Transcript Amish

L'un des peuples les plus doux et les plus pacifiques
de la terre, celui des Amish, habite le comté de
Lancaster, en Pennsylvanie, à quelques heures de
voiture de New York.
Il y a environ 150.000 Amish en Amérique du Nord et
ils vivent comme leurs ancêtres du 17e siècle.
Les Amish sont d'origine européenne. Leurs ancêtres
venaient, pour la plupart, d'Allemagne et de Suisse
d'où ils furent chassés et bannis à cause de leurs
croyances religieuses.
Ils ont répondu, à l'époque, à l'invitation généreuse de
William Penn, fondateur de l'Etat de Pennsylvanie et
patriarche des protestants Quakers.
William Penn
C'est l'évêque suisse Jacob Amann qui a donné son
nom aux Amish lorsqu'il a décidé de réformer et de
purifier les préceptes du protestantisme en introduisant
de nouvelles règles encore plus sévères, dont
l'exclusion de toute personne qui ne se conformait pas
à la discipline religieuse et à l'éthique de la
communauté.
Aujourd'hui, rien n'a changé ou presque.
Tous les membres de la communauté ont un nom
biblique. Les hommes portent la longue barbe
patriarcale. Ils sont vêtus de bure noire grossière et
d'un large chapeau également noir. Les femmes n'ont
pas le droit d'être habillées de robes avec des boutons
car ceux-ci sont assimilés à des bijoux. Alors elles
utilisent des agrafes pour fermer leurs vêtements, très
simples et attacher leurs tabliers.
Parce qu'ils mènent une vie rude et saine avec
beaucoup de travail manuel aux champs et aussi
parce qu'ils ne consomment que des aliments sains,
sans alcool ni tabac, les Amish jouissent d'une
excellente santé. Le plus frappant est leur maintien. Ils
sont droits, fiers, minces, haut dans leur allure et ceci
contraste considérablement avec le laisser-aller et
l'obésité qui sévissent en général chez le peuple
américain.
Ils parlent une langue curieuse faite d'un mélange de
bernois, d'alsacien, de hollandais, de palatin et de
haut-allemand, qu'on appelle aujourd'hui le
Pennsylvania Dutch. Les autorités américaines n'ont
pas réussi jusqu'à ce jour à faire interdire
l'enseignement de la langue des Amish dans leurs
écoles, pour la remplacer par l'anglais obligatoire. Et
c'est tant mieux.
Les habitations des Amish sont de toutes petites
maisons sans le moindre confort moderne, où il n'y a
ni eau courante, ni électricité, puisque leur religion
l'interdit. Lorsque la famille ou le groupe se rassemble
sous la quiétude, la douceur, la paix qui règne autour
du halo des lampes à huile, c'est toute l'ambiance des
tableaux de Vermeer qui reprend soudainement vie.
Les intérieurs des maisons sont très colorés et souvent
recouverts de peaux de brebis ou de pièces tissées.
Les murs sont souvent peints de couleurs vives. Tout
est en bois, simple, rustique et fonctionnel.
Le plastique fait partie des objets interdits. Seuls les
matériaux naturels et non usinés sont permis. Le
matelas des lits sont remplis de paille que l'on change
deux fois par année.
Les Amish sont regroupés en petites communautés.
Une communauté regroupe environ 35 à 40 familles,
soit 250 à 300 personnes, sous l'autorité d'un
patriarche. Un espace géographique de petite taille
favorise la cohésion du groupe. Dans chaque ferme
vivent ensemble quatre à cinq générations: des petitsenfants aux arrière-grands-parents. Chaque couple a
en moyenne 10 enfants.
Le système est quasiment autarcique. Par exemple,
les Amish refusent la sécurité sociale parce qu'ils
considèrent qu'il n'est pas souhaitable d'être assisté
par l'Etat. En revanche ils sont partiellement exemptés
de taxes et d'impôts. Le premier souci de l'individu ou
du groupe est de réfléchir si telle ou telle chose est
indispensable au bon déroulement de l'existence. Si la
réponse est non et c'est souvent le cas parmi tout ce
que peut offrir notre civilisation de consommation, ils
rejettent purement et simplement l'objet ou le service.
Leurs activités sont essentiellement artisanales et
agricoles. Leurs outils ont une apparence ancestrale,
mais maniés avec fermeté, rigueur, courage, habileté
et patience. Ils permettent d'aboutir à d'excellents
résultats. Les Amish refusent l'électricité car tirer une
ligne jusqu'à leur maison serait la porte ouverte au
monde factice des images, du son, de la facilité.
Chez les Amish le cheval est un compagnon vénéré et
indispensable. Certes, on sourit de les voir se déplacer
dans leurs carrioles à cheval, si incongrues dans le flot
des voitures américaines modernes. Mais, au vu des
embouteillages locaux, ils circulent aussi vite que
l'homme moderne. Et ils polluent moins. L'odeur du
crotin est certes plus "précise" que celle de l'oxyde de
carbone mais elle est sûrement moins néfaste à
l'environnement et à la santé.
Il faut emprunter les petits chemins qui parcourent la
campagne du comté de Lancaster. Tout y est soigné.
La terre est entretenue avec amour et respect. Les
hommes, absorbés par leurs tâches, déploient une
force, une ténacité, une constance remarquables. Ils
sont courbés sur leur ouvrage et ne se laissent
distraire par rien. Ils labourent, piochent, creusent,
sèment, bêchent, avec le plus admirable acharnement.
Les Amish ne font pas de prosélytisme religieux. Ils ne
cherchent aucunement à convertir qui que ce soit. Si
d'aventure quelqu'un veut embrasser leur religion, ils
lui donneront un râteau et lui demanderont d'étendre
du fumier sur un labour fraîchement retourné.
Ah! Si seulement toutes les religions avaient cette
sagesse et ce respect des humains.
Les Amish ne composent pas une secte mais une
communauté. Chez eux, il n'y a pas d'endoctrinement.
D'ailleurs, ils se méfient de la parole car, étant des
non-violents et des pacifistes, ils considèrent le verbe
comme le premier vecteur possible d'agression. Leur
seule prédication est celle de l'exemple. Cette vertu de
l'exemple est le pilier essentiel de l'éducation que les
Amish servent à leurs enfants qui sont toujours
propres, polis, courtois et d'une éducation exquise.
AU REVOIR …