Les influences de la culture arabe dans la littérature sicilienne

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Transcript Les influences de la culture arabe dans la littérature sicilienne

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informations qui y sont contenues.
Dans la littérature sicilienne
Avant de commencer à parler
d’influences orientales dans la
littérature sicilienne, nous avons pensé
qu’il serait opportun de faire un bref
aperçu de la littérature sicilienne –
littérature qui a exprimé certains chefd’œuvre connu aujourd’hui dans le
monde entier.
 Ecrire dans l'île
 Sans les écrivains et les poètes
siciliens, la littérature italienne, l'une
des plus nobles et anciennes en
Europe, serait bien moins riche.
 Non seulement parce qu'en Sicile est
née la première grande école poétique
italienne succédant au latin au XVIIIe
siècle jusqu'à aujourd'hui de grands
auteurs ont illustré les lettres bien audelà des frontières ; il suffit de penser
aux deux prix Nobel de
littérature, Luigi
Pirandello et Salvadore
Quasimodo.
Avant ceux-ci , à la fin du XIXe siècle, Giovanni
Verga et Federico De Roberto écrivaient des
romans qui ont encore aujourd’hui un grand succès,
(Les Malavoglia, Maître Don Gesualdo le premier,
Les Vice-Rois le second) racontant avec un réalisme
tout particulier appelé vérisme, l'un la vie difficile et
le destin du peuple insulaire, l'autre la décadence
de la noblesse sicilienne.
De son côté, Pirandello est considéré comme
l'un des plus importants auteurs de théâtre
européens. Six personnages en quête d'auteur,
Henri IV, Ce soir on improvise, Comme ci,
comme çà continuent encore à dominer les
scènes du monde.
La Sicile est aussi terre de romanciers,
comme le même
Pirandello avec Feu
Mathias Pascal, Un, personne et cent
mille alors qu'après la guerre, Elio
Vittorini publiait Conversations en Sicile dans
un langage mythique et suggestif, inaugurant
l'époque de l'homme offensé ; le
catanais Vitaliano Brancati ironisait sur les
vices de la bourgeoisie sicilienne ;
l'aristocrate
Giuseppe
Tomasi
di
Lampedusa racontait dans un roman mondialement connu grâce au film
de Luchino Visconti - Le Guépard - la
décadence de la noblesse de l’île au XIXe.
siècle.
Un écrivain moderne actuellement très populaire est
Andrea Camilleri qui a su donné vie à une série sans fin
de romans populaires basé sur la figure d’un
commissaire qui ont été transposé en série télévisée et
qui sont une publicité fantastique pour les paysages
siciliens.
Ce qui a caractérisé presque tous les écrivains
siciliens c’est l’expression du sens de la
fatalité… et souvent des destins qu’on ne peut
pas changer. Le sens de la fatalité (« Inch
Allah ») est un sentiment typique des peuples
musulmans, et quelqu’un pense que ce
sentiment en Sicile est aussi du aux
réminiscences d’un héritage lointain et arabe
qui est resté encré dans les consciences……
Certains écrivains méritent une place à part, parce que tout en
décrivant la « Sicile fataliste » ils ont essayé de combattre cette
apathie surtout d’en faire une lutte à la mafia en dénonçant à
travers leurs écrits certains phénomènes mafieux. Parmi les
écrivains – qui sont plus nombreux de ce que l’on pense, nous
pouvons citer Pippo Fava (mort pour avoir dénoncer certaines mal
affaires) Giuseppe Grasso…
 … mais le plus fameux et connu des
écrivains qui utilisèrent leur plume
pour condamner sévèrement la
mafia fut Leonardo Sciascia
(Racalmuto 1921 -1989) . Même s’il
fut souvent condamné par ses
contemporains pour avoir oser
publier des articles dans lesquels il
osait affirmer certaines vérités pas
toujours populaires, même parmi
ceux qui combattait la mafia, il a
toujours continué à écrire et à
condamner les abus fait par la
mafia et qui empêchaient un réel
développement de l’économie et
de la culture en Sicile.
 Nous vous traduisons ici
une partie d’un article
qu’il a écrit sur la mafia
de « l’eau ». Ce texte
accompagnait un
documentaire filmé
ayant pour titre « La
grande soif » et fut écrit
en 1968.
Malheureusement pour
les Siciliens, entretemps,
la situation n’a pas
tellement changé….
 C’est désormais un lieu commun de
dire que la Sicile est terre de
contrastes, de contradictions, de
paradoxes. Mais dans ces images le
terme de la contradiction, du
paradoxe n’est pas le mulet mais
l’automobile, si considérés comme
symboles – respectivement – d’une
situation effective, et d’une aspiration
qui est restée aujourd’hui vague et
vaine. Une économie agraire qui
compte parmi les plus arriérées
d’Europe, probablement la plus
arriérée (note du traducteur : en
agriculture, la Sicile n’est plus parmi
les plus arriérées de l’Europe), et le
rêve de l’industrialisation : voilà la
Sicile aujourd’hui.

 Des terres de l’intérieur de la Sicile,
il y a longtemps, on disait qu’elles
vivaient de l’agriculture. Aujourd’hui
on pourrait dire qu’elles meurent de
l’agriculture, et qu’elles survivent
seulement grâce à l’argent envoyé
par les émigrants et aux pensions de
vieillesse et d’invalidité que l’Etat et
d’autres organismes accordent
chichement. L’ile a énormément de
problèmes. Mais presque tous sont
liés au problème de l’eau. L’eau base
de dispute qui provoque violence et
délits. L’eau qui se perd dans les
méandres de la bureaucratie et de la
mafia.
 Les gens ont conscience de
cela, ils savent, comme le
dit le proverbe où et
comment se perd l’eau.
 […] Dans la classification
des régions par nombre
d’habitants avec une
disponibilité d’eau
insuffisante, la Sicile se
trouve à la première place
suivie des Pouilles.

 Il fut une période où la Sicile était
célébrée aussi pour ses eaux : les
poètes grecs, les poètes arabes, le
poète Antonio Veneziano en
exaltaient l’hydrographie et cela
jusqu’au XVIe siècle […]. La Sicile
riche en eaux est désormais un
mirage. Un mirage la fontaine
Aretusa dans le cœur de l’antique
Syracuse comme des mirages le
sont aussi les fleuves mythiques
de la ville: le Ciane et l’Anapo qui
furent chantés par Salvatore
Quasimodo. Dans ces fleuves
naissent les fameux papyrus de
l’époque classique, plantes qui
ont besoin d’une énorme
quantité d’eau. Et encore mirages
sont les baigneuses des
mosaïques de Piazza Armerina.
 Plus réelle est cette Sicile aride,
parcourue dans la vallée des eaux
du fleuve Salito, grêles et
brulantes. Le Salito : un fleuve qui
rend aride au lieu de provoquer
l’humidité, un fleuve qui nait
parmi les gisements de sel – sel
gemme et sel potasse – de cette
zone de la Sicile où la technique
est arrivée seulement pour
extraire le minéral et non pour
dessaler les eaux afin de donner
vie à la terre. Un itinéraire long,
obsessif, presque un voyage sans
espérance […] Mais qu’en reste-til à la Sicile ?
 Le rêve de l’industrialisation, là où
il s’est réalisé, a ajouté aridité à
l’aridité : et le cas plus évident est
celui de la plaine de Catania.
Partant de deux digues, la plaine
aurait du être irriguée,
transformée de magasin de blé en
jardin d’agrumes. Mais l’industrie
a besoin d’eau et voilà que l’eau
destinée à l’agriculture a été
sacrifiée pour réaliser cet autre
rêve, à ce mythe. L’eau ne
descendra plus des canaux. Un des
nombreux gaspillages, et
probablement le plus
impardonnable qui a été commis
par une classe sociale au pouvoir
impréparée et imprévoyante.
 […] Un des cas extrêmes de pauvreté
et d’insouciance du gouvernement
national et régional est celui de
Licata. Mais ce n’est
malheureusement pas le seul. Toute
la province d’Agrigent souffre d’une
pénurie d’eau invraisemblable.
 Licata est la ville la plus assoiffée
d’Italie : sa dotation maximale en
eaux arrive à 35 litres par seconde,
mais en cette période elle ne dépasse
pas 22 litres avec des pointes de 14
litres par seconde. Souvent l’eau
courante manque pendant une
période de 30 jours d’affilée. En
juillet 1960, la population, exaspérée
par le manque d’eau courante bloqua
la gare ferroviaire. Des forces
spéciales de polices furent appelées,
elles tirèrent sur la foule. Un jeune
homme fut gravement blessé.
 Même Favara, gros centre
minéralier, dont le nom
arabe signifie source, est
parmi les bourgs les plus
assoiffés de la province
d’Agrigent.
 Agrigent aussi, n’a pas
d’eau courante dans les
maisons, mais au
cimetière il y en a en
abondance : paradoxe
qui s’élève à symbole de
solution métaphysique
d’un problème qui reste
insoluble pour les
vivants.
 Comme preuve que le
problème pourrait aussi
être déduit de ses solutions
métaphysiques et résout
grâce à une bonne volonté
concrète et à des
compétences, nous avons
la zone de Vittoria dans la
province de Ragusa où les
agriculteurs, sans recevoir
ces contributions spéciales
généralement données avec
beaucoup de générosité à
ceux qui spéculent et qui
abusent, ont transformés
une agriculture extensive
en cultures intensives
 Toute la cote méridionale de la
province de Ragusa est pleine de
serres. L’initiative a changé
l’aspect socio-économique de la
zone. Des produits recherchés y
sont cultivés et cela comporte un
chiffre d’affaires de milliards
(n.d.t. de lires italiennes). Le
boom est récent : en 1964 les
serres recouvraient un milliers
d’hectares, aujourd’hui ils sont
plus de 5000. Ce furent les
travailleurs agricoles de Vittoria,
qui avec leur unique capital des
propres bras installèrent les
premières serres sur les terrains
sablonneux de la cote. Ils
résolurent le problème de l’eau
grâce aussi à leurs efforts : en
creusant des puits souvent avec
des moyens rudimentaires, sans
aucune aide de la part de l’Etat.
 […] Finalement on
construit la digue sur le
Jato, même si on est
arrivé aux travaux après
tant de luttes, tant de
jeun et tant de marches
pour sensibiliser
l’opinion publique et
pour faire taire
l’opposition mafieuse. Le
dernier jeun fut fait à
Partinico et il dura huit
jours.
 Quand la digue sur le
Jato sera finie, les eaux de
son lac pourront irriguer
8500 hectares avec une
augmentation de la
production de la valeur
d’un milliard et 700
mille lires (1.400 €) par
rapport à la production
actuelle qui
correspondront à 850
mille journées de travail
en plus par an.
 […] Et regardons Palerme,
qui jusqu’à pas longtemps
recevait suffisamment d’eau
de l’aqueduc de Scillato et
qui aujourd’hui se retrouve
avec des carences en eaux
potables – surtout dans les
quartiers populaires. Il nous
semble incroyable que se
trouve ici la ville qui fut
chantée par les Arabes
comme auréolée d’eau,
réfléchie dans l’eau, vive
grâce au son de l’eau et à sa
fraicheur.
 Et l’on peut dire qu’après
les Arabes, plus personne
n’a tenté de résoudre le
problème de l’eau en
Sicile. Cela veut dire
depuis mille ans.
 Toutes les eaux connues
en Sicile ont été
découvertes et nommées
par les Arabes. Ces eaux
que eux réussissaient à
emmagasiner, nous les
avons laissées se perdre
et se disperser. Et nous
sommes dans l’ère de la
technique, l’ère des plus
grands prodiges de la
science.
 On ne penserait pas, quand
on voit cette façon
désespérée dans l’art de se
débrouiller, auquel les
habitants de la plus grande
ville de Sicile sont obligé à
recourir pour se procurer le
peu d’eau pour boire, pour
se laver, pour laver que tout
cela, ils le doivent aux
« guépards », à ces vieux et
antiques messieurs et
administrateurs de la ville,
qui ont cédé le pas
aujourd’hui aux chacals
 Le peu d’eau qu’il y a est
hypothéquée : les
spéculations, la violence,
le jeu très profitable de la
revente. Un bien public
parmi les indispensables,
est sous la domination de
l’injustice, de l’affairisme,
du caprice, de la mafia.
 Mais la « Gazzetta Ufficiale »
de la République italienne a
offert ces derniers temps un
document de clairvoyance
gouvernementale sur lequel
les Italiens et les Siciliens
peuvent fonder de plus
amples espérances. On
prévoit des travaux pour un
montant de 1844 milliards de
lire (9oo millions de euros):
afin que le problème de l’eau
soit complètement et
définitivement éliminé
La Sicile de 2015 sera
aussi riche d’eau que
l’est actuellement le
cimetière d’Agrigent.
Naturellement, on
attendra 2014 pour
commencer les
travaux.
 Les Arabes sont arrivés en Sicile en 827 et y sont
restés un peu plus de 200 ans, donnant un essor
fantastique à la culture, aux arts, à la poésie et aux
sciences. En outre, ils embellirent leur Royaume de
beaux monuments qui ont marqué une époque dans
la civilisation européenne. Ce furent deux siècles de
développement économique, de tolérance et de
cosmopolitisme.
 Etant nés et vivant en Sicile, les arabes de Sicile se
sentirent Siciliens à tous les effets.
 La Sicile, grâce aux nouveaux systèmes d’irrigations
introduits par les Arabes devint bientôt un espèce de
terre promise et fut appelée « l’ile-jardin » expression que nous retrouverons auprès de son
plus grand représentant poétique.
 Abd ibn Mohamed Ibn Hamdis Gabbar est le plus
grand exposant de la poésie arabe de la Sicile à la fin
des XIe et XIIe siècles. Né à Noto dans une famille
noble autour de 1056, il a dû quitter sa bien-aimée
Sicile au moment de la conquête de la part les
Normands quand il avait 31 ans. Ensuite, pendant 20
ans, on le retrouvera dans différentes zones du monde
arabo-méditerranéen jusqu’à sa mort à Majorque à
l’âge de soixante-dix-sept ans , loin de sa patrie, la
Sicile, dont il avait conservé un vif souvenir et à qui il a
dédié plein de vers qui exprime un regret sincère.
 Son œuvre poétique,
bachique et élégiaque,
exprime l’amour, la
douleur et une nostalgie
poignante pour sa belle
terre d’origine; elle
compte plus de 6000
vers, dont beaucoup
consacrés à sa Sicile
perdue.
 De Ibn Hamdis, il nous reste un
diwan (= chant de contenu
poétique comprenant 360
qasidah ou poésies, pour un
total de 6000 vers). Un grand
nombre de ces poèmes
chantent ou/et pleurent la
Sicile de sa jeunesse, perdue
pour toujours. L’œuvre a été
récupérée au XIX° siècle à
Palerme par l’arabiste Michele
Amari. Ses poésies, mais aussi
celles d’autres poètes siculoarabes ont été traduites en
arabe moderne, en italien, en
sicilien, et …. en musique .
 Hamdis est cité aussi par le
grand écrivain sicilien
Leonardo Sciascia dans un
article de 1969 qui traite de
« Sicile et sicilitude » qui
fait partie du recueil « La
corda pazza ». A partir des
années 90 on a
recommencer à prendre en
considération les œuvres de
Hamdis en particulier, et de
la culture arabe en Sicile en
général. Ces œuvres ont
inspirés de nombreux
poètes et musiciens.
 Ô mer! Tu caches au-delà de tes




rivages les plus éloignés un vrai
paradis.
Dans mon pays je ne connaissais que
le bonheur, jamais le malheur.
C'est là, qu' à l'aube de ma vie,
J'ai vu le soleil dans toute sa
splendeur.
Maintenant, en exil et en larmes,
j'assiste à son déclin...

 Ah, si je pouvais m'embarquer sur
un croissant de lune,
 voler vers les rivages de la Sicile
 et là, m'écraser sur le sein du soleil!
 O mare! Tu nascondi oltre le tue più
lontane rive un vero paradiso.

 Nel mio paese conobbi solo felicità, mai
disgrazia.
 Là, all'alba della mia vita,
 vidi il sole nel suo splendore.
 Ora nell'esilio e in lacrime assisto al suo
declino...

Ah, se potessi imbarcarmi sulla luna
crescente,
volare verso le rive della Sicilia
 e là, frantumarmi contro il petto del
sole!
















« Ton image est si loin, ma pensée va vers elle;
Elle qui, d’habitude, accourt quand tu es loin!
Est-ce toi, cette nuit, qui barres son chemin
Et lui ôtes sa force, ou près de toi dort-elle,
Me laissant, dans la nuit, à ma veille, oublié?
J’ai voulu aller la voir, prendre dans ma main sa main,
N’ai saisi qu’un peu d’ombre et d’image rebelle,
Ce leurre de visite, au moins, m’a fait trouver
Le bonheur des secrets, loin de toute apparence.
Aussi bien, pour donner forme à ses espérances,
Faut-il les confier aux pensées du poète.
Toi dont l’œil, par magie, tient la mort toute prête,
Sais-tu quel jugement attend le magicien?
Chez toi, je l’ai bien vu, toute l’audace tient
En ce sabre tranchant : un regard sans chaleur.
Tu as fiché l’amour, en plein vol, dans mon cœur:


Toucher ainsi l’oiseau qui vole, n’est-ce rien ? »

Cela semble des perfections, mais elles brillent
seulement à tes yeux : elles ne valent rien.

Combien d’ennemis y a-t-il dans un ami
 Et dans quelle tranquillité le voleur se cache !


Sembrano perfezioni, ma risplendono
soltanto agli occhi tuoi: valgono niente;
Combien de chevaux aux formes harmonieuses
 N’arrivent affaiblis au but !
quanti nemici stanno in un amico
e in quanta quiete si nasconde il ladro!




Quanti cavalli di armoniose forme
non arrivano, deboli, alla meta!

Quanti cammelli, in viaggio, nella notte,
li trattiene il difficile cammino!
Combien de chameaux, en voyage, dans la nuit
 Ne sont retenus par la difficulté du voyage !
Ainsi l’essoufflement n’entraine-t-il l’amant
 Là où l’ascèse et l’angoisse se lient :


Così l'affanno trascina l'amante
dove l'ascesi e l'angoscia si legano:

Malheur à l’homme touché par l’ignorance,
 A qui on loue le corps et non l’intelligence !
sventura all'uomo afflitto da ignoranza,
che gli lodano il corpo e non l'ingegno!

È quasi un'ala, a volare, il denaro:
ma già è stroncata, e non rimane un
bene:
C’est presque une aile, à voler, l’argent :
 Mais déjà elle est brisée, et il ne reste aucun bien :


Combien d’hommes dignes habillés de lâcheté !
 On fait briller l’épée, mais pas la gemme.

quanti uomini degni in vile veste!
Si lucida una spada, e non la gemma.
 Parfois appelée « civilisation
arabo-normande » ou, de
façon plus inclusive, de
« culture normande-arabobyzantine », de « culture
normanno-sicilienne » , elle
est une expression qui
fait référence à l’interaction
des cultures normande,
arabe et byzantine après la
conquête, par les Normands,
de la Sicile à partir de 1061
jusqu’aux environ de 1250.
 Cette civilisation a entraîné
de nombreux échanges dans
les domaines culturel et
scientifique, fondée sur la
tolérance montrée par les
Normands envers la
population hellénophone et
les colons musulmans. Les
Normands ont ainsi fait de la
Sicile un carrefour de
l’interaction entre les cultures
latino-chrétienne, grécobyzantine et arabo-islamique.
Après la conquête islamique
de la Sicile en 965, les
Normands avaient réussi à
reconquérir l’ile à partir de 1
 Attirés par le mythe d’une ile
heureuse et ensoleillée dans les
mers du Sud, les Normands ont
commencé leur expansion dans le
Sud. En 1060, le Normand Robert
Guiscard (« le rusé »), fils de
Tancrède, envahit la Sicile.
L’importante population
chrétienne de l’ile, alors divisée
entre trois émirats arabes, se
révolta contre le pouvoir
musulman. Un an plus tard, son
jeune frère le conte Roger (qui fut
par la suite nommé Roger I de
Sicile) prenait Messine et, en
1071, Palerme tombait, à son tour,
aux mains des Normands. La perte
de ces villes, chacune dotée d’un
port magnifique, porta un
coup sévère à la souveraineté
musulmane sur l’ile.
 Toute la Sicile finit par être
prise lorsque, en 1091, les
derniers bastions arabes
de Noto, à la pointe sud
de la Sicile et de Malte,
tombèrent aux mains des
Normands dans ce qui
marqua le commencement
du déclin de la puissance
musulmane dans le
bassin méditerranéen. La
domination normande
confirma le rôle de
Palerme comme l’une des
grandes capitales de la
Méditerranée.
 Une intense culture normanno-arabo-byzantine s’est
développée, encouragée par les dirigeants comme Roger II
de Sicile, qui avait des soldats, des poètes et des hommes de
sciences musulmans, byzantins et normands à sa cour. Luimême appréciait la culture arabe et parlait
parfaitement l’arabe. Il a utilisé des troupes et des
machines de guerre d’origine arabe, dans ses campagnes
militaires dans le sud de l’Italie. Il a employé des architectes
arabes à la construction de monuments dans le style
normanno-arabo-byzantin. Le maintien et le
développement des techniques agricoles et industrielles
diverses introduites par les Arabes en Sicile au cours des
deux siècles précédents contribua à la remarquable
prospérité de l’ile. La Sicile devint un modèle et un exemple
universellement admiré par l’Europe entière.
 Roger II de Sicile est connu pour avoir
appelé à sa cour à Palerme le géographe
Andalou Al Idrissi qui y réalisa un grand
planisphère en argent et qui écrivit ensuite
le commentaire géographique
correspondant, le « Kitab
Rudjdjar » ou Livre de Roger ,l’un des
plus grands traités géographiques du
Moyen Âge. Sous Roger II, le royaume
normand de Sicile, où vivaient en
harmonie Normands, Juifs, Arabomusulmans, Grecs byzantins, Lombards et
Siciliens de souche se caractérise par sa
nature multiethnique et sa
tolérance religieuse.
 Le rêve de Roger II aurait été de créer un empire englobant
l’Egypte fatimide et les Etats latins d’Orient. Bien que la
langue de la cour soit la langue d’oil, tous les édits royaux
étaient rédigés en latin, en grec, en arabe ou en hébreu,
selon le groupe auquel ils étaient adressés. Le manteau royal
de Roger, utilisé pour son couronnement – ainsi que pour
le couronnement de Frédéric II – portait une inscription en
arabe avec la date de l’Hégire de 528 (1133-1134). Les auteurs
islamiques s’émerveillaient de la tolérance des rois
normands :Ils [les musulmans] étaient traités avec bonté, et
ils étaient protégés, même contre les Francs. À cause de cela,
ils avaient un grand amour pour le roi Roger.
 Ces interactions se sont poursuivies avec les rois
normands successifs. Par exemple, sous Guillaume II,
comme l’atteste le géographe arabo-espagnol Ibn
Jubair débarqué dans l’ile de retour de pèlerinage à la
Mecque en 1184. À sa grande surprise, il bénéficia d’un
accueil très chaleureux de la part des chrétiens
normands.
 En outre, il fut surpris de constater que même les chrétiens
parlaient arabe, que les fonctionnaires du gouvernement
étaient encore en grande partie musulmans, et que le
patrimoine de quelque 200 ans de domination musulmane
précédente de la Sicile était encore intact : voilà ce qu’il
nous écrit du roi : « Son attitude envers les musulmans est
parfaite : il leur donne de l’emploi, il choisit ses officiers
parmi eux, et tous ou presque tous, gardent leur foi secrète
et peuvent rester fidèle à la foi de l’Islam. Le roi a pleine
confiance dans les musulmans et compte sur eux pour
traiter un grand nombre de ses affaires, y compris les plus
importantes, au point que l’intendant des Grands pour la
cuisine est musulman (...) Ses vizirs et chambellans sont
souvent des eunuques, qui sont les membres de son
gouvernement et sur lesquels il s’appuie pour ses affaires
privées. »
 Ibn Jubair mentionne également le fait que beaucoup
de chrétiens palermitains s’habillaient à la
musulmane, et que beaucoup parlaient l’arabe. La
frappe de la monnaie des rois normands a continué à
s’effectuer en arabe et à être datée d’après l’Hégire. Les
registres de la cour royale étaient rédigés en arabe.
Guillaume II de Sicile aurait déclaré : « Chacun de vous
doit invoquer celui qu’il adore et dont il suit la foi ».
 De nombreuses techniques artistiques du monde islamique
ont également été intégrées pour former la base de l’art
arabo-normand : incrustations de mosaïques ou de
métaux, sculpture de l’ivoire ou du porphyre, sculpture des
pierres dures, fonderies de bronze, fabrication de la soie
(pour laquelle Roger II a établi un ergasterium regium, ou
entreprise d’État accordant le monopole de la fabrication
de la soie à la Sicile pour toute l’Europe).
 Les nouveaux dirigeants
normands avaient commencé
à construire diverses
constructions dans ce qu’on
appelle le style arabonormand. Ils avaient intégré
les meilleures pratiques de
l’architecture arabe et
byzantine à leur propre art.
L’église de Saint-Jean des
Ermites, construite à Palerme
par Roger II autour de 11431148 dans ce style, est
remarquable pour ses dômes
rouges brillants, qui montrent
clairement la persistance de
l’influence arabe en Sicile au
moment de sa reconstruction
au XIIe siècle.
 Frances Elliot l’a décrite,
dans son Diary of an Idle
Woman in Sicily, comme
« …tout à fait orientale…
Elle s’intégrerait bien à
Bagdad ou à Damas ». Le
clocher, avec quatre ordres
de loggias à arcades, est
plutôt un exemple typique
d’architecture gothique. Ce
style de construction se
maintiendra jusqu’aux
XIVe et XVe siècle illustrée
par l’utilisation de la
coupole.
 Frédéric II de
Hohenstaufen (né le 26
décembre 1194 à Jesi près
d’Ancone, mort le 13 décembre
1250 à Fiorentino près de San
Severo), fils de l'empereur Henri
VI et de Constance de
Hauteville, régna sur le Saint
Empire romain germanique de
1220 à 1250. Il fut : roi des
Romains, roi de Germanie, roi
d’Italie, roi de Sicile et roi de
Jérusalem.
 Il connut des conflits
permanents avec la papauté et se
vit excommunié par deux fois. Le
pape Grégoire IX l'appelait
l’Antéchrist.
 Il parlait au moins six langues :
le latin, le grec, le sicilien,
l’arabe, le normand, l’allemand
et probablement l’hébreu. Il
accueillait des savants du
monde entier à sa cour, portait
un grand intérêt aux
mathématiques et aux beauxarts, se livrait à des expériences
scientifiques, édifiait des
châteaux dont il traçait parfois
les plans. De par ses bonnes
relations avec le monde
musulman, il mena à bien la
sixième croisade – la seule
croisade pacifique ; il tenta
notamment de concilier les
deux partis (croisés et jihad)
afin d'instaurer une paix
durable et une cohabitation
pacifique.
 Frédéric était féru de poésie, de
mathématiques et de sciences
naturelles. Il écrivit aux savants
et philosophes du monde
musulman et appela à sa cour
ceux qui lui paraissaient devoir
lui être utiles. Il avait été éduqué
par un juge musulman à
Palerme et il indigna son
époque en s'habillant parfois en
tenue orientale. Il entretenait
une grande cour, constituée
entre autres de nombreuses
jeunes filles (esclaves astreintes
à des travaux de couture,
servantes, danseuses), si bien
que ses adversaires (le pape
principalement) lui
reprochaient d'entretenir un
harem.
 Dernier empereur de la dynastie
des Hohenstaufen, il devint une
légende. De ses contemporains, il
reçut les surnoms de Stupor
Mundi (la « Stupeur du monde »)
et de « prodigieux transformateur
des choses », au point qu'on
attendit son retour après sa mort.
Dans la conscience collective, il
devint « l'Empereur endormi » dans
les profondeurs d'une caverne, celui
qui ne pouvait avoir disparu, celui
qui dormait d'un sommeil magique
dans le cratère de l‘Etna. Son
charisme était tel qu'au lendemain
de sa mort, son fils, le futur roi
Manfred ! De Sicile, écrivit à un
autre de ses fils, le roi Conrad IV,
une lettre qui commençait par ces
mots : « Le soleil du monde s'est
couché, qui brillait sur les peuples,
le soleil du droit, l'asile de la paix ».
 Frédéric II, empereur
germanique (1194-1250) a
gouverné également l'île de
Sicile. Cet empereur était un
grand mécène et peut être
considéré comme l'un des rois
les plus éclairé de toute
l'histoire de l'Europe.
 Sous son règne, l'influence et le
développement des sciences et
de la culture arabo-islamiques
en Sicile ont atteint leur
apogée. Frédéric II savait luimême la langue arabe. Pour
prendre part aux Croisades, il
s'était rendu en 1228 à Qods où
il a eu la chance de mieux
connaître le mode de vie, les us
et coutumes et les pensées des
Musulmans.
 La cours de Frédéric II
accueillait toujours un
groupe de savants et
d'érudits musulmans.
Malgré ses nombreuses
querelles avec les papes, il
resta persévérant dans sa
tolérance envers les
Musulmans. Il avait
instauré d'importantes
relations politiques et
commerciales avec la
dynastie des Ayyoubides en
Egypte et avait même établi
une correspondance
scientifique avec Malek
Kamel Mohammad et il
posait souvent des
questions aux différents
érudits égyptiens.
 Les réponses que le
grand philosophe
mystique Ibn Sabin (1271)
avait données aux
questions de Frédéric II
sont très célèbres. Ces
réponses réunies dans un
ouvrage intitulé "Les
réponses aux questions
venant de Sicile" portent
sur l'éternité de la
matière, le destin,
l'immortalité de l'âme et
la théologie.
 La ville de Palerme en Sicile
était le siège du
gouvernement de Frédéric II.
A cette époque, Palerme était
l'un des plus grands centres
d'enseignement des sciences,
de la culture et de l'art
islamiques en Europe.
Michaël Scotus vivait en Sicile
de 1220 à 1235 et y a traduit de
la langue arabe, un abrégé des
écrits d'Aristote sur la
biologie et la zoologie,
enrichies par les
commentaires d'Avicenne, sur
demande de Frédéric II.
 L'une des actions les plus
remarquables de Frédéric II consistait
en la fondation d'une université à
Naples (Italie) au printemps 1224.
Cette université était la première
université de l'Europe dans le sens
contemporain du terme. D'autres
universités d'Europe, par exemple à
Paris ou à Padoue, étaient en fait des
écoles d'enseignement spécialisées de
théologie, de droit et de médecine,
tandis que l'université de Naples avait
un programme d'enseignement très
avancé où les professeurs devaient
avoir des diplômes officiels
notamment pour ce qui concernait
l'enseignement de la médecine. Dans
le programme scientifique de
l'université de Naples, les traductions
en latin des œuvres d'Aristote et les
grands commentateurs arabes et
musulmans – notamment Averroès –
avaient une place toute particulière.
 Le charme unique que l'Islam a été
en mesure d'exercer sur
Federico II nous pouvons le trouver
encore dans les lettres
arabes de l'empereur, qui
commençaient toutes par la
« basmala (la formule d’ouverture de
tous les composés écrits par des
musulmans, qui se lit:« Bismillahi ar
rahman rahim ar , au nom de
Dieu, miséricordieux et
compatissant ")et se
terminaient avec la
salutation islamique (assalamou 'aleikum wawa barakatuhu
rahmatou, que la paix soit avec
vous, et ainsi la miséricorde de
Dieu et Ses
bénédictions). L'amour que
l'empereur avait envers l’Islam et sa
spiritualité est témoigné par la
calligraphie arabe qui orne la cape
portée par Frédéric II pour son
dernier voyage au-delà de la mort..
 L'école sicilienne s’est développée entre 1230 et 1250 à
la cour itinérante de Frédéric II, Empereur du Saint
Empire romain et roi de Sicile. Il avait établi sa cour en
Sicile, un lieu de rencontre et de fusion de nombreuses
cultures pour sa centralité dans la Mer Méditerranée,
et c’est au sein de sa cour qu’ il avait établi une école de
poètes et d'intellectuels qui tournaient autour de sa
figure, et faisaient partie intégrante de sa cour.
 Les poètes siciliens ont contribué de manière
significative à l'héritage littéraire italien. Frédéric II,
un homme de grande culture qui utilisait aussi la
langue et le langage dans l'intention d’ établir sa
suprématie sur l'Italie et l'Europe.
 À cette fin, il mit en place un
instrument de politique, même
dans le domaine culturel. Avec
l'école sicilienne, il a voulu
créer un nouveau poème qui
devait être laïque, et aurait du
se contraposer à la domination
culturelle que l'Église avait à
l'époque. Ces poèmes ne devait
pas représenter les
municipalités parce que
l'empereur était en conflit avec
les municipalités.
 Les poètes de ce mouvement
littéraire appartiennent à la
classe supérieure : ils étaient
tous des fonctionnaires de
justice, ou des bureaucrates,
qui ont travaillé à la cour de
Frédéric. Il est important de
noter que tous étaient
engagés dans des activités et
des fonctions d'organisation
à la cour ou dans
l'administration.
 La production des poésies
n’était pas liée à leur
emploi ou à leur fonction
dans l’administration mais
représentait un passetemps auquel ils se
livraient en pleine
liberté. Dans ce sens,
l'école sicilienne était une
tentative de créer une
culture universelle et
spirituelle, en ce qui
concernait les religions,
mais manifeste, sans
conditions ni, encore
moins, de subordination.
 La langue dans laquelle
les poésies sont écrites
est le Sicilien Illustre :
une langue ennoblie par
la comparaison constante
avec les langues de cour
de l'époque: le latin et
provençal ou langue d'oc,
différente du français qui
à cette époque était
appelée la langue d’oïl.
 Le renouveau
linguistique et poétique a
aussi une cause
politique : Frédéric est en
opposition ouverte avec
l'Eglise, qui utilise le
latin dans ses écoles et
qui déteste l'empereur
« antéchrist» ainsi que
les hérétiques arabes
dont il s'entoure.
 Frédéric, né au sud de
l'Italie (Jesi, Marches) a
passé en Sicile la plupart de
ses jours ce qui l'a peut-être
éloigné des préjugés
linguistiques à l'égard du
parler local qui jusque là
avaient banni la langue
romane du panorama
littéraire italien. Le contact
avec la société sicilienne,
riche des traditions
arabe, gréco-byzantine,
juive et française de ses
minorités encourage son
éclectisme culturel et son
désir d'expérimentation.
 La grande considération
qu'il leur accorde semble se
refléter dans la richesse de
la koinè sicilienne (koinè =
langue commune
permettant la
communication entre les
locuteurs de différentes
dialectes), crée pour
l'occasion par la fusion de
nombreux dialectes
insulaires, qu'il soutient
activement : il parle
couramment six langues,
s'occupe de philosophie et
de sciences naturelles que
ses dignitaires arabes lui
apprennent.
 Les poètes de cette école poétique ont composé leurs
poèmes entre 1230 et 1250 ; leurs poésies ont contribuer
à l’histoire de la littérature italienne en faisant émerger
la langue nationale italienne. Ils ont eu une influence
remarquable sur la production culturelle des villes
gibelines(ou favorables à l’empereur) de l'Italie
centrale - comme Bologne, où il a vécu
Guido Guinizzelli, père du « Dolce Stil Novo » qui fut
influencé par la poésie sicilienne et qui influencera à
son tour les écrivains tel que Dante et Petrarca.
 Ils s’intéressent au « fin amor » (amour courtois).








De la mia disianza:
De la mia disianza
c’o penato ad avire
mi fa sbaldire - poi ch’i’ nò
ragione,
Che m’à data fermanza
com’io possa compire
lu meu placire - senza one
cagione,
a la stagione - ch’io l’averò ‘n
possanza.
 Cette poésie, ainsi que la
prochaine semblent avoir été
écrite par l’empereur lui-même.
 Le thème courtois de la
séparation des amants (comme
dans "Dolze meo drudo", par
Frédéric), à qui le Moyen Âge
dédie le genre lyrique populaire
des aubes, la cour serrée que
l'amant des contrastes fait à la
dame qui cherche à se soustraire
à ses avances, sont des motifs
fréquents dans la poésie
sicilienne : la dialectique du
droit qui passionne les
médiévaux, se traduit encore une
fois en débat amoureux.
 Dolze meo drudo, e vaténe!
 meo sire, a Dio
 De plus, les Croisades ne
manquent pas d'inspirer
l'école: le départ du croisé
et l'adieu à sa bien-aimée
figurent dans le répertoire
courtois, que les siciliens
admirent : peu avant
l'école, Frédéric était
revenu de Palestine où il
avait remporté la couronne
de Jérusalem (1229).
Paroles de la femme de
Frédéric (mots d'origine
française en italique) :







t'acomando,
che ti diparti da mene
ed io tapina rimanno.
Lassa, la vita m'è noia,
dolze la morte a vedere,
ch'io non penso
mai guerire
membrandome fuor
di gioia.
(...)
 Dolce mia donna,
 À qui répond
l'empereur:
 Le rapport entre les
amants ne peut
qu'augmenter avec la
distance, c'est la dame
qui a les clés de son
cœur: mais au moment
de partir, il la
voit dismagare, pâlir,
car cette tapina,
malheureuse, ne
saurait se consoler sans
la "joie" qu'il lui donne.







lo gire non è per mia
volontate,
ché mi conviene ubidire
quelli che m'ha 'n potestate
Or ti conforta s'io vado,
e già non ti dismagare,
(...)
Lo vostro amore mi tene
e hami in sua segnoria.
 La fondation de l'école
porte la signature de
Giacomo da Lentini, un
des notaires les plus
proches de l'empereur,
qui aurait encouragé ses
aspirations poétiques :
c'est à lui qu'on attribue
l'invention du sonnet,
genre destiné à connaître
un succès inconnu par
toutes les autres formes
poétiques.
 Caractère du sonnet sicilien
 L'aboutissement de ce processus
d'évolution du modèle italien, qui, en
passant par la chanson va rapprocher la
poésie de la prose, est le sonnet,
invention de Giacomo da Lentini
destinée à une grande longévité. Divisé
logiquement en deux quatrains (où l'on
pose un problème ou question avec la
rime abab / abab) et deux tercets (qui
marquent la conclusion et donnent la
solution à la question posée au début:
cdc dcd), la brièveté et la souplesse
d'expression du sonnet sicilien
annonce déjà la poésie du vingtième
siècle (hermétisme et modernisme).
On notera cependant l'influence du
modèle thèse / contre-thèse (huitain)
et démonstration-synthèse (sixain) de
la grande tradition juridique
médiévale

Amor è un desìo che ven da core


Amor è un[o] desio che ven da
core
per abondanza di gran piacimento;
e li occhi in prima genera[n] l’amore
e lo core li dà nutricamento.
Ben è alcuna fiata om amatore
senza vedere so ’namoramento,
ma quell’amor che stringe con furore
da la vista de li occhi à
nas[ci]mento.
 L’amour est un désir qui vient du









Che li occhi rapresenta[n] a lo core 
d’onni cosa che veden bono e rio,

com’è formata natural[e]mente;
e lo cor, che di zo è concepitore,
imagina, e piace quel desio:
e questo amore regna fra la gente.



cœur.
L’amour est un désir qui vient du cœur
Pour abondance de grand plaisir
Et les yeux en premier génèrent l’amour
Et le cœur leur donne nourriture.
Il est vrai que certains amoureux
Ne voient pas leur amour
Mais cet amour qui te prend avec fureur
Vient de la vue de la femme aimée
Et les yeux démontrent au cœur
Les qualités bonnes et mauvaises
De chaque chose qu’ils voient comme
dans la nature
Et le cœur qui l’accueille
Imagine, et cela lui plait, le désir
C’est ça l’amour qui règne parmi les gens.
 Io m'aggio posto in core a Dio
servire,
 com'io potesse gire in paradiso,
 al santo loco, c'aggio audito dire
 o' si mantien sollazzo, gioco e riso.
 Sanza mea donna non vi voria gire
 quella c'à blonda testa e claro viso
 ché sanza lei non poteria gaudere
 estando da la mia donna diviso.
 Ma no lo dico a tale intendimento
 perch'io pecato ci volesse fare;
 si non vedere lo suo bel portamento
 e lo bel viso e 'l morbido sguardare:
 ché 'l mi teria in gran consolamento,
 veggendo la mia donna in ghiora
stare.
 J'ai promis à mon cœur de servir













Dieu
afin je puisse aller au Paradis
au sacré lieu où j'ai entendu dire,
qu'on plaisante et joue et rit tout le
temps.
Mais je n'irais point sans ma femme
celle à la tête blonde et au visage
clair
car je n'y pourrai jouir sans elle
séparé comme je serai de ma femme
Mais je ne dis pas ça au sens
d'y vouloir pécher avec elle;
mais de voir sa belle allure,
et son beau visage et doux regard:
parce que ça me donnerait si grand
confort
de voir ma femme comblée de gloire.
 Chi non avesse mai veduto foco





 Qui n’a jamais vu le feu
 Ne pense pas qu’il puisse bruler
[C]hi non avesse mai veduto foco  Sa lumière lui semblerait quelque chose
no crederia che cocere potesse,
de gai et de joyeux quant il le verrait.
anti li sembraria solazzo e gioco
lo so isprendor[e], quando lo
vedesse.
 Mais s’il le toucha dans certain point
 Il comprendrait que cela brule
Ma s’ello lo tocasse in alcun loco,
énormément
belli se[m]brara che forte cocesse:
 Ce (feu) d’amour m’a touché à peine,
quello d’Amore m’à tocato un poco,
 Me brule énormément - Oh mon Dieu
molto me coce - Deo, che
faites qu’il prenne
s’aprendesse!
 Qu’il prenne à vous, ma madonne
Che s’aprendesse in voi, [ma]donna  Que vous me fassiez croire de me
donner la joie avec l’amour
mia,
che mi mostrate dar solazzo amando,  Mais vous me donnez seulement peines
e voi mi date pur pen’e tormento.
et tourments
 Il est sur que l’amour fasse une chose
Certo l’Amor[e] fa gran vilania,
assez vilaine
che no distringe te che vai gabando,  Parce qu’il ne te lie pas toi qui te moque
a me che servo non dà isbaldimento.
de moi à moi qui te suis esclave non par
délice.
 Cielo d'Alcamo mérite une place
particulière, étant donné le
caractère comique de son
Contrasto Rosa Fresca
Aulentissima, parodie des
maniérismes de l'école, de l’amour
courtois et triomphe de ce goût
populaire et réaliste que la poésie «
haute » de Frédéric semblait avoir
supprimé.
 Le contrasto est une composition
sous forme de dialogue, souvent
entre deux amoureux mais aussi
avec d’autres personnes, sur un ton
généralement enjoué et réaliste,
entre des choses, comme la rose et
la violette, entre des abstractions,
comme la Vie et la Mort, la jeunefille et le démon. Dans le contrasto,
les répliques du dialogue sont
reprises par l’autre comme des
attaques ou des reproches.
I
«Rosa fresca aulentis[s]ima ch'apari inver' la
state
le donne ti disiano, pulzell' e maritate;
tràgemi d'este focora, se teste a bolontate;
per te non ajo abento notte e dia,
penzando pur di voi, madonna mia.»
II
«Se di meve trabàgliti, follia lo ti fa fare.
Lo mar potresti arompere, a venti asemenare,
l'abere d'esto secolo tut[t]o quanto
asembrare
avere me non pòteri a esto monno;
avanti li cavelli m'aritonno.»








III
«Se li cavelli arton[n]iti, avanti foss'io morto,
ca'n is[s]i [sì] mi pèrdera lo solacc[i]o e 'l
diporto .
Quando ci passo e véjoti, rosa fresca de
l'orto,
bono conforto donimi tut[t]ore:
poniamo che s'ajunga il nostro amore.»





Rose fraiche et odorante, femme qui entre
dans la jeunesse, toutes les femmes, les
célibataires et les mariées te flattent. Sauvemoi de ce feu si c’est ta volonté; à cause de toi
je n’ai plus de repos ni la nuit, ni le jour,
parce que je pense seulement à vous oh ma
madone.
II
Tu souffres pour moi, parce que tu es touché
par la folie
Tu pourrais rompre la mer, semer les vents
Ramasser toutes les richesses de ce siècle
Jamais tu ne pourras m’avoir dans ce monde
Plutôt je me coupe les cheveux (= je rentre au
couvent)
III
Si tu te coupes les cheveux , mieux vaut
mourir pour moi
Parce que en te faisant nonne, je perdrais
mon plaisir et mon bonheur
Quand je passe sous tes fenêtres et je te vois,
rose fraiche de jardin
À chaque heure tu me donnes un bon
confort;
Faisons en sorte que notre amour se
conjugue
 Rosa Balistreri née à Licata en
1927. Elle vécut l’expérience de
l’émigration pendant 20 ans à
Florence, après quoi elle alla
vivre à Palerme. Elle commença
comme chanteuse dans un
spectacle de Dario Fo. Elle écrivit
un grand nombre de chansons
dont certaines avaient été
apprises pendant son enfance
sicilienne. Elle mourut à Palerme
en 1990 et en 2008, un spectacle
fut organisé à Catane en son
honneur auquel participèrent de
nombreux chanteurs parmi
lesquels Carmen Consoli etc.
 Franco Battiato est un des plus
grands auteurs compositeurs
italiens et siciliens. Il est né à
Riposto le 23 mars 1945. Il est aussi
registre, musicien, acteur et peintre.
Après avoir fini ses études, il
déménage à Milan afin de tenter de
se lancer dans une carrière
musicale. Il se dédie à l’étude
approfondie de la musique et du
violon en particulier et entre-temps
il continue son initiation spirituelle
et il s’intéresse en particulier aux
religions orientales. Le succès arrive
finalement en 1981 avec la chanson
« la voce del padrone ». un de ses
succès les plus évidents est la
chanson « Bandiera bianca » qui a
de clairs allusions au monde
politique. Ce ne sont pas seulement
sa musique, mais aussi ses textes
qui reflètent ses intérêts multiples
parmi lesquels l’ésotérisme, la
philosophie, la mystique sufi et la
méditation orientale.

Rara la vita in due... fatta di lievi gesti,
e affetti di giornata... consistenti o no,
bisogna muoversi... come ospiti... pieni di premure
con delicata attenzione... per non disturbare
ed è in certi sguardi che... si vede l'infinito
Stridono le auto... come bisonti infuriati,
le strade sono praterie...
accanto a grattacieli assolati,
come possiamo... tenere nascosta... la nostra intesa
ed è in certi sguardi... che s'intravede l'infinito
Tutto... l'universo... obbedisce... all'amore,
come... puoi tenere... nascosto... un amore.
ed è così... che ci trattiene... nelle sue catene,
tutto... l'universo... obbedisce... all'amore

Rare est la vie à deux … faite de gestes légers.

Et tendresses de journées … consistantes ou non

Il faut bouger… comme des hôtes … plein d’attention

Avec une attention délicate … pour ne pas déranger

Et c’est dans certains regards… que l’on voit l’infini

Les autos freinent … comme des bisons furieux.

Les rues sont des prairies… à coté des gratte-ciels
ensoleillés

Comment pouvons-nous … cacher… notre entente

Et c’est dans certains regards … que l’on entrevoit
l’infini.
Come possiamo... tenere nascosta... la nostra intesa 
ed è in certi sguardi... che si nasconde l'infinito

Tutto... l'universo... obbedisce... all'amore
come... puoi tenere... nascosto... un amore,
ed è così... che ci trattiene... nelle sue catene
tutto... l'universo... obbedisce all'amore...
(obbedisce all'amore)
Tout l’univers…. obéit … à l’amour
Comment… peux-tu …cacher … un amour

Et c’est ainsi que tu nous retiens dans ses chaines

Tout l’univers…. obéit … à l’amour

…….




Etta Scollo – née à Catania en 1958, après une tentative
d’études universitaires, elle décide de se dédier
complètement à la musique. Elle devient très connue
surtout dans les pays de langue allemande. En 2005, elle
publie l’album Canta Ro’ en hommage à la chanteuse
folk sicilienne Rosa Balistreri dont elle est grande
admiratrice et en 2007 elle participe avec Franco
Scaldati et Enrico Stassi au récital intitulé : « Ma vie, je
voudrai l passer en chantant » qui est un hommage à
Ignazio Buttitta.
« Il fiore splendente » (=la fleur resplendissante) est un
projet poético-musical de Etta Scollo inspiré à
l’anthologie des poètes arabes de Sicile qui y vécurent
entre le IX° et le XI° siècle. Partant des images oniriques
et luxurieuses, raffinées et délirantes, qui parle de
l’amour que le plus grand de ces poètes éprouve pour sa
magnifique Sicile, qui ressemble au paradis perdu dont
le poète n’a au moment de la composition de ces
poésies qu’un vague souvenir et d’immenses
souffrances, Ibn Hamdis veut nous transmettre l’idée
d’un pont imaginaire qui relierait le passé au présent
« Ces images, tellement lointaines qu’elles semblent
être des illusions mais qui s’éclosent comme des fleurs
dans la maille des vers de cette époque-là.
Etta Scollo a mis en musique certaines poésies arabes
de Sicile dans la traduction d’importants poètes italiens
et elle a en ce qui concerne ce récital, la collaboration
d’un important poète tunisien – Moncef Ghachem qui
récitera en arabe les textes originaux.
Actuellement, elle vit entre Catane et Berlin.
Combien de temps durera mon exil
Texte: Ibn Hamdis
 Combien de temps durera mon exil,
mes amis, malhereusement,
comme mes ennemis,
me laissent mourir de soif,
les lèvres rouges et gonflées,
et en buvant me font oublier toutes
les autres eaux
et réduisent tous mes espoirs à néant.
Il y a des poisons
qui infligent plus que de la souffrance.
je suis trop faible
et on devine trop facilement
toutes mes mauvaises excuses.
 Te voilà, mon oeil,
toi mon oeil qui a tout vu à travers
un rideau de larmes,
ravi de ton regard perdu de l‘aube à la
nuit.
Et mon corps
ne jette pas d‘ombre parmi les ombres,
et la pluie ne peut assouvir l‘aridité,
et toi traître ma lumière
qui veut éteindre ma ferveur
et ferme à la sage clarté du verbe qui dit:
seul celui qui s‘y est perdu craint
l‘absence,
essence du désert.
à moi, pour me repousser.

 Corro con te ~ Je cours avec toi
 Poésie: Ibn Hamdis + Version:


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


Alfredo Giuliani
Musique: Etta Scollo, Peter
Hinderthür
Je cours avec toi au-devant de tes
vingt ans
et entre nous s’ouvre cette étendue
de trente ans
qui, dit-on, avance pour l‘homme à
reculons.
Si telle doit être la bonne direction
je continuerai à courir avec toi à
reculons.
Je saisis le désir me traînant
sur les yeux et sur le nez.
 Carmen Consoli
 Née près de Catane en 1974,
elle est une chanteuse
compositrice italienne
surnommée la chanteresse.
Très jeune, elle commence à
travailler sur les instruments
de la tradition populaire. Elle
commence à devenir
populaire en 1996 et son style
est rock à ce moment-là. Elle
fera quand même des tas
d’expériences dans d’autres
genres musicaux, parmi
lesquels des chansons en
sicilien et des chansons où
l’arabe, le français et l’italien
sont mélangés.




Marie ti amiamo
(music by F.B. and C.Consoli / lyrics by F.B., C.Consoli and  Traduction des parties en Arabe et en
Italien
M.Sgalambro)
'andu ma tasfa as-sama' tata'ttar al-basatin bi-al-ward wa- Arabe à peine le ciel se réveille, les jardins
al-yasmin1
profument de fleurs d’oranger et de
jasmin.
Marie a déjà oublié toutes les chansons de Noël
mon Dieu qu'est ce qu'elle a fait elle a déjà péché



qualcuno dice che gli elicotteri spaventano gli uccelli
che stiamo diventando indifferenti e senza più sensibilità



Marie a déjà oublié toutes le mauvaises pensées
mon Dieu qu'est ce qu'elle a fait elle a déjà tué




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



quelqu’un dit que les hélicoptères font
peur aux oiseaux. , qu’on est en train de
devenir indifférents et sans plus de
sensibilité
Arabe
à peine le ciel se réveille les jardins se
parfument de fleurs d’orangers et de
jasmin
a notte il corpo della luna incanta ma io l'ignoro
Italien La nuit le corps de la lune enchante
appena il cielo si sveglia
mais moi j’ignore quand le ciel se
profumano i giardini di zagare e gelsomini
réveille , les jardins se parfument de
codici smarriti linguaggi segreti codici smarriti come stai?
fleurs d’oranger et de jasmin. Code
perdu langage secret , code perdu .
Comment vas-tu?
Marie a déjà souffert toutes les peines de l'enfer
on va lécher ses pieds
Italien Conserve la mémoire de tes racines
elle a tué sa mère
oh Marie je t'aime Marie on t'aime


Italien
conservi memoria nelle tue radici
1‫والياسمين‬
‫عند ما تصفا السماء تتعطر البساتين بالورد‬
 Milagro Acustico est un ensemble musical fondé à
Rome en 1995 par Bob Salmeri. Ses caractéristiques
principales sont la recherche de thèmes et de sonorités
du bassin méditerranéen. En mixant souvent la
poétique médiévale avec des thèmes de l’actualité
comme l’immigration et le monde des sans-papiers, en
cherchant des parallélismes entre Orient et Occident
de hier et d’aujourd’hui, comme nous pouvons le
constater dans leur dernier travail publié en 2011 dédié
à deux poètes contemporains : le Turc Nazim Hikmet
et le Sicilien Ignazio Buttitta. Les musiciens, tous poliinstrumentistes, utilisent les instruments acoustiques
de la tradition Moyen-orientale et de l’Italie du Sud.
 SIQILIAH
Terra d’Islam - Viaggiatori e Poeti
Arabi di Sicilia - 2005
 Voilà le titre d’un CD du groupe
dans lequel ils nous font revivre
les pages moins connues de la
Sicle islamique, à la recherche de
racines en commun qui ont fait
de l’ile un exemple de tolérance,
de connivence entre les
différentes culture set religions.
Le projet de ce groupe s’inspire
aux poèmes des poètes arabes qui
vivaient en Sicile pendant la
domination islamique dans l’ile
 Poésie, musique, dance et récits
de voyages de l’époque se
mélangent dans une suggestive
harmonie aux fortes saveurs
orientales ou les instruments
sont en prédominance orientaux.
 Et pour conclure, nous voudrions
rendre hommage à un chanteur
compositeur de notre temps , né à
Bologne et bolognais dans l’ame, mais
qui avait choisi les pentes de l’Etna
comme terre d’adoption: Lucio Dalla
est mort le mois dernier et nous laisse
un patrimoine de chansons qui sont
aussi des poésies.
 Nous avons choisi pour vous la
chanson : « 4 marzo » – date de sa
naissance, mais aussi date de son
enterrement.
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Dice che era un bell’uomo e veniva,
veniva dal mare
parlava un’altra lingua,
però sapeva amare
e quel giorno lui prese a mia madre
sopra un bel prato
l’ora più dolce prima di essere ammazzato
Così lei restò sola nella stanza,
la stanza sul porto
con l’unico vestito ogni giorno più corto
e benché non sapesse il nome
e neppure il paese
mi aspettò come un dono d’amore fin dal primo mese
Compiva 16 anni quel giorno la mia mamma
le strofe di taverna,
le cantò la ninna nanna
e stringendomi al petto che sapeva,
sapeva di mare
giocava a fare la donna con il bimbo da fasciare.
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On dit que c’était un bel homme et qu’il venait,
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Venait de la mer
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Il parlait une autre langue
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Mais il savait aimer
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Et ce jour-là il prit ma mère
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Sur un beau pré
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L’heure plus belle avant d’être assassiné
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Ainsi elle resta seule dans la chambre,
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La chambre du port
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Avec une seule robe, chaque jour plus courte
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Et bien qu’elle ne connut pas son nom
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Et non plus le pays d’où il venait
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Elle m’attendit comme un don d’amour à partir du premier
mois.
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Elle fêtait ses 16 ans ce jour-là ma maman
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Les refrains de taverne
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Elle les chanta comme berceuse
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Et en me serrant contre son sein qui goutait
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Goutait de mer
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Elle jouait à être femme avec un bébé à langer
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E forse fu per gioco o forse per amore
che mi volle chiamare come nostro Signore
Della sua breve vita il ricordo più grosso
è tutto in questo nome
che io mi porto addosso
E ancora adesso che gioco a carte
e bevo vino
per la gente del porto
mi chiamo Gesù bambino
ancora adesso che gioco a carte e bevo vino
per la gente del porto
mi chiamo Gesù bambino
e ancora adesso che gioco a carte e bevo vino
per la gente del porto
mi chiamo Gesù Bambino
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Et ce fut peut-être par jeu ou par amour
Qu’elle voulut m’appeler comme notre
Seigneur
De sa brève vie, le souvenir le plus important
Se trouve tout dans ce nom
Que j’endosse
Et même maintenant que je joue au cartes et
que je bois du vin
Pour les gens du port
Je m’appelle Bébé Jésus
Et même maintenant que je joue au cartes et
que je bois du vin
Pour les gens du port
Je m’appelle Bébé Jésus
Et même maintenant que je joue au cartes et
que je bois du vin
Pour les gens du port
Je m’appelle Bébé Jésus