 septembre 1957, il est entré au petit sémi-
Prélature de l’Opus Dei
24 janvier
Le Saint-Père, confirmant l’élection
canonique ayant eu lieu conformément au n. 130 des statuts, a nommé Mgr FERNAND O O CÁRIZ, jusqu’à présent vicaire auxiliaire de la
prélature de l’Opus Dei: prélat de
la prélature personnelle de la Sainte-Croix et de l’Opus Dei. Le nouveau prélat a été élu dans la soirée
du 23 janvier, par le Congrès général électoral de la prélature, convoqué depuis le samedi 21. Il succède à Mgr Javier Echevarría Rodríguez, décédé le 12 décembre
2016.
Né à Paris (France) le 27 octobre
1944, dans une famille espagnole
exilée en France à cause de la guerre civile, il est le plus jeune de huit
enfants. Titulaire d’une maîtrise en
physique de l’université de Barcelone en 1966, il a obtenu une licence
en théologie de l’université pontificale du Latran en 1969 et, au cours
de ses études romaines, il a vécu
avec le fondateur, Josemaría Escrivá. Il a ensuite obtenu un doctorat
à l’université de Navarre en 1971,
année où il a été ordonné prêtre, et
s’est consacré initialement à la pastorale des jeunes et des universitaires. Consulteur des Congrégations
pour la doctrine de la foi (depuis
1986) et pour le clergé (depuis
2003) et du Conseil pontifical pour
la promotion de la nouvelle évangélisation (depuis 2011), il est
membre de l’Académie pontificale
de théologie depuis 1989. Parmi les
premiers professeurs de l’université
pontificale de la Sainte-Croix, il a
enseigné la théologie fondamentale. Outre des études de philosophie et de théologie, il a écrit en
2013, avec le journaliste Rafael Serrano, le livre d’entretiens Sobre
Dios, la Iglesia y el mundo. Nommé
vicaire général de la prélature de
l’Opus Dei le 23 avril 1994 et vicaire auxiliaire en décembre 2014, il a
accompagné pendant vingt-deux
ans son prédécesseur Mgr Echevarría dans des visites pastorales dans
plus de soixante-dix pays.
naire et a ensuite fréquenté l’université pontificale grégorienne, obtenant une licence en théologie en
1983 et un diplôme en théologie et
en sciences patristiques à l’institut
Augustinianum en 1984. Ordonné
prêtre le 19 juin 1982 pour le diocèse
de Reggio Emilia - Guastalla, il a
été secrétaire et préfet des études à
l’institut des sciences religieuses
(1985-1999); assistant ecclésiastique
AGESCI à Reggio Emilia (1987-1989);
membre du collège des consulteurs
(1993-2000); directeur du bureau liturgique et animateur de l’école de
musique pour la liturgie (1995-2000);
secrétaire du conseil presbytéral
(1990-1999) et vicaire épiscopal pour
la pastorale (2000-2005). Depuis
1985, il est professeur dans divers
instituts diocésains et régionaux; depuis 1988, il est chanoine de la cathédrale et depuis 1994, préfet des
études au séminaire. Depuis 1999 il
est délégué épiscopal pour la formation permanente du jeune clergé; depuis 2000, il est responsable épiscopal pour les confirmations et vicaire
épiscopal pour la programmation et
la formation pastorale; depuis 2005,
il est vicaire épiscopal pour la culture. Il a été animateur de la pastorale
des vocations et de la formation des
laïcs dans la mission diocésaine à
Kibungo au Rwanda, et est l’un des
créateurs du foyer (2001) pour malades terminaux.
le père EDILSON SOARES NOBRE,
jusqu’à présent vicaire général de
l’archidiocèse de Natal (Brésil):
évêque d’Oeiras (Brésil).
Né le 9 mai 1965 à Touros, archidiocèse de Natal, Etat de Rio Grande do Norte (Brésil), il a étudié la
philosophie et la théologie au grand
grand séminaire local, puis a obtenu
à Rome une licence en communication sociale à l’université pontificale
salésienne (2005-2007). Ordonné
prêtre le 6 avril 1991 pour l’archidiocèse de Natal, il a été vicaire paroissial de São Paulo Apóstolo a São
Paulo do Potengi (1991-1992); curé
de Nossa Senhora da Conceição à
Lajes (1992-1998); curé de Nossa
Senhora da Conceição à Macau
(1998-2005); administrateur paroissial de Nossa Senhora da Conceição
à Nova Cruz (2008-2012); assistant
de la pastorale de la communication
(2008-2012). Il était jusqu’à présent
vicaire général de Natal.
Erection de diocèse
Le Saint-Père a érigé le diocèse
de:
2 janvier
DANLÍ (HONDURAS), avec un territoire démembré de l’archidiocèse
de Tegucigalpa, le rendant suffragant du même archidiocèse métropolitain. Il a nommé premier
évêque du diocèse de Danlí (Honduras) le père JOSÉ ANTONIO CANALES MOTIÑO, du clergé du diocèse de San Pedro Sula, jusqu’à
présent curé de la cathédrale.
Né le 19 mars 1962 à La Lima,
diocèse de San Pedro Sula (Honduras), il a obtenu une licence en
sciences juridiques et sociales de
l’Universidad privada San Pedro
Sula. Après sa formation sacerdotale au grand séminaire Nuestra
Señora de Suyapa à Tegucigalpa,
il a obtenu une licence en théologie morale à l’université pontificale de Mexico. Ordonné prêtre le
12 octobre 1996, il a été curé de
Nuestra Señora de Suyapa à Choloma (1998-2006), vicaire général
du diocèse (1999-2002), curé de
Nuestra Señora de Guadalupe à
San Pedro Sula (2006-2015),
doyen de la zone pastorale 1
(2007-2010) et, à partir de 2015,
curé de la cathédrale San Pedro
Apóstol à San Pedro Sula.
13 janvier
Mgr GIOVANNI CHECCHINATO, du
clergé du diocèse de Latina-Terracina-Sezze-Priverno (Italie), curé et
directeur du bureau diocésain pour
la pastorale scolaire et universitiare
et pour l’enseignement de la religion
catholique: évêque de San Severo
(Italie).
Né le 20 août 1957 à Latina, diocède de Latina-Terracina-Sezze-Priverno (Italie), il a reçu sa formation
au sacerdoce au collège pontifical
léonien d’Anagni, où il a obtenu un
baccalauréat en théologie et a suivi
une spécialisation en théologie morale à l’académie alphonsienne de
Rome. Il s’est inscrit en doctorat à
l’université pontificale grégorienne
de Rome et à un cours de perfectionnement en bioéthique à l’université La Sapienza à Rome. Ordonné
prêtre le 4 juillet 1981, il a été incardiné dans le diocèse de Latina-Terracina-Sezze-Priverno. Il a ensuite été
vicaire paroissial à San Francesco
d’Assisi à Cisterna di Latina (19811988); professeur d’éthique professionnelle à l’école de formation régionale pour infirmiers et professeur
d’éthique philosophique et de théologie morale à l’institut des sciences
religieuses Paul VI de Latina et au
séminaire régional d’Anagni (19831991); assistant de l’Action catholique des jeunes (1981-1986); curé de
Saint-Pie X à Latina - Borgo Isonzo
(1988-1992); assistant de l’Action catholique pour les secteurs adultes et
familles (1989-1994); directeur du
bureau de pastorale familiale, cofondateur et consultant éthique du
planning familial diocésain (19892005); archiprêtre curé de San Cesareo, con-cathédrale de Terracina
(1992-2005); recteur du collège pontifical léonien d’Anagni (2005-2015).
Depuis 2016 il était curé de Santa
Rita, à Latina. Il est également
membre du conseil presbytéral et directeur du bureau diocésain pour la
pastorale scolaire et universitaire et
pour l’enseignement de la religion
catholique.
Démissions
Le Saint-Père a accepté la démission
de:
2 janvier
S.Em. le cardinal NICOLÁS DE JESÚS
LÓPEZ RODRÍGUEZ, qui avait demandé à être relevé de la charge pastorale de l’ordinariat militaire de la République dominicaine.
S.Exc. Mgr FRANCISCO JOÃO SILOTA, M.AFR., qui avait demandé à
être relevé de la charge pastorale du
diocèse de Chimoio (Mozambique).
4 janvier
S.Exc. Mgr FREDERICK BERNARD
HENRY, qui avait demandé à être relevé de la charge pastorale du diocèse de Calgary (Canada).
13 janvier
S.Exc. Mgr LUCIO ANGELO RENNA,
O.CARM. qui avait demandé à être relevé de la charge pastorale du diocèse de San Severo (Italie).
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 5, jeudi 2 février 2017
page 11
Audiences pontificales
Le Saint-Père a reçu en audience:
7 janvier
S.Em. le cardinal MARC OUELLET,
préfet de la Congrégation pour les
évêques;
S.Em. le cardinal MARC OUELLET,
préfet de la Congrégation pour les
évêques.
— PHILIP BOYCE, évêque de Raphoe (Irlande), en visite «ad limina
Apostolorum»;
— JOHN FLEMING, évêque de Killala (Irlande), en visite «ad limina
Apostolorum»;
16 janvier
— KIERAN O’REILLY, archevêque
de Cashel and Emly (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»;
— FINTAN MONAHAN, évêque de
Killaloe (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»;
— WILLIAM CREAN, évêque de
Cloyne (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»;
— LIAM S. MACDAID, évêque émérite de Clogher (Irlande), en visite
«ad limina Apostolorum»;
— JOHN BUCKLEY, évêque de Cork
and Ross (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»;
NN.SS.:
Leurs Excellences NN.SS.:
S.E. M. ALPHA CONDÉ, président de
la République de Guinée, avec sa
suite.
— RICCARD O FONTANA, archevêque d’Arezzo - Cortone - Sansepolcro (Italie);
S.Em. le cardinal GEORGE PELL,
préfet du secrétariat pour l’économie.
— SERGIO PAGANO, évêque titulaire de Celene, préfet des archives secrètes vaticanes.
S.E. M. KENNETH FRANCIS HACKETT, ambassadeur des Etats-Unis
d’Amérique, avec son épouse, en visite de congé.
12 janvier
S.Exc. Mgr FILIPPO SANTORO, archevêque de Tarante (Italie);
M. NICOLA ZINGARETTI, président
de la région Latium;
Mme VIRGINIA RAGGI, maire de
Rome.
S.Exc. Mgr HAN LIM MO ON,
évêque titulaire de Tucca de Mauritanie, auxiliaire de San Martín (Argentine).
le docteur XAVIER EMMANUELLI, cofondateur de «Médecins sans frontières» et président du «Samusocial
international».
S.E. M. DENIS FONTES DE SOUZA
PINTO, ambassadeur du Brésil, en
visite de congé.
13 janvier
S.Em. le cardinal FERNAND O FILONI, préfet de la Congrégation pour
l’évangélisation des peuples;
S.Em. le cardinal ED OARD O MENICHELLI, archevêque d’Ancône-O simo
(Italie).
19 janvier
— BRENDAN LEAHY, évêque de Limerick (Irlande), avec l’évêque émérite, S.Exc. Mgr D ONAL BRENDAN
MURRAY, en visite «ad limina Apostolorum»;
S.Em. le cardinal ZENON GRO CHOLEWSKI, préfet émérite de la Congrégation pour l’éducation catholique
(des instituts d’étude);
— ALPHONSUS CULLINAN, évêque
de Waterford and Lismore (Irlande),
en visite «ad limina Apostolorum»;
Leurs Excellences NN.SS.:
— VINCENZO PAGLIA, président de
l’Académie pontificale pour la vie;
— GIUSEPPE SCIACCA, évêque titulaire de Fondi, secrétaire du Tribunal suprême de la Signature apostolique;
— ROBERT RIVAS, archevêque de
Castries (Sainte-Lucie).
20 janvier
Leurs Excellences NN.SS.:
— LUIGI PEZZUTO, archevêque titulaire de Torre di Proconsolare,
nonce apostolique en Bosnie et Herzégovine et au Montenegro;
— BRUNO MUSARÒ, archevêque titulaire d’Abari, nonce apostolique en
République arabe d’Egypte; délégué
du Saint-Siège auprès de la Ligue
des Etats arabes.
14 janvier
S.E. M. MAHMOUD ABBAS, président de l’Etat de Palestine, avec sa
suite.
Envoyé spécial
Nomination
Le Saint-Père a nommé:
S.E. M. HORACIO MANUEL CARTES
JARA, président de la République du
Paraguay, avec sa suite.
S.E. M. JAMES KWAME BEBAAKOMENSAH, ambassadeur du Ghana,
en visite de congé.
Leurs Excellences NN.SS.:
— EAMON MARTIN, archevêque
d’Armagh (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»;
— FRANCIS DUFFY, évêque d’Ardagh (Irlande), en visite «ad limina
Apostolorum»;
— D ONAL MCKEOWN, évêque de
Derry (Irlande), en visite «ad limina
Apostolorum»;
— JOHN MCAREAVEY, évêque de
Dromore (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»;
— PHILIP LEO O’REILLY, évêque
de Kilmore (Irlande), en visite «ad
limina Apostolorum»;
— MICHAEL SMITH, évêque de
Meath (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»;
L’OSSERVATORE ROMANO
EDITION HEBDOMADAIRE
Unicuique suum
EN LANGUE FRANÇAISE
Non praevalebunt
GIOVANNI MARIA VIAN
directeur
Giuseppe Fiorentino
vice-directeur
Jean-Michel Coulet
rédacteur en chef de l’édition
Cité du Vatican
[email protected]
www.osservatoreromano.va
— DIARMUID MARTIN, archevêque
de Dublin (Irlande), avec les évêques auxiliaires, LL.EE. NN.SS. EAMONN OLIVER WALSH, évêque titulaire d’Elmhama, et RAYMOND W.
FIELD, évêque titulaire d’Árd Mór,
en visite «ad limina Apostolorum»;
— DENIS BRENNAN, évêque de
Ferns (Irlande), en visite «ad limina
Apostolorum»;
— DENIS NULTY, évêque de Kildare and Leighlin (Irlande), en visite
«ad limina Apostolorum»;
— MICHEAL NEARY, archevêque de
Tuam (Irlande), en visite «ad limina
Apostolorum»;
KELLY,
évêque
— BRENDAN
d’Achonry (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»;
— JOHN KIRBY, évêque de Clonfert
(Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»;
— KEVIN PETER D ORAN, évêque
d’Elphin (Irlande), avec l’évêque
émérite, S.Exc. Mgr CHRISTOPHER
JONES, en visite «ad limina Apostolorum»;
— NOËL TREANOR, évêque de
Down and Connor (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»;
19 janvier
S.Em. le cardinal PIETRO PAROLIN, secrétaire d’Etat: légat pontifical pour la célébration de la XXVe journée mondiale du malade,
qui aura lieu à Lourdes le 11 février 2017.
— RAYMOND BROWNE, évêque de
Kerry (Irlande), en visite «ad limina
Apostolorum»;
Rédaction
— MICHAEL RYAN, administrateur
diocésain d’Ossory (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»;
— MICHAEL MCLAUGHLIN, administrateur diocésain de Galway and
Kilmacduagh (Irlande), en visite
«ad limina Apostolorum»;
— JOSEPH MCGUINNESS, administrateur diocésain de Clogher (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum».
S.Em. le cardinal ANGELO AMATO,
préfet de la Congrégation pour les
causes des saints.
21 janvier
Leurs Eminences les cardinaux:
— MARC OUELLET, préfet de la
Congrégation pour les évêques;
— GERHARD LUDWIG MÜLLER,
préfet de la Congrégation pour la
doctrine de la foi.
S.Exc. Mgr PIO VITO PINTO, doyen
du Tribunal de la Rote romaine,
avec le pro-doyen, Mgr MAURICE
MONIER.
le Collège des prélats-auditeurs du
Tribunal de la Rote romaine.
23 janvier
S.Em. le cardinal STANISŁAW RYŁKO,
archiprêtre de la basilique papale
Sainte-Marie-Majeure;
Leurs Excellences NN.SS.:
— GHALEB BADER, archevêque titulaire de Matara de Numidie, nonce apostolique au Pakistan;
YOU
HEUNG-SIK,
— LAZZARO
évêque de Daejeon (Corée).
Communiqué
de la salle de presse
Mardi 24 janvier, au cours de l’audience avec le Saint-Père, Son Altesse
fra’ Matthew Festing a présenté sa démission de la charge de grand maître de l’ordre souverain militaire de Malte.
Mercredi 25, le Saint-Père a accepté cette démission, en exprimant à
fra’ Festing son appréciation et sa reconnaissance pour les sentiments de
loyauté et de dévotion à l’égard du Successeur de Pierre et la disponibilité à servir humblement le bien de l’ordre et de l’Eglise.
Le gouvernement de l’ordre sera assuré ad interim par le grand commandant, jusqu’à la nomination d’un délégué pontifical.
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(C.C.P. 17-336720-5); téléphone + 41 24 498 23 01; [email protected] Canada et Amérique du Nord: Editions
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page 12
jeudi 2 février 2017, numéro 5
Du moyen-âge à l’époque moderne
Le bestiaire du Pape
GIOVANNI CERRO
u cours des dernières décennies, la recherche historiographique a accompli
des progrès importants dans
l’analyse de la riche symbologie
des animaux en relation avec la
papauté. Une contribution déterminante dans cette direction a été
offerte par les chercheurs italiens,
parmi lesquels une place importante est occupée par Agostino
Paravicini Bagliani, auteur du récent ouvrage Il bestiario del papa
(Turin, Einaudi, 2016, 378 pp.,
32,00 euros), dans lequel, à travers la relecture d’un vaste éventail de sources textuelles et iconographiques, il explore le rapport
symbolique et métaphorique qui
unit la papauté et les animaux,
du moyen-âge à l’époque moderne.
Le lecteur est accompagné dans
un parcours divisé en trois parties. Dans la première, il est question de deux figures dont la connotation symbolique semble être
très ancienne, comme la colombe
et le dragon, alors que dans la
deuxième sont considérés les animaux traditionnellement liés à
l’autreprésentation
du
rôle
des Souverains Pontifes, en premier lieu le cheval et l’éléphant.
La troisième, enfin, est liée au
renversement parodique et polémique subi par certains de ces
A
l’on peut peut-être identifier avec
Etienne Ier, roi de Croatie et de
Dalmatie — envoya un perroquet
en don au Pape, qui était non
seulement en mesure de répéter la
phrase «Je vais chez le Pape»,
mais aussi de l’appeler par son
nom.
Et cela sans que personne ne le
lui ait enseigné. Quand le Pape
rentrait dans son appartement
privé, la compagnie du perroquet
l’encourageait et le réconfortait,
en lui apportant un délassement
par rapport à ses graves préoccupations quotidiennes.
S’il est difficile de retrouver un
antécédent historique dans lequel
on attribue au perroquet la fonction de consoler l’homme, dans la
littérature latine existent en revanche des exemples où on lui reconnaît la capacité d’annoncer des
personnages de haut rang: Martial célèbre l’habilité de ce volatile
à saluer l’empereur et Macrobe
raconte qu’Auguste, après la bataille d’Actium, acheta un corbeau et un perroquet qui l’avaient
acclamé vainqueur et imperator.
Selon une chronique du Xe siècle, même l’empereur de Byzance
avait l’habitude de se faire accompagner par un perroquet à des
banquets et des cérémonies officielles. Au haut moyen-âge, l’éloquence de cet animal devient
l’objet d’éloges, également dans le
milieu chrétien: Théodulph d’O r-
lais apostolique, que Niccolò III fit construire et
décorer et qui prendra
ensuite le nom de «Sala
vecchia degli Svizzeri».
Avec Boniface VIII, l’utilisation du perroquet
comme motif décoratif
s’intensifie, au point que
dans certains tissus précieux en soie de Lucques,
son blason est représenté
entre des perroquets verts
et que cet animal se retrouve dans beaucoup
des parements qu’il donna à la cathédrale d’Anagni, sa ville natale. Au
début du XVe siècle, est
mentionnée pour la première fois une salle du perroquet
dans le palais apostolique, dans
laquelle le Pape réunissait les cardinaux en consistoires, se préparait avant de participer à des cérémonies solennelles, recevait les
princes et les souverains et donnait des bénédictions.
La fonction du perroquet renvoie donc à des gestes rituels de
souveraineté, qui ont pour but de
séparer la sphère privée de celle
publique. Ce sera avec Léon X
que ce symbolisme atteindra son
apogée: il suffit de penser à la représentation sur la porte de la
Salle du perroquet, œuvre de Raphaël et de son école, dans laquelle Jean-Baptise a le regard
Raphaël ou Giulio Romano, «Etudes de l’éléphant Hanno de Léon X» (XVIe siècle)
symboles, aussi bien dans les soidisant prophéties papales que
dans les satires nées dans le milieu protestant.
L’histoire du perroquet, dont
les origines remontent au XIe siècle, est curieuse et peut-être peu
connue. Dans une des Vitae
de Léon IX, attribuée à Wibert
de Toul, on raconte qu’un
certain «rex Dalamarcie» — que
léans, abbé de Fleury, le considère en mesure de rivaliser avec les
muses d’Homère et le moine anonyme auteur de l’Ecbasis captivi,
une parodie épique sur le monde
animal, compare la voix du perroquet à la mélodie de la harpe du
roi David.
Dans la Rome papale, le perroquet fait son apparition vers 1280
dans les fresques de l’aile du pa-
tourné vers un petit perroquet
sud-américain. Il s’agit bien évidemment d’une référence au Pape
comme représentant du Christ sur
la terre.
On doit à Léon X non seulement l’institution d’une véritable
ménagerie dans la cour du Belvédère, mais également l’introduction à la cour papale d’un éléphant blanc, don du roi du Por-
tugal Manuel Ier. Débarqué à Rome après un voyage aventureux
en bateau, accompagné par un
dompteur indien et un gardien
sarrasin, le pachyderme resta pendant longtemps gravé dans la mémoire des romains en raison de sa
beauté et de sa majesté.
Le Pape était particulièrement
attentif à la sécurité d’Hanno —
tel est le nom qui fut donné à
l’éléphant — et pour éviter qu’il
ne se blesse les pattes, il refusa de
l’envoyer à la cour des Médicis et
auprès du roi de France en visite
à Bologne. Si le perroquet et
l’éléphant
peuvent
apparaître
comme des animaux exotiques,
un tableau plus intime et familier
nous parvient de Musetta, la petite chienne de Pie II.
Selon le témoignage d’Enea
Silvio Piccolomini lui-même dans
ses Commentarii, la petite chienne
aimait faire des bêtises. Un jour,
alors que le Pape se trouvait dans
un jardin où il recevait des délégations diplomatiques, elle tomba
dans une citerne et fut sauvée
avec difficulté; le lendemain elle
fut mordue par un gros cercopithèque qui faillit la tuer. Musetta
mourut une dizaine de jours plus
tard en tombant de la fenêtre de
la résidence papale et Pie II s’inspira de son histoire pour rappeler,
avec un exemplum efficace, la vertu de la prudence.
De l’examen minutieux et original d’Agostino Paravicini Bagliani apparaît aussi bien la persistance de plusieurs animaux
symboliques, qui au cours du
temps ont assumé des fonctions
différentes, que le caractère transitoire d’autres, qui avec la transformation des pratiques institutionnelles et politiques et des sensibilités religieuses, sont allés vers
un déclin parfois soudain, parfois
graduel, jusqu’à disparaître complètement.
La longue tradition du rapport
entre les Papes et les animaux
semble aujourd’hui avoir laissé de
côté les élaborations symboliques
complexes du passé, pour revêtir
en revanche un connotation plus
concrète, caractérisée par l’engagement et le respect pour la création, comme le démontre la récente encyclique Laudato si’ du
Pape François.