Télécharger le magazine au format PDF

Download Report

Transcript Télécharger le magazine au format PDF

N O 41, 1 AOÛT 2014
ÉDITION FRANÇAISE
Fédération Internationale de Football Association – Depuis 1904
COSTA RICA
L’ESSOR DU FOOTBALL
CENTRAMÉRICAIN
SEPP BLATTER
À L’APPROCHE DE LA
COUPE DU MONDE
FÉMININE U-20
CHINE
SUR UNE PENTE
ASCENDANTE DEPUIS
DIX ANS
HISTOIRES
D’ÉTÉ
W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY
DANS CE NUMÉRO
6
19
Sepp Blatter
Mardi prochain s’ouvrira la Coupe du Monde
Féminine U-20. Dans son billet, le Président de
la FIFA souligne l’importance de ce tournoi :
“Au Canada, c’est l’avenir du football féminin
qui va nous être dévoilé.”
28
P akistan
L’Allemand Holger Obermann a travaillé dans
le monde du football sur quatre continents
différents. Sous forme de série, nous vous
dévoilons des extraits de son manuscrit. Dans
ce numéro, découvrez comment il a œuvré
sans relâche dans les régions pakistanaises
sinistrées et en crise.
30
Amérique du Nord
et centrale
35 membres
www.concacaf.com
Europe
L’été européen entre dans sa seconde moitié
et la reprise des championnats approche. En
France, la nouvelle saison démarrera le 8 août.
Deux semaines plus tard, l’étoile montante
James Rodríguez fera ses débuts en Espagne
sous les couleurs du Real Madrid. Notre reportage estival de sept pages vous fait découvrir
l’ambiance qui règne actuellement dans trois
grands pays de football méditerranéens.
Amérique du Sud
10 membres
www.conmebol.com
37
Huub Stevens
Un match disputé le soir
du 11 septembre 2001 a
profondément marqué
l’entraîneur néerlandais.
C oupe du Monde en Russie
“Le football fait aussi partie de l’âme russe”,
explique Alexei Sorokine, directeur général de
la Coupe du Monde 2018, dans une interview
où il est question d’enthousiasme, d’argent et
de stades de football.
23
Costa Rica
Dans le petit État d’Amérique
centrale, l’euphorie n’est pas
retombée après le beau
parcours de l’équipe nationale
à la Coupe du Monde.
Histoires d’été
Andrea Pirlo à la mer : notre photo de
couverture montre le footballeur de la
Juventus Turin en vacances à Ibiza.
Dukas / Xposure
Coupe du Monde Féminine U-20
de la FIFA
du 5 au 24 août 2014,
Canada
2
T H E F I FA W E E K LY
Tournois de football des Jeux
Olympiques de la Jeunesse
du 14 au 27 août 2014,
Nankin
Getty Images
The FIFA Weekly Magazine App
Le FIFA Weekly, magazine de la FIFA,
paraît chaque vendredi en quatre langues
pour votre tablette.
L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL
Europe
54 membres
www.uefa.com
Afrique
54 membres
www.cafonline.com
Asie
46 membres
www.the-afc.com
Océanie
11 membres
www.oceaniafootball.com
15
Marcello Lippi
Son équipe Guangzhou Evergrande
domine à nouveau la Chinese
Super League.
11
France
De nombreux joueurs
français comme Antoine
Griezmann (Atlético
Madrid) préfèrent évoluer
ailleurs qu’en Ligue 1.
Julio H. Grondona (1931–2014)
FIFA Senior Vice President
Coupe
du Monde des Clubs de la FIFA
du 10 au 20 décembre 2014,
Maroc
Coupe
du Monde U-20 de la FIFA
du 30 mai au 20 juin 2015,
Nouvelle-Zélande
Coupe
du Monde Féminine de la FIFA
du 6 juin au 5 juillet 2015,
Canada
FIFA-President Sepp Blatter:
“Muy triste por la pérdida de un
gran amigo. Julio Grondona nos
dejó a los 82 años. Hoy abrazo a
su familia. Descansa en paz.”
T H E F I FA W E E K LY
3
Rassemblons tous
les fans de football
Faites de nouvelles rencontres et découvrez des passions
communes dans le Bar Lounge de l’A380 d’Emirates.
#AllTimeGreats
youtube.com/emirates
Hello Tomorrow
À DÉCOUVERT
À la mer
L
U
A
À
a période de réjouissance et d’impatience qui précède un événement compte parmi les moments les plus agréables, même en
football. C’est pourquoi nous avons décidé de faire le point sur
la situation estivale prétendument calme aux quatre coins de l’Europe. Celui-ci a finalement abouti à sept pages composées de cinq
articles qui vous font découvrir l’ambiance régnant en Espagne, en
Italie et en France.
Dukas
ctuellement, le Costa Rica, destination prisée des vacanciers
dans la mer des Caraïbes, est en plein essor sur le plan footballistique. Après son incroyable qualification pour les quarts de
finale de la Coupe du Monde, huit de ses douze clubs de première
division ont été invités à s’entraîner à l’étranger, ce que personne
n’aurait imaginé avant la compétition au Brésil. Vous comprendrez
pourquoi le succès de cette nation de 4,5 millions d’habitants n’est
pas un hasard en lisant la longue interview d’Henry Duarte, directeur technique de la Fédération costaricaine de football.
n peu plus au nord, au Canada, s’ouvrira mardi la Coupe du
Monde Féminine U-20 de la FIFA. Le simple fait que 40 millions de jeunes filles et de femmes pratiquent le football à travers le monde rend ce tournoi passionnant. Le Président de la FIFA,
Sepp Blatter, déclare : “À Edmonton, Moncton, Montréal et Toronto, c’est l’avenir du football féminin qui va nous être dévoilé.”
la page 28 commence une série de quatre épisodes consacrés
au travail de Holger Obermann. L’entraîneur allemand s’est
démené pendant des années à l’étranger et s’est servi du football pour donner de l’espoir aux enfants défavorisés, notamment
dans les régions en crise du Pakistan, où Obermann a œuvré il y a
dix ans. Å
Alan Schweingruber
Détente Mario Balotelli, attaquant de l’AC Milan, profite de ses vacances.
T H E F I FA W E E K LY
5
HIS TOIRES D’ÉTÉ
Au bord de la Méditerranée
De jeunes hommes jouent au
football dans le sable.
Faire le plein d’énergie
Robin van Persie, attaquant
de Manchester United.
6
T H E F I FA W E E K LY
HIS TOIRES D’ÉTÉ
DU NOUVEAU
SOUS
LE SOLEIL
Entre la Coupe du
Monde et le début de
la nouvelle saison, le
football est en
­sommeil pendant
l’été européen.
En sommeil, vraiment ? Nous faisons
le point sur la situation dans trois pays
méditerranéens.
Sergey Maximishin / Agentur Focus, Dukas (2)
Andrea Pirlo
Le stratège de
la Juventus
profite de son
séjour à Ibiza.
L
a Coupe du Monde s’est achevée comme elle s’est déroulée : de manière enthousiasmante. Les images de
Brésil 2014 resteront gravées dans nos mémoires et
les souvenirs encore frais des matches, de préférence
ceux remportés, nous reviennent à chaque fois que
nous pensons au football, à nos joueurs préférés ou
à l’équipe que nous avons soutenue. En Europe, nous
voilà plongés en plein été et ces agréables souvenirs
se mêlent à nos attentes d’une nouvelle saison spectaculaire
et de matches palpitants aussi bien dans les championnats
nationaux que sur la scène internationale. Mais pour les supporters de nombreux pays, il va falloir patienter encore un
peu. La Premier League ne reprend que le 16 août, la Liga
ZON Sagres portugaise le lendemain, tandis que la Bundesliga fait sa rentrée le 22 août.
Dans le Mezzogiorno, le sud de l’Italie, où se pratique ces
temps-ci le meilleur football du pays, les supporters ont pour
le moment les pieds dans le sable et profitent de l’air marin
tout en feuilletant des magazines sportifs. On retrouve le
même tableau sur la Côte d’Azur, dans les Baléares, sur la
Costa Brava ou encore dans les îles grecques et croates.
Serait-ce le calme avant la tempête ? L’impression que
d’ici quelques semaines, la vague football va déferler sur
toute l’Europe et au-delà est trompeuse. En réalité, la tempête sévit déjà. Cette période estivale est le moment où les
clubs se réinventent, ajustent et réorganisent leurs effectifs.
Quant aux joueurs, ils ont déjà posé les jalons en vue d’un
éventuel transfert et doivent recommencer à faire leurs
preuves, s’adapter à leur nouvelle équipe et à ses objectifs,
refixer les leurs. Leur préparation pendant l’été jouera un
rôle décisif sur leurs prestations en championnat.
Les rédacteurs de The FIFA Weekly dressent le bilan de
cette période en apparence calme mais déterminante de
présaison à travers leurs reportages en Italie, en France et
en Espagne. Å
Perikles Monioudis
T H E F I FA W E E K LY
7
HIS TOIRES D’ÉTÉ
Mer, soleil, décor
idyllique
Les stars espagnoles
Torres, Xavi, F­ abregas
et leurs familles en
chemin pour rejoindre
un yacht.
Entre camp d’été et soap-opéra
8
T H E F I FA W E E K LY
Stoichkov avec le FC Barcelone, à l’occasion du tournoi Joan
Gamper : il était affamé de football et jouait déjà avec une
intensité incroyable pour convaincre son public !
La presse sportive veut savoir tous les détails
Aujourd’hui, avec la mondialisation du sport, les tournois
estivaux ont perdu un peu de leur intérêt médiatique, les
plus grands clubs européens profitant de l’avant-saison pour
visiter les “nouveaux marchés” et faire des tournées en Asie
et aux États-Unis. Il faut bien vendre des maillots !
Toutefois, le premier objectif de l’intersaison reste la préparation. Les joueurs doivent se remettre au point physiquement et, le cas échéant, apprendre à connaître leur nouvel
entraîneur. Les équipes espagnoles ont pour habitude d’effectuer des stages au nord de la péninsule ibérique, principalement aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et en France.
Les journaux sportifs parlent de ces stages comme s’il s’agissait de colonies de vacances. Sur la plage ou au bar de la
piscine, la presse veut tout savoir de nos enfants adoptifs.
Chaque jour, nous en apprenons un peu plus : comment ils
se sont entraînés, qui partage la chambre de qui, ce qu’ils ont
mangé au dernier repas, qui joue à la Playstation et qui préfère les parties de cartes.
La crise économique a également transformé ce décor
traditionnel. Sous le poids des dettes, les clubs de première
Dukas (2), Matt Dunham / AP / Keystone
C
onnaissez-vous Georgie Dann ? Son nom ne vous dit
peut-être rien, mais vous avez certainement entendu sa
voix et ses chansons : “El bimbó”, “La barbacoa”, “El negro
no puede”, “El chiringuito”... Chaque été, ses tubes passent
en boucle à la radio, dans les bars de plage, dans les discothèques, sur les terrains de football. L’Espagne au mois
d’août est un pays qui ressasse invariablement les mêmes
thèmes : soleil, plage, touristes, hits de la chanson et tournois de football. Ainsi, à la veille d’une nouvelle saison,
l’amoureux de ballon rond survit grâce aux tournois estivaux, qui se déroulent tard dans la soirée, lorsque la chaleur
retombe un peu. Certaines de ces compétitions ont déjà derrière elles une longue tradition, à l’image des tournois Teresa Herrera de La Corogne, Ramón de Carranza de Cadix ou
encore Colombino de Huelva, avec son trophée spectaculaire
en forme de caravelle argentée...
Ces matches présentent principalement deux intérêts
pour le public. D’une part, c’est l’occasion de voir en action
des institutions historiques du monde entier, notamment les
grandes formations sud-américaines, comme Peñarol, Corinthians ou Boca Juniors, qui sont en tournée et sont en général les mieux rodées. D’autre part, le supporter découvre les
nouvelles recrues de son club et commence à s’imaginer à
quoi pourrait ressembler la saison à venir pour son équipe.
Je me souviens encore par exemple du premier match de
HIS TOIRES D’ÉTÉ
division ont en général été assez actifs sur le marché des
transferts, sans pour autant dépenser beaucoup d’argent.
Avec une moyenne de six ou sept nouvelles recrues par
équipe, tout le monde semble être à la recherche de la surprise, de la perle rare que l’on pourra revendre à profit l’année suivante.
Di Maria fait parler de lui
Dans le même temps, les droits de télévision continuent
d’augmenter pour les clubs les plus riches, accentuant un peu
plus, saison après saison, le déséquilibre général du championnat espagnol. Ainsi, après avoir remporté la Liga, l’Atlético
de Madrid s’est séparé de joueurs importants comme Diego
Costa ou Luis Felipe, pour acquérir Mandzukic, Griezmann et Oblak. Le FC Barcelone rénove de fond en comble :
outre les venues de Luis Suárez, Rakitic, Mathieu et Deulofeu, le Barça a changé tous ses gardiens et enregistré les
arrivées du Chilien Bravo et de l’Allemand Ter Stegen. Après
avoir fait du lèche-vitrines pendant la Coupe du Monde, le
Real s’est offert les services de l’Allemand Kroos et de la
sensation colombienne James Rodríguez, et les emplettes des
Merengues ne sont probablement pas terminées.
L’été footballistique ne serait pas complet sans quelques
interrogations qui, si elles ne trouvent pas de réponse assez
rapidement, donnent vite naissance à une saga. Ainsi en
est-il du sort de l’Argentin Di María. Restera-t-il au Real
Madrid ou ira-t-il au Paris Saint-Germain ? La réponse au
prochain épisode… Å
Jordi Punti
Gros transfert
Luis Suárez,
nouveau joueur
du FC Barcelone.
Le flegme incarné L’attaquant milanais Mario Balotelli.
Le Sud se prend à rêver
L
a carcasse du Costa Concordia, le bateau de croisière qui s’est
échoué le 13 janvier 2012 devant l’île de Giglio, a enfin été remorquée jusqu’au port de Gênes. Aux yeux de nombreux Italiens, ce navire était devenu la métaphore de l’équipe d’Italie qui
a elle aussi fait naufrage, sans tambour ni trompette, pendant la
Coupe du Monde brésilienne. Le sélectionneur Cesare Prandelli,
qui a depuis trouvé refuge en Turquie sur les bancs du Galatasaray Istanbul, étant quant à lui comparé au capitaine Francesco
Schettino, tombé en discrédit. Du Costa Concordia au Costa
Rica : à la déroute de la Coupe du Monde a succédé une véritable
chasse aux sorcières pendant laquelle Prandelli a été l’accusé numéro un. L’ancien entraîneur adulé du public, qui avait connu le
succès en tournant le dos au traditionnel catenaccio et combattait
la mafia, était devenu le bouc émissaire pour tous les maux de la
terre, y compris le trou de la couche d’ozone. L’écrivain Ennio
Flaiano a un jour écrit : “Les Italiens sont toujours les premiers
quand il s’agit de se ranger du côté des vainqueurs.” On pourrait
ajouter : “… et de tourner le dos aux vaincus.”
La démission d’Antonio Conte, qui a remporté avec Turin
trois années de suite le titre de champion d’Italie, a elle aussi fait
les gros titres. La raison officielle : épuisement professionnel.
T H E F I FA W E E K LY
9
HIS TOIRES D’ÉTÉ
Durant trois saisons, il a su insuffler
à la Juventus un style de jeu mordant
et une soif de vaincre qui l’ont
conduite au succès. Pour cela, il a exigé des joueurs et de lui-même de tout
donner. En vérité, sa politique de
transferts a elle aussi influencé son
départ. Afin d’avoir une chance de
revenir sur le devant de la scène européenne, où les systèmes
avec trois défenseurs ont peu de chance de fonctionner, Conte
a choisi de passer à un 4-3-3 avec de grands joueurs, tels que
Cuadrado ou Sánchez. Cela a manifestement épuisé les ressources financières du club, qui a préféré faire confiance à
Massimiliano Allegri. L’ancien entraîneur de l’AC Milan est
pourtant loin de faire l’unanimité dans le camp des Juventini.
été démis de ses fonctions au bout de
quelques mois seulement. Le Néerlandais, qui avait été engagé par le président du club, Berlusconi, et semblait
se prendre pour le Roi Soleil (il demandait à son préparateur physique de lui
cuire des œufs en pleine nuit), a finalement perdu le duel qui l’opposait à
Richelieu (le vice-président Adriano Galliani). L’affaire est depuis entre les mains des avocats.
Le Scudetto pourrait
faire son retour dans
le Mezzogiorno.
Méfiance d’après un sondage réalisé sur la plage
Pour certains, Allegri est cet entraîneur talentueux qui, dès
sa première saison, a décroché le Scudetto avec Milan (2010/11)
et résisté aux tentatives d’ingérence de Berlusconi. Pour
d’autres, il reste le seul entraîneur à ne pas avoir réussi à devenir champion d’Italie avec Ibrahimovic dans son équipe. Ce
dernier n’a d’ailleurs pas manqué de plaisanter au sujet de ce
titre parti rejoindre le palmarès de la Juventus. Lors d’un sondage réalisé sur la plage, la méfiance dominait largement chez
les fans. Un risque d’orage semble planer sur le championnat
à venir. Par le passé, Turin avait également rejeté Ancelotti,
les supporters n’hésitant pas à recourir à des chansons insultantes aux paroles telles que “Un porc ne peut pas être entraîneur”. Depuis, il a remporté la Ligue des Champions.
Du côté de l’AC Milan, on se réjouit au contraire de l’arrivée
de Filippo Inzaghi. Après un court passage à la tête des espoirs
des Rossoneri, l’ancien et vénéré buteur s’apprête à faire ses
premiers pas dans le monde des entraîneurs professionnels.
Mais est-il vraiment prêt ? Les huit buts encaissés aux ÉtatsUnis par les Milanais face au Panathinaïkos et à Manchester
City lors de la Guinness Cup suscitent déjà l’inquiétude. Son
prédécesseur Clarence Seedorf, lui aussi inexpérimenté, avait
Naples et Rome sentent que le vent est en train
de tourner
Les problèmes rencontrés par Milan et la Juventus ainsi que
les transferts de l’Inter Milan (Vidic, M’Vila), qui semble bien
parti pour devenir le Costa Rica de la Serie A cette saison en
privilégiant la condition physique et l’endurance à la qualité,
donnent au Sud l’occasion de rêver. Le SSC Naples et l’AS
Rome, qui ont tous les deux une excellente saison derrière
eux, peuvent s’appuyer sur un concept tactique solide grâce
à la longévité de leurs entraîneurs, Benítez et García, et
peuvent encore progresser. Avec son projet de construction
de son propre stade, le club de la capitale, qui a frappé un
grand coup sur le marché des transferts en achetant l’Argentin Juan Iturbe pour 22 millions d’euros au détriment de la
Juventus, semble ainsi espérer devenir la superpuissance du
football italien. Le Scudetto, dont la dernière virée dans le
sud du pays remonte à 2001 (AS Rome), pourrait donc bien
faire son retour prochainement dans le Mezzogiorno.
Quant aux stars de la nouvelle saison, comment vont-elles
s’appeler ? Le nom de Mario Balotelli, qui s’est fait prendre en
photo cet été avec un fusil pointé sur ses détracteurs, est bien
sûr dans toutes les bouches. Les habituelles polémiques font
leur retour. Va-t-il un jour enfin mûrir ? Rares sont ceux qui y
croient encore. N’oublions pas que l’homme a aujourd’hui 24
ans. Un autre Mario, de deux ans son cadet, a quant à lui déjà
fait pencher la balance lors d’une finale de Coupe du Monde. Å
Luigi Garlando
Giampiero Sposito / Reuters
Giglio, Toscane
Des Italiens en
train de jouer au
foot. À l’arrièreplan, l’épave du
Costa Concordia.
10
T H E F I FA W E E K LY
HIS TOIRES D’ÉTÉ
Le Brésil très présent au PSG Thiago Silva et la nouvelle recrue David Luiz.
Début de la saison
Un grand Paris
C
CARO, HO
omme toujours, le soleil brille de mille feux sur la Côte
d’Azur. Selena Gomez en a profité pendant l’été et Leonardo di Caprio s’y est tellement plu qu’il n’a même pas
chassé les encombrants paparazzis. À Paris, les visiteurs issus du monde de la mode ont conféré à la ville tout l’éclat
qu’on est en droit d’attendre d’un été français. La France a
également connu des journées ensoleillées pendant la Coupe
du Monde de football au Brésil. À Paris, Monte Carlo, Marseille et Lyon, on espérait même aller un peu plus loin que
les quarts de finale. Mais n’oublions pas que ce sont les Bleus
qui ont le plus sérieusement bousculé les futurs champions
du monde. Après avoir fait craindre l’élimination aux Allemands, bien plus que les naïfs Brésiliens, la France peut
considérer le début de l’été comme un succès.
Néanmoins, les experts ne s’accordent pas tous à dire que
cette réussite se ressentira dans le quotidien de la Ligue 1. Le
championnat français s’est en effet joué à sens unique ces
deux dernières années. Le destin du RC Lens, formation traditionnelle promue en Ligue 1 cette année, a fait couler de
l’encre dans les journaux dernièrement, car le club s’était vu
refuser sa licence par la Fédération française (FFF) pour des
raisons financières. La situation a provoqué un tollé, puis
tout s’est arrangé.
France : 8 août 2014
Angleterre : 16 août 2014
Portugal : 17 août 2014
Allemagne : 22 août 2014
Espagne : 24 août 2014
Italie : 31 août 2014
Le lieu de l’action
La France est un
centre d’attraction
pour beaucoup de
choses, Paris l’est pour
le football.
Dans l’attente d’un triomphe européen
Si Lens ne reflète pas l’image que le football français aimerait
véhiculer dans le monde, il s’est néanmoins passé certaines
choses positives ces dernières années. Deux clubs français
font partie de l’élite du football européen : les riches Paris
Saint-Germain et AS Monaco. Ils incarnent enfin l’espoir
d’un bon résultat au plus haut niveau. Durant les quelque 60
ans d’histoire de la Ligue des Champions et de la Coupe des
clubs champions européens, seule une équipe française a
réussi à s’imposer. Il s’agit de l’Olympique de Marseille, en
1993, avec dans ses rangs l’actuel sélectionneur national
­Didier Deschamps alors capitaine et meneur de jeu.
T H E F I FA W E E K LY
11
WELCOME TO
©2014 THE COCA-COLA COMPANY. COCA-COLA® AND THE CONTOUR BOTTLE
ARE REGISTERED TRADEMARKS OF THE COCA-COLA COMPANY.
OFFICIAL SPONSOR
HIS TOIRES D’ÉTÉ
Le Système de régulation
des transferts de la FIFA
L
Attraction à Paris Zlatan Ibrahimovic
Getty Images (2)
Une génération se prépare à lui succéder à Paris. Elle se
compose du Suédois Zlatan Ibrahimovic, de l’Uruguayen Cavani et du Brésilien Thiago Silva et sera complétée cette année par un autre Brésilien, David Luiz, en provenance de
Chelsea, et peut-être aussi par l’Argentin Angel di María du
Real Madrid. L’AS Monaco ressurgit en Ligue des Champions, même s’il s’est entre-temps séparé de ses Colombiens
Radamel Falcao et James Rodríguez. Après une Coupe du
Monde exceptionnelle, Rodríguez a été transféré au Real
Madrid et Falcao pourrait le suivre. La Ligue 1 pourrait à
nouveau manquer de suspense cette saison avec les Parisiens
seuls au sommet.
Les stars françaises jouent ailleurs
Le PSG n’a jamais été très apprécié en France alors que Bordeaux, Marseille ou Lyon ont toujours été des villes du ballon rond. Le club traditionnel de la capitale s’appelait auparavant Red Star, mais comme il vivait de la corruption, rares
sont ceux qui s’en souviennent encore aujourd’hui. Au milieu des années 80, le projet du Racing Club Paris a été lancé avec des stars mondiales comme l’Allemand Pierre Littbarski et l’Uruguayen Enzo Francescoli. Mais sa durée de
vie a été limitée.
Le succès du Paris Saint-Germain, lui, s’inscrit dans la
durée et le stade du Parc des Princes, souvent comble, témoigne de l’engouement grandissant pour le club. Pourtant,
la capitale ne voit pas évoluer beaucoup de joueurs français.
Les grandes stars tricolores comme Franck Ribéry, Karim
Benzema, Paul Pogba ou Hugo Lloris préfèrent toujours les
grands championnats étrangers. Le Français le plus marquant pendant la Coupe du Monde a été Antoine Griezmann,
qui ne joue pas non plus dans son pays, mais en Espagne pour
la Real Sociedad de San Sebastián. Sa valeur est montée en
flèche durant le tournoi au Brésil. Griezmann change à présent d’employeur pour 30 millions d’euros, mais ne rentre pas
en France. Il part à l’Atletico Madrid. Son collègue Mathieu
Valbuena, une des dernières attractions de la Ligue 1 en dehors de Paris et de Monaco, quitte Marseille pour rejoindre
le Dynamo Moscou.
Les Français ont par ailleurs encore beaucoup de mal à
interpréter les récentes réussites des nouveaux clubs riches
comme un héritage culturel. Il faut dire que l’élan de ces formations est stimulé par les capitaux étrangers. Des millions
arabes à Paris et des millions russes à Monaco. Un parallèle
intéressant peut être dressé avec le RC Lens, dont l’existence
dépend des fonds venus d’Azerbaïdjan. Å
Sven Goldmann
e Système de régulation des transferts de la FIFA (FIFA TMS) a été créé
à l’issue de la Task Force “Pour le bien du jeu” en 2007. À l’époque, et
sur la recommandation de ce groupe de travail, le 57ème Congrès de
la FIFA avait voté la création d’un système en ligne conçu pour faciliter
les transferts internationaux des joueurs professionnels du football à 11
masculin. Les objectifs étaient d’accroître l’intégrité et la transparence
sur le marché en augmentant les données dont disposent les autorités
du football sur chaque transaction, tout en faisant respecter le règlement sur la protection des mineurs. C’est dans ce but qu’a été créé le
Système international de régulation des transferts de la FIFA (ITMS), qui
a révolutionné la façon dont s’effectuent les transferts de footballeurs
à l’échelle internationale.
L’ITMS, développé et entretenu par FIFA TMS, est une plate-forme en
ligne régulée qui gère tous les transferts internationaux de joueurs de
football masculin conformément aux Règlements de la FIFA. Elle gère
également les demandes d’autorisation à la FIFA pour une “première
inscription” de mineur (moins de 18 ans) et les processus de transferts
internationaux impliquant des mineurs. Les clubs ont le devoir de saisir
des données normalisées, telles que l’identité du joueur et les informations relatives à l’accord de transfert, aux honoraires convenus pour le
transfert et aux intermédiaires impliqués. Le cas échéant, le système
compare ces données. Sur la base des informations contenues dans
l’ITMS, les associations membres utilisent le système pour demander et
délivrer un certificat international de transfert (ITC) électronique. L’ITC
permet de communiquer l’inscription d’un joueur d’une association
membre à une autre. (tfw)
Étoile montante James Rodríguez arrive au Real Madrid.
T H E F I FA W E E K LY
13
LE S CHAMPIONN AT S À L A LOUPE
VU DES TRIBUNES
Les Millonarios ne
sont jamais vraiment
partis
Sven Goldmann est spécialiste du
football au quotidien “Tagesspiegel” de Berlin.
Le Ballet Bleu est de retour. Il
n’est peut-être plus aussi
esthétique et spectaculaire qu’à sa grande
époque, mais il faut dire que celle-ci remonte
déjà à plus d’un demi-siècle. De la fin des
années quarante au milieu des années
cinquante, les Millonarios de Bogotá comptaient en effet parmi les meilleures équipes
du monde. Menés par les Argentins Alfredo
di Stéfano, Adolfo Pedernera ou Néstor
Rossi, ils tenaient le haut du pavé et faisaient
même des tournées en Europe. C’est de cette
période que datent deux de leurs surnoms :
les Embajadores, parce qu’on les considérait
comme des ambassadeurs du football colombien, et le fameux Ballet Azul, en référence
au jeu magnifique et chorégraphié qu’ils
pratiquaient.
Depuis, les choses ont évolué. Le club, devenu
la formation la plus titrée de Colombie, est
tombé entre les mains de la mafia, a évité de
peu la faillite et a été transformé par la vente
d’actions à des entreprises financées. Après
une longue période de disette, les affaires
repartent aujourd’hui, y compris sur le plan
sportif. En décembre 2012, 24 ans après leur
dernière couronne, les Millonarios se sont à
nouveau imposés en championnat. Et la
saison qui vient de commencer s’annonce
sous les meilleurs auspices : après deux
victoires en deux matches, le Millonarios
Fútbol Club figure en haut du classement du
Torneo Finalización, le championnat d’automne de la Categoría Primera A (officiellement appelée Liga Postobón depuis 2010).
Les Millonarios sont de retour, mais en
réalité, ils ne sont jamais vraiment partis.
Avec leurs rivaux de Santa Fé et de l’Atlético
Nacional de Medellín, ils constituent la seule
équipe à avoir évolué en première division de
manière ininterrompue depuis la création en
1948 du championnat professionnel colombien. Ces derniers temps, c’était toutefois
l’Atlético Nacional qui menait la danse.
Medellín a décroché les deux derniers titres,
notamment celui du Torneo Apertura en mai
à l’issue de deux confrontations finales avec
l’Atlético Junior de Barranquilla. Le champion
n’a toutefois pas pris un très bon départ dans
la nouvelle saison, puisqu’il s’est incliné lors
du derby du Medellín contre l’Independiente
et a enregistré un nul face au Deportivo Cali.
Pour les Millonarios de Bogotá, les premières
sorties se sont beaucoup mieux passées. Ils
se sont imposés 2:1 lors de leur premier
match contre l’Envigado Fútbol Club avant
de se déplacer à deux reprises sur la pelouse
du minuscule Estadio Metropolitano de
Techo de Bogotá, où ils se sont mesurés deux
fois au Club Deportivo La Equidad. Si la
première des deux rencontres s’est achevée
sur une défaite 1:0 en Coupe de Colombie, les
Millonarios ont redressé la barre cinq jours
plus tard. Le duel a été serré, là aussi, les
filets n’ont tremblé qu’une seule fois, mais en
leur faveur. Peu après la pause, depuis le
centre du terrain, Mayer Candelo a envoyé
un coup franc devant le but, croisant le
chemin de Fabián Vargas. L’ancien international, revenu jouer dans son pays l’année
dernière après des étapes au Brésil, en Argentine, en Espagne, en Grèce et en Équateur, a
réagi de manière inhabituelle. Au lieu d’essayer de se jeter dans la mêlée la tête la
première, Vargas s’est étendu dans les airs de
tout son long et a précipité le ballon dans la
cage de la pointe du pied, laissant bouche bée
les défenseurs adverses.
Cette action spectaculaire a fait ressurgir
des images de la Coupe du Monde au Brésil et
des superbes prestations livrées par l’équipe
de Colombie. Et elle a peut-être consolé
brièvement les supporters qui regrettent que
seuls deux membres de cette sélection, les
deux gardiens remplaçants, gagnent leur vie
en Categoría Primera A. Les ambassadeurs
modernes du football colombien évoluent en
effet en France, en Espagne, en Italie ou au
Portugal. Å
Ballet Bleu Le club le plus titré de
Colombie, les Millonarios, jouent à
nouveau en haut du tableau dans le
championnat d’automne.
14
T H E F I FA W E E K LY
Felipe Caicedo / Getty Images
Liga Postobón de Colombie
Chinese Super League
Une question de
passion
Roland Zorn est expert en
football et vit à Francfort-­
sur-le-Main.
Durant la Coupe du Monde, le
géant endormi était bien
réveillé. Au pays qui se lève tôt, les habitants
n’ont pas hésité à se réveiller en pleine nuit
pour assister à la grande fête du football qui se
déroulait au Brésil. Fête qui s’est pourtant
produite sans la Chine. Celle-ci, jusqu’à ce jour,
ne s’est qualifiée qu’une seule fois pour le
tournoi rassemblant les 32 meilleures équipes
mondiales. C’était en 2002, chez ses voisins
japonais et sud-coréens. L’expérience a d’ailleurs été loin d’être concluante, puisque les
joueurs de l’Empire du Milieu sont rentrés chez
eux dès l’issue de la phase de groupes, avec au
compteur trois défaites et aucun but marqué.
L’élimination précoce de l’équipe nationale n’a
toutefois en rien entamé l’enthousiasme des
Chinois pour le ballon rond : on estime ainsi à
près de 90 millions le nombre de téléspectateurs qui, à trois heures du matin, ont suivi la
finale brésilienne. La plupart étaient pour
l’Allemagne, paraît-il. Quant à voir la Chine
accéder un jour au sommet du football mondial, ce rêve semble encore prématuré.
Zhong Zhi / Getty Images
Pourtant, avec ses 1,3 milliards d’habitants, le
pays le plus peuplé du monde renferme
peut-être un incroyable potentiel footballistique qu’il reste encore à découvrir. Peu avant
sa prise de fonction, le président Xi Jinping,
passionné de football comme nombre de ses
compatriotes, a désigné les trois objectifs
sportifs de son pays : se qualifier de nouveau
pour une Coupe du Monde, organiser prochainement le tournoi suprême sur le sol chinois
et enfin décrocher, tôt ou tard, le titre mondial. L’homme d’État a cependant eu l’intelligence de ne pas fixer de date butoir, conscient
que le chemin conduisant à ces objectifs
serait long et semé d’embûches, même pour
une puissance économique telle que la Chine.
Le pays souffre d’un cruel manque de structures. Il n’existe par exemple aucun championnat dédié aux équipes espoirs. Dans un pays
qui mise avant tout sur la formation scolaire
et professionnelle des générations futures, les
parents eux-mêmes semblent peu disposés à
inscrire leurs enfants dans les clubs de foot-
Un champion dans la
province du football
Marcello Lippi, entraîneur du leader chinois
Guangzhou Evergrande.
ball. En Chine, les sports d’équipe ne jouissent
d’aucune tradition, contrairement aux disciplines individuelles telles que la gymnastique
et le tennis de table. À cela vient s’ajouter le
fait qu’il y a dix ans encore, le football professionnel chinois était un véritable nid de
corruption où les matches truqués étaient
légion. Il a fallu attendre 2004 et la mise en
place de la Chinese Super League ainsi que les
injonctions sévères de l’administration visant
à davantage de transparence et d’intégrité
pour que la situation s’améliore enfin.
L’ancien international néerlandais Arie Haan,
qui travaille en Chine depuis quelques années
et est actuellement au service du club de
première division Tianjin TEDA, estime que le
football chinois est sur une pente ascendante.
Selon lui, le jeu est devenu “plus rapide et plus
athlétique”. Le vainqueur de la Ligue des
Champions d’Asie, Guangzhou Evergrande,
est d’ailleurs une formation chinoise. Après
avoir remporté le championnat national trois
années d’affilée, le club est actuellement de
nouveau en tête de la Super League. Son
propriétaire, Xu Jiayin, un richissime entrepreneur immobilier, a fait profiter à son
équipe du savoir-faire italien en engageant
Marcello Lippi, le sélectionneur de l’équipe
championne du monde de 2006, et d’anciens
internationaux comme Alberto Gilardino et
Alessandro Diamanti. Les quinze autres clubs
de l’élite chinoise reçoivent eux aussi le
soutien de grandes entreprises et les meilleurs joueurs peuvent aujourd’hui compter sur
une rémunération plus que correcte.
Mais tout cela ne suffit pas pour devenir une
grande puissance du football : le pays de
l’économie de marché planifiée est toujours à
la recherche d’un concept de grande envergure. Certes, l’ouverture en 2012 par
Guangzhou Evergrande d’une académie du
football dotée de 50 terrains et d’une large
palette de formations pour ses 2 300 élèves
impose le respect, mais il s’agit là d’une
simple lueur d’espoir. Pour que cette lueur ne
s’éteigne pas comme un feu de paille, l’empire
des supporters enthousiastes doit devenir un
pays de footballeurs passionnés. Mais cela
risque de prendre encore quelque temps. Å
G i r a B o l a L e a g u e d ’A n g o l a
Meyong Ze incarne
le changement
Mark Gleeson est un journaliste
et commentateur sud-africain qui
vit au Cap.
Pendant la majeure partie des
trois dernières décennies, la
Girabola angolaise a été dominée par des clubs
issus du boom pétrolier et de la croissance
rapide de l’économie nationale, à l’image de
Petro Luanda, de Primeiro de Agosto et, plus
tard, de l’AS Aviacao. Mais depuis quelque
temps, le championnat angolais est survolé par
un nouveau venu, le Recreativo Libolo. Vainqueur ce week-end sur la pelouse de Progresso
do Sambizanga, le club de Calulo, dans la
province de Cuanza Sul, compte toujours huit
points d’avance en tête du classement, alors
que l’on aborde le dernier tiers de la saison.
T H E F I FA W E E K LY
15
Si le Recreativo Libolo venait à décrocher le
titre de champion, ce serait le troisième titre
du club au cours des quatre dernières années. Son premier poursuivant est actuellement le tenant du trophée, Kabuscorp.
Lorsque le Recreativo a gagné son titre
inaugural en 2011, il est devenu le premier
club non originaire de la capitale Luanda à
réussir cet exploit depuis l’indépendance de
l’Angola en 1975.
Cette année marque la septième saison de
Libolo en première division angolaise, avec un
bilan de deux titres de champion, une place
de vice-champion et une troisième marche du
podium datant de la première saison du club
parmi l’élite, en 2007. Cette ascension rapide
vers le sommet reflète celle du pays qui, après
avoir éprouvé beaucoup de difficultés à se
remettre des ravages d’une longue guerre
civile, est devenu un tigre économique.
Comme tous les autres pays africains,
l’Angola a longtemps été exportateur de ses
joueurs les plus talentueux. Aujourd’hui, au
contraire, un club comme Libolo importe
des footballeurs camerounais, cap-verdiens,
portugais et mêmes brésiliens. La plupart du
temps, ces joueurs arrivent en Angola après
avoir évolué au Portugal. L’exemple le plus
illustratif de cette tendance est l’arrivée de
l’attaquant camerounais Albert Meyong Ze,
médaillé d’or olympique et qui a déjà participé à une phase finale de Coupe d’Afrique des
Nations de la CAF.
Vers le milieu de la saison 2012/13, Meyong
Ze était le meilleur buteur du championnat
lusitanien avec le Vitoria Setubal. Au début
de la Girabola 2013 (le championnat angolais
se joue de février à novembre), il a rejoint
Kabuscorp, le club de Luanda ayant fait une
offre suffisamment lucrative pour que Setubal ne soit pas en mesure de la refuser.
Ekstraklasa polonaise
Cap sur un nouveau
titre
Andreas Jaros est un auteur
indépendant qui vit à Vienne.
Nul besoin d’être prophète
pour parier sur le nom du
champion de Pologne 2014/15.
Membre de l’élite depuis de nombreuses
années, le Legia Varsovie a été sacré champion
à dix reprises, détient le record de victoires en
Coupe avec 16 trophées et son milieu de
terrain serbe Miroslav Radovic s’est illustré la
saison passée en devenant le meilleur joueur
offensif du championnat (14 buts). Qui pourrait donc empêcher cette équipe de s’emparer
du titre ? Cette année, la course aux points du
grand favori a toutefois débuté par un faux
pas : le Legia s’est vu infliger une défaite 1:0 à
domicile par le promu GKS Belchatow !
Le club de la capitale a néanmoins su redresser
la barre. Lors de la deuxième journée, le weekend dernier, les hommes d’Henning Berg – ancien défenseur norvégien champion d’Angleterre avec Manchester United et les Blackburn
Rovers – l’ont emporté 3:1 contre le Cracovia.
Le Legia s’est donc mis en chasse. Grâce à une
série de coopérations avec d’autres clubs
polonais mais aussi étrangers, le champion en
titre dispose d’un réservoir de jeunes talents
suffisamment abondant. Au niveau international, cependant, cela ne lui suffit pas pour tirer
son épingle du jeu : la phase de groupes de la
Ligue des Champions est restée ces dernières
années un rêve inaccessible, quant à sa dernière participation à la Ligue Europa, elle s’est
achevée de manière désastreuse à l’automne
2013 puisque le Legia a fini dernier de son
groupe derrière Trabzonspor, la Lazio Rome et
l’Apollon Limassol. Il dispute actuellement le
troisième tour de qualification pour la Ligue
des Champions face au Celtic Glasgow.
Le championnat national a beau s’appeler
“Ekstraklasa”, ses membres ne sont pas tous
des clubs de première classe. Même l’équipe
surprise de la saison passée, le Zawisza
Bydgoszcz, vainqueur aux tirs au but en finale
de la Coupe de Pologne 2014 contre le Zaglebie
Lubin, a atteint ses limites à l’occasion de sa
première participation à une Coupe d’Europe :
fin juillet, il a été éliminé au deuxième tour de
qualification de la Ligue Europa face aux
Belges de Waregem.
Par ailleurs, les “légionnaires” polonais ne
possèdent pas tous l’aura de Robert Lewandowski. Une décision que vient de prendre le
1. FC Kaiserslautern l’illustre de façon probante : le club de deuxième division allemande n’a plus besoin des services d’Ariel
Borysiuk, international polonais comptabilisant neuf sélections, et a par conséquent
renvoyé le milieu de terrain dans son pays, où
il jouera au Lechia Gdansk.
Malgré tout, le championnat de Pologne fait
figure d’exception, peut-être pas en raison de
la qualité de ses seize participants, mais de son
format : au bout de 30 journées, les huit
premiers clubs se qualifient pour une seconde
phase où ils se disputent le titre, tandis que les
huit autres jouent leur maintien. Pour ce
second tour constitué de sept matches, les
points sont conservés mais diminués de moitié
et, si nécessaire, arrondis au chiffre supérieur.
Au classement final de la saison passée, cela
donnait une avance de dix points du Legia sur
le second, le Lech Poznan, ancien club de…
Lewandowski, nouvelle recrue du Bayern. Å
La saison passée, Meyong a inscrit 20 buts et
Kabuscorp a gagné la Girabola. La semaine
dernière, le buteur a trouvé le chemin des
filets pour la douzième fois dans le présent
exercice. Mais au cours des semaines à venir,
il devra faire encore mieux s’il veut que son
club puisse revenir sur Libolo. Å
16
T H E F I FA W E E K LY
Objectif : le titre
Henning Berg, l’entraîneur du Legia Varsovie.
Citypress24
C’est d’ailleurs la première fois qu’un club
africain recrute en Europe un joueur au
sommet de son talent. D’habitude, les footballeurs viennent en Afrique soit en fin de
carrière, soit parce qu’ils n’ont pas réussi à
percer en Europe.
TRIBUNE
F I F A ’ S T O P 11
Les plus jeunes joueurs
en Coupe du Monde
Ode au football
Perikles Monioudis
L
e poète grec Pindare s’est fait un nom très
tôt. Né vers 522 avant Jésus-Christ, l’adolescent recevait déjà de nombreuses commandes de la part des vainqueurs des grands
tournois qui désiraient des hymnes ou des
odes triomphales écrits de sa main. Dans ses
Épinicies, Pindare chantait les louanges des
vainqueurs des quatre grandes compétitions
panhelléniques, dont les Jeux Olympiques.
Deux mille cinq cents ans plus tard, cette
forme de vénération ou d’hommage est quelque
peu tombée en désuétude. Non pas que les participants aux Jeux Olympiques ne soient plus
reconnus, bien au contraire. Le monde entier
est aujourd’hui informé en temps réel de l’ensemble des performances sportives et sait tout
des hommes et des femmes qui les réalisent –
Usain Bolt, James Rodríguez ... Mais de là à les
immortaliser dans une ode, il y a un pas que
peu de gens sont prêts à franchir.
En plus d’être l’un des poètes de langue allemande les plus talentueux du moment, Albert Ostermaier, né bien après Pindare, est
également un amateur de football. On l’a même
vu défendre les buts de l’équipe nationale des
auteurs allemands et il est le curateur de la
Fondation pour la culture de la Fédération allemande de football. Sa dernière œuvre, Flügelwechsel (“Changement d’aile”) est composée
d’odes footballistiques dédiées à de grands
joueurs allemands mais aussi internationaux
tels que Franck Ribéry, Jorge Valdano ou
encore Sócrates, le footballeur et pédiatre
­
­brésilien aujourd’hui disparu.
Pour ce qui est de son activité de gardien
de but, il y a fort à parier que le Munichois de
46 ans puise une grande partie de son inspiration du côté d’Oliver Kahn, dont il chante les
louanges dans pas moins de six odes, et du
nouveau champion du monde Manuel Neuer –
le tout à une époque où la mise en valeur
­lyrique d’un individu ou de ses performances,
sportives ou non, peut sembler dépassée et est
tournée en ridicule dès lors qu’il ne s’agit pas
d’un chant de supporters. Mais dans les odes
footballistiques d’Ostermaier, les joueurs tout
comme l’auteur sont à l’abri de toute forme de
ridicule, ce qui en soi est déjà un exploit. Au
contraire, après avoir lu les six odes consacrées
à Oliver Kahn, on perçoit le gardien avec plus
de clarté, et ce en dépit ou peut-être grâce à
l’idéalisation dont il fait l’objet.
En effet, grâce à ces textes, nous voyons
devant nos yeux le Titan, ainsi que les Allemands continuent de l’appeler, sauter énergiquement en l’air et réussir à stopper les tirs les
plus compliqués, comme si, à aucun moment,
il n’avait cessé de défendre les filets. Dans
notre tête, Kahn, triple meilleur gardien de
football de l’année, continue d’ailleurs de repousser les ballons. Les images de ses actions
sont tout simplement indélébiles, comme en
témoignent ces odes. Å
La rubrique hebdomadaire de la
rédaction de The FIFA Weekly
11
ans
Nedim Dogan (Turquie)
Poste : attaquant
Coupe du Monde : Suisse 1954
16
ans
Edú (Brésil)
Poste : attaquant
Coupe du Monde : Angleterre 1966
17
ans
Norman Whiteside (Irlande du Nord)
Poste : attaquant
Coupe du Monde : Espagne 1982
Femi Opabunmi (Nigeria)
Poste : milieu de terrain
Coupe du Monde : Corée / Japon 2002
Theo Walcott (Angleterre)
Poste : attaquant
Coupe du Monde : Allemagne 2006
Samuel Eto’o (Cameroun)
Poste : attaquant
Coupe du Monde : France 1998
Walter Brom (Pologne)
Poste : gardien de but
Coupe du Monde : France 1938
Pelé (Brésil)
Poste : attaquant
Coupe du Monde : Suède 1958
Ronaldo (Brésil)
Poste : attaquant
Coupe du Monde : États-Unis 1994
18
ans
Leite Carvalho (Brésil)
Poste : attaquant
Coupe du Monde : Uruguay 1930
Fabrice Olinga (Cameroun)
Poste : attaquant
Coupe du Monde : Brésil 2014
Source : FIFA
(FIFA World Cup, Milestones & Superlatives,
Statistical Kit, 20.06.2014)
T H E F I FA W E E K LY
17
LE DÉBAT
tournoi. “Les ballons arrivaient tous sur moi”,
résumera la Canadienne en mars 2013 à l’occasion d’une interview accordée à l’Edmonton Sun.
50 000 spectateurs pour la finale
Le titre de championne du monde lui échappe
cependant : les joueuses du pays hôte s’inclinent face aux États-Unis au terme d’une brûlante finale disputée devant près de 50 000
spectateurs. C’est un terrible but en or inscrit
dans le temps additionnel par la capitaine américaine qui fait la différence. Ce tournoi fera
date dans l’histoire du sport. Quel succès pour
le football féminin !
Cette compétition ne lance pas seulement
la carrière de Sinclair. La Brésilienne Marta,
alors âgée de 16 ans, fait elle aussi parler d’elle
pour la première fois à l’échelle internationale.
Elle doit certes se contenter de la quatrième
place, mais elle aura par la suite l’occasion
d’étoffer largement son palmarès, allant même
jusqu’à décrocher cinq fois de suite le titre de
Joueuse Mondiale de la FIFA (2006 à 2010).
Là où tout a commencé
Mardi prochain débutera au Canada la Coupe
du Monde Féminine U-20. En 2002, une ­nouvelle
ère du football féminin junior s’était ouverte
dans ce pays.
Yvonne Lemmer
S
i le premier Championnat du Monde de
Football Féminin U-19 a pu être organisé
en 2002, c’est grâce à l’impulsion fournie
par le succès de la troisième édition de la
Coupe du Monde de Football Féminin,
trois ans plus tôt aux États-Unis. Celle-ci
a permis au football féminin de franchir une
étape : pour la première fois, le tournoi de 1999
a été disputé dans de grands stades, battant des
records en termes d’affluence et de couverture
médiatique.
18
T H E F I FA W E E K LY
En 2002, tous les regards sont donc tournés
vers les 12 équipes participantes et les 26 rencontres organisées à Edmonton, Vancouver et
Victoria. C’est l’occasion pour de futures stars
du football féminin mondial de se faire pour la
première fois remarquer sur la scène internationale. C’est notamment le cas de Christine Sinclair. Après avoir signé dix buts au cours de ce
Championnat du Monde disputé sur son propre
sol, l’attaquante de 19 ans s’adjuge les titres de
meilleure buteuse et de meilleure joueuse du
Répétition générale avant la Coupe
du Monde 2015
À partir du 5 août prochain, 16 nations vont se
disputer le titre mondial U-20. Edmonton, Toronto, Montréal et Moncton sont les villes
hôtes du tournoi. La compétition va en outre
être marquée par une grande première : pour la
première fois en Coupe du Monde Féminine
U-20, des matches seront disputés sur gazon
artificiel sur trois des quatre sites. Pour le pays
organisateur, la compétition fait également office de répétition générale avant le plus grand
événement du calendrier footballistique 2015,
à savoir la Coupe du Monde Féminine. Sinclair
ne le cache pas : “L’objectif du Canada est de
gagner le titre.”
Pour promouvoir le football féminin junior,
la FIFA organise en outre depuis 2008 une
Coupe du Monde Féminine U-17, qui se déroule
également tous les deux ans. Jusqu’à présent,
la RDP Corée, la République de Corée, la France
et le Japon ont réussi à s’emparer du trophée. Å
Les débats de The FIFA Weekly
Qu’est-ce qui vous interpelle ?
De quels sujets aimeriez-vous
discuter ? Envoyez vos propositions à :
[email protected]
Tony Quinn / Soccer Pix USA
Triomphe en 2002 Lindsay Tarpley, auteure
du but en or lors de la finale, remporte le titre
avec l'équipe U-19 des États-Unis.
LE DÉBAT
LE BILLET DU PRÉSIDENT
Les impressions des utilisateurs de
FIFA.com à l’approche de la Coupe du
Monde Féminine U-20 :
En ce moment, je suis sous le charme de la
sélection paraguayenne qui va disputer la
Coupe du Monde U-20 au Canada ! La force
d’impact et l’assurance des joueuses, combinées à la faculté d’anticipation d’un entraîneur
circonspect, permettront à cette équipe d’aller
loin dans la compétition. Je croise les doigts
pour que chez les femmes aussi, cette année
soit placée sous le signe du football sud-américain et pour que le Paraguay finisse en bonne
position !
tomtom73, Pays-Bas
Le football féminin est un sujet important.
Je joue moi-même au sein d’une petite équipe
féminine et j’ai hâte de voir débuter la Coupe
du Monde U-20 au Canada. Ce doit être
incroyable de jouer devant autant de monde
et de donner son maximum sur la pelouse.
Mon équipe favorite est le Brésil, j’espère que
les filles vont réussir à s’imposer dans ce
groupe difficile. Ce serait l’occasion de donner
une petite leçon de football à leurs collègues
masculins.
J’ai surtout hâte d’être en 2015. J’espère que
le Canada va gagner à domicile !
landslide55, Canada
“Je m’attends
à du très beau
spectacle et à du
football de très
grande qualité !”
Claudia222, Suisse
Je vais avant tout suivre le parcours de
l’équipe d’Allemagne. J’ai particulièrement
hâte de voir le match qui va l’opposer aux
États-Unis, tenants du titre. Je m’attends à du
très beau spectacle et à du football de très
grande qualité ! Ce sera l’occasion de revoir
l’affiche de la finale de 2012, et puis les rangs
allemands ont été renforcés entre-temps avec
Melanie Leupolz et Sara Däbritz, deux
joueuses déjà célèbres mais surtout très
compétentes. Elles vont faire leur maximum
afin de montrer leur talent de techniciennes
mais aussi de meneuses et tenter de tenir la
dragée haute aux États-Unis !
Ceux qui pensent encore que le football
féminin est une version édulcorée du
football masculin n’ont rien compris ! Lors
de cette Coupe du Monde U-20, certaines
sélections masculines se feraient éliminer
sans tambour ni trompette et n’auraient
aucune chance d’atteindre ne serait-ce que
les quarts de finale ! Cette évolution me ravit,
n’en déplaise aux râleurs !
BigFish76, Suède
Marta est la meilleure. Je suis l’un de ses plus
grands fans.
antoinette_gehtrund90, Allemagne
“Le football féminin est
un sujet important.”
ydyo19861120, Chine
L’avenir du football
L
a Coupe du Monde vient à peine de se terminer
que la prochaine est déjà sur le point de débuter.
Vingt-trois jours après la finale à Rio de Janeiro,
la Coupe du Monde Féminine U-20 va en effet s’ouvrir à Toronto avec le match Canada – Ghana. Cette
première rencontre reflète à elle seule la dimension
mondiale qu’a prise le football féminin. Aujourd’hui,
près de 40 millions de femmes et de jeunes filles
pratiquent ce sport au sein de l’une des 209 associations membres de la FIFA. L’essor du football féminin est particulièrement notable au niveau junior :
14 pour cent des jeunes footballeurs sont des filles.
Dans aucune autre catégorie d’âge, le potentiel de
croissance de notre sport n’est aussi fort.
La liste des pays participants illustre l’importance que revêt le football sur la question de l’égalité des sexes. Dans tous les milieux culturels, le
sport joue le rôle de précurseur dans ce domaine
majeur, en particulier en Afrique et en Asie. En décembre dernier, la FIFA a envoyé un signal fort en
attribuant la phase finale de la Coupe du Monde
Féminine U-17 2016 à la Jordanie. Dans le monde
arabe, le sport est en effet en mesure de jouer un
rôle majeur sur le plan social.
L’évolution des rapports de force footballistiques
sera également intéressante à observer au Canada :
sous quel jour va se montrer l’équipe de France, qui
a remporté le titre mondial U-17 il y a deux ans ? Les
Nord-Coréennes, les Ghanéennes et les Allemandes,
qui pour leur part occupaient les places 2 à 4 à l’issue
du tournoi de 2012, ont-elles progressé ?
Pour le Canada, où le football féminin bénéficie
d’une grande considération au sein de la société,
cette compétition U-20 constitue un événement
majeur, notamment sur le plan organisationnel et
logistique. Dans dix mois, cette grande nation sportive accueillera en effet des joueuses et des supporters du monde entier à l’occasion de l’épreuve suprême du football féminin qui rassemblera pour la
première fois 24 équipes. Les chiffres d’audience
télévisuelle de la Coupe du Monde Féminine 2011 en
Allemagne (407,8 millions de spectateurs) laissent
clairement entrevoir l’ampleur du rayonnement
dont jouira l’événement.
Mais d’abord, nous nous réjouissons d’assister à
la confrontation des 16 meilleures équipes juniors.
À Edmonton, Moncton, Montréal et Toronto, c’est
l’avenir du football féminin qui va nous être dévoilé.
Votre Sepp Blatter
T H E F I FA W E E K LY
19
First Love
Lieu : Accra, Ghana
Date : 27 juin 2011
Heure : 11h09
20
T H E F I FA W E E K LY
Terry White
T H E F I FA W E E K LY
21
COS TA RIC A
Arnoldo Robert / LatinContent / Getty Images
“Nous voulons être présents
en Russie en 2018”
Acclamée L’équipe du Costa Rica après la Coupe du Monde.
La qualification du Costa Rica pour les quarts de finale de la
Coupe du Monde a été l’une des grandes surprises de l’été.
Henry Duarte, directeur technique de la Fédération costaricaine
de football, revient pour nous sur les causes du grand
coup du petit État centraméricain.
T H E F I FA W E E K LY
23
COS TA RIC A
Tout simplement heureux
Des fans de
l’équipe
nationale.
Avec 4,3 millions d’habitants, le Costa Rica
n’est pas à proprement parler un grand pays
de football. Dans ces conditions, faut-il
s’étonner de sa présence en quart de finale
de la Coupe du Monde ?
Henry Duarte : Personnellement, je n’ai
pas été surpris. Je m’attendais à une performance de ce genre. Le Costa Rica est un vrai
pays de football, qui compte plus d’un million
de footballeurs et de footballeuses. Nous
disposons d’un vaste réservoir de talents.
Plusieurs internationaux évoluent dans de
grands championnats étrangers. Avant la
phase finale, nous étions parmi les
30 premiers du Classement FIFA. Aujourd’hui,
nous pointons au seizième rang.
Votre équipe était pourtant la moins
“chère” de la phase finale. Les footballeurs
costaricains seraient-ils sous-évalués ?
Tout le monde n’a peut-être pas encore
pris conscience des progrès que nous avons
réalisés. Quand on parle du Costa Rica, on
pense souvent au tourisme. Pourtant, la
fédération a mis en place d’ambitieux projets
à long terme. Nous avons ainsi pu donner une
base solide à l’équipe nationale. Nous avons
pris exemple sur l’Uruguay, un pays encore
moins peuplé [3,4 millions d’habitants, ndlr].
“Nos clubs profitent déjà
des retombées de cette compétition.”
Au premier tour, vous avez laissé sur le
carreau trois anciens champions du monde :
l’Italie, l’Angleterre et l’Uruguay. Si vous aviez
annoncé un tel résultat avant le tournoi,
on vous aurait pris pour un fou…
au Brésil, nous avons livré de superbes performances sur le plan tactique. Nos matches
pourraient faire l’objet d’analyses dans tous les
séminaires réservés aux entraîneurs.
Notre rêve était d’atteindre les huitièmes de
finale. Nous avons fait de ce rêve une réalité.
Notre excellente préparation a été la clé de
notre succès. Notre sélectionneur colombien
Jorge Luis Pinto a étudié à la loupe le jeu de
l’Uruguay, de l’Italie et de l’Angleterre. À
l’inverse, nos adversaires ont sans doute
commis l’erreur de nous prendre à la légère.
Nous avons tout de suite pris les Uruguayens
en défaut grâce à notre organisation rigoureuse
en défense et à notre capacité à nous projeter
rapidement vers l’avant. Ensuite, nous avons
déroulé contre l’Italie et l’Angleterre. Dans un
tournoi de ce type, il est très difficile d’inverser
une dynamique de groupe. Durant notre séjour
On imagine l’euphorie qui règne actuellement
au Costa Rica…
24
T H E F I FA W E E K LY
Ce n’est rien de le dire. Les gens ont le
sourire depuis la Coupe du Monde. Notre
équipe leur a donné énormément de bonheur
et ce sentiment d’extase n’est pas près de
s’estomper. Les Costaricains ont envie de
continuer à faire la fête. Ils ont hâte de revoir
leur équipe nationale en action. Beaucoup de
jeunes filles et de femmes se sont aussi laissé
gagner par la fièvre du football.
Le Costa Rica a fait sa première apparition en
phase finale de Coupe du Monde en 1990.
Rappelons qu’à l’époque, le plateau ne
r­ éunissait que 24 équipes. À la surprise générale, votre équipe avait atteint les huitièmes de
finale. Comment jugez-vous votre performance
au Brésil, par rapport à celle réalisée en Italie ?
En Italie, nous pouvions compter sur une
génération expérimentée, qui était alors à son
apogée. Ces internationaux ont su donner le
meilleur d’eux-mêmes dans les moments
décisifs. Ce parcours marquait aussi la fin d’un
cycle. Plusieurs joueurs ont pris leur retraite
internationale à l’issue du tournoi. Ce n’est
donc pas un hasard si nous avons dû patienter
douze ans avant de nous qualifier à nouveau
pour la phase finale en Corée et au Japon.
Quelle influence Bora Milutinovic a-t-il eu sur
cette première qualification historique, en 1990 ?
Bora était l’homme de la situation. Il avait
l’art de motiver ses troupes. Il a su les garder
sous pression pendant toute la campagne de
COS TA RIC A
Les dernières
minutes du
Costa Rica à
la Coupe du
Monde 2014
La sélection
pendant les tirs
au but contre
les Pays-Bas.
naturellement incités à piocher prioritairement
dans leurs centres de formation. Contrairement
à ce que l’on observe dans de nombreux autres
championnats, les postes les plus importants
ne sont pas tenus par des stars étrangères. Ils
progressent ainsi sur le plan de la vivacité, de
l’intensité et de la rigueur tactique. La LINAFA
joue également un rôle important dans le
développement des jeunes. Ce championnat, le
troisième par ordre d’importance, regroupe les
meilleures équipes amateur. C’est la base sur
laquelle nous avons construit notre succès.
La FIFA au Costa Rica
Ezequiel Becerra / AFP, Alex Livesey / FIFA via Getty Images, Lars Baron / FIFA via Getty Images
La Fédération costaricaine de football
a été représentée quatre fois en Coupe
du Monde (en 1990, 2002, 2006
et 2014). Actuellement, l’équipe du
Costa Rica occupe la 16ème place du
Classement FIFA. Cet État d’Amérique
centrale compte environ 4,5 millions
d’habitants.
En 2001, 2007 et 2009, la FIFA a aidé
la fédération à hauteur de 1 675 000
dollars américains pour la construction et l’aménagement de ses quartiers
généraux à San Rafael de Alajuela,
d’un centre technique, d’un gymnase
et de plusieurs terrains de football.
En 2010 et en 2011, la FIFA a soutenu
la construction d’hébergements en
­investissant 900 000 dollars.
la Coupe du Monde. Aujourd’hui, nous cherchons à travailler sur le long terme, en consolidant notre place parmi l’élite mondiale.
Justement, que fait la Fédération costaricaine
de football pour pérenniser le succès enregistré au Brésil ?
Il faut avant tout saisir les occasions qui se
présentent à nous. Désormais, il nous sera plus
facile d’organiser des matches amicaux contre
de grandes équipes. Auparavant, nous étions
relativement isolés. Nos clubs profitent déjà des
retombées de cette compétition. Huit des douze
pensionnaires de première division ont été
invités à l’étranger pour des stages de préparation : aux États-Unis, au Canada, au Mexique…
Il y a encore trois mois, c’était inimaginable.
Sur le plan des infrastructures, nous avons
beaucoup progressé depuis quinze ans. À cette
époque-là, nous n’avions rien. L’équipe natio-
Qu’en est-il des entraîneurs costaricains ?
L’entraîneur
Jorge Luis Pinto
a décidé de
quitter son
poste de
sélectionneur
du Costa Rica.
nale menait une existence de nomade. Il lui
arrivait même de s’entraîner sur des terrains de
baseball. Nous disposons maintenant de trois
terrains et d’une pelouse artificielle. Nous
avons également fait construire un stade de
35 000 places à San José.
En consultant l’effectif du Costa Rica pour la
Coupe du Monde, on voit que 14 internationaux évoluent à l’étranger. Quel rôle joue le
championnat national dans le redressement
de la sélection ?
Il tient une place très importante, même si
nos clubs laissent régulièrement partir leurs
meilleurs éléments à l’étranger. Mais cette
situation a ses avantages : elle les oblige à
donner leur chance aux jeunes et à miser
fortement sur la formation. Le règlement de
notre championnat n’autorise que trois joueurs
étrangers par club. Les dirigeants sont donc
La formation des techniciens est l’autre
point fondamental de notre programme de
développement. Pour que le football costaricain franchisse un nouveau palier, nous avons
besoin d’entraîneurs expérimentés et compétents, capables d’exploiter pleinement le
potentiel de nos joueurs.
Globalement, les représentants de la Zone
CONCACAF se sont plutôt bien comportés au
Brésil. Le Costa Rica, les États-Unis et le
Mexique ont atteint la seconde phase du
tournoi. La région est-elle arrivée à maturité ?
Presque. Des pays comme le Panama, le
Salvador ou le Canada possèdent aussi des
arguments. Le succès du Costa Rica va rejaillir sur toute la région. Il donne aussi du poids
à nos revendications : nous méritons une
quatrième place en phase finale.
Quels sont vos prochains objectifs ?
Nous voulons absolument être présents en
Russie en 2018. C’est capital. La formation se
trouve également au cœur de nos préoccupations. Nous travaillons actuellement sur les
U-15, les U-17, les U-19 et les U-20. Il nous
manque encore une sélection U-23. Les qualifications pour le Tournoi Olympique de Football
2016 à Rio de Janeiro doivent nous permettre
de combler cette lacune. Nous allons tout faire
pour amener la prochaine génération au plus
haut niveau. La belle histoire que nous avons
vécue cet été au Brésil peut s’enrichir d’un
chapitre supplémentaire dans deux ans. Å
Propos recueillis par Thomas Renggli
T H E F I FA W E E K LY
25
EVERY GASP
EVERY SCREAM
EVERY ROAR
EVERY DIVE
EVERY BALL
E V E RY PAS S
EVERY CHANCE
EVERY STRIKE
E V E R Y B E AU T I F U L D E TA I L
SHALL BE SEEN
SHALL BE HEARD
S H A L L B E FE LT
Feel the Beauty
BE MOVED
THE NEW 4K LED TV
“SONY” and “make.believe” are trademarks of Sony Corporation.
EN BREF
I
l a pris son dernier repas peu avant le lever du soleil. C’est le Ramadan, le mois saint pour les Musulmans. Il est footballeur professionnel. Après
l’entraînement, il n’a rien avalé pour reprendre des forces, pas même une gorgée d’eau. La faim l’a tenaillé toute la journée. Ce soir, il a encore un
match à jouer. Le soleil descend sur le stade. Il n’est pas encore l’heure de manger. Le match bat son plein. Le joueur ne laisse rien paraître, on ne
devinerait pas qu’il n’a rien avalé de la journée. Il court, se bat et se démène, c’est l’un des meilleurs sur le terrain. À deux reprises, il se montre dangereux devant le but adverse, il tire et marque. Il tombe à genoux comme pour une prière, remercie son Dieu. Ses deux buts offrent la victoire à son
équipe. À présent, il fait noir. Il a bien mérité de pouvoir se restaurer. Sa prestation était grandiose. Å
Dominik Petermann
imago
L
e flipper est là, près de la porte d’embarquement numéro 62 de
l’aéroport. Il clignote, vibre et émet tous les sons possibles. Il
s’agit certainement d’un modèle ancien. Sur le fronton lumineux,
au-dessus de l’affichage numérique nerveux, rit Zinédine Zidane. Il
a encore tous ses cheveux et effectue l’un de ses gestes techniques
mondialement connus. Les enfants, petits et grands, se regroupent
autour de l’appareil. Un bébé en poussette regarde le joueur avec
respect. Il devra attendre quelques années avant de pouvoir voir la
bille en métal derrière la vitre. La joie du football pour chasser
l’ennui. Ce qui est sûr, c’est que la vieille machine devrait encore
fonctionner quelques années dans cette salle oppressante. Puis, en
bruit de fond, deux petits haut-parleurs qui crépitent à chaque
voyelle annoncent : “Dernier appel pour le vol 4422 à destination de
Marseille”. La foule autour du flipper se disperse. Le quarantenaire
massif, en bermuda et maillot de football, propulse une dernière
fois la bille sur les boîtiers en caoutchouc avant de tourner lui aussi le dos au flipper. Å
Alan Schweingruber
S
e prendre soi-même en photo est devenu à la mode depuis que
la technique des Smartphones et le besoin de se mettre en
­valeur de leurs propriétaires ont trouvé leur accomplissement
dans le selfie. La Chancelière allemande Angela Merkel et l'inter­
national Lukas Podolski se sont pris en photo ensemble lorsque les
Allemands ont conquis le trophée mondial à Rio de Janeiro. Mais
de plus en plus de footballeurs font aussi involontairement l'objet
de selfies. C'est notamment le cas de Mario Balotelli. La star
­m ilanaise jouait il y a quelques jours à l'Heinz Field Stadion de
Pittsburgh contre Manchester City lorsque deux fans de Milan sont
entrés sur le terrain pour se photographier avec lui, avant d'envoyer
l'image sur Twitter. Avec la mode du selfie apparaît ainsi un nouveau type de perturbateurs : ils sortent de l'anonymat pour se
­retrouver pendant un moment dans les Smartphones de tous ceux
qui préféreraient pourtant suivre les matches sans l'intervention
de ces fauteurs de troubles. Å
Perikles Monioudis
T H E F I FA W E E K LY
27
FOR THE WORLD
IE
R
É
S
A
L ANN
OBERM E 1/4
ÉPISOD
Le football, source d’espoir Holger Obermann au milieu de jeunes footballeurs pakistanais
Des mini-buts au Pakistan
A
u Pakistan, nous avons été confrontés au travail des enfants. Nous
ne nous sommes pas seulement intéressés à ce problème dans le
cadre de l’initiative “Football for Hope” lancée par la FIFA. Nous
nous sommes consacrés au sujet pendant plusieurs semaines.
Dans une petite ville du pays, des centaines d’enfants étaient
contraints de travailler dans des usines qui fabriquaient surtout
des ballons exportés dans le monde entier. Mais avec l’aide de la FIFA,
de plusieurs fondations européennes et de l’industrie des articles de
sport, nous avons pu trouver une solution. Une large campagne a été mise
en place et a permis de libérer les enfants des ghettos et de les intégrer
à un programme axé sur le football et appelé “De la machine à coudre au
terrain de foot”. Ce projet a rencontré un immense succès.
Le sport peut être d’une grande aide. Surtout quand les gens commencent à perdre espoir. Dans le nord du pays, dans le Cachemire pakistanais, la population souffre tout particulièrement. Aujourd’hui encore, les
combats y font rage. Par le passé, beaucoup de sang a coulé entre les Pakis28
T H E F I FA W E E K LY
tanais et les Indiens. Des milliers de personnes ont trouvé la mort. Sans
oublier bien sûr les catastrophes naturelles. La région autour de Muzaffarabad, capitale de l’État d’Azad Cachemire, a été très durement touchée.
Cela s’est produit le 8 octobre 2005, à 8h50. Un tremblement de terre
a secoué la région sur plusieurs centaines de kilomètres. Des maisons se
sont effondrées, des vies ont été anéanties. Le nombre des victimes n’a
cessé de grimper au fil des heures. Au total, on en a dénombré au moins
100 000. Les secours, dont certains arrivaient d’Allemagne, ont eu du mal
à se déplacer dans la région dévastée. De nombreux enfants et adolescents
ont perdu leurs familles, se retrouvant du jour au lendemain à la rue.
Ici aussi, le football a eu son rôle à jouer. La FIFA ainsi que de nombreuses fédérations nationales ont réagi et envoyé des tenues de sport
et, plus important encore, des entraîneurs. La solidarité humaine est
entrée en action. L’important n’était pas de marquer des buts ou de ne
pas en encaisser, la tactique et la technique étaient secondaires, tout
comme la notion de victoire ou de défaite. Un grand nombre d’enfants
Holger Obermann
Il y a dix ans, l’entraîneur allemand Holger Obermann s’est rendu dans les
­régions pakistanaises sinistrées et en crise afin d’aider les habitants.
La force du football lui a permis de soulager la souffrance de la population.
FOR THE WORLD
étaient traumatisés et le sont aujourd’hui encore. Mais peu à peu, le sport
les a aidés à retrouver une certaine joie de vivre.
Le tragique destin de Safer
Des enfants, toujours des enfants, ils me suivent partout. Ils sont sans
défense. Souvent perdus. Parmi eux, Safer Gilani, il vient du village de
Neleem, situé à vingt kilomètres de Muzaffarabad. Lorsque le séisme a
eu lieu, il se trouvait chez ses grands-parents à Islamabad, la capitale. À
la radio, il apprend que son village, comme d’autres, a été ravagé. Safer
se met aussitôt en chemin. L’entreprise s’avère délicate. Dans un rayon
de cinquante kilomètres autour de l’épicentre, toutes les routes ont été
détruites. Après moult détours, le garçon parvient tant bien que mal à
rejoindre Muzaffarabad. Qu’est devenue sa famille ? La tragique nouvelle met plusieurs jours à lui parvenir : ses parents et ses cinq frères et
sœurs, tout le monde est mort. Je ne peux pas faire grand-chose pour
aider Safer, mais je fais en sorte qu’il ait une place dans la grande tente
de la Croix-Rouge. Je ressens une profonde tristesse, je me sens désarmé.
Un destin parmi tant d’autres en ces jours difficiles.
2006, un an s’est écoulé, je retourne à Muzaffarabad. Dans mes bagages, des dons en provenance d’Allemagne, des chaussures et des vêtements chauds pour les enfants traumatisés. L’hiver vient de commencer.
Cette fois, les ballons et les crampons sont moins demandés. Pourtant,
le football est toujours présent. Jouer pour oublier. Sur un terrain dur
comme de la pierre. Se sentir libre, courir, se battre, gagner enfin. À
chaque but marqué, la souffrance semble s’envoler, du moins pendant
quelques secondes. Pourtant, Safer est toujours traumatisé. Mais il y a
autre chose dans ses yeux, comme un souffle de bonheur de voir à nouveau un ballon rouler. Le football sous son plus beau jour.
Les garçons jouent jusqu’à ce qu’ils s’écroulent de fatigue. À bout de
force, épuisés. Survient alors le problème suivant, à savoir la faim et la
soif. Là aussi, nous pouvons les aider. Mohsen, mon accompagnateur, luimême Pakistanais, a pris les devants. Dès le matin, il est parti acheter des
sandwiches, du lait et des fruits. Les garçons se régalent, mais pas seulement. L’espoir semble revenir peu à peu. Il y a peut-être un lendemain.
“On continue, coach !”
En route pour Rawalakot et Abbottabad, pour une inspection. Les routes
étroites qui surplombent un abîme vertigineux ne permettent pas d’avancer
bien vite. Temps de voyage estimé : cinq heures pour à peine cent kilomètres. Soudain, des phares apparaissent derrière nous. Le véhicule nous suit
depuis quelques kilomètres. Un guet-apens ? La boule au ventre revient.
J’ai l’habitude de refouler la peur, sinon je ne serais pas ici, dans ces pays
touchés par les guerres et les conflits. Le véhicule fait une embardée, nous
double et fait une queue de poisson juste devant notre pare-chocs. Nous
pilons. Fausse alerte, les uniformes des quatre Pakistanais sont synonymes
de sécurité. Il s’agit de la police secrète qui tient à s’assurer que personne
ne passe trop près de la centrale nucléaire. Escorte jusqu’à Rawalakot. Inspection avec les responsables, accompagnée de la promesse d’un don versé par la FIFA au cours des prochains mois. Des mini-buts sont également
livrés. Le fait de jouer sur un espace réduit permet aux garçons d’améliorer
leur maîtrise du ballon. Et comme ils jouent sans gardien, la plupart des
tirs atterrissent au fond des filets. Les enfants sont ravis.
Le danger fait partie de mon travail, mais il n’est finalement pas présent ce jour-là. Ouf, je respire. Abbottabad est situé un peu plus loin dans
les montagnes. Pendant leur temps libre, les cadets de l’académie militaire
jouent au football. En voyant l’énorme paquet avec les cinquante ballons
et maillots en provenance d’Allemagne, ils ont du mal à contenir leur joie.
Au bout de 120 minutes de jeu, aucun d’entre eux ne semble fatigué. “On
continue, coach !”, crient-ils à mon attention. Je les fais jouer un quart
d’heure de plus. Å
L A FIFA AIDE LE PAKIS TAN
En partenariat avec l’OIT (Organisation Internationale du Travail), la FIFA a
commencé en 2005 à distribuer au Pakistan des “Football Resource Kits”
dans le cadre du Programme international pour l’abolition du travail des
enfants (IPEC). Dès mars 2002, un premier projet Goal avait été lancé par la
FIFA : la construction du siège de la Fédération pakistanaise de football
(PFF) et de son centre technique (montant total : 512 608 dollars américains,
tous les deux à Lahore). Quatre ans plus tard, la FIFA a débloqué 400 000
dollars supplémentaires en vue de la construction à Karachi d’un centre
d’entraînement de la PFF.
Pendant l’entraînement Obermann instruit les enfants de la région.
Des ballons pour tous Coup d’envoi avec vue panoramique.
Pendant de nombreuses années, Holger Obermann (né en 1936 à Cassel, Allemagne)
a œuvré pour le football sur quatre continents dif férents. Dans le cadre d’une série
de quatre épisodes, The FIFA Weekly vous présente en exclusivité des extraits de son
manuscrit “Mein Fussball hatte Flügel” (Mon ballon avait des ailes).
DANS L’ÉDITION DU 15 AOÛT, DÉCOUVRE Z L A SECONDE PARTIE,
CONSACRÉE AU C AMEROUN.
T H E F I FA W E E K LY
29
Nom
Alexei Sorokine
Date et lieu de naissance
Fonction
Directeur général du Comité
organisateur local (COL) Russie 2018.
Auparavant, Secrétaire général
de la Fédération russe de football et
directeur du comité de candidature
Russie 2018.
30
T H E F I FA W E E K LY
Golovanov + Kivrin / imago
5 avril 1972, Moscou
L’ I N T E R V I E W
“Le football fait aussi partie
de l’âme russe”
Dans quatre ans s’ouvrira en Russie la prochaine édition de la Coupe du Monde. Alexey Sorokin,
directeur général du tournoi, nous parle des préparatifs et de l’évolution du football russe.
Monsieur Sorokine, le football est ancré dans
l’âme brésilienne. Qu’en est-il en Russie ?
Alexei Sorokine : L’âme russe est également
imprégnée de football. Il s’agit du sport
numéro un en Russie, ne serait-ce que du
point de vue des statistiques. Nous n’avons
certes jamais été champions du monde, mais
nous avons déjà remporté l’EURO et le tournoi olympique. En Russie, pas moins de cinq
millions de personnes jouent dans un club,
sans compter bien sûr ceux qui pratiquent le
ballon hors de ces structures.
Quel regard la population porte-t-elle sur sa
Coupe du Monde 2018 ?
Il y a un enthousiasme incroyable, on le
sent. Quant aux sondages, ils sont prometteurs et encourageants. 76 % des personnes se
prononcent clairement en faveur de la Coupe
du Monde 2018 en Russie. C’est un bon début.
D’autant plus que la campagne publicitaire n’a
pas encore commencé et que les sponsors
vont eux aussi lancer leurs actions. Mais ça
fait plaisir de voir que cette Coupe du Monde
reçoit un accueil favorable.
Certaines infrastructures sont déjà prêtes.
C’est le cas par exemple du stade du Spartak
à Moscou ou bien de ceux de Sotchi et de
Kazan. Quelle est votre principale priorité
actuellement ?
Il reste encore beaucoup à faire. La Coupe
du Monde brésilienne vient de s’achever, nous
allons pouvoir entrer dans la phase opérationnelle. Nous sommes prêts à être au centre de
l’attention de la FIFA, nous allons tout faire
pour que les travaux et les inspections dans
les stades encore en construction avancent
rapidement. Au cours de l’été, toutes les
mesures seront mises en place afin que pour
chaque département de la FIFA impliqué dans
la Coupe du Monde, il y ait une organisation
locale qui lui serve d’interlocuteur, que ce soit
dans le domaine opérationnel, organisationnel ou encore stratégique.
Vous envisagez de réaliser des investissements
considérables dans le développement des
infrastructures.
Oui, et cela vaut pour la communication
mais aussi pour les transports, les terrains
d’entraînement, l’hébergement, l’énergie.
Notre budget total dépasse les 19 milliards de
dollars américains. Notre programme est très
ambitieux.
La Russie est presque un continent à elle toute
seule. Lors des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi,
les transports ont posé quelques difficultés.
D’un point de vue géographique, Sotchi
est une ville compliquée. Mais dans les faits,
la superficie totale sur laquelle va se dérouler
la Coupe du Monde 2018 est inférieure à celle
du Brésil. Les temps de vol des équipes seront
donc plus courts. Tous les stades se trouvent à
deux heures d’avion maximum de Moscou.
Sur quoi vont porter précisément les investissements dans les infrastructures de transport ?
Ils vont concerner les accès aux stades,
les rues, la modernisation des terminaux dans
les aéroports et bien d’autres choses encore.
Nous aimerions que tous les détenteurs de
billets puissent se déplacer librement sur le
sol russe et sommes en train de négocier en ce
sens avec les chemins de fer et d’autres
sociétés de transport.
Vous avez occupé le poste de secrétaire général
de la Fédération russe de football. Quel regard
portez-vous sur l’avenir du football russe ?
Pour la première fois depuis douze ans,
nous avons de nouveau participé à une Coupe
du Monde. Les attentes étaient donc assez
modestes, bien que nous nous soyons qualifiés haut la main. Lors de la phase finale, nous
avons terminé troisième de notre groupe, avec
deux points. Dans ce genre de tournois, il y a
toujours une part de chance.
Le niveau des clubs russes a beaucoup
progressé.
Oui et c’est pour moi la raison pour laquelle notre sélection est exclusivement
composée de joueurs évoluant au niveau national. Les clubs sont en mesure de fidéliser les
internationaux. Notre ambition, c’est qu’en
2018, l’année de la Coupe du Monde, la Premier
Liga russe compte parmi les quatre meilleurs
championnats européens. L’avenir nous dira si
nous réussirons à atteindre cet objectif.
Ce serait également un atout pour la
Fédération de football russe.
Pourtant, les clubs et la fédération ont
parfois des intérêts contradictoires. Les
premiers aimeraient vendre certains de leurs
joueurs à l’étranger tandis que la fédération a
plutôt intérêt à ce que les meilleurs joueurs
russes restent chez nous afin de faire progresser le championnat. Mais la question se pose
dans tous les pays.
Vous avez une formation de linguiste et vous
possédez donc un intérêt particulier pour les
langues. Cela vous aide-t-il pour exercer votre
fonction de directeur général de la Coupe du
Monde 2018 ?
Cela aide pour la communication, c’est
sûr. (rire) Mais je crois que dans la vie, on ne
doit pas forcément s’accrocher à sa formation
ou à sa profession. Mes études de linguistique
m’aident dans une certaine mesure, mais ce
n’est pas là ma principale compétence. Je fais
davantage appel à mon intellect qu’à une
formation particulière. Å
Propos recueillis par Perikles Monioudis
Tous les joueurs de la sélection russe évoluent
en Russie. Cela peut-il représenter un avantage en termes de cohésion du groupe et de
performance ?
Cela n’est ni un avantage ni un inconvénient. L’équipe doit être composée des meilleurs
joueurs. Dans ce domaine, le sélectionneur est
le seul à décider. Il y a quatre ans, nous avions
cinq ou six joueurs qui jouaient à l’étranger et
nous avons échoué lors des qualifications
pour la Coupe du Monde. Mais pour moi, il n’y
a pas de rapport direct.
T H E F I FA W E E K LY
31
LE MIROIR DU TEMPS
T
H
E
N
Bökelbergstadion Mönchengladbach, Allemagne
1971
Werner Otto / imago
Un supporter de Günter Netzer et du Borussia Mönchengladbach
brandit une réplique du meneur de jeu allemand
en Coupe d’Europe des Clubs Champions.
32
T H E F I FA W E E K LY
LE MIROIR DU TEMPS
N
O
W
Arena Castelão, Fortaleza (Brésil)
2014
Manu Fernandez / AP
Les supporters brésiliens affichent leur soutien au gardien Júlio César.
La Seleção s’impose 2:1 devant la Colombie en quart de finale
de la Coupe du Monde.
T H E F I FA W E E K LY
33
LE CL ASSEMENT FIFA
→ http://fr.fifa.com/worldranking/index.html
Classement ÉquipeÉvolution Points
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
38
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
53
55
56
57
58
59
60
61
62
63
64
65
66
67
67
69
70
71
72
73
74
75
76
77
34
Allemagne
Argentine
Pays-Bas
Colombie
Belgique
Uruguay
Brésil
Espagne
Suisse
France
Portugal
Chili
Grèce
Italie
États-Unis
Costa Rica
Croatie
Mexique
Bosnie-et-Herzégovine
Angleterre
Équateur
Ukraine
Russie
Algérie
Côte d’Ivoire
Danemark
Écosse
Roumanie
Suède
Venezuela
Serbie
Turquie
Panamá
Nigeria
République tchèque
Égypte
Slovénie
Hongrie
Ghana
Honduras
Arménie
Tunisie
Autriche
Pays de Galles
Japon
Slovaquie
Islande
Paraguay
Iran
Monténégro
Guinée
Ouzbékistan
Norvège
Cameroun
Finlande
République de Corée
Jordanie
Burkina Faso
Pérou
Mali
Pologne
Sénégal
Libye
Sierra Leone
Émirats arabes unis
Afrique du Sud
Albanie
Israël
Oman
République d'Irlande
Bolivie
Bulgarie
Azerbaïdjan
ARY Macédoine
Cap-Vert
Australie
Zambie
T H E F I FA W E E K LY
1
3
12
4
6
1
-4
-7
-3
7
1724
1606
1496
1492
1401
1330
1241
1229
1216
1202
-7
2
-1
-5
-2
12
1
2
2
-10
5
-6
-4
-2
-2
-3
0
1
3
10
-1
3
-2
10
-1
0
-12
9
-1
-7
-3
6
-1
-3
1
3
5
2
-6
1
1
7
2
3
6
1
6
2
-14
-3
8
12
1
-10
7
-1
-1
8
10
0
-4
6
10
6
-36
-14
-1
1148
1098
1091
1056
989
986
955
930
917
911
901
898
897
872
850
807
734
733
724
720
717
714
684
664
646
645
644
642
642
637
635
621
614
606
604
588
570
566
563
559
555
523
520
520
508
501
500
495
487
483
478
476
471
469
466
450
444
444
443
440
429
425
410
406
401
397
396
Rang
02 / 2014
03 / 2014
04 / 2014
05 / 2014
06 / 2014
07 / 2014
1
-41
-83
-125
-167
-209
78
79
79
81
82
83
84
85
86
87
88
89
89
91
92
93
94
95
96
96
98
99
99
101
102
103
104
105
106
107
108
109
110
111
112
113
114
115
115
117
118
119
120
121
121
123
124
125
126
127
128
129
129
131
131
133
134
135
136
136
138
139
140
140
142
143
144
1ère place Hausse du mois Arabie saoudite
Maroc
Angola
Belarus
Congo
Jamaïque
Trinité-et-Tobago
Palestine
Qatar
Ouganda
Togo
Irlande du Nord
Irak
Bénin
Estonie
Gabon
RP Chine
Kenya
RD Congo
Géorgie
Zimbabwe
Botswana
Niger
Nouvelle-Zélande
Moldavie
Lettonie
Lituanie
Bahreïn
Tanzanie
Koweït
Luxembourg
Rwanda
Éthiopie
Guinée équatoriale
Namibie
Haïti
Mozambique
Soudan
Liberia
République centrafricaine
Canada
Liban
Cuba
Malawi
Salvador
Aruba
Tadjikistan
République dominicaine
Burundi
Kazakhstan
Philippines
Afghanistan
Vietnam
Lesotho
Suriname
Mauritanie
Guatemala
St-Vincent-et-les-Grenadines
Nouvelle-Calédonie
Guinée-Bissau
Sainte-Lucie
Chypre
Turkménistan
Tchad
Grenade
Madagascar
Kirghizistan
12
-2
14
1
3
-2
-13
9
14
-1
0
1
15
-4
6
-4
9
13
-12
0
1
-7
13
-4
-1
6
2
5
7
8
11
7
-3
-9
2
-40
4
5
1
-12
-8
6
-25
1
-53
-3
2
6
2
-3
1
1
-6
8
5
4
-7
-2
4
-2
-1
3
3
-6
2
1
5
Baisse du mois
384
377
377
376
375
373
369
362
361
358
357
356
356
354
345
344
342
339
338
338
334
332
332
330
325
314
312
288
287
281
278
276
273
270
264
262
257
256
256
253
250
249
245
234
234
233
232
230
222
220
218
217
217
213
213
208
204
203
199
199
195
193
183
183
182
179
176
145
146
147
148
149
150
151
151
153
154
155
156
157
158
159
160
161
162
163
164
165
166
167
167
169
170
171
172
173
174
175
175
177
178
178
180
181
182
183
184
185
186
187
188
189
190
190
192
192
192
192
196
197
198
199
200
200
202
203
204
205
206
207
208
208
Maldives
Syrie
RDP Corée
Gambie
Antigua-et-Barbuda
Malte
Malaisie
Inde
Indonésie
Singapour
Guyana
Porto Rico
Thaïlande
Saint-Kitts-et-Nevis
Swaziland
Myanmar
Belize
Hongkong
Bangladesh
Népal
Pakistan
Montserrat
Liechtenstein
Dominique
Barbade
Laos
Tahiti
Comores
Bermudes
Guam
Nicaragua
Îles Salomon
São Tomé-et-Principe
Sri Lanka
Chinese Taipei
Yémen
Îles Turks-et-Caicos
Seychelles
Curaçao
Îles Féroé
Maurice
Soudan du Sud
Vanuatu
Fidji
Mongolie
Îles Vierges américaines
Samoa
Bahamas
Brunei
Timor oriental
Tonga
Îles Caïmans
Samoa américaines
Andorre
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Cambodge
Îles Vierges britanniques
Érythrée
Somalie
Macao
Djibouti
Îles Cook
Anguilla
Bhoutan
Saint-Marin
2
-6
-1
0
2
-18
2
3
4
1
1
2
-8
2
14
-1
-9
1
4
0
-1
0
-5
2
1
-2
-10
2
2
4
1
5
-5
1
-2
3
26
-1
-1
-13
-1
-1
3
0
-2
5
-1
-6
0
0
0
0
1
2
-3
-10
-2
-1
-1
-2
-1
-1
-1
-1
-1
171
169
163
161
152
146
144
144
141
140
136
134
128
124
123
122
117
114
103
102
100
99
93
93
92
87
85
84
83
79
78
78
72
71
71
70
66
64
63
61
56
43
38
31
29
28
28
26
26
26
26
21
18
16
14
13
13
11
8
7
6
5
1
0
0
THE SOUND OF FOOTBALL
L’ O B J E T
Perikles Monioudis
D
Quand les musiciens
chaussent les crampons
Hanspeter Kuenzler
D’un côté, il y a les footballeurs qui poussent
la chansonnette et, de l’autre, il y a les musiciens qui jouent au football.
Sion Ap Tomos
F
inn Panton est le guitariste de Menace, un
groupe punk de la première heure. Aujourd’hui,
ces musiciens écument encore les salles du
monde entier. Parallèlement à ses activités, Panton gère un magasin de disques à Camden Lock
Market (Londres). S’il boite légèrement, ce n’est
pas à cause d’un concert particulièrement sauvage. Il souffre en effet d’arthrite chronique au
pied. La faute en incombe à Bedders, le bassiste du
groupe Madness. Dans les années 80, le premier a
été victime d’une grosse faute du second lors d’un
match de football à Regent’s Park. Le pied de Panton ne s’en est jamais complètement remis.
Panton ne peut plus jouer, mais il dirige toujours le championnat amateur qu’il avait lui-même
fondé en 1983, la Musical Associations League. À
l’époque, le football était loin d’être en odeur de
sainteté dans la société musicale. Pourtant, certains musiciens se plaisaient à taquiner le cuir
dans des parcs… à condition que personne ne les
regarde. Quelques-uns ont bravé l’interdit pour
répondre à l’invitation de Panton et disputer le
premier match à Regent’s Park. La nouvelle s’est
répandue comme une traînée de poudre. Des
équipes composées d’employés de maisons de
disques et de bars à musique, de musiciens, de
disc-jockeys et autres n’ont pas tardé à voir le jour.
À son apogée, le championnat comptait trois divisions. Ici, il n’y avait pas de stars, uniquement des
footballeurs amateurs. “Un jour, nous avons vu
dans le journal que Rainbow participait”, se souvient Panton. “On ne se doutait pas qu’ils savaient
aussi chanter !”
Lorsqu’on l’interroge sur l’équipe-type de son
championnat, notre interlocuteur cite Paul Cook
(Sex Pistols), Damon Albarn (Blur) et Steve Harris
(Iron Maiden). De nos jours, la compétition est
moins prisée, mais elle réunit tout de même 16
équipes, réparties en deux divisions. “Ça revient
cher de louer un terrain dans un parc public”,
constate Panton. Malgré des moyens limités, la
passion et l’enthousiasme sont toujours au rendez-vous.
Ce championnat atypique a même permis à
l’Angleterre d’être représentée au Maracanã, en
finale de la Coupe du Monde. Les joueurs de l’AFC
Groucho Harpos (deuxième division) ont été pour
le moins surpris en découvrant leur défenseur
Alex Degtiarev au bord du terrain. L’explication
était simple : son jeune fils avait gagné un concours
pour figurer en tant que mascotte aux côtés de
Mats Hummels. Æ
ans le football, les produits dérivés remplissent un seul et unique objectif : permettre au supporter d’avoir toujours à portée
de main un souvenir de son équipe préférée, au
stade mais aussi dans sa vie de tous les jours.
Rien d’étonnant néanmoins à ce qu’au fil des
décennies, ces produits dérivés aient peu à peu
endossé une fonction qui leur est propre. Dans
l’exemple qui nous intéresse (voir ci-dessus),
cette fonction est d’ordre purement pratique
puisqu’il s’agit d’un couteau de poche au design
sobre doté de deux lames de longueur différente.
L’incrustation métallique dans le manche
de couleur claire représente un footballeur
plein d’énergie ; balle au pied, il vole dans les
airs au-dessus d’un terrain imaginaire tandis
que le propriétaire du couteau à la lame émoussée s’apprête peut-être à tartiner du beurre sur son pain ou de resserrer la vis de la sonnette de son vélo à l’aide de la plus petite des
deux lames, elle aussi émoussée.
Aujourd’hui, il est bien entendu interdit
d’entrer dans un stade de Coupe du Monde
avec ce couteau, ou bien le détecteur de métaux
situé à l’entrée sonnerait aussitôt l’alarme.
Mais dans les championnats régionaux, où la
mi-temps coïncide parfois avec l’heure de l’apéritif, un couteau de poche peut s’avérer bien
utile, même s’il ne doit pas nécessairement
porter les couleurs de Sunderland, comme celui dont il est question ici.
Cet objet a depuis longtemps ses plus belles
années derrière lui, puisqu’il date du tournant
du 20ème siècle, époque où le Sunderland FC
décrocha le First Division Title à quatre reprises
(1892, 1893, 1895 et 1902). Depuis, le club n’a
réitéré l’exploit qu’en 1913 et en 1936.
Mais sur le long terme, ces médiocres résultats n’ont en rien entamé la popularité du
club. Avec une valeur estimée à 93 millions de
dollars américains, Sunderland compte en
effet parmi les 31 clubs les plus riches du
monde. Avec cette somme, on peut sans aucun doute s’acheter un certain nombre de
couteaux de poche. Mais seront-ils aussi
beaux que celui-ci ? Å
T H E F I FA W E E K LY
35
© 2014 adidas AG. adidas, the 3-Bars logo and the 3-Stripes mark are registered trademarks of the adidas Group.
instinct
takes over
#predatorinstinct
adidas.com/predator
LE TOURNANT
Nom
Huub Stevens
Date et lieu de naissance
29 novembre 1953,
Sittard (Pays-Bas)
Parcours en tant qu’entraîneur
Kerkrade, FC Schalke 04,
Hertha Berlin, Cologne,
Eindhoven, Salzbourg,
PAOK Salonique, Stuttgart
Principaux succès en tant qu’entraîneur
Vainqueur de la Coupe de l’UEFA 1997,
vainqueur de la Coupe d’Allemagne 2001 et 2002
(à chaque fois avec Schalke 04),
champion d’Autriche 2010
“L’ambiance était
fantomatique”
Le 11 septembre 2001, l’entraîneur Huub Stevens dispute un match avec Schalke 04.
Cette rencontre marquera profondément le Néerlandais.
Thomas Rabsch / laif
L
e 11 septembre 2001 restera une journée à
part pour Schalke 04 et pour moi. Pour la
première fois de l’histoire du club, nous nous
étions qualifiés pour la Ligue des Champions et notre premier match de la compétition était programmé le 11 septembre.
Contre le Panathinaïkos, sur la pelouse de notre
nouveau stade. Les 50 000 places étaient vendues
depuis plusieurs semaines, nous attendions tous
ce jour avec impatience, bien évidemment.
Comme à chaque fois à la veille d’un grand
match, nous nous sommes installés à l’hôtel.
Quelques heures avant le coup d’envoi, je suis
descendu, tous les joueurs étaient déjà là, la télé
était allumée. Je n’oublierai jamais ces images.
Les avions, les immeubles, les décombres, tous
ces morts. J’ai aussitôt crié : “Éteignez ça !” Mais
c’était trop tard. Comment refuser aux gens le
droit de s’informer dans un moment pareil ?
Alors j’ai essayé de faire en sorte que les joueurs
pensent à autre chose. Je les ai préparés tactiquement au match qui nous attendait. Je voulais
juste qu’ils oublient ces images.
Jamais je n’aurais imaginé vivre un jour une
situation comme celle-là. Le football avait toujours été la chose la plus importante dans ma vie
et soudain, il y avait quelque chose d’encore plus
important. J’ai donc espéré que le match nous
soit épargné. Les joueurs n’étaient pas d’accord,
bien entendu. Ils sont allés voir notre manager,
Rudi Assauer, qui voulait lui aussi annuler la rencontre, mais il n’en a pas eu l’autorisation. Au sein
de l’UEFA aussi, il semblerait qu’il y ait eu des
discussions, mais finalement, il a été décidé que
les matches de la soirée se dérouleraient comme
prévu. Pour motiver ce choix, on a avancé l’argument de la neutralité du sport.
Deux heures avant le coup d’envoi, nous nous
sommes rendus au stade à bord du bus de l’équipe.
L’ambiance était fantomatique. Parmi les supporters, mais bien sûr aussi parmi les joueurs. Personne n’avait la tête à jouer au football. J’ai dû
remplacer notre milieu de terrain Andreas Möller
au bout d’une demi-heure de jeu. J’ai essayé de
penser à autre chose, de me convaincre que la vie
devait suivre son cours. Sans succès, bien évidemment.
Pendant 90 minutes, nous n’avons pas tiré
une seule fois et nous avons perdu 2:0. À la fin du
match, les joueurs athéniens ont dansé sur la pelouse pour célébrer leur victoire, je ne pouvais
pas leur en vouloir. Ils avaient mieux su gérer la
situation, c’est tout. Et quels reproches pouvais-je
adresser à mon équipe ? Je ne pouvais quand
même pas dire aux joueurs : “Pourquoi êtes-vous
restés des êtres humains ?”
Après le match, je suis retourné à l’hôtel. Tout
seul. Ma femme et mes enfants étaient à la maison, à Eindhoven. Cela ne m’avait jusqu’alors jamais dérangé, j’aimais bien être seul devant mon
magnétoscope pour analyser le match et tout le
reste. Mais ce soir-là, c’était différent. J’avais besoin de parler. Rester tout seul et regarder la télé,
ce n’était pas possible, pas cette nuit-là. Alors j’ai
appelé ma femme, nous sommes restés au téléphone une demi-heure. Après avoir raccroché, j’ai
rallumé la télé et regardé les images venues d’Amérique. Les avions, les immeubles, les décombres,
les morts. C’était inconcevable.
Pendant la nuit, l’UEFA a réagi et annulé les
matches prévus le mercredi. Une décision
raisonnable, très humaine, mais qui pour nous
arrivait un jour trop tard. Å
Propos recueillis par Sven Goldmann
le 11 septembre 2002
Dans la rubrique “Le Tournant”, de
grands noms du football reviennent sur
les moments qui ont marqué leur vie.
T H E F I FA W E E K LY
37
partenaire mondial
partout où vous souhaitez être
© 2014 Visa. All rights reserved. Shrek © 2014 DreamWorks Animation L.L.C. All rights reserved.
La Coupe du Monde de la FIFA™
est l’endroit où nous voulons tous être.
The FIFA Weekly
Revue hebdomadaire publiée par la
Fédération Internationale de Football
Association (FIFA)
Site Internet :
www.fifa.com/theweekly
Éditeur :
FIFA, FIFA-Strasse 20,
Case postale, CH-8044 Zurich
Tél. +41-(0)43-222 7777
Fax +41-(0)43-222 7878
COUPE MYSTÈRE DE L A FIFA
Un transfert qui vaut des milliards, six noms presque identiques et
quatre orthographes différentes… À vous de jouer !
1
Président :
Joseph S. Blatter
Peu à peu, le quotidien reprend ses droits pour les joueurs.
Pour quel championnat la pause estivale n’est-elle pas encore finie ?
Secrétaire Général :
Jérôme Valcke
Directeur de la Communication
et des Affaires publiques :
Walter De Gregorio
D
F
M
K
Rédacteur en chef :
Perikles Monioudis
Rédaction :
Thomas Renggli (auteur),
Alan Schweingruber, Sarah Steiner
2
Un transfert à x millions, cela paraît aujourd’hui normal. Quel joueur a été le premier transféré
dans un autre club pour un montant supérieur à 40 000 000 000 (quarante milliards !) ?
Conception artistique :
Catharina Clajus
Service photo :
Peggy Knotz
Production :
Hans-Peter Frei
Mise en page :
Richie Krönert (responsable),
Marianne Bolliger-Crittin,
Susanne Egli, Mirijam Ziegler
A Christian en 1999
Correction :
Nena Morf, Kristina Rotach
Collaborateurs réguliers :
Sérgio Xavier Filho, Luigi Garlando,
Sven Goldmann, Hanspeter Kuenzler,
Jordi Punti, David Winner,
Roland Zorn
Ont contribué à ce numéro :
Lefteris Coroyannakis, Mark Gleeson,
Andreas Jaros, Yvonne Lemmer,
Dominik Petermann, Alissa Rosskopf,
Andreas Wilhelm
Secrétaire de rédaction :
Honey Thaljieh
3
I Cristiano en 2009 O Luis en 2014
En première division d’un championnat européen, cinq clubs portent ce mot dans leur nom :
LBorussia
ROlympique
4
E Luis en 2000
NReal
YUnited
Il a été champion d’Europe et a gagné le Ballon d’Or. En anglais et en espagnol,
son nom de famille ne s’écrit généralement pas comme en français.
L’orthographe en allemand est encore différente, en italien également. De qui s’agit-il ?
Responsables de projet :
Bernd Fisa, Christian Schaub
Traduction :
Sportstranslations Limited
www.sportstranslations.com
Impression :
Zofinger Tagblatt AG
www.ztonline.ch
Getty Images
Contact :
[email protected]
La reproduction des photos et
des articles, y compris sous forme
d’extraits, est interdite, sauf
accord de la rédaction et sous
réserve de la mention
“The FIFA Weekly, © FIFA 2014”.
La rédaction n’a aucune obligation de
publier des textes ou des photos non
sollicités. La FIFA et le logo FIFA sont
des marques déposées par la FIFA.
Produit et imprimé en Suisse.
Les opinions exprimées dans
The FIFA Weekly ne reflètent pas
nécessairement celles de la FIFA.
E
N
S
U
Solution de l’énigme de la semaine précédente : MATS
Explications détaillées sur www.fifa.com/theweekly
Inspiration et application : cus
Faites-nous parvenir vos réponses le mercredi 6 août 2014 au plus tard à [email protected]
Les personnes ayant correctement répondu à l’ensemble des énigmes parues depuis le 13 juin 2014 participeront en janvier
2015 à un tirage au sort pour tenter de gagner un voyage pour deux pour le Gala FIFA Ballon d’Or, qui aura lieu
le 12 janvier 2015. Avant de participer, nous vous invitons à consulter les conditions générales, ainsi que le règlement du
concours. Vous trouverez toutes les informations utiles à cette adresse :
http://fr.fifa.com/mm/document/af-magazine/fifaweekly/02/20/51/99/fr_rules_20140613_french_french.pdf
T H E F I FA W E E K LY
39
D E M A N D E Z À T H E W E E K LY
LE SONDAGE DE L A SEMAINE
Quelle équipe remportera la Coupe du Monde
Féminine U-20 ?
Un gardien reçoit un second
carton jaune ou un carton
rouge pendant une séance de
tirs au but. Comment peut ou
doit réagir l’équipe concernée ?
Dario Colombo, Naples (Italie)
“Si le gardien se fait expulser
durant la séance de tirs au but, il
peut être remplacé par un des
joueurs ayant terminé le match
sur la pelouse”, disent les Lois du
Jeu. Le règlement est différent en
cas de blessure : “Si un gardien de
but se blesse pendant l’épreuve
des tirs au but au point qu’il n’est
plus en mesure de continuer, il
peut être remplacé par un remplaçant, pourvu que son équipe
n’ait pas déjà épuisé le nombre
maximum de remplacements
autorisés par le règlement de la
compétition”, explique le passage
correspondant. (thr)
R É S U LTAT S D E L A S E M A I N E D E R N I È R E
James Rodriguez peut-il s’imposer au Real Madrid ?
58% � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � sans aucun doute
17% � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � non, la concurrence est trop forte
17% � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � non, il n’est pas encore prêt pour un grand club
8% � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � oui, à condition que le Real n’achète pas d’autres joueurs
LA SEMAINE EN CHIFFRES
Supercoupes de Russie ont
été remportées par le CSKA
Moscou. Le club de la
capitale a gagné la dernière
en date samedi soir en
s’imposant en finale 3:1 à
Krasnodar contre le FK
Rostov, lequel a dû disputer
la fin de la rencontre avec
3
15
buts inscrits en deux jours
par Robert Lewandowski
ont permis au Bayern
Munich de s’imposer en
Telekom Cup à Hambourg.
L’ancien attaquant du
Borussia Dortmund a fait
forte impression dans ce
tournoi allemand de
présaison et s’est notamment illustré par un
neuf joueurs seulement. Le
ans, c’est l’âge de Martin Odergaard qui est devenu le
superbe but en solitaire
triomphe du CSKA vient
plus jeune buteur de la semaine. L’étoile montante de
face au Borussia Mönchen-
illustrer une nouvelle fois
Stromsgodset a signé le premier but de la victoire des
gladbach. Avec un total de
les traditionnels rapports
siens 3:1 contre Sandnes Ulf, le champion de Norvège
cinq réalisations, Lewan-
de force qui règnent dans ce
en titre. Odergaard avait déjà fait parler de lui cette
tournoi et dans les compéti-
année en devenant le plus jeune joueur ayant jamais
tions de coupe en général.
accédé à la première division norvégienne.
dowski détient un
record dans l’histoire
de la Telekom Cup.
Daniel Kopatsch / Getty Images, imago (3), Getty Images
6
Du 5 au 24 août, les meilleures joueuses se disputeront le trophée le plus convoité du football féminin
espoirs. L’Allemagne, les États-Unis, la Corée du Nord et la France figurent parmi les grands favoris.
Envoyez-nous vos pronostics à : www.fifa.com/newscentre