Transcript 4.4-Les prospects à Nb-Ta-U-REE des carbonatites de Glibat

LES MINES DES PROVINCES DU SUD
4.4- Les prospects à Nb-Ta-U-REE des carbonatites de Glibat Lafhouda
(Province d'Awserd) /
The Nb-Ta-U-REE Prospects of the Glibat Lafhouda Carbonatites
(Awserd Province)
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A. QALBI1, A. MOUTTAQI1, E.C. RJIMATI2, A. ZEMMOURI2, A. MICHARD3 & O. SADDIQI4
Points clés : Des gisements de niobium, tantale, uranium, fer et
terres rares légères sont liés à des carbonatites ferrugineuses intrusives dans les nappes hercyniennes des Ouled Delim (Mauritanides
marocaines). L’essaim de la Glibat Lafhouda près d’Aousserd
comporte trois intrusions dans une unité à protolithes archéens et
dykes basiques précambriens. Les carbonatites sont des structures
subcirculaires associées à des dépôts massifs d’oxydes de fer sus1
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Direction de l’Infrastructure géologique et de l’Exploration minière, Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM), BP 99, Rabat, Maroc. E-mail :
[email protected]
Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, Direction du
Développement Minier, Division du Patrimoine Géologique, BP : 6208 Rabat Instituts, Maroc. E-mail : [email protected]
10, rue des Jeûneurs, Paris. E-mail : [email protected]
Laboratoire «Géosciences », Faculté des Sciences, Université Hassan II, BP 5366,
Maârif, Casablanca, Maroc. E-mail : [email protected]
ceptibles de fournir un gisement de classe mondiale pour Nb, Ta,
U et LREE. D’autres intrusions de carbonatites existent dans les
Ouled Delim (Aghracha, Lamlaga, Twihinate). Ces intrusions ont
été considérées comme précambriennes mais elles pourraient être
crétacées et rattachées à la Province alcaline péri-atlantique.
Highlights : Iron, Niobium and Rare Earth deposits are linked
with Fe-carbonatites intrusions scattered in the Ouled Delim
Variscan nappes (Moroccan Mauritanides). The Glibat Lafhouda
swarm next to Awsard includes three intrusions in a nappe with
Archean protoliths crosscut by Precambrian basic dykes. The
carbonatites form subcircular structures associated with iron
oxide deposits, which could represent a world-class mine for Nb,
Ta, U and LREE. Other carbonatites occur in the Ouled Delim
(Aghracha, Lamlaga, Twihinate). They have been supposed to be
Precambrian in age, but conversely they could be Cretaceous
and belong to the Peri-Atlantic Alkaline Province.
FIG . 4.4.1 : Localisation de l’essaim d’intrusions de Glibat Lafhouda sur la carte géologique du Maroc au 1/1 000 000, feuille sud (1985).
FIG. 4.4.1 : Location of the Glibat Lafhouda intrusion swarm in the Geological map of Morocco, scale 1/1 000 000, sheet South (1985).
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NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 9
Localisation : Le groupe des intrusions de carbonatites
des Glibat Lafhouda, Drag et Ifernan est situé à environ
200 km à vol d’oiseau au SE de Dakhla. GPS de la Glibat
Lafhouda : N 22°08’55’’, W 14°50’19’’. L’essaim d’intrusions est accessible par une piste de 70 km partant d’Aousserd (Awserd) vers le SSW (fig. 4.4.1).
Substances exploitables : Niobium, tantale, uranium, fer
et terres rares légères.
Etat et historique : Le gîte des carbonatites de Glibat
Lafhouda est une découverte récente. Arribas (1968) ne
distingue pas ces roches parmi les cipolins et marbres à
silicates qu’il décrit dans l’Adrar Souttouf. La fiche de
promotion publiée en ligne par l’ONHYM (Anonyme, 2011)
indique : « Les travaux d’exploration minière ont été
entrepris par l’ONHYM, par la réalisation en 2002, d’un levé
géophysique aéroporté par magnétométrie et spectrométrie à
rayon gamma sur une superficie de 20 852 km². L'acquisition
et l’interprétation des données magnétiques et radiométriques
ont permis d’établir différentes cartes géophysiques qui ont
donné une image lithostructurale nette du secteur et servi de
support pour les contrôles géologiques au sol entrepris en
2003 ». Suivant la même source, l’ONHYM a procédé en
2007 et 2008 à la réalisation d’un programme d’exploration
comprenant des levés géologiques, topographiques,
gravimétriques et magnétométriques ainsi que deux
campagnes de sondages totalisant 1880 m.
Cadre géologique : La colline appelée Glibat Lafhouda,
désignée comme Koudiat Ajil sur la carte géologique du
Maroc au millionième, fait partie d’un essaim de trois intrusions de carbonatites, comportant en outre, dans un
rayon de 2 km environ, les Glibat Drag et Ifernan = Al Fernan (fig. 4.4.2). L’essaim est intrusif dans une unité d’orthogneiss mylonitiques et paragneiss recoupés par des
dykes basiques. Ces gneiss appartiennent à l’une des
nappes du massif allochtone des Ouled Delim (Mauritanides marocaines ; Michard et al., 2010), la nappe de Derraman, chevauchant vers l’est des unités allochtones plus
externes (écaille du Lexchab, nappe des Quartzites de Tisnigaten ; Rjimati & Zemmouri, 2010 ; Rjimati et al., 2011,
journées J6-J8). Celles-ci reposent à leur tour sur l’autochtone cratonique avec, au toit du socle et à la semelle
(discontinue) des nappes, une unité paléozoïque incluant
des calcaires dévoniens décollés sur les schistes siluriens
au toit de grès-quartzites grossiers de l’Ordovicien supérieur, transgressifs sur les gneiss, métasédiments et gra-
FIG. 4.4.2 : L’essaim des Glibat Lafhouda, Drag et Ifernan (Al Fernan).- A : Image satellitaire.- B : Extrait de la carte géologique au 1/50 000, feuille de Sabkhat Lamhaida (Rjimati & Zemmouri, 2010).
FIG. 4.4.2 : Intrusion swarm of the Glibat Lafhouda, Drag and Ifernan (Al Fernan).- A : Satellite view.- B : Excerpt from the
geological map, scale 1/50 000, sheet Sbkhat Lamhaida (Rjimati & Zemmouri, 2010).
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FIG . 4.4.3 : A) Vue de la Glibat Lafhouda (Koudiat Adil) ; cliché Anonyme, 2008 ; B) Carbonatite à xénolithes et xénocristaux de pyroxène à la base de
Glibat Drag ; C) Vue de la Glibat Drag depuis sa base ; D) Vue rapprochée des carbonatites à veines d’oxydes de fer (Glibat Drag) ; E) Vue rapprochée
des amas bréchiques d’oxydes de fer (Glibat Drag). B-E : clichés Michard.
FIG. 4.4.3 : A) View of Glibat Lafhouda (Koudiat Adil) ; photo Anonyme, 2008 ; B) Carbonatite with xenoliths and pyroxene xenocrysts, at the toe of
Glibat Drag ; C) View of Glibat Drag from its toe ; D) Close up of the Glibat Drag carbonatites with iron oxides veins ; E) Close up of the massive iron
oxides on top of Glibat Drag. B-E : photos Michard.
nites archéens de la Dorsale Reguibate (fig. 4.4.1). Les orthogneiss de la nappe Derraman (encaissant des carbonatites) sont attribuables à l’Archéen, par comparaison à ceux
de la Dorsale voisine (Rjimati & Zemmouri, 2010).
Structure des intrusions : Les intrusions de carbonatites
se présentent comme des collines de roche carbonatée à patine beige, couronnées par une carapace d’oxydes de fer (fig.
4.4.3 A, C). Les affleurements de bordure montrent la présence d’enclaves et de cristaux de pyroxène orientés dans
une fabrique planaire fortement pentée (fig. 4.4.3 B). La
masse de roche carbonatée cristalline montre une imprégnation ferrugineuse importante, disséminée et concentrée
dans les fractures (fig. 4.4.3 D). La carapace ferrugineuse
présente une structure bréchique grossière (fig. 4.4.3 E).
Chaque intrusion est caractérisée par une géométrie subcirculaire en plan, révélée par le relief (fig. 4.4.2) et la cartographie géologique (en cartouche, fig. 4.4.2), mais
encore plus clairement par la carte des iso-anomales de la
radioactivité (fig. 4.4.4). La structure en profondeur, documentée par la cartographie gravimétrique et aéromagnétique et par sondage (fig. 4.4.5) indiquerait que les
oxydes de fer eux-mêmes forment une colonne largement
extravasée au-dessus des carbonatites (Anonyme, 2008),
l’ensemble présentant une géométrie en bulle aplatie d’une
épaisseur de l’ordre de 200 m.
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FIG. 4.4.4 : Anomalie radiométrique Uranium de Glibat Lafhouda (Anonyme,
2008). Encadré : levé géologique de détail (fig. 4.4.5).
FIG. 4.4.4 : Uranium radiometric anomaly at Glibat Lafhouda (Anonyme,
2008). Framed : Detail geological mapping (fig. 4.4.5).
FIG. 4.4.5 : Levé géologique de Glibat Lafhouda et coupes des sondages 1, 2 et
3 (Anonyme, 2008).
FIG. 4.4.5 : Detail geological mapping of Glibat Lafhouda and interpretation of
drillings 1-3 (Anonyme, 2008).
Minéralisation : Suivant le document en ligne sur le site
de l’ONHYM (Anonyme, 2011), les ressources relatives
uniquement aux oxydes de fer de Glibat Lafhouda sont estimées à 49 millions de tonnes à 0,4% Nb2O5, 265 ppm
Ta205 ; 508 ppm U3O8 ; 0,2 % REE et 35% Fe2O3. Les possibilités d’augmenter ces ressources existent d’abord dans
les carbonatites de Glibat Lafhouda, mais aussi dans les
deux autres carbonatites voisines (Drag et Ifernan = Al
Farnan). Dans ces dernières intrusions, des reconnaissances par sondage ont donné des teneurs moyennes de
l’ordre de 0,18 % Nb2O5 ; 282 ppm Ta2O5 ; 478 ppm U3O8
et 0,24 % de terres rares légères (Ce+Eu+La+Nd+Pr+Sm),
sur une puissance moyenne de 30 m (Anonyme, 2011).
Âge de mise en place : Rjimati & Zemmouri (2010) ont
admis que ces intrusions sont recoupées par certains des
nombreux dykes basiques d’orientation NE (fig. 4.4.2, cartouche) visibles dans la nappe de Derraman, à protolithes
d’âge archéen probable. Ces dykes sont attribués au Précambrien comme ceux qui traversent l’Archéen autochtone,
où ils sont scellés par l’Ordovicien transgressif. Les intrusions seraient donc elles-mêmes précambriennes. Cependant, la morphologie sub-circulaire des massifs de Glibat
Drag et Atil (Lafhouda) suggère une mise en place postorogénique (postérieure à la mise en place synmétamorphique des nappes pendant la collision hercynienne), au
cours d’un épisode magmatique mésozoïque ou cénozoïque
(A. Michard, in Rjimati et al., 2011). Matton & Jébrak
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FIG. 4.4.6 : Les intrusions de carbonatites des Ouled Delim et la structure de Richat en Mauritanie. Image satellite (Google Earth 2011).
FIG. 4.4.6 : Ouled Delim carbonatite intrusions and Richat structure of Mauritania (satellite view, Google Earth 2011).
(2009) ont montré la généralité des intrusions alcalines
d’âge crétacé (125-80 Ma) tout autour de l’océan Atlantique, définissant ainsi la « Province alcaline péri-atlantique » (PAAP). Le plus proche représentant de cette
province n’est autre que la célèbre structure circulaire de
Richat en Mauritanie (fig. 4.4.6). Celle-ci a été datée à 99
± 5 Ma (traces de fission apatite ; Poupeau et al., 1996) et
à 98.2 ± 2.6 Ma (39Ar-40Ar ; Matton et al., 2005), et ces derniers auteurs ont montré qu’elle dérive d’une intrusion alcaline associée à des dykes de carbonatites. Une hypothèse
plausible est donc d’envisager que les divers essaims de
carbonatites observés dans les Ouled Delim (Aghracha,
Twihinate et Lamlaga, Glibat Lafhouda et son essaim ; fig.
4.4.6) sont également d’âge crétacé et appartiennent à la
PAAP. Il conviendra bien sûr, pour valider davantage cette
hypothèse, de vérifier les relations entre les carbonatites et
les dykes précambriens. On peut noter que malheureusement, les conditions d’affleurement médiocres laissent la
porte ouverte à la discussion (fig. 4.4.2).
Références
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PA O : Om a r BEL FKIR A
[email protected]