Transcript élèves de la Maîtrise

Si nous sommes libres aujourd'hui,
c’est grâce à leur sacrifice
Souvenons-nous…
Collège Maitrise Notre Dame,
21, place de la Basilique 14440 Douvres la Délivrande
: 02 31 36 16 60
Association Westlake Brothers Souvenir
8, rue des Primevères 14 000 Caen
: 06 61 99 36 02
Les élèves du club Mémoire : Thomas Basset, Marly
Biermans, Pauline Breton, Liam Buttard, Emma Carpentier, Benjamin Collet, Ingrid Dano, Ninon Fourage, Loïc
Gougeon, Marion Goux, Julie Graessel, Melissa Grarre,
Clémence Guillon, Alexis Hochet, Jeanne Langouet, Anna Le Bihan, Lucas Lebedel, Anthony Letard, Fanny
Louër, Yanis Martel, Florent Martin, Edgar Paelaere,
Margaux Saggiorato, Charles Vallet.
Nous remercions la Chorale du collège, l’ensembles de
l’équipe éducative et qui nous a aidé et soutenu dans la
préparation de cette cérémonie.
Le rendez-vous, poème écrit par Alan Seeger
Les commandos qui ont libéré Douvres et l’Artisanat
appartenaient à la 4th Special Service Brigade, commandée
Lu par Julie Graessel
J’ai rendez-vous avec la mort
A l’assaut de quelque barricade
Quand reviendra chatoyer le printemps,
Quand l’air sera plein de pommiers en fleurs.
J’ai rendez-vous avec la mort
Quand le printemps ramènera le bleu des beaux jours.
Peut-être me mènera le bleu des beaux jours.
Peut-être me mènera-t-elle par la main
Dans son pays de ténèbres, me fermera-t-elle
Les yeux, éteindra-t-elle mon souffle ?
Peut-être aussi ferai-je faux bond.
J’ai rendez-vous avec la mort
Sur un coteau déchiré par la guerre.
Quand cette année reverra le printemps
Et que sortirons les premières fleurs des champs.
Dieu sait qu’il vaudrait mieux être au creux
De soies douillettes et de duvet parfumé,
Où il est doux de s’éveiller à voix basse…
Mais j’ai rendez-vous avec la mort
A minuit dans quelques villes en flammes
Où le printemps léger gagne le nord cette année,
Et où mon engagement honoré,
Je serai au rendez-vous.
par le Brigadier BW Leicester.
Cette brigade est composée des 41ème, 46ème, 47ème et 48ème
Royal Marines Commandos.
Le 6 juin, le 48ème R.M.C. se retrouve stoppé dans sa
progression à Langrune et établit son quartier général dans
ce qui est aujourd’hui le Manoir des Templiers. Le 41ème R.M.C.
est bloqué à Lion sur Mer. Débarqué à Asnelle, Le 47ème
marche en direction de Port en Bessin.
Le 7 juin le 46ème R.M.C libère Luc sur Mer et progresse en
direction de la Délivrande. Les 48ème et 41ème R.M.C.
organisent des patrouilles qui passent à proximité de la
Délivrande.
Il est difficile de savoir précisément quel commando a libéré les
bâtiments de l’Artisanat car trois de ces commandos se battent
très près de l’Artisanat. C’est pourquoi nous avons décidé
d’honorer collectivement l’ensemble de la brigade.
Au soir du 7 juin la communauté des pères missionnaires de la
Délivrande qui ont en charge la Maîtrise Notre Dame est
endeuillée. Un obus s’abat sur les bâtiments et blessent
mortellement les pères Le Dauphin, Hasley et Despois .
Texte écrit et lu par Charles Vallet et Fanny Loüer
Texte écrit par Melissa Grare et Clémence Guillon
Ca y est ! Plus que quelques secondes. Plus le temps de penser à
Lu par Anna Le Bihan
ma famille : papa qui ne voulait pas que j’y aille ; maman…
pardonne-moi mon choix mais je devais aider tous ces gens
Nous sommes devant le cimetière des pères missionnaires
privés de leur liberté, je devais faire partie de ceux qui veulent
de la Délivrande. Ici repose les Pères Le Dauphin, Hasley et
combattre le Mal ; ce mal nazi qui s’est propagé dans toute
Despois.
l’Europe depuis trop longtemps ; cette haine des hommes envers
d’autres qui a séparé, détruit et meurtri tant de familles. Cette
Nous sommes le 7 juin 1944, la journée commencée dans
haine, je veux la combattre, la supprimer.
l’angoisse et la crainte se termine dans la joie et la liesse.
Je veux apporter la paix, l’amitié entre les peuples, la fraternité.
libération de la Délivrande ! Ils sortent les drapeaux ! La
Je veux y croire. Je dois y croire.
guerre est finie ! Ils sont nombreux en ce début de soirée du
Autour de moi, je suis saisi par le bruit des bombes qui
retournent la mer.
J’entends les prières de mes frères d’armes, leurs pleurs, les
dents qui claquent.
Je sens le froid qui nous transperce.
Je vois la porte qui s’abaisse, les hurlements des ordres lancés.
Les habitants de Douvres nagent en plein bonheur : c'est la
7 juin à être sortis place de la Basilique pour acclamer leurs
libérateurs.
Alors que tout le monde est dans la rue, que les soldats alliés se mêlent à la population en liesse, l'artillerie de marine
se met à bombarder la ville... La Basilique et des maisons
de la place de la Basilique sont touchées, des éclats se retrouvent fichés dans le cèdre qui trône dans la cour de l’Artisanat. La Basilique tremble, elle est touchée, son portail en
porte désormais les stigmates.
Je perçois la grisaille du ciel, les nuages se mélangent à la fumée
des explosions.
Un obus s’abat sur la maison des missionnaires où trois
pères et deux civils partaient se mettre à l’abri. Les pères et
Je sens l’odeur de la poudre, l’odeur de la peur, l’odeur du sang.
C’est le moment de s’élancer ! Vais-je passer le cap ? J’entends
des cris, les mitraillettes qui balaient la plage, qui blessent et
touchent un certain nombre d’entre nous. Je pousse les corps qui
les deux dames sont mortellement touchés.
Lu par Ingrid Dano et Florent Martel
me gênent, je saute dans l’eau, espérant que mon barda ne
me fasse pas couler.
Acte du Souvenir
Ils ne vieilliront pas comme nous,
Qui leur avons survécu.
Ils ne connaîtront jamais l'outrage,
Ni le poids des années.
Quand viendra l'heure du crépuscule et celle de l'aurore,
Nous nous souviendrons d'eux.
Je nage, je remonte à la surface et me débats pour sortir de
l’eau et je m’élance sur le sable pour essayer d’atteindre le
parapet.
Je cours avec acharnement sur une plage qui n’est plus
qu’un sanctuaire d’hommes qui n’ont pas hésité à donner
leur vie, leur futur pour venir aider des pays blessés,
marqués.
Je cours en imaginant que je retrouverai un jour ma famille,
mes amis et ma vie tout simplement.
Nous nous souviendrons
Je cours en regardant le but final qui n’est plus qu’à
quelques mètres mais qui me semble pourtant inaccessible.
Lu par Jeanne Langouet et Benjamin Collet
Quoi qu’il arrive, je me battrai jusqu’au bout car je sais que
Promesse du Souvenir
Ils étaient jeunes, comme nous ;
Avec amour, ils ont servi leur patrie.
Nous nous engageons envers eux à défier le
temps qui passe,
Et à tenir bien haut le flambeau du souvenir.
Nous nous souviendrons d’eux.
Nous nous souviendrons
je ne suis pas venu ici en vain.
Je sais que mon combat est utile pour obtenir la paix, en me
disant que cette paix - durement acquise - elle sera
préservée par de nouvelles générations…
Une jeune génération, aujourd’hui, qui veut se souvenir, qui
veut porter cette histoire qui a marqué les esprits et les
corps de plusieurs générations, une histoire doit continuer à
vivre dans nos esprits afin de ne pas commettre les erreurs
du passé.
Texte écrit par Charles Vallet et Fanny Loüer
Lu par Yannis Martel, Josephine Muhn, Alexis Hochet, Pauline Breton
l’opportunité d’avancer et de se construire un avenir
conforme à l’esprit de tous ceux qui sont venus de si loin et
qui, pour un nombre trop important d’entre eux, dorment à
jamais au pied des fleurs des cimetières de Normandie.
Notre vie pour leur vie. C'est le dilemme auquel nous
sommes confrontés. C'est le prix de notre liberté. Nous
Joséphine : « Ô toi grand et vieux cèdre…Attention, ne te
vexe pas, tu es aussi beau qu’avant, aussi imposant.
Pauline : Oui, depuis que nous sommes dans ce collège, tu
es là pour nous protéger de la pluie, nous couvrir des rayons
du soleil. Tu nous sers d’accoudoir. Pour certains tu es un
compagnon de jeu.
Mais on a réalisé que tu es ici depuis bien plus longtemps
que nous et que tu as dû en voir des choses.
Alexis : C’est vrai ! Dis, toi, grand cèdre qui a tout vu pen-
assumons donc une responsabilité énorme ; soyons dignes
à jamais de leur sacrifice. Voilà notre ambition aujourd’hui,
voilà ce à quoi nous nous attelons, au sein de l’association
Westlake Brothers Souvenir, chaque année, avec plus ou
moins de bonheur ; voilà, de notre point de vue, à quoi doit
servir la promotion du Devoir de Mémoire : se souvenir
pour mieux construire.
Soyez certains que nous n’oublierons jamais, que
nous nous souviendrons toujours et le sacrifice de tous ces
jeunes gens résonnera en écho dans nos consciences à
tous.
dant cette époque noire dont on parle beaucoup en cette période importante, que s’est-il passé ? Raconte-nous Ta
guerre.
Le Cèdre : Mes chers petits, j’ai eu - en effet – une longue
vie, plutôt paisible avant le grand jour noir où tout a été
bouleversé.
Tout d’abord saviez-vous que votre collège a été un lieu
d’apprentissage ?
Pauline : Non, le cèdre. Mais qu’est-ce que c’est « un lieu
d’apprentissage » ?
Nous nous souviendrons…
Texte écrit par l’Association Westlake Brother Souvenir et lu
par Ninon Fourage et Margaux Saggiorato
Le Cèdre : C’est un endroit où – avant la guerre – des
jeunes d’à peu près votre âge apprenaient leur futur métier.
Mais la France au printemps 1940 a perdu la bataille, les Allemands sont venus s’installer et j’ai vu l’Artisanat se trans-
Faire la promotion du Devoir de mémoire, c’est bien
évidemment rendre un nécessaire hommage à ceux et celles
qui ont sacrifié leur jeunesse et parfois bien plus encore sur
nos plages et dans nos campagnes, même si, comme l’a si
bien dit Roger Alexandre il y a quelques mois encore : “la
dette est si grande qu’on n’aura jamais fini de la payer”.
également l’occasion de réfléchir et de nous interroger sur
nos pratiques collectives et nos comportements individuels.
C’est donc éveiller l‘esprit, réveiller les consciences sur
l’impérieuse nécessité de rester tous vigilants, citoyens
d’aujourd’hui ou de demain, afin de préserver le précieux et
parfois fragile héritage politique et social né du sacrifice
d’hommes et de femmes qui ont traversé l’océan il y a 70
ans pour libérer d’abord un pays, puis un continent tout
entier.
lieu
de
garnison.
C’est
ça
qu’on
appelait
« L’Occupation ».
Alexis : Attends, attends, le cèdre, c’est quoi une garnison ?
Le Cèdre : Mon petit, c’est un petit peu comme une canitions. De plus ce lieu était important : c’était la Kommandantur !
Joséphine: la vie a changé tant que ça ? Comment ? Combien de temps cela a duré ?
Le Cèdre : Oui mes petits, des changements il y en a eu.
D’abord, ils ont construit des bunkers, des blockhaus. Les
salles d’apprentissages sont devenues des bureaux, d’autres
des dortoirs…
Alexis : Ce sont les seuls changements ? Alors ils n’ont pas
C’est aussi prendre le temps de regarder en soi et de
s’interroger : est-on jamais digne qu’un homme ou une
femme donne sa vie pour nous permettre de vivre la nôtre ?
Se poser cette question doit donner à nos existences
un sens plus profond et une responsabilité supplémentaire ;
souvenir
en
serne. Les soldats y vivent. On y stocke des armes, des mu-
Mais faire la promotion du Devoir de mémoire, c’est
le
former
de
tous
ces
sacrifices
devient,
non
plus
seulement le nécessaire Mémorial d’une épopée, mais
dû beaucoup déranger.
Le Cèdre : Détrompe-toi petit, la vie des Douvrais a changé,
la vie des Normands a changé, la vie des Français a changé.
Tout était restreint dans notre petite ville et ailleurs. Il fallait
des tickets de rationnement pour tout : pour se nourrir, pour
se chauffer, pour s’habiller…pour vivre !
Joséphine : Mais, mais ce n’était même plus une vie !
Combien de temps les Français ont–ils dû supporter ça ?
comme dans les films !
Le Cèdre : Cela a duré 4 longues et interminables années.
Pauline : Sans doute, sauf que la guerre ce n’est pas du ci-
Pauline : Et au bout de ces 4 années terribles, qu’es-tu devenu ? Que s’est il passé ?
Tu sais, on a vu des films ; on sait qu’un débarquement a eu
lieu près de chez nous. Tu l’as vu ?
Le Cèdre : Oui, je l’ai aperçu. Du haut de mes branches les
plus élevées, j’ai vu une muraille de bateaux à la place de
l’horizon. Et surtout, j’ai entendu une tornade de tirs, des
explosions qui renversaient la mer et la terre, qui faisaient
trembler le sol et même le cœur des habitants.
Joséphine : Etait-ce aussi impressionnant que ça ? Ils ont
dû être terrorisés mais aussi plein d’espoir car au bout de 4
ans ça commençait à faire long pour eux ! Je les comprends.
Alexis : C’est vrai qu’ils ont eu peur mais j’ai lu que certains
avaient agi pendant l’Occupation ; on les appelait les
« résistants ». Ils ont espionné, saboté ; ils ont caché et
protégé.
Le Cèdre : Tu as tout à fait raison. C’est grâce à un de ces
résistants que l’Artisanat a été libéré.
Quand les Douvrais ont vu les Anglais avec leur béret vert
arriver, un résistant leur a indiqué les emplacements des
blockhaus ; les soldats ont fait leur travail.
Joséphine : Waouh ! Ca devait péter dans tous les sens,
néma. Les gens meurent pour de vrai.
Le Cèdre : Tu as raison petit ; dans cette attaque, 2 soldats
allemands sont morts. Et durant cette longue journée d’espoir de lbération, des bombardements ont tué des pères. Ils
reposent non loin de là.
Mais grâce à tous ces soldats qui nous ont libéré, cette noire
période est derrière nous et maintenant cela me ravit le
cœur de voir des jeunes s’amuser et vivre en paix.
Alexis : Tu sais le Cèdre, si on est venu te parler, c’est que
ton histoire nous intéresse, qu’il faut la préserver parce que
c’est un peu notre histoire. Si on l’oublie, tout pourrait basculer.
Pauline et Joséphine : Merci le Cèdre pour toutes tes réponses à nos questions. Notre rôle maintenant est de transmettre cette histoire à nos amis.