NOURRIR LES HOMMES : L’EXEMPLE DU BRÉSIL. Béatrice CHEUTIN PLP Lettres Histoire L.P.
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Transcript NOURRIR LES HOMMES : L’EXEMPLE DU BRÉSIL. Béatrice CHEUTIN PLP Lettres Histoire L.P.
NOURRIR LES HOMMES : L’EXEMPLE DU BRÉSIL.
Béatrice CHEUTIN
PLP Lettres Histoire
L.P. J. Moulin BÉZIERS
La sous alimentation dans le monde en 2001-2003
Les principaux exportateurs agricoles
Comment expliquer ce
paradoxe?
une grande puissance agricole
qui ne parvient pas à nourrir
toute sa population.
Problématique : Quelle est la place du Brésil dans
l’agriculture mondiale?
La production de soja en 1977 et en 2002
Le Mato Grosso à l'assaut de l'agriculture mondiale
Cet état du centre-ouest est devenu le symbole des ambitions du pays
L'histoire de Carlos Ernesto Augustin appartient déjà à la légende des pionniers du Mato Grosso. Il y a vingt ans, ce fils de
fermier a quitté le sud du pays pour venir s'installer dans cet Etat enclavé du centre-ouest, presque deux fois grand comme la
France, où la qualité des sols était réputée si médiocre que seule la perspective de pouvoir acheter des terres pour une
poignée de reals pouvait justifier une migration de plusieurs milliers de kilomètres. L'idée d'y faire fortune était encore
secondaire. Carlos Augustin est aujourd'hui à la tête d'une exploitation de 30 000 hectares. A 48 ans, il est devenu l'un des
premiers producteurs de graines de soja du Brésil, qui écoule la majeure partie de ses semences à l'étranger et ne compte pas
en rester là. Il y a cinq ans, il s'est mis à produire du coton, dont la rentabilité à l'hectare est quatre fois supérieure à celle du
soja. La prochaine étape ? A demi-mot, on devine qu'elle sera celle des organismes génétiquement modifiés (OGM). Fin 2003,
le gouvernement a finalement donné son feu vert aux producteurs, ouvrant la porte d'un marché où le Brésil est l'un des rares
pays à ne pas avoir pris pied.
Lorsqu'on demande à cet homme d'affaires d'expliquer les raisons de sa réussite, il répond simplement : « l'esprit gaucho »,
comprenez : le goût du travail et du risque. A cela, il oublie d'ajouter un haut niveau de formation. Les fermiers du Mato
Grosso, avant de partir à la conquête de la « nouvelle frontière » de l'agriculture brésilienne, ont souvent décroché un doctorat
d'agronomie. Et ce n'est donc pas un hasard si le propriétaire de Fazenda Farroupilha s'est entouré d'ingénieurs et
d'économistes pour mettre en valeur des terres dont les seuls atouts sont d'être plates et de jouir d'un ensoleillement et d'une
pluviométrie de type tropical d'une rare régularité. Recours massif aux fertilisants, introduction de variétés de semences,
mécanisation poussée..., en vingt ans, de Cuiaba au sud à Lucas do Rio Verde au nord, le plateau du Cerrado s'est
métamorphosé. Les champs de soja qui s'étendent à perte de vue, ont propulsé la région au rang de premier producteur
national avec 27 % de parts de marché, et à en croire les experts de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le
développement (Cnuced), si le Brésil devient le premier producteur agricole du monde d'ici dix ans, il le devra en bonne partie
à la valorisation du Mato Grosso. Personne ne fournit le même chiffre lorsqu'il s'agit d'évaluer le nombre d'hectares encore
vierges, mais cela se compte en dizaines de millions et aucun pays ne dispose de telles réserves de terres à des prix aussi bas.
Médiocres infrastructures
Ici plus qu'ailleurs, c'est le modèle des latifundia qui s'est imposé. Un modèle défendu - et pour cause - jusqu'aux plus hautes
sphères du pouvoir local. « Je ne vois pas d'avenir pour les petites exploitations, explique le gouverneur de l'Etat, Blairo
Maggi, propriétaire de 100 000 hectares et numéro un mondial du soja. Ici le sol est mauvais, et il faut investir beaucoup
d'argent pour l'exploiter en étant rentable et compétitif sur le marché mondial. Nous ne pouvons gagner qu'en faisant des
économies d'échelle. » Elu en 2003, le gouverneur a néanmoins promis que cette prospérité ne serait pas réservée à quelques
exploitations. En attendant, il s'est attelé au principal problème auquel sont confrontés ceux qui veulent se battre sur les
marchés internationaux : la médiocrité des infrastructures pour acheminer les récoltes vers les principaux ports du pays. Celui
de Paranagua, équipé pour écouler le soja lorsque, dans les années 1970, l'essentiel de la production se faisait dans le sud du
pays, est saturé et les camions attendent des heures, voire des jours, avant de pouvoir décharger leurs marchandises.
Dans la région de Sao Paulo, le port de Santos - le plus important du pays - n'est pas mieux loti. Aussi le projet d'autoroute - né
il y a une trentaine d'années - pour relier Cuiaba à Santarem, sur la côte nord, a-t-il été relancé. Sur ce tronçon de 1 800
kilomètres de la BR163, seuls 20 % sont asphaltés. Reste à trouver les investisseurs. Les multinationales implantées de longue
date au Brésil comme Cargill ou Bunge ne disent pas non. Les calculs sont vite faits : un producteur brésilien dépense en
moyenne 50 dollars par tonne pour exporter son soja, un Américain ou un Argentin 15.
Les environnementalistes ne voient pas d'un bon œil ce projet, qui ne pourra, selon eux, qu'accélérer la déforestation de
l'Amazonie. Tout comme ils dénoncent l'occupation progressive des terres légalement protégées par les planteurs de soja et
les éleveurs de bovins, repoussés toujours plus loin par l'expansion agricole. A ce jour, moins de 2 % de cet espace sont
occupés par des activités agricoles. » Si le soja prospère, la part des cultures vivrières régresse. « A Lucas de Verde, au cœur
des grandes fazendas, 85 % des fruits et des légumes doivent être importés des autres régions brésiliennes », déplore
Vincente Pulh, de l'ONG Formad. Mais, ici comme dans le reste du pays, on ne s'attaque pas impunément aux intérêts des
puissants. Nilfo Wandscheer, président du syndicat des travailleurs agricoles, affirme avoir été menacé de mort pour s'être
s'intéressé de trop près aux conséquences du projet autoroutier sur la BR163. En février, dans l'Etat voisin du Para, une
missionnaire nord-américaine, Dorothy Stang, a été assassinée : elle appuyait les revendications de petits paysans. La nouvelle
frontière brésilienne n'a pas toujours le goût d'une terre promise.
Caramel Laurence, Le Monde du 24.05.2005
ECONOMIE
économie
. Le Mato Grosso est devenu la
première région productrice de soja
au Brésil.
SOCIAL
société
.L’exploitation agricole dans cette
région a fait naître de grosses
fortunes.
. Une agriculture tournée vers
l’exportation. Nécessité d’adapter
les transports en direction des
principaux ports.
. Pas de solutions pour les petites
exploitations : le sol est de qualité
médiocre et il faut investir
beaucoup pour l’exploiter en étant
rentable et compétitif.
. Des rendements élevés (haut
niveau de formation, fertilisants,
semences améliorés,
mécanisation…)
. La part des cultures vivrières
régresse.
. D’après la CNUCED, si le Brésil
devient le 1er producteur agricole au
monde d’ici 10 ans, il le devra au
Mato Grosso.
. Apport du professeur : la
Mouvement des Sans Terre, Lula,
son origine et le programme « faim
zèro », la structure sociale du
Brésil.
environnement
.Dans un avenir proche, cultures
OGM au Mato Grosso. Apport du
professeur sur les OGM, espoirs et
craintes qu’ils suscitent, sur la part
du soja OGM dans le soja produit
dans le monde et leur consommation
induite y compris dans les pays
européens par le biais de
l’alimentation des animaux d’élevage
.Projet d’autoroute : accélération de
la déforestation de l’Amazonie.
.Occupation de terres légalement
protégées par les planteurs de soja
et les éleveurs de bovins, repoussés
toujours plus loin par l’expansion
agricole.
. Conséquences de l’utilisation de
fertilisants et de pesticides sur les
sols, sur l’eau… Conséquences de la
monoculture
– A l’échelle locale : une région autrefois répulsive devient une zone
de prospérité économique. Mais un front pionnier qui n’est pas viable pour
les petits paysans, qui ne peuvent s’intégrer au circuit économique organisé
autour des grandes entreprises et sur le modèle de l’agriculture productiviste:
ils viennent renforcer la pauvreté et constitue une part des sous alimentés;
des dégradations environnementales.
– A l’échelle nationale: un immense front pionnier qui structure
des territoires nouveaux. Idée de créer un nouveau débouché en direction du
nord et du fleuve Amazone en créant une route de bonne qualité allant des
régions nouvellement productrices de soja jusqu’à Santarem, port fluvial
accessible aux navires de haute mer. Menaces sur la forêt amazonienne.
– A l’échelle mondiale: le Brésil s’affirme de plus en plus comme la
grande puissance agricole montante en ce début de XXIème siècle. Le Brésil a
connu un essor récent de ces exportations de soja. Développement d’un
commerce Sud-Sud.
• La présentation sous forme d’un tableau en trois colonnes, qui
reprend les piliers du Développement durable n’est pas à
systématiser, mais montre bien que le DD imprègne chaque
sujet d’étude. C’est plutôt une grille de lecture pour le
professeur qui doit s’efforcer d’envisager ces trois aspects
dans ses séances de géographie.
• Dans ce tableau apparaissent en couleurs des éléments qui ne
sont pas dans le texte mais qui font partie de ce que le
professeur peut ajouter (pour l’aspect société on peut ajouter
qu’1% des plus riches agriculteurs vivent sur 45 % des surfaces
exploitées au Brésil. Au cours des dix dernières années un
million d’exploitations, dont 95% avaient une superficie
inférieure à 100 hectares, ont fermé. )