Analyse du croquis de David Olère, Le Krematorium III

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Transcript Analyse du croquis de David Olère, Le Krematorium III

Analyse du croquis de David Olère, Le Krematorium III, 1945
Art visuel (Arts, techniques et expressions)
L’auteur :
David Olère est un peintre-sculpteur polonais juif qui a été déporté en 1943 dans le
camp d’Auschwitz-Birkenau. Il y eut une fonction de Sonderkommando
(Sonderkommando : commando spécial chargé de l’évacuation des corps hors des
chambres à gaz, de la récupération des objets de valeur et de l’incinération des
corps), fonction qui lui permit de voir toutes les horreurs commises par les nazis dans
les chambres à gaz souvent très proches des fours crématoires.
Après l’évacuation du camp en janvier 1945, il fit à la hâte ce croquis représentant un
des crématoriums du camp, le numéro III.
L’œuvre :
Ce croquis est l’œuvre de David Olère. Les dimensions sont inconnues. Il a été réalisé
sur papier au crayon noir et date de 1945, peu de temps après l’évacuation du camp
et la très célèbre marche de la mort. Il lui était en effet impossible de réaliser ses
dessins sur place. Le lieu de conception de ce croquis demeure lui aussi inconnu.
Cette œuvre représente un des symboles du camp d’Auschwitz-Birkenau : le
Krematorium III. C’est à cet endroit que l’on gazait les inaptes au travail pour les
brûler ensuite.
Le dessin réalisé par Olère est d’une précision d’architecte. En effet l’échelle et les
proportions sont incroyablement précises. Cela est d’ailleurs vérifiable grâce à une
photo du même bâtiment prise par un soldat SS en 1944.
Aujourd’hui, la plupart des installations du camp ayant été détruites par les
allemands, ce croquis fait office de témoignage et surtout de preuve de l’existence
des fours crématoires.
Le contexte historique :
Cette œuvre a été réalisée en janvier 1945. Les Allemands savent que la guerre est
perdue. Ils sont pris en tenaille sur les fronts est (soviétiques) et ouest (angloaméricains). Les déportations de juifs sont terminées. Elles ont duré 4 ans (été 41 à
hiver 45). Les russes sont déjà en Pologne et ont libéré les prisonniers des différents
camps polonais (Sobibor, Treblinka…).
En janvier 1945, les allemands évacuent le camp d’Auschwitz et se dirigent vers
l’ouest. C’est après cette fameuse marche de la mort que David Olère fait cette
esquisse.
Ce dessin ne représente aucun événement daté. Cependant, nous pouvons penser
qu’il s’agit d’une exécution de masse durant l’année 1943 puisque David Olère arrive
au camp durant cette année. De plus, la voie ferrée accédant directement au
Krematorium n’est achevée qu’en 1944 (cf. petite camionnette).
L’artiste se trouve donc dans la période la plus meurtrière de cette catastrophe, cette
Shoah).
L’analyse :
Cette œuvre malgré sa simplicité est d’une grande qualité. Olère a fait ce croquis de
mémoire et il s’avère après étude qu’il est très proche de la réalité. L’échelle et les
détails architecturaux sont respectés. Le tracé est nerveux et assez précis.
Au premier plan, nous voyons deux soldats allemands qui sont dessinés avec des
traits droits, rigides. Ils paraissent solides. Ils encadrent la foule.
Ensuite on observe une longue file humaine composée certainement des gens
inaptes au travail (vieillards, femmes et enfants). Ces personnes sont dessinées avec
un trait de crayon plus souple. Elles sont courbées.
Au second plan, on voit le K III. C’est lui qui prend le plus d’espace sur ce croquis. Il
est entouré de fils barbelés. Il est imposant. Sur la droite, on observe un grand bac
rempli de charbon. Dans le bâtiment, des chambres à gaz ont été installées ainsi que
des fours crématoires pour brûler les corps. Une épaisse fumée noire sort de sa
cheminée. Cette fumée semble s’étendre sur tout le paysage alentour. En effet, les
sapins et le bâtiment sont recouverts de suie. Cette suie, c’est celle des corps brûlés.
A côté du Krematorium, on retrouve deux véhicules. Une petite camionnette avec
une croix rouge. C’est la voiture qui emmène le ZYKLON B, gaz mortel. L’autre
véhicule sert à amener les personnes n’ayant pas la possibilité de marcher.
C’est une scène d’horreur que nous a dessiné David Olère. Il nous a fait un instantané
du moment précédent la mort de ces déportés.
L’interprétation :
Le dessin de David Olère est un témoignage assez exceptionnel de la réalité des
camps. Son dessin est sombre. Seul le crayon noir est utilisé. Le gris et noir
permettent au spectateur d’imaginer toutes les souffrances qu’ont subies les victimes
des camps et les atrocités commises par les Nazis dans les camps d’extermination.
Cette scène nous permet presque de ressentir la peur qui a pu s’emparer des
prisonniers. C’est une ambiance morbide.
Ce croquis est certainement un moyen de faire revivre la mémoire de toutes les
personnes exterminées dans les chambres de la mort. C’est aussi une véritable
preuve de la réalité du génocide juif au travers des chambres à gaz.