Actions de la Résistance en Seine-Inférieure Ce dossier a été réalisé à partir de la première partie de la thèse soutenue par.

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Actions de la Résistance en Seine-Inférieure

Ce dossier a été réalisé à partir de la première partie de la thèse soutenue par Michel Baldenweck sous la direction d’Olivier Feiertag en 2012 : « De la Résistance au rétablissement de la légalité républicaine en Normandie : histoire de la Seine-Inférieure (1943-1946) de l'occupation à la Libération ».

Introduction

Structuration de la Résistance

Le poids de la guerre

I- Résister au quotidien

II-Renseigner

III-Imprimer pour survivre

IV- Combattre les armes à la main

Pour aller plus loin

Archives départementales de Seine-Maritime

Michel Baldenweck

Introduction

Les actions de la Résistance ont été étudiées par Michel Baldenweck grâce aux sources conservées aux Archives départementales de Seine Maritime, grâce aux journaux de marche des FTPF et de « Libération-Nord », aux récits de résistants, à la presse et à des monographies locales.

L’activité de la Résistance ne consiste pas seulement en des actions directes. Elle comporte également le renseignement, le secours des aviateurs, le noyautage des administrations, l’aide aux réfractaires ou encore la propagande… Elle se caractérise par une montée en puissance : d’abord réduite à quelques cas isolés en 1940-41, elle se structure peu à peu.

Les actions portent alors sur des sabotages de lignes électriques et de téléphones, des attaques peu fréquentes mais significatives de soldats et officiers Allemands et surtout une activité de sabotage ferroviaire. Carte d’identité d’un résistant engagé en juillet 1940 dans les FFL, 1946, J 376.

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1940 Front national/FTPF/FUJP St Jacques, Andr éani U 55 Gosse GFES L'Heure H Deux l éopards Sappey de Miribel

20 10

Le Vagabond bien aim é Maquis de diables noirs Ry : les Groupe Lagache Etat-major P et T France Dieppe avant tout, France avant tout, Le Havre France avant tout, Eu Brunet R ésistance Combat Groupe Jupiter ORA LIBE NORD RG LIBE NORD RD LIBE NORD Bolbec OCM BOA TOTAUX 30

81 x 30

1941

70

janv 42

130 36 10

juil-42

212

janv 43

293 14

juil-43 janv 44

394 63 24 367 73 22 7 52 40

juin-44 juil-44 sept 44

555 40 52 50 1164 86 260 67 2005 86 544 121 5 250 96 157

.

49 30 30 30 30 30 11 11 70 36 577 454 41 10 20 20 10 40

198 206 242 337 633

134

677

20 207 ?

72 150

1177

397 320 109 350

2753

130 674 785 150 217 393 928

7768

Effectifs des mouvements de la Résistance en Seine-Maritime

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Fréquence des actions de la Résistance en Seine-Maritime

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Structuration de la Résistance : chronologie

1943, structuration des mouvements et réseaux FTPF, OCM, ORA, Libération-Nord... ont maintenant des responsables. Des états-majors clandestins s'efforcent de contrôler et d'unifier les actions. Les relations avec Londres se développent (radio, parachutages, agents spécialisés débarqués ou parachutés). L'ensemble de la population est de plus en plus favorable à la Résistance. La dissolution de l'armée de l'armistice va fournir des cadres valables aux groupes armés de la Résistance, notamment à l’ORA.

Janvier-juin 1944, préparation au débarquement La Résistance cherche à s'unifier sous l’influence des décisions de Londres et en raison du manque d'armement.

Un noyautage des administrations et services publics est réalisé. Parallèlement, les milieux de la collaboration se désorganisent. C’est aussi une période de dure répression de la police allemande qui chasse les résistants grâce à la délation. Les premiers efforts de centralisation de la Résistance sont anéantis par la Gestapo. La police française devient de plus en plus favorable à la Résistance. Des opérations de récupération des aviateurs abattus se développent tandis que les premiers déserteurs sont enregistrés propre zone (Alsaciens-Lorrains, Polonais, Ukrainiens...

enrôlés dans l'armée Allemande). Les premières rivalités se développent entre des résistants soucieux de contrôler leur d'opérations et de s’octroyer des armes parachutées.

Abrégé de quelques mouvements de Résistance FTPF Francs-

Français (PCF).

tireurs et partisans Français

Mouvement créé à la fin 1941 par le Parti Communiste

ORA Organisation de Résistance de l’Armée

Mouvement créée en janvier 1943 par d’anciens militaires.

Libé-Nord Libération-Nord

Mouvement crée à la fin 1940 en zone occupée, Il s’implante en zone sud à partir de 1942. Il représente la SFIO et les syndicats CGT et CFTC.

Front national

Mouvement créé par le Parti communiste Français en mai 1941.

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Juin-septembre 1944, phase de Libération Il s’agit d’une phase de difficultés dans les actions coordonnées, augmentée d’une pénurie d'armement et de moyens de transmission.

L’élan populaire favorise toutefois l'insurrection nationale. On note la naissance spontanée de groupes locaux de Libération, souvent incontrôlables et à l'efficacité relative. La Résistance ne peut éviter ni tous les sabotages allemands de dernière heure, ni les transferts de troupes vers la Basse Normandie.

C’est la période des premières arrestations de collaborateurs et de ratissage des zones collaboration avec les troupes libérées en libératrices, le matériel ennemi étant récupéré. L’apport de la Résistance en matière de renseignement a été décisif. La mise en place de structures administratives provisoires s’accompagne des premières rivalités d'ordre politique.

Septembre 1944-1946, l’après-Libération Cette dans période se caractérise par l’installation des commissaires L’influence de la Résistance se fait sentir, notamment les également régionaux de la République et leur départ.

nouvelles répression judiciaire, les élections, la presse… C’est l’heure municipalités, des premières l'épuration, la manifestations commémoratives et des déceptions.

Stand des fusillés à Grand-Quevilly à la mémoire des résistants et déportés de Rouen et son agglomération, 39 Fi.

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Organisation de la Résistance : vocabulaire Réseaux

Nés principalement en France Occupée pour lutter contre la présence militaire allemande. • • • Ils sont créés par des chefs envoyés par Londres pour recruter des agents.

Ils dépendent de l’état-major interallié avec un statut militaire (1 chef, 1 budget, 1 radio).

Missions : Recherche et transmission de renseignements, organisation de filières de filières d’évasion, sabotage.

Mouvements

Nés en premier lieu en zone libre pour lutter contre l’idéologie de Vichy puis se développent en zone occupée.

• • Ils sont créés de manière spontanée à l’initiative de fortes personnalités autour d’affinités de pensée.

Missions : Presse clandestine, noyautage des administrations, etc…

Maquis

Nés principalement du refus de se soumettre au Service du Travail Obligatoire (STO) • • Les réfractaires et maquisards trouvent refuges et cachettes dans des régions de forêts, de montagnes.

Missions : Harcèlement, sabotage.

Tract de la Résistance saisi, 1944, 51 W 406.

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Le

poids de la guerre

La guerre se termine en juin 1940 et la Seine Inférieure voit de nombreux prisonniers de guerre partirent en Allemagne et ne revenir qu’en 1945.

La préfecture évalue à 25 000 le nombre de prisonniers encore en Allemagne en mai 1945.

Coup de tonnerre en 1943 : le service du travail obligatoire (S.T.O.) est Allemagne. Le gouvernement de Vichy accepte demandé par les Allemands qui manquent de main-d'œuvre en d’envoyer des travailleurs qualifiés ou non dans le Reich.

En Seine Inférieure, le nombre total de travailleurs requis serait de l’ordre de 23 000 hommes contraints de quitter leurs familles. On assiste alors à un véritable réveil de la population qui se rapproche de la Résistance et s’interroge sur le gouvernement de Vichy.

Dessin évoquant les résistants fusillés paru dans le journal « Normandie parle Français », 2 novembre 1944, JPL 510.

Résister au quotidien

Affiche « Lois spéciales et plus sévères dans la Seine Inférieure », 1941, 51 W 200.

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Résistance civile

La Résistance civile, ce sont toutes les formes du refus de l’occupant et de la politique collaborationniste. Ces actions, durement sanctionnées, mobilisent plusieurs centaines voire plusieurs milliers de personnes, au delà des mouvements de Résistance.

Ce sont par exemple des manifestations patriotiques : Le 11 novembre 1943, dans les ateliers SNCF des 4 Mares, on chante la Marseillaise suivie d’une minute de silence ; un drapeau tricolore avait été monté sur une cheminée la nuit d’avant. On arrache des drapeaux allemands à Elbeuf le 30 juillet 1941 et le 14 juillet 1943 ; on dépose une gerbe place Foch, à Rouen, le 10 novembre 1942.

A Dieppe, en janvier 1941, on s’en prend aux panneaux de signalisation routiers allemands. Les couleurs tricolores remplacent le blanc et le noir. Le 17 janvier, des câbles posés par l’occupant sont sabotés malgré les menaces de représailles allemandes en cas de récidive. Le 23 février 1941, un soldat est agressé et laissé sans connaissance. Le 24 juin, les armes de deux soldats allemands sont dérobées.

Un rapport de police en date du 15 Juillet 1941 confirme encore ce comportement de la population, cette fois à l'occasion de la journée du 14 juillet : « ... Aucune manifestation ne s'est déroulée sur la voie publique,

mais les promeneurs arboraient pour la plupart les couleurs nationales constituées soit par des bouquets de fleurs soit par un ensemble

vestimentaire du plus curieux effet » (BELLOCQ Jean, Dieppe et sa région face à l’occupant nazi 10 juin 1940-1 er septembre 1944, Bertout, Luneray, 1979). De nombreux dieppois se vêtent de bleu-blanc-rouge le 11 novembre 1941.

Madame Lequellec, née en 1906, s’engage dans le réseau Franco-polonais F2 en décembre 1940.

Elle est officier de la Légion d’Honneur.

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Des résistants Havrais se manifestent également en déployant des drapeaux tricolores sur la mairie ou la Kreis kommandantur.

La statue de Pierre Corneille qui se trouve devant le Rouen est Théâtre des Arts de coulée en Seine en mai 1943 pour éviter d’être fondue par les Allemands. Elle est remise en état en octobre 1944.

Tract de recommandations aux sans filistes français, collection particulière.

On doit aussi souligner le ce type de rôle important que jouent les femmes dans résistance mais aussi dans le soutien logistique qu’elles apportent aux réseaux : accueil des résistants, missions de liaisons, ravitaillement … Elles animent parfois des manifestations contre la pénurie et participent très largement aux sauvetages des aviateurs, des réfractaires tant dans l’hébergement que l’accompagnement vers les frontières.

Elles ne participent pas aux instances de la résistance et bénéficient peu de la reconnaissance de la Nation à la Libération.

Le PCF assure la promotion de quelques-unes pour les élections législatives de 1945-1947.

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Aide aux aviateurs

A la Libération, les autorités anglaises souhaitèrent rendre hommage à celles et ceux qui avaient participé au sauvetage et à l’évasion des aviateurs anglais : 221 personnes furent honorées. L’ORA comptabilisera la chute de 218 appareils dans le secteur « Dieppe, Pays de Bray, Pays de Caux » mais nous ignorons le nombre d’aviateurs secourus, sans doute plusieurs dizaines, dont beaucoup abattus à partir du début de 1944.

Trois périodes pour l’aviation

Jusqu’en juin 40, la Normandie est une terre de combat. Les avions touchés s’écrasant sur le sol normand, les aviateurs bénéficient du secours des troupes en retraite (ces avions sont identifiés sous le vocable « récupérés » dans le tableau statistique). Entre 1941 et 1943, c’est l’arrivée dans les combats de la flotte aérienne américaine et le début des opérations de bombardements intensifs (carpet bombing ). En août 1942, on compte de nombreuses opérations de soutien du débarquement des canadiens à Dieppe.

De juin à août 1944, c’est le débarquement et les opérations d’appui aux troupes ; les opérations de bombardements de l’Allemagne s’intensifient. Il arrive parfois que des appareils ne puissent atteindre leur base de départ et s’écrasent en Normandie.

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Situation des avions abattus entre 1940 et 1945

Ann ée 1940 1941 1942 1943 1944 Nombre d'appareils écrasés Aviateurs morts R écupérés Evad és Prisonnier s

34 9 37 58 16 40 14 0 1 1 0 2 4 0 20 62 170 104 473 0 2 27 148 72 208

312 691 17 178 304

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Résistance économique

Le tissu économique de la région est essentiel pour les Allemands : chimie, pétrole, métallurgie, constructions électriques, constructions navales, textiles …agriculture et pêche et c’est aussi la présence des milliers d’ouvriers spécialisés dans les métiers de la métallurgie, des textiles, de la chimie, de l’électricité

.

Les Chantiers navals de Normandie sont une entreprise florissante qui emploie 1200 salariés lorsque les Allemands s’en emparent en juin 1940. L’usine est classée « Rüstung » et reçoit la commande de six pétroliers, mais cette réquisition est un échec. Un départ obligatoire pour le STO certains est de plus programmé pour spécialistes de l’usine qui vont prendre des fonctions dans un chantier naval de Pologne (160 salariés ne reviendront que fin 1945).

Les horaires des ouvriers sont pourtant 55 heures en janvier 1943. Rien portés jusqu’à n’y fait : lenteur exagérée du travail, marché noir des matériels livrés...sont le lot quotidien en plus de sabotages importants. Le 28 janvier 1942, le remorqueur Le Cerf est saboté ; on fait exploser le Gironde en septembre 1943 …Une grève des 700 ouvriers est organisée le 11 novembre 1943. Aucun des six pétroliers ne sera livré.

Seuls deux navires sortiront en quatre ans des chantiers : en janvier 1943, le bateau-citerne Roche Maurice et en janvier 1944, le cargo Mexhalte. Une situation identique est décrite pour les chantiers du Havre. Pour transformer le « Londres » en mouilleur de mines, les Forges et chantiers de la Méditerranée passent deux ans là où six mois de travail auraient suffi.

Paquebot Londres transformé au Havre pour la Marine allemande en navire de guerre Lothringen : Plans du transmetteur d’ordres, 1942, 193 J 1695.

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Paquebot Londres transformé au Havre pour la Marine allemande en navire de guerre Lothringen : Plan des emménagements des chambres des officiers, 1942, 193 J 1695.

Désobéissance civique

La désobéissance civique fut évoquée par l’émission française de Londres dès février 1943 par Maurice Schumann qui diffuse des consignes : « le sabotage administratif est le moins périlleux et le plus sournois. Ce n’est pas le moins efficace. Bref, mettez chaque jour chacun votre grain de sable dans les rouages de la machine infernale qui écrase d'autant plus durement notre peuple qu'elle l’écrase pour moins longtemps. Dorénavant une minute gagnée peut tout sauver. Car ne l'oubliez pas, la victoire désormais, n'est plus un espoir, c'est une certitude accélérée ».

Lettre du préfet au maire de Rouen indiquant l'exécution de Césaire Levillain pour espionnage, mars 1944, 51 W.

Le directeur de l’Ecole de commerce de Rouen a notamment aidé des jeunes réfractaires au STO à passer la frontière. Il est représenté lors de son exécution au Stand des fusillés de Grand-Quevilly ; cette statue a été inaugurée en 1964.

Retrouvez également sous ce lien un article sur l‘exécution de Césaire Levillain dans Le Progrès social de Normandie, 14 octobre 1944, 20 F.

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Le 13 octobre 1943, Charles Laurent, secrétaire général de la fédération des fonctionnaires, présent à Londres avait aussi donné à la BBC des instructions précises à ses adhérents : « Inspecteurs du travail et employés des offices de main-d’œuvre, agents de tous grades des préfectures secrétaires et employés de mairie, personnel de la police et gendarmes, vous pouvez beaucoup pour empêcher nos jeunes citoyens d'aller sous la pire des contraintes, aider à la machine de guerre du Reich. Trompez-vous dans l'établissement des dossiers et des fiches, égarez-les. Donner à nos amis des mouvements de résistance tous les moyens pour développer la délivrance de faux papiers. Personnels de police et gendarmes, fermez les yeux sur ce qui peut se passer autour de vous et faites prévenir habilement ceux que vous êtes chargés d'appréhender. Que votre conscience professionnelle s'accorde avec la volonté du citoyen décidé à aider, par tous les moyens, son pays à se dégager de la botte allemande ». Ces consignes semblent suivies, il y a donc un risque de blocage de la machine administrative. Les Allemands prennent des mesures sous forme d'arrestations préventives et de prises d'otages. A Rouen par exemple, Maurice Simon, chef de bureau à la préfecture est arrêté le 6 juin 1944, comme fonctionnaire suspect. Jacques François, professeur d'histoire résidant à Bois-Guillaume, dont l’enseignement est jugé hostile, et Maurice Reynaud, professeur d'Anglais au lycée Corneille à Rouen, sont déportés comme « personnalités suspectes » en Allemagne. On compte 23 « déportés d’honneur » dans le département : des médecins, comme Gustave Pothez, Jules Lechaux, Louis Soret ; des policiers tel que Jean Corruble, secrétaire de Police au Havre, le Commissaire André Bodin du Havre, Henri Loiret à Sotteville, le commissaire Pierre Espailhac à Petit Quevilly, le commissaire Pierre Le Gall, l’inspecteur Alphonse Moulin, Jean Michel Rannou de la sureté ; Henri Reynaud, secrétaire administratif, Maurice Simon, chef de bureau à la préfecture, Jean Devilder, secrétaire à la mairie de Saint Adresse et quelques cadres.Ils sont tous arrêtés en juin 1944, après le Débarquement. Seuls trois appartiennent à la Résistance : Libé Nord (Moulin), Réseau Hamlet du SOE (Me Albert Leclainche du Havre), Réseau Saint-Jacques (Dr Lechaux du Havre).

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Renseigner

Accéder à l’intégralité du questionnaire de l’Association nationale des déportés et internés de la Résistance rempli par Mme Veuve Halbout

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Espions

C’est dans le domaine des renseignements que la plupart des mouvements s’investissent, faute d’armes et d’entraînement. Il est indispensable d’apporter à Londres les informations utiles à la conduite de la guerre ainsi qu’une aide efficace aux alliés.

La Normandie est sous le regard attentif des alliés qui préparent le débarquement et c’est là qu’arrivent dès 1940 les premiers agents du BCRA : ainsi, Maurice Duclos dit Saint Jacques, en août 1940… Il s’agit de collecter des informations sur la préparation du débarquement allemand vers mur de l’Angleterre. De nombreuses liaisons avec Londres sont organisées pour suivre les développements de la construction du l’Atlantique. Sont également surveillés l’ordre de bataille des forces Allemandes, leurs déplacements et la protection des ports. Une attention particulière est portée à la construction des rampes de lancement de V1. Des opérations ponctuelles de renseignements sont couronnées de succès, comme avec l'attaque du poste radar de Bruneval.

Blockhaus sur le littoral de Seine-Maritime, photographie Didier Tragin.

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"Zone interdite du littoral", La Vigie de Dieppe, 4 avril 1944, JPL 12/13.

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Dans la nuit du 20 au 21 févier 1942, 120 commandos anglais débarquent sur les plages autour de Bruneval pour détruire un radar allemand puissant installé sur les falaises de Saint-Jouin. L’opération « Biting » (« coup de croc » en anglais) est un succès, particulièrement souligné par Lord Louis Mountbatten. A propos de ce raid, Il écrivit dans ses mémoires : « les leçons que nous en tirâmes furent pour nous des plus précieuses, démontrant la valeur de la coopération que la Résistance française, agissant sur le terrain, pouvait nous apporter dans la réussite du débarquement qui libèrerait un jour l’Europe » ; Dans la note présentée ici, la Feldkommandantur 517 de Rouen annonce un atterrissage en « assez grand nombre » de parachutistes anglais au Cap d’Antifer et demande une surveillance rigoureuse des « personnes étrangères au pays ». Elle est accompagnée d’un croquis de la côte entre Saint-Jouin, Bruneval et Le Tilleul. Le rapport du 3 mars décrit la recherche de parachutistes par les brigades de gendarmerie de Criquetot et Etretat.

Atterrissage de parachutistes anglais Note de la Feldkommandantur 517 (Rouen) au commandant de la compagnie de gendarmerie de la Seine Inférieure, 28 février 1942, 51 W 408.

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L’un des premiers réseaux en Seine-Inférieure est le réseau Saint-Jacques, avec Halbout père et fils, tous deux déportés. L’un des plus actifs y est probablement le réseau Cohors-Asturies.

Le mouvement « Libération » qui donnera naissance à Cohors fut créé au début de 1941, et son action principale fut tout d'abord d'observer l'activité de tous les ports, du trafic naval, ainsi que le mouvement des troupes, de relever les plans des travaux défensifs allemands autour des sites importants.

Les informations seront, pour la plupart avant la mi secteur est du département. 1941, acheminées vers Paris et confiées à des liaisons aériennes ou navales vers l’Angleterre puis par des postes émetteurs, livrés notamment par le SOE, puis enfin grâce à des avions qui se poseront dans le Ces renseignements devaient aussi servir le Général de Gaulle pour faire valoir sa position car il disposait alors, pratiquement seul, d’informations directes sur la situation en France et sur certains terrains d’actions militaires et pouvait servir de « monnaie d’échange » avec les alliés. Le fait d’écouter simplement Radio-Londres fut considéré comme un acte de Résistance, mais les postes furent confisqués par les autorités françaises dès 1940, puis par les Allemands et à nouveau en 1944 par les libérateurs !

Marcel Halbout, né en 1895 ancien combattant de 14-18, engagé dans la Résistance en août 1940 au réseau Saint-Jacques, commandant FFL, Chevalier de la Légion d’Honneur.

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Rampes de V1

C’est dans le domaine du renseignement sur les nouvelles armes secrètes que la Résistance normande va aussi rapide de renseignements destinés à Londres dès septembre 1943. Ce fut une priorité absolue des forces alliées.

s’illustrer, par un système Sur 8 500 lancements effectués au 31 août 1944, environ 4 000 V1 ont franchi la détruisant quelque 25 000 maisons et faisant 6 000 victimes. La lettre V est la côte anglaise, première du mot Vergeltungswaffen représailles. Une association a reconstitué une rampe de lancement signifiant en Seine engins Maritime de à Ardouval prés de Dieppe.

Site d’Ardouval, photographie Didier Tragin.

Ces constructions commencées septembre 1943 sont difficiles dès à reconnaître du fait de leur faible structure (une centaine de mètres) et de leur camouflage. Les Allemands mobilisèrent à la fois les requis du STO mais aussi des prisonniers de guerre étrangers (Russes, Ukrainiens, Lettons..) pour y travailler. Les services de renseignements britanniques estiment, en septembre 1943 que près de 10 000 ouvriers sont occupés à la construction des installations de bombes volantes.

Schéma d’un V1 Norbert D UFOUR , « Dans le pays de Bray et le pays de Caux. Premiers missiles. Les V1 de 1944 », Editions Bertout, Luneray, 1984, BHSM 593.

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C’est le réseau AGIR et son fondateur, Michel Hollard, qui fut l'un des premiers à informer les Alliés en août 1943, de ce qui se passait sur les chantiers Todt du Pays de Caux et de Bray. C’est depuis la « Forêt Verte » (près de Rouen) que décolle le premier V1 dans la nuit de 15 au 16 juin 1944. Le 16 juin, une cinquantaine de rampes, sur les 117 installées dans le département entrent en action ; 224 V1 sont propulsés, mais 74 seulement atteignent leur objectif : Londres. De nombreuses missions aériennes sont généralement nécessaires pour rendre les emplacements inutilisables. C'est ainsi, par exemple, que la piste de Beaumont-le Hareng sera visée les 3, 6, 8 et 9 février 1944, puis les 6, 7 et 11 mars, 23 et 26 avril, et enfin le 12 mai. Celle du Mont Cauvaire, déjà atteinte le 5 juillet et le 6 août ne sera réduite que le 8. Lors des bombardements alliés, on doit recenser de nombreux morts et blessés chez les civils, les requis et chez les Allemands que l’on ne peut décompter, ceux-ci étant systématiquement incinérés. Des aviateurs alliés y laissent également la vie car ces sites sont souvent défendus par des batteries de défense aérienne. Condamnation à Mort de René Brunel

pour espionnage le 18 décembre 1942, collection particulière.

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Imprimer pour survivre

Tract saisi, 51 W 406, vers 1944.

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La presse clandestine

La presse clandestine apporte un souffle important aux actions de la Résistance. Les distributions de tracts, dans les files d’attente, dans les gares, sur les lieux de travail constituent également un signe important de présence d’une Résistance et d’un refus des « Boches » et de Vichy.

Tracts saisis, 51 W 406, s.d.

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Une presse clandestine existe également, en grande partie communiste, car le parti interdit avait, dès 1939, pris des mesures pour pouvoir continuer à diffuser. Chaque grand mouvement aura son journal imprimé sur place ou rapporté de Paris, paraissant de manière très irrégulière. Le faible nombre d’exemplaires conduira à cette mention « faites circuler » que l’on retrouve sur els journaux clandestins « Défense de la France », « Résistance », « Libération », « Témoignage chrétien »… Valentin Feldman, 1924 et est né à Saint-Pétersbourg en 1909, arrive en France en naturalisé français en 1931. Il est professeur de philosophie au lycée de Dieppe mais recensé comme juif, il est révoqué à la fin de l’année. Début 1941, membre du mouvement Front National de la Résistance, il rédige des tracts et assure la liaison entre Rouen et Paris.

Après avoir participé à plusieurs actions armées, il est arrêté le 5 février 1942 pour un attentat auquel il n’a pas participé. Avant son exécution au Mont Valérien le 27 juillet 1942, il lance aux soldats allemands cette apostrophe : « Imbéciles, c’est pour vous que je meurs ! ».

Valentin Feldman après son arrestation, 1942, 54 W 5286 Marie Thérèse Lefebvre est institutrice, quand elle est mise en contact avec Valentin Feldman, professeur de philosophie diffusent Front National de la à Dieppe. Avec un matériel d’imprimerie rudimentaire, tous deux rédigent, impriment et « l’Avenir Normand », journal clandestin. Après la création du Résistance, dont elle est responsable à Dieppe, elle prend la charge du journal clandestin de ce mouvement à partir de l’automne 1941.

Arrêtée le 5 janvier 1942, à la suite d’arrestations de distributeurs de tracts, Madame Lefebvre est condamnée à six ans de travaux forcés puis déportée à Ravensbrück puis à Zwodau en juin 1944. Elle est libérée par l’armée américaine le 7 mai 1945.

Marie Thérèse Lefebvre, épouse Fainstein, Collection particulière.

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Accéder à l’intégralité du journal Libération, 27 décembre 1943, 54 W 5361.

Accéder à l’intégralité du journal Défense de la France, 15 décembre 1943

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Titre

France d'abord

Origine FTPF Dates oct-42

Jaur è s

Jeunes de la SFIO d é c.-40

Jeunes filles de France Jeunes patriotes havrais La D La V é é fense rit é

comit é f é minin du FUJP janv.-44 Jeunes du Front National Parti communiste (Rouen) f é v. 1942 Secours Populaire de France (Le Havre) Existe en juillet 1941 Existe en juillet 1941

La vie ouvri è re La Vie Ouvri è re (Edition du Havre)

Parti communiste (Le Havre)

La Voix des Femmes de Normandie La voix des stalags

Edition r é gionale Normandie Diffusion dans le d é partement Prisonniers de guerre d é c. 1940 et avant-guerre Existe en juillet 1941 Existe en septembre 1943 automne 1942

L'avant-garde

Jeunes communistes Existe en janvier 1941

L'avant-garde des jeunes normands

d é but juin 1941

Principaux journaux clandestins 1940-1944

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Titre

L'Avenir du Havre L'Avenir Normand L'Avenir Normand (Edition de Dieppe) Le Franc-Tireur Le M é tallo Le Patriote Le progr è s social L'Espoir du Jeune Patriote Normand L'Heure H L'Humanit é Normandie Libre Patriotes Normands R é veil des M é tallos Russie d'abord Sports Tribune des Cheminots

Origine

Parti communiste Le Havre et r é gion Parti communiste Rouen et r é gion Parti communiste Dieppe

Dates

Existe en septembre 1941 Existe en avril 1941 Existe en mai 1941 Lib é ration nationale D é fense des m é tallurgistes du Havre et environs Existe en janvier 1943 Existe en septembre 1941 Le Vagabond bien-aim SFIO Front Patriotique de la Jeunesse de Seine-inf é rieure Mouvement havrais de R é sistance Parti communiste (Le Havre) Front national Le-Tr é port Blangy Front national D é fense des m r é é é gion Rouennaise (Le Havre) tallurgistes de la Comit é des amis de l'Union sovi é tique FSGT Le n ° 1 sort en novembre 1942 et le dernier en septembre 1944 ao û t-42 Le n ° 16 date d'ao û t 1943 avr-43 Existe en Mars 1941 janv.-44 Le n ° 1 sort en septembre 1941 Le n ° 1 sort en septembre 1941 mai-43 ao û t-43 sept-42

Principaux journaux clandestins 1940-1944 (suite)

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La fabrication des faux papiers

L’afflux de réfractaires et la sauvegarde des résistants et des Juifs nécessitèrent la production de faux papiers et la détention ou la fabrication de cachets officiels venant notamment des mairies.

René Brunet, de Saint-Aubin-Lès-Elbeuf, se spécialise dans la fabrication de faux cachets, aidé en cela par sa profession de prothésiste-dentaire.

Arrêté le 5 janvier 1944, il est déporté du jusqu’au 5 mai 1945.

La feldgendarmerie de Moulins qui effectuait des arrête une femme qui transportait une vingtaine de timbres en caoutchouc parmi lesquels deux de la vérifications de bagages Préfecture de la Seine-Inférieure et deux de la mairie de Barentin.

A la mairie de Barentin, ils lui, on remonta suspectèrent un jeune secrétaire de mairie. Par jusqu'à un agent d'assurances qui avait un petit cabinet face à la place de la Mairie. Les deux jeunes gens furent arrêtés et conduits rue du Donjon, siège de la Gestapo, où on les interrogea sans relâche. On finit par « apprendre » qu’ils avait confié les clés de la mairie à un de leurs amis, Jean Gratigny, réfractaire au STO. Il fut accusé d'établissement de faux papiers, aurait qui avait mourut arrêté le 25 janvier 1944 et déporté jusqu’en 1945. Cette affaire également amené l'arrestation de Jean Chevallier le 31 janvier 1944, procuré de fausses cartes d'identité à des réfractaires et qui à Dachau le 20 avril 1945.

Tract à destination de la classe 1944, 54 W 5369 .

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Combattre les armes à la main

Avis publié le 10 février 1944 dans le Journal de Rouen sur ordre de l’administration allemande, JPL 3/279.

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Sabotages

Dans les rapports des préfets à leur ministre en région de Rouen sont listées les actions menées : 9 attentats en novembre 1942 et 62 arrestations, 63 attentats en décembre 1943, 48 attaques, 11 sabotages, 19 vols en 1944, 5 attentats de personnes, 104 attentats contre des lieux, 11 attentats février 1944, 2 attentats de personnes, 25 attentats en Mars contre (ADSM 40 W 130).

des voies ferrées, 3 contre des installations électriques, 7 contre les récoltes, 3 agressions diverses en avril 1944 En 1941, les électriques : 57 opérations sont organisées dans le département.

Devant la résistants vont s’attaquer aux câbles téléphoniques et réaction brutale des Allemands (otages fusillés, prisonniers envoyés en Allemagne, gardes obligatoires des lignes électriques et câbles, des voies ferrées..) et malgré le développement du maquis de Barneville, ces actions vont diminuer en 1942 pour s’amplifier à nouveau à partir de fin 1943.

Monument en hommage au maquis de Barneville , photographie Didier Tragin .

Les objectifs fixés par le Général de Gaulle auront du mal à être atteint du fait de la faiblesse des effectifs formés et du manque de matériel et d’armes. Néanmoins, les résistants normands ont permis la destruction d’un nombre conséquent de locomotives et de lignes notamment Aignan et téléphoniques, privant ainsi d’informations l’état-major de la défense côtière à Mont Saint l’état-major du 8e corps de Canteleu.

Il faut souligner les sabotages faits au Havre dans la base de sous marins utilisée par les vedettes rapides allemandes, notamment le 5 juillet 1944 qui amena la destruction quasi complète de la base.

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Sabotage en gare de Dieppe à l’aide d’engins explosifs, avril 1944, 54 W 5367.

Tract "Français, veillez à votre poste de radio", recommandations aux personnes ayant un poste non déclaré, 1944, collection particulière.

Avis de destruction d’une ligne télégraphique et téléphonique à Croisy-sur-Andelle, 6 février 1944, 54 W 5365.

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Parachutages et répartition des armes

Les mouvements devaient subir l’absence d’armes, de munitions et de matériels de sabotage, à l’exception d’armes collectées lors de la débâcle ou prises sur l’ennemi en très petites quantités.

Il en est de même de l’absence de maquis importants et structurés dans la région sauf celui de Ry (les frères Boulanger). Lors de sa création, grâce à des contacts entre groupes du SOE, Boulanger fut mis en rapport avec le réseau Buckmaster « Jean-Marie » du Calvados qui lui achemina des armes et des explosifs par voie terrestre dès 1942.

Renaud , dit « Collette », chef du BOA, a indiqué que l’approche de la Libération avait créé un afflux d’armes cachées lors de l’invasion de 1940 : « ça nous arrivait et on récupérait les armes, et il fallait dénombrer les fusils de chasse, les révolvers qui sortaient de leurs planques au fur et à mesure : des sympathisants modification de confiaient ces l’armement ».

armes aux groupes et il y avait donc Il est vraisemblable également que le démantèlement du CDLN et de l’Etat-major FFI en mai 1944, brisant également les liaisons entre unités et avec Londres, ne facilita pas les Allemands eux sur les opérations et le degré de confiance que devait avoir les alliés pour leurs parachutages. Il y avait eu des exemples en France parachutées ainsi que l’argent et les postes radio, avaient servi à équiper les mêmes. Les Anglais ne voulaient pas livrer d’armes trop tôt, afin d’éviter un soulèvement prématuré ou de donner des indications aux Allemands régions concernées par un éventuel débarquement. Enfin, ils avaient des interrogations sur où les armes l’infiltration et la surveillance par les Allemands des réseaux français.

L’organisation du B.O.A sera mise en place sous la direction de Londres. Il aurait recruté localement jusqu’à plus de 1 000 personnes pour ses actions. Les déclarations d’après-guerre citent 795 membres, ce que confirment les entretiens donnés par René Renaud et enregistrés aux Archives départementales de Seine Maritime. Il indique aussi que son travail principal fut, dans un premier temps, de trouver des terrains de parachutage, de trouver des équipes (4 à 5 personnes pour 3 terrains à 4 tonnes de matériel) et des lieux pour cacher les réceptions puis des d’atterrissage et d’envol des Lysander, terrains devant être homologués par Londres. Pour les parachutages, avant le 1er mars 1944, il terrain d’homologué !

n’y pas un seul

Lexique BOA Bureau des opérations aériennes

Créé en avril 1943 pour gérer les liaisons et les parachutages.

SOE Special Operations executive

Service secret britannique créé en 1940 pour aider les mouvements de Résistance.

BCRA Bureau Central de renseignements et d‘actions

Service de renseignements de la France Libre créé en 1940 par De Gaulle, il deviendra la DGSS.

CDL Comité départemental de Libération

Structure de la Résistance civile présente dans chaque département en 1944.

Carte de l’Association des Français libres, 1947-1955, J376.

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« Je n’avais jamais pu vous dire que je combattais dans les rangs des patriotes car notre organisation était un secret. »

Raymond Martin, 22 juillet 1944.

Raymond Martin, collection particulière .

Des terrains furent identifiés, communiqués à Londres et utilisés : ce fut le cas des terrains de Ry et de Lyons, dans l’Eure qui servirent surtout à des atterrissages par Lysander ou des parachutages de personnalités : c’est le cas de la mission de Brossolette en janvier 1943 et de la mission « Brumaire-Arquebuse » de février 1943.

Les zones de l’Eure reçurent dix-sept parachutages entre 1942 et 1943 pour alimenter les maquis.

André Martin, collection particulière.

Raoul Boulanger précise qu’il y eut quatre parachutages de mars 1943 à février 44, Pour le S.O.E., Jean Thomas prit le commandement de « l’heure H » dans le pays de Caux ainsi que la direction des parachutages d'armes effectués pour « Hamlet » en septembre 1943 et février 1944 qui leur procurèrent des armes. Le parachutage du 10 février 1944 est confirmé par des témoignages et notamment celui des équipes qui le réceptionnèrent vers 2 h 30 du matin. Multrier nous indique dans ses rapports que ce fut le seul parachutage obtenu par l’ORA en Seine-inférieure : 12 containers d’armes, 3 de matériels dont 3 postes de radio avec comme message indicatif: « Ils sont trop verts, dit-il et bons pour des goujats ». Une partie des armes est transportée à Rouen, rue Grieu, dans une cache, le puits 21, d’autres seront transportés dans le garage de Philippon à Sotteville. Elles seront découvertes par les Allemands sur dénonciation. Une dernière partie fut cachée dans une ferme à Bouville qui sera cernée par les Allemands le 22 juillet 1944 : un combat aura lieu faisant deux morts, deux résistants préférant se suicider. Mots laissé par Raymond et André Martin avant de se donner la mort lors de l’attaque de Bouville, 22 juillet 1944, collection particulière

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Il est confirmé également que le maquis des frères Boulanger à Ry prit part à la réception des largages de containers en relation avec le SOE. Raoul Boulanger sera assisté localement par des techniciens anglais. Ces événements eurent lieu avant le 14 mars 1944, date de son arrestation. La quantité d’armes et de matériel reçus était de l’ordre de 10 à 15 tonnes dont il prélevait 5 % pour ses actions de sabotage. Le dernier parachutage, le 25 août, se produisit en pleine déroute allemande, alors que des convois traversaient la zone : les containers furent saisis par l'ennemi, puis récupérés le lendemain par les résistants, les Allemand les abandonnant dans la cour d’une ferme.

Renée Lessertois indique également un parachutage le 30 mai 1944. Il arrive après 8 mois d’attente, avec ce message : « l’imagination a ses limites », à la fin du mois de mai 1944. L’ opération est réussie malgré des éléments défavorables : présence d’Allemands, problème d’électricité pour la radio, manque de piles pour les torches.

Fin mai 1944, selon le journal de marche du BOA, presque tous les dépôts d’armes ont été saisis par la Gestapo (Lyons, Sotteville, Bouville, Caudebec, Rouen) ! Ceci confirme la quasi absence d’armes en juin 1944 et les difficultés pour s’opposer aux Allemands, fortement implantés et armés. On peut aussi en déduire que les sabotages faits notamment par les FTPF étaient réalisés grâce à un acheminement inter ou intra régional et de stocks réalisés en 1940.

Au moment de la Libération, seul le BOA détenait des armes et munitions. Il les distribua notamment à un détachement de l’OCM chargé d’investir la préfecture et à une section des FTPF qui devait tenir le centre de communications, mais celui-ci fut brûlé par les Allemands avant l’assaut. Écoutez un extrait du témoignage audio de Renée Lessertois , 9 A V 129.

Consignes pour le choix d’un terrain clandestin de pose d’avion de nuit, collection particulière.

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Prisonnier évadé en 1940, Raoul Boulanger aménage une cachette dans sa maison de Saint-Denis-le-Thiboult. Avec l’aide de sa famille, il creuse petit à petit une habitation souterraine où des réfractaires trouvent refuge.

Ces hommes participent également à la réception de parachutages surnom de d’armes. Ils opèrent à visage masqué ce qui leur vaut le « Diables noirs ». Arrêtés le 14 mars 1944 alors qu’ils projettent de faire évader des détenus du Palais de Justice de Rouen, Raoul Boulanger et son frère Henri sont cruellement torturés par la Gestapo. Ils sont ensuite épouses. Henri n’en reviendra pas, son épouse, malade, mourra peu après son retour.

déportés en Allemagne ainsi que leurs Maison de Raoul Boulanger à Saint-Denis-le-Thiboult qui servit de refuge au maquis des « Diables Noirs », 17 F 49.

Raoul Boulanger, chef des « Diables noirs ».

Écoutez un extrait de son témoignage audio , 9 AV060.

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Combats de la Libération

Les résistants ont aussi pour tâche, dès l’instant où les ordres d’insurrection leur sont donnés, d’apporter une aide aux troupes alliées C’est seulement en avril 1944, que fut constitué l’État-major FFI sur la base de la désignation du Lieutenant Phelippeau. Le CDL est décimé en mai et Phelippeau est arrêté le 3 juin sans avoir pu constituer son équipe. L’État-major ne sera opérationnel qu’en juillet 1944. Cherchant à retrouver des contacts, Multrier qui a failli l’envoie à nouveau à Rouen.

être arrêté et a dû fuir vers Paris, retrouve les états-majors de région de l’ORA et le DMR régional qui Selon le commandant Multrier , chef des FFI, l’ordre de guérilla ne fut pas activé (plan rouge) du fait de l’ordre de dispersion donné par Phelippeau (« il faut laisser passer l’orage..») avant sa propre arrestation et sous la contrainte forte des forces de sécurité Allemande, sauf l’exception de la foret de Roumare où cela fut possible. Cette guérilla démarra en zone rurale, peu à peu, jusqu’à ce que les liaisons avec la direction FFI de la Zone A (Amiens dont dépendait la Seine-Inférieure) puissent être rétablies ce qui compliqua la mise en œuvre et la désignation des nouveaux chefs suite aux arrestations d’avril et mai 1944. Des groupes isolés entrèrent en campagne, de même que les groupes armés des FTPF en zone « Elbeuf » et « rive gauche » et certains corps francs en zone rive droite (OCM, Libé-nord, ORA). Ces actions furent, par la suite, coordonnées avec les forces alliées canadiennes et avec l’état-major FFI. Par contre les plans vert (voies ferrées) et violet (télécommunications et téléphonie) reçurent une application immédiate et convaincante, grâce aux sabotages des locomotives, des voies et lignes et notamment des communications des États-majors allemands qui reposaient sur le réseau téléphonique existant.

Ils auront aussi à gérer les prisonniers de plus en plus nombreux lors de l’avancée des alliés et du blocage des ponts. Par exemple, 200 soldats sont faits prisonniers dans la journée du 25 août à Caudebec ! Selon le rapport du commandant Multrier, les FFI auraient fait plus 8600 prisonniers dans le département.

Il faudra aussi prendre en compte deux objectifs contradictoires : très d’une part éviter la destruction des ponts et des bacs pour les préserver pour les alliés et d’autre part, les saboter pour bloquer l’armée allemande. Certains résistants y laisseront leur vie.

Tract saisi, 51 W 406, (1944).

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Répression

L’augmentation très importante des actions directes de la Résistance et du renseignement est très sensible entre la mi-1943 et le Débarquement de juin 1944, provoquant une réaction importante des forces de police allemandes (S.D., Gestapo…) aidées par des « collabos », la police et la milice de Vichy : En 1943, 518 personnes sont arrêtées, torturées, emprisonnées ou déportées ; En 1944, la répression s’abat sur plusieurs centaines de résistants : le Comité départemental de Libération est quasiment arrêté en mai 44, les chefs des FFI et leurs Rouen ou états majors démantelés, des réseaux tombent, comme « Combat » à Déville, le maquis Boulanger à Ry, la 1 ere « l’Heure H » au Havre. Les agents du SOE britannique sont contraints de se cacher.

A la fin de la guerre, on comptera prés de 1600 déportés dont seulement la moitié reviendra.

Près de 200 résistants seront fusillés à Rouen ou au mont Valérien notamment.

Compagnie FTPF de

Visiter le mémorial du Mont Valérien

Remerciements

M. Jack Martin, pour avoir partagé le souvenir de son père résistant, M. Thierry Osselin, pour le fonds des Forges et Chantiers de la Méditerranée, Didier Tragin.

Numérisation des documents : Didier Tragin, Eric Lévêque Merci à Marie Dubost qui avait initié ce travail lors de son service civique.

Cellules du Palais de Justice où étaient emprisonnés les résistants,1944, 2 Fi Rouen 5191.

Le Havre, Monument en hommage aux résistants, photographie Didier Tragin.

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Pour aller plus loin

Si vous souhaitez consulter les archives publiques sur la période de guerre, vous pouvez vous rendre au Pôle des archives contemporaines et de la mémoire du quotidien – Lundi et mardi : 8h45-12h30 et 13h30-17h – Mercredi : 8h45-12h30 Levées : 9h15/10h30/11h45/13h45/14h45/16h

Adresse et contact : Hôtel du département, Quai Jean Moulin CS 56101, 76101 Rouen cedex Tél. : 02 35 03 55 55 / Fax : 02 35 03 55 42 Mail :

[email protected]

Accès : Quai Jean Moulin / Par le métro : arrêt « Joffre Mutualité » Illustration d’arrière-plan : grenade dissimulée dans une boîte de sel, retrouvée au Havre sur la fenêtre d’un café fréquenté par des soldats allemands, vers 1942, 51 W.

www.archivesdepartementales76.net

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1939-1945, mémoire individuelle ; mémoire collective Vous pouvez emprunter notre exposition itinérante gratuitement pour votre institution ou établissement scolaire.

Descriptif et marche à suivre

Bibliographie

Liste d’ouvrages proposée par Michel Baldenweck, juin 2015 : cliquez ici

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Site Internet conseillé : lesresistances.france3.fr