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Déclarations officielles de politique étrangère du 06 novembre 2014
1 - Point de presse du porte-parole - Climat/Entretien de M. Fabius avec M. Nicholas Stern UE/Entretien de M. Désir avec M. Maros Sefcovic, vice-président de la Commission chargé de l'union
énergétique - Climat/Préparation de la COP 20/Déplacement au Venezuela de Mme Girardin - Burkina
Faso - Jérusalem/Attaque terroriste - Tunisie/Attaque contre un convoi militaire - Chine/Quatrièmes
rencontres franco-chinoises de la coopération décentralisée - MAEDI/Ambassadeurs thématiques Conférence «Paris Climat 2015»/Budget
Au point de presse de ce jour, le porte-parole a fait les déclarations et répondu aux questions suivantes :
1 - Climat - Entretien de M. Laurent Fabius avec M. Nicholas Stern (Paris, 6 novembre 2014)
M. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du Développement international, recevra cet après-midi M.
Nicholas Stern, économiste du climat, professeur à la «London School of Economics and Political Science» et auteur
d'un rapport de référence en 2006.
Cet entretien s'inscrit dans le cadre de la préparation de la conférence «Paris Climat 2015».
Il sera notamment l'occasion d'évoquer les deux enjeux fondamentaux de la conciliation entre croissance et protection
de l'environnement, notamment dans les économies émergentes, et du financement de la lutte contre le dérèglement
climatique. Ce sujet avait été l'objet d'un rapport du groupe consultatif de haut niveau des Nations unies en 2010,
dont M. Stern était membre.
2 - Union européenne - Entretien de M. Harlem Désir avec M. Maros Sefcovic, vice-président de la Commission chargé
de l'union énergétique (Paris, 6 novembre 2014)
M. Harlem Désir, secrétaire d'État chargé des Affaires européennes, s'est entretenu aujourd'hui avec M. Maros Sefcovic,
vice-président de la Commission chargé de l'union énergétique, qui a choisi Paris pour son premier déplacement en
Europe depuis sa prise de fonction le 1er novembre.
Bâtir l'Europe de l'énergie est le plus grand projet européen pour les prochaines années. Ce projet est vital pour la
sécurité énergétique de l'Europe, la transition énergétique et la lutte contre le dérèglement climatique.
MM. Désir et Sefcovic ont salué l'accord ambitieux sur le cadre européen pour l'énergie et le climat à l'horizon de
2030, auxquels sont parvenus les chefs d'État ou de gouvernement les 23 et 24 octobre. Ils ont également abordé sa
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mise en oeuvre législative, de manière à permettre à l'Union européenne de jouer pleinement son rôle dans la
préparation de la conférence «Paris Climat 2015», que la France accueillera en fin d'année prochaine.
Cet échange a également permis d'aborder la question de la sécurité énergétique de l'Europe et des grands
investissements nécessaires dans les prochaines années dans les réseaux énergétiques. La France souhaite que les
enjeux de la transition énergétique trouvent toute leur place dans le programme d'investissement ambitieux de 300
milliards d'euros d'investissements publics et privés sur la période 2015-2017, annoncé par le président de la
Commission et sur lequel des décisions devront être prises avant la fin de l'année.
3 - Climat - Préparation de la COP 20 - Déplacement au Venezuela de Mme Annick Girardin (6-7 novembre 2014)
Mme Annick Girardin, secrétaire d'État chargée du Développement et de la Francophonie, participe aujourd'hui et
demain à Caracas à une réunion ministérielle de préparation de la conférence sur le climat qui se déroulera à Lima du
1er au 12 décembre (COP20).
Cette réunion ministérielle permettra de progresser sur les principaux enjeux de la négociation. La France y rappellera
notamment l'importance d'une capitalisation du «fonds vert» d'ici la fin de l'année. Alors que le GIEC vient de publier
son cinquième rapport, elle encouragera tous ses partenaires à poursuivre leurs efforts de réduction des émissions de
gaz à effet de serre, dont les objectifs devront être présentés au premier trimestre 2015.
Mme Girardin rencontrera à cette occasion des représentants de la société civile internationale. Dans la perspective de
la conférence «Paris Climat 2015», ce sera l'occasion pour la France de souligner l'importance de la mobilisation et de
poursuivre le dialogue avec la société civile après la marche citoyenne de New York.
4 - Burkina Faso
La France soutient les efforts de la communauté des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour faciliter la mise en place
d'une transition civile et consensuelle au Burkina Faso.
Nous saluons la visite à Ouagadougou du chef de l'État ghanéen, président en exercice de la CEDEAO, accompagné de
ses homologues nigérians et sénégalais. Elle a permis de rapprocher les parties, qui se sont accordées sur le cadre de
la transition : la suspension de la constitution devra être levée ; une personnalité civile doit être nommée par
consensus pour présider la transition et un gouvernement de transition être formé pour une période d'un an. Des
élections présidentielles et législatives devront être organisées d'ici novembre 2015.
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La France appuie ce schéma, qui doit permettre au Burkina Faso de sortir de la crise, en conformité avec l'esprit de la
constitution. Elle demande instamment aux parties de poursuivre leurs consultations afin d'aboutir dans les meilleurs
délais à la désignation d'un gouvernement et d'un président de transition.
Nous saluons l'engagement personnel des chefs d'État de la région, qui se réunissent aujourd'hui à Accra, ainsi que la
nomination du président Macky Sall en tant que chef du groupe de contact et représentant de la CEDEAO.
5 - Jérusalem - Attaque terroriste (5 novembre 2014)
La France condamne l'attaque terroriste commise hier à Jérusalem.
Nous exprimons nos condoléances aux proches de la victime et assurons les blessés et leurs familles de notre
solidarité.
Plus que jamais, la dégradation de la situation souligne l'impérieuse nécessité de réaliser des avancées sérieuses en
direction de la paix.
6 - Tunisie - Attaque contre un convoi militaire (5 novembre 2014)
La France condamne l'attaque perpétrée le 5 novembre contre un convoi militaire dans l'ouest de la Tunisie.
Nous exprimons nos condoléances aux proches des victimes. Dans ces circonstances douloureuses, nous assurons les
autorités et le peuple tunisiens de notre solidarité.
Face à la menace terroriste, il est essentiel que la cohésion de la nation tunisienne permette d'achever la transition
démocratique en cours dans le pays.
7 - Chine - Quatrièmes rencontres franco-chinoises de la coopération décentralisée (Strasbourg, 6-7 novembre 2014)
Les quatrièmes rencontres franco-chinoises de la coopération décentralisée franco-chinoise se tiennent cette année à
Strasbourg le 6 et 7 novembre sur le thème de l'innovation et de la coopération en faveur du développement des
territoires.
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Forte de plus de 180 projets entre nos collectivités territoriales, la coopération décentralisée franco-chinoise illustre
le dynamisme des relations entre nos deux pays, qui célèbrent cette année le cinquantenaire de leurs relations
diplomatiques.
Trois ateliers seront organisés sur le développement urbain et rural, le rôle que peuvent jouer les PME-PMI et l'impact
territorial de l'innovation. Pour la première fois cette année, un forum économique associant des entreprises sera
également organisé à l'occasion de cet événement.
Pour plus d'informations :
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/action-exterieure-des/actualites-et-agenda-de-la/a
ctualites-de-la-cooperation/article/4emes-rencontres-franco-chinoises
8 - Ministère des Affaires étrangères et du Développement international - Ambassadeurs thématiques
Q - La commission des Finances a réduit mercredi les crédits des ambassadeurs thématiques, jugeant que l'utilité de
ces postes pose question : quelle est votre réaction ? Combien il y a-t-il d'ambassadeurs thématiques, qui sont-ils et
quels sont les thèmes qu'ils ont en charge ?
R - Il y a actuellement 22 ambassadeurs thématiques, dont 14 sont des agents titulaires du ministère des Affaires
étrangères et du Développement international. 2 sont des agents détachés par d'autres ministères et rémunérés par le
Quai d'Orsay. 6 sont des personnalités extérieures non rémunérées.
Les ambassadeurs thématiques jouent un rôle essentiel : leur nomination répond à la nécessité de coordination et
d'analyse sur des sujets prioritaires pour notre action diplomatique. Ils assurent des missions transversales sur des
thématiques sensibles (droits de l'Homme, environnement, changement climatique, criminalité organisée, etc.), qui
impliquent une présence et une expertise spécifiques dans les instances multilatérales. Nos principaux partenaires
disposent de dispositifs comparables.
9 - Conférence de «Paris Climat 2015» - Budget
Q - La commission des Finances a réduit mercredi de 10 millions d'euros le budget prévu pour la conférence de Paris
sur le Climat 2015 (179 millions), traduisant une volonté de voir alléger la facture de ce sommet pour l'État. Quelle est
votre réaction ?
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R - L'accueil de la conférence «Paris Climat 2015» constitue un événement majeur qui contribuera au rayonnement et
à l'attractivité de notre pays, avec la participation attendue de plusieurs dizaines de milliers de personnes
représentant États, organisations non gouvernementales, entreprises et médias.
Le gouvernement est activement engagé dans la recherche de partenaires privés pour contribuer au financement de
son organisation. M. Laurent Fabius a ainsi reçu le 30 octobre une soixantaine d'entreprises françaises intéressées par
cet événement, qui constituera également une occasion de valoriser nos technologies et notre expertise dans le
domaine du développement durable./.
(fin de l'article)
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2 - Dérèglement climatique - Publication du cinquième rapport du GIEC - Intervention de M. Laurent
Fabius, ministre des Affaires étrangères et du Développement international
Madame la Ministre, Chère Ségolène,
Monsieur le Président du GIEC, Cher Monsieur Pachauri,
Mesdames et Messieurs,
Si la notoriété d'un organisme se mesure à la nécessité ou non d'expliquer ce que signifie son sigle, le GIEC n'a plus
aucun problème de notoriété. En effet, qu'il s'agisse du GIEC en français ou de IPCC en anglais, maintenant tout le
monde ou presque sait de quoi il s'agit. Les rapports successifs du GIEC sont des modèles de probité scientifique qui
combinent la précision de l'analyse et le sens de la synthèse. Ces rapports, et c'est extraordinairement méritoire dans
ce domaine, sont incontestés pour la raison qu'ils se donnent les moyens d'être incontestables.
Je veux rendre hommage au docteur Pachauri, le président du GIEC, au professeur Jean Jouzel, le vice-président et à
tous ceux qui ont participé à ces travaux remarquables. J'avais eu le plaisir d'accueillir au Quai d'Orsay l'an passé le
docteur Pachauri pour la présentation du précédent rapport, je veux saluer tous les membres du GIEC qui sont
aujourd'hui parmi nous.
Je pense que ce cinquième rapport de synthèse du GIEC fera date et sera le fondement scientifique de l'accord espéré
à Paris.
Il nous dit trois choses assez simples et finalement capitales :
- Premièrement, le climato-scepticisme est injustifiable.
- Deuxièmement, le climato-fatalisme est dangereux.
- Troisièmement, le climato-volontarisme est nécessaire.
Le climato-scepticisme, nous l'avons subi pendant des années, y compris en France d'ailleurs, mais la réalité du
dérèglement climatique et de son accélération est désormais une donnée scientifique incontestable. L'influence des
activités humaines est démontrée, il existe un lien direct entre le réchauffement et le cumul des émissions de gaz à
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effet de serre d'origine humaine. Il n'y a plus place aujourd'hui, au plan scientifique, pour le doute à l'égard du
dérèglement climatique.
Le climato-fatalisme est dangereux. Certains ne contestent pas ou plus la réalité du phénomène mais, vous l'entendez
peut-être autour de vous, ils disent «à quoi bon». Ils pensent qu'il n'est plus temps d'agir. C'est une erreur grave car et cela est très bien démontré dans ce rapport - la conséquence du climato-fatalisme, de l'inaction, ce serait un
scénario catastrophe qui pourrait conduire à une hausse de la température mondiale de trois à six degrés d'ici la fin
du siècle. Les conséquences en chaîne seraient dévastatrices, la multiplication des événements climatiques extrêmes,
affectant en premier lieu les pays les plus vulnérables, des risques accrus pour la biodiversité, une élévation du niveau
de la mer pouvant aller jusqu'à plusieurs mètres. Cela entraînerait donc la disparition de certains territoires habités,
des menaces extrêmement graves pour la sécurité alimentaire et des défis sanitaires terribles.
Bref, on ne va pas employer des grands mots, il suffit d'employer des mots simples, nous jouons l'avenir de la planète
et certains pays jouent même leur survie.
D'où la troisième proposition de ce rapport, le climato-volontarisme est nécessaire. Il est encore possible d'agir mais
le temps presse. Un sursaut mondial est absolument urgent. Il est encore possible de limiter l'élévation de la
température à deux degrés à condition que les émissions mondiales des gaz à effet de serre soient réduites, entre
2010 et 2050 de 40 à 70 %. Et plus nous tardons - ceci est très bien montré dans le rapport - plus ce sera coûteux et
plus nous risquons d'échouer. En effet, l'inaction présente le double inconvénient du risque de l'échec et de la
certitude du surcoût.
À nous donc de prendre des décisions pour changer de trajectoire car nous portons une responsabilité, au sens
étymologique, historique. Nous sommes en effet, tous, quel que soit notre âge, la première génération à prendre
vraiment conscience du phénomène mais nous sommes aussi la dernière génération à pouvoir agir.
Et en abordant la COP20 à Lima d'ici quelques jours, puis la présidence de la COP21 à Paris, je ne suis personnellement
ni climato-sceptique, ni climato-fataliste mais, comme vous tous j'imagine, je suis climato-volontaire.
Mesdames et Messieurs, dans un peu plus d'un an, en décembre 2015, la France va accueillir la conférence mondiale
sur le climat. Par son ampleur, il s'agira de la plus importante conférence diplomatique jamais organisée en France :
20 000 délégués officiels, 20 000 invités et 3 000 journalistes.
Mon pays est honoré d'avoir été désigné pour l'accueillir, désignation comme le faisait remarquer avec humour le
président de la République récemment, sans doute facilitée par le fait que nous étions le seul candidat. Mais je me
rappelle fort bien que lorsque la décision a été prise à Varsovie, par acclamation comme l'on dit, les représentants des
autres pays sont venus me voir. Les nouveaux m'ont félicité, et ceux qui ont un peu plus d'expérience ont ajouté, dans
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un sourire que je commence à comprendre, «bonne chance ».
Soyons lucides. À l'exception de Kyoto en 1997, les précédentes conférences - voyez que je suis diplomate - ont
souvent été décevantes même si certaines décisions utiles ont été prises. Les causes sont nombreuses, elles tiennent
parfois, vous en parliez Docteur, à un manque de préparation suffisamment à l'avance et surtout à l'hostilité de
certains grands pays face à la perspective d'un accord. Mais je crois que la situation a changé, ne serait-ce que parce
que malheureusement la réalité s'est aggravée.
La Chine est devenue - nous le croyons - favorable, pour des raisons évidentes. Ceux d'entre vous qui se rendent
régulièrement en Chine savent que les évolutions climatiques y deviennent insupportables et posent des problèmes,
d'ordre économique, social et même politique, considérables aux autorités chinoises.
Aux États-Unis, quels que soient les résultats électoraux, nous pensons que le président Obama est vraiment engagé
sur ces questions et qu'un accord sur le climat constituerait un atout de poids dans le bilan que désormais l'Histoire
fera de sa présidence.
L'Union européenne, comme la ministre Ségolène Royal l'a fort bien rappelé, vient de se fixer un objectif qui lui
permet d'être la première à présenter son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre après 2020. Ce
qui va permettre à l'Europe de jouer un rôle d'aiguillon, d'incitateur pour dire aux autres ce qui aurait été impossible si
l'accord n'avait pas été conclu. Voilà ce que nous avons fait et maintenant, accompagnez-nous.
Heureusement, beaucoup de pays y sont favorables. Mais, avec la même lucidité, il faut reconnaître que certains
gouvernements sont encore réticents. Et c'est sans doute pourquoi la tâche de trouver un accord va revenir à la
diplomatie.
Nous devons réussir et j'espère bien, comme vous tous, que nous allons y parvenir.
Vers quel accord voulons-nous aller ? Nous allons en parler à Lima et il n'y a pas lieu de trop anticiper. Mais à ce
stade, le projet est d'aller vers un accord qui pourrait, avec des différences de portée juridiques, comporter quatre
points.
Le premier, qui est majeur, est un protocole juridique qui devra engager tous les pays pour demeurer sous la barre des
deux degrés.
Le second, ce sont les engagements des différents pays, indiquant leur projet pour 2025 - 2030 et au-delà,
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c'est-à-dire, quels seront leurs efforts concrets pour décarbonner leur économie. C'est difficile à obtenir mais c'est
indispensable.
Le troisième élément, ce seront les financements et les technologies mises à disposition pour permettre, surtout aux
pays les plus pauvres, d'appliquer cet accord. Les pays pauvres, notamment ceux d'Afrique, présentent cette situation
insupportable et paradoxale d'être à la fois ceux qui ont le moins pollué et ceux qui seraient les plus touchés. Il faut
donc prendre cela en compte.
Le dernier élément de ce que pourrait être un accord sur le climat à Paris, ce sont les solutions qu'apportent des
grandes villes, des régions et un certain nombre de grandes entreprises ou de branches professionnelles. D'ores et
déjà, ces entités accomplissent un travail tout à fait remarquable. Le secrétaire général des Nations unies, M. Ban
Ki-moon, a demandé à Michael Bloomberg, l'ancien maire de New York, de s'occuper avec d'autres personnalités des
villes et nous commençons à réaliser un travail avec les régions.
Récemment, lors du sommet mondial des régions pour le climat organisé à Paris, j'ai eu le plaisir de voir le gouverneur
Schwarzenegger s'engager à convaincre les uns et les autres. Et je tiens à souligner que les ONG accomplissent un
travail énorme.
S'agissant des branches économiques, certaines se sont déjà engagées à diminuer leurs émissions de gaz à effet de
serre. C'est le cas notamment, même si cela peut paraître surprenant, de la branche du ciment. Certaines grandes
entreprises accomplissent des efforts très intéressants, par exemple pour lutter contre la déforestation et pour investir
dans des projets verts.
Il existe donc, et on l'a vu durant la semaine de l'Assemblée générale à New York, une convergence des efforts. Si
nous réussissons à Paris, je pense que ce sera en prenant en compte ces quatre piliers.
Quel est le calendrier d'ici la conférence de Paris ?
Il y aura de très nombreuses réunions dans les prochains mois, je veux juste en citer quelques-unes, sans ordre
hiérarchique.
D'ici la fin novembre, nous avons la réunion de Berlin pour abonder le Fonds vert et jusqu'à présent, il n'y a que
l'Allemagne et la France qui ont fait connaître leur contribution. Mais je crois comprendre que ce ne sont pas, tout de
même, les deux seuls pays supposés riches et développés dans le monde.
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Nous avons ensuite la COP20 à Lima au Pérou au mois de décembre qui sera elle-même précédée par la pré-COP de
Caracas ces jours-ci.
Cette COP20 de Lima doit nous permettre de nous mettre d'accord sur une première ébauche du texte de Paris et de
décider de la nature des objectifs nationaux qui devront être présentés par les uns et par les autres, bien avant Paris
et, si possible, à Varsovie d'ici au mois de mars 2015. Nous travaillons avec nos amis péruviens pour qu'ils avancent le
plus possible car le travail réalisé cette année n'aura pas besoin de l'être l'an prochain. Lima est donc une échéance
extrêmement importante.
Ensuite, de même qu'il y a eu fin septembre 2014 un sommet positif aux Nations unies initié par M. Ban Ki-moon,
auront lieu des sommets, celui du G7 puis du G20, où ces problèmes de climat seront sur la table. D'autres réunions
que je cite pêle-mêle : Davos au début de l'an prochain avec un focus sur ces aspects, des réunions sur tous les
continents, la conférence scientifique à l'UNESCO que Ségolène Royal a citée et ensuite de très nombreuses réunions
de sensibilisation ou de négociation. Il faut vérifier que tout le monde se trouve effectivement bien à bord.
Enfin, en décembre 2015, ce sera la conférence de Paris, moment clef pour réorienter, car il s'agit de cela, notre
modèle de développement. Il faut nous réorienter pour réussir l'après carbone.
Cela signifie que l'accord qui sera, espérons-le, conclu à Paris ne marquera en fait pas la fin du processus. Même le
meilleur accord possible - et nous allons travailler en ce sens - devra être complété avant et après 2020. Mais, pour
autant, il est indispensable qu'un accord universel, ambitieux et comprenant les engagements de réduction d'émission
soit conclu en 2015 pour pouvoir entrer en vigueur en 2020. Ce cinquième rapport du GIEC nous dit avec limpidité que
nous n'avons pas d'autres choix raisonnables.
Certains nous demandent déjà ce qui va se passer si on ne parvient pas à un accord à Paris. Je pense qu'il n'y a pas de
formule meilleure que celle de M. Ban Ki-moon qui a dit et je reprends souvent cette expression : «Il n'y a pas de plan
B car il n'y a pas de planète B».
Nous n'avons pas le droit d'échouer car si c'était le cas, il y aurait, vous le démontrez, des conséquences irréversibles
que nous ne pourrions pas rattraper.
Évidemment, le succès ne dépend pas que de la France. Mais soyez assurés - Ségolène Royal l'a montré - que mon pays
donnera le meilleur de lui-même et que nous ne ménagerons pas nos efforts. Nous ferons tout pour que les prédictions
sombres que les rapports successifs du GIEC dessinent au cas où il n'y aurait pas d'action ne deviennent pas réalité,
car nous prenons ces rapports du GIEC avant tout comme des appels à l'action.
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Les Grecs anciens disaient que l'art du politique résidait dans le sens de ce qu'ils appellent le «kairos» qui est une
capacité de saisir le moment opportun, le moment pour agir. Aujourd'hui, le kairos du climat est incontestablement
venu. C'est aux gouvernements de démontrer par leurs actes qu'ils l'ont compris. N'oublions pas qu'en français comme
dans d'autres langues, «responsable» veut dire : qui apporte des réponses.
Dans ce cinquième rapport du GIEC, les scientifiques nous lancent un appel à l'action qu'il faut écouter. Paris-2015
doit apporter une réponse politique aux messages incontestables des scientifiques dans le cinquième rapport du GIEC.
Merci beaucoup./.
(fin de l'article)
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3 - Dérèglement climatique - Publication du cinquième rapport du GIEC - Communiqué du ministère de
l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie
Ségolène Royal et Laurent Fabius ont reçu Rajendra Kumar Pachauri, président du Groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), mercredi 5 novembre à Paris. À cette occasion, le Dr Pachauri a
présenté le 5e rapport du GIEC.
La ministre a ouvert la conférence en soulignant «l'énorme et remarquable travail accompli pendant sept années par
les scientifiques de tous les pays».
«Le rapport de synthèse nous donne des clés pour comprendre qui sont aussi des clés pour agir», a poursuivi la
ministre. Le changement climatique «ce n'est pas de la science-fiction, c'est déjà la réalité».
À un an de la conférence climatique qui se tiendra à Paris, COP21, la ministre a indiqué qu'il était encore temps d'agir
: «Chacun à son échelle, dans sa vie quotidienne, peut agir efficacement»./.
(Source : site Internet du ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie)
(fin de l'article)
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4 - Union européenne - Anniversaire de la chute du Mur de Berlin - Réponse de M. Matthias Fekl,
secrétaire d'État chargé du Commerce extérieur, de la Promotion du tourisme et des Français de
l'étranger, à une question à l'Assemblée nationale
Monsieur le Député, vous qui êtes aussi président du groupe d'amitié France-Allemagne, je vous prie tout d'abord
d'excuser le ministre des Affaires étrangères et du Développement international et le secrétaire d'État aux Affaires
européennes.
Vous l'avez dit, il y a vingt-cinq ans tombait le mur de Berlin et, avec lui, le rideau de fer qui divisa le monde. À la
demande du Premier ministre, je représenterai le gouvernement dimanche à Berlin lors des cérémonies
commémoratives.
Le 9 novembre 1989, à Berlin, j'y étais.
Comme vous, sur tous les bancs de cet hémicycle, je n'oublierai jamais ces journées de joie et de liberté enfin
retrouvée. Nous n'oublierons jamais non plus les victimes du Mur, abattues en voulant fuir la dictature.
Vous avez évoqué l'esprit de ces journées, mais aussi la situation actuelle, la crise, les populismes au coeur même de
l'Europe. Vingt-cinq ans après, la France est plus que jamais attachée à l'esprit européen. Aucun État ne peut relever
seul les défis du XXIe siècle. Les recettes du monde d'hier ne sont pas une boussole pour le monde qui vient.
C'est tout le sens de notre combat pour l'Europe de l'emploi, de la croissance et de l'investissement, qui est au coeur
de l'action du président de la République et du gouvernement. C'est la politique de défense et de sécurité pour faire
face aux menaces, aux portes de l'Union et ailleurs dans le monde. C'est notre engagement pour l'Europe de la culture,
des libertés, des droits de l'homme - autant de fers de lance contre les populismes et l'intolérance. C'est le sens de
l'initiative franco-allemande contre le scandale du chômage des jeunes.
Monsieur le Député, être fidèle à l'esprit de 89, c'est proposer aux jeunes Européens un autre destin, c'est leur
permettre un autre avenir./.
(Source : site Internet de l'Assemblée nationale)
(fin de l'article)
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5 - Union européenne - Immigration - Réponse de M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, à une
question à l'Assemblée nationale
(...)
La politique du gouvernement vise d'abord à résoudre un problème humain, celui d'hommes, de femmes, d'enfants
poussés sur le chemin de l'exode par les persécutions qu'ils subissent dans leur pays.
Nous voulons que ces personnes, qui relèvent du droit d'asile, puissent se voir proposer l'asile en France, et c'est la
raison pour laquelle j'ai décidé de renforcer considérablement les moyens de l'Office français de l'immigration et de
l'intégration, l'OFII, et de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, l'OFPRA. L'asile permettrait à ces
personnes d'échapper aux mains des passeurs qui se livrent à une véritable traite d'êtres humains dans les conditions
que l'on sait.
Deuxièmement, nous voulons créer les conditions d'un soutien sanitaire et alimentaire à ces personnes. C'est la raison
pour laquelle nous avons donné notre accord à l'ouverture d'un accueil de jour pour ces migrants.
Troisièmement, nous souhaitons démanteler les filières de l'immigration irrégulière à Calais. Nous renforçons dans ce
but les effectifs des forces de l'ordre de cent personnes supplémentaires. Ce renfort permettra d'améliorer encore
l'efficacité de notre politique en la matière - le nombre de filières démantelées s'est accru de 30 % au cours de la
dernière année.
Enfin nous agissons au niveau européen et franco-britannique. Avec les Britanniques, nous avons trouvé un accord
qui, dans le cadre du traité du Touquet, leur permettra de financer à hauteur de quinze millions d'euros sur trois ans la
sécurisation du port.
Au niveau européen, les États membres de l'Union européenne sont tombés d'accord pour substituer à l'opération Mare
Nostrum une opération de contrôle des frontières extérieures de l'Union européenne et combattre ensemble les filières
de l'immigration irrégulière./.
(Source : site Internet de l'Assemblée nationale)
(fin de l'article)
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6 - Union européenne - Immigration - Lutte contre le terrorisme - Réunion des ministres de l'Intérieur
du G6 - Entretien de M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, avec le quotidien «20 Minutes»
Q - Pourquoi réunir les ministres de l'Intérieur du G6 ce jeudi ?
R - Pour avancer sur deux sujets essentiels : la lutte contre le terrorisme et la question des migrations en
Méditerranée.
Q - Cela n'intéresse que 6 des 28 pays de l'Union européenne ?
R - Non bien sûr, mais ces 6 pays ont l'habitude de se rencontrer pour formuler ensuite des propositions concrètes à
l'ensemble de l'UE.
Q - Quelles propositions en matière de terrorisme ?
R - Il est impératif que nos polices partagent encore mieux leurs renseignements pour démanteler les filières
terroristes.
Q - Elles le font déjà...
R - Il faut aller plus loin, en se dotant d'outils communs comme le PNR européen, permettant de mieux suivre le
parcours des terroristes dans l'espace Schengen pour mieux les neutraliser.
Q - L'Europe n'y est pas vraiment favorable...
R - Tous les États membres soutiennent déjà cette initiative et nous devons maintenant convaincre le Parlement
européen, qui est co-décideur. Je souhaite aussi des contrôles renforcés aux frontières sur certaines provenances et
destinations.
Q - La Turquie, où transitent les candidats au djihad, livre-t-elle assez de renseignements ?
R - Nous sommes avec la Turquie dans une relation de confiance. Mais cette confiance peut être chaque jour
approfondie.
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Q - Bloquer un site va désormais être possible en France. Mais ailleurs en Europe ?
R - Plusieurs pays européens sont dans la même démarche que nous pour lutter contre la propagande terroriste sur le
Net. Nous avons engagé cette réflexion avec les grands opérateurs internet qui nous ont fait part de leur volonté de
procéder eux-mêmes à cette régulation. Le projet de loi antiterroriste que j'ai présenté au Parlement et qui vient
d'être adopté prévoit que s'ils ne le font pas d'eux-mêmes, nous procéderons alors au blocage administratif.
Q - Même sur les réseaux sociaux ?
R - Les représentants de Facebook ont déjà répondu favorablement à cette demande de régulation. Ils ont reconnu
que tout signalement qu'on pourrait leur transmettre en amont permettrait de réagir plus vite. Je rappelle que
l'incitation au terrorisme ne relève pas de la liberté d'expression, mais du délit. Les partenaires de l'UE sont mobilisés
et nous avançons ensemble.
Q - Autre enjeu du G6, les flux migratoires. Avec la fin du dispositif de secours Mare Nostrum, l'Europe
abandonne-t-elle ses migrants en pleine mer ?
R - Bien sûr que non. L'opération Mare Nostrum était déployée par les Italiens près des côtes libyennes, ce qui a
malheureusement conduit les filières criminelles de passeurs à mettre de plus en plus de migrants sur des
embarcations de plus en plus dangereuses. Désormais, l'opération Triton [nom de la nouvelle opération, NDR], en
plaçant ses bateaux au plus près des côtes européennes, permettra un véritable contrôle des frontières tout en
permettant des sauvetages.
Q - L'UE semble se désintéresser de cette question...
R - Au contraire, l'Europe réagit, et la France n'y est pas pour rien: nous avons pris l'initiative de proposer ce plan qui
est désormais la feuille de route de l'UE. 120.000 migrants ont traversé la Méditerranée depuis janvier. Toute l'Europe
est concernée et sa réponse doit conjuguer humanité et responsabilité. Sur ce sujet comme pour d'autres, l'Europe
n'est pas le problème, mais la solution.
Q - Pour résoudre la question des flux migratoires, vous avez suggéré que des policiers britanniques puissent venir à
Calais. Pouvez-vous préciser ?
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R - Non, je n'ai pas proposé cela. J'ai dit qu'il pourrait être utile que des fonctionnaires britanniques viennent
expliquer aux migrants qu'ils ont intérêt à demander l'asile en France plutôt que d'essayer de passer en
Grande-Bretagne. Cela figure d'ailleurs dans le plan que nous avons arrêté avec les Britanniques. Il prévoit aussi leur
participation à la sécurisation du port de Calais à hauteur de 15 millions d'euros sur trois ans, et un travail commun
dans le démantèlement des filières d'immigration irrégulière. Cet accord obtenu est une bonne nouvelle pour tous les
Calaisiens.
Q - L'immigration clandestine est-elle le principal problème que l'UE aura à l'avenir à affronter ?
R - C'est une des problématiques à laquelle l'Europe doit répondre, en gardant à l'esprit que la principale cause de
cette pression migratoire réside dans les conflits et guerres civiles qui ont récemment éclaté en Afrique. L'enjeu
dépasse les frontières de l'Europe, il est international./.
(fin de l'article)
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7 - Union européenne - Justice et sécurité - Examen au Sénat du projet de loi portant adaptation de la
procédure pénale au droit de l'Union européenne - Propos liminaires de Mme Christiane Taubira, garde
des Sceaux, ministre de la Justice
Ce texte transpose des décisions-cadres et des directives de l'Union européenne, dans le cadre de la construction de
l'espace commun de liberté, de sécurité et de justice que l'Europe bâtit depuis le Conseil européen de Tampere en
1999 et qui aboutit, en 2002, à la création d'Eurojust. Le programme quinquennal de La Haye, entre 2004 et 2009, a
consolidé les droits fondamentaux tout en posant les bases de la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée
; il a été suivi par le programme de Stockholm, plus consistant, qui a précisé les droits et libertés et favorisé l'accès au
droit et à la justice. Le programme post-Stockholm, adopté en juin 2014, renforce Europol et Eurojust et prépare la
création du parquet européen au 1er semestre 2015.
Le principe de reconnaissance mutuelle des décisions de justice trouvera, avec les trois décisions-cadres transposées
dans notre droit interne par ce projet de loi, une réelle application. Elles auraient dû être transposées en novembre
2012. L'une concerne les décisions de probation, une autre, les mesures de contrôle judiciaire comme alternative à la
décision provisoire ; la troisième concerne la prévention et le règlement des conflits lorsqu'il y a des raisons de penser
que des procédures parallèles sont ouvertes dans deux États ; il s'agit d'éviter la violation du principe non bis in idem.
Il n'y a pas de mesures contraignantes, mais une incitation à la recherche d'un consensus. Des exceptions sont
prévues, touchant à la préservation des intérêts nationaux de sécurité ou la mise en cause possible de la sécurité
d'une personne. Les États sont invités à consulter Eurojust pour les matières qui relèvent de sa compétence.
Dans la même logique, pour éviter l'impunité et mieux protéger les victimes de manière équivalente dans l'ensemble
de l'espace européen, nous avons introduit dans ce texte des dispositions relatives aux droits des victimes.
Ce texte comporte aussi des mesures modifiant le code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile
(Ceseda), avec la transposition d'une directive qui aurait dû l'être avant décembre 2013. La Commission européenne a
engagé une procédure pour manquement ; il y a donc urgence car la France risque de subir des préjudices
pécuniaires...
La commission des lois a accepté d'introduire dans ce texte deux autres transpositions de directives relatives aux
droits et à la protection des victimes d'infractions pénales. Nous expérimentons déjà le suivi individualisé des
victimes, une évaluation est prévue à la fin de l'année, qui sera suivie de la publication des décrets nécessaires. En
outre, un amendement du Gouvernement porte sur la contrainte pénale ; l'autre tire les conséquences d'une décision
du Conseil constitutionnel interdisant le recours à la garde à vue de 96 heures en cas d'escroquerie en bande
organisée.
Texte technique, donc, mais qui fait sens pour la construction d'un espace européen de justice et de sécurité ; il vise à
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éviter l'impunité des auteurs d'infraction et à améliorer la protection des victimes. Merci de l'accueil que vous lui avez
fait./.
(Source : site Internet du Sénat)
(fin de l'article)
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8 - Royaume-Uni - Drones de combat - Communiqué du ministère de la Défense
La DGA et son homologue britannique (DE&S) lancent les études industrielles du futur drone aérien de combat
franco-britannique
Le délégué général pour l'armement Laurent Collet-Billon, et son homologue britannique, le Chief of Defence Materiel
Bernard Gray, ont procédé au lancement industriel du projet franco-britannique de drone de combat futur (FCAS Future Combat Air System) le 5 novembre 2014. Ils ont remis solennellement aux partenaires industriels du projet
(Dassault Aviation - BAE Systems, Rolls-Royce - Safran et Selex ES - Thales), les contrats d'études de la phase de
faisabilité du FCAS.
La signature de ces contrats FCAS marque un nouveau succès pour la coopération franco-britannique qui bénéficie
depuis 2010 de la dynamique impulsée par les traités de Lancaster House. Elle fait suite à l'engagement pris lors du
Sommet franco-britannique de Brize Norton en janvier 2014 entre le président François Hollande et le Premier ministre
David Cameron, et l'accord étatique signé par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian et son homologue
britannique à l'occasion du salon de Farnborough en juillet 2014. Elle intervient à l'issue d'une phase préparatoire de
deux ans qui a réuni sur ce projet ambitieux Dassault Aviation et BAE Systems comme systémiers, Thales et Selex ES
pour l'électronique embarquée et les senseurs, ainsi que Safran et Rolls-Royce pour la propulsion.
L'engagement conjoint, d'un montant de 120M£ (150Meuro) également répartis entre les partenaires, est complété par
des études nationales lancées en parallèle, pour un montant d'environ 40M£ (50Meuro) par pays. Cette phase de
faisabilité conjointe de deux ans qui débute aujourd'hui portera plus particulièrement sur les architectures de drones
de combat, sur certaines technologies-clés et sur la définition des moyens de simulation destinés à valider les choix
techniques et les concepts d'emplois. La France comme le Royaume-Uni mettront également à profit l'expérience
acquise dans le domaine des drones aériens de combat avec les démonstrateurs technologiques NEURON et TARANIS,
projets conduits respectivement par Dassault-Aviation et BAE Systems.
La phase de faisabilité prépare le lancement du développement et de la réalisation d'un démonstrateur de drone de
combat prévu début 2017. Avec le projet FCAS, c'est l'avenir de notre industrie aéronautique dans le domaine des
aéronefs de combat qui se joue./.
(Source : site Internet du ministère de la Défense)
(fin de l'article)
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9 - Désarmement nucléaire - Intervention à l'Assemblée générale du représentant permanent de la
France auprès de la Conférence du désarmement
Je me permets de prendre la parole sur la résolution L.36 «Unité d'action pour l'élimination totale des armes
nucléaires». Mon pays a voté en faveur de cette résolution, qui reflète dans son économie générale les engagements
auxquels il a souscrit en matière de désarmement nucléaire.
Néanmoins, je souhaiterais souligner les préoccupations de mon pays concernant l'évolution de ce texte depuis
plusieurs années et son souhait de continuer à voir le plan d'action TNP adopté par consensus en 2010 repris de
manière équilibrée :
- Mon pays reste attaché à ce que les résolutions présentées à l'AGNU reconnaissent à leur juste valeur les efforts
entrepris par les États dotés dans ce domaine.
- Par ailleurs, mon pays est pleinement conscient des graves conséquences d'un éventuel emploi de l'arme nucléaire. Il
est de l'intérêt de toutes les Nations de l'éviter. Je tiens à rappeler que, pour la France, l'arme nucléaire n'est pas une
arme de bataille, mais un moyen de dissuasion, destiné à la seule protection de nos intérêts vitaux. La doctrine de
dissuasion française, strictement défensive, limite rigoureusement les cas dans lesquels les armes nucléaires
pourraient être employées à des circonstances extrêmes de légitime défense, dans le respect de la Charte des Nations
unies.
- Enfin, la France regrette l'absence de référence, dans cette résolution, aux travaux substantiels conduits cette année
dans le cadre du groupe des experts gouvernementaux sur le Traité d'interdiction de la production de matières fissiles
(FMCT/TIPMF).
La France estime que la priorité en matière de désarmement nucléaire va à la mise en oeuvre de mesures concrètes,
qui correspondent à une approche réaliste et progressive, reflétée dans le plan d'action du TNP adopté par consensus
en 2010, seule à même de renforcer concrètement notre sécurité collective. La France continuera à faire tout son
possible pour aller vers un monde plus sûr pour tous et pour créer les conditions d'un monde sans armes nucléaires,
conformément aux objectifs du TNP.
Je vous remercie./.
(fin de l'article)
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10 - APD - Épidémie Ebola - Francophonie - Dérèglements climatiques - Entretien de Mme Annick
Girardin, secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères et du Développement
international, chargée du Développement et de la Francophonie, avec «TV5-Monde», «RFI» et «Le
Monde»
Q - On a l'impression que l'on diminue l'aide au développement dans l'indifférence des Français ?
R - Je voudrais d'abord vous dire qu'aujourd'hui, nous sommes devant un tel défi en matière de développement qu'il
faut poser la difficulté : les États seuls ne pourront pas répondre au défi du développement ; il faudra donc travailler
autrement. Cela ne veut pas dire que l'on peut sacrifier l'APD, cela veut dire l'utiliser comme levier.
François Hollande a souhaité que l'objectif de 0,7 soit maintenu. Cet objectif est inscrit dans la loi et nous avons dit
que nous reprendrons cette direction dès que l'on pourra le faire, lorsque la France aura retrouvé le chemin de la
croissance. On ne peut pas dire aux Français que ce budget de la solidarité et de l'aide internationale ne fera pas un
effort, alors qu'on leur demande de se serrer la ceinture, alors que l'on connaît aujourd'hui les chiffres du chômage et
que l'on voit la situation en France. Chaque budget a été appelé à faire un effort, ce budget a fait son juste effort,
rien n'est sacrifié, le coeur de l'action est encore là, c'est-à-dire le soutien aux pays les plus défavorisés, les 16 pays
prioritaires, tout cela sans se détourner des autres mais sous différentes formes.
Q - N'y avait-il pas moyen de sanctuariser ce budget pour l'aide au développement, sachant déjà que la proportion de
fonds détournés vers l'Afrique est assez minime par rapport au budget total de la France ? Malgré la crise, la
Grande-Bretagne parvient au 0,7 % de revenu national pour le développement.
R - C'est effectivement un souhait des ONG, de certains parlementaires et je l'ai dit en ouvrant ce débat. Ce n'est pas
la solution qui a été choisie en ce qui nous concerne. La France n'a pas à rougir de son aide et nous déployons aussi
de l'énergie pour travailler avec les autres partenaires du développement que sont les collectivités territoriales et les
ONG que je voudrais remercier.
Q - Et ils critiquent cette hausse de budget.
R - C'est normal, c'est leur rôle. Mais je le redis, nous avons effectivement fait une réduction mais ce n'est pas un
sacrifice et l'aide n'est pas aujourd'hui, comme certains ont pu le dire, à la hauteur de ce que nous nous sommes
donnés comme programmation dans la loi sur le développement votée en juillet.
J'aimerais avoir un budget plus important mais il faut être responsable et réaliste, c'est ce que je suis. Nous avons fait
des choix, des choix géographiques, des choix sur les pays les plus vulnérables, des choix de soutenir autrement les
autres pays notamment par des prêts AFD qui sont parfois bonifiés ou pas bonifiés et qui ne coûtent rien à l'État.
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Q - Quatre années que cela baisse et cela va continuer. Ne faut-il pas mettre un terme parce que l'argent de l'aide
publique au développement deviendra invisible ?
R - Ce n'est pas seulement une question qui se pose en France. Je reviens de New York et de Washington où il a
effectivement été question de ce débat sur l'APD qui doit rester le levier principal des financements que l'on va
pouvoir réunir, rassembler pour faire face aux grands défis du développement. Les objectifs de développement durable
qui sont aujourd'hui travaillés pour être décidés d'ici le milieu de l'année 2015 montrent que le défi est tel qu'il nous
faudra travailler, États, ONG, entreprises, banques du développement, ensemble. Il faut travailler sur les financements
innovants, c'est ce que fait la France avec la TTF, la taxe sur les transactions financières ou sur les billets d'avion.
Nous réfléchissons aujourd'hui à une loterie solidaire, nous travaillons aussi sur le don par SMS. Il nous faut être
inventifs, nous mobiliser, il faut anticiper car demain, on ne pourra pas répondre de la même manière qu'aujourd'hui.
Je le redis, l'APD doit être le levier principal de l'aide au développement de demain.
Q - Vous dites que si la croissance repart, ce budget sera revu à la hausse. Avez-vous obtenu des garanties d'ici à 2017
si la croissance est effectivement de retour ?
R - Sur la TTF, nous sommes partis de 10 % orienté vers le développement, nous en sommes aujourd'hui à 25 %. C'est
François Hollande, c'est la gauche qui met en place cette taxe sur les transactions financières dont on parlait déjà
depuis un certain nombre d'années. Il faut donc s'en féliciter. Nous travaillons également sur d'autres financements
innovants et la trajectoire de 0,7 % sera reprise dès que nous pourrons le faire. C'est un engagement.
François Hollande en a pris d'autres : le doublement des aides au ONG d'ici 2017, c'est une trajectoire sur laquelle nous
sommes et nous y répondons ; c'est aussi 20 milliards d'euros pour les pays africains les plus défavorisés ; c'est aussi
ce que l'on fait aujourd'hui, nous sommes sur cette même trajectoire.
Q - Je reviens sur la terminologie de votre portefeuille ministériel, l'aide au développement. Est-ce pour ne plus avoir
à dire, comme autrefois coopération, même si on vous appelle encore parfois ministre de la coopération. Il y avait une
connotation un peu France Afrique, parlons clair un peu magouilles, intrigues, avec des liens un peu sulfureux entre la
France et les pays africains.
R - La coopération, ce n'est pas un gros mot mais c'est vrai que cela représentait un peu tout ce que vous venez de
dire. On a effectivement voulu que la France Afrique soit quelque chose qui soit derrière nous pour travailler
différemment avec nos pays partenaires.
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Q - Est-ce derrière nous ?
R - Oui et c'est inscrit dans la loi sur le développement de juillet dernier, la France Afrique est derrière nous.
Aujourd'hui nous sommes des partenaires. L'idée du développement est porteuse de sens, nous avons bien un objectif
commun, c'est le développement des pays qui sont aujourd'hui nos partenaires. Bien sûr que nous faisons de la
coopération pour y parvenir mais l'objectif est le développement, c'est travailler en partenariat et que chacun y gagne.
Q - Pourquoi à présent, la personne qui est en charge du développement et de la coopération n'a-t-elle plus rang de
ministre, n'est-ce pas un signal ?
R - Vous savez, entre secrétaire d'État ou ministre délégué - ce qu'était mon prédécesseur Pascal Canfin à qui je veux
rendre hommage aujourd'hui puisque la loi sur le développement, c'est lui qui l'a initiée, à la demande de François
Hollande -, cela n'a pas beaucoup de sens pour moi ; peu importe le titre, l'idée est d'être dans l'action et de répondre
aux besoins.
À côté du développement, j'ai aussi la mission du développement de la Francophonie et honnêtement les deux se
rejoignent même si les ONG étaient un peu inquiètes au départ sur cette question.
Q - Vous vous occupez également du climat. Puisque la France accueillera la COP21 fin 2015, de nombreux ministères
sont concernés et on a l'impression que cette question prend quasiment le pas sur l'objectif de développement. Est-ce
le moment, pour les pays qui sont confrontés à l'urgence concernant la pauvreté, d'entonner cette grande marche vers
la réduction des gaz à effet de serre ? Est-ce audible pour eux ?
R - Très rapidement, à mon arrivée car ce n'est pas quelque chose que j'avais pensé tout de suite comme faisant partie
des attributions que j'aurais en prenant ce secrétariat d'État, très vite - et il n'y a pas que moi -, la lutte contre la
pauvreté va de pair avec la lutte contre le dérèglement climatique.
Qu'est-ce que le dérèglement climatique ? C'est la montée des eaux par exemple. Lorsque l'on se rend au sommet des
petits États insulaires et que l'on constate qu'un certain nombre de gens ont déjà les pieds dans l'eau, que leurs îles
risquent, dans certains cas, de disparaître, on voit bien que l'urgence est là, que l'on se trouve face à des pays en
développement et quelquefois notamment en Afrique, on est en face de pays francophone. Je suis donc très à l'aise
avec les trois parties de mon portefeuille.
La question du climat, c'est une vraie question, le dérèglement climatique doit totalement être pris en compte
aujourd'hui dans toute la politique de développement. Si on ne la prend pas en compte, c'est un siècle de soutien au
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développement qui peut être réduit à néant. Si on parle de la sécheresse, de la montée des eaux, on voit bien que ce
sont les pays les plus vulnérables qui sont touchés en premier même si la France est également touchée.
Q - On peut parler de l'Afrique qi a la double peine, qui ne contribue pas à ce réchauffement climatique mais qui en
est directement impactée. Les Européens viennent de se mettre d'accord pour baisser, d'ici à 2030 de 40 % les gaz à
effet de serre, l'Afrique subit les méfaits du réchauffement climatique très directement.
R - Il faut tout d'abord se réjouir de la position que viennent de prendre les Européens, il est important pour la
France, pour les Européens que l'on prenne ce type de décision, que l'on ait des ambitions, que l'on soit courageux
dans les mesures que l'on va prendre parce que, tout simplement, on va porter Paris-climat 2015 et il sera important
d'être exemplaire.
Ensuite c'est vrai, lorsque l'on va en Afrique, on se rend bien compte que les effets sont déjà là et que ce sont les
moins pollueurs qui subissent aujourd'hui et qu'il nous faut tenir compte de l'adaptation dans toutes nos missions de
développement.
À Samoa par exemple, on peut délocaliser un village mais suffisamment haut pour que, demain, ce qui est déjà advenu
deux fois dans les générations passées n'arrive plus et que l'on n'ait pas à redéplacer le village. Voilà le type
d'initiatives que peut prendre la France. La France, avec ses outremers mais aussi ses côtes françaises est à la pointe
d'un certain nombre d'expérimentations et de technicités, notamment avec nos entreprises qui peuvent répondre à
toutes ces difficultés aujourd'hui. Nous devons être aux côtés de ces petits États insulaires on doit être aux côtés de
l‘Afrique. Nous avons expérimenté un certain nombre de choses et je crois que nous serons en bonne position pour
être des médiateurs dans cette année de négociation en 2015.
Q - Vous étiez à New York où vous avez rencontré vos partenaires, avez-vous l'impression qu'aujourd'hui, avec la Chine
qui a le pied sur le frein, les États-Unis idem, les conditions soient réunies pour avoir ce grand accord sur le climat en
France en 2015, dont rêvent beaucoup de pays ?
R - Il est clair que l'on veut tous - en tout cas la France et plusieurs partenaires - un accord ambitieux. Nous voulons
un accord universel, un accord qui prépare où qui présente les solutions.
Q - Avez-vous senti que les autres étaient prêts à cet accord ?
R - À New York, on sent la dynamique dans les discours des chefs d'État ou de gouvernement qui sont présents. On
voit qu'un certain nombre de discours que la France porte depuis longtemps, notamment sur l'adaptation qui est dans
la loi de juillet 2014 prévoyant déjà dans tous nos projets de soutien au développement la question de l'adaptation au
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réchauffement climatique sont repris. On voit là le président Obama reprendre ce discours et dire que cette adaptation
doit immédiatement être dans les faits pour les pays comme pour les soutiens que l'on peut amener à l'international
aux pays en développement. On voit que ce discours avance et que les lignes ont bougé du côté des États-Unis comme
de la Chine. Ce n'est pas suffisamment à la hauteur de ce que l'on voudrait mais je crois que l'erreur de Copenhague a
été que certains pays ont voulu décider pour tous les autres. La France souhaite aujourd'hui - et nous sommes trois
ministres au travail - rencontrer l'ensemble des pays et que chacun ait sa place dans ce débat et un rôle dans ces
propositions.
Le volet agenda des solutions est très important, car les citoyens et les pays en développement attendent cette
réponse.
L'autre réponse qu'attendent les pays en développement - et, là encore, New York a été un grand moment -, c'est le
fonds vert et la capitalisation du fonds vert qui sera consacrée à 50 % pour les pays les plus défavorisés, sur
l'adaptation notamment, où la France a fait une annonce d'un milliard de dollars et a été rejointe par l'Allemagne. On
voit maintenant qu'une dynamique a été créée. Nous devons réussir à atteindre les 10 milliards d'euros de manière à
donner confiance à nos pays partenaires.
Q - Et ce milliard d'euros que l'on va mettre dans le fonds vert, sait-on déjà comment il sera financé aujourd'hui ?
R - Bien sûr, il est identifié. Nous avons une partie sur la TTF et l'autre partie est budgétaire.
Q - C'est donc de l'argent qui échappe à l'urgence, à la priorité du développement.
R - C'est de l'argent en faveur du développement à plus long terme puisque la question du fonds vert et du climat
rejoint le développement.
Pour parvenir à l'échéance souhaitée à Copenhague de 100 milliards, il nous faudra travailler avec tous les acteurs. On
voit bien que le développement et la question du climat se rejoignent et que ce grand défi, nous ne pourrons le
relever que si nous sommes unis, l'ensemble des pays bien sûr, mais les ONG, les entreprises, l'ensemble du privé.
Q - On comprend qu'à long terme, ces questions se rejoignent. Mais, pour l'instant, il y a un problème d'urgence, par
exemple dans la bande sahélo-saharienne en Afrique. Il y a le djihadisme qui progresse sur fond d'appauvrissement
gravissime de ces pays, les enfants qui n'ont pas accès à l'éducation, la nutrition, les conditions de survie
extrêmement difficiles et le problème des systèmes de santé. N'y a-t-il pas un problème de priorité ?
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R - Il n'y a pas un problème de priorité, il y a un problème de levier insuffisamment fort. Aujourd'hui, même si la
France avait un budget APD à la hauteur de 0,7 %, même si d'autres avaient ce budget, nous ne pourrions pas
répondre de cette manière-là et que de cette manière-là aux enjeux qui sont devant nous pour la lutte contre la
pauvreté et pour traiter, aussi, la question du dérèglement climatique qui, en effet, permettent aux djihadistes et au
terrorisme de prospérer sur place. Je vous le rappelle, la France est très présente dans la bande sahélienne, elle
répond aux urgences et travaille déjà sur le développement.
Je me suis rendue au Mali, dans un certain nombre des pays du Sahel et on voit bien que la France est active. Elle ne
peut pas agir seule elle ne pourra pas faire sans un certain nombre de partenaires classiques ce que nous pouvons
faire aujourd'hui, c'est-à-dire travailler avec d'autres pays ou avec la commission européenne. Il faut de nouveaux
acteurs pour agir de manière plus forte sur le terrain.
C'est ce que je fais, je me mobilise pour ces questions-là, c'est-à-dire anticiper les solutions et préparer l'avenir.
Q - On voit bien par exemple que pour la lutte contre Ebola, on est en train de trouver un vaccin éventuellement.
Jusque-là, l'épidémie a eu plusieurs récurrences et jamais on n'a trouvé. Maintenant, il y a une urgence et on trouve.
N'y a-t-il pas un moment où c'est une question de priorité ?
R - L'urgence Ebola est là. On peut se féliciter aujourd'hui de l'implication, même si elle peut être tardive et vous avez
raison de le dire éventuellement. Même si elle peut être tardive, aujourd'hui, la mobilisation est là. Ce n'est pas
toujours un problème financier, on voit bien que pour Ebola, ce n'est pas qu'avec des billets de banque que l'on va
lutter contre Ebola, c'est bien par une mobilisation sur le terrain et ce que fait la France, c'est de dire : passons à
l'action, allons sur le terrain, ouvrons les centres de traitements, c'est le plus important.
Q - On a le sentiment d'une très grande inquiétude, évidemment ce n'est pas qu'un sentiment. Vous êtes allée sur
place, vous allez y retourner, quelle est la proportion à faire entre cette panique et la réalité du danger ?
R - Je me suis rendue sur place à la demande du gouvernement et du président François Hollande pour exprimer la
solidarité de la France à la Guinée mais pas seulement. C'est aussi de notre responsabilité d'agir aujourd'hui en Guinée
pour ce qui concerne la France et dans la sous-région, parce que c'est la meilleure manière de lutter contre Ebola et la
meilleure manière d'éviter aussi que ce virus puisse se répandre à la fois sur l'Europe ou plus largement sur la région
en Afrique de l'Ouest. Cela veut dire renforcer pour le moyen terme et le plus long terme les systèmes de santé car on
voit bien que le problème vient de là. Les systèmes de santé sont si fragiles et tellement défaillants qu'ils n'ont pas pu
lutter contre ce virus contrairement au Sénégal où un cas a été traité et guéri. La Côte d'Ivoire, que nous soutenons,
est aujourd'hui prête, s'il y avait malheureusement un cas qui devait se développer là-bas. On voit bien que les
systèmes de santé, c'est vraiment la vraie garantie.
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Il faut être prudent, responsable, mais il ne faut pas paniquer. Que ce soit en Guinée ou aujourd'hui en Europe, il y a
un certain nombre de choses qu'il faut éviter. La rumeur est absolument horrible. Je voudrais dire qu'il y a des gens
très courageux en Guinée, je pense aux enseignants français qui ont ouvert le lycée français à Conakry normalement,
avec un certain nombre de protections qui ont été mises dans le fonctionnement de cette école. Je ne dis pas que l'on
peut aller en Guinée, parce que ce n'est pas le moment d'aller prendre des risques, mais pour des obligations, on peut
y aller et la France n'a pas aujourd'hui rapatrié ses ressortissants parce que l'on peut vivre en Guinée en prenant des
précautions.
Ensuite, soyons raisonnables, les soignants qui rentrent en Europe ou ailleurs, ceux qui sont allés en Guinée doivent
aussi prendre un certain nombre de précautions et être responsables pour éviter, si jamais ils devaient être porteur du
virus, de contaminer d'autres personnes.
Q - Lorsque l'on apprend un cas comme celui de la petite fille décédée au Mali et des dizaines de personnes mises en
quarantaine, aussi bien dans la région où elle est morte que dans la capitale elle-même, quelle est la réponse ? Y a-t-il
une action engagée dans l'urgence pour aider parce que le Mali est un pays exsangue économiquement ?
R - Le Mali s'est préparée à agir. La France agit dans toute la région, nous sommes aux côtés des Maliens, nous avons
une action forte dirigée vers le Guinée. Ce qui est important, c'est de dire que l'on se trouve dans la phase de
concrétisation qui est urgente aujourd'hui.
Comme je l'ai dit dans la première partie de cette émission, l'aide financière est là, une mobilisation européenne,
internationale et la mobilisation française bien évidemment ; maintenant, il faut aller au-delà des billets et ouvrir ces
centres. La Guinée a besoin de dix centres ; sans doute pourrons-nous atteindre sept centres grâce à Médecins sans
frontière et notamment à la France et nous cherchons des partenaires pour en ouvrir davantage.
François Hollande a fait un certain nombre d'annonces où il indique l'ouverture du centre en Guinée forestière dans les
quinze jours qui viennent, avant la fin du mois de novembre. C'est important car c'est l'épicentre et que c'est là qu'il
faut intervenir rapidement. Nous allons ouvrir deux autres centres avec la Croix Rouge et d'autres partenaires. Nous
ouvrirons un centre spécifiquement réservé aux soignants volontaires nationaux. Nous allons mettre en place un
système européen de rapatriement sanitaire des soignants internationaux intervenant notamment en Guinée et bien
au-delà.
Q - Vous estimez donc que le pays est en mesure de faire face au cas où il y ait contamination ?
R - La première réponse que l'on a, c'est que le Mali s'est mobilisé ; vous avez entendu les premières annonces. Le Mali
s'est préparée à cela et si le Mali a un certain nombre de difficultés, la France est déjà à ses côtés comme d'autres
pays puisque nous sommes aujourd'hui auprès du Mali engagés sur la voie du développement au-delà de la solution
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politique qui doit être apportée. Nous sommes sur le volet développement et nous renforcerions nos actions si le Mali
le souhaitait.
La France intervient auprès de tous ses partenaires, à la demande de ces partenaires qui ont mis en place un certain
nombre de schémas, notamment ici, la lutte contre Ebola et nous sommes à leurs côtés.
Q - Vous êtes également en charge de la francophonie. On voit généralement la dimension culturelle, linguistique, elle
va au-delà. Dans à peine un mois à Dakar, il y a le sommet de la francophonie, avec une question : qui pour succéder
à l'actuel secrétaire général de la francophonie, Abdou Diouf ? Qui la France soutient-elle aujourd'hui ?
R - Aujourd'hui, la France ne soutient aucun candidat, la France n'a pas de candidat. Le président Hollande participera
au sommet des chefs d'État, c'est une décision qui appartient aux différents chefs d'État.
La France n'a pas de position arrêtée. J'ai trouvé très intéressant, même si je n'étais pas responsable de ces questions
auparavant mais quand je regarde comment se sont passés les autres nominations, on voit bien qu'il n'y a pas eu cet
élan de campagne, ces candidats qui font le tour des différents pays, qui ont un programme. C'est important de laisser
aller le débat jusqu'à son terme. L'idée de la France, c'est quand même de souhaiter et le président Hollande l'a
souhaité que les semaines qui vont précéder le sommet puissent être réservées à ce consensus qui pourra être trouvé.
Q - Vous pensez qu'un consensus sera trouvé avant le sommet ?
R - C'est souhaitable. On ne peut l'affirmer, nous sommes 77, la France c'est une voix, nous souhaitons le consensus
avant le sommet de manière à ce qu'au sommet, au-delà du choix du futur secrétaire général de l'OIF, il y ait aussi une
feuille de route de ce futur secrétaire général.
Q - La francophonie qui est parfois présentée comme un espace un peu institutionnel peut être un acteur
diplomatique plus important, intervenir sur par exemple la gouvernance de certains de ses membres qui prolongent
indéfiniment leur mandat. Est-il possible que ce soit cela la francophonie ?
R - La francophonie c'est déjà un peu cela, c'est ce que Abdou Diouf a mis en place, c'est-à-dire la lutte pour la paix,
le volet démocratique, l'intervention ; Abdou Diouf a travaillé sur un certain nombre de résolutions ou de conflits en
Afrique.
Il faut aussi ajouter une autre dimension qui sera débattue à Dakar, c'est le volet économique de la francophonie.
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Q - En principe, dans les campagnes politiques, les gens prennent position. Pourquoi refuser ici de prendre position ?
R - Il s'agit pour le choix, d'un consensus entre le différents États.
La France prendra bien sûr une position, mais pas avant que la campagne ne soit terminée, pas avant que chaque
candidat ait fait le tour, pas avant qu'il y ait une discussion entre les chefs d'État africains qui sont les plus nombreux
dans l'OIF et qui, jusqu'à aujourd'hui avaient un ressortissant à la tête de l'OIF. C'est quelque chose qui peut changer
mais c'est quelque chose qui se discute.
Q - Madame Girardin, vous venez d'une terre d'Amérique du nord, qu'est-ce que cela change sur votre vision de la
francophonie ?
R - J'ai tendance à dire, mais ce n'est pas toujours bien compris, que pour moi, la francophonie est plurielle. Cette
défense de la langue française est aussi l'arrivée de nouvelles cultures, de nouvelles générations avec une
francophonie différente qui véhicule des messages culturels différents et qu'il faut absolument prendre en compte. La
francophone d'Amérique du nord que je suis a lutté dans son territoire à St-Pierre et Miquelon face au continent
nord-américain à côté, où la langue anglaise est la plus parlée. Nous avons une coopération régionale avec les
provinces atlantiques du Canada et la plupart sont anglophones. Nous sommes donc un peu les Gaulois d'Amérique du
Nord et fiers de l'être avec nos voisins Québécois qui sont un peu plus loin. Mais c'est véritablement une chance. C'est
une chance aussi pour tout ce qui est médias car, à partir de l'ensemble des outremers, à travers les médias, nous
pouvons avoir une action beaucoup plus forte en direction des différents pays francophones. Et vous avez aussi votre
rôle à jouer en direction de l'Afrique. Parce que les médias et les nouvelles technologies, pour moi, sont vraiment des
forces pour faire progresser la francophonie. Nous avons un potentiel de 700 millions de locuteurs en 2050, il faut
absolument y répondre et nous allons y répondre parce que nous allons miser sur l'éducation et on va développer nos
médias.
Q - Lorsque vous parlez de développer un volet économique de la francophonie, pouvez-vous développer ? Serait-ce la
création d'un espace économique privilégié ?
R - Quand on souhaite parler la langue française, c'est pour ses valeurs, c'est pour sa culture, pour sa gastronomie
mais c'est aussi parce que l'on peut trouver un emploi demain grâce à la langue française. Lorsque l'on dit aujourd'hui
à un certain nombre de jeunes d'Afrique que c'est une plus-value de parler le français, il faut pouvoir répondre qu'en
terme d'emplois, cela va aussi être une plus-value ; pour cela, il nous faut travailler avec les entreprises françaises, les
associer au volet francophonie, faire un vrai réseau économique pour faire en sorte que tous ces jeunes qui
souhaiteront parler la langue française aient une plus-value lorsqu'ils chercheront un emploi.
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Puisque la France est présente dans tous les bassins maritimes et à travers les médias qui sont présents, nous pouvons
avoir une action beaucoup plus forte en direction des différents pays francophones et au-delà. C'est l'objectif qui est
le mien.
Q - La jeunesse est un thème qui vous est cher, avez-vous entendu des choses intéressantes dans les programmes des
différents candidats ici et là ?
R - Oui, tout à fait et chacun a pris conscience, que ce soit la candidate du nord ou les candidats du sud, de
l'importance de cette jeunesse avec la démographie africaine qui est explosive. Demain, nous aurons effectivement
une jeunesse qui demande à trouver sa place. Soit on lui répond en matière d'éducation, de formations
professionnelles ou d'emplois, soit cette jeunesse qui peut être une chance extraordinaire pour l'Afrique et pour la
francophonie devient une difficulté. Là aussi, mon rôle est d'anticiper et de travailler sur des réformes, y compris une
réorientation de l'OIF et c'est ce qui sera décidé au sommet de Dakar. Il y a déjà deux ans que l'OIF travaille sur cette
question de l'économie et de la francophonie avec notamment le thème de la femme et les jeunes, acteurs de
développement. On voit bien que tout se rejoint, y compris avec la politique de développement. On voit que l'on va
faire face à des exigences différentes d'un monde qui est en mouvement. La francophonie doit être en mouvement, la
francophonie est une chance si on est suffisamment dynamique.
Q - Avez-vous entendu des idées novatrices ? Avez-vous un exemple ? Pour les femmes et les jeunes, on est dans
l'incantation depuis longtemps.
R - Le processus ou l'objectif des 100.000 professeurs pour l'Afrique a été mis en place et va se concrétiser ; des
annonces seront faites sur les différents outils à Dakar au sommet de la francophonie, c'est une première réponse.
Comment soutenir la formation des maîtres ou celle des enseignants en Afrique et à distance ? Comment utiliser les
nouvelles technologies ? Comment revoir notre manière de voir l'Éducation ? Comment organiser des réseaux avec les
universités ? Oui il y a beaucoup de propositions.
Sur le volet économique, le rapport Attali qui a été remis au président de la République, il y a très peu de temps,
aujourd'hui fait partie aussi d'un certain nombre de propositions qui sont moulinés pour apporter une réponse.
Q - Dans le volet Éducation, il parle des acteurs privés, y êtes-vous favorables ?
R - On ne peut pas dire si nous y sommes favorables ou non. Aujourd'hui, le système qui est organisé a besoin d'avoir
un élan supplémentaire et comme les moyens ne sont pas tous au rendez-vous - puisque nous connaissons des
difficultés budgétaires - et même si la France continue d'être le premier financeur de l'OIF, il faut aujourd'hui avoir
une action beaucoup plus importante. Donc, oui, là aussi, il faut travailler avec le levier privé. De là à aller vers un
système entièrement privé, c'est une réflexion qu'il nous faut mener au sein de l'OIF./.
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(fin de l'article)
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